Elle avait l’air tout droit sortie d’un film moldu des années 50, le look entièrement inspiré de celui de Cruella De-Vil, le manteau de fourrure en moins parce que d’abord, il faisait trop chaud, et qu’ensuite, elle aimait trop les animaux pour accepter l’idée de se vêtir avec leurs macchabées.  Ses talons n’étaient pas la meilleure idée qu’elle ait eue, elle devait redoubler de prudence lorsqu’elle marchait sur des pavés et la moindre secousse sur la laisse représentait un danger, aussi avait-elle sifflé entre ses dents pour que Precious vienne à ses pieds, et elle l’avait détachée. Ne restait plus au bout de sa laisse que Candela qui elle ne tirait pas mais galopait à côté d’elle, preuve que les furets étaient les créatures les plus mignonnes sur Terre.

Maintenant Pilar surveillait son spitz comme de l’huile sur le feu, sachant pertinemment que la bestiole avait la fâcheuse tendance à prendre les gens en grippe sur des critères très discutables, elle choisit donc les rues les moins empruntées de la ville pour éviter tout incident (tout en esquivant les rues pavées, évidemment). D'une main, elle s’éventa tandis que de l’autre, elle écrasait sa cigarette maintenue par un porte-cigarette noir sur une poubelle. A son poignet pendait la laisse de son furet qui commençait à traîner la patte, alors Pilar la récupéra dans ses bras et la glissa dans son sac à main duquel ne dépassait désormais plus que la tête brune de l’animal. Lorsque la sorcière releva les yeux, il manquait indéniablement quelque chose.

« Madre de dios, puto perro, » gronda-t-elle en cherchant du regard Precious qui s’était volatilisée. Pilar la siffla, trottina sur ses talons en appelant Preciosa, elle fut bientôt guidée par un concert de grognements et aboiements aigus typiquement attribuables à sa chienne qui décrétait que quelqu’un n’était pas le bienvenu dans son périmètre. Pilar vira à droite, découvrit la terreur menaçant du haut de ses vingt centimètres au garrot une fille qui ne faisait vraisemblablement que tenter de continuer son chemin. « ¿Qué pasa Preciosa? ¡Ven, dejala a la chica¡ » appela-t-elle, peu impressionnée par les tentatives de la chienne d’impressionner l’autre sorcière. D’un œil extérieur cependant, on pouvait vite craindre que la bestiole se jette tous crocs dehors sur ses chevilles, et à juste titre, Precious avait déjà gnaqué une quantité impressionnante de jambes tout comme elle avait rongé les pieds de table du loft de Pilar pour se faire les dents (en dédaignant bien sûr les mille et un jouets pour chien qui traînaient dans les lieux).

Finalement, devant l’absence de réaction du chien, la brune rejoignit le fauve en trois enjambées et la souleva de terre avant de lui remettre sa laisse, le tout en ignorant les gigotements de l’animal bien décidé à effrayer l’inconnue. « Sorry about that, she’s quite a dumb dog, » dit-elle à la jeune femme avec un sourire d’excuse. « I hope she didn’t scare you too much, » ajouta-t-elle avant de jeter un regard sévère à la chienne dans ses bras, celle qui montrait toujours les crocs et aboyait comme un goule dérangée dans sa sieste.

july 2007 | @Pilar Torres-Lorca
Soleil qui tape fort aujourd'hui alors qu'il est tôt, au moins six heures du matin. Petit sursaut quand la brune tente de bouger dans le lit et qu'elle se rend compte qu'elle n'a pas passée la nuit seule. Soupir alors qu'elle se lève en faisant le moins de bruit possible, enfile ses vêtements, ramasse ses affaires puis sort de l'appartement. Saoirse, elle aime pas être là quand l'autre personne se réveille et elle préfère toujours partir le plus tôt possible. En plus, elle a mal dormi à cause de la chaleur donc elle a clairement pas prévu de rester chez la nana juste pour attendre qu'elle se réveille et lui dire au revoir. C'est pas le genre de Saoirse, ça. Bol qu'elle attrape quand elle arrive chez elle, céréales qu'elle y verse puis qu'elle mange à moitié parce qu'elles sont vraiment pas bonnes puis qu'elle a pas super faim. Clés dans la poche, porte qui claque et elle est ressortie de chez elle aussi vite qu'elle y est arrivée. Elle aime pas passer du temps là-bas, y a rien à faire et c'est chiant de s'ennuyer. Saoirse, elle est pas dans le mood d'aller passer la journée au Leaky Cauldron, parce qu'il fait toujours super chaud là-bas - faudrait leur apprendre à mettre la clim - sauf qu'elle a pas trop l'habitude de traîner dans d'autres endroits que celui-ci, en fait. Et elle s'en rend vite compte quand elle arrive dans la Diagon Alley et qu'elle a aucune idée d'où aller. Peut-être qu'elle est faite pour pourrir dans ce bar, genre, elle est juste vouée à ça. Les vitrines de toutes sortes de boutiques passent devant ses yeux, et même si elle voit un truc qu'elle a envie de s'acheter, il lui suffit de regarder le prix pour vite voir qu'elle en a pas les moyens. Quand ça commence à l'ennuyer de passer devant des boutiques toutes aussi bizarre les unes que les autres, Saoirse elle tourne dans une petite ruelle où elle a l'habitude de croiser de temps en temps l'un des gars qui lui vend ses cigarettes illégales. Au passage, elle en profite pour glisser sa main dans sa poche, là où elle garde normalement son paquet sauf qu'elle le trouve pas. Fuck. Elle a dû l'oubliée either chez la nana où elle a passée la nuit, either chez elle - la deuxième option serait la meilleure. Alors qu'elle se met à grogner toute seule, elle a à peine le temps d'entendre des aboiements qui arrive vers elle qu'elle se fait attaquer par un chien, à qui elle a rien demandé - elle qui cherchait juste ses goddamn cigarettes. « What the hell ! » Elle se met à se débattre comme elle le peut, mais l'animal à l'air décidé à l'emmerder. « ¿Qué pasa Preciosa? ¡Ven, dejala a la chica¡ » Yeux qui se lèvent vers la femme qui, apparemment, est celle à qui appartient le chien enragé. Celui-ci bouge pas, Saoirse continue d'essayer de se débattre, mais elle a pas envie non plus que le chien la morde ou un truc comme ça donc elle galère un peu. Et enfin, y a la propriétaire de l'espèce de démon à quatre pattes qui se décide à le récupérer. « Sorry about that, she’s quite a dumb dog, » Brunette qui peut enfin souffler maintenant et qui observe l'autre jeune femme, en profitant pour jeter des regards noirs au chien qu'elle tient dans ses bras. « Yeah, I saw that. Is she rabid or something ? » Maintenant, elle est énervée la Saoirse. « I hope she didn’t scare you too much, » Elle pourra clairement jamais adopter de chien, la sorcière, ça l'énerverait au bout d'une seconde. « No, that's okay, don't worry. » Take that dog to the goddamn vet, qu'elle aurait voulu dire, mais qu'elle s'est ravisée parce que c'est pas la faute de la nana. « You speak spanish ? » Littéralement aucun rapport avec le reste, mais bon, elle est sympa et elle veut pas se mettre des gens à dos alors qu'elle les connaît pas.

Foutu chien au caractère de cochon qui un la faisait courir (du moins, marcher vite) sur talons hauts dans une rue pavée qui augmentait les risques de cheville foulée et deux la mettait dans une situation très gênante où une gamine à l’air passablement décontenancé ne pouvait plus bouger parce que la réplique miniature et fluffy de Cerbère lui barrait la route. Pilar attrapa la chienne d’un geste expert, en plusieurs années de cohabitation avec, elle avait l’habitude des récupérations en situation extrême pour l’empêcher de couper des tendons d’Achille avec ses crocs de bébé chat. « Yeah, I saw that. Is she rabid or something ? » On était désagréable en face. Pilar n’aimait pas trop  qu’on parle mal de Precious, elle n’aimait pas trop le ton non plus, mais bon, c’était son spitz qui avait lance les hostilités et elle ne pouvait trop rien dire. « Of course not, » rétorqua-t-elle d’un ton encore aimable quoiqu’un brin mielleux désormais, comme son sourire légèrement forcé.

« No, that's okay, don't worry. – Fiou, » répondit la brune un peu plus sincèrement en caressant d’une main la tête de la chienne qui lorgnait toujours l’inconnue comme un bout de viande. Pilar lui assena une pichenette sur le nez, ça fit éternuer Precious et détourna son attention pendant trente secondes. Maintenant elle pouvait partir. « You speak spanish ? » La sorcière releva les yeux vers la fille et la dévisagea derrière ses verres fumés. Si jacasser de la pluie et du beau temps pouvait lui ôter l’envie de porter plainte contre elle qui avait mal élevé son chien, Pilar voulait bien s'y plier sans trop ronchonner. « Yes, I’m Spanish actually, » expliqua-t-elle avec un joli sourire un peu chauvin.

Pilar songea ensuite à engoncer Precious dans son sac à main, malheureusement celui-ci était déjà occupé par Candela, joder, elle posa donc le chien par terre en prenant soin de bien tenir la laisse pour éviter un meurtre. « So, my apologies again for … elle désigna la chienne d’un vague geste de la main, that, and have a good … » (dé) Il y eut un aboiement, puis un autre et un autre, la sorcière se retourna pour voir apparaître cinq chiens du petit jack russel au grand danois, leurs laisses pendant derrière eux et un dog sitter vraisemblablement dépassé leur courant après. « ¿qué putas? » Elle s’empressa de soulever Precious de terre avant qu’elle ne se fasse manger par un des boulets de canon qui leur arrivait dessus et jeta un regard accusateur vers la fille alors que les canidés les entouraient. « Do you have an aura that attracts them or … ? » D’une main elle tenta de repousser un chien qui s’approchait trop près de sa Precious, mais elle était trop encombrée par ladite Precious alors elle la refourgua sans préavis à l’inconnue. « Take this please, » ce n’était pas une question, la sécurité de la chienne était désormais entre ses mains. Pilar fouilla donc dans son sac à la recherche de son pschitt pschitt, habituellement réservé à la spitz lorsqu’elle ne voulait pas lâcher quelqu’un, cette fois ça servirait à les débarrasser des (trop) nombreux chiens à coup d'eau sur la truffe.

Elle aime déjà pas les animaux de base, Saoirse, mais alors là ça allait certainement pas aider à changer ça. Ce chien qui venait de l'attaquer était clairement la représentation même de la raison pour laquelle elle déteste les animaux. They're evils, tout simplement. « Of course not, » Ouais, bah faudrait peut-être qu'elle passe chez le véto quand même parce que là, le chien avait pas mal l'air d'avoir la rage. Ou alors c'était juste un mini démon de base. « You should take this ... thing to the vet, girl. » C'est quand même compréhensible qu'elle soit un peu énervée, la brune, qui de base n'essayait que de continuer son chemin à travers la rue et avait été interrompu par l'attaque d'un idiot de chien. Saoirse, elle lance des regards noirs au chien dans les bras de la fille en face et le chien lui lance les mêmes regards noirs, that dog's definitely a demon. Pour calmer un peu la tension dans l'air, elle demande à la nana si elle parle espagnol - parce qu'il lui semble que c'est ça la langue qu'elle a entendu quand la dame est venu récupérer son foutu chien. « Yes, I’m Spanish actually, » Interesting. « Well, that's cool. I wish I could speak spanish. » Ça semble être un pays si lointain, l'Espagne, alors qu'en réalité c'est bien plus près qu'elle le croit, Saoirse. Elle aura juste sûrement jamais l'opportunité d'y aller. « So, my apologies again for … that, and have a good … » L'excuse fait sourire un peu Saoirse, alors qu'en soit c'est même pas la faute de la nana si son chien est l'incarnation de Satan. Sauf que, dès qu'elle se met un peu à sourire, elle commence à entendre des tas d'aboiements qui viennent vers elle. What the actual fuck is that ? À peine tourne-t-elle la tête qu'elle aperçoit au moins cinq chiens qui arrivent à toute vitesse en aboyant sur Saoirse et la fille à côté. « ¿qué putas? - What the - » Elle a même pas le temps de finir de parler que les chiens arrivent beaucoup trop près des deux jeunes femmes et qu'ils sont bien décidés à attaquer. Ugh. Elle doit leur donner des coups des pieds ? Attendre que le gars complètement à l'ouest qui doit être leur maître les récupère ? Se laisser bouffer la jambe ? « Do you have an aura that attracts them or … ? » Maintenant, elle lance un regard noir à l'autre brune à côté.  « I don't think it's me, it's your fucking dog that attracts them ! » Qu'elle répond en se reculant des chiens complètement tarés - et ça sert à rien parce qu'ils continuent d'aller vers elle de toute façon. Fuck. « Oh my god, go away ! » Elle crie vers les bêtes qui lui foncent dessus. « Take this please, » Et alors qu'elle demande rien parce qu'elle est bien trop occupée à essayer de se débattre des chiens, on lui file le démon dans les bras. « Ew, do I really need to hold this shitty thing ? » Qu'elle lâche après avoir reçu le chien dans les bras - qui en plus lui aboie dessus. C'est un désastre.

- You should take this ... thing to the vet, girl.

Pilar haussa les sourcils, riva ses iris incandescents sur la fille. Ça n’allait pas bien de dire des choses pareilles ? Elle la foudroya du regard, son nez plissé en une expression irritée.

- What for? She isn’t sick at all, rétorqua-t-elle, jouant volontairement à l’idiote pour souligner l’absurdité de la requête.

Si elle lui conseillait d’aller la faire piquer, elle pouvait aller se faire foutre, et Precious n’avait de toute façon pas la rage, elle était juste un peu capricieuse. Et puis, ça se voyait que l’inconnu n’était pas une dog person,  forcément la chienne l’avait ressenti et l’avait attaquée. En allant vers elle-même à deux rues de là oui, son radar à personnes défavorables à son existence devait être surpuissant.

- Well, that's cool. I wish I could speak spanish.

- I’m sure there are associations that teach Spanish in this country.

Il y avait de toute façon des associations pour tout, même pour le scrapbooking, à côté, l’espagnol était bien plus utile si l’on voulait passer les meilleures vacances de sa vie dans le plus beau pays du monde.

Et soudain ce fut l’apocalypse canine. Pilar ne savait pas ce qu’il s’était passé mais la rue était maintenant envahie de chiens. Ça ne rimait à rien, normalement, Precious était la seule carne à emmerder le monde, là ils étaient cinq à vouloir croquer le spitz.

- I don't think it's me, it's your fucking dog that attracts them !

Effectivement ça faisait sens, Pilar gratifia tout de même la fille d’un regard noir avant de lui refourguer Precious. Elle n’avait pas intérêt à être blessée, sinon elle traînait l’inconnue en justice, et le dog sitter par la même occasion, parce que quelle idée de faire ce métier quand on était pas fichu de tenir ses chiens (culotté de sa part oui, elle qui possédait un mini monstre incontrôlable).

- Ew, do I really need to hold this shitty thing ?

- Stop insulting her, grogna-t-elle en décochant une nouvelle oeillade noire.

Armée de son pschitt pschitt, elle arrosa la truffe d’un gros chien, puis d’un autre.

- What are you waiting for?? Catch them! Lança-t-elle au dog sitter vraisemblablement empoté.

Elle n’avait pas peur des chiens Pilar, mais ils étaient quelque peu envahissant et elle ne tenait pas à perdre Precious dans la bataille. Deux coups de pschitt plus tard, il ne restait plus qu’un animal dans la course.

- Sit! Ordonna-t-elle.

Le chien lui jappa au nez, Pilar lui arrosa la truffe, le dog sitter récupéra sa laisse et le tira en arrière.

- If I can give you an advice, don’t take five dogs if you can’t handle them, conseilla la brune au garçon sur un ton particulièrement sec.

Elle était toute renfrognée maintenant, même s’il se confondait en excuses et tentait de calmer ses chiens. Pilar, lèvres pincées, récupéra Precious des bras de la gamine et la fourra dans son sac malgré la présence de Candela. Ça fit sortir le furet qui gravit son épaule, les chiens du dog sitter se remirent à aboyer.

- ¡Vete ! lui gronda-t-elle.

Il ne se fit pas prier pour traîner les chiens derrière lui et Pilar put se tourner vers la fille.

- Sorry sorry sorry, s’excusa-t-elle pour la forme, sans trop y penser (elle avait insulté Precious tout de même) More frightened than hurt right?

Whatever, personne n’était blessé et Precious s’était calmée.

- My apologies again, have a nice day.

Elle adressa à la gamine un sourire poli et tourna les talons avec son chien dans son sac à main et son furet sur l’épaule. Dernière fois qu’elle laissait le spitz en liberté.