tw: blessures, douleur, concussion, faim, hallucinations

Cormac ouvre difficilement les yeux et n'a même pas la force de grogner quand, en essayant de redresser sa nuque, il rallume la douleur lancinante qui s'est installée dans ses os et dans son crâne et qui ne semble pas prête à partir. Il serre les dents et enfonce ses ongles dans la paume de sa main libre en se forçant à se redresser et s'asseoir, ignorant la nausée qui lui retourne l'estomac et qui manque de le faire replonger dans l'inconscience presqu'aussitôt. "D..." Ses lèvres sèches lui font presqu'aussi mal que sa gorge et le reste de son corps, et Cormac y passe une langue épaisse et pâteuse pour essayer de les humidifier. "Dean?" Ses yeux clairs scrutent la pénombre, et finissent par reconnaître la silhouette affaissée de son camarade d'infortune, qui grogne en réponse pour lui dire qu'il est lui aussi réveillé.

Il ignore combien de temps ils sont coincés là. Il se souvient simplement avoir suivi Dean à travers le manoir à la recherche de Dennis et de Kingsley, et puis du sol se résorbant sous leurs pieds, le plafond leur tombant dessus une seconde plus tard. Quand il s'est réveillé, Cormac avait le visage en sang et le crâne fendu en deux - du moins c'est l'impression qu'il en avait à ce moment-là -, résonnant comme une cloche un matin de messe. À part ça, il est entier. Plus ou moins. Son épaule lui fait un mal de chien malgré l'attelle maladroite qu'il s'est construite, il a du mal à respirer correctement puisqu'à chaque fois que ses poumons se remplissent d'air son flanc s'allume comme une lame chauffée à blanc, et il a constamment un goût métallique de sang au fond de la bouche.

Mais il est entier. Dean en revanche... "I'm here." Cormac se met lentement à quatre pattes et, ignorant les signaux de son corps en train de protester, s'approcher de son camarade. Il doit s'arrêter à plusieurs reprises pour ne pas perdre connaissance, entre douleur et faim. Quand Susan et Alexis lui ont mis dans les mains un paquet de gâteaux avant de partir pour Gracefield, Cormac a ri en leur disant qu'ils n'auraient probablement pas le temps pour s'arrêter se faire une tasse de thé. C'est leur seule nourriture.

La baguette de Cormac a disparu dans la cohue, et celle de Dean est endommagée. Ils ont essayé de transplaner, en vain. Il y a cette odeur, dans leur petit refuge étroit et sombre sous les décombres, une odeur que Cormac associe à la magie noire. Un mélange de souffre et d'oeuf pourri. C'est ça, peut-être, qui empêche leurs plaies d'aller mieux, ou leurs pensées de faire du sens, ou leurs transplanages de fonctionner correctement. Il faut simplement qu'ils survivent en attendant que les renforts arrivent... ils vont arriver. Cormac a essayé de calculer les jours. Quelque part entre quatre et sept. Sa montre s'est cassée quand il est tombé. Il a pleuré en voyant le cadran fissuré, c'était un cadeau de sa mère.

"You should not have come here. - I know," Cormac répond à Riley à voix basse, quand il arrive enfin devant Dean. "I'm here, mate." Dean n'a jamais été son mate ou son pote, mais ils n'ont pas trop le choix. Il attrape avec des doigts gourds la baguette fissurée de Dean, et l'utilise pour invoquer un peu d'eau qu'il fait glisser sur la bouche sèche de l'autre ancien Gryffindor. "They're on their way. - You should not have come here. - Here, let me..." Avec des gestes infiniment lents, et ignorant la voix pernicieuse de Riley qui se mélange à celle de Susan qui se mélange à celle de son père qui le hante depuis trois siestes maintenant, Cormac fait glisser son sac à dos sous son épaule pour attraper le paquet de gâteaux.

Ils en avaient seize. Ils en ont mangé deux entier en se réveillant pour la première fois, avant de réaliser qu'il allait falloir rationner. Ils ont coupé le reste en deux. Vingt-huit morceaux de biscuit. Cormac essaye de nourrir Dean à chaque réveil, mais il est difficile de dire si dix minutes ou trois heures sont passées, difficile de savoir si ces rations servent à quoique ce soit, ou si quiconque est à leur recherche. "You should not have come here. - I know..." souffle-t-il en ouvrant le paquet. "I know."

Il reste qu'un seul morceau, et l'estomac de Cormac se serre dans son ventre. Intellectuellement, il le savait. Il s'est endormi avec cette information gravée dans ses pensées. Un seul morceau de biscuit. Bientôt plus de biscuit. Plus de biscuit, plus de montre. plus de Dean, plus de Cormac, plus rien. Il espérait peut-être que, par miracle, d'autres apparaissent dans son sac. Que Susan en ait caché quelques extras dans une autre poche. Qu'il ait mal compté avant d'aller dormir.

Mais non, un morceau. "Dean, stay awake." Il coupe le morceau en deux et, les doigts tremblants de colère et d'envie et de faim et de désespoir et d'injustice, pose l'une des portions sur la bouche de son camarade. Quand elle disparaît entre ses lèvres, Cormac lui tend la seconde. Il ignore le battement effréné de son coeur dans sa poitrine. Il ignore le pincement de son estomac qui le rend malade. Il ignore la fatigue désespérée qui lui donne l'impression que ses os ont été évidés de toute moelle, de toute énergie. "It's going to be okay, I--" Cormac s'interrompt brusquement en entendant un bruit. Riley? C'est Riley qui est venu le chercher? On dirait un bruit de quelque chose qui creuse...

"Did you hear that?" demande-t-il d'une voix plein de doutes, parce que ce n'est pas la première fois que Dean lui dirait qu'il entend des choses et qu'il ne fait plus vraiment confiance à ses sens maintenant.

juillet 2007, Gracefield. tw douleur, hallucinations, blessures, sang, faim, nausée
Dean est dans la salle commune des Gryffondors. Il est heureux d'être ici, s'y sent bien, est entouré des gens qu'il aime et pourrait y rester des heures et des heures mais quelque chose ne va pas. Il a le sentiment écrasant qu'il ne devrait pas être ici, que quelque chose de grave va se produire - ou s'est peut être déjà produit ? - et qu'il est le seul a pouvoir y faire quelque chose. Alors il essaye de se convaincre, se détache de l'attention, ne fais plus attention à la blague que Seamus est en train de raconter et essaye de se rappeler ce qu'il semble avoir oublier.

La première chose que Dean remarque quand il reprend conscience, c'est qu'il a du mal à respirer. Quelque chose lui appuie sur la poitrine et il a un gout de poussière et de sang dans la bouche qui lui retourne l'estomac. Il a mal à la tête et au bras gauche et il a du se tordre la cheville aussi parce que celle-ci semble presque irradier. C'est là que s'arrête son analyse. Sa tête lui fait trop mal pour qu'il réfléchisse à quoi que ce soit d'autre - il sait à peine où il est - et la faim, la soif, et la douleur semble déjà le tirer à nouveau vers le sommeil. Ses paupières sont si lourdes et il n'a aucune idée de comment se termine l'histoire de Seamus.

Il entend une voix. Vaguement. Qui lui parvient comme étouffée. Il n'arrive même pas à comprendre ce qu'elle lui dit mais il l'a déjà entendu avant, il en est sûr. "Sea- Seamus?" il essaye de parler mais sa gorge est incroyablement sèche et formuler ses deux syllabes lui brûle la gorge.

"I'm here, mate." Ce n'est pas Seamus. Dean émet alors un son, entre u grognement et un gémissement. "They're on their way. Here, let me..." La voix continue de parler et maintenant Dean la distingue mieux, est sûr qu'il la connait, mais ce n'est pas Seamus et cela serait assez pour lui faire monter les larmes aux yeux s'il n'était pas complètement déshydraté.

"Dean, stay awake," la voix continue et soudain, comme par magie, on pose quelque chose - un gâteau - sur sa bouche. Aussitôt, des souvenirs reviennent à Dean, comme par flash, et il se souvient. Il est avec Cormac. La voix, c'est Cormac. La personne qui n'est pas Seamus, c'est Cormac. Ce simple fait pourrait lui donner envie de se rendormir, retourner dans la salle commune des Gryffondors et ne jamais la quitter mais au contraire, Dean se bat de plus belle pour rester éveillé. Il mange le gâteau, se force à l'avaler avec un peu de poussière et un peu de sang, et mange le deuxième bout que Cormac lui tend. "It's going to be okay, I--" Cormac est interrompus par un bruit que même dans son état, Dean parvient à entendre. "Did you hear that?"

"Yeah," Dean essaye de répondre, ferme ses yeux avec force et essaye de se redresser, de bouger ne serait-ce qu'un doigt, d'ignorer la douleur. "Yeah I heard that," il répond, la voix complètement cassée, presque sifflante. Il a entendu un bruit et ce n'est pas Seamus, ce n'est pas Seamus, ce n'est pas Seamus.

Le bruit est là, à quelques mètre d'eux et bien au dessus de leur tête, mais là, présent, sans discontinuer. C'est un creusement. Quand Dean tourne la tête, il peut voir de la poussière tomber. Alors il s'autorise à prononcer la seule phrase qui pourrait bien les tuer. "Think it's the Order?"

Dean réagit à peine, et Cormac ne se rappelle plus si il lui adressait la parole ou si il avait juste besoin d'entendre ses propres mots dans ses oreilles. Si bien qu'il est surpris et sursaute presque quand l'autre Gryffindor semble se réveiller dans un bruit bas et déchirant: "Yeah." Les yeux bleus de Cormac voyagent jusqu'à lui et son visage qu'il a dû mal à voir malgré les filets timides et hésitants de lumière de la baguette cassée qui passe plus de temps éteinte qu'allumée ici. "Yeah I heard that," Le coeur de Cormac loupe un battement dans sa poitrine en l'entendant. Le bruit est réel, il y a quelqu'un, quelque chose qui se rapproche.

Un léger silence s'installe et Cormac lève de nouveau la tête pour se concentrer et tendre l'oreille. De la poussière tombe en gros morceaux sur eux et à proximité, et quelque chose s'agite dans sa poitrine, une peur ancestrale et primale qui lui noud l'estomac dans tous les sens. "Think it's the Order? - I don't... I don't know," souffle Cormac en réponse, même si tous ses instincts lui crient que ce n'est pas le cas, que ce bruit... ce bruit, c'est le bruit d'un prédateur qui se rapproche de sa proie.

Le bruit s'arrête pendant quelques secondes et Cormac tend la main vers la baguette de Dean, maigre consolation dans leur situation. Ils sont emprisonnés dans les entrailles de la terre elle-même, et Cormac peut sentir comme une chappe de plomb toute la magie noire recouvrant l'île en train de lentement faire son chemin sous sa peau, dans ses pensées, au fin fond de lui. "I think..." commence-t-il à dire, prêt à souffler qu'il pense que cette mystérieuse chose en train de creuse est en train de rebrousser chemin. Mais il est interrompu quand le bruit reprend, avec une toute nouvelle fièvre. Cormac sent son sang se retourner dans ses veines. Il se souvient avoir vu les membres de la meute Greyback, convoqués apparemment par Royal, et s'être demandé pourquoi et comment le cercle sept avait pu accepter ça. Et si... et si... sa tête lui fait mal et tourne de plus belle à la perspective que peut-être, ce qui les attend derrière les gravats et ce qui est en train de les creuser pour les rejoindre, est un loup-garou.

Cormac jette un coup d'oeil à sa montre avant de se rappeler que le cadran a été cassé dans sa chute - cette image lui redonne envie de pleurer. Il approche le bout lumineux de la baguette vers l'objet à son poignet pour essayer de distingue le cycle de la lune près des chiffres... "It's going to be okay, Dean," souffle-t-il après avoir vu le rond de la pleine lune. "It's going to--" Il s'interrompt quand un pan de gravats tombe sur le sol à côté de lui.

Son coeur fait un embardement dans sa poitrine et il pose une main sur l'épaule de Dean alors que les bruits au-dessus d'eux reprennent de plus belle. Cormac tend une main faible, molle et tremblante en direction du trou qui est lentement en train de s'ouvrir sous leurs yeux, laissant apparaître peu à peu les traits écumants et enragés du loup... "It's going to be okay."

TW Angoisse, désespoir, pensées morbides, perte de repères Dean est presque sûr que le ciel va leur tomber sur la tête. Ou alors c'est déjà le cas. Il ne sait plus trop. Ce qu'il sait, en revanche, c'est que le bruit est toujours là et il se rapproche, les menacent, les submergent. Quand Cormac répond, "I don't... I don't know," ça sonne plutôt comme un 'I don't think so' qui n'est que l'écho des propres pensées de Dean. Il ne se souvient pas de grands choses, est trop faible pour formuler quelque idée un tant soit peu travaillée, mais il sait que l'Ordre n'est pas là. Sous les décombres et la poussière, dans le silence et l'obscurité, l'espoir a suffoqué il y a bien longtemps.

Quand le bruit s'arrête, Dean sursaute presque, se disant que si... ils ne creusent plus, c'est qu'ils sont arrivés. Sa respiration s'accélère alors, l'angoisse le saisissant à la gorge, l'anticipation le paralysant sur place. Cormac veut dire quelque chose, commence par dire, "I think..." mais il s'interrompt parce que le bruit reprend de plus belle et finalement ils ne sont pas arrivés mais ce n'est en rien une consolation parce qu'ils se rapprochent toujours plus et Dean n'entend plus que ça et il a l'impression que c'est l'intérieur de sa tête qu'on gratte, qu'on creuse. Ça s'accélère, s'intensifie, entre le désespoir et l'excitation et Dean sent les larmes couler le long de ses joues. Il n'a aucune idée de ce qu'il se passe autour de lui, ce que pense ou fait Cormac. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il ne reste leur reste plus très longtemps à vivre.

"Cor... Cormac," Dean essaye de dire parce que si c'est vrai, si c'est le cas, si ce qui creuse est là pour en finir avec eux alors il doit dire quelque chose, faire un dernier effort pour réparer au moins un truc. "You're not so bad, you know." Cette phrase toute faite lui vient machinalement, avec un petit rire sans joie qui s'étouffe et siffle. Sa voix est si cassée qu'il ne sonne pas comme lui même.

"It's going to be okay, Dean," Cormac répond et Dean n'a pas l'impression qu'il l'a entendu - peut être parce qu'en fait Dean n'a rien dit, peut être parce que tout ça c'est dans sa tête, peut être parce que Cormac n'est même pas là en fait. "It's going to--" Cormac-ou-pas-Cormac s'interrompt parce que ça y est, ça commence, le ciel tombe et un peu plus de poussière les recouvre et il y a un trou maintenant, un trou vers lequel Cormac tend la main - et l'autre se pose sur Dean.

Dean veut lui dire de ne pas s'approcher, de faire attention mais rien ne sort de sa bouche. Il a le souffle coupé et son coeur s'emballe parce que dans le trou béant s'est glissé la gueule effrayante d'un loup-garou.

"It's going to be okay."

Quelque chose s'allume alors en Dean. Lui qui était persuadé qu'il allait mourir, tué par un mal inconnu, maintenant qu'il a les yeux sur la menace, son instinct de survie revient d'un coup, probablement propulsé par l'adrénaline qui électrise chaque veine, chaque nerf de son corps. Il se redresse, tâtonne précipitamment autour de lui pour attraper quelque chose, n'importe quoi qui pourrait lui servir d'arme.

"Cormac, do something!" Dean s'égosille, les mots doux ayant éclatés avec l'arrivée du loup. Il finit par saisir quelque chose d'assez gros et un peu lourd et le lance à la tête du loup, sans vraiment y réfléchir. Son but est de faire mal mais ça ne fait qu'énerver encore plus la bête qui grogne maintenant et gratte, gratte, gratte toujours pour se frayer un chemin. Dean réalise alors avec horreur que lui et Cormac sont encore moins que des proies, pris au piège ainsi, un simple repas pour le loup, servit sur un plateau d'argent.

tw: violence, fantôme (who knows), hallucinations (who knows)

"Cormac, do something!" Un courant électrique agite le corps de Cormac, passant du corps de Dean au sien, et il tourne vers lui deux grands yeux bleus éberlués et terrifiés. Il est paralysé, ses muscles immobilisés par la peur et son coeur redoublant d'ardeur dans sa poitrine jusqu'à faire palpiter ses veines dans son cou et à sa tempe - dans ses oreilles, Cormac a l'impression d'avoir une fanfare de tam-tam assourdissants qui sont en train de noyer tout le reste. C'est seulement quand Dean lance, maladroitement mais avec beaucoup de précision, un morceau de caillou qu'il se rappelle à quel point il est blessé et combien il a besoin de lui en cet instant précis.

C'est à lui de le sauver. Le Cormac d'il y a un an ou deux aurait profité de cette occasion pour faire le héros, pour se foutre de lui et ne jamais lui laisser oublier. Le Cormac d'aujourd'hui n'a qu'une envie: s'enfuir à toutes jambes dans l'autre sens. Tenter de transplaner, maintenant qu'il y a un trou dans leur canopée de gravats et une faille dans le reste des protections magiques entourant le manoir, et abandonner Dean.

"D-Dean, I'm sorry, but--" Un grognement suivi d'un hurlement de loup le fait se retourner brusquement, et il voit que le loup-garou a passé une patte longue et griffue dans l'interstice. Le trou commence à s'agrandir, et la silhouette du monstre à sa préciser dans l'obscurité. "I can't- I don't--" Cormac a les jambes qui tremblent et le coeur au bord des lèvres. Il raffermit sa prise sur la baguette de Dean, et sent son estomac se retourner dans son ventre alors qu'il commence à transplaner, malgré les voix de Seamus et Ginny mélangées dans sa tête qui lui hurlent de rester, de se battre même jusqu'à la mort, parce que Dean est un camarade et (malgré tout, en quelques sortes) un ami, parce que c'est ce qu'il faut faire, et les voix de Riley et Susan lui supplient de se tirer, et le loup approche.

La main de Cormac commence lentement à se défaire de l'épaule de Dean, ses lèvres à prononcer d'autres excuses mais il est interrompu par une voix venant de nulle part et de partout à la fois: "(...) someone? anyone...?" Cormac hoquète un sanglot en cherchant l'origine de cette voix qu'il connait bien - et quand il croise le regard de Lee, une vague de soulagement s'abat sur lui. Pendant un instant, il n'entend plus les battements effrénés de son coeur, ni les grognements de plus en plus sauvages du loup-garou essayant de se frayer un chemin jusqu'à eux. "Dean? Hey, what happened, lil homie...?" Et puis Lee bouge dans la lumière faiblarde de la baguette, et Cormac se rend compte qu'il n'est pas vraiment là. Sa peau est craquelée comme de la porcelaine de mauvaise qualité, comme si elle avait été détruite puis maladroitement remise en forme, et sa main passe à travers le bras de Cormac en y faisant grandir une chair de poule glacée quand il va pour poser une tape amicale sur l'épaule de Dean. "You guys have to get out of here."

Cormac n'arrive pas à articuler quoique ce soit, bouche bée quand le cercle cinq se tourne vers lui et lui adresse une grimace compatissante. "I'll distract it, you Apparate, alright? - I... I don't know if I can-- - You have to take him home, alright? Everyone's gone by now, it's just the two of you." À ce stade, Cormac ne sait pas si c'est réel ou si c'est comme les voix de Susan et Riley et son père et Seamus et Elena et Rubén et Kingsley et Michael et Anthony et Dennis qui l'accompagnent à chaque heure depuis qu'ils sont enfermés dans ce trop-plein de magie néfaste et horrible, où faim et douleur se succèdent comme jour et nuit: sans faire sens. "You take him home, Cormac, okay? - O-okay. - Dean, homie, you better get promoted I swear to God." Nouvelle tape amicale qui passe à travers. Cormac raffermit sa prise sur l'épaule de Dean alors que le froid de la main de Lee en paralyse les muscles.

Le loup est presque là, maintenant, et Cormac a toujours aussi peur, et il est en train de pleurer, et il a tellement mal, tellement faim, il est tellement fatigué, tellement désespéré. Mais le sourire éclatant de Lee lui donne le peu de force dont il a besoin pour calmer les tremblements dangereux de son autre main autour de sa baguette. Même la gueule écumante du loup ne lui fait plus peur, même son coeur qui bat trop fort, même le visage livide de Dean qui semble prêt à tourner de l'oeil. "Alright, guys, on three." Cormac déglutit et hoche la tête. "One. - It's going to be okay, Dean. - Two..." Le loup semble comprendre ce qu'il est en train de dire, et les murs déjà à moitié détruits qui les entourent sont de plus en plus craquelés, la poussière étouffante alors qu'elle tombe sur eux, leur abri pas si sécurisé que ça commençant à s'affaisser sur leurs têtes. "Three!" Lee fond sur la bête, la faisant gémir de peur et s'arrêter pendant un bref instant quand il passe à travers, et Cormac transplane.

Avant de réaliser que la baguette ne fonctionne pas.

TW Angoisse, Sang, Souffrance, Hallucination ??? et bien sûr... Morsure Dean est impuissant, terrifié, et regarde désespérément Cormac, résigné à accepter qu'il est son seul espoir. Des années et des années passées dans la Résistance, à se préparer, des années à espérer que quelque chose se passe, à vouloir faire bouger les choses, à vouloir être utile et le voilà aux portes de la mort, pétrifié et faible, pris au piège.

Le loup se déchaine, pousse et grogne et se débat et il est là, juste là, et Cormac ne fait rien, bafouille à peine, et Dean ne fait rien, et ils vont mourir. Et puis soudain...

"(...) someone? anyone...?"

Dean tourne la tête si brusquement que sa vision en devient floue et il sent le sang pulsé dans son crâne. Cette voix. C'est pas comme la voix de Seamus qu'il entendait vaguement et qu'il savait provenir d'un rêve, ni comme celle de Cormac, solide et bien réelle. Non cette fois-ci c'est un entre-deux qui prend Dean aux tripes et lui serre le coeur. "... Lee?"

Le loup est toujours là et Dean a un bref moment de confusion où il pense que Lee est le loup mais très vite, il se rend compte de sa bêtise et cherche alors ailleurs parce que c'est bien la voix de Lee, il est là, comme eux, et peut être qu'il est en meilleure forme et peut être qu'ils vont pouvoir s'en sortir finalement.

"Dean? Hey, what happened, lil homie...?" Dean pourrait pleurer quand la voix de Lee devient un peu plus forte et s'adresse à lui. Il pourrait et il le fait, ses sanglots s'intensifiant, les larmes coulant plus fort sur ses joues, se mélangeant avec la poussière, la terre, les cendres, et le sang. "Lee... I-" Dean commence à répondre mais ses paroles s'étouffent avec la surprise qui le saisit quand il voit enfin la silhouette de Lee se dessiner. Ce n'est pas réellement lui. "Wha- Cormac? Do you see-" Dean regarde partout, cherche quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait donner un sens à tout ça mais il ne trouve que le loup toujours plus agressif.

"You guys have to get out of here." Lee pose une main qui se veut rassurante sur l'épaule de Dean mais il ne sent qu'un souffle glacial qui l'horrifie et il pose à nouveau ses yeux sur la figure fantomatique de Lee qui parle avec Cormac, prononce des mots que Dean arrive à peine à distinguer sous le coup de la stupeur, et qui n'est pas Lee, qui ne peut pas être Lee.

"Dean, homie, you better get promoted I swear to God." Lee s'adresse à nouveau à lui et Dean en reste bouche bée, un milliard de choses tournant dans sa tête mais rien d'assez permanent pour que Dean pense autre chose que: peur, fuit. Pas-Lee le touche - traverse - à nouveau et Dean a une sensation étrange qui lui saisit l'estomac, l'impression que quelque chose prend fin, que quelque chose va disparaître, que Dean vit quelque chose pour la dernière fois et, pour quelqu'un qui pense vivre ses derniers instants, ça peut sembler logique mais d'un autre côté, c'est différent. Dean se retrouve bloqué, les yeux rivés sur Pas-Lee qui continue de parler - compter maintenant - des mots pour son ami qui lui restent sur le bout de la langue.

Et puis Pas-Lee fonce sur le loup et Cormac agrippe Dean et il se passe quelque chose mais aussi il ne se passe rien et Dean a toujours la tête qui tourne. Pas-Lee a disparu mais le loup est toujours bien là et Dean et Cormac n'ont pas bougé d'un poil mais les décombres autour d'eux oui. Ils tremblent et craquent et grondent et un autre trou se forme, juste au dessus d'eux et Dean est sûr que c'est un autre loup - ou peut être un autre faux Lee. Mais c'est en fait un garçon, plus jeune que Dean et Cormac, qui a l'air stressé.

"Quick! Grab my hand!" Dean n'a aucune idée de qui est cette personne mais il fait ce qu'on lui dit, échange brièvement un regard avec Cormac pour confirmer que c'est la meilleure chose à faire, puis se laisse tirer vers le haut, péniblement, avec l'impression de peser 5 tonnes. La douleur irradie tout son corps mais bientôt il retrouve la surface, se retrouve perché sur les ruines d'un manoir et, à quelques mètres de lui, une femme qui essaye d'arrêter le loup.

Pendant que le garçon sort Cormac de là, Dean regarde autour de lui, cherche Lee, ou Pas-Lee, mais il ne trouve personne, rien. L'île - parce qu'ils sont toujours sur l'île, celle qu'il n'a vu qu'à travers les fenêtres du manoir jusque là - est totalement déserte.

Un peu plus loin, la femme semble avoir gagné son combat avec le loup mais seulement pendant un bref instant. Ils sont au sol, hors du trou, mais le loup n'est pas complètement sonné et quand ses yeux sanglants se posent sur Dean, Cormac, et le garçon, il hurle à la lune, grogne et bondit. Dean fait de son mieux pour s'extirper de là, tâtonne et rampe mais il est trop tard. La gueule du loup se referme sur son épaule et Dean cri de toute ses forces, la douleur intense et brûlante qui glisse depuis son épaule jusqu'à son coeur.

tw: douleur, perte de repères, sang, violence

Le cerveau endommagé de Cormac n'essaye même pas de réellement appréhender ce qui est en train de se passer. Il pense juste à sa baguette dans sa main et le fait qu'elle reste inerte, inutile entre ses doigts. La peur lui soulève les sens, transforme sa réalité en cauchemar et son cauchemar en réalité, alors que lui et Dean restent... là.
Le transplanage ne fonctionne pas.

Un long gémissement de douleur s'échappe de la bouche gourde de Cormac, et il jette par-dessus son épaule un regard écarquillé de peur en direction de la forme du loup se frayant lentement un chemin à travers le trou qui augmente à l'oeil nu. Cormac juge que le plafond va s'effleurer sur eux d'ici quelques secondes, et il essaye déjà de répérer un chemin pour se frayer à travers les décombres. Il ne pourra pas prendre Dean avec lui... peut-être que son corps sera une distraction suffisante pour le loup, ainsi que la présence de Lee?
"Quick! Grab my hand!" Cormac lève la tête sans comprendre et n'hésite pas en s'emparant de la main qu'on lui tend. Il enroule un bras autour de Dean et le tire à sa suite sans se poser de questions, se trouvant désolé de l'entendre gémir de douleur à son tour alors qu'ils grimpent difficilement vers l'air frais.

Cormac fait passer Dean devant et crie d'horreur en voyant le loup se frayer un chemin jusqu'à lui. Il lui donne un coup de pied aveugle juste avant que les décombres s'écrasent sur lui, et il pense naïvement qu'il est sauvé en retrouvant à son tour le rez-de-chaussée à moitié explosé du manoir de Gracefield.
Il n'a pas le temps de balayer le paysage désolé du regard, d'enregistrer tout ce qu'il se passe - les hurlements, affrontements, l'énorme bête dont les yeux furieux s'étrécissent dans leur direction une fois qu'elle a recouvert ses esprits. On lui parle, non, on lui hurle dessus mais Cormac n'entend rien, et comprend encore moins. Hagard, il regarde autour de lui sans voir, son coeur faisant des loopings dans sa poitrine, sa vision se troublant de trous noirs de temps à autres, ses mains tremblantes, ses oreilles sifflantes - parce que Dean hurle.

Dean hurle et Cormac revient sur Terre. Et la Terre est douloureuse, cruelle, violente: il voit sans comprendre les crocs blancs s'enfoncer dans les vêtements de Dean, son sang vermeil gicler, sa chair apparaître et se déchirer. "DEAN, NO!!" s'entend-t-il hurler comme à travers un voile, en se jetant en avant pour le rejoindre, ignorant celui qui essaye de s'interposer. "DEAN!" La dernière fois qu'il s'est jeté pour lui, c'était pour lui donner un coup de poing, il y a quelques années; là, il essaye de l'attraper, de l'arracher aux crocs cruels de cette créature sauvage. Il parvient à prendre son coude et le tire vers lui d'un geste sec, tendant sa baguette en direction de la gueule du loup en hurlant un sortilège brûlant. "Fuck, I'm so--" Il ne sait pas ce qu'il est; il sait juste qu'il a mal en sentant trois poignards s'enfoncer sur sa joue dans son cou, dans son épaule.

La douleur l'aveugle, le sang aussi. Cormac ne réfléchit plus à rien en raffermissant dans un gémissement sa prise sur sa baguette, se faisant avaler par le transplanage en espérant laisser derrière eux toute la misère qu'ils ont pu rencontrer à Gracefield.