harpie ⊹ all the crooked saints.

harper kinneas

Carrie was just a girl with a lot of stuff and a hole inside her that chewed away more of her heart every year. They were always walking away from her. But she never seemed able to walk away from them.

Carrie apparaît sur le seuil de l'appartement de Maxim dans un craquement sinistre, et grogne en se rattrapant au mur face à elle d'une main tremblante, l'autre venant machinalement se plaquer contre son ventre où son estomac a fait un looping désagréble. Elle déteste transplaner, en partie parce qu'elle est généralement incapable de le faire seule. En réalité, elle y arrive mais très, très mal - l'expérience n'est jamais agréable, et elle y laisse toujours un morceau derrière elle. C'est pour ça qu'après quelques inspiration sifflantes et trois vagues de nausée gênante, Carrie sort un miroir de poche de sa veste pour vérifier qu'elle a bien tous ses sourcils et toute sa peau. La seule chose qu'elle semble avoir sacrifié lors de son transplanage est un morceau de la manche de son manteau... si un regard pouvait trouver, le reste du vêtement aurait disparu à son tour. Elle ne manquera pas de dire à Verdi que oui, elle est parvenue à transplaner toute seule comme une grande, merci bien et non ce n'est vraiment pas de la désartibulation qui a fait disparaître un morceau de son manteau préféré. Avec un peu de chance, si elle y met des manières, elle pourra convaincre Yanli de le retoucher...

L'estomac toujours tordu, Carrie finit par inspirer profondément puis à se redresser, s'approchant de la porte de Maxim avec un froncement de sourcils d'ores et déjà agacé. Elle y frappe plusieurs fois et attend presque deux minutes (et quarante-six secondes, montre en main - la Fox n'aime pas attendre) avant qu'on vienne lui ouvrir. Son garde du corps apparaît, à moitié nu, de l'autre côté du battant, et a l'air surpris de la voir. "Carrie? Mais comment est-ce que t'as-- - Où est Harper?" La question le prend au dépourvu mais, une fois la surprise passée, Carrie l'étudie essayer d'avoir un air détaché. "Harper? Je sais pas, euh... - Maxim. - Nan mais vraiment... - Si tu me fais perdre plus de mon temps, je te tue." Le Dog lève les yeux au ciel et soupire, ouvrant un peu plus le battant de la porte pour la laisser entrer. "Deux minutes, d'accord?" Carrie lève les yeux au ciel et grogne sans répondre, pénétrant dans l'appartement avec une moue de dégoût.

Elle inspecte d'un oeil acéré le bazar chaotique de l'appartement de Maxim, sa moue s'approfondissant en même temps que son froncement de sourcils à mesure que les secondes défilent. Maxim a disparu vers la chambre, certainement, et Harper réapparaît à sa place au bout de quelques minutes, que Carrie a passé debout dans un coin du salon sans bouger, comme si faire un pas en direction de la cuisine nauséabonde ou du canapé défoncé lui aurait arraché les yeux. Elle coule un regard plein de jugement en direction de la good children. "On va aller faire un tour, t'as faim?" lui demande-t-il et sans attendre la réponse, elle fait volte-face en direction de la porte d'entrée qu'elle ouvre d'un mouvement brusque puis fait claquer sur leur passage une fois qu'elles sont dehors.

C'est comme ça que Carrie et Harper se retrouvent dans un McDonald's londonien tout ce qu'il y a de plus moldu et commun. La Fox a commandé un café noir qu'elle a avalé, brûlé, en deux gorgées, ainsi qu'un milkshake à la fraise avec lequel elle joue d'un air maussade. Elle essaye de ne pas trop juger la nourriture étalée sur le plateau de Harper, mais c'est dur. Le plus dur a tout de même été de payer à la caisse, ce qu'elle a fait avec l'air d'une martyre suppliciée en jetant un regard noir à Harper comme si tout ça était de sa faute, comme si elle n'était pas celle qui l'avait traînée du lit jusqu'au fast-food le plus proche, comme si elle n'était pas celle voulant la voir un beau dimanche à huit heures du matin sans prévenir au préalable.

Carrie regarde les frites d'Harper avec un mélange intense d'envie dévorante et de dégoût méprisant. "Maxim, vraiment?" finit-elle par dire, ses yeux sombres remontant vers le visage de l'autre demi-vélane, toujours teintés de jugement. "Vraiment? Pour avoir tâté la marchandise la y a longtemps, je sais qu'il ne vaut pas le coup. Un peu plus et je m'inquièterais pour toi." Sauf que la Fox s'en fout des autres, surtout des good children, surtout d'Harper, tous de la chair à canon, tous des souvenirs désagréables d'une enfance gâchée et pourrie, elle les sacrifierait sans la moindre hésitation sur l'autel de son avidité si elle le pouvait. Et peu lui chaut qu'Harper lui semble plus pâle que d'habitude, ses cernes plus violets et épais, son regard plus fuyant. Carrie ignore ce qu'elle déteste le plus: le fait qu'elle le remarque naturellement et obsessivement, ou le fait que ça réveille en elle une frustration tendre (ou une tendresse frustrée?) qui lui donne l'envie de lui demander en hurlant ce qui ne va pas.

All the crooked saints

Harper et Carrie

Ils ont discuté. Ils ont bu. Ils ont baisé aussi. Ils ont surtout fumé. Une nuit normale et ordinaire pour Harper en somme. Maxim est allé au lit vers quatre heures la laissant seule avec son tricot et ses réflexions qui ne sont pas spécialement noires. Même s’il y a à peine quelques jours, elle a failli se laisser tomber d’un pont pour chuter dans les eaux profondes de la rivière qu’il surplombe. Elle n’avait pas d’arrières pensés, juste sur le moment, ça lui a paru sensé. Elle est revenue sur terre grâce à un charmant inconnu qui passait par-là. Et en fait, c’est vers lui que ses pensées se sont tournées tout au long de la nuit. Tout pour ne pas que ses yeux ferment et qu’elle se laisse envelopper par le sommeil. Elle est ce qu’on surnomme un oiseau de nuit. Pas parce qu’elle est plus active ou plus productive lorsqu’il fait sombre. Ce qu’elle donnerait pour dormir comme tout le monde une fois que la lune est bien haute dans le ciel. Seulement, elle a peur de fermer les yeux. Une peur, certes irrationnelle, qu’elle traine depuis qu’elle a été la marionnette inconsciente de personnes aux sombres desseins. Elle a peur qu’on profite d’elle alors qu’elle est endormie, même si elle sait que celui qui était derrière tout ça est mort, mais elle n’est pas certaine qu’il soit enterré. Maxim et les autres ont souvent essayé de la raisonner, mais elle fait un blocage. Impossible de se laisser porter par Morphée s’il ne fait pas clair. Lorsqu’elle aperçoit les premières lueurs du jour, la blonde rejoint son ami et s’allonge près de lui. À peine a-t-elle fermé les yeux, qu’elle s’endort.

"Harp…Harper. Réveille-toi." Elle grogne et marmonne un va chier en se retournant. "Carrie est là. Elle veut te voir." Maxim se recouche à ses côtés alors qu’elle ouvre les yeux grands, sourcils froncés. "Fuck. Qu’est-ce qu’elle fait là? Et à cette heure. Dis-lui de partir." Elle n’a aucune envie de voir Carrie avec trois heures de sommeil dans le corps. Même avec dix à vrai dire. Pas qu’elle n’aime pas la petite blonde, mais disons, qu’elle ne sait jamais sur quel pied danser avec elle. Elle l’intimide un peu, même si elle a beaucoup de respect. "Je deal avec elle déjà assez comme ça, je m’en mêle pas. C’est toi qu’elle veut voir." Elle jure en s’assoyant sur le lit quelques secondes le temps de se réveiller. L’homme la pousse du pied. "Aller, tu sais qu’elle déteste attendre." Harper roule des yeux. "Mouais." Elle enfile un jeans noir bien usé et un t-shirt d’un band moldu qu’elle ne connait pas, mais dont elle aimait le logo. Elle sort de la chambre en baillant et fait face à Carrie qui a l’air d’une statue et d’avoir retenu son souffle en l’attendant. "Hey. Qu’est-ce que tu.." La jeune femme ne lui laisse pas le temps de répondre et lui propose d’aller manger. Harper hausse les épaules, mais accepte. Elle n’a pas la force de s’obstiner et elle reste curieuse de la raison de la visite de la fox.

Carrie a choisi le McDonalds et déjà Harper lui en veut un peu moins de l’avoir tiré du lit alors qu’elle dormait profondément. Ayant habité à plusieurs reprises dans le monde moldu, elle connait bien le fastfood. Juste à voir l’immense M jaune suffit à faire gargouiller son ventre. Par soucis de vengeance, Harper laisse son amie se débrouiller avec la commande et le paiement. La dog connait bien la monnaie moldue, mais elle doit avouer que voir Carrie bafouiller et hésiter présente un beau tableau, elle qui est toujours si sûre d’elle et fière. La fox lui lance un regard noir, mais l’hybride hausse les épaules en souriant innocemment. Comme c’est la fox qui paie, Harp ne se gêne pas pour prendre ce qui lui plait : un trio œuf McMuffin double bacon avec une patate hashbrown et un café trois sucres. Carrie quant à elle se contente d’un café noir et d’un milkshake aux fraises. "Une vraie moldue." qu’elle chuchote à son oreille lorsqu’elle s’empare de leur plateau. Une fois assises à une table au fond du restaurant, Harper déballe son sandwich et croche dedans à pleines dents. Elle remarque vite le regard envieux de l’autre demi-vélane sur sa patate. "Prends en si t’en veux, c’toi qui a payé hen."

Elle lève un sourcil lorsque Carrie mentionne sa relation avec Maxim. Pas que les deux se cachent et tiennent leur complicité secrète depuis près de six ans, mais ils ne s’affichent pas non plus en publique et devant les autres warlocks. La dog est plus surprise que Carrie ait remarqué qu’il y avait un truc entre eux qu’autre chose, étant donné qu’elle se fiche de tout sauf de sa petite personne. Harper n’a toutefois pas l’intention d’entrer dans son jeu, elle sait bien que Maxim a eu des aventures avec d’autres warlocks. Elle n’est pas surprise que Carrie soit passée par là, elle aussi. Elle est loin de s’en faire. "Bon, tu m’as sûrement pas fait lever à huit heures pour me parler de Maxim. Qu’est-ce que tu veux?" Elle plante ses yeux bleus dans ceux plus foncés de sa copine en essuyant un autre bâillement.

smoke and mirrors

tw: mention de TCA, mentions de trauma infantile, etc.

"Prends en si t’en veux, c’toi qui a payé hen." Pas besoin de le lui rappeler: Carrie vit la perte de ces quelques livres sterling comme le début d'une dette éternelle et abusive, et elle y reprensera pendant toute la semaine en pestant intérieurement contre le prix des choses. Belles ou grasses, utiles ou futiles, toutes ces choses torpillent le coeur de Carrie à chaque fois qu'elle doit signer un chèque, rendre la monnaie ou faire un troc quelconque. L'idée d'un jour en manquer, ou pire, qu'un jour on vienne lui voler toutes ces choses qu'elle a elle-même dérobées, est intensément dérangeante et énervante.

Ces frites lui appartiennent, tout comme les good children et Harper lui appartiennent - c'est pour ça qu'elle est si férocément protectrice de leur bien-être et aussi envahissantes dans leurs vies, et qu'elle se retrouve à traîner la demi-harpie jusqu'à un McDonald's à une heure si matinale contre toute attente. Pétrie d'inquiétude, incapable de l'exprimer, frustrée, affamée, énervée - un mix plutôt commun, pour quelqu'un comme elle.

Ce serait si simple de lui dire qu'elle s'en fout des frites, qu'Harper a la tête de quelqu'un qui a pas bouffé correctement depuis des semaines, les yeux cernés et le teint cireux et que Carrie a remarqué qu'elle avait perdu du poids - mais c'est encore plus simple de très justement dire: "Tu me dégoûtes." avec une moue offusquée. Elle ne serait jamais réduite à manger ces patates moldues trop grasses, oh, non, jamais.

(Sauf tard le soir quand personne ne peut la voir craquer et que la nuit lui promet qu'elle ne la dénoncera pas.)

"Bon, tu m’as sûrement pas fait lever à huit heures pour me parler de Maxim. Qu’est-ce que tu veux?" Carrie grimace, agacée que son petit jeu ne prenne pas. "Et pourquoi pas, on est copines, non?" Le sourire crispé de Carrie parle pour elle de ce qu'elle pense de ce terme et de cette idée parfaitement ridicule. Les good children ne sont pas ses potes, loin de là. Ses employés à la rigueur; sa famille si vraiment on veut les définir; la représentation physique de son passé, de ses traumas, de sa douleur, de sa culpabilité, de sa wickedness. Quand Carrie regarde Harper, ou Yanli, ou Stan, ou Maxim, ou Jin, ou même Verdi, elle ne peut que se rappeler des gamin.es qu'iels ont été, ces petites choses fragiles et brisées et maltraitées et affamées et pathétiques et qui existent encore quelque part, cachées entre deux couches de violence et de cruauté.

C'est pour ça qu'elle les aime; et c'est pour ça qu'elle les hait plus encore. "T'es en train de partir en vrille." Le visage de Carrie retombe brutalement dans une expression distante, comme un rideau sur une scène de théâtre à la fin d'une pièce. Elle sorte une cigarette de son sac à main Dior vintage valant une fortune avant de se rappeler qu'elle n'a pas le droit de fumer à l'intérieur dans le monde moldu (elle jette un regard noir au caissier le plus proche comme si c'était de sa faute) avant de la ranger de nouveau méthodiquement dans sa boîte à cigarettes en argent. "Maxim est un symptôme de ça." Du moins, Carrie espère... L'idée que ça puisse être plus la dégoûte. "La dernière chose dont j'ai besoin, c'est que tu te foutes en l'air ou je ne sais quoi. Alors, franchement:" Carrie se redresse un peu, appuie son regard noir dans les yeux clairs de Harper, "qu'est-ce que tu fous, Harper? Si t'as pas envie d'en parler, je te rappelle que t'as pas le choix. Prends ça comme un bilan de bien-être. Mais rappelle-toi qu'un licenciement signifie la mort."

All the crooked saints

Harper et Carrie

TW: Mention de PTSD, mention de TCA

Harper doit se retenir de toutes ses forces pour ne pas tout avaler en même temps. Elle sent son estomac se tordre devant cette nourriture trop graisseuse mais ô combien délicieuse. Habituellement, son corps se repose à cette heure matinale et il n’est pas habitué à sentir cette odeur de sel et d’huile. Avec son mode de vie plutôt nocturne et toutes les substances illicites ou non qu’elle ingurgite afin de rester éveillée toute la nuit, ses habitudes alimentaires sont loin d’être optimales. La belle mange très peu et lorsque c’est le cas, ce n’est jamais quelque chose de santé ou de très consistant. D’avoir ce repas devant elle lui donne juste une envie et c’est de s’empiffrer, mais elle se retient et mange doucement. Déchirant la patate morceaux par morceaux. La déguste et la savoure. Elle en offre à Carrie qui a payé, mais souhaite ardemment que l’autre blonde n’y touchera pas. Elle hausse les épaules devant son commentaire. Elle s’en fiche de la dégoûter et puis, elle ne va tout de même pas gaspiller tout ça. Ça serait vraiment trop dommage. Et pour la bouffe et pour l’argent moldu dépensé par sa fox.

Harper lève un sourcil interrogateur à la mention du mot « copines » qu’elle trouve trop gentillet, trop simple pour des filles comme elles qui en ont bavé toute leur vie. Elles ne sont pas les plus proches, elles ne se sont jamais confiées l’une à l’autre, mais il y a tout de même un truc fort qui les unie. Elles ont grandi ensemble, elles ont subie des épreuves similaires pratiquement au même moment, à des degrés différents. Si Carrie a pris du galon, à monter les échelons, est devenue une pièce maitresse des Warlocks, Harper elle, est restée en arrière, s’est faite plus discrète. "Mouais quand ça t’arrange surtout." Elle sourit malicieusement, sans méchanceté. Elle a appris à connaitre Carrie au fil du temps. Elle sait qu’elle ne demande jamais rien pour rien, elle a toujours une idée derrière la tête. Elle peut être une alliée comme une ennemie, selon son humeur et ses désirs et ce, dans la même minute. "Il y a pas grand-chose à dire. Comme tu sembles si bien le prétendre, tu le connais parfaitement, alors j’t’apprendrai rien à son sujet. " Elle n’a pas envie d’en parler. Il n’y a juste rien à dire.

Elle croque dans son sandwich sans ajouter de détails, se doutant que ça ne va pas satisfaire Carrie. Cette dernière revient à la charge et Harper manque de s’étouffer avec sa bouchée. Elle avale difficilement et dépose son goûter. Carrie vient de la prendre de court. Elle ne comprend pas d’où ça vient et pourquoi maintenant alors qu’elle n’a rien changé à ses habitudes depuis la fin du Tuskers et ses débuts en tant que Dog. "Me foutre en l’air? De quoi tu parles?" Elle se braque n’aimant pas du tout la tournure de la conversation. Elle n’aime pas les menaces proférées à la fin. Elle plisse les yeux. Carrie oserait? Bien sûr, qu’elle oserait. Elle serait prête à mettre Harper en pâture pour montrer l’exemple. Ça donne des frissons à l’hybride. Elle sent les picotements dans ses doigts. Elle a envie de gruger ses ongles, d’arracher les cuticules. Elle joue plutôt avec une bague cheap ornée d’une lune à moitié brisée. "Je sais pas c’que tu cherches Carrie. J’ai rien à t’dire. J’vais très bien. Je suis pas plus mal qu’un autre." Harper a du mal à croire qu’elle s’inquiète vraiment pour elle ou si c’est une façon détournée de fouiner dans sa vie. Elle ne part pas plus en vrille qu’un autre. Tous les warlocks sont excessifs et jouent avec le feu. Ils vont tous au-delà de la limite de leur santé. "Si t’as besoin de quelque chose, crache le morceau. Sinon, j’vais retourner me coucher." La fox est peut-être sa supérieure, Harper lui doit ses belles conditions de vie et tous les changements bénéfiques du résultat de la Purge, mais elle refuse de s’écraser devant elle et ses manipulations.

smoke and mirrors

tw: mention de drogues, addiction

Tout le monde parle de la main de fer dans le gant de velours; Carrie a toujours été partisane du poing dans ta gueule, avec un poing américain. Elle n'a jamais été tendre avec les Warlocks, et encore moins avec les good children, étant au contraire particulièrement injuste et cruelle envers eux à la moindre occasion. Elle ne veut que le meilleur pour eux, elle ignore simplement comment le leur donner. Alors elle les pousse, leur hurle dessus, les frappe jusqu'à ce qu'ils aient la bonne forme: c'est à chaud qu'on frappe le métal pour en faire une arme, sans relâche jusqu'à ce qu'il ait les bonnes dimensions, le bon poids, la bonne silhouette (mais quand on le frappe trop fort, il se casse - comme Nina, comme Zora).
Elle s'en fiche qu'iels la détestent (elle promet qu'elle s'en fiche, elle promet qu'elle s'en fiche, qu'elle n'a pas besoin d'eux, qu'elle ne saurait pas quoi faire sans eux, qui elle est, quelle direction donner à sa vie) du moment qu'iels survivent et continuent de se battre.

"Me foutre en l’air? De quoi tu parles?" Le ton agressé de Harper lui fait hausser un sourcil qui pourrait paraître amusé si elle n'était pas aussi crispée sur le reste de son visage, et Carrie enchaîne avec ses menaces classiques et pas du tout sincères. Elles fonctionnent pourtant. Elles fonctionnent toujours. "Je sais pas c’que tu cherches Carrie. J’ai rien à t’dire. J’vais très bien. Je suis pas plus mal qu’un autre." Les yeux de Carrie se plissent, et elle étudie le moindre de ses gestes, de ses tics du visage, une moue dégoûtée lui ornant la bouche en la voyant jouer avec sa bague moche du bout des doigts. "Hm." Elles ne sont que copines quand ça arrange Carrie, ce n'est pas faux, et Harper ne lui fait pas confiance; elle demandera donc à Verdi d'enquêter pour elle s'il le faut.

Elle n'a pas tort pourtant. Ils sont toujours sur la ligne comme des équilibristes, tous autant qu'ils sont, incapables d'exister sans jouer avec le feu et la mort. Quelle saveur aurait leurs vies déchirées si ils n'avaient pas au moins ça pour la remplir? "Si t’as besoin de quelque chose, crache le morceau. Sinon, j’vais retourner me coucher." Un.e autre Fox que Carrie aurait pu s'en offenser. Mais encore une fois, les good children ont bien plus de chance qu'ils ne le croient; et Carrie laisse couler cette insubordination avec un roulement d'yeux étrangement tendres. C'est comme ça qu'elle préfère Harper: piquante et ennuyée. "J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi," admet-elle d'une voix neutre. Ce n'est pas vraiment un ordre, presque une faveur, qu'elle va lui demander - pensée amère. Elle s'empare de nouveau de la paille de son milkshake à la fraise et touille sans appétit le fond de son gobelet. "Nous avons un nouveau deal avec les Wang," ment-elle éhontément et avec aplomb, "et tu vas récupérer de la marchandise de leur part pour moi." Un peu moins une faveur cette fois, et plus une déclaration prophétique - Harper va le faire.

Parce que si elle ne le fait pas, Carrie ne sait pas comment elle va s'en sortir. Le deal qu'elle a passé avec Martin, au fil de leurs rencontres avant leur razzia au Filet du Diable, est strictement personnel et ne concerne ni le Clan ni les Warlocks. Le bras droit de Chen lui a promis de l'opium magique pour sa consommation personnelle, à prix réduit qui plus est, et Carrie n'a simplement pas su dire non. Comment aurait-elle pu?
Ses doigts tremblent à cette idée. Le tremblement remonte le long de son bras, jusqu'à son épaule, se loge dans sa nuque, et Carrie se passe une langue nerveuse sur ses lèvres froides à l'idée que dans quelques jours, elle aura une quantité suffisante d'opium sous la main pour ne pas avoir à se soucier de la prochaine livraison (même si elle se soucie toujours de la prochaine livraison). "Mais tu n'en diras rien à Jin," rajoute-t-elle d'un ton neutre et égal, en apportant sa paille à ses lèvres pour voler une gorgée de son milkshake.

All the crooked saints

Harper et Carrie

TW: Mention de PTSD, mention de TCA

Ses doigts se sont animés. Ils triturent les bagues qui ornent ses doigts et les bracelets qui entourent ses poignets. Tout d’un coup, Harper n’a plus faim et la vue des frites alléchantes lui donnent envie de vomir. La nervosité s’est emparée d’elle. Elle ne sait pas ce que l’autre veut et sait qu’elle doit rester sur ses gardes. Pourquoi parler de son état, pourquoi lui dire qu’elle est en train de se foutre en l’air alors que son rythme de vie n’est pas différent des autres, surtout des autres good children qui ont tous développé un problème qu’il soit traumatique, physique ou mental? Carrie dit être sa copine, mais si elle doit la détruire, elle n’hésiterait pas longtemps. Une copine ne menace pas, aussi haut soit son rang. Une copine ne manipule pas. Une copine ne s’amuse pas de l’inconfort ou des tourments. Harper n’aime pas le regard mielleux que lui lance la vélane par-dessus son gobelet. Si Harper s’est braquée, son interlocutrice reste calme, malgré l’effronterie de la dog. Elle aurait presque préféré qu’elle l’invective avec ferveur plutôt qu’elle la toise sans émotion. Son calme apparent donne des frissons à la blonde et il n’annonce rien de bon. Est-ce qu’elle l’a emmené là, lui a offert un dernier repas savoureux pour la mettre dehors du gang? Pour que la pilule passe mieux? Elle s’est rendue compte qu’Harper est inutile et qu’elle n’apporte rien de bon? Les warlocks ont décidé de faire du ménage et de se débarrasser des plus faibles? Et c’est Carrie qui s’est portée volontaire pour s’en occuper? Harper sait qu’elle n’est pas un atout dans le gang, elle n’est pas impliquée, elle n’essaie pas de monter. Elle fait son job honnêtement et ne veut pas plus. C’est surtout tout ce qu’elle connait. Elle fait partie d’eux depuis des années. Ils sont sa famille. Ils lui ont appris la vie. Tout n’est pas rose, mais elle leur est fidèle. Elle se voit déjà à la rue, sans rien. Elle se voit avec ces affreux triangles sur les joues et à être traitée comme une moins que rien. Elle se voit à genoux, pointée du doigt, des gens qui l’entourent et lui crachent au visage. Son cœur se serre. Qu’est-ce qu’elle va faire? Où va-t-elle aller? Elle se mord les lèvres demandant avec rage à l’autre blonde d’aller droit au but et d’arrêter de tourner autour du pot. Elle retient son souffle sans quitter les visage de sa fox de son regard azuré.

Carrie admet avoir besoin d’une faveur. Harper est aussitôt intriguée. Elle fronce les sourcils tout en détendant ses épaules. Elle ne sera pas mise à la rue. Elle expire et se replace sur la banquette. Ses doigts continuent de jouer avec ses bijoux. "C’est tout?" Aller à l’entrepôt des Wang pour aller chercher de la marchandise, c’est plutôt simple. C’est son travail aussi. Tout ça pour ça? Pourquoi l’autre blonde semble bizarre alors qu’elle lui fait sa demande? Elle va lui demander si elle va bien, mais Carrie enchaine avec un ajout à sa demande. Ne rien dire à Jin? Elle trouve ça curieux, mais ce n’est pas comme si Harper et lui étaient très proches. Elle comprend toutefois rapidement que c’est une transaction qu’elle ne doit pas traiter comme les autres, qu’elle ne doit pas afficher. Elle penche la tête. Carrie mijote quelque chose, c’est évident. Harper voudrait lui poser des questions, mais elle sait qu’elle va frapper un mur. Surtout, elle sait que la fox n’a aucun compte à lui rendre. Carrie a fait beaucoup pour Harper et cette dernière lui est redevable. "Et…pourquoi moi?" Pourquoi pas Stan ou même Verdi?

smoke and mirrors

"C’est tout?" Carrie fait la moue, détourne les yeux pour continuer de vriller un regard noir sur les frites de Harper. "Moui." Son estomac gargouille dans son ventre mais elle l'ignore, s'appliquant plutôt à écraser avec sa paille les morceaux solides de son milkshake au fond de son verre dans des mouvements rageurs et étrangement violents.
Elle sait que ce genre de jobs tombe sous l'éventail des responsabilités d'Harper - la seule différence, c'est qu'elle ne devra pas en parler à Jin. Carrie doit se faire violence pour ne pas insister sur ce point, mais elle a peur que trop insister produise l'effet inverse et donne à Harper l'envie de fouiner. Non, elle va la jouer chill, casu, tranquille, normal. Elle sait être toutes ces choses-là.

Le milkshake à la fraise a commencé à ramollir (et à prendre un goût désagréable de carton) au fond de son verre, mais ça ne décourage pas la Fox qui l'aspire à grandes gorgées en espérant faire taire son ventre. "Et…pourquoi moi?" Carrie fronce les sourcils en relevant les yeux vers Harper, affrontant son regard qu'elle esquivait jusque là. "Pourquoi pas toi?" Elle est véritablement interloquée, et doit se forcer pour reprendre une expression fermée voire hostile, celle qu’on lui connait si bien. Parce que tu penses que tu m’es redevable, et que j’ai toujours tout fait pour que tu penses ainsi, afin que tu ne puisses jamais me trahir, nous trahir? Parce que je te fais confiance? Parce qu’on est amies? La réalisation amère que Harper ne doit pas partager cette dernière réflexion, sur leur amitié et peut-être sur la nature de cette confiance, assombrit plus qu’à l’accoutumée son humeur.

Carrie hausse les épaules d’un air affable. Serait-ce si dur de formuler à voix haute ce qu’elle ressent pour les good children? Est-ce que ça lui brûlerait les lèvres, lui arracherait la langue, lui pourrirait les dents? Dans le doute, Carrie préfère ne pas s’y aventurer; et garde sa mine renfrognée en assassinant Harper du regard comme si sa question l’offensait au plus haut point. “Stan et Verdi sont trop intelligents pour faire ça pour moi sans poser de questions. Contrairement à d'autres.” grogne-t-elle en pinçant des lèvres, d’un ton défiant. “Tu vas le faire. Le rendez-vous est dans deux jours. T’amènes la marchandise jusqu’à chez moi, tu fais pas d’arrêt avant, et tu ne dis rien à Jin,” - merde, elle s’est répétée, putain— - "et c'est tout. Compris?" Et puis, avec humeur: "tu vas les manger tes putains de frites?"

Contenu sponsorisé