L’annonce est tombée tel un couperet. Tu n’avais pas vu Molly aussi effondrée depuis… depuis la mort de Fred. Tu avais beau avoir côtoyé des mangemorts durant de longues années, jamais tu n’aurais pu t’imaginer qu’ils avaient fini par mettre une telle atrocité en place. Les Horror Games. Qui pouvait donc être assez cruel et pervers pour imaginer une telle horreur ? Pire encore, qui étaient les gens qui supportaient cette ignominie et lui permettait de subsister depuis tout ce temps ? Tu imaginais avec dégoût la mine déconfite de Lucius Malfoy en apprenant qu’il n’avait certainement pas le droit de participer à ces réjouissances macabres depuis qu’il était considéré comme un paria par ceux qu’il pensait être ses pairs.

Il fallait mettre un terme à ce qui se déroulait sur l’île de Gracefield. Pour la première fois depuis bien longtemps, tu partageais à nouveau le même avis que le cercle sept. Que Molly. Était-ce donc cela le déclic que tu avais espéré, le moment que tu avais supplié ton épouse d’attendre ? Fallait-il que des innocents souffrent le martyr pour que tu te décides enfin à sortir de ta torpeur et à agir ? Probablement.

Ton regard se pose sur cette affreuse pendule qui orne encore le mur de votre chambre à la Fawkes. Toutes ses aiguilles pointent vers le mot “danger”. Toutes ou presque. Car celle de Fred est restée figée sur “mort”. Il était grand temps d’essayer de changer ce qui pouvait l’être plutôt que de s’entêter à vouloir modifier un passé inflexible. Il était temps aussi d’achever cette lettre que tu avais commencée, l’un de ces jours où tu ne voyais aucune issue possible.

“Cher Fred,

Il y a tant de choses que j’aurais aimé te dire de ton vivant. Je regrette d’avoir laissé le temps filer sans te confier toutes ces paroles que tu aurais mérité d’entendre. J’aurais aimé te dire à quel point je suis fier de toi et de l’homme que tu es devenu. J’aurais aimé veiller sur toi et te protéger comme un père devrait toujours le faire avec ses enfants. Mais je ne l’ai pas fait, je n’ai pas su saisir les occasions de le faire. Et j’ai longtemps laissé mes remords me ronger. J’ai laissé ma culpabilité et ma souffrance prendre le pas sur tout le reste, y compris sur ma mission auprès de tes frères et de ta sœur, ainsi que de Molly. Je réalise seulement maintenant que de par ma passivité, j’ai mis le reste de notre famille en danger. Et pourtant, je n’ai jamais voulu courir le risque de voir un autre de mes proches m’être injustement arraché. Je n’ai jamais voulu que tu doutes de moi de là où tu te trouves. J’espère que je ne t’ai pas trop déçu, et qu’il est encore temps pour moi de me rattraper. Je suis prêt à tout pour notre famille, cela n’a jamais changé. Mais à partir d’aujourd’hui, je reprendrai la place qui est la mienne au sein de notre lignée. J’épaulerai Molly dans le moindre de ses combats, je ne la laisserai plus rien affronter sans mon soutien indéfectible. J’espère alors que tu seras enfin aussi fier de moi, que je l’étais de toi, Fred. La dernière chose que j’aurais aimé te dire, c’est à quel point je t’aime, mon fils.”