| | | right here by my side August 2007 - Sheffield tw:drogue, mort, dépression
La peur, la détresse, l’impossibilité d’affronter la réalité et par extension le deuil de ses proches, se sont cristallisées au fil des jours en une pierre lourde pesant sur le coeur et l’âme de Riley - à peine sur son esprit, enveloppé dans une couche confortable et étouffante à la fois de cannabis et de potions somnifères à l’efficacité redoutable. Lee is dead. Cormac is dead. Elle a traîné les échos inacceptables d’une réalité à laquelle elle n’a eu envie de prendre part jusque dans les cauchemars de ce long sommeil artificiel, dans lequel elle n’a eu de cesse de replonger dès qu’elle osait ouvrir un œil. Elle n’a pas eu un seul instant pour mesurer toute l’étendue de ces vérités qu’elle aurait pu éviter (qu’elle aurait dû, finalement, plutôt que d’accepter une fatalité que, de fait, elle s’est retrouvée incapable d’accepter), car elle s’est réveillée brusquement face à une autre réalité, tangible sous ses doigts crispés et lâches à la fois.
Cormac est en vie.
Cormac est en vie, au détriment de celle de Lee, d’autres membres de l’Ordre, au détriment de son corps meurtri par l’explosion létale qui a fait exploser le manoir de Gracefield. Cormac est en vie, et c’est tout ce à quoi Riley se raccroche, ce dont elle a besoin pour se hisser un minimum à la surface de cette coquille vide, menaçant d’être entraînée de nouveau au fond à chaque instant par ce poids bien trop lourd pour elle et ses épaules fragiles.
Peu importe, Cormac est en vie.
A la panique évidente qui l’a prise lorsqu’elle a été réveillée en pleine nuit par Michael pour découvrir Cormac et Dean, tous les deux blessés, dans le salon, a succédé un état surréaliste, entre la fatigue extrême et l’incapacité de trouver le sommeil. Riley ne ferme plus que les yeux quand elle y est contrainte, s’écroulant à côté de Cormac qu’elle veille nuits et jours, just for five minutes, pour mieux se réveiller dans l’instant dès qu’elle le sent bouger, ou même simplement respirer trop fort. Elle veille comme s’il allait repartir et vraiment disparaître cette fois-ci, ne quittant son côté que pour vérifier que Dennis, lui aussi, est toujours là et en vie. "You need to rest, or at least eat something. − Yeah, just a minute." Une minute qui dure depuis deux jours maintenant, à refaire les pansements de Cormac, à vérifier sa température, à se coller contre son corps brûlant pour étouffer ses larmes discrètes dans son cou ; car malgré son incroyable capacité à réduire son champ de pensées pour se concentrer sur une seule et unique chose et mieux oublier le reste, son esprit sait. Si Cormac est en vie, alors peut-être que Lee…
"Hm?" Riley cille lentement en se réveillant - depuis combien de temps a-t-elle sombré ? Encore ensuquée de sommeil, elle reprend sa main posée sur le torse de Cormac pour venir se frotter les yeux, ses doigts retrouvant aussitôt leur place sur le large t-shirt propre qu’elle lui a passé quand il a transplané en urgence à Sheffield. On pourrait presque croire que sa paume est greffée à son buste, tant elle a passé ces deux derniers jours à sentir son torse se soulever sous sa respiration calme, parfois plus agitée. Elle en connaît toutes les nuances, désormais, tous les rythmes, et-- "Cormac?" Elle croit se tromper, d’abord, se précipiter sur un faux espoir. Mais il n’y a aucun doute, alors qu’elle le sent remuer : Cormac est en vie, et il est enfin réveillé. C’est presque instinctivement et immédiatement que des larmes se mettent à couler de ses grands yeux clairs, et qu’un rire bref, nerveux, file d’entre ses lèvres étirées en un sourire. "You’re home sweetie, you’re home", dit-elle d’une voix basse, secouée par ce rire léger, épuisé, heureux, en glissant sa main dans son cou. |
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