BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

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 (GARY) Bridge over troubled water

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Gary Barry O’Neil
Don’t you dare, for one minute, believe that my kindness makes me anything but insurmountable. I did not unzip my chest to every kind of hurt, and stagger back, wounded and alive, just to hear you call me weak for trying.

 
EGON
âge » 27yo fréquence de connexion » RP surtout le week-end comment t'as connu le forum ? » Par invitation à la beta avatar » Colin Firth mon personnage est » [x] inventé  [] un PV [] un scénario [] un pré-lien [] tiré des livres.

NEW ORDER
nom prénom(s)  » Gary ne s’est jamais amusé à compter le nombre de Gary O’Neil qu’il y a dans les registres, ne serait-ce que ceux sorciers, mais alors moldus… Et son père a eu beau lui avoir rabattu les oreilles de l’origine ancestrale et vénérable de leur famille, le test Von Bäume a beau lui avoir dit qu’il était sang-pur, Gary a juste l’impression d’être un énième Gary, un énième O’Neil, un énième irlandais dans l’océan riche et complexe de ses homonymes. Il ferme les yeux et se les imagine, tous, à travers leur terre ou à l’étranger, à tenter comme lui de s’en tirer dans ce monde absurde.

surnom(s)  » Il y a Enid pour appeler ses frères The Barrys pour ce second prénom qu’ils partagent tous avec leur père et qui l’irrite prodigieusement.  Karl s’est beaucoup amusé à l’appeler GARYBARRY quand ils étaient jeunes, et s’y risque parfois encore comme si lui-même ne s’appelait pas Karl Barry. Paul, lui, s’économise le peu de lettres de son prénom pour lui sortir du Gar’ qui n’a pas vraiment pris ailleurs. Pour Brian, Gary est son frère dans une blague étrange, eux qui se perdent dans la fratrie mais sont de véritables frères parce qu’ils sont jumelés. Il y a les enfants de Gary qui l’appellent Uncle/Uncail, par son prénom ou parfois par un surnom paternel qui, dans n’importe quelle langue, le fait toujours sourire avec joie et tristesse. C’est comme un cadeau qu’il ne mérite pas et qu’il accepte avec honte et joie.
Les multiples insultes qu’on s’est bien amusé à utiliser pour qualifier Gary ne méritent pas mention.

date de naissance » Gary ne fête plus son anniversaire (28 novembre 1949 | 58ans) depuis le jour de la naissance d’Atticus, ce 17 février 1986 où Brian a cessé de vivre. Tous les ans depuis vingt ans, on se retrouve à cette date, aux aurores, à la maison familiale. Il y a tout le monde, on sort les écharpes, les manteaux, puis on fait la marche jusqu’à la côte, là où on a enterré Brian et sa femme, au sommet d’une falaise battue par les flots. Sur le chemin on parle d’eux, on ramène les souvenirs qu’on peut, avec plus ou moins d’humour. Gary lui, ne parle pas, mais mène la marche. Arrivés sur place, on chante un peu, on pose des fleurs et des pierres, Aulus lisait souvent une prière, très bas avant de ne plus venir. Puis on rentre pour manger et l’après-midi c’est l’anniversaire d’Atticus, qu’on fête comme un retour à la vie, comme ce qu’il leur reste tous de Brian et c’est quand il ouvre ses cadeaux que Gary, enfin, sourit.

origines & nationalité  » Gary vit là où il est né et mourra en terre d’Irlande si on lui laisse un jour le choix. Il en a l’accent et la langue, la culture et la fierté, être Irlandais pour sa famille va même au-delà de ces simples émotions, ça vient du cœur, du corps même qui semble être ficelé en harmonie avec les plaines et les falaises, le bruit caractéristique des vagues qui s’y éclatent. Et pourtant Gary a la nostalgie d’un ailleurs : né et élevé en Irlande du Nord il sait cependant que les O’Neil viennent des côtes du sud de leur île. Et d’y être allé (avec l’impression d’un retour) avant la fermeture des frontières il a d’autant plus la mélancolie d’y revenir et d’y vivre, loin des dangers qui menacent sa famille aujourd’hui.

pureté du sang  » Dans la maison ancestrale de la famille de son épouse, Barry O’Neil a de nombreuses fois beuglé et grogné que leur sang était pur, que leur famille était vraie, descendait directement Niall Noigiallach, Niall aux Neuf Otages, roi suprême d’Irlande. Ces barrissements se faisaient toujours plus véhéments alors que la nuit s’approchait et que la bouteille se vidait, et si Karl s’est abreuvé de ces récits de gloire et de richesse dans leur quotidien bien trivial, Gary a instinctivement assimilé ces récits à l’envie de fuir et de s’endormir. Plus tard, il parvint à simplement hausser les épaules, regardant simultanément Paul épouser une sang-mêlé sans se poser la question et Karl arpenter les Landes à la recherche d’une belle sang pur Irlandaise qui accepterait de préserver leur lignée. Quand, en 2001, on leur confirma que les rumeurs de leur statut de sang-pur, les réactions furent diverses et celles de Gary fut un long, profond, et las soupir. Cela ne présageait rien de bon, et il avait bien raison.

métier/études  » Impossible de savoir si ce sont les études qui n’aiment pas Gary ou Gary qui n’aime pas les études. Si c’est le bégaiement qui l’a empêché de s’intéresser aux cours à cause du terrible désavantage ou s’il avait initialement un faible potentiel magique, tout simplement. Est-ce l’ombre de Brian, bon en tout, fasciné par tout, studieux et inventif qui poussa Gary à s’enfoncer dans le désintérêt ? Après l’humiliation d’avoir redoublé sa première année à Hogwarts (ne pas pouvoir articuler un sortilège était trop handicapant) on lui trouva des accommodations, on accéléra l’apprentissage des informulés mais le garçon ne rattrapa jamais son retard. Et dans une maison comme celle des Serdaigle, sa modestie académique ne fut pas très bien accueillie sauf exceptions chéries. Après la torture absolue de ces huit années en Écosse, Gary retourna avec grand soulagement à la maison familiale, malgré la présence paternelle.
Là, il donna quelques années à travailler pour son père avant de trouver un emploi de Régulateur au Département du Contrôle et de la Régulation des Créatures Magiques, qu'il quitta à un moment pour prendre soin de sa mère et de ses neveux, mais auquel il revient et qu'il occupe toujours trente-cinq ans plus tard. (cf. Pensieve - Hybrides)

orientation & état civil  » Lorsqu’il s’agit d’amour, Gary est le premier à céder son cœur et son affection, la douceur de ses yeux tristes, la tendresse d’un sourire compatissante et les phrases hésitantes d’une sagesse souvent muette. Karl aime à se moquer de toutes ces personnes que Gary semble adopter et chérir comme on ramasse des pâquerettes au fil d’une balade. Karl se moque car il sait plus que tout autre que cet amour-là ne peut atteindre la passion véhémente que Gary porte à sa famille, sa mère, ses adelphes, ses enfants et la terre d’Irlande. Aucune de ces relations n’a jamais abouti à une situation amoureuse et encore moins sensuelle, Gary étant simultanément persuadé d’en être indigne et ébahi devant l’importance que cela peut avoir pour les autres, et surtout sa famille. Lui, reste célibataire sans jamais ressentir le poids de la solitude que ce terme semble inclure.

camp  » Il n’y a rien à craindre de Gary. Gary, quand il s’agit de politique, est aussi perdu qu’un poisson hors de l’eau. Bien qu’il travaille au Ministère on ne l’a jamais vu avoir la moindre ambition professionnelle ou politique. Ses grands yeux bleus s’écarquillent dès qu’on lui parle de gestion du pays et on aime à le taquiner et à rire de ce qui est trop souvent vu comme de l’innocence ou de la bêtise. Gary n’aime pas ces choses-là, mais il aime aider les gens. Il aime la continuité et la constance et s’il a un compas politique très flou il s’accroche à ce qu’il lui reste de compas moral. Avant le Lord, il aidait les hybrides à mener une vie meilleure et, avec le Lord, il aide toujours les hyrbides à mener une vie meilleure. Sans être résistant, sans avoir de contact avec l’Ordre, il fait de son mieux, depuis son bureau, depuis sa maison, pour atténuer l’effet d’un gouvernement qui le révulse.

baguette  » Si ses frères et sa sœur ont depuis longtemps changé la baguette familiale qu’on leur a confié à l’entrée à Hogwarts, certains dès leur premier salaire d’été, Gary s’accroche à la sienne. Elle lui vient de la mère de sa mère, Clodagh O’Connor, qu’il n’a jamais connue mais avec qui il a un peu l’impression de partager sa vie grâce à sa baguette. De toute manière, pour ce qu’il en fait… Et certes elle est usée et capricieuse, pas bien belle ni ouvragée, mais il en prend soin et ce lien avec sa famille est bien plus précieux pour lui qu’un étrange confort pour une activité qu’il ne pratique pas véritablement. (26,5cm, chêne, crin de licorne)

patronus  » Si Gary sait ce qu’est un patronus, en a vu et admiré, il n’a jamais ne serait-ce qu’essayé d’en formuler un. Peut-être qu’il y arriverait bien mieux que ce qu’il se prête à croire.

épouvantard  » Gary est un homme comme un autre et ses peurs n’ont rien de bien poétiques ou complexes. La vieille maison O’Neil a d’ailleurs eu son lot d’Épouvantards dont Gary s’est souvent chargé. Petit, c’était les cris de son père, plus tard le corps de ceux qu’il aime, parfois Karl saoul, à l’occasion ses enfants qui l’insultent et le quittent. C’est plus souvent en pleurant qu’en tremblant que Gary sort de ses rencontres, avant de rassurer tout le monde : c’est bon, le monstre est parti.

particularité(s)  » Aucune.

pensieve
So you look out on the ocean
See the headlands and the strands
And you wonder what horizons
Will shape tomorrow's plans

bégaiement magique  » (tw validisme, misogynie) (voir l’article dans l’encyclopédie) Barry O’Neil ignorait dans quelle situation il allait se retrouver lorsqu’il s’est uni dans un mariage ni forcé ni souhaité avec Eithne O’Connor. Certes la jeune femme n’était pas bien bavarde, elle bégayait un peu mais il voyait ça comme une tare individuelle, imaginant que cela avait un lien avec sa timidité ou ses capacités mentales limitées (une chose partagée par nombre de femmes à ses yeux) complètement ignorant des ramifications physiques et magiques, et surtout génétique de cette condition. La chute fut cruelle lorsque son aînée Enid se retrouva avec une façon de parler similaire à celle de la mère.
Quelques questions à des soignants plus tard, Barry imposa à sa fille puis aux fils qui suivirent des cours sévères d’articulation, de chant, de respiration, punissant chaque écart sans distinction. Lui-même ignore lequel de ses enfants a développé un bégaiement tant il a étouffé tout ce qu’il a pu à la première occasion. Si cet entrainement cruel fit des miracles sur des formes bénignes ou inexistantes de bégaiement, elle se confronta à un mur quand Gary arriva.
Pour la bouche du petit Gary, les exercices d’articulation se révélèrent une torture, le chant le rendait mutique, il hyperventilait dès que son père lui intimait de réguler sa respiration. Il en arrêta de parler lorsqu’il sentit pointer la part magique de son bégaiement, effrayé des bruits qu’il provoquait en plus de ceux de son trouble. S’ensuivit une période scolaire douloureuse, où les accidents de parole se multiplient avec blocages, répétitions, périphrases avec leurs compagnons magiques qui entourent l’adolescent d’une cacophonie bien plus terrifiante pour lui que pour ses interlocuteurs.
Les années ont donné à Gary la possibilité d’apprivoiser son bégaiement, de moins le craindre et de le sentir venir sans s’effrayer. Aujourd’hui bien plus fluide il ne cherche plus à avoir une diction parfaite et à empêcher chaque accident pour les laisser venir. Cela ne le sauve ni des moqueries, ni du jugement, ni de la marque indélébile gagnée dans sa jeunesse mais cela le sauve de lui-même, et c’est bien tout ce qu’il cherche aujourd’hui.  


maison o’neil  » Gary a longtemps haï cette maison parce qu’elle était celle de son enfance, parce qu’il y était et parce qu’il n’y était pas bien. Car la maison, comme habituée aux sorciers bègues, réagissait trop vite à ses accidents de la parole et se précipitait presque pour grincer, claquer, mugir et s’agiter quand il n’arrivait pas à parler. Bâtiment imposant mais troué, Gary s’est dissimulé de nombreuses fois dans les coins de ses pièces abandonnées, ses escaliers poussiéreux, perturbant fantômes bougons et diverses bestioles agitées. Le jardin de hautes herbes a accueilli beaucoup de ses jeux, plus ou moins volontaires, avec ses frères. L’escalade des arbres alentour a permis de fuir bien des dangers mais aussi de récolter des trésors qu’on ramenait à la maison, qu’on décorait et qu’on cachait, et qui semblaient bien plus précieux que toutes les babioles que leur père refusait de vendre.
Avec son expérience de Hogwarts, Gary a appris à apprécier cette maison et, aujourd’hui, il regarde avec nostalgie cette période d’enfance où toute la fratrie était là et où il n’y avait qu’à se cacher pour faire disparaître ses problèmes. Ses ASPICs passés il n’a jamais vécu ailleurs, regardant ses frères et sa sœur se marier et déménager pendant que lui restait, évitait son père jusqu’à ce qu’il décède. Ce fut ici qu’il ramena sa mère, qu’il s’occupa d’elle. Ici qu’il accueillit ses neveux et nièces pour les vacances, puis les enfants de Brian à sa mort. Entre ces murs, encore, que Karl vint s’échouer puis se relever, qu’ils devinrent à deux des parents auxquels on ne se serait pas attendu.
C’est ici qu’il revient toujours, qu’il accueille, qu’il soigne et qu’il retrouve ses proches. Ici qu’il espère recroiser les fantômes des personnes perdues et l’ombre bien réelle d’un Aulus prodigue qui aurait retrouvé son chemin jusqu’à chez lui.

pères  » Gary ne sait pas comment pardonner son père maintenant qu’il est parti. Il s’installe dans l’ancien fauteuil paternel, se perd dans la forêt, visite sa tombe ou affronte la vue des vagues en interrogeant ce qui l’empêche d’accorder ce qu’il a offert à tant d’autres. Bien sûr il y a les cris et le jugement, mais il a pardonné à d’autres. Il y a l’alcool, mais il a pardonné de Karl. Il pardonne celui de Paul. Pour ce qu’il a à pardonner, juste la petite part où il s’est retrouvé pris en otage dans leur enfer, moqué et critiqué tandis qu’ils se consumaient. Gary peut pardonner ces excès, et il a de la compassion pour le poison que Barry s’infligeait. Ce n’est même pas le fait de l’avoir torturé de leçons inutiles, de l’avoir accusé d’apporter la honte sur leur famille, de l’avoir menacé de l’isoler pour toujours là où on ne le retrouverait jamais. Sans aller à féliciter le paternel de lui avoir « appris la vie », Gary reconnaît aujourd’hui sa peur, mesure ses angoisses et ses efforts, sa façon particulière d’aider comme Karl peut le faire si souvent. Et pourtant quelque chose reste, pas exactement de la peur d’un mort, ni de la rancœur pour quelque de flou, plutôt une froide détermination de ne jamais le laisser complètement reposé tant que sa mère souffre. Tant que sa mère s’oublie, tant que sa mère reste incapable d’exprimer un traumatisme provoqué par leur père sans qu’on puisse le prouver. C’est un marché avec son père, finalement, avec sa tombe qu’il visite souvent : tu m’as pris ma mère, je ne te laisserais pas reposer en paix.
En retour, Gary espère être un meilleur père que celui qui l’a élevé. Et Karl, et Enid, et Paul, peuvent bien venir chez lui, et manger dans sa cuisine, et critiquer sa pédagogie devant les enfants qu’il élève Gary a la détermination du vieux chêne qui ne bronche pas. Peut-être qu’il ne punit pas assez, certainement qu’il parle trop (un comble pour lui) et demande trop à les entendre lui parler, il faudrait interdire plus et en même temps permettre davantage. Gary est bien incapable de crier mais son regard déçu accompagne chaque écart de ses enfants, s’attriste des trahisons, s’inquiète des désobéissances. Il est l’oreille attentive, la voix du compromis, la main qui rassure et malgré toutes les complications que cela a pu provoquer, cela lui a au moins garanti l’amour de ces enfants. Et même si ce jugement a poussé Aulus à ne plus revenir à la maison, il protège Atticus et Arria des attentes que Karl impose de l’autre côté de la parenté. Karl qui paye les études, les vêtements, rappelle les charges familiales, surtout depuis que leur pureté a été confirmée. Et, finalement, les moments où on peut le plus voir Gary s’approcher de l’énervement c’est lorsqu’avec son frère ils débattent d’éducation.
Et pourtant, quel père est-il ? Bien que ses enfants soit ses trésors les plus précieux, bien qu’il dévoue sa vie adulte à leur protection et qu’il se sent capable de sacrifier bien plus que ce qu’il a déjà donné, l’idée qu’il puisse être leur père lui semble parfaitement présomptueuse. Il est un vague remplaçant, une contrefaçon de parent parce qu’il était celui avec le plus de temps et, statistiquement, le moins d’enfants. Il voudrait être ce père qu’il voit si facilement chez Karl mais ne s’y voit pas, s’y applique sans y prétendre. Il s’occupe d’eux, prends soin d’eux, les élève, les nourrit, les rassure, les protège autant qu’il le peut et les aime plus qu’il ne s’aime lui-même ; pourtant quand Atticus, qui n’a connu que lui, l’appelle Papa… Quand il entend ce titre, ce nom, il a l’impression d’avoir volé à Brian la dernière chose qu’il a pu laisser au monde.

hybrides  » Si Gary se retrouva trente-cinq ans auparavant au Département du Contrôle et de la Régulation des Créatures Magiques, ce fut par un complet hasard. Ou plutôt, par un concours de circonstances favorables et favorisées par ses frères, Brian et Karl, déterminés à lui trouver un emploi. Plus précisément, déterminés à sauver leur frère de l’entreprise familiale où le pauvre Gary dépérissait, et où leur père menaçait chaque jour d’imploser. Les choses empirèrent encore plus à l’arrivée de Karl qui, après Hogwarts, se révéla un bien meilleur commercial qu’il ne fut étudiant. Et bien plus intéressé par l’héritage de l’entreprise que son grand frère. On convint que faire changer de travail Gary était le plus sage, autant pour sa santé que pour les aspirations de son frère. Un petit boulot au Ministère, ce serait très bien. Brian trouva une place au plus bas de la chaîne alimentaire au Contrôle des Créatures et Karl se chargea de graisser une ou deux pattes pour que leur frère bègue, avec un ASPIC et demi et l’enthousiasme d’un chat pour son bain se retrouve employé par le gouvernement. En arrivant, Gary savait qu’il ne voulait pas travailler. Il détestait la paperasse, les bureaux, l’effort de l’emploi et passa très rapidement à mi-temps avant d’effectuer un travail minimal et médiocre pour qu’on ne lui demande pas plus sans être capable de le virer.
L’erreur fut de le placer devant des personnes qui parlaient, d’abord un rendez-vous pour remplacer un malade, on lui demanda de poser les questions sur la feuille et de cocher les cases correspondantes. Pas dur, non ? Les cases ne posèrent pas soucis mais laisser partir la louve-garou à l’emploi déjà complexe à l’école fut quasi impossible. Gary fit l’erreur de vouloir l’écouter, de lui répondre, de chercher à l’aider, de sorte qu’elle demandera à le revoir, lui, à l’occasion suivante. Et tout en négligeant toujours les rapports, en oubliant les réunions, en se liquéfiant à la moindre confrontation à l’autorité, Gary se retrouva impliqué et volontaire à venir au travail pour aider toutes ces personnes qui, encore moins chanceuses que lui, se trouvaient en marge.
Après avoir quitté le Ministère pendant dix ans après la mort de son père, il revint en 1989 d’abord à mi-temps pour nourrir ses enfants puis à plein temps quand Atticus devint plus autonome. De là, il assista impuissant la transformation de son département, de ses missions, jusqu’à voir la face de « ses » hybrides se faire défigurer du tatouage de leur condition. On ne va pas chercher Gary, on le sous-estime et on l’ignore, on se dit que s’il passe tant de temps en rendez-vous c’est qu’il est trop lent et qu’il ne parvient pas à finir ses phrases. On ne se doute pas du cœur qu’il y met, des larmes qu’il verse et le désir chaque jour plus vif de voir les choses changer.

family
And it's a game of sweet surrender
When there's nothing left to say
And there are moments to remember
Once these days are long away

Parents

Eithne O’Neil O’Connor » Aujourd’hui âgée de presque quatre-vingt-dix ans, Eithne est encore considérée comme une sorcière dans la fleur de l’âge. Pourtant, au contraire de beaucoup de ses anciens camarades de classe, elle ne se présente plus en société, a beaucoup de mal à évoluer seule et porte encore les traces d’un traumatisme couplé de l’abandon de sa famille et d’un traitement inadapté à ses besoins en centre de soins. Aujourd’hui, Eithne est majoritairement silencieuse et s’économise le plus de communication qu’elle peut se permettre, souvent absente, perdue à fixer le vide ou le jardin, elle se réveille cependant régulièrement pour redevenir la personne vive, enthousiaste et enjouée que ses plus vieux enfants ont pu connaître à l’époque. Parler de ce qui a pu se passer à l’époque de sa mise en quarantaine la plonge toujours dans une détresse inquiétante.


Barry O’Neil » décédé en 1979 Décédé suite à un tragique accident, son enterrement a rassemblé beaucoup d'Irlandais qui pleuraient bien plus que ses propres enfants. On a pu entendre Enid marmonner loin des oreilles sensibles que son décès était la meilleure chose que l’individu ai jamais apporté à leur famille.  Les sentiments ne sont tous pas aussi sévères pour cet homme simple et abrupt, attaché à sa terre et à ses enfants, qualifié par certains d’odieux avec sa femme, d’autres de pathétiquement généreux. Il a irrité Enid et Paul, horrifié Brian et Gary avant que son dernier fils, Karl, ne relève le niveau en l’idolâtrant parfois jusqu’à l’excès. À Yule, on évite d’évoquer ce qu’il a pu faire à Maman.


Adelphes

Enid O’Neil » Âgée de soixante-quatre ans, Enid est l’aînée de sa fratrie de cinq enfants devenus quatre et surtout la seule sœur d’une insupportable fratrie. Elle a grandi en haïssant son père, seul enfant témoin de sa cruauté envers leur mère. Après avoir exigé la présence de celle-ci quand elle a lié sa magie au futur père de ses enfants, Leopold Brennan, elle a claqué la porte de la maison pour ne jamais revoir son géniteur. Respectant sa promesse elle n’est revenue qu’à la mort de celui-ci, devenue chercheuse et inventrice elle ne reconnaît plus sa famille et vient aux fêtes sans s’investir. On la suspecte de rester surtout pour le plaisir d’irriter Karl.


Paul O’Neil » Paul passe les anniversaires familiaux à descendre le buffet et à squatter près du bar, quand il se pointe tout simplement sur place. Écœuré par l’Irlande et par la suffisance de sa famille, sitôt ses études terminées, il a rejoint le ministère au sein de la Coopérative Magique avec un mariage rapide histoire d’avoir la paix. Il s’est vite fait envoyer à l’étranger, emportant une épouse et des enfants dans chacun de ses déplacements jusqu’à ce que sa famille n’explose et ne reste en Grande-Bretagne pendant qu’il continuait à parcourir le monde. Le divorce suivit, bien heureusement car en 2001 on se rendit compte qu’il était sang-pur, pendant que son ex-femme et ses enfants restaient mêlés. De plus en plus forcé de rester sur le territoire à cause des mesures gouvernementales, il tente vainement de renouer avec ses enfants tout en insultant allégrement ce test « pourri » qui « se mêle de ce qui ne le regarde pas ». Quand il ne s’énerve pas de la sorte sous l’emprise de l’alcool, il tient souvent le rôle du tonton détendu et rigolard.


Brian O’Neil » décédé en 1986 De son vivant, Brian était celui qui tenta le plus de relever le niveau de leur famille, tant en éducation et en prestige qu’en richesse. Pendant que son frère jumeau peinait à finir ses études, il sembla s’octroyer lui-même la mission de compenser ses faiblesses et devint Langue-de-Plomb. Il épousa une de ses collègues et ils eurent deux enfants ensemble avant que la dragoncelle ne les amène sur leur lit de mort. Il précéda de quelques heures sa femme qui resta en vie assez pour donner naissance à leur dernier enfant : Atticus. Mort trop jeune, à trente-sept, il bénéficie de cette auréole de sainteté qui fait que personne n’irait rappeler sa sévérité, son sérieux, sa façon de prendre un peu de haut son jumeau ou la pression qu’il pouvait infliger à ses enfants.


Karl O’Neil » Le petit dernier, le fils à son papa, amoureux de l’Irlande et déterminé à protéger leur nom et leur héritage, il a l’impression de compenser toutes les fautes de ses adelphes. Héritier du commerce familial modeste il l’a transformé en petit empire, permettant une protection financière à une famille toujours en crise. Ils lui sont quasiment tous endettés et il n’hésite pas à le rappeler et à se mêler de tout sous prétexte de les protéger, et parce qu’il sait avoir raison. S’est chargé avec Gary de l’éducation des enfants de Brian après son décès. La dette qu’il ne rappelle pas est celle qu’il doit à son frère pour l’avoir aidé à sortir de l’alcool dix-huit ans auparavant.


Enfants

Atticus O’Neil » Petit dernier, Atticus a cette place particulière d’être la dernière chose que ses parents aient pu faire, morts tous deux de la dragoncelle le jour de sa naissance. Sans effusion et sans accusation, ce drame a conditionné sa vie entre la culpabilité de leur avoir survécu et la responsabilité de les honorer. Élevé exclusivement par ses oncles et ses adelphes, Atticus s’est révélé un garçon incroyablement sage, un élève terriblement studieux, obnubilé par l’excellence et déterminé à ne surtout jamais, absolument jamais décevoir sa famille. Même si cela signifie nier ses propres besoins.


Arria O’Neil » Résistante en puissance, Arria a vécu avec la frustration de ne pas se souvenir assez de ses parents et la culpabilité de sa crise de rébellion juste avant leur décès. Très proche de Gary, elle vit toujours avec lui et son frère bien qu’elle travaille maintenant en tant que Langue-de-Plomb. Énervée par ce qui se passe au N9 et par la société qui l’empêche d’épouser son partenaire de dix ans (sang-mêlé/autre) son sang irlandais bout d’un besoin de révolution aucunement partagée par sa famille.


Aulus O’Neil » En fonction des jours Aulus se présente comme un inventeur, un auto-entrepreneur, un ingémage ou un pauvre homme en besoin de soutien. Élevé comme un petit génie par ses parents, il a été fauché en pleine gloire par leur décès alors qu’il n’avait que onze ans et se préparait à intégrer Hogwarts. Ses deux oncles n’ont jamais su comment aborder ce garçon en quête de barrières et de stimulation intellectuelle et Aulus a lentement implosé avec les années, refusant le carcan des études pour se mettre à son compte, niant toutes les attentes familiales, s’endettant auprès de Karl. Aujourd’hui la honte l’empêche de visiter Gary, squattant hôtels et appartements d’amis ou cousins. Nihiliste convaincu il cherche juste à profiter de la vie tant qu’elle veut encore de lui.


DISCLAIMER | J'ai fait le choix personnel de représenter le bégaiement de différentes manières : les "-" entre les lettres montrent la répétition d'un son. La répétition d'une même lettre/diphtongue montre le rallongement du son sans interruption. Les points de suspension montrent les blocages et silences. Les multiples tirets "---" permettent de souligner une résistance, suivie par un blocage et un résolution un peu "explosive". Les apostrophes permettent de souligner les syllabes écourtées ou avalées.
the shore part. 1
I’d like to take a moment
to submit a formal apology to my soft parts
because they kept me warm
when I was trying to freeze to death,
and I hated them for it.
enid

Karl : 4ans  Brian : 8ans Paul : 11ans Enid : 14ans

On avait perdu Gary. Ce fut Brian qui le signala en premier (c’était son rôle après tout), d’un coup de coude dans le bras de Paul, qui grimaça et se plaignit avant qu’on lui murmure à l’oreille la nouvelle. Paul eut une grimace et ce fut à son tour de pincer sa sœur, Enid, qui lui mit aussitôt une tape sur la main pour avoir osé la toucher. Elle n’eut pas le temps de l’insulter avant que son petit frère ne lui murmure à son tour la chose. Ah. En regardant en contrebas elle remarqua en effet qu’il y avait bien Paul, Brian et tout en bas Karl, mais pas de signe de Gary. Avec quatre petits frères qui ressemblaient un peu trop à leur père à son goût, elle perdait vite le compte. Elle soupira. Profondément.
Il arrivait souvent que l’on perde Gary. Gary, contrairement à ses frères, n’était pas vraiment du genre bruyant ou bavard, ne gesticulait pas, il ne fallait pas l’attraper pour qu’il se tienne mais l’attraper pour qu’il se bouge. Et Gary, contrairement à elle qui avait la capacité rare d’être autonome (un privilège féminin, elle n’en doutait pas), avait tendance à oublier les rendez-vous. Les exigences familiales. Ou juste de les nier. Quand on avait quatorze ans et qu’on était en pleine crise d’adolescence anti-patriarcale, on avait clairement plus de raisons de sécher le repas de famille qu’un sale gosse de huit ans. Mais non, c’était Gary qui disparaissait, pas elle, et il fallait qu’on le retrouve avant que Père ne revienne.
Elle eut un autre soupir et par la chaîne des oreilles, transmit l’ordre aux deux plus vieux d’effectuer une diversion pour qu’elle puisse aller chercher le petit disparu.
Occupez Mhamó d’accord ? Je reviens.
Ils hochèrent la tête tous les deux, sans inviter Karl qui de toute manière n’aurait pas voulu participer. C’était que ce jour-là était son jour à lui, celui où on célébrait l’arrivée de sa magie et l’accueil véritable dans leur grande famille de sorciers. À quatre ans, c’est un âge très honorable pour développer sa magie, deux avant Enid qui avait eu un peu de retard et un avant Brian qui était dans la moyenne. Barry avait dit au moins quatre fois que Karl était le digne fils de son père et rien que pour cela Enid avait envie d’annuler cette journée et d’arriver directement au lendemain.
Elle n’imaginait pas comme son petit frère de huit ans, toujours sans magie, pouvait se sentir en cet instant précis et peut-être que, à sa place, elle aussi se serait cachée quelque part.
Quelques secondes plus tard, elle profitait de la bagarre improvisée par ses frères pour s’échapper de la pièce. Toute la famille devait arriver d’ici une heure, les tantes, les oncles, que du côté paternel bien sûr qui remontaient de la « véritable » Irlande (selon leurs mots) pour venir les voir. Barry ne devrait pas tarder de revenir du travail non plus, et il lui fallait tous ses enfants, même le moins montrable, histoire de prouver à sa famille qu’il pouvait se débrouiller sans sa femme et quand même réussir. Oh Lir, qu’elle le haïssait.
Il lui fallut bien dix minutes pour trouver le petit Gary qui avait toujours de nouvelles cachettes et qui s’enfonçait toujours plus profondément qu’Enid détestait chaque été davantage. La maison lui semblait toujours plus lugubre, la poussière plus épaisse, les couloirs plus sombres et le papier-peint plus terne chaque fois qu’elle revenait. Et il fallait bien Gary pour la pousser à dépasser le premier étage où tout le monde vivait pour se risquer au deuxième… en espérant ne pas avoir à pousser jusqu’au troisième. Heureusement elle finit par le trouver dans une chambre abandonnée qu’elle éclairait du bout de sa baguette, coincé entre le mur et la commode, ramassé sur lui-même, et les yeux bleus écarquillés comme un lapin qu’on viendrait de surprendre dans son terrier.
Bah alors Gary, c’est pas l’heure de jouer à cache-cache !  blagua-t-elle en s’approchant.
Bien sûr, Gary ne répondit pas. Cela faisait plusieurs mois que Gary ne répondait plus rien à personne, après déjà plusieurs mois à parler de moins en moins. Et des années à éviter de parler devant leur père, à ne s’y risquer que devant ses adelphes qui s’occupaient toujours (surtout Brian) de transmettre ses idées pour lui. Enid avait l’impression que cela avait empiré depuis son départ à Hogwarts et avait cette culpabilité d’ainesse d’avoir manqué à le protéger. Aujourd’hui était l’occasion d’au moins un peu se rattraper. Elle s’approcha doucement pour s’asseoir en face de lui, dans le noir et la poussière, sa baguette doucement illuminée entre eux.
Tu as oublié la fête de Karl ? Il faut descendre tu sais ?
Gary avait beau avoir huit ans elle avait du mal à lui parler comme elle parlait à Brian. C’était les grands yeux écarquillés et muets, la crainte qu’elle pouvait sentir en lui, et l’impression qu’il partait sur un chemin glissant, glissant et risqué. Gary ne parlait pas, ne faisait pas de magie, et l’idée d’avoir un frère bègue et cracmol ne l’aurait pas tant dérangé s’ils avaient eu un autre père. Si leur mère avait été encore là.
Tu sais que tu p-p-peux me parler à moi, Gary ? Je ne vais p-pas te jjjuger pour ton bé-gaiement ?
Ce n’était pas qu’elle se forçait pour lui ou qu’elle l’imitait comme essayait parfois de faire Brian pour le mettre à l’aise. Avec Gary, Enid pouvait surtout relâcher la pression, moins contrôler ses mots, laisser le flux s’accidenter avec une étrange fluidité qui lui faisait du bien mais qu’elle se permettait rarement. Et avant cela marchait, elle parvenait à le faire sourire doucement et, d’une voix basse, il lui répondait. Mais pas là. À la place il nia du chef, toujours l’air un peu effrayé, comme à chaque fois dernièrement quand on essayait de le faire parler.
Gary ?
Elle tendit la main et, presque aussitôt, il l’attrapa. Comme une bouée, il s’y accrocha, et elle le serra en retour sans bien savoir quoi faire de plus. Elle pouvait bien le tenir dans ses bras, le serrer contre lui, lui caresser les cheveux, cela ne lui permettrait pas de le comprendre. Et elle ne voulait pas forcer, trop insister et le bloquer mais la peur montait chaque jour davantage de le voir devenir comme Maman. Muet, bloqué et distant. Et jusqu’aux derniers jours Enid avait aimé sa mère malgré cela, avait recherché ses bras accueillants et apprécié ses sourires tendres et silencieux. Elle aurait bien aimé garder pour toujours sa mère, quitte à ne jamais lui reparler, ce n’était pas cela qui l’inquiétait mais bien que Gary, comme Maman, parte un jour pour ne jamais revenir. Et que, comme Maman, Barry refuse de parler de lui, d’expliquer ce qui lui était arrivé, de sorte que les souvenirs s’effacent et qu’on oublie, peu à peu, qu’ils aient jamais eu un petit frère appelé Gary.
T-tu sais que la magie va venir, hein ? Elle p---rend juste son temps.
Ce fut cette phrase qui amena les lèvres du garçon à bouger et à une voix toute petite et faible de sortir, comme effrayé de perturber le monde :
Elle est… là…
Barry n’aimait pas quand Gary parlait doucement et lentement, il n’aimait pas quand il bloquait et il n’aimait pas quand il se précipitait. Enid le savait d’autant mieux qu’elle l’avait subi aussi, qu’elle avait été la première à servir de miroir à ce que son père considérait comme un échec. En retour, elle disait toujours à Gary d’y aller doucement, tout doucement, et de chuchoter s’il voulait. Cette fois-ci, il n’avait pas eu besoin qu’elle le précise mais ce qu’il lui dit, cette petite phrase fragile, timide, malgré ses efforts, elle ne la comprit pas vraiment.
Ta magie ? Elle est lllà ? elle peina à finir la phrase, commencée trop rapidement, et si elle avait été sa propre grande sœur elle l’aurait peut-être fait remarquer.
Le garçon hocha la tête d’un air grave.
D-d-dès qu’je p-ppp-p…
La voix avait juste un peu monté, le bégaiement était juste un peu venu et, déjà, Enid avait pu sentir une perturbation dans la pièce, un grincement de meuble, le mouvement des rideaux… et bien sûr la voix de Gary qui s’était tout de suite précipitée et entrechoquée pour finir par se bloquer dans sa gorge alors que, clairement, il était effrayé par les bruits que sa magie provoquait. Car c’était bien sa magie qui faisait cela, et vraiment il avait fallu que le petit garçon découvre son statut de sorcier par cette saleté de bégaiement magique, qui avait tant complexifié la tâche d’Enid, aussi.
Oh, Gary… souffla-t-elle en tendant les bras pour attraper le garçon qui s’était encore plus coincé contre son mur.
Il se retrouva vite niché dans ses bras sous les murmures rassurants de sa sœur. Elle avait perdu la notion du temps, ne savait pas combien de minutes il lui restait avant qu’on remarque son absence, avant que Barry ne revienne. Elle décida qu’elle avait le temps et qu’ils pouvaient bien attendre pendant qu’elle rassurait son petit frère.
Moi aussi j’ai ça, tu sais, dit-elle très lentement. C’est ta magie qui veut parler coomme toi, et vu que tu l’enfermes là-dedans… Elle posa doucement sa main sur son cœur. … Elle se précipite… pour sortir. Mais elle fait ju-juste du bruit, tu sais ?
Mais Gary ne voulait pas, Gary avait peur, et ces deux simples phrases semblaient avoir épuisé toute son énergie, toute sa capacité à affronter cette magie qu’on pensait absente et qu’il cachait en vérité depuis des mois. Malgré la gravité de la situation, malgré le corps tremblant contre elle, Enid se trouvait rassurée que son frère ne soit pas Cracmol. Que la magie soit là. Même s’il aurait peut-être préféré n’avoir pas de magie mais pouvoir bégaiement sans ce cruel écho.
Attends je vais tte montrer, lui souffla-t-elle avant de porter brusquement sa voix. J-J-JE M’APPPELLE ENID ET JJ-JE BÉ-BÉ-BBB-BÉGAYE
Et la pièce sembla s’éveiller brusquement, s’agiter, en rythme avec ses mots qu’elle entrechoquait en les forçant juste un peu, juste assez pour éveiller la créature qu’elle avait appris à dompter avec les années. Sur le dernier mot ils eurent doit à de véritables chocs contre les murs comme si quelqu’un était là et cherchait à leur répondre. Et c’est ce qu’elle expliqua à son frère :
C’est ta magie qui te répond, Gary. Q-Qui fait de la muusique. Tu n’as pas à aaavoir peur.
Il la regardait avec des yeux immenses, effrayés et émerveillés. Elle eut beau lui proposer de faire pareil il n’accepta pas, pas tout de suite. Elle reviendrait une autre fois, le guiderait dans la forêt, le pousserait à crier lui aussi, juste pour attirer la magie et s’habituer à la sentir sortir et tordre le monde autour d’eux. Pas ce jour-là. Mais elle réussit à le faire sortir de son trou, main dans la sienne, et à lui faire acquiescer de la tête quand elle proposa :
Si tu veux, c’est moi qui le dirait à Papa.
Il n’y aura pas de fête pour fêter la magie de Gary quand elle lui apprit la nouvelle une semaine plus tard. Les circonstances étaient gênantes et on avait déjà fait se déplacer tout le monde pour Karl, qui avait passé une superbe journée. Et Barry eut beau en parler comme si ça l’arrangeait bien lui, Enid trouva quand même l’audace de lui rétorquer avec une animosité ouverte qu’elle se permettait finalement rarement :
De toute manière Gary aurait détesté, tu as raison c’est mieux comme ça.
Repartir à Hogwarts et laisser son petit frère, cet été-là, fut particulièrement difficile.


Dernière édition par Gary O'Neil le Sam 15 Mai - 18:04, édité 10 fois
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DISCLAIMER | J'ai fait le choix personnel de représenter le bégaiement de différentes manières : les "-" entre les lettres montrent la répétition d'un son. La répétition d'une même lettre/diphtongue montre le rallongement du son sans interruption. Les points de suspension montrent les blocages et silences. Les multiples tirets "---" permettent de souligner une résistance, suivie par un blocage et un résolution un peu "explosive". Les apostrophes permettent de souligner les syllabes écourtées ou avalées.
the shore part. 2
I’d like to take a moment
to submit a formal apology to my soft parts
because they kept me warm
when I was trying to freeze to death,
and I hated them for it.
brian

Karl : 8ans Brian : 12ans Paul : 15ans Enid : 18ans

Du haut de ses douze ans et de son attitude de bon élève respectueux, Brian O’Neil n’avait pas eu beaucoup d’occasions de se retrouver dans le bureau de sa directrice de maison. Sa première année n’était pas encore complète et, vraiment, Mme Fancourt ne se préoccupait pas des petits nouveaux en dehors de l’accueil de début d’année et les cours d’astronomie qu’elle dispensait. Un des rares cours où il ne fallait pas formuler de sortilège et que Gary appréciait. Un de ces cours, aussi, où on n’attendait pas forcément de participation des non-volontaires car Mme Fancourt semblait bien lasse de ces cours simplistes pour son niveau hautement supérieur.
Mme Fancourt semblait, de fait, lasse de bien des jours en ce vendredi soir dans son bureau face à Barry O’Neil père, Brian Barry O’Neil fils et Gary Barry O’Neil autre fils.
Bien, nous sommes réunis aujourd’hui pour parler du futur de Gary, et plus particulièrement de son futur en seconde année dans notre école.
Qu’est-ce qu’il a foutu ?
La voix du père résonna dans la pièce, un peu trop forte sans qu’il le remarque, un peu absurde dans la pièce académique qui accueillait les élèves les plus studieux d’Hogwarts. Clairement, Mme Fancourt n’était pas habituée à traiter avec ce genre d’homme issu du fin fond de l’Irlande, avec l’accent, l’argot qui ressortait et les sourcils qui se fronçaient. Tout aussi clairement, ces réunions n’étaient pas la part préférée de son travail. Peut-être s’était-elle dit que devenir directrice des Ravenclaw plutôt que d’une autre maison lui éviterait ce genre de situation gênante. Dommage.
Non non, Gary n’a rien fait de mal mais c’est… enfin… nous craignons qu’il n’ait pas le niveau.
Quoi ? Il bosse pas ?!
Le regard noir du père dériva de l’enseignante à ses fils et à celui qui, en particulier, se recroquevillait sur sa chaise en baissant les yeux. Brian pouvait le sentir trembler, comme souvent quand leur père était là. Le jumelé en serra plus fort la main de Gary, dont il s’était saisi en rentrant dans la pièce et qu’il n’avait pas lâché. Qu’il ne lâcherait pas. Heureusement leur directrice rattrapa vite le coup en précisant :
Si, si bien sûr qu’il travaille, vraiment il n’y a pas de soucis de comportement et il a des notes acceptables dans mon cours…
Alors quoi ?
Brian était encore trop jeune pour comprendre que son père était gêné, qu’il était effrayé de ce bureau et de cette femme, qu’il n’avait pas aimé l’école lui non plus, même si pour des raisons différentes à celles de son fils. Il ne pouvait pas s’imaginer que son père pouvait perdre les pédales, se montrer à la fois plus agressif mais moins autoritaire par l’impression de se sentir pris au piège et, surtout, qu’on lui vienne lui reprocher la cause évidente du retard scolaire de Gary. Ce que leur père appelait la tare familiale.
Ce sont les… difficultés d’articulation de Gary, vous comprenez, qui- enfin c’est une police d’école que nous ne pouvons pas accepter en deuxième année un élève qui n’arrive pas à formuler un sortilège.
Il arrive pas ? Comment ça il arrive pas ?
Ce fut vers l’autre fils, cette fois-ci, que les sourcils vinrent se froncer.
Tu m’as dit qu’avec les sorts c’était bon ! Que ça mettait du temps mais que ça allait !
Mais il y arrive avec moi ! s’indigna aussitôt Brian qui était après tout venu pour aider son frère. C’est les cours et la classe ! Mais quand y a personne qui…
Mais qu’est-ce qu’on s’en bran- Pardon madame, qu’est-ce qu’on s’en fout si c’est que devant toi !
Brian n’était pas certain que le changement de vocabulaire de son père ait vraiment fait la différence entre politesse et vulgarité mais il n’était pas là pour débattre de cela. Le garçon ignora son père pour se tourner vers sa professeur, la main serrant plus fort encore celle de Gary qui ne bronchait pas.
Il sait faire de la magie Madame ! Je vous promets il sait, le faites pas changer d’école !
Hein ?
Comment ?
Vous voulez virer mon fils ?!
Mais pas du tout ! Enfin je voulais juste vous proposer de le faire redouble, pour qu’il consolide ses acquis et débloque sa peur des sortilèges, v-
Vous ne pouvez pas nous séparer !
Le cri vint du cœur de Brian qui, brusquement, toujours sans lâcher son frère, s’était levé. Les deux adultes furent un peu pris par surprise par cet éclat et le jeune garçon normalement discret et obéissant rajouta :
Je pourrais lui apprendre ! Pendant l’été, je lui apprendrai, et il vous montrera, et vous pourrez pas le faire redoubler !
Hm, c’est très gentil de proposer cela Brian, mais tu as douze ans et tu n’es pas capable de gérer cela, enfin… Et puis ça ne se passe pas comme ça, je ne peux pas décider du redoublement d’un élève le 31 Août… Après si vous voulez engager un professeur particulier pour l’été, afin que Gary rattrape le retard de ses petites camarades ?
Les trois O’Neil eurent le même air ébahi devant la proposition de l’enseignante.
Un prof’ particulier ? Pour Gary ? Mais qui paye ?
Mais je peux l’aider moi, j’ai les meilleures notes de la classe !
J…
Brian arête de t’y croire, tu veux ? Tu laisses la prof’ parler et tiens, tu n’as qu’à attendre dehors !
Mais je dois parler pour Gary ! Sinon vous allez nous séparer ! Vous avez pas le droit de nous séparer ! Je peux l’aider, je promets je peux l’aider !
Mais tu t’es pris pour Enid ou quoi ? Arrête de répondre, t’es déjà levé alors hop tu marches jusqu’à la porte et tu nous attends dehors !
La voix de Barry ricocha contre les murs, remplis la pièce, fit vibrer les oreilles de Brian qui vraiment n’était pas habitué à désobéir à son père. Il faisait que gueuler mais étrangement ça marchait, et il ne savait pas pourquoi il avait autant peur de son père. Peut-être parce qu’Enid était effrayée et qu’Enid était la plus courageuse.
Dans les cris et les conflits, ils n’avaient pas entendu la voix hésitante de Gary qui avait essayé de poindre.

La voix que Brian entendit parfaitement, par contre, depuis le couloir, ce fut celle de son père. Les réponses étaient plus complexes à percevoir sinon par un étrange chuchotement mais, en gros, il comprenait de quoi il en retournait. Barry refusait de payer. Barry s’énervait que son fils « retape » une année. Barry trouvait ça inadmissible qu’il ne l’apprenne que maintenant, que vraiment c’était inadmissible.
Puis il y eut un silence.
Et malgré son oreille collée à la porte, Brian ne parvint pas à surprendre ce qu’il se disait, et dut en conclure qu’ils étaient soit morts soit en train d’écouter Gary tenter de parler. Cela lui donnait encore plus encore qu’avant d’ouvrir la porte car il était le seul à vraiment comprendre Gary quand il parlait. Le seul qui devinait les mots qu’il peinait à dire, le seul qui pouvait trouver les formulations qui conviendraient le plus afin de les lui proposer. Il était sa béquille pour communiquer et c’était cela, peut-être bien plus que la crainte d’être seule, qui faisait paniquer Brian à l’idée qu’on les sépare. Il avait promis à Enid qu’il prendrait soin de Gary, c’était son rôle et sans ça il allait juste se sentir petit et inutile. Et Gary redoublerait une deuxième fois sa première année sans lui, puis une troisième fois jusqu’à ce que Brian ait ses NEWTs et que Gary n’ait toujours pas validé sa première année.
Animé par l’histoire d’horreur qu’il s’imaginait en tentant d’entendre ce qu’il se passait de l’autre côté de la porte, Brian attendit la fin de la discussion. Finalement il put réentendre la voix de son père, plus basse, l’air décidé mais renfrogné, mais aux mots pas assez projetés pour qu’il en comprenne le sens. Il entendit cependant le bruit des chaises et des pas, et se recula à temps pour ne pas paraître trop indiscret au moment où la porte s’ouvrit. Les adultes parlaient encore, debout devant la sortie mais Gary, lui, se glissa par l’ouverture et retrouva son frère. Il avait l’air comme libéré d’un poids, l’air moins perdu, le visage presque détendu, et Brian sentit l’espoir grimper en flèche.
Alors, alors, ils ont dit quoi ? Tu passes en deuxième année ?
Doucement, la tête de Gary s’inclina et bougea pour indiquer que non, il ne restait pas avec lui.
Mais qu-quoi pour-pourquoi ? Tu leur as dit quoi ?
Les yeux bleus de Gary s’ouvrirent puis se baissèrent et Brian put sentir la lame cruelle de la trahison s’immiscer en lui.
Tu leur as dit que tu voulais redoubler ?
Hochement d’ascension de la tête.
Tu veux plus être avec moi ? Je t’étouffe trop ? Ou c’est Papa, il t’a fait peur ?
Cette fois-ci, la tête fit non de la tête. Mais Brian avait beau être doué, il avait beau connaître son frère et être malin, il n’avait que douze ans et il ne voyait que le rejet dans cette situation. Et la solitude. Et sa promesse qui se casse la figure pour décevoir sa grande sœur.
Gary ! Parle-moi !
Les lèvres du garçon se pincèrent. Une énième fois, Brian tenta de se souvenir qu’ils avaient le même âge, que Gary était son jumelé et pas son petit frère. En vain.
Ccc’est paas ça. C’est l-l-le…
Le quoi ? Tu as peur de la deuxième année c’est ça ? D’empirer ?
La tête hésitante fit oui, cette fois.
Mais je peux t’aider moi, je te…
Brian s’interrompit net en voyant les lèvres de Gary se remettre à bouger.
T-tu mérites d’être liiibre et m-mmoi je d---ois mme débra-débroul-débrou…
Tu veux apprendre à te débrouiller tout seul ? Tu sais que tu n’es pas un poids ?
… Si, répondit son petit frère en rougissant finalement.
Et ce n’était pas faux. Que sans lui, Brian aurait de meilleures notes, qu’il aurait plus de temps pour ses hobbys, qu’il aurait plus d’amis aussi. Et c’était vrai que ça le frustrait, parfois, de servir tous les jours d’interprète et de trainer, porter, tirer son frère à travers ses journées. Peut-être qu’il lui en voulait un peu de ne jamais parler, peut-être qu’il voulait qu’il fasse des efforts pour qu’ils restent ensemble. Tout en sachant que Gary était la personne la plus travailleuse de la famille.
Brian baissa à son tour les yeux en comprenant que, tout ce temps, il n’avait pas cru son jumeau capable de se rendre compte de tout cela et encore moins d’avoir le courage de se risquer loin de son cocon protecteur.


paul

Karl : 12ans Brian : 16ans Paul : 19ans Enid : 22ans

Paul n’avait plus qu’une envie depuis qu’il avait quitté Hogwarts : quitter ce pays et cette maison pourrie. Deux ans maintenant qu’il était apprenti et stagiaire au ministère, à faire son lot de cafés et de recopie de parchemin pour des dignitaires qui lui promettaient toujours de le prendre comme assistant sans jamais le faire. Si Paul ne regardait pas spécialement avec envie les ambassadeurs étrangers il y avait une place spéciale de son cœur qui se serrait à chaque ambassadeur britannique qui revenait au pays, faisait ses rapports, préparait un nouveau voyage… Cette même partie qui avait envie de se recroqueviller sur elle-même et de disparaître sitôt qu’il rentrait chez lui, cette grande bâtisse vide où il croisait beaucoup de fantômes et, surtout, beaucoup trop souvent son père.
Paul n’avait pas le rapport conflictuel qu’Enid avec Barry, il n’irait jamais lui hurler dessus. En retour, Barry ne hurlait pas sur Paul comme il pouvait hurler sur Gary. Et il n’essayait certainement pas de raisonner avec leur père comme Brian pouvait le faire, comme si la raison pouvait atteindre cet homme. Paul l’évitait. Barry l’évitait en retour. Ils vivaient des années de silence partagé, excepté les soirs où Paul acceptait un verre de son père et où ils échangeaient quelques mots espacés au coin du feu. Parfois, Paul avait l’impression que son père l’appréciait vraiment, à sa manière, et ne savait pas quoi faire de cette information quand lui-même n’avait qu’une envie : partir.
Et il n’en avait jamais eu autant qu’envie que cet été fatidique : Karl le petit prince était de retour de Hogwarts ce qui ravissait Barry, sauf que Brian et Gary aussi étaient là et ça complexifiait clairement les repas d’avoir tout le monde autour de la table. Et là, on pourrait se dire : au moins il n’y a pas Enid. L’illustre aînée avait fini par vendre quelques inventions et se faire financer ses recherches, et là voilà avec la chance incroyable, le luxe suprême de vivre loin de ces « terres » familiales dont on nous rabâchait les oreilles. Sauf que madame s’était trouvé quelqu’un et madame était trop différente pour faire comme tout le monde et se marier, préférait allier sa magie à celle de son copain selon un rituel particulier blablabla blablabla. Bref, elle était arrivée peu après manger et, depuis, on entendait des voix énervées s’élever du bureau paternel.
Génial.
Heureusement pour Paul, le Ministère et surtout le Département de la Coopération ne connaissait pas le concept de week-end ou d’horaires fixe alors il avait une excuse toute trouvée pour se faire la malle pour la fin de journée et la soirée au passage. On l’avait retenu au travail, et paf, il échappait à un repas plus qu’emmerdant. Il était en route pour le salon, pour y utiliser la seule cheminée encore en usage quand il croisa deux de ses frères devant la porte de Barry.
Brian ? Gary ? Qu’est-ce que vous foutez là, vous voulez vous faire embrocher quand elle sortira ?
La question fit sourire Gary mais n’amusa pas Brian. Brian était rarement amusé lorsqu’il s’agissait des remarques de Paul. Lui et Karl s’entendaient bien là-dessus.
On vient demander un truc à Papa, et c’est pressé alors…
C’est pour quoi ? demanda Paul qui, au regard de Gary, comprit que ça le concernait.
Ccc’est p-p-pour p-p-p— allerchezqqquirinus.
Aller chez qui ? demanda Paul qui n’avait pas saisi la fin.
Chez Quirinus, son pote préfet, expliqua Brian. C’est son anniversaire ce week-end, et bien sûr Gary a oublié de demander.
Ils sourirent tous les deux alors que Paul acquiesçait avec un vague bruit d’assentiment. Quirinus, oui, il se souvenait d’avoir vu lui et son frère collés aux basques l’un de l’autre avant de quitter l’école. Un bon élève, de souvenir, surtout s’il était devenu préfet, on rigolait pas avec ça chez les Ravenclaws. Paul, lui, trouvait qu’il ressemblait à Brian et se demandait si Gary n’avait pas juste trouvé un palliatif à son jumelé. Paul ne pouvait pas s’empêcher de se dire que le petit bègue était tout simplement incapable de se débrouiller tout seul.
Mais je pense ça va durer encore une plombe, vous lui laissez un mot, c’est pas comme s’il allait regretter l’absence de Gary.
Paul !!
Quoi, j’ai pas raison ?
Brian semblait prêt à rétorquer quelque chose quand la voix d’Enid, qu’on entendait gronder depuis un moment, porta brusquement au-delà de la porte pour retentir clairement dans leurs oreilles.
Merde Papa, si je veux ma mère présente, elle le sera ! Alors soit tu le fais soit je retourne le pays pour la retrouver, c’est ttton choix !
En temps normal Paul aurait une remarque sur le bégaiement qui remonte, sur la magie qui fait des siennes et qui porte sa voix, sur son caractère, sur le fait qu’elle était bien la fille de son père. Tous ces mots restèrent bloqués dans sa gorge en entendant ce terme étrange qui n’était jamais utilisé par la fratrie O’Neil « ma mère ».
Sa mère ? demanda d’ailleurs Brian.
Paul eut un ricanement nerveux en prenant conscience que son petit frère imaginait plutôt leur sœur bâtarde que leur mère vivante. Son rire ne fut pas vraiment bien pris par le petit frère en question qui fronça les sourcils en agitant ses petits neurones que tout le monde complimentait. Lui et Enid, franchement… Trop intelligents pour ce trou.
Paul, Maman est morte, pas vrai ?
Paul ne sentait plus vraiment son visage, ou ses mains, et affrontait le regard de son petit frère sans savoir quoi répondre.
Je… Je…
Les mots se perdaient alors que les cris continuaient de l’autre côté, que le père s’indignait, que la fille persistait, qu’il devenait de plus en plus clair qu’on parlait bien de leur mère.
Je sais pas moi je… je sais plus.
Paul avait sept ans la dernière fois qu’il avait vu sa mère mais il n’en avait qu’un souvenir vague. Des impressions fugitives, étranges, une odeur qui remontait parfois mais c’était tout. Il n’avait pas souvenir de son visage ou de sa voix, juste qu’à un moment elle était là et le lendemain elle n’existait plus, comme un trou béant qui avait scindé sa vie en deux et qui l’empêchait de passer le gouffre laissé par le choc. Il n’avait pas souvenir d’explications, ni d’adieu ni d’enterrement, et pourtant il se l’était imaginée morte quand il avait finalement compris pleinement ce qu’était la mort. C’est ce qu’a eu maman. Et oui, il n’y pensait plus, comme s’il n’avait jamais eu de mère, comme s’il n’y avait pas de place ici pour une mère hormis celle de leur père.
Mais si maman n’est pas morte, demanda fort justement Brian, où est-elle ?
Paul n’avait pas eu la réponse à la première question, et n’avait certainement pas celle de la seconde. Les deux frères se regardèrent en silence, à écouter le conflit de l’autre côté de la porte, avant que la voix timide Gary ne vienne leur murmurer :
P-peut-être qu’il l’a chhhhassée. Cc’est comme ça qu’il me me-men—menace.
Brian contredit aussitôt son jumelé et Paul, lui, grimaça. Vraiment, rien n’allait dans cette famille.

Un mois plus tard, Paul avait l’étrange impression de rencontrer pour la première fois sa mère.
Si on pouvait appeler ça une mère.
Visiblement Gary n’avait pas eu si tort que ça en imaginant leur mère chassée pour les mêmes soucis que lui. Leur mère avait passé les, quoi, douze dernières années de sa vie en centre de soins. Elle ne parlait pas. Ne croisait pas vraiment ton regard. Souriait dans le vide, hochait parfois de la tête. Paul était quand même allé lui dire bonjour, quand elle était arrivée au lieu de la cérémonie, accompagnée d’un aide-soignant. Les mains de la dame qui semblait plus vieille que son âge tremblaient en se tendant vers son visage. Avec horreur, il l’avait laissée toucher ses joues en souriant et en hochant la tête, comme si elle le reconnaissait quand lui ne voyait rien qu’une inconnue qui ressemblait à Gary. Il avait dit bonjour, sans rajouter de Maman étrange et s’était écarté au plus vite, vers le buffet, et vers un verre bienvenu dans ce nouveau sketch familial dont il ne pouvait plus.
Il y trouva Karl qui, lui, descendait les soufflés au fromage en regardant avec méfiance l’inconnue. Le petit dernier avait été prévenu en dernier de la crise et n’avait pas exactement bien pris la nouvelle.
C’est pas ma mère.
Un vrai disque rayé depuis l’annonce. Cela fit ricaner Paul. Le petit n’avait même pas les vagues odeurs que lui avait et, de son point de vue, la dame dans sa chaise lévitante devait faire plus peur qu’autre chose. Paul comprenait bien cette sensation. Et comprenait presque son père d’avoir voulu la cacher car là, comme ça, il voyait un peu trop bien d’où ils venaient. Il n’avait jamais réfléchi à pourquoi Enid et Gary (et un peu Karl) avaient des soucis d’élocution, il pensait que c’était un soucis d’éducation, la faute de leur père, mais là, c’était comme de voir la cause de tous leurs soucis ainsi que leur avenir en une seule personne. L’avenir de Gary, surtout, qui était encore plus accroché à sa mère qu’Enid. Alors que c’était elle qui avait tapé un scandale pour voir sa mère, comme si elle avait plus fait ça pour foutre la merde que pour avoir sa maman là.
En tout cas, ce qui est clair, c’est que c’est la mère de Gary… J’te jure, il va repartir avec.
Et il ricana encore, sous les grands yeux de son petit frère, avec qui il fit trinquer verre de jus et verre de whisky. Tout ça, de toute manière, c’était plus son problème. L’année prochaine il serait loin de ce pays de merde et cette famille pourrie. Maximum deux ans, allez, le temps de se faire assez d’économies pour ne jamais rien devoir à Barry. Dans ses rêves, une fois parti il en remettrait plus jamais les pieds en terre d’Irlande et il ne sentirait plus jamais ses entrailles se tordre à la vue de cette mère qui n’était clairement pas la sienne.


dad

Karl : 18ans Brian : 22ans Paul : 25ans Enid : 28ans

tw validisme
Je te dis juste qu’il manque un truc avec ce gosse, pire que Paul qui lance des banalités pour pas se faire emmerder… Non je te jure, je le regarde cette espèce de niais et je ne vois rien, du vide… T’es sa tante, tu l’as bien vu quand même… Aucun effort pour parler. Pour travailler. Il a vingt-deux maintenant mais on dirait que Karl est plus vieux que lui. Ça c’est un garçon capable, les cheminées irlandaises seront en sécurité avec lui, ça je peux te le dire.

Si je te dis qu’il est con, ton jumeau, c’est qu’il est con, ok Brian ? C’est mon fils quand même, j’ai le droit de le dire ! Quatre ans que je me le tape au bureau pendant que tu fais tes études à la con pour inventer des trucs qu’on sait déjà. Plus personne pour traduire ses marmonnements, je te jure je crois qu’il le fait exprès pour m’énerve. Alors ça avec son Quirinus il bavarde à n’en plus finir au lieu de bosser mais quand il faut répondre à une question simple ? Y a plus personne. Les yeux de poisson je te dis. Alors excuse-moi mais quand j’embauche mon gosse et je paye mon gosse et j’héberge mon gosse alors qu’il est pas capable de répondre si j’ai le malheur de lui demander comment il a réglé le problème de la cheminée des Lynch… quand je fais tout ça franchement j’ai le droit de dire qu’il est con, non ?!

Comment ça, vous trouvez qu’Eithne va mieux depuis que son fils la visite ? Quel fils ? Qui la visite ? Gary ? Mais il peut même pas transplaner comment vous voulez qu’il… Ah bah oui, oui s’il bégaie oui c’est lui c’est mon fils mais… Non mais non, ça ne pose pas de problème qu’il vienne, c’est pas comme si elle allait se remettre à parler juste parce qu’elle voit son gosse, hein ? Parce que bon, elle en avait cinq à la maison quand elle a chopé son truc et c’est pas parce qu’ils chialaient pour avoir une histoire de maman qu’elle ouvrait la bouche hein ! Non mais non, pas de problème, qu’il fasse ce qu’il veut tant qu’il vous dérange pas, hein ? Et puis si vous avez des trucs à lui filer pour son problème, au passage, ça arrangerait tout le monde.

Alors comme ça, tu accompagnes Gary voir sa mère ? Non mais tremble pas Quirinus, je vais pas te frapper merde, je viens juste parler. C’est toi qui l’amène, il paraît ? Le petit magicobus personnel de monsieur, hein ? T’inquiète, il arrive bientôt Gary, il va l’avoir son week-end loin de son tyran de père qui le nourrit et l’héberge alors qu’il sait rien foutre de ses dix doigts. Non mais je te demande parce que tu vas jamais en finir, si tu fais ça. Il sera jamais autonome et il se bougera jamais le cul. Dans trente ans, quand je serai mort et qu’il sera à la rue, tu l’hébergeras ? Tu lui feras sa bouffe ? Ou alors vous ferez garde alternée avec Brian, hm ? Non mais— Écoute, Quirinus, c’est ta vie t’en fais ce que tu veux, je te dis juste ce que je pense. Et celui-là, si vous continuez de le bichonner, il fera jamais rien, c’est tout. Au mieux il se perdra dans la forêt, à force d’y marcher des heures et des heures y a bien un moment où il reviendra pas, hein ?

Et tu sais ce que ce petit merdeux m’a répondu ? Que Gary était quelqu’un d’intéressant qui l’aidait beaucoup ? Tu l’as déjà vu aider quelqu’un, toi ? Et comment quelqu’un qui peut pas articuler trois phrases pourrait être intéressant ? Encore s’il était un intellectuel comme Enid ou Brian, je dis pas… mais il sait rien faire ! De l’aide mon cul. Blablabla votre fils m’a aidé à traverser des périodes difficiles mais un chien apporte plus de soutien que… Baratineur à la con. Tout ça c’est la faute de sa mère, si elle avait pas ramené sa foutue tare dans ma famille on en serait pas là. Et alors depuis que la grande a foutu la merde avec Eithne… de un je la vois plus, de deux ça a foutu des idées à la con dans la tête des gosses. Merci le cadeau. Qu’elle vienne pas pleurer quand elle se retrouvera à la rue parce qu’elle a pas eu la présence d’esprit d’épouser son gallois…

J’en peux plus de ton frère Karl, faut que tu parles à Brian, ça peut plus durer. Il branle rien, il sait pas tenir des comptes, l’arithmétique le dépasse, et soit il parle pas aux clients soit il reste chez eux trois heures et il se met en retard pour la suite… Même si je le payais pas j’y perdrais à le garder. Il regarde le ciel, il perd des trucs, et en plus je sais que toute sa thune, il la dépense pour sa mère… Comme si c’était elle qui avait dû faire des sacrifices pour l’élever ! Non il faut que tu parles à Brian, vous vous démerdez, vous lui trouver un truc. Moi il me parle pas, de toute manière, je lui dis vingt fois par jour de se bouger mais ça rentre pas une oreille, ça ressort par l’autre… À se demander s’il y a ne serait-ce qu’un poil d’ambition dans cet ahuri. C’est ça où je le planque à l’inventaire et c’est toi qui va récupérer ce trou monétaire quand tu prendras ma suite.

Un jour, Gary, tu regarderas en arrière et tu verras que je suis celui qui t’a le plus aidé. Pas tous ces crétins qui te créent un petit cocon bien protégé de peur que tu te casses. C’est pas comme ça qu’on devient un homme, même si pour ça t’es clairement mal parti. Avec de la chance, bosser pour le Ministère ça va te mettre du plomb dans la tête. T’arrives à l’heure, tu réponds quand on te parle. Merlin sait que c’est pas évident pour toi. Tu pleures pas si c’est dur, si en fait papa il était bien gentil à te payer à rien foutre. Et crois-moi si tu reviens, je te mets direct sous les ordres de Karl, et tu seras plus mon problème. Et ton frère est clairement pas aussi sympa que moi, alors t’as intérêt à pas faire ton débile chez tes hybrides. Au moins t’auras pas à leur parler, hein ? Non mais franchement parfois, te parler c’est comme taper la discute à un mur. Allez, dégage.


karl

Karl : 27ans Brian : 31ans Paul : 34ans Enid : 37ans

tw validisme
Karl n’était pas le genre de fils indigne qui, après la mort de son père, irait sécher la messe. Au contraire, il était le genre de fils respectueux qui prenait la charge de cette tradition et y prêtait d’autant plus attention que le patriarche n’était plus avec eux. En de nombreux points, Karl se jugeait maintenant le patriarche de la famille et l’aîné de sa fratrie. Enid avait disparu des radars après avoir foutu leur famille en l’air, Paul était moins responsable que son propre clébard et Brian avait bien assez à gérer comme ça. Gary n’était même pas considéré dans le calcul. Non, Karl seul était le digne fils de son père, lui seul avait un travail assez stable et un revenu assez conséquent pour soutenir sa famille, enfin lui seul avait la volonté et la capacité de prendre une telle fonction en charge.
Enid, qui leur faisait parfois signe maintenant que leur père était décédé, aurait sûrement fait la remarque qu’ils n’avaient rien demandé à Karl. Qu’ils n’avaient pas besoin d’un patriarche, pas besoin de ses leçons de morale, pas besoin de ses commentaires. Comme si, sans lui, ils se retrouveraient tous à la même chapelle sorcière à laquelle ils allaient depuis leur enfance. Comme si Paul fait baptiser ses enfants si Karl n’avait pas insisté. Comme si Karl n’était pas celui qui leur permettait d’encore ressembler à une famille après tout ce qu’ils avaient traversé.
Alors on n’avait peut-être rien demandé mais d’avoir sa femme et ses enfants, Brian et ses enfants, et Gary pour la messe dominicale en ce charmant dimanche matin suffisait pour qu’il se sente satisfait. Pour Noël il ferait revenir Paul et il chargerait même sa femme d’inviter Enid, rien que pour ses enfants connaissent ses cousins. Ils seraient tous réunis dans la maison de leur enfance, et Karl en sentirait presque la main lourde de son père sur son épaule, pour le soutenir et l’encourager. Ce serait ce qu’il aurait voulu, s’il était encore là.
Et en fermant les yeux, Karl presque le voir là, à ses côtés, comme s’il n’était jamais parti.
La seule ombre à ce tableau, ombre silencieuse mais insidieuse, accrochée au bras de Gary avec de grands yeux bleus émerveillés. Cette ombre s’appelait Eithne et était censée être leur mère. Karl, lui, ne l’avait jamais reconnu comme telle. Qu’il ait douze ans ou vingt-sept ne changeait rien au fait qu’il n’avait aucun souvenir d’elle, qu’elle était vide et muette, qu’elle le mettait mal à l’aise et que leur père avait eu raison de l’écarter de la famille. Elle n’était pas en état d’être une mère.
Et il était bien dans ses projets de faire comprendre à Gary qu’elle n’était pas, non plus, en était d’être une grand-mère. La sienne avait été une femme forte, vulgaire voire violente, qui lui avait appris une bonne partie de ce qu’il était aujourd’hui et il ne voyait clairement pas ce fantôme avoir cette place pour ses propres enfants.

Gary, il faut que je te parle.
La convocation eut lieu au retour de la cérémonie, alors qu’Aulus courrait avec ses cousins à l’intérieur parce qu’ils avaient faim. Gary, qui avait encore Arria dans les bras et sa mère aux basques, s’arrêta devant la porte pour regarder son petit frère avec ses grands yeux surpris. Il ne demanda pas ce qu’il lui voulait, le sonda juste et Karl eut la désagréable impression d’être regardé par sa mère. Heureusement, Brian se fit comme d’habitude le porte-parole de son jumeau et pris sa mère part le bras tandis que son épouse (restée à la maison) se chargeait du bébé, et laissèrent les deux frères seuls dans le jardin.
Écoute, Gary, commença-t-il en lui passant un bras sur les épaules pour le saisir et le faire un peu marcher avec lui dans le jardin, c’est super ce que tu as fait pour Eithne, cet été à la maison, un peu de temps avec ses petits-enfants, vraiment ça a dû lui faire du bien j’en suis sûr mais… tu sais que ça ne peut pas durer, hein ?
C’était dur de parler à Gary quand Brian n’était pas là. Il avait beau t’écouter attentivement il n’avait pas ces phrases superflues et mots légers envoyés pour remplir la discussion. Il économisait ses phrases, Gary, et Karl se souvenait du jour où il le lui avait reproché et que son frère lui avait très calmement répondu que c’était leur père qui lui avait appris cela. Enfin, un petit bruit d’assentiment n’avait jamais tué personne…
Tu vas devoir la rendre au centre de soins après tes congés, Gary, tu te rends compte qu’elle ne peut pas vraiment faire partie de notre famille.
Ils avaient dépassé les fleurs et arrivaient à l’enclos de la chèvre récupérée par Gary (contre des services aux voisins, paraissait-il) vers laquelle son frère s’avança pour aller la flatter, se dégageant de l’emprise sur ses épaules.
Jj—je suis désolé K-Karl mais elle reste.
Karl cligna plusieurs fois des yeux à la déclaration bien assurée de Gary. Il s’approcha de l’enclos sans, lui, toucher à la chèvre. Il cherchait à attraper le regard de son frère qui, finalement, le lui rendit après avoir donné à manger à l’animal depuis une réserve de sa poche.
Comment ça, elle reste ? Gary, tu as un travail, une vie, tu ne peux pas tout lâcher pour une grabataire muette qui n’a jamais rien fait pour nous !
Karl, quand on insultait son père, s’énervait, s’indignait et lançait un débat sans l’once d’une hésitation. Gary, lui, avait ce regard effroyablement triste qui mettait hautement mal à l’aise son petit frère.
Eelle a b-besoin de mmoi, rajouta-t-il d’une voix toujours douce. Jje ne l’ab-b-b-b- ne la laisserai pas.
Mais on marchait sur la tête. Las, Karl se massa doucement le front avec un soupir. Vraiment, il suffisait de le laissait un peu vivre tout seul et il se retrouvait avec de ces idées dans la tête…
Gary, tu ne comprends pas, ce dont tu parles c’est un travail à plein temps. Et le Ministère ne va pas accepter que tu réduises encore tes heures, et qu’est-ce qu’il se passe s’il arrive quelque chose pendant que tu n’es pas là ?
Gary eut alors un petit sourire, pas le genre de soupir satisfait mais plutôt le sourire coupable que Karl avait appris à reconnaître sur le visage de ses propres enfants. C’était bien leur oncle.
C’est t-toi qui ne c-comprend pas. C’était étrange comme ils n’avaient pas du tout la même manière de dire la même chose. Jje ne suis pas en vacccances Karl, j’ai dé-dé-déjà démmmissionné.
À cela, ce fut au tour de Karl de rester sans voix. Comme effrayé que s’il interagissait avec cette déclaration, elle deviendrait réel. Ce fut lui qui ne sortit pas un mot pour la discussion, qui ne lui fit pas signe de continuer. Et ce fut Gary seul qui reprit la parole.
On nn’a pas besoin de beaaucoup. Cela va aller.
Mais ce n’est pas la question Gary ! se réveilla brusquement Karl comme une vague qui aurait bien pris son élan avant de s’exploser sur les récifs. On ne quitte pas son travail comme ça ! Avec tout ce qu’on a fait pour que tu l’obtiennes ! On roule pas sur l’or Gary, on peut pas juste… faire comme les sang-purs anglais et rester oisifs !
Pour toute réponse, Gary haussa les épaules. Sûrement pour dire qu’il se moquait de leurs efforts et que c’était sa vie. Ou pour dire qu’il était loin d’être oisif. Malgré ce qu’il pouvait dire, Karl comprenait bien plus son frère que ce qu’il laissait paraître. Il choisissait juste souvent de ne pas en être capable.
Mais c’est pas une vie ça, Gary !
C’est la mmienne. Je reste. Elle ausssi.
Si Karl avait véritablement été son père, il aurait insulté son frère de fainéant. Il aurait hurlé et l’aurait forcé à abandonner ce projet ridicule juste parce qu’il était un incapable et un branleur. Un inconscient et un imbécile. Karl avait pourtant bien plus de raison que son père, sans que personne ne lui en fasse la remarque à part sa femme. Il avait, aussi, bien plus de respect pour son frère que leur paternel. Il ne se voyait pas dire cela juste devant la chèvre dont Gary s’occupait et avec son jardin potager dans son dos. Il ne pouvait pas dire cela alors que c’était Gary qui s’occupait de la maison familiale, en meilleur état qu’à l’époque de leur jeunesse bien qu’elle soit toujours misérable. Gary qui s’était occupé de leur mère tout l’été tout en gardant tous les neveux et nièces qu’on avait pu lui mettre sous le nez. Gary qui avait en grande partie cuisiné le repas qu’ils allaient manger sitôt cette discussion terminée. Non, Karl ne pouvait pas le traiter de branleur en sachant tout cela, mais il pouvait cependant montrer son désaccord. Cela, il savait très bien le faire.
Tu vas bien le regretter quand tu te feras bouffer par tout ça. Et cette fois, ne compte pas sur moi pour t’offrir une place dans l’entreprise ou pour graisser des pattes pour te retrouver une place au ministère.
Gary, gravement, hocha la tête. Il était insupportable quand il était comme ça. Plus borné que son père, à mettre son frère devant le fait accompli : j’ai démissionné, j’ai ramené notre mère de son centre, j’ai décidé de dévouer ma vie à ma famille plutôt que d’en faire une pour moi. Ce n’était pas comme s’il allait trouver une femme et avoir des enfants. Pas comme ça qu’il allait devenir indépendant, quitter cette baraque glauque et ne plus servir de baby-sitter pour des frères trop contents de lui coller des gosses. Pour Karl, c’était pas une vie. Et en plus de cela, il ne voulait pas de cette femme dans sa famille mais, au regard de son frère, il comprenait que c’était ça ou perdre Gary comme ils avaient perdu Enid toutes ces années.
Encore une fois, il serait l’adulte de la situation et ferait le compromis demandé.
Par contre je te préviens, elle met pas les pieds chez moi et je paye pas pour tout ça.
Plus tard dans la journée, ce sera lui qui parlera à Brian pour qu’ils rémunèrent Gary pour quand il garde les enfants. Il trouvera aussi combien coûtait le centre de la mère pour qu’on ressorte la même somme pour son séjour chez eux. Après tout, c’était Barry qui payait cela avant, c’était normal que Karl prenne la responsabilité de cette charge après sa mort. Et peut-être que, cette fois-ci, il ne sentit pas le poids de la main de son père sur son épaule mais il eut les bras de Gary qui vinrent l’enserrer et le serrer contre lui. Et ça, c’était bien réel.


mom

Karl : 33ans Brian : 37ans Paul : 40ans Enid : 43ans

cw : maladie, mort
Eithne était devenue une de ces personnes que l’on déposait à certains endroits. Sur une chaise dans le jardin, dans le coin de la cuisine, sur le canapé du salon : je te laisse là mamie, je reviens lui disaient ses petits enfants avant de filer. Docilement, elle acquiesçait et, à défaut de parler, regardait le monde avec de grands yeux curieux. Cela faisait bientôt six ans qu’Eithne était de retour avec sa famille, à vivre avec son fils et à voir le reste de sa descendance tourner autour de la maison, y entrer et y repartir comme si cette demeure était une sorte de bien commun où tous pouvaient venir et rester. Jamais auparavant avait-elle vu la maison de famille utilisée de cette manière. Barry avait toujours bien fait comprends aux invités qu’ils avaient, de fait, un statut d’invité. Peu de gens les visitaient à l’époque de sa jeunesse et on aurait pu croire qu’en résident principal, Gary lui aussi aurait enfermé la maison dans l’obscurité. Comme elle avait rêvé de le faire quand elle avait emménagé là avec son mari et la jeune Enid : s’isoler du monde dans la solitude, laisser son mari sortir et vivre en recluse avec des enfants qu’elle n’avait pas imaginé nombreux.
Comme le sort s’était bien moqué d’elle.
Voilà que sa maison, celle de Gary, celle de la famille était devenu le lieu des Noëls et des Yule, des anniversaires de petits enfants, des vacances, le point de départ des promenades, le point pour organiser les pique-nique et les crises principales. C’était là que Paul venait dormir parfois quand ça n’allait pas avec sa femme. On y déposait les livres dont on ne voulait plus, les fleurs qu’on n’avait plus la place de planter, un chat ramassé par Aulus mais dont Brian ne voulait pas s’occuper et dernièrement on avait discuté de récupérer une poule pour aller à la chèvre.
Et depuis quelques jours, cette maison était devenue le cœur du drame qui étranglait la famille O’Neil. Trois jours auparavant, depuis sa place dans un coin de la cuisine, Eithne avait vu Karl amener Arria et Aulus, en demandant s’ils pouvaient rester ici le temps que…
Eithne n’avait pas eu droit à la suite de la discussion qui eut lieu dans le couloir, sans que Karl ne la regarde. Elle avait, cependant, eu droit aux petites mains tremblantes d’Arria sur les siennes, qui tremblait de peur mais ne parvenait pas encore à pleurer alors qu’Aulus semblait plus stressé qu’autre chose. Leurs parents étaient malades. Plus tard, Gary murmurera à sa mère que c’était une forme grave de dragoncelle, qu’ils étaient à l’hôpital et que c’était très contagieux, qu’on ne pouvait pas visiter. Mais qu’ils avaient toutes les chances d’en sortir vivants. Eithne avait serré la main de Gary dans la sienne, de toutes ses forces sans qu’elles vaillent grand-chose. Ils se sourirent tous les deux mais il y avait comme un voile dans leurs yeux bleus.
Le lendemain, elle était dans le jardin quand elle vit Paul arriver, sans sa femme ni ses enfants, le regard un peu hagard, l’air décalé. Elle croisa son regard, rapidement, avant qu’il ne se détourne sans prendre la peine de la saluer. Il ne le faisait que devant Gary, Eithne supposait que c’était pour faire plaisir à son frère. Plus tard, elle comprit qu’il était venu sans famille mais qu’il allait rester dormir. Le soir même Eithne venait manger même si personne ne mangea vraiment, pas même les enfants. Puis on retourna dans le salon, à attendre sans allumer le feu pour n’empêcher personne de venir. On finit par coucher Eithne mais elle savait qu’ils étaient tous là, Enid, Gary, Paul, à attendre près de l’âtre froid que Karl arrive pour leur annoncer que c’était bon, on était bon, tout allait bien.
Le jour suivant ressembla au précédent, Eithne retrouva sa place dans le salon et regarda les allées et venues par la cheminée. La femme de Paul passa, ils se serrèrent dans les bras puis la belle-fille vint parler à sa belle-mère, quelques mots, quelques larmes au fond des yeux, un baiser sur la tempe. Eithne lui caressa le visage en retour sans parvenir encore à pleurer. Tout lui semblait loin, si loin, encore plus loin que d’habitude lorsqu’elle suivait les anniversaires et les débats familiaux animés. Son cœur se fermait, petit à petit, alors que toute la famille considérait chaque jour davantage la possibilité qu’on ne sorte jamais de cet hiver.
Elle eut la visite d’Arria, plus tard, petite fille de six ans qui tremblait encore et qui ne savait pas quoi faire d’elle-même. Elle vint sur le canapé avec sa grand-mère, et se nicha contre elle ne reniflant, alors que les longs droits fripés caressaient ses cheveux. Doucement, très doucement, Arria lui avoua que c’était de sa faute, parce qu’elle avait souhaité de rester la semaine chez Gary plutôt que de voir ses parents cette semaine. Eithne n’eut malheureusement pas les mots pour la rassurer et tenta juste de s’accrocher à elle, sa petite-fille, pour qu’elle ne s’évapore pas comme elle avait pu le faire.
Il faisait nuit depuis longtemps quand Karl fit irruption dans le salon. Arria dormait sur les genoux de sa grand-mère, Enid, Paul et Gary parlaient dans la cuisine. Un instant, son dernier fils la regarda. Elle ne le reconnaissait pas, ne reconnaissait pas le bébé qu’elle avait si peu tenu dans ses bras trente-trois ans auparavant, si elle n’était pas sa mère elle-même peinait à voir son fils. Elle reconnaissait Barry en lui, et peut-être un peu trop d’elle pour ce qu’il aurait voulu. Il y avait dans ses yeux une détresse qu’elle avait trop souvent vu dans le miroir. Dans une autre vie, elle serait allée vers lui mais avant qu’elle ne bouge, sans un mot, il traversa la pièce pour rejoindre ses frères et sa sœur. Par un terrible instinct elle prit soin de dissimuler les oreilles de la petite. Elle put entendre des bribes de discussions mais, surtout, ressentit la peine de ses enfants comme si elle était avec eux. Sans voix, sans mouvement, elle comprit les sanglots sans cris de Gary qui venait de perdre son jumeau.
Et, elle, perdait son premier enfant.
La maison O’Neil ne connut pas le sommeil cette nuit. Les adultes chargés de leur secret durent attendre le matin pour parler aux petits qui n’avaient pas les capacités pour encaisser, affronter ou comprendre ce qu’il se passait. Karl était parti, Paul avec lui, avec cette question que posaient les enfants avec une peur terrible dans la voix : et maman ? et atticus ? Atticus le petit garçon qui devait naître deux semaines plus tard et qu’on essayait de sauver coûte que coûte. C’était le prénom de l’espoir, qu’Eithne pouvait entendre Gary murmurer dans ses marmonnements incontrôlés en continuant de fonctionner. Impuissante, elle le regardait se perdre et s’accrocher à ses devoirs : nourrir la chèvre, s’occuper du jardin, préparer le petit déjeuner que personne n’avalerait, coiffer sa mère, avec des mains qui étrangement ne tremblaient pas mais des yeux qui n’étaient pas là.
Cette impression de regarder un miroir la poursuivait encore.
Il était presque midi quand Paul revint avec la nouvelle qu’on avait sauvé le petit. Inutile d’en dire plus pour comprendre qu’Atticus était né orphelin et que son frère et sa sœur l’étaient devenus ce même jour. Mais Eithne n’était plus vraiment là, déjà, comme Gary ils semblaient tous les deux en dehors de tout ce qui se passait autour d’eux. Elle n’avait pas vu les femmes de Karl et Paul venir. Elle crut reconnaître Quirinus passer dans le couloir, mais il y avait comme un voile qui l’empêchait de voir autre chose que ses enfants, tous ses enfants qui allaient et venaient devant elle sans jamais y voir Brian.
Ni Karl, qui arriva en fin d’après-midi, bien trop vieilli par ces quelques jours d’angoisse mais comme éclairé, allégé par le petit être entre ses bras.
C’est Atticus.
Le nom, une nouvelle fois, fit le tour des lèvres de la famille. On s’avança et, chacun son tour, on vient prendre le dernier enfant de Brian, son petit miraculé, la seule bonne nouvelle de cette horrible journée. Dans des sourires tremblés on le complimenta, on l’embrassa, on l’appela, encore et encore comme pour l’ancrer ici, avec eux, dans leur famille. Ce fut Gary, bien sûr, qui finit par prendre le nourrisson pour l’amener à sa grand-mère qui, à son habitude, tendit la main pour toucher le visage du petit être. La première chose qui semblait réelle, chaude et tangible depuis des jours. Et elle ne murmura pas son prénom, en aurait été bien incapable mais, du bout des lèvres, l’articula.




Dernière édition par Gary O'Neil le Ven 14 Mai - 22:30, édité 16 fois
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DISCLAIMER | J'ai fait le choix personnel de représenter le bégaiement de différentes manières : les "-" entre les lettres montrent la répétition d'un son. La répétition d'une même lettre/diphtongue montre le rallongement du son sans interruption. Les points de suspension montrent les blocages et silences. Les multiples tirets "---" permettent de souligner une résistance, suivie par un blocage et un résolution un peu "explosive". Les apostrophes permettent de souligner les syllabes écourtées ou avalées.
the ocean
First,
quit picking old wounds
and going for walks in the aches
and pains you already made it through–
you call it healing, but
it sounds like a good way
to take a haunting home with you.

Brian : 36ans ∴ Aulus : 10ans ∴ Arria : 6ans ∴ Atticus : une semaine

Qu’est-ce qu’on fait, pour les enfants ? demanda en premier Paul au milieu de la cuisine.
Comment ça, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Karl de la voix éteinte de l’homme épuisé.
Ils vont où ? Je dois retourner en Autriche, tu as l’entreprise, on ne vas pas pouvoir alterner comme cette semaine.
Il n’évoqua même pas Enid, pourtant là, en évoquant la possibilité de prendre les enfants. Elle n’avait jamais été douée avec les petits, et si elle avait un lien certain avec Aulus, Arria ne l’appréciait clairement pas, et alors s’occuper d’un bébé…
Aulus va bientôt aller à Hogwarts, je peux le prendre pour les six mois… Et puis vous pourriez les prendre en alternance ? proposa-t-elle d’ailleurs.
Ça ne marche pas comme ça, Enid, rétorqua le plus jeune, irrité malgré la fatigue.  Ils ont besoin d’un endroit stable après ce qu’ils ont traversé, on ne peut pas juster les trimballer et les séparer comme ça…
Et la famille de Lisa ? proposa à son tour Paul.
Il y eut un silence, car on n’avait jamais vraiment eu de lien avec la famille de l’épouse de Brian. Elle-même leur avait expliqué qu’ils n’avaient pas le même lien qu’eux, qu’il n’y avait pas cette quasi-symbiose et qu’ils ne se voyaient pas tous plusieurs fois par semaine. En plus de cela, ils n’étaient pas Irlandais, et bien qu’ils ne soient pas Anglais non plus cela n’aidait pas la méfiance naturelle de Karl qui, pourtant, souffla :
Je peux les contacter, trouver un arrangement, et on les invitera quand on pourra.
Ouu alors ils p-p-p-euvent rester a—avec moi.
Comme souvent, et encore plus car Brian n’était pas là, on avait oublié la présence de Gary, qui venait pourtant de leur servir du thé. Trois paires d’yeux se figèrent sur lui, étrangement semblables malgré leur entente parfois bancale.
On parle de trois enfants, Gary, pas d’une vieille docile. Et tu es tout seul.
Façon subtile de dire qu’il était célibataire et que les enfants avaient besoin d’une présence féminine.
Vvvvous serrez là. Et puis je lui d-d-d-dois bien ça.
Mais c’est pas une question de devoir, Gary, c’est un bébé, il a besoin… enfin…
D’une mère, fut le mot encore muet. On attendait sûrement une intervention féminine mais Enid n’irait pas prendre cette place.
Moi je trouve ça bien, aprouva-t-elle même. Ils ont déjà passé leurs vacances ici, Gary sait les gérer, il ne travaille pas, et on sera là pour l’aider.
Ça résout tout, jjje peux le faire. Je veux le faire.
Il y eut un silence puis, sans qu’ils s’en rendent compte eux-mêmes, ils regardèrent Karl dans l’attente de son avis. C’était lui qui aurait le dernier mot, si c’était pour son argent ou pour son caractère, nul ne saurait le dire.
On peut essayer. Mais je parle à la famille de Lisa avant de confirmer.
Et ce fut leur première décision familiale prise sans Brian.



Brian : 37ans ∴ Aulus : 11ans ∴ Arria : 7ans ∴ Atticus : huit mois

Au moins, il a des bonnes notes, soupira Enid après avoir lu la lettre qui avait poussé Gary à l’inviter chez lui.
Il se tenait maintenant le visage comme pour ne pas voir les mots « impertinence » et « refus de l’autorité » sous ses yeux.
Iil est en p-p-première année, il aa dddouze ans, c-c-c-pou-pourquoi il…
Il se mordit la lèvre en la sentant prendre aussi vite la mouche. Il ne savait pas comment réagir à cette situation et comme toujours cela empirait son bégaiement sous le regard compatissant d’Enid.
C’est un garçon particulier, tu sais, et Brian l’a toujours… Enfin, lui et Lisa étaient assez spartiates dans leur éducation, si tu veux mon avis, et clairement, Hogwarts n’a pas leur discipline… À mon avis, il se fait chier.
Mmmais ccc’est pas la qu-qu-qu— question ! ses accidents plus que l’enfant l’énervait, seule chose qui pouvait entacher son calme. Dernièrement le contrôle allait et repartait et il savait que c’était le traumatisme, que c’était la pression, mais cela n’empêchait pas la frustration. Il aaaa insult-
Écoute, je vais leur répondre, d’accord. Ils me connaissent, je connais Aulus, je vais leur dire de, je sais pas, lui donner des exercices en plus, un tuteur. J’écris à Aulus au passage, et pour les prochaines vacances je passerai lui expliquer…
Pppourqu-qu- Je n’ai… Je ne mmmarche pas avec… lui…
Il est clairement en souffrant, Gary, on l’est tous…
Et on ne parlait même pas de l’incapacité de Gary à dire le nom de son jumelé depuis son décès, ou les blocages qui le prenaient dès qu’il évoquait quelque chose le concernant. Ce qui, en élevant ses enfants, arrivait souvent.
Il faut encore du temps… Et vous êtes… très différent avec Aulus, ça se passe mieux avec Arria, n’est-ce pas ?
Il hocha doucement la tête, en cachant derrière ses mains un visage plus qu’affecté.
Elle reparle ?
Les mains se mirent à trembler plus fort, tout le corps plus tendu, et Gary n’eut même pas à nier du chef pour qu’elle comprenne que, non, la petite continuait à alterner silence et murmures.
Je pppeux la fai-aire chanter, parfois.
Ah bah voilà, c’est déjà ça… Ça va revenir, Gary, je te promets, c’est le choc, ça ira mieux plus tard… Et Atticus, il va bien ?
Là-dessus, elle put enfin voir son frère sourire, le genre de sourire tendre qui réveillait des yeux bleus souvent si tristes. Elle savait qu’il allait bien, c’était le seul qui allait bien ici et qui parvenait à faire gazouiller Gary comme un jeune oiseau. Elle avait été là, à peine dix minutes plus tôt, pour border le bébé mais aborder ce sujet était le seul moyen de lui remonter le moral.
Très bien, mumura-t-il quand même, en réponse.



Brian : 38ans ∴ Aulus : 12ans ∴ Arria : 8ans ∴ Atticus : 2ans

Tonton, Karl reste dormir à la maison toute la semaine ?
Gary lève les yeux de son café pour voir Aulus, haut de ses douze ans et fier de ses cheveux ébouriffés du réveil, en pyjama aux runes mouvantes, lui poser la question redoutée avec l’air d’être Brian lui-même. Ce n’était pas tant le visage mais la posture, la façon de parler, de le regarder. Cela le perturbait grandement, et il cligna plusieurs fois des yeux avant de répondre.
Ou-oui, cela te dérange ?
Non, je m’en fiche, répondit l’adolescent en vacances en haussant une épaule. Mais il doit pas rentrer chez lui avec Katy ? Ou c’est pour t’aider ?
Parfois, en effet, Karl venait passer le week-end ou la soirée pour soulager un peu Gary. Il grognait tout du long, alors même que Gary ne lui avait rien demandé, mais cela ne les empêchait pas de passer un bon moment. Mais là, Karl ne restait pas pour ce genre de raisons et les discussions avec lui étaient tout sauf des bons moments.
Écoute… Karl a… besoin d’aid-de dernièrement, et de-de soutien alors… il reste à la maison un pppeu de temps. Mais tout va bien c’est… pour ne p-p-pas inqu-quiéter les enfants.
Ils ont plus deux ans quand même… Il y a un soucis avec Kathy ? Ils vont divorcer ?
N-n-n-non b-bien sûr que…
Non mais j’ai pas deux ans non plus tu sais Tonton, tu peux me dire. En plus je m’entends mieux que toi avec Karl.
Cela fit un peu sourire Gary. Aulus malgré ses grands airs n’avait pas la capacité de comprendre le lien étrange qui se nouait chaque année plus profondément entre Karl et Gary. Comme si la mort de Brian avait laissé soudain la place pour lui d’avoir une relation intime, profonde. Une relation qui faisait à présent arriver Karl se le pas de sa porte, viré par sa femme, au fond d’un trou que Gary n’aurait jamais soupçonné et avec un alcoolisme si implanté dans leur culture, dans leur famille qu’il ne l’aurait sûrement jamais remarqué. Il fallait vivre avec lui pour le savoir, il fallait veiller avec lui pour vraiment prendre conscience de toutes ces failles qui craquelaient la façade si fière de Karl. Mais Aulus n’avait pas à savoir tout cela.
Ccc’ets vrai, tu pourrais lui amener son ca-afé et lui ra-aconter ces horreurs sur tes pro-ofesseurs que je ne veux pas ent-enttendre.
Ok ok, garde tes secrets. Je vais lui raconteur toutes les bêtises que dit Quirinus en étude de moldus alors, il vient toujours ce week-end.
Gary hocha la tête en regardant son neveu filer. Karl avait bien besoin d’être distrait.



Brian : 39ans ∴ Aulus : 13ans ∴ Arria : 9ans ∴ Atticus : 3ans

Tu sais, c’est horrible à dire, mais depuis la mort de Brian je trouve que c’est beaucoup plus simple de te parler.
Paul était spécialiste de ces choses horribles à dire avec ce ton pourtant blasé et un peu distrait. Revenu pour Noël il étendait son séjour en Irlande pour le reste des vacances scolaires et en profitait pour visiter sa famille, comme à son habitude. Cela le rendait un peu décalé, étranger à tout ce qui pouvait se passer pendant ce temps. Pour cela, Gary était encore plus conciliant qu’à son habitude, et sourit simplement à cette phrase certainement horrible.
Ppeut-être que ccc’est juste que tu me pa-parles davantage et di-irectement sssans lui.
Non mais je te jure t’es plus fluide, tu fais des plus longues phrases… Ou j’avais pas remarqué ?
Depuis maman, dep-uis son retour je… j’apprends à… à…
Tu soignes ton bégaiement ? Je croyais que rien ne marchait avec toi.
Nn-non, je le laisse vvvenir et je… cc’est compliqué mais, je l’appri-ivoise tu comprends ?
Non, Paul n’avait pas vraiment l’air de comprendre mais il hocha de la tête sagement. Il n’avait pas besoin de comprendre ces choses-là, il ne s’était jamais battu contre le bégaiement et devait continuer à croire qu’Enid et Karl étaient « soignés ». Il continuait d’être mal à l’aise devant Eithne et avait sûrement eu peur que ses enfants aient ce problème. Il ne pouvait concevoir que Gary puisse accepter, et même apprécier, cette part de lui-même. Qu’il force le bégaiement juste pour le savoir là et pour ne pas se faire surprendre, comme un invité inévitable à qui tu donnes rendez-vous pour ne pas te laisser surprendre.
Non mais c’est bien, c’est bien… Enfin, ça te réussit, je trouve. Je me serais pas vu parler comme ça avec toi il y a quelques années… Il manquerait juste un petit verre à la place du thé là, et on serait vraiment bien.
Et alors que Paul soupirait et se détendait, Gary pouvait sentir ses muscles se tendre sans y laisser son sourire.
Iiil n’y a plus d’a-alcool à la maison, Paul, tu-tu le sais.
Oh tu sais je peux m’en passer hein, c’est pas un problème. T’as jamais été un grand buveur de toute manière. Non mais les enfants, Atticus, tout ça, je comprends, on sait jamais… Enfin ça doit être chiant à la longue pour Karl, surtout avec ce qu’il traverse avec Katherine… Enfin au moins il s’est rattrapé avant-hier.
Avant-hier ?
Il t’a pas dit ? Il est venu à la maison, tu sais c’est pas toujours rose avec la mienne non plus, on a partagé nos expériences et un petit verre, le pauvre ça faisait un bail…
M-m-mais Paul, Paul il av-avait arrêté tu…
Oh c’est bon c’est une fois ! … Quoi ? … Gary, mais me regarde pas comme ça je l’ai pas forcé non plus !
Paul n’avait jamais été armé pour se confronter à l’expression de déception qui pouvait se dessiner sur le visage de Gary. La déception silencieuse et lente, qui affaissait ses yeux avant de les faire se baisser, légèrement se fermer, l’air de porter toute la tristesse du monde en un brusque instant. Paul n’avait jamais eu à beaucoup à l’affronter car Gary, peut-être trop généreux avec son frère, lui pardonnait tout d’être aussi absent. Et lui pardonnerait peut-être trop, au passage, d’être tellement absent.
Je d-dois faire quelque chose Paul, tu v-veux bien rentrer pour ce s-soir ? On s-se retrouve dimanche ?
Et Paul qui avait été si content de pouvoir enfin parler vraiment à son frère découvrit pleinement ce que les autres voulaient dire par l’obstination de leur frère. Et comment sans colère, sans élever la voix, pouvait te faire la morale pendant cinq minutes et ensuite ne plus te regarder en face pendant un mois.



Brian : 40ans ∴ Aulus : 14ans ∴ Arria : 10ans ∴ Atticus : 4ans

Bah alors princesse ? On a un gros chagrin ?
Karl venait de trouver sa nièce roulée en boule au pied d’un arbre du jardin, les genoux relevés et le visage enfoui dans ses bras. Des petits yeux se dressèrent à la question et il sourit doucement à la petite Arria qui ressemblait à une taupe sortant de son trou. D’abord en silence elle fit non de la tête. Sauf qu’il voyait bien ses yeux rouges et reconnaissait bien la position. Avec un soupir, il fit plier ses genoux pour s’accroupir devant elle.
Quelqu’un a été méchant avec toi ? ce quelqu’un était souvent Aulus ou un cousin, mais dernièrement la petite Arria se débrouillait très bien pour les renvoyer paître.
Encore, elle fit non de la tête.
Non c’est moi, j’ai été méchante. J’ai dit à Atty que quand je serai à Hogwarts il n’y aura plus que lui avec Gary et qu’il va se lasser de lui et le laisser chez… Elle rougit légèrement avant d’avouer : … chez toi.
Karl se sentit légèrement ricaner, plus de sa gêne que de la remarque. Il se doutait bien qu’Arria préférait largement rester avec Gary que d’aller chez lui, le jumeau de Brian avait été toujours été son oncle préféré, personne ne se trompait là-dessus. Et il comprenait bien la jalousie qu’on pouvait avoir pour le petit préféré, le petit dernier qui va rester à la maison pendant que les autres seront en Écosse. Il restait persuadé que c’était cette jalousie qui avait alimenté l’amertume de se sgrands-frères.
En effet ce n’est pas très gentil. Tu lui as présenté tes excuses ?
Karl supposait que si elle était sous cet arbre c’était que Gary était passé par là. Et en effet, Arria hocha la tête cette fois-ci.
On en a parlé avec Tonton, il n’était vraiment, vraiment pas content…
Très déçu, hein ? Karl avait l’expérience de ces yeux tristes à présent.
Oui et puis il m’a fait expliquer pourquoi j’avais fait ça, et il m’a expliqué tout ce que ça pouvait faire ressentir à Atty, et que j’étais grande, et tout… Ça a duré super longtemps... Il parle quand même beaucoup Tonton !  
Impossible de savoir si ce fut l’air proprement indigné de la petite fille, l’image que cela lui invoquait ou juste l’absurdité d’entendre quelqu’un qualifier Gary de bavard. Karl, déjà atrocement attendrit par la situation se retrouva à rire, bien malgré lui, sous les yeux un peu ébahis de la gamine qui lui révélait bien sérieusement ses problèmes. Il s’en excusa vite mais eut droit, en retour, à une déclaration émerveillée de sa nièce :
Ça fait suuuuper longtemps que je t’ai pas vu rire comme ça. Ça va mieux avec Kathy ?
Et oui, oui peut-être que finalement, cela allait mieux.




Brian : 42ans ∴ Aulus : 16ans ∴ Arria : 12ans ∴ Atticus : 6ans

Ao, tu as les chaussures de mamie ?
Oui oui, je cherche son chapeau !
Non mais je l’ai déjà ! Ramène-les et préviens Gary, tu veux ?
Oui oui…
Vraiment Arria grandissait pour devenir une vraie rabat-joie… Aulus n’avait pas que ça à faire de traverser la maison sous ses directives quand même ! Enfin, pour s’occuper de mamie ils parvenaient toujours à s’entendre, une vieille habitude que les années avaient incrusté en eux de sorte qu’ils travaillaient ensemble en oubliant les conflits qu’ils avaient pu avoir le matin même. Et même maintenant qu’Atticus était assez grand pour s’habiller tout seul et que Gary était là pour s’occuper de mamie Aulus et Arria reprenaient trop facilement ces rôles, comme des gardiens et des compagnons de la vieille dame qu’ils aimaient bien plus qu’ils ne l’articulaient. Une vieille habitude familiale.
Les chaussures cédées à Arria, il fit le chemin retour vers le salon et vers la place qu’avait pris Gary sur un fauteuil près de la fenêtre. L’oncle qui prenait soin d’eux depuis six ans s’y était échoué comme s’échouait parfois mamie, comme si on l’avait posé là et qu’il ne bougerait que si on l’incitait à le faire. Aulus d’habitude si pressé se fit presque lent en approchant l’homme, qui sursauta pourtant quand l’adolescent posa sa main sur la sienne.
Gary, on va se promener avec Mamie.
Les grands yeux clignèrent vers lui, muets et surpris.
Y a un ragout qui mijote, Atticus bouquine devant. On rentre dans une heure, d’accord ?
Sans s’en rendre compte, Aulus prenait la voix même que Gary utilisait pour leur parler, parfois.
Qu- N- J-… J-j-j-…
Les tentatives pour parler depuis la veille étaient plus que difficile mais même impossibles. Et la maison, en réaction, grinçait et claquait comme jamais auparavant. Aulus était habitué, pourtant, à entendre la maison réagir au bégaiement des membres de cette famille mais là, depuis leur retour de Hogwarts c’était…
Tout va bien Gary, pas de soucis, on gère. Tu prends ton temps, tu te reposes, Atty sait que si y a un soucis il vient te chercher. Et nous comme ça, on profite de mamie.
Aulus ne savait pas comment faire devant les grands yeux de son oncle sinon parler, le rassurer, tenter un peu d’humour qui tombait à l’eau. Gary souriait juste avec un air incroyablement triste, avant de lever la main, comme sa mère, pour toucher le visage de l’adolescent. Aulus n’aimait pas cette sensation, de revenir en arrière, comme si ses parents étaient morts de nouveau. Il n’avait qu’un souvenir flou de cette période et impossible de se rappeler, exactement, de comment était Gary à l’époque. Avait-il perdu aussi la parole à la mort de son jumeau ? Marchait-il sans objectif dans la maison ? Commençait-il des tâches sans les finir avant de regarder le vide ? Aucun souvenir. Mais c’était ce qu’ils traversaient maintenant et, plutôt que d’imaginer Gary devenir comme sa mère il posa rapidement son front sur celui de son oncle, y appliqua une légère pression et se dirigea vers la sortie.
Il savait pourquoi Arria l’avait envoyé lui, sûrement qu’elle n’aurait pas été capable de le laisser comme ça sans pleurer. Lui-même avait du mal.
Parce que c’était une chose de perdre un professeur, un ami de la famille, le meilleur ami de son oncle, mais c’était autre chose de savoir qu’il avait été tué par le Seigneur des Ténèbres après l’avoir accueilli pendant un an.



Brian : 46ans ∴ Aulus : 20ans ∴ Arria : 16ans ∴ Atticus : 10ans

NON KARL JE NE ME CALME PAS ! Tu as abandonné ton fils MERDE !
Dernièrement, les disputes entre Enid et Karl amusaient plus qu’elles n’effrayaient les membres de leur famille. Celle-ci, cependant, n’était pas comme les autres.
Si tu m’ÉCOUTAIS au lieu d’inventer ce que tu veux croire ! Je ne l’ai pas ABANDONNÉ je l’ai laissé à l’ADOPTION ! Je l’ai rendu à son monde ! Tu peux me dire quelle vie il aurait eu, tu peux me dire où il serait aujourd’hui si on l’avait gardé ?!
Tu nous as fait croire qu’il était MORT ! On a fait notre deuil on a— Merde Karl j’ai pleuré pour ce gosse pendant que tu le laissais à des moldus ?  
Il a trouvé une excellente famille Irlandaise, crois-moi, il est beaucoup mieux là où il est !
Comment maman était mieux dans son centre plutôt qu’avec nous c’est ça ? Il vaut mieux le croire mort ?!
Enid avait peut-être cherché à coincer ou blesser Karl en posant cette question. Malheureusement pour elle, il n’eut pas une once d’hésitation avant de répondre :
Exactement. Encore une fois je suis désolé de la peine que je t’ai causé, que je vous ai tous causé, mais c’était mon fils et tu ne vas pas me faire regretter d’avoir fait ce qu’il fallait de mieux pour lui !
Ce qu’il fallait de mieux pour toi oui ! Ça t’aurait trop foutu la honte d’avoir un fils cracmol ! Ça aurait trop ruiné ton petit mythe de sang-pur à la con ! Ah ça il doit être content son fils à papa d’avoir la confirmation de sa pureté, hm ? Bah franchement Karl bravo, tu as réussi. Papa serait fier de toi et moi, tu me dégoûtes.
Là-dessus, Enid décida que c’en était fini de la discussion. Elle était partie pour la cheminée alors que son petit frère continuait de s’indigner, lui :
C’est ça, casse-toi, comme d’habitude Enid la plus mature de la famille ! Comme si j’allais prendre des cours d’éducation d’une mère pareille !
Peut-être que Karl aurait lui aussi voulu blesser sa sœur avec ses mots. Qu’ils pèsent assez et tombent assez juste pour qu’elle en soit affectée d’une certaine manière, mais comme Karl se moquait bien d’être comparé à son père, Enid n’avait de remarque à recevoir de personne sur ses techniques « spéciales » d’éducation. Et alors que les flammes l’entouraient, elle balança une dernière insulte à son frère, qui soupira comme s’il était face à une enfant.
Je venais m’expliquer calmement et bien sûr il faut qu’elle parte sur ses hypogriffes…
Malheureusement, seul le silence répondit au petit dernier de la famille. Sa femme était dans un coin, en silence, sûrement plus affectée par les paroles de sa belle-sœur que son mari. Paul, lui, cuvait on ne savait quoi au fond de son fauteuil, le regard dans le vide. Heureusement qu’il était déjà divorcé en un sens, mais avec les limites de voyage (et de diplomatie) en plus de ses enfants sang-mêlés, il avait visiblement autre chose à se soucier que les magouilles de son petit frère. Gary, lui, était près de la fenêtre et s’enserrait le corps de ses bras l’air de vouloir se sauver lui-même de la noyade. Karl le regarda mais il ne fit que nier de la tête.
Cette fois-ci, ce fut Gary qui aurait voulu avoir Brian à ses côtés pour parler à sa place. Avec les années, les autres surtout avaient eu le regret de cette présence mais cette fois-ci c’était lui, le principal concerné, qui aurait voulu ne rien avoir à dire. Parce qu’il sentait monter quelque chose de trop proche de ce que ressentait Enid, ce qu’elle montrait sans honte quand lui ne savait pas quoi faire. Gary n’était jamais en colère, ce n’était pas une émotion qui lui était familière. Surgie de la peine, de la sensation de trahison, d’avoir été trompé toutes ces années sur la nature de son frère…
Plus tard, il le savait qu’il lui pardonnerait. Il comprendrait, accepterait de l’écouter mais en cet instant, alors que Karl lui demandait quelques mots, lui ne faisait que bouger de la tête. Il finit par quitter la pièce avec une étrange nausée au fond de la gorge, et le projet secret, peut-être absurde, d’un jour trouver cet enfant comme on avait retrouvé leur mère, et de le ramener à la maison.



Brian : 53ans ∴ Aulus : 28ans ∴ Arria : 24ans ∴ Atticus : 17ans
Alors, ton rendez-vous ? demanda Karl, l’air de rien, comme s’il ne revenait pas d’une énième engueulade avec Aulus qui, après les avoir désespéré par son impertinence, les désespérait de prendre son avenir pour une blague.
Hmm ? demanda vaguement Gary, concentré sur la cuisine.
Ton rendez-vous avec Umbridge ? Pour ton augmentation ? C’était aujourd’hui non ?
Aaaah… Oh n-non je n-ne l’ai pas eue.
Comment ça, pas eue ? Mais Gary, t’as vingt ans d’expérience, tu es sang-pur maintenant ! Il faut bien qu’elle se bouge pour te donner un peu du prestige que tu mérites ! Moi ça aide clairement les affaires, pas de raison que le Ministère te file pas un petit bonus…
Gary se sentit rire doucement. Il oubliait souvent combien le travail pouvait être important pour Karl. Quand Gary ne prêtait pas vraiment attention à son salaire et oubliait tout de ce qu’il se passait au Ministère sitôt passé la porte de son bureau, son petit frère ne pensait sûrement qu’à cela toute la journée. En l’imaginant réfléchir à l’entreprise avant de se coucher, Gary se sentait toujours l’envie de rire un petit peu. Et la quasi obsession de Karl pour ces augmentations qu’il « mériterait » le dépassait.
On nnn’a pas la mmême vision du monde.
Avec Umbridge ? Mais Gary… tu fais semblant !
Gary se contenta de hausser les épaules en réponse. Il n’épuisait pas ses capacités d’acteur pour des choses aussi triviales qu’une augmentation.
Elle mmme connaît dep-puis long-temps, elle sait. Et ppuis j’aurais moins de t-temps pour les en-enfants.
Oui enfin ils sont grands maintenant les enfants, surtout Aulus si tu veux mon avis. Et s’il pouvait te voir un peu te soucier de ta carrière, peut-être qu’il se soucierait un peu de la sienne !
Le terme de carrière suffit à faire rire Gary, ce qui arracha un sourire mi-amusé mi-blasé à son petit frère.
Non mais je suis sérieux Gary ! À force, je vais finir par croire que tu t’auto-sabotes volontairement.

… Gary, non. Tu as fait quoi ?
Mmmais rien ! Juste… Enfin… Un pet-t-tit p-p-p-eu accccentué mmmon bé-bégai-bé-bé-bégai-gaie…
C’est bon, c’est bon j’ai compris, l’interrompit Karl, plus amusé que choqué. Elle a adoré, je suppose.
P-prête à me remettre en t-temps partiel mmmais j’ai hum-humblement refusé.
Si généreuse… Non mais à quoi tu penses franchement Gary… Enfin tant que c’est que ça. Pas de connerie hein ?
Le ton était grondeur mais surtout amusé, et Gary fit sa meilleure tête d’enfant contrit pour lui répondre :
J-j-jamais, promis.
Il eut droit à une tape sur l’épaule et d’autres questions sur la tête d’Umbridge, puis des expressions d’horreurs quand Gary lui expliqua exactement tout ce qu’il parvenait à oublier de faire en une semaine. Les creux budgétaires, les magouilles pour piquer les fournitures des bureaux mieux financés. Si Gary ne pouvait pas comprendre l’esprit d’entreprise de Karl, ce dernier était comme un poisson hors de l’eau quand il écoutait la vie au ministère et tout ce qu’on pouvait pardonner à son incapable de frère.



Brian : 56ans ∴ Aulus : 31ans ∴ Arria : 27ans ∴ Atticus : 20ans
Certaines choses te tombent dessus d’un coup brutal, sans que tu puisses être prévenu. Ton frère jumeau mort en trois jours de la dragoncelle. Ton meilleur ami possédé par le Seigneur des Ténèbres. Un papier qui t’annonce que tu es sang-pur et qu’on a abandonné ton neveu sans te prévenir. D’autres choses arrivaient doucement, de très loin, si lentement que tu ne percevais presque pas le changement et que tu prenais à peine conscience de quand il était trop tard.
Les choses avaient toujours été complexes avec Aulus, adapté ni à la vie avec Gary, ni avec Karl, à bien s’entendre avec Enid sans la considérer comme une figure d’autorité, à irriter les professeurs, à désespérer son directeur de maison qui avait essayé en vain de lui faire faire des études. Aulus était un garçon adorable, Gary le disait à ses onze ans et le disait toujours à ses trente, et il l’adorait de toute la force d’un cours plus que capable d’affection. Et pourtant, il lui échappait.
C’était les soirées où il ne rentrait, les journées où on ignorait ses activités, ses inventions qui occupaient le salon puis disparaissaient du jour au lendemain. Les matins tendres où il enlaçait son oncle et les soirs tendus où il passait devant le salon sans même y lancer un regard. Les discussions avaient lieu mais ne se finissaient jamais, confrontées au mur d’incompréhension qui les séparait tous les deux.
Parfois, il disparaissait plusieurs jours, après un mot dans la cuisine.
Karl le récupérait sur son canapé puis Aulus était de retour, l’air un peu décalé mais présent, un sourire aux lèvres en demandant un café à Gary.
Tu nnn’aurais pas vu Aulus ?
Ah si, si, il a dormi chez moi hier. Il n’est pas rentré ?
Et il y eut cette fois où il ne rentra pas.
Gary n’était pas du genre à vraiment aller chercher Aulus. Il n’était pas du genre à le pister ou à exiger son retour. Comme son neveu lui avait déjà dit plusieurs fois, il n’était pas son père. S’il avait pu le devenir pour Atticus, pour Arria, Aulus était en tous points son neveu. Il ne lui avait jamais laissé la possibilité de passer cette ligne-là.
Arrria, tu ssais où est —
Aulus ? Oui, un truc dans une forêt d’Écosse, il voulait m’emprunter de l’argent. Il ne t’a pas envoyé de lettres ?
C’était une étrange détresse, du genre qu’on ne pouvait pas expliquer ni exprimer. Parfois Gary rentrait pour trouver des signes de sa présence, ses vêtements qui manquaient, de la nourriture en moins dans les placard, une note sur la table. Je vais bien, ne t’inquiète pas. Aulus. Et Atticus qui lui disait l’avoir croisé.
Je lui ai dit de venir manger ce week-end mais il sera chez Enid, visiblement. Tu voudras qu’on y aille ?
N-n-non-on ne va p-pas le fo-orcer…
On n’en parlait pas. Que dire ? Il était normal que les enfants partent, c’était plutôt étrange qu’Atticus et Arria restent. Et puis il avait toujours été un électron libre… Alors Gary ne disait rien. Pour ne pas inquiéter Arria, pour ne pas énerver Atticus, pour que Karl ne le ramène pas par l’oreille. Il ne voulait pas le forcer. Il se le répétait en regardant par la fenêtre, sans y penser, à le chercher sans même le faire exprès.
De loin, ainsi, il le suivait dormir chez Karl, chez Enid, chez Leopold, passer voir sa grand-mère quand Gary n’était pas là, squatter chez un ami, se trouver un appartement puis repartir. Comme un puzzle où il manquerait des pièces, Gary essayait de reconstituer la vie de ce garçon dont il n’était peut-être pas le père mais pour qui il était pleinement un fils. Le pire avait été de ne pas le voir, à l’anniversaire d’Atticus, de ne pas l’entendre murmurer quelques prières devant la tombe de ses parents. C’était un autre type de creux, un autre vide que le deuil dont Gary ne savait pas quoi faire.
Papa, arrête de regarder par la fenêtre, y a l’eau qui bout !
Ah-ah par-pardon.
Et il ne savait pas vraiment ce qu’il avait fait, Arria lui disait qu’Aulus avait honte, qu’il n’osait pas le regarder en face mais Gary ne pouvait pas comprendre pourquoi. C’était une étrange énigme autour de laquelle il tournait, tournait en vain, en regardant par la fenêtre à la recherche de sa silhouette. Prêt à lui dire qu’il ne jugerait pas, qu’il ne serait déçu de rien, qu’il pardonnerait tout plutôt qu’il revienne à la maison.



Dernière édition par Gary O'Neil le Sam 15 Mai - 17:22, édité 8 fois
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camilla king
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camilla king
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Occupation : étudiante à la Fawkes
Allégeance : Jax et elle-même.
Particularité : elle apprend à devenir animagus, ça craint pas trop.
(GARY) Bridge over troubled water Empty
prems

je viens avec ma plus jeune (GARY) Bridge over troubled water 1738409989 pour faire croire que c'est Atticus ok (GARY) Bridge over troubled water 2951650651

je suis trop contente de voir Gary sur le forum, depuis le temps qu'on en parle. J'ai tellement, tellement, tellement hâte de lire ta fiche !
Déjà, toutes tes idées pour la famille et pour le bégaiement magique it's well : MAGIC DRAMAAAA

faudra qu'on trouve un lien avant celui avec Atticus parce que moi jveux rp avec Gary (GARY) Bridge over troubled water 941336645 (GARY) Bridge over troubled water 941336645 vraiment ce personnage, son histoire, sa personnalité, sa façon de voir la famille (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 (GARY) Bridge over troubled water 2375806104 :craque j'ai un million de feels pour lui ok (GARY) Bridge over troubled water 736882016 (GARY) Bridge over troubled water 736882016 (GARY) Bridge over troubled water 736882016

je ne sais pas quoi dire d'autre si ce n'est que je suis heureuse d'être doublement liée à lui par les liens du sang (même si je suis certaine qu'il aimerait bien oublier parfois que Leopold est son neveu, sorry uncle (GARY) Bridge over troubled water 2570323690 (GARY) Bridge over troubled water 2794313735 ) et je suis sûre que tu vas bien "t'amuser" sur le forum avec bb gary

Bien sûr je ne pouvais pas finir mon petit message sans mettre le gif qui représente à mon sens le plus Gary :

(GARY) Bridge over troubled water 200.gif?cid=29210212bkxcb1779wl59jgk44p42lub92cxd42gauecmlw6&rid=200

je laisse maintenant la place aux autres dans ma légendaire générosité

P.S : je sens que tu vas me donner plein d'autres idées de lettres à écrire pour la fiche d'Atticus
P.P.S : du coup il a acheté un violon finalement à son fils pref ou pas ? (mina qui pose les vraies questions )

P.P.P.S : PRENEZ LES PL DE LA FAMILLE O'NEIL :craque :craque (GARY) Bridge over troubled water 2375806104


Dernière édition par camilla king le Dim 25 Avr - 15:12, édité 1 fois
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Je viens avec Ocean bcz #teamdouceur #teamtears #teamfamilyisdifficult bref je vais pas tout taguer parce que c'est compliqué tavhu mais voilà :pleading_face: :pleading_face: toi même tu connais pas besoin de parole entre nous. En vrai j'aurais pu ramener Stevie aussi pour la team hybride et Simon and Garfunkel là jpp (GARY) Bridge over troubled water 422440023 (GARY) Bridge over troubled water 422440023 Je vais avoir la chanson dans la tête à chaque fois que je vais squatter ta fiche pour tout lire c'est pas gentil DRAMAAAA DRAMAAAA ✨
Après voilà, que dire sur Gary ? Tu sais déjà tout mais DRAMAAAA soft sad boy, les meilleurs en vrai, trop humain et trop touchant je le (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 (GARY) Bridge over troubled water 2951650651 (GARY) Bridge over troubled water 2951650651 il me fait déjà être tout chiffonné à l'intérieur de moi même like it hurts ok :catcry: :catcry: son rapport à son taff DRAMAAAA les hybrides (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 Je parle même pas de sa mif ok I SAID NO I SAID NO I SAID NO I SAID NO il y aurait trop de choses à dire et bon YOU KNOW where I stand about all this DRAMAAAA DRAMAAAA
BREF (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 (GARY) Bridge over troubled water 3374001651 après tout ce temps il est là le bebou, rip to Hauata mais fingerguns @Gary toujours des daddies anyway mdrrr (GARY) Bridge over troubled water 422440023 (GARY) Bridge over troubled water 422440023 Ocean va le trouver trop pepou et ils vont parler Ireland and shit you know 😔 😔 Et un jour j'arrive avec le bro bcz voilà need des bros entre nous là DRAMAAAA ce manque a assez duré DRAMAAAA
J'ai même pas sauté de ligne dans mon message parce que je respecte personne (GARY) Bridge over troubled water 2909631245 mais tu sais que je te love, que je lis tous tes mots avec moult plaisir c'est comme déguster du skyr c'est doux, et bon pour la santé DRAMAAAA (enfin je crois ??) (i dunno pour la "health" part tho 👁 ) Courage pour ta fiche, écris plein de trucs, de sad drama et de soft sadness comme je te connais voilà DRAMAAAA (GARY) Bridge over troubled water 736882016 (GARY) Bridge over troubled water 736882016 (GARY) Bridge over troubled water 736882016 I love you ( (GARY) Bridge over troubled water 3917032287 ™ mdr)

EDIT 1 : les pleading face ne marchent pas ??? Ok scandale (GARY) Bridge over troubled water 3522302009 mais voilà ben imagine-les DRAMAAAA un petit effort DRAMAAAA Love you, déso d'avoir mis du code moche sur ta fiche j'espère que tu m'aimes quand même (GARY) Bridge over troubled water 422440023
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Ah bien, cousin (terme à prendre très largement), il était temps que tu arrives sur place, ça commençait à manquer DRAMAAAA Encore une fois, te voilà avec un personnage qui 1) dépote 2) va nous faire décéder de feels, de nuances et de tout ce que tu sais infuser dans tes créations. Gary est déjà tellement rempli de détails dont j'ai envie de tout savoir, j'ai hâte d'encore une fois dévorer cette fiche déjà si remplie, mais pas encore complète (GARY) Bridge over troubled water 2951650651 Tu nous gâtes tellement, tu es trop douce et bonne (GARY) Bridge over troubled water 2951650651 Trop heureuse de t'accueillir chez les Irlandais les plus gueux de la place (GARY) Bridge over troubled water 2951650651 (GARY) Bridge over troubled water 736882016 :catcry:
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l'avatar jppp et puis o'neill DRAMAAAA
(re) bienvenuuue (GARY) Bridge over troubled water 1634921035
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omg Colin Firth (GARY) Bridge over troubled water 3917032287 (GARY) Bridge over troubled water 3917032287
Et ce perso là mais jerhfzea il est trop attachant je pleure y'en faudrait mille des comme lui (GARY) Bridge over troubled water 4140770214 (GARY) Bridge over troubled water 4140770214 (GARY) Bridge over troubled water 4140770214
Rebienvenue, grave hâte de lire son histoire (GARY) Bridge over troubled water 736882016
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TONTOOOOOOn (GARY) Bridge over troubled water 3434401651 (GARY) Bridge over troubled water 736882016

promis je rends Pat bientôt (GARY) Bridge over troubled water 1150482778
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Gabriel King
ENEMY OF THE STATE
Gabriel King
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Crédit : wickedwitches (ava), queenPP (signa), crackships (muche,PP), Spectre de Radiohead (lyrics)
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Allégeance : Ordre du Phénix
Particularité : Demi-vélane
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Mais Gary...il est tellement humain et tellement touchant :craque J'aime sa sensibilité et son humilité, je sens qu'il sera super intéressant à voir évoluer (GARY) Bridge over troubled water 2223887705

Toujours aussi fan de tes fiches si complètes (GARY) Bridge over troubled water 2951650651 (GARY) Bridge over troubled water 736882016
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