C'est lui qui a hérité des dossiers des fonds de tiroirs pendant cette petite pause entre deux Hounds. Buck déteste le fait que ce soit à lui de garder le nez plongé dans les dossiers des autres comme si il en avait quelque chose à foutre, mais au moins aujourd'hui il a la possibilité d'aller se dégourdir les jambes - la plupart du temps, il reste enfermé au bureau à enchaîner les café-whisky amers en regardant les aiguilles tourner sur l'horloge accrochée au mur des bureaux de la VB. Corban lui a promis qu'il lui assignerait un nouveau Hound très bientôt mais il arrive à peine à s'en féliciter: ça fait quand même presque six semaines que Buck se tourne les pouces en attendant, et il se demande de plus en plus si il a véritablement envie de retourner sur le terrain et de dompter un nouveau loup/vampire pour ne pas y passer.

M'enfin bref, pour l'instant, c'est une pauvre tâche qu'il lui faut aller voir. Buck accroche la cape réglementaire de l'uniforme sur son épaule mais, dès qu'il est sorti du Ministère, il s'allume une clope illégale qu'il coince entre ses lèvres avant d'ouvrir le dossier qu'il a embarqué en quittant son burea. Sol Taylor, un nom à coucher dehors ça encore. Il déchiffre rapidement l'adresse de l'intéressé et transplane dans un craquement sinistre, se souvenant d'écraser sa cigarette sous sa semelle en arrivant. Si Corban le voyait, nulle doute qu'il se prendrait une ou deux remarques dans le coin de la gueule et il n'a nullement envie que les affaires internes lui collent un énième avertissement au cul.

Il referme le dossier toujours ouvert dans sa main libre et monte lentement l'escalier de l'immeuble jusqu'à l'appartement de Taylor, reprenant sa respiration en maudissant une vie entière à fumer et à boire quand il arrive à sa porte. Il se passe une main sur le visage puis dans les cheveux, utilisant savamment le gras qui en exulte pour les lisser en arrière, avant de tambouriner sur le battant de la porte avec force, quatre fois. Buck, tout flic qu'il est, est plutôt habitué à ce genre de chorégraphie et c'est donc avec une voix de tenor puant l'autorité et l'impatience qu'il tonne: "Sol Taylor? C'est le Ministère, ouvrez!"