| | | for a fistful of gallions Dans son imaginaire, Eryn s'est toujours dit que les librairies étaient des endroits boring au possible, avec des gens pète-secs qui viennent juger les couvertures comme s'ils étaient sur le marché en train de marchander un poisson ou quelque chose dans cette veine. Un art réservé uniquement aux érudits. On avait beau lui vendre des aventures merveilleuses, elle voyait surtout cinq cents pages de petites caractères et des lignes à lui en donner mal crâne. Elle avait une image peu reluisante du métier, et elle était persuadée que tous les lecteurs étaient des gens chelous qui s'enferment tard le soir pour lire à la lueur de leur baguette, vivant dans leur petit monde de fantaisie ou élitiste au possible. Morale de l'histoire, Eryn a porté un peu trop attention aux clichés et ne s'est pas assez intéressé au coeur du problème. Depuis qu'elle travaille avec Kei, elle n'a jamais eu autant l'occasion de nouer une relation avec ses clients. Si bien qu'elle a même du mal à y croire et que sur la route de la boutique Saejin, elle se demande si ce n'est pas un peu trop beau pour être vrai. Non, tous les afficionados de bouquins ne sont pas des monstres. C'est même agréable de les écouter parler de leur passion pendant des heures.
Eryn est plutôt sociable - de son point de vue - elle sait globalement nager avec les requins. Pour autant, ce n'est pas toujours facile de créer du lien avec les autres, au delà d'un "bonjour, au revoir, quel temps fait-il". Et Seigneur qu'elle déteste ce genre de questions. Elle est contente d'avoir pu se lier d'amitié avec quelqu'un. Elle est tout de même nerveuse de débarquer comme ça, même si ce n'est pas à l'improviste, qu'elles se sont mises d'accord pour se revoir. Comparez ça au trac avant de monter sur scène, quand on passe sa vie à jouer les imposteurs, on ne sait plus très bien quel rôle jouer quand il faut être soi-même. Ca n'a jamais été aussi dur d'être naturelle. Elle a choisi une tenue décontractée, n'a pas forcément prit le temps de se coiffer. Eryn au naturel donc, blonde sauvage avec sa moue de peste. Même si ça fait longtemps qu'elle ne s'amuse plus du malheur des autres. Ne fait pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, peut-être le seul conseil intéressant de la part de sa mère. Qui elle même n'a pas jugé bon de l'appliquer. Fait ce que je dis, mais pas ce que je fais. La philosophie de vie des adultes. « Coucou, c'est moi ! » Elle se présente, quand elle passe le pas de la porte, le nez immédiatement attaquée par l'odeur des herbes et des plantes. Attaqué n'est pas le terme exact. Ca ne sent pas mauvais, ça lui rappelle sa grand-mère. « Oh c'est cool ici, comment tu fais pour t'y retrouver ? » Elle n'était jamais venue, Eryn met rarement les pieds dans un commerce, plus adepte du vol à l'étalage -ça personne n'est obligé de le savoir. C'est une énigme pour elle. Pour rester dans le cliché, l'irlandaise a peiné à maintenir ses moindres plantes en vie et n'y connait pas grand chose là dessus, à part les composants du thé. Et encore. Vite fait, mal fait. Son credo. Sans trop s'attarder, elle cherche du regard son acolyte du jour. smoke and mirrors |
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