Elle est de plus en plus fatiguée, Esme, avec son travail en tant que femme de ménage chez des familles de sang-pur. Ça se voit rien qu'à son visage et les cernes qui descendent vraiment bas, elle a beau vouloir les cacher avec des tas et des tas d'anti-cernes, ça s'efface quand elle passe ses journées à nettoyer. Elle est lassée, des éponges et des balais, elle n'arrive plus à avoir la force de faire tout ça, ça devient une tâche trop difficile. Puis, il y a cette autre boulot qui lui tend les bras, dont elle a entendu parler à l'une des soirées clandestines où elle se rend le soir, alors qu'elle devrait être chez elle à cause du couvre-feu imposé aux gens de son espèce, aux monstres comme on les appelle. Ce boulot qui lui demanderait de renoncer à toute trace de fierté, mais qui lui offrirait tellement plus. De l'argent, un toit, beaucoup d'argent. Mais elle hésite, réfléchit trop parce qu'elle ne sait pas. Elle a cette habitude depuis toujours, Esme, d'utiliser son charme pour obtenir ce dont elle a envie et avec ce genre de métier, c'était parfait. Mais est-ce qu'elle se voyait faire cela ? Oui. Non. Trop de questions qui tournent en rond, alors qu'au fond la balance commence à pencher plus d'un côté que de l'autre.

« Je suis contente de l’appartement, il est super bien décoré maintenant. Milan s’en fiche de la décoration, du coup il me laisse totalement faire.‌‌‌‌ » Elle écoute ce que lui raconte Olympe, verre de vin à la main, c'était ce genre de moments dont elle avait un peu plus besoin dans sa vie. Les moments simples, où elle pouvait passer du temps avec ses amis, avec l'une de ses amies les plus proches (faut dire que quand on se connaît depuis que l'on a onze ans et qu'on a traversé à peu près la même merde, ça renforce les liens). « Faudra que j'aille visiter à l'occasion ! » Qu'elle lui répond, un sourire aux lèvres, elle semble avoir une vie géniale, Olympe, peut-être que ce n'est qu'en apparence, mais tout à l'air plus facile pour elle. Il faut croire que c'est une chance de ne pas avoir de sang hybride qui ruine les vies. « Faudrait qu’on fasse un truc ensemble un jour.‌‌ » C'est vrai qu'elle aimerait bien faire un truc avec Olympe, la quart de vélane, mais il y avait tant de choses interdites pour ceux qui avaient le même sang qu'Esme que ça devenait compliqué de trouver des choses à faire. « Ouais, mais tu sais bien que c'est compliqué... » Petite gorgée de son vin puis elle soupire, air un peu triste au visage. « Eh Olympe, t'as entendu parler du Filet du Diable ? » Elle sait pas si c'est un truc qui est censé rester secret et dont peu de gens sont censés en connaître l'existence, mais elle demande quand même puisque de toute façon, elle va bien finir par parler de ça et lui expliquer ses futurs projets. C'est sa meilleure-amie, elle peut lui faire confiance, Esme.

Quand elle était gamine, Esme, elle s'imaginait que plus tard, elle aurait un métier de dingue qui lui plairait trop et avec lequel, elle serait populaire et bien vu aux yeux de tous le monde. Rêve qui avait vite été gâché par la réalité où, en fait, c'était loin d'être un atout d'avoir du sang hybride. Alors, en sortant de la Damocles Heritage School, elle s'est vite retrouvée à simplement errer dans la société en quête d'un boulot, peu importe lequel mais qui lui permettrait de se faire un peu d'argent. Puis, elle s'est retrouvée à faire le ménage pour des familles de sang-pur, attirant leurs regards mauvais sur elle, chose qu'elle aurait voulu ne jamais avoir. Parce qu'elle ne vit qu'à travers ça, Esme, qu'à travers le regard des gens. Donc forcément, c'est compliqué. «  ‌‌‌‌Ouais, au pire on pourra passer ici. » C'est bien la seule chose qu'elle peut faire, la sorcière, de rester enfermée chez elle en attendant d'aller travailler, puis se noyer dans l'alcool après à des soirées clandestines chez des gens. Certainement pas la vie dont elle rêvait, mais la vie qu'elle a eue. Peut-être que c'est simplement le destin qui a voulu la punir d'avoir été (et d'être toujours en vrai) une bitch avec tout le monde. Si c'était ça, elle se serait clairement comportée autrement. « Oui... » Qu'elle répond, elle a l'air un peu gênée parce que c'est clairement sa faute si elles ne peuvent pas aller autre part que dans son minuscule appartement ou celui d'Olympe. Après, elle peut toujours essayer d'aller dans certains lieux, peut-être qu'elle n'aura pas de problèmes, mais elle préfère éviter de chercher les ennuis.

« Hm, ouais. Pas un lieu très fréquentable. » Elle jette un coup d'œil vers Olympe avant de détourner le regard parce que si même la Bagshot se met à lui dire que le Filet du Diable n'est pas un lieu très fréquentable, Esme elle va avoir encore plus de mal à parler de ses projets d'aller s'y prostituer pour gagner son pain. Déjà que c'est compliqué parce qu'elle a un peu honte, mais ça sera déjà mieux que de passer le balai toute la journée, elle aura de meilleures conditions de vie au moins. « Pourquoi tu dis ça ? C'est juste un bordel... » Esme, elle voit bien sur le visage d'Olympe que celle-ci semble un peu dégoûtée rien qu'à la mention du lieu. « Tu sais, c'est pas aussi facile que pour toi quand on est hybrides. » Qu'elle finit par dire, espérant qu'elle réussira à convaincre l'autre nana que si, c'est fréquentable les lieux comme le FDD, avant de lui partager son projet à elle d'aller travailler là-bas. « Si tu cherches des fêtes clandestines j’ai mieux à te proposer. » Elle souffle, arrête de regarder ailleurs et repose son regard sur la sorcière. Esme, elle a déjà tout ce qu'il lui faut en termes de fêtes clandestines, elle connaît d'autres gens comme elle qui en organise et la preuve en est qu'elle y passe souvent ses soirées. « Je cherche un boulot, Olympe, pas des fêtes clandestines. » Comme ça, c'est dit. Après, Olympe peut comprendre cette phrase comme elle le veut, mais normalement elle a quand même bien fait passer le message qu'elle souhaitait passer, Esme.

Elle n'a absolument pas envie de se disputer avec Olympe, pas pour un truc aussi bête, mais vu la réaction de la blonde, ça va forcément finir par arriver. De toute façon, avec leurs deux mauvais caractères, c'était plutôt habituel les embrouilles, elles s'en remettaient normalement. « ‌‌Oui, enfin c’est un peu facile à dire je trouve. » Regard qui dévisage complètement la blonde, Esme, elle se demande bien comment l'autre peut lui dire ça. Surtout qu'elle n'est pas à sa place, elle ne peut savoir ce que ça fait, ne peut pas comprendre. « Tu peux pas dire ça, Olympe... » Franchement, ça la décevait un peu de la part de l'autre sorcière. « Même si j’étais opprimée, le dernier endroit où j’aurai envie d’aller, c’est bien dans un bordel. » C'est si horrible que ça un bordel ?, elle commence à se poser la question maintenant. Ça rapporte de l'argent et une vie à peu près convenable, elle voit pas ce qu'il y a de mal à ça, Esme. C'est surtout qu'elle a pas tellement d'options si elle ne souhaite pas continuer de se casser des ongles toute la journée en lavant des sols. « J'vois pas ce qu'il y a de mal dans un bordel, genre vraiment pas. » Qu'elle lui répond, les yeux plantés dans ceux de l'autre jeune femme. « ‌‌Et si tu cherches quelqu’un a rencontrer, je pense que tu peux trouver mieux.‌‌‌‌ » Pourquoi est-ce qu'elle voudrait aller rencontrer quelqu'un dans un bordel ? Déjà qu'elle a à peine l'argent pour payer un peu de nourriture, elle risque pas d'aller se payer des prostitués, la vélane. « Je cherche pas à rencontrer quelqu'un... » Puis elle lâche son truc, en disant qu'elle cherche un boulot et pas des fêtes clandestines ou quelqu'un. Là, ses yeux se baissent un peu parce que maintenant qu'elle le dit, elle a quand même un peu honte, Esme. Peut-être qu'elle devrait oublier cette idée, ou peut-être qu'elle n'aurait juste pas dû en parler à Olympe. « Un boulot ? Tu ne comptes quand même pas faire le tapin ?‌‌ » Ses paupières se ferment alors qu'elle soupire. C'est qu'elle veut vraiment pas faire d'effort, la Bagshot, ça aide pas du tout Esme ça. « Si je te réponds que si, qu'est-ce que tu vas dire ? » Elle déteste être jugée, elle déteste qu'on la regarde mal ou qu'on lui adresse une quelconque critique, et si en plus c'est Olympe qui se met à la juger, ça va faire bien plus mal que n'importe qui. « C'est si grave que ça ? » Qu'elle demande, voix basse parce qu'elle est gênée. « Si c’est pour de l’argent, je peux t’en donner. Ca serait quand même idiot de gâcher ta vie.‌‌ » Maintenant, elle sert les poings, la Karahalios, pour s'empêcher de s'énerver parce qu'Olympe commence à vraiment lui taper sur les nerfs. « Olympe, tu vas pas me donner de l'argent toute ma vie. Il me faut un boulot. » Elle ajoute rien sur le fait que l'autre ait dit que ça serait dommage qu'elle gâche sa vie, de toute façon, elle a plus rien à perdre parce que sa vie est déjà gâchée. C'est trop tard pour changer ça.

Elle n'ose même plus poser ses yeux sur l'autre jeune femme. La situation devient beaucoup trop embarrassante ; Esme, elle savait déjà que ça allait être compliqué d'aborder ce sujet avec Olympe, mais pas à ce point-là. En plus d'être gênée, ça lui fait mal aussi de voir à quel point l'autre sorcière réagit mal. Puis, maintenant, ça lui fait remettre en question sa décision, peut-être qu'elle ferait mieux de continuer le ménage. Mais, elle n'arrivera pas à faire ça toute sa vie. Ça ne rapporte plus assez d'argent, et elle devient fatiguée de ce travail là à force. Là, ça ne serait pas la première fois qu'elle userait de ses charmes pour obtenir quelque chose - en l'occurrence, de l'argent. Ça paraissait si facile, quand elle avait commencé à se dire qu'elle pourrait très bien aller y travailler à ce Filet du Diable. Mais, plus elle y réfléchissait, plus elle se disait que ça serait renoncer à toute fierté de se lancer là-dedans. Même si, au fond, elle y a déjà renoncé à sa fierté, Esme, il y a longtemps. « Qu’est-ce qu’il y a de mal dans un bordel ? Je ne sais pas, peut-être que c’est moralement assez moyen et que c’est un nid à maladies ? » Olympe, elle est loin de rendre la situation facile en plus. « Oh, arrête. C'est pas si horrible que ça. » Maintenant, il faut qu'elle arrive à convaincre la blonde que c'est pas aussi mal que ce qu'elle croit. Elle va bien finir par y arriver. « Tu crois que c'est pas des nids à maladies les maisons que je nettoie tout les jours ? » Avec toute la poussière et les saletés qu'elle a à nettoyer, il doit y en avoir des tonnes de maladies dedans. « Esme, tu ne peux pas faire ça ? C’est genre, malsain… Tu mérites mieux que ça. - Je sais que je mérite mieux que ça, Olympe, je sais. Mais, j'ai pas le choix. » Enfin, si, elle a le choix (à peu près). « J'en ai marre de faire la femme de ménage. J'y arrive plus. Et, arrête de faire comme si c'était facile ! Tu comprendrais si t'étais à ma place, je te jure. » Limite, elle va se mettre à pleurer (non, en vrai elle ferait certainement pas ça) pour montrer que c'est vraiment sa dernière option et que si elle en avait de meilleures, elle les choisirait sûrement. « Tu te vois coucher avec n’importe qui ? Sur simple demande ? Et ton honneur ? » Elle veut bien faire des efforts, Esme, mais quand elle voit que la fille en face essaye de tout faire pour la faire culpabiliser de faire un tel choix, elle n'y arrive plus. « Tu sais quoi ? Oui. Si c'est pour de l'argent, oui. » Elle lâche. « T'as un problème avec ça ? » Elle ajoute. « De toute façon, c'est pas ta vie. Je peux encore prendre mes propres décisions, non ? » Et elle finit, le ton sec, le regard toujours ailleurs parce qu'elle peut plus regarder Olympe dans les yeux.