tw: mention de mort,
mention de torture, ptsd
Trois semaines, cela fait approximativement trois semaines qu'elle est rentrée des Battues. Elle a été secourue par l'Ordre du Phénix. Elle a suivi Rena. Raf est en vie. Andrés est mort. Elle a quitté Gracefield. Elle n'arrête pas de se répéter ces phrases en boucle. Le sauvetage a été violent, dans tous les sens du terme. Souvent, Moon n'a pas l'impression d'avoir vraiment vécu tout ça. Elle a été secourue par l'Ordre du Phénix. Elle a suivi Rena. Raf est en vie. Andrés est mort. Elle a quitté Gracefield. Tout ça est bien vrai. Des années de souffrance enfin terminées. Mais les Battues ont laissé des traces invisibles, qui mettront des années à partir. Elle n'arrive pas à effacer de son esprit toutes les horreurs qu'elle a vues, mais surtout celles de ce fameux soir. Elle peut encore sentir l'odeur du corps chaud d'Andrés. Elle revoit le sort lancé sur elle par Rena, et le sorcier qui a fait bouclier. Et puis Raf, qui a perdu l'usage de la parole, qui a été blessée mais est rentrée saine et sauve avec son frère. Elle est vivante. Elle va bien.

Ces deux dernières semaines ont été mouvementées et inattendues. Moon a d'abord suivie les Greyback dans un premier temps, n'arrivant pas à laisser Rena seule avec eux, alors qu'elle n'a jamais souhaité appartenir à cette meute. Mais rien ne s'est passé comme prévu. Impossible de séparer Rena de son acte, même si elle était sous Impero. A chaque fois qu'elle la regardait, Moon ne voyait que le jet vert jaillissant de sa baguette en direction d'elle, avant de toucher Andrés de plein fouet. A cela, il faut ajouter la pleine lune relativement proche, ce qui allait rendre la cohabitation difficile. La séparation a été rude et elle en garde encore les séquelles. Moon a vraiment aimé Rena, brièvement mais intensément. Elle s'en rend compte chaque jour depuis son départ du repère des Greyback. Elle a pu s'enfuir grâce à la brune, tout en sachant pertinemment qu'elles ne se reverront probablement jamais.
Alors, le premier réflexe de Moon fut d'utiliser le portoloin de Raf pour la retrouver, pour s'assurer qu'elle va bien, pour s'excuser aussi de l'avoir laissé seule, de l'avoir laissé partir. Mais il n'a pas fonctionné. Même si Moon a pu récupérer une baguette, sa magie n'est encore qu'aléatoire. Après des années sans pratique, il lui est difficile de s'en servir. Les conseils de Faye résonnent dans son esprit, mais cela ne suffit pas. Rien à y faire. Le portoloin ne fonctionne pas. Et la sorcière s'est retrouvée bien stupide. Nul part où aller. Pas beaucoup de provisions et une magie aléatoire. Sans compter le fait, qu'elle est activement recherchée par le Gouvernement. Elle aurait pu aller auprès de l'Ordre mais comment les trouver ? Alors elle a eu une idée folle, un peu trop certainement. Il ne lui reste que peu de connaissances ou d'amis au sein de la société sorcière, mais il y en a bien une tout de même. Moon est donc allée voir Salamanca pour lui demander un peu d'aide et elle a accepté. C'est déjà un miracle en soit qu'elle a retrouvé sa trace. Deux semaines passées à se remettre sur pied. Elle a enfin pu se laver correctement, se coiffer, retrouver forme normale. Surtout, elle a mangé à sa faim et a enfin des vêtements dignes de ce nom.

Après deux semaines, et des essais infructueux, Moon a décidé d'essayer encore d'utiliser le portoloin de Raf. Grâce aux conseils de Sal (et Ivan), elle pense avoir trouvé comment le faire fonctionner. Vêtue d'un crop top et d'une jupe assortie, elle n'a pas grand chose sur elle, seulement son sac à dos et ses maigres affaires, la majorité provenant de Sal (et Ivan). Sa tenue n'est pas vraiment passe partout, mais c'est le minimum vital pour elle. Moon a besoin de se sentir comme avant. Elle ne sait pas encore si elle pourra rester vivre là où se trouve Raf, mais elle vit au jour le jour (ou plutôt à l'heure).
Elle se concentre sur l'objet entre ses doigts, agrippe fermement sa baguette pour utiliser son flux magique, ferme ses yeux et prend une grande inspiration. Dans un léger bruit, la sorcière disparaît subitement. Elle atterrit difficilement dans de l'herbe. Sa chute lui tire une grimace mais elle se lève rapidement, avant d'essuyer sa jupe. Elle regarde autour d'elle et ne voit rien, si ce n'est une étendue d'herbes et une forêt. ─ Fuck! Elle essaye de prendre l'air le plus naturel possible si jamais elle croise des visiteurs, mais difficile de croire qu'elle fait de la randonnée dans une telle tenue. Tout ce qu'elle espère, c'est de ne pas tomber sur des membres du Gouvernement. Elle a à peine fait quelques mètres, qu'elle entend d'autres pas. Par réflexe, Moon se cache derrière un arbre plutôt épais, jetant des coups d'oeil qu'elle espère discrets. Son regard se fronce, n'étant pas certaine de la silhouette se trouvant non loin de là. Raf. Le portoloin a fonctionné ! Son coeur s'emballe et un sourire immense se pose sur ses lèvres. Un élan d'espoir irradie son corps. Sans plus réfléchir, elle se met à courir dans sa direction. ─ Raf! Est-ce vraiment elle ou est-ce encore son imagination ? Elle a tellement souvent rêvé d'elle, qu'elle ne sait plus. Pour en être certaine, et une fois arrivée à sa hauteur, Moon encadre son visage de ses mains et l'embrasse.

tw: abléisme, alcool(isme)

Rafaela déteste le silence - ça l'angoisse. Elle a toujours trouvé qu'il y avait quelque chose d'insécurisant aux calmes trop calmes, aux silences qui s'étirent dans une conversation entre une question et une réponse, au calme tranquille de certaines personnes. Raf est l'amie chiante qui n'arrête pas de parler pour combler le silence, qui se sent obligée de dire quelque chose quand le moment est trop solennel, qui se coupe en quatre pour tout faire pour empêcher la gêne de s'installer au détour de la moindre conversation.

Enfin, elle était cette amie chiante. Parce que Raf ne parle plus.

Samuel lui a dit qu'il a tout fait pour l'aider mais qu'à moins de trouver une prothèse magique dernier cri, on ne pourrait pas la réparer. Il n'a pas dit ça comme ça, mais c'est comme ça que Raf l'a entendu. Elle sait qu'elle est chanceuse, que grâce à lui elle n'est pas morte d'une hémorragie, qu'elle aurait pu mourir sur cette île de malheur sauf que... Rafaela était sensée rentrer à la maison. Elle était sensée aider les Avengers à s'infiltrer sur l'île puis courir dans l'autre sens et les laisser libérer les prisonniers. Elle était sensée retourner chez elle, dans la maison qu'elle partage avec Malachi, et se réfugier dans ses bras comme après chaque Battues. Elle savait qu'elle avait des chances d'y passer, donc Raf a écrit trois longues lettres à Malachi, Romilda et Alicia. Elle était sensée intercepter ces lettres programmées à la poste avant qu'elles ne partent. Sauf que elle a été maudite - du moins c'est la théorie de Sohan - et maintenant elle fait partie des Avengers.

Elle en a beaucoup rêvé, ces dernières années. D'être réunie avec Elliott, d'enfin se battre pour ce en quoi elle croit, d'être avec des gens qui la comprennent. Mais pas dans ces circonstances. Et puis Alicia... et puis elle a mal, la nuit, quand les antidouleurs préparés par Sam s'estompent. Et puis elle a peur. Pour sa mère, pour son père, pour Aphrodisia. Et puis... et puis... elle n'est pas sensée être là.

Ça fait presque trois semaines, maintenant, et c'est les vacances camping les plus longues que Raf ait jamais prise. Elle dort dans une tente avec trois autres filles qu'elle ne connait ni d'Ève ni d'Adam, qui ont elles aussi rejoint les Avengers peu après les Battues. Elliott lui a proposé de dormir avec lui dans sa chambre, mais Raf n'a pas envie de s'immiscer entre Amaya et lui. Et à vrai dire... elle l'évite. Elle lui en veut, un peu. Elle leur en veut, à tous. Elle était sensée rentrer chez elle, pas finir avec eux. La seule personne qu'elle supporte, c'est Noam - parce que lui aussi semble haïr le silence, et a une certaine propension à le combler avec ses bavardages incessants quand il est lancé. Raf le laisse parler, réagit à peine, lui vole le Firewhisky qui disparaît à toute allure entre ses doigts par petites gorgées timides d'abord, puis de plus en plus en avides. Ça fonctionne mieux encore que les antidouleurs de Sam, le Firewhisky - pendant quelques instants, ça lui redonne presque sa nature légère et optimiste. Mais ça ne dure jamais longtemps, malheureusement.

La nuit, Raf fait tourner sa boucle d'oreille entre ses doigts, le coeur lourd, en se demandant où est Moon, et si elle a survécu. L'idée qu'elle ait pu disparaître, elle aussi... Elle s'endort tous les soirs en serrant le bijou dans sa paume jusqu'à ce qu'il y laisse une trace, et en pleurant un peu.

Le matin, généralement, elle a du mal à se réveiller. Elle a toujours eu une routine bien réglementée, et un environnement qui n'a pas changé pendant des années. Rafaela est habituée à avoir son espace, son studio, sa tasse de thé (en forme de tête de dragon), son journal et son heure de paix avant d'aller au travail. Il n'y a rien de tel à Dagobah donc elle a tendance à s'isoler, et à aller voir Snout qu'elle garde dans un endroit sécurisé construit par elle-même (et qu'elle doit réparer tous les jours) à deux kilomètres du camp, dans un coin de forêt. La wyverne s'est rapidement habituée à l'Écosse, se réfugiant dans l'énorme rocher dans lequel Raf a construit une grotte à la baguette pour elle. Elle a été blessée lors des Battues et Raf s'occupe d'elle tous les jours. Cela fait des années qu'elle travaille avec cette bête mais elles n'ont jamais été aussi proches que ces derniers jours - il semblerait que Snout comprenne qu'elle a besoin d'elle pour survivre.

Just you and me, old girl, pense Raf en posant sa tasse de thé vide à proximité en venant examiner la plaie de la wyverne sur son flanc. Elle a peut-être trop abusé du Firewhisky la nuit précédente (comme celle d'avant) (et d'avant), son coeur bat trop fort dans ses oreilles et elle a la nausée. Mais au moins il n'y a pas de silence.

Elle est en train de finir de bander la plaie de Snout quand son oreille se met à la brûler - littéralement. Raf grimace et son coeur fait une embardée dans sa poitrine quand elle comprend que c'est sa boucle d'oreille qui se met à chauffer, le Portoloin d'urgence fait à la va-vite (elle pensait avoir échoué à faire un Portus correct) qui s'active. Moon! Ou... elle préfère ne pas penser à l'alternative, mais attrape tout de même sa baguette en s'éloignant en courant de l'enclos de Snout. I'll be right back, lui promet-elle d'un regard, paniquée. Au moins se trouve-t-elle loin du camp. Elle ne peut qu'imaginer la tête que tirerait Anthony si elle lui disait qu'elle avait sur elle à tous moments un Portoloin donné en vitesse à quelqu'un à qui elle n'a pas véritablement parlé depuis des années...

En courant, Raf retire sa boucle d'oreille et la serre dans sa paume, jusqu'à se faire mal. Elle ralentit une fois suffisament loin de Snout, baguette levée et yeux à l'affût, hésitante. Elle essaye de se concentrer sur les bruits alentours mais sa tête lui fait un mal de chien. "Raf!" Le cou de Raf craque quand elle se tourne brusquement en direction du bruit, et elle regarde avec des yeux ronds Moon, Moon, Moon courir dans sa direction à grands pas. Elle ne sait pas à quoi s'attendre quand elle arrive à sa hauteur, et ne s'attend certainement pas à ce qu'elle embrasse; mais comme par automatisme, Rafaela referme ses bras autour d'elle en fermant les yeux, son coeur faisant un looping dans sa poitrine et y répandant une chaleur qu'elle a l'impression de ne pas avoir ressenti depuis presque trois semaines maintenant.

Raf se détache rapidement pour la regarder, et prend à son tour son visage entre ses mains tremblantes après avoir rangé sa baguette. Ses pouces appuient sur ses pommettes et elle détaille avide les traits de son visage, son expression, la profondeur de ses yeux magnifiques. Elle aimerait parler, s'excuser, lui demander si ça va, ce qu'il s'est passé, comment elle s'en est tirée - mais elle ne peut pas, à moins de rouvrir la plaie jamais apaisée dans sa gorge, alors elle se contente de la regarder et puis de sourire très légèrement. Raf l'attire de nouveau à elle, appuie un baiser maladroit sur sa joue et puis passe ses bras autour de son cou pour la serrer contre elle avec une force tremblante, le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine. Elle a tellement de choses à lui dire mais aucun moyen de le faire - pas grave, elles ont encore tout le temps du monde pour elles.

tw: PTSD, trauma
Raf, Raf, Raf. Elle est bien là, dans ses bras. Moon n'en revient toujours pas. Trois semaines passée à la chercher sans relâche, à faire fonctionner ce maudit portoloin. Elle a l'impression d'être dans un rêve prêt à tourner au cauchemar, que dans quelques minutes elle va se réveiller en larmes. Alors, Moon serre Raf aussi fort qu'elle le peut, touche son dos, sa nuque, son visage pour s'assurer qu'elle est bien réelle. They made it. Les Battues sont terminées. La mort ne lui pend plus au bout du nez. Tout est enfin fini. La vraie vie commence. Sa liberté nouvellement retrouvée, Moon a bien du mal à s'y faire. Elle sursaute au moindre bruit et est sur le qui-vive tout le temps. Elle se réveille la nuit et perd sa respiration randomly dans la journée. Les flashbacks de ces dernières années la hantent à chaque instant. Tout est fini dans les faits, mais il reste les souvenirs. Et la guerre fait encore rage. Les Battues sont peut-être terminées, le Gouvernement est toujours en place. Moon sait qu'elle est activement recherchée, comme tous les anciens des Battues, comme tous les parias, comme tous ceux qui résistent.

Tout ça n'a pas d'importance. Elle a retrouvé Raf. Elles sont en vie. Le contact des mains de Raf sur son visage lui donne un sourire instantané, accompagné d'un frisson. Les deux sorcières se regardent dans les yeux pendant une longue minute. Moon est rassurée de voir qu'elle a l'air à peu près comme avant. Elle a été sérieusement blessée, mais Raf semble aller bien. C'est tout ce qui compte. La Walsh l'attire à elle pour déposer un baiser contre sa joue et la serrer fort dans ses bras. Moon se joint à elle et la tient si fermement, qu'elle pourrait presque lui briser quelques os. Elle a bien trop peur de la voir s'envoler subitement. Elle en profite pour sentir son parfum et enfouir son visage dans son cou et ses cheveux. Sans s'en rendre compte, Moon lâche quelques larmes qui s'échouent sur ses lèvres. La pression de ces dernières semaines retombent d'un coup. La peur, les angoisses, le stress. Tout disparaît aux côtés de Raf. Elle est là.

Leur étreinte s'éternise un peu, mais il faut profiter de chaque instant. Moon recule d'un pas, mais garde soigneusement sa main dans celle de Raf. L'autre caresse son bras, son épaule puis remonte jusqu'à l'orée de sa nuque et de son oreille. Son pouce effleure sa joue. — I was so scared. I thought I could never- See you again. Moon déglutit. — I should never have let you go that day. Aux Battues. Mais il y avait Rena, et les Greyback, et elle ne pouvait pas la laisser seule avec eux. Avec le recul, Moon n'a pas fait le bon choix. Rena appartient au passé désormais, à un passé enterré. Il n'y a toujours eu que Raf. — I'm sorry. Ses yeux parcourent le visage et la silhouette de Raf avec attention, pour s'en rappeler à la perfection si jamais. — I love you so much, you have no idea. Depuis Poudlard, même quand elle travaillait pour les Walsh, et quand elle a vu Raf bossant aux Battues.

tw: soft and sappy!!! mais aussi (surtout) sang et douleur

Rafaela et Moon s'étreignent pendant un temps infini, et Rafaela sent sur sa peau les larmes qui coulent des yeux de l'ancienne chanteuse. Ses yeux à elle sont eux aussi brillants et sur le point de déborder et elle renifle à plusieurs reprises pour s'empêcher de pleurer... en vain. Elle pleure, de soulagement, de peur, d'adrénaline, de panique; parce qu'elle veut dire plein de choses à Moon, mais que les mots ne pourront pas sortir même si elle mérite de les entendre. Elle pleure parce qu'elle a eu si peur pour elle, et que la voir partir lui a brisé le coeur, et qu'elle a cru qu'elle était morte, qu'elle ne reviendrait pas, et elle est tellement désolée--

Quand elles se détachent l'une de l'autre - un peu à contre-coeur, du moins pour Rafaela -, cette dernière renifle en essayant de cacher un peu le chemin de ses larmes sur ses joues avec la manche de son pull. Moon ne s'éloigne pas (et elle lui en est très reconnaissante), au contraire, reste à proximité, la touche, caresse son bras, son épaule, son cou et Rafaela aimerait se réfugier contre sa main. "I was so scared. I thought I could never-" Raf a la gorge nouée en hochant la tête avec emphase. "I should never have let you go that day." Cette fois, Rafaela secoue la tête en l'entendant, et tire un peu sur leurs doigts noués pour l'attirer à elle. Elle n'a pas envie qu'elle se blâme... c'est elle qui s'était improvisée héroïne et sauveuse (à quoi pensait-elle...) et qui aurait dû insister, là, sur cette île quand--

"I'm sorry." Raf sent les larmes lui monter de nouveau et elle secoue la tête de plus belle, levant une main pour la poser sur la joue de Moon avec douceur. Elle n'a pas envie qu'elle se blâme. Et pour être honnête, elle en a marre de se blâmer elle-même... cela appartient au passé et maintenant... Maintenant, Moon est là. Avec elle. Pour combien de temps, Raf l'ignore - mais Sam lui a dit que c'était comme sa blessure. Un jour à la fois, il n'y a que le présent.
Le regarde que Moon pose sur elle est curieux, avide; Raf a l'impression d'être dépecée, mise à nue, à vif, et ce n'est pas entièrement désagréable. Moon a ce don fascinant de donner l'impression aux gens d'être le centre du monde. Pour la première fois peut-être, Raf s'abandonne toute entière à cette sensation.

"I love you so much, you have no idea." Raf se sent sourire - un grand sourire bênet et ravi, sincère, qui se mêle aux larmes qui continuent de couler silencieusement sur ses joues. "I--" Un reflux de sang l'étouffe et Raf se détourne pour poser une main sur sa bouche et ravaler le caillot logé dans sa gorge (elle a embrassé Moon avec cette bouche, holy shit what the fuck--). Ses doigts sont un peu ensanglantés quand elle les éloigne, et elle adresse un regard désolé à Moon en relâchant sa main.
Elle sort son carnet, ainsi que son stylo moldu, pour commencer à écrire rapidement (depuis toujours, Raf a une écriture inégale, à la limite du lisible, et les doigts constamment tâchés d'encre) quelques mots. Elle tend, au final, le carnet à Moon. i love you too i'm sorry about everything i wish i had been there i can't speak my tongue is fucked but i love you too i love you too. Elle aimerait pouvoir l'écrire dans l'herbe, dans le ciel, partout sur le monde - pour que Moon ne l'oublie jamais. À la place, elle lui adresse un petit sourire contrit et reprend sa main dans la sienne, caressant doucement ses poings avec son pouce avant de les amener à sa bouche pour y déposer un baiser rapide.