(bollympis) trahi par mon coeur, trahi par ma soeur.

Une fois n'est pas coutume, tu avais disparu des radars. Pendant deux semaines, plus personne n'avait entendu parler de toi. Et pour qu'on ne sache pas où se trouve l'une des pires commères du Ministère, voire même de tout le Londres sorcier, il faut vraiment qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave.

Et tu en veux pour preuve que la raison de ton absence soudaine, c'est que tu t'étais fait mordre par un vampire. Tu as eu le temps de la sentir passer, la morsure ; de la sentir passer, aller et même revenir. Deux semaines à te tordre de douleur dans ta sueur et dans tes draps. Deux semaines à attendre que la malédiction finisse de s'emparer de chaque cellule de ta couenne. Deux semaines à ne pas comprendre ce qui se passe dans ton corps, des choses terribles, et dans ta tête, ton âme qui se coupe comme en deux.

Il paraît que pour devenir vampire, il faut mourir une première fois. C'est pas vraiment mourir ; c'est ressentir qu'on va mourir, la douleur, le vide et le chagrin. C'est se vider de tout, pour que la malédiction s'installe et arrache au moins une moitié de soi.
T'avais clairement eu le temps de cogiter sur l'incident et ses retombées. Si la première semaine avait été une mort lente et douloureuse ; la deuxième, tu étais resté alité pour reprendre des forces, pour reprendre tes esprits, et peut-être même un peu de sang d'elfe de maison ; de quoi t'habituer (lol) à ta nouvelle condition. C'est du moins ce que ta mère espérait ; et pourtant, un an après, et tu n'avais toujours pas développé un rapport « sain » et apaisé au sang.

Tu serais bien resté encore quelques semaines supplémentaires au fond de ton lit, histoire de retarder le recensement et ton premier jour à la Values Brigade, mais cette fois-ci en tant que hound, si ça n'avait été pour te rendre à la coutumière et néanmoins sans pitié réunion des « fils de ». Tu avais besoin du contact familier et des langues acérées de tes petits camarades. Tu en étais un membre de la première heure et, si tu n'étais pas toujours le plus venimeux, tu te réjouissais du sel répandu pendant ses petites rencontres.
Quelques heures passées tour à tour dans la salle de bain et dans ton placard à vêtements, histoire de te pimper comme jaja (et de camoufler le fait que tu venais de traverser un enfer), et tu déboules dehors, bien à l'abri derrière des lunettes aux verres fumées et sous un chapeau à bords larges. Tu empruntes les petites rues, tachant de bien rester dans l'ombre des bâtiments. Tout te paraît soudain plus prenant ; les bruits sont plus forts, les odeurs plus entêtantes, la lumière plus aveuglante. Tu te demandes si tu vas réussir à retrouver le chemin du restaurant de luxe dans lequel les fils de avaient pour habitude de se retrouver (quand ça ne squattait pas chez Polly).

Le genre d'établissement un peu secret, super select, à thématique française, d'ailleurs, dans lequel on ne pouvait entrer qu'à la confession d'un mot de passe que tu n'avais pas oublié, malgré les récents incidents traumatisants.
Tu tapotes quelques coups à la porte. « Omelette du fromage. » que tu chuchotes en agitant ta baguette. Rien ne se passe. Tu t'y reprends à plusieurs fois, en vain, improvisant même d'autres formules dans un français approximatif. Ça commence doucement à te courir sur la mandragore.
Fort heureusement, une silhouette familière débarque. « Ah ! Olympe, ma cousine favorite ! » Tu lui claques deux gros bécots sur les joues, ravi de la voir ici, sans pour autant te douter une seule seconde de pourquoi elle fréquentait cet établissement le jour même de la réunion des fils de dont elle ne faisait pas (encore) partie. « J'pense que le mot de passe a changé, t'sais ; tu m'filerais pas un coup de main ? »

Tu étais à mille lieux de te douter que, si la porte ne s'ouvrait pas, c'est parce que l'établissement était interdit aux hybrides, et qu'en plus de ça, tu avais été gentiment congédié du club des fils de, pendant que tu marinais dans tes draps et dans ta douleur.

trahi par mon coeur, trahi par ma soeur »

( en musique )

L’invitation n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Se retrouver conviée à la table des fils de était une opportunité rare et surtout immanquable. Olympe trépignait d’impatience et avait décidé de porter une de ses plus jolies robes pour l’occasion. Cependant, un détail ne lui avait pas échappé dans cette affaire. Deux personnes d’une même famille ne pouvait se trouver dans ce cercle très fermé, exception faite pour les jumeaux Flamel. Autrement dit, si la blonde obtenait sa place dans le carré VIP, quelqu’un devait en sortir ; Boris. Sa morsure ne devait pas être étrangère à cette décision, et même si elle éprouvait beaucoup de tristesse pour lui, elle ne pouvait accepter que les Bagshot perdent cette place d’honneur.

Ravissante, comme toujours, Olympe arpenta les rues londoniennes, invitation à la main. Sur le papier de qualité supérieur, se trouvait une adresse, inscrite d’une jolie encre dorée. Le lieu indiquait un restaurant, qui dans ses souvenirs, suite à des échanges avec son cousin, avait pour habitude de servir le petit groupe d’enfants gâtés. En dessous de l’adresse, un mot de passe, celui qui lui permettrait d’accéder dans la cour des grands. Presque stressée, la blonde se rassurait comme elle le pouvait, espérant secrètement que Amaury soit présent pour son accueil, afin d’avoir un allié sur qui s’appuyer. Néanmoins, fière comme toujours, Bagshot comptait bien faire une entrée remarquée, à la hauteur de sa réputation. Elle sera sûrement la plus jeune, hors de question de paraître faible.

Cheveux au vent, elle avançait en direction de l’établissement indiqué. Alors qu’elle tournait dans la rue de ce dernier, la silhouette de son cousin se dessina devant lui. De tous les scénarios, celui-ci était évidemment le pire. Olympe n’avait pas imaginé qu’ils allaient l’inviter lui aussi, et par conséquent lui annoncer sa destitution sous ses yeux. Mal à l’aise, elle ralentissait le pas, faisait presque mine de passer là par hasard. La scène était idiote, principalement parce qu’elle s’arrêta à son tour devant la magnifique porte de l’adresse. Visiblement enthousiaste à l’idée de la voir, son cousin la salua. Visiblement, il n’était pas au courant de ce qui se tramait, ce qui allait sûrement être encore plus difficile à digérer pour lui.

«‌ ‌‌‌‌Boris, je vois que tu vas mieux. ‌‌‌‌ ‌»‌ Mi-froide, mi-bienveillante, la plus jeune marquait une certaine distance avec son cousin, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Olympe avait toujours considéré Boris comme son frère, et se comporter de cette manière à son égard était assez douloureux pour elle. Néanmoins, elle savait que fréquenter un hybride n’était clairement pas bon pour son image, surtout le jour où elle rentrait dans la cercle huppé des fils de. Coupable, elle se promettait de s’excuser plus tard, en privé, en attendant Bitchy Bagshot était de sortie.

«‌ ‌‌‌‌Tu as essayé Omelette du Fromage ?‌‌ ‌»‌ Olympe ne savait pas que le lieu était interdit pour son cousin. Jusqu’ici, elle avait pensé que ce dernier allait simplement apprendre par son ancienne bande que sa place n’était plus ici. Acte qu’elle trouvait d’ailleurs assez cruel dans le fond. Seulement, alors qu’elle prononça le mot de passe, la porte coulissa pour les laisser entrer. Sans surprise, le lieu était guindé et promettait un service hors du commun. Habituée aux endroits d’exception, Olympe ne marqua pas de réelle surprise, elle se contenta d’entrée, suivi de son cousin. Quand le réceptionniste se pointa, elle lui montra son invitation, et ce dernier leur demanda des les suivre.

Silencieuse et gracieusement, elle se faufila entre les tables, jusqu’à gagner celle où elle était conviée. Pour le moment, une seule personne s’y trouvait, une jeune femme aux traits asiatique. Bien renseignée, et surtout commère dans l’âme, Olympe ne tarda pas à deviner l’identité de cette dernière, Hollis Waffling, qui aux dernières nouvelles était l’ami de Boris. Tant mieux, elle ne sera pas la seule à ramer dans cette histoire.

(@boris bagshot & @hollis waffling)