Vera Slughorn - il n'a pas été difficile de trouver la boutique, surtout lorsqu'Ephraim s'est rendu compte qu'il s'y était déjà rendu plusieurs fois ces dernières années. Il n'a jamais véritablement fait attention à qui tenait la boutique, se contentant de récupérer les commandes faites par hiboux au comptoir plusieurs fois par mois lors de ses recherches. Il se souvient d'un homme, vaguement, mais ne lui a pas prêté grande attention, généralement préoccupé par ses travaux en cours et à venir.

Vera Slughorn - le nom lui a rappelé quelque chose, et il a épluché le rayon consacré aux Potions de sa bibliothèque personnelle, n'étant qu'à moitié surpris en apprenant l'existence de cette famille de sang-purs. Le genre de considération qu'il n'aurait jamais eu en temps normal, quelque chose qui lui semble tellement étrange et stupide tant ça n'appartient pas à sa réalité. Le petit comité formé par les sang-purs britanniques est bien facile à oublier quand on s'en tient loin - avoir inopinément été invité par Mikhail à son mariage le ramène à cette réalité alternative et étrange qui lui fait vaguement l'effet d'une fiction mal ficelée, un monde où des choses aussi absolues et ridicules que la suprématie du sang existent.

Enfin bon. Qu'importe.

Vera Slughorn. Il a caressé le nom du bout des doigts, écrit sur l'invitation cartonnée envoyée par les Strugatsky. La décision de se rendre au magasin lui a semble être naturelle et logique, et Ephraim a simplement envoyé un hibou avec sa commande avant d'attendre quelques jours pour s'y rendre, accompagné de son chien Chayim.

Ce dernier se tient sagement à ses pieds alors qu'il se déplace sur Diagon Alley avec habitude et intensité, déviant à peine de son chemin malgré le reste des badauds qui manquent parfois de lui rentrer dedans. Chayim mène la voie avec fierté, tirant à peine sur sa laisse, et Ephraim se glisse rapidement entre les rues animées jusqu'à l'apothicaire, faisant tinter la clochette en pénétrant dans l'échoppe. Il se dirige droit vers le comptoir sans s'attarder, raffermissant son emprise sur la laisse en cuir de son chien. "Je suis venu récupérer une commande pour Ephraim Guterman," s'annonce-t-il simplement, ni particulièrement chaleureux ni particulièrement odieux - tiède et égal comme toujours, ses yeux pâles s'accrochant à ceux de la jeune femme derrière le comptoir avec un désintérêt feint. "Vous êtes Vera, n'est-ce pas?"

Elle tri machinalement les herbes qui ornent les étagères de la boutique. Elle pourrait donner un simple coup de baguette, murmurer une simple formule mais elle a besoin de bouger. De passer le mode automatique, et surtout, surtout de ne pas réfléchir. Plus la date de son mariage approche et plus Vera perd pied. Jusqu’ici elle a réussi à esquiver ses rendez-vous avec Mikhail, en prétextant être trop occupée avec la boutique, être malade, être occupée à ce moment-là. Mais le jour de son mariage elle ne peut pas trouver une excuse bidon pour briller de son absence. Non. Pourtant elle aimerait que ce soit une option ; parce qu’elle n’a pas du tout, du tout, du tout envie de passer le reste de sa vie avec ce Russe qui la prend visiblement pour une idiote avec ses sourires et ses conversations dénuées d’intérêts. Au moins il est agréable à regarder, c’est déjà ça. Elle se console comme elle le peut, la pauvre Vera. Elle ne s’est jamais fait de film concernant sa vie de famille, ça non, elle est de sang pur et donc elle savait que tôt ou tard elle devrait se marier pour perpétuer la lignée. Mais sa position de troisième au sein de sa fratrie était censée lui épargner cette vie. Du moins jusqu’à la disparition d’Herbert.

Ses doigts délicats caressent les étiquettes des bocaux qui portent le nom des plantes que ses clients utilisent à des fins diverses. L’écriture de son frère les ornent ; parfois c’est la sienne qui ressort. Elle déambule lentement, gracieusement à travers les petits rayonnages qu’elle a mis en place à son arrivée, mettant de l’ordre dans la pagaille organisée d’Herbert. Elle se dirige alors vers le comptoir alors que d’un mouvement de baguette elle ordonne à l’écriteau sur la porte d’afficher « open », signifiant qu’une nouvelle journée de travail débute enfin. Un soupir franchit la barrière de ses lippes, alors que ses yeux ambrés parcourent avec attention le carnet des commandes dont les pages file entre ses doigts. Elle les a préparés une à une minutieusement la veille, prenant soin à ce que chaque demande soit honorée. Ajoutant de temps à autre un petit cadeau pour les plus fidèles de ses clients. Elle entreprend de commencer sa comptabilité avec concentration entre deux clients se présentant et puis, la clochette tinte à nouveau pour lui signifier l’arrivée d’un nouveau venu. L’attention de la belle se porte d’abord sur son chien alors qu’un sourire étire les traits de la jeune femme. Ce n’est pas la première fois que son maître passe une commande à l’apothicaire, non. On peut même dire que c’est un client régulier, toutefois Vera n’a jamais pris le temps de lui parler d’autre chose que de ses commandes.

Je suis venu récupérer une commande pour Ephraim Guterman. s’annonce-t-il en s’approchant du comptoir. Vera hoche la tête avec un sourire poli. Bien entendu monsieur Guterman, je vous prie de patienter un instant dit-elle avec professionnalisme. Elle s’éclipse alors pour rejoindre l’arrière-boutique. Attrape le petit sachet en papier contenant la commande du sorcier et retourne auprès de lui. Elle doit avouer que même si elle rechignée à l’idée de reprendre la boutique familiale, cela lui change les idées. Et voici pour vous, réglez d’avance comme d’habitude continue-t-elle alors qu’en passant elle se permet une petite caresse à l’animal qui attend sagement au pied de son maitre. Vous êtes Vera n’est-ce pas ? dit-il alors. La question la surprend légèrement et elle essaie de le montrer le moins possible à son interlocuteur. Ses yeux s’ancrant dans ceux d’Ephraim, elle laisse le silence s'installer quelques secondes. En temps normal cette question lui aurait semblé d’une banalité totale mais depuis l’annonce de ses fiançailles avec Mikhail diverses personnes viennent lui rendre visite dans l’espoir qu’elle glisse un mot en leur faveur à son fiancé. Terrible erreur, lorsqu’on sait qu’elle n’a de cesse de le suivre.

Elle griffonne dans son carnet la remise de la commande, se mordille légèrement la lèvre inférieure et reporte son attention sur lui : Effectivement, je suis Vera. Est-ce que nous nous connaissons ? En dehors de cette sphère j’entends ? fini-t-elle par demander. Elle n’a pas souvenir d’avoir échangé avec lui, si ce n’est à la boutique. Pourtant elle Vera est sans conteste une personne physionomiste, mais qui sait, sa vie est tellement bouleversée depuis quelques semaines que cela ne l’étonnerait pas. Le dévisageant avec prudence, elle cherche. Non décidément elle ne voit pas.

Ephraim note que la question la prend légèrement de court, et il reste impavide en se laissant observer par la jeune femme, attendant patiemment sa réponse. La question est rhétorique, bien sûr - il sait qu'elle est Vera Slughorn, mais étudier sa réaction est bien plus important que d'entendre sa réponse. Un léger silence plane, qui ne dérange pas Ephraim le moins du monde, mais il se force tout de même à étirer un très léger et fin sourire sur ses lèvres. Il a depuis longtemps appris que les gens aiment les sourires et les gens souriants et que ça les rassure  (pourquoi quiconque serait rassuré par quelques muscles faciaux tirés échappe complètement à Ephraim) et il n'a aucune envie de se faire une ennemie de Vera Slughorn.

Au contraire.

Elle écrit quelque chose, hésite, puis répond: "Effectivement, je suis Vera. Est-ce que nous nous connaissons ? En dehors de cette sphère j’entends ?" Le sourire d'Ephraim s'étire, atteint presque facticement ses yeux. La chaleur n'y est pas - il semble toujours être agité d'émotions tièdes, maladroitement réchauffées, jamais sincères - mais il y a un certain entrain dans cette risette, un charme lisse et expérimenté. "Nous sommes allés à Hogwarts ensemble, vous étiez une année en dessous de moi." Il est allé vérifier dans ses carnets de l'époque (incroyablement complets): il gardait, en tant que préfet, des notes sur chacun des élèves de Slytherin sous son autorité et sa protection. Mais à dire vrai, malgré une bonne mémoire, Ephraim ne se souvient pas d'elle à l'époque. Peu importe. Il s'esclaffe un peu. "Mais je ne vous en voudrais pas de ne pas vous en souvenir."

Il s'accoude au comptoir et se penche légèrement vers elle, ses lèvres toujours crispées d'un léger sourire, ses yeux bleu pâle ne la quittant pas un seul instant. À ses pieds, Chayim s'assied calmement, sa queue battant un peu la mesure sur le parquet alors qu'il hésite à se précipiter vers Vera pour quémander plus de caresses - mais il sait que son maître ne l'autoriserait pas un tel débordement. "À vrai dire, j'ai été invité à votre mariage. Je suis un ami de Mikhail." Cette fois, quand son sourire s'étire légèrement sur ses lèvres, c'est de manière sincère. Il n'est pas vraiment ami avec Mikhail et l'idée de le qualifier ainsi l'amuse profondément. "Toutes mes félicitations," se souvient-il de dire. "Je suis désolé, je ne voulais pas vous déranger," enchaîne-t-il dans un mensonge qui lui vient aussi naturellement que le reste, "j'étais simplement curieux. Le hasard fait bien les choses, j'achète mon matériel ici depuis des années. J'envoie généralement mon frère Salomon le récupérer. Je m'attendais à voir votre frère." Ephraim secoue légèrement la tête. "Je ne vais pas vous déranger plus que ça." Il ouvre son sac en bandoulière au fond extensible pour y mettre le sac en papier contenant les fioles et les onguents dont il a besoin pour ses recherches, avec quelques gestes lents et étudiés.

Elle l’observe. Et plus elle l’observe, plus elle trouve que son sourire ressemble à celui de son futur mari. Un sourire de façade. Un sourire forcé. Un sourire qui sonne faux. Et pourtant à défaut d’être factice, sa personne semble sympathique. Ses yeux portés sur elle, la sonde de haut en bas. De bas en haut et semble bien trop vide d’émotions pour aller avec le son enjoué de sa voix. Elle penche la tête de côté, tentant de déchiffrer l’indéchiffrable. Ses lèvres charnues se pince alors que son interlocuteur s’exprime à nouveau avec un certain charme qui fait tilt à la future Madame Strugatsky. Nous sommes allés à Hogwarts ensemble, vous étiez une année en dessous de moi dit-il enfin. Peut-être bien mais Vera doit bien avouer ne pas avoir fait attention à lui. La situation en est presque gênante. Elle hoche sagement la tête, lui adresse un sourire de politesse, cherchant encore et toujours au fin fond de sa mémoire et ne trouve pas. De Poudlard elle garde de très bons souvenirs mais cela remonte à huit ans et en huit ans il s’en est passé des choses. A cette période, elle était loin d’être elle-même. La mort de son père l’ayant impactée fortement, elle s’est peut-être un peu trop renfermée. Mais je ne vous en voudrais pas de ne pas vous en souvenir continue-t-il avec toujours autant de courtoisie.

Cet homme, elle doit l’avouer, est étrange. Un peu maladroit… Et a quelque chose d’attirant malgré tout. Elle le trouve aussi bizarre que sympathique mais elle sait très bien que le contexte actuel pousse les gens à faire attention à leurs mots. Il s’accoude au comptoir affublé de son sourire et la couvre d’un regard toujours aussi perçant. Ses yeux l’hypnotisent un court instant et elle lui offre à son tour un léger rictus. Elle pourrait presque se prendre au jeu. Presque. S’il n’y avait eu la suite. A vrai dire, j’ai été invité à votre mariage. Je suis un ami de Mikhail. Toutes mes félicitations. s’exprime-t-il enfin. Nous y voilà. Quelque chose change cependant dans son comportement et Vera peut sans mal dire que cet homme éprouve une réelle sympathie pour son futur époux. De ses doigts elle caresse le cuir de son carnet de commandes et sans lâcher Ephraim du regard, ses lèvres s’étirent. Oh. Mikhail a donc des amis ? dit-elle avec une pointe de malice dans la voix. C’en est presque ironique. Elle a passé tant de temps à fuir son fiancé ces dernières semaines qu’elle ne le connaît pas alors qu’ils sont sur le point de se marier. Mais elle se demande qu’elle genre de personne peut fréquenter Monsieur Strugatsky, lui qui semble si faux, si froid. Oui, c’est bien curieux. Elle complète par un : Merci. pas assez enjoué à son goût, mais elle n’est pas le genre de femme à mentir.

Je suis désolé je ne voulais pas vous déranger. J’étais simplement curieux. Le hasard fait bien les choses, j’achète mon matériel ici depuis des années. J’envoie généralement mon frère Salomon le récupérer. Je m’attendais à voir votre frère. Je ne vais pas vous déranger plus que ça fini-t-il en rangeant son matériel dans son sac à bandoulière. Doucement Vera mordille sa lèvre inférieure lorsqu’il mentionne Herbert. Elle a beau lui en vouloir d’avoir disparu si subitement, elle ne peut s’empêcher d’éprouver une infinie tristesse lorsqu’on le mentionne. Replaçant une mèche rebelle derrière une de ses oreilles, elle soupire légèrement. Au moins cet homme est franc avec elle. Votre curiosité est-elle satisfaite Monsieur Guterman ? Suis-je assez bien pour votre ami ? ose-t-elle. Ses paroles sont prononcées sans méchanceté. Sa question est sincère. Peut-être autant que la curiosité dont fait preuve le brun aux yeux pâles. Vous ne me dérangez pas. A dire vrai c’est bien la première fois qu’une connaissance de mon… Fiancé, s’intéresse à moi sans me demander de lui glisser un mot en sa faveur. continue-t-elle. Vous êtes donc étrangement sympathique pour un ami de Mikhail .

"Oh. Mikhail a donc des amis ?" Oui, et Mikhail a même une fiancée - un état de fait qui a fait sourciller Ephraim avec un certain amusement lorsqu'il a reçu l'invitation  envoyée par les Strugatsky. Il a du mal à s'imaginer le prince russe s'entraver d'une telle alliance au quotidien. Sans doute qu'il le connait mal, ou alors que son sang impur l'empêche de lui faire voir ses véritables raisons. Au fond, ça n'importe que peu à Ephraim, et il respecte quelque part la loyauté sans faille ni limite que Mikhail a pour le reste de son clan. L'idée aussi que Mikhail et lui soient amis est vaguement amusante. Ils ne se sont pas vus beaucoup, ni longtemps; n'ont pas pu partager suffisamment, même si Ephraim aurait pu passer des heures à l'écouter parler; n'ont jamais été d'une nature à parler ouvertement de quoique ce soit de personnel. Et pourtant, Mikhail a laissé sur sa vie une empreinte indélébible. Le connait-il vraiment? Difficile à dire: Ephraim ne l'a jamais que vu dans ses moments les plus vulnérables et intimes.

Il se contente d'un sourire placide comme toute réponse, ses yeux pâles vrillés sur elle, intrigués malgré eux par la future épouse de Mikhail. Il trouve ça terriblement amusant, aussi, que Vera travaille dans cet apothicaire chez qui il se fournit depuis des années. "Votre curiosité est-elle satisfaite Monsieur Guterman ?" Jamais - certains diraient même que sa curiosité est son plus vilain défaut. "Suis-je assez bien pour votre ami ?" Les lèvres d'Ephraim s'étirent, et il se demande si elle parle là en ayant peu confiance en elle ou si elle a déjà reçu des remarques à ce propos de la part d'autres connaissances de Mikhail. "Bien sûr que oui. Mikhail ne fait pas d'erreur dans le choix de qui il s'entoure," répond-t-il. Il ignore si cette alliance a été organisée par lui-même, feu sa mère ou un autre membre de sa famille, mais il sait le russe aussi précautionneux que bien avisé dans ce genre d'affaires.

"Vous ne me dérangez pas. A dire vrai c’est bien la première fois qu’une connaissance de mon… Fiancé, s’intéresse à moi sans me demander de lui glisser un mot en sa faveur." Ephraim n'a qu'une très, très vague idée de ce que font en réalité les Strugatsky et Mikhail à leur tête (une industrialisation en masse de créations magiques, d'objets?), il sait simplement qu'il est l'héritier d'un empire manifeste à la fortune colossale. C'est l'impression qu'il en donne, en tous cas, et il se comporte comme tel, comme si il avait le poids du monde sur les épaules. Quel genre de faveurs peut-on demander d'un homme comme ça, quel genre d'aide peut-il apporter? Ephraim l'ignore, et pense que Mikhail préfère qu'il en soit ainsi. "Vous êtes donc étrangement sympathique pour un ami de Mikhail." Ephraim s'esclaffe silencieusement en secouant légèrement la tête. Sympathique, il aime bien ce mot. "Et vous très directe pour la future Mrs Mikhail Strugatsky. J'espère que vous déteindrez un peu sur lui: il a une certaine tendance à s'exprimer en énigmes." Ce qui, aux yeux d'Ephraim, le rend finalement d'autant plus spécial et captivant - mais peu importe, en cet instant, et de toutes façons Ephraim doute que quiconque soit en mesure d'un jour faire tomber les barrières épaisses protégeant le jeune prince du reste du monde.

"La seule faveur que j'oserais vous demander," enchaîne-t-il d'un ton léger, "est un indice pour un beau cadeau de mariage. C'est que j'aimerais ne pas décevoir. Et peut-être que j'espérais tomber sur votre frère plutôt que vous pour lui poser la question..." Son sourire devient légèrement piteux, alors que ses yeux bleus ne quittent pas les traits de la jeune femme, les étudiant presque chirurgicalement. "Je sais quoi offrir à Mikhail. Mais que devrais-je savoir afin ne pas décevoir sa future femme?" Il lui offre un petit clin d'oeil. "C'est aussi une opportunité merveilleuse pour nous d'apprendre à nous connaître." Ephraim n'aimerait pas être un mauvais ami pour Mikhail et ne pas s'entendre avec sa future femme, loin de là.

Il est drôle de voir, pour Vera, la curiosité qui ronge son interlocuteur. Loin de le prendre mal ou de savourer le fait de susciter un quelconque intérêt ; mais il serait faux de dire qu’elle n’apprécie pas de discuter avec une personne aussi énigmatique qu’Ephraim. Après tout ce n’est pas tous les jours qu’elle a l’occasion de discuter avec un ami de Mikhail n’est-ce pas ? Du moins ; quelqu’un qui s’apparente le plus à la définition qu’elle se fait d’un ami. Parce que soyons clair ; les personnes qui ont pu évoquer le nom de son futur époux au cours de conversations relevés plus d’un prochain collaborateur que d’une quelconque amitié. Mais la brune doit l’avouer, elle ne s’intéresse aucunement aux affaires de son fiancé. Pour quoi faire d’ailleurs ? Elle a déjà assez à gérer avec sa propre boutique. Alors pour une fois, elle prend presque plaisir à la discussion. Pas que celle-ci soit réellement intéressante, mais la manière dont Monsieur Guterman tourne ses phrases, toutes bien choisies, relève d’une incroyable performance. Même son sourire semble plus sincère que celui que lui sert le prince qu’elle est censée épouser. Alors elle joue le jeu tout autant que lui. Peut-être avec moins de tact, certes, elle n’est pas du genre à tourner autour du pot, mais elle essaie de creuser la conversation en toute franchise.

Bien sûr que oui. Mikhail ne fait pas d’erreur dans le choix de qui il s’entoure. dit-il alors que les yeux de la belle glissent sur lui. Une ombre de sourire ironique étire ses lippes alors qu’elle hoche la tête avec grâce. Tout chez elle s’exprime avec majesté, du moins le temps que sa capacité à être directe n’est pas mise à mal. Mais elle sait se tenir, si bien que son attention se reporte sur les paroles d’Ephraim. Comment pourrait-il savoir qu’elle est un bon parti ? Mikhail et elle ne se connaissent pas le moins du monde, et il est vrai qu’elle ne fait aucun effort pour arranger les choses. Contrairement à l’homme qui lui fait face. Et vous êtes très directe pour la future femme de Mikhail Strugatsky. J’espère que vous déteindrez un peu sur lui ; il a une certaine tendance à s’exprimer par énigme. dit-il. Encore une fois elle remarque cette petite étincelle dans les yeux d’Ephraim. C’est au tour de Vera de se pencher vers lui et de lui souffler : N’est-ce donc pas cette façon de s’exprimer par énigme qui suscite l’attention ? Je trouve que le mystère est bien plus captivant, qu’un individu dont on connait déjà toute l’histoire. elle se relève avec un sourire en coin. Peut-être parle-t-elle de Mikhail ou peut-être fait-elle référence à la curiosité d’Ephraim.

La seule faveur que j’oserai vous demander; est un indice pour un beau cadeau de mariage. C’est que je n’aimerais ne pas décevoir. Et peut-être que j’espérais tomber sur votre frère plutôt que vous pour lui poser la question… elle inspire longuement. Peut-être devrait-elle lui mentionner qu’il ne risque plus de tomber sur Herbert désormais. Nouvelle vague d’émotions, et voilà que Vera tente de garder la face. Elle aime la vérité certes, mais pas se dévoiler. Trop longtemps cela lui a joué des tours et peut-être est-ce Mikhail qui devrait lui donner des leçons. Doucement elle humidifie ses lèvres avant de se concentrer sur les paroles de son client de longue date. Je sais quoi offrir à Mikhail. Mais que devrais-je savoir afin de ne pas décevoir sa future femme ? Il lui offre un clin d’œil et elle se surprend à trouver ça drôlement charmant. Cette fois elle lui offre un sourire charmant. C’est aussi une opportunité pour nous d’apprendre à nous connaître. finit-il par dire. Nouveau hochement de tête et voilà que d’un coup il lui semble un peu plus humain. Et bien vous ne risquez pas de croiser mon frère à nouveau Monsieur Guterman. J’ai le regret de vous informer qu’il a disparu. l’informe-t-elle avec un sourire poli. Pour ce qui est de la faveur que vous me demander… La liberté est-elle un cadeau qu’elle pourrait mentionner ? Je ne vous donnerai que deux pistes… Je regretterai infiniment de ne plus attiser votre curiosité. L’alchimie. Les voyages. Voilà deux choses qui pourraient me ravir. Pour ce qui est du reste… Je vous laisse le plaisir de m’épater avec ce cadeau… répond-t-elle en lui offrant un clin d’œil à son tour. Qui sait ; peut-être que si vous ne vous trompez pas sur votre choix ; nous pourrons devenir amis nous aussi. Peut-être. Peut-être pas.

Peu de gens suscitent un quelconque intérêt chez Ephraim - et encore moins de gens parviennent à le garder. Des fois, ça dure le temps d'une conversation; d'autres fois, il se fait une opinion bien arrêtée d'autrui en quelques mots à peine. Il y a des exceptions - Mikhail en est une - qui durent plus longtemps, et qui se comptent sur les doigts d'une seule main. Ephraim a une curiosité intense et presqu'unique, qui ne dévie jamais de son but jusqu'à être rassasiée. Certains trouvent ça dérangeant. Vera ne semble pas s'en formaliser - au contraire, même, vu les indices de plaisirs qui transparaissent sur son visage et dans sa voix alors qu'ils discutent. "N’est-ce donc pas cette façon de s’exprimer par énigme qui suscite l’attention ? Je trouve que le mystère est bien plus captivant, qu’un individu dont on connait déjà toute l’histoire." Quelle jeune femme délicieuse - les yeux d'Ephraim en pétillent alors qu'il hoche la tête. "Je suis bien d'accord. Comme les fleurs, les plus belles choses ne se révèlent qu'au moment opportun." Comme les potionistes à l'intellect inattendu qui se révèlent soudainement là où Ephraim s'attendait à trouver une fiancée plate et tiède sans intérêt.

Il n'a jamais été du genre à donner le bénéfice du doute aux autres - ça lui permet d'être agréablement surpris, comme aujourd'hui, et de pouvoir s'émerveiller de comment la vie est faite. Il trouve que c'est une force. À la mention de son frère et du cadeau de mariage, Vera répond: "Et bien vous ne risquez pas de croiser mon frère à nouveau Monsieur Guterman. J’ai le regret de vous informer qu’il a disparu." Ephraim penche la tête sur le côté, son sourire s'estompant légèrement pour laisser place à une mine piteuse. "Je suis désolé de l'apprendre," dit-il sincèrement. Il ne s'enquiert pas du comment, du où, du pourquoi. Par les temps qui courent, ce genre de questions est dangereux.

Alors ils en restent là, mais Ephraim garde cette information en tête - peut-être qu'il fera des recherches à ce propos plus tard. "Pour ce qui est de la faveur que vous me demander… Je ne vous donnerai que deux pistes…" Ephraim arque un sourcil, surpris mais appréciateur, en entendant son air vaguement mystérieux. "Je regretterai infiniment de ne plus attiser votre curiosité. L’alchimie. Les voyages. Voilà deux choses qui pourraient me ravir." Ses sourcils se haussent en l'entendant, et il est tellemetn incrédule qu'il en oublie de sourire et lui offre à la place son visage habituel - lisse et placide, songeur. "Pour ce qui est du reste… Je vous laisse le plaisir de m’épater avec ce cadeau… Qui sait ; peut-être que si vous ne vous trompez pas sur votre choix ; nous pourrons devenir amis nous aussi. - Je n'en doute pas une seule seconde." Le sourire revient, sincère, et Ephraim se penche un peu plus vers elle avec un air de conspirateur. "Parce que si il y a bien deux choses qui m'intéressent, c'est l'alchimie et les voyages." Il n'a jamais entendu parler d'elle ou de son nom dans son domaine, peut-être travaille-t-elle encore sur sa thèse? Ou alors est-elle interdite de publier à cause de son sang pur? Ou est-ce que son intérêt n'est qu'un hobby qu'elle pioche de temps à autres? Cette curiosité, encore, dévorante, qui lui grignote les entrailles et les pensées.

"J'ai rencontré Mikhail à Moscou, lors d'un voyage dans le cadre de mes recherches. Ces dernières m'ont amené aux quatre coins du monde, aux États-Unis, au Pérou, en Israël..." Il se permet de faire la liste de ses nombreuses destinations avec un ton posé et humble, observant attentivement les réactions de Vera. "Je suis toujours intéressé à l'idée de rencontrer des sorciers et sorcières aux intérêts similaires. Pratiquez-vous depuis longtemps?" C'est décidé: même si il sent déjà que Mikhail ne va pas l'apprécier, lui et Vera vont être amis, un point c'est tout.

Il est drôle de voir à quel point la vie peut en un instant se jouer de nous. Drôle de voir à quel point un quelconque inconnu peut éveiller en vous une flamme nouvelle et un intérêt grandissant au cours d’une simple conversation. Drôle de voir qu’un homme qui jusque-là vous paraissait sans intérêt, peut vous étonner en s’entourant de personnes tout à fait exquise.  Oui c’est le mot : exquis ; qui lui vient en tête lorsqu’elle se repasse en tête l’échange qu’elle entretien à ce moment même avec Ephraïm et si d’un premier abord elle lui trouvait une certaine originalité, elle se sent définitivement de plus en plus à l’aise avec le brun aux yeux pâles qui semble en accord avec ses dires Je suis bien d'accord. Comme les fleurs, les plus belles choses ne se révèlent qu'au moment opportun. Elle sourit malicieusement en l’entendant s’exprimer ainsi, le prend un peu pour elle, alors qu’il affiche lui aussi un sourire bien plus sincère qu’en début de conversation. Ephraim la surprend et elle aime ça.

Elle est plutôt du genre directe et pétillante la jeune Slughorn, chose que son frére, le seul qui lui reste, n’apprécie guère. Un peu trop original quand il se veut classique. Terne lorsqu’on la compare à Herbert mais à présent qu’il n’est plus là, elle devient celle qui ne rentre pas dans les cases et pourtant celle qui plus tôt que tard va devoir porter la responsabilité de perpétuer la lignée des Strugatsky. Et même si cette pensée ne l’enchante pas elle se doit de ne rien montrer. Alors elle reporte son attention sur sa conversation. Décide d'informer Ephraïm de la disparition de son frère. Elle ne s’autorise jamais à parler de mort car en définitive elle ne sait pas ce qui est arrivé à Herbert et par les temps qui court ce genre de choses est malheureusement courantes. On fait attention à ce qu’on dit mais on n’en pense évidemment pas moins. Je suis désolé de l'apprendre, dit-il sincèrement. Elle apprécie le fait qu’il ne pose pas d’autres questions. Après tout, elle ne saurait quoi lui répondre. Herbert n’est plus là et même si cette pensée lui cause toujours un grand chagrin, c’est ainsi. Elle n’a aucune réponse et n’en cherche pas.

Alors elle se plaît plutôt à réfléchir à des pistes éventuelles de cadeau de mariage. N’en dis pas plus qu’il n’en faut préférant voir à quel point cet homme pourrait la surprendre. Agréablement, certainement.  Se permettant de lui offrir son plus bel air malicieux. Vera est une personne taquine de nature et elle voit là l’opportunité d’en apprendre plus sur cet ami de Mikhail qu’elle sera probablement amenée à recroiser. Je n'en doute pas une seule seconde. Un sourire placardé sur le visage, il se penche un peu plus vers elle Parce que si il y a bien deux choses qui m'intéressent, c'est l'alchimie et les voyages. Dit-il avec un air conspirateur et il n’en faut pas plus à Vera pour lui offrir son plus grand sourire. Eh bien mon cher, vous m’impressionnez un peu plus à chaque minute. Vous avez de bons goûts, assurément ! J’ai hâte de me laisser surprendre par votre cadeau continue-t-elle en chuchotant amusée.

J'ai rencontré Mikhail à Moscou, lors d'un voyage dans le cadre de mes recherches. Ces dernières m'ont amené aux quatre coins du monde, aux États-Unis, au Pérou, en Israël..."Elle hoche la tête franchement intéressée par le récit qui se profile. Du peu qu’il vient de lui énoncer Ephraïm a vécu, ce qu’elle avait pour projet avant ses fiançailles. Projet qui, elle l'espère, sera d’actualité après une discussion avec son futur mari. Je suis toujours intéressé à l'idée de rencontrer des sorciers et sorcières aux intérêts similaires. Pratiquez-vous depuis longtemps? Elle penche la tête de côté. Sourit doucement et remets en place une mèche de cheveux ; avant de réfléchir. J’ai commencé à pratiquer après Poudlard et je me suis spécialisée lors de mes études dans l’alchimie. Je ne suis pas encore maître mais j’y aspire sincèrement. J’avais pour projet d’étudier l’alchimie à travers le monde mais… J’ai dû reprendre la boutique familiale et mes fiançailles sont arrivées vite après cela. Mais ce n’est que partie remise, je l’espère. dit-elle avec une pointe de tristesse dans la voix. Oui, elle garde espoir.

Les yeux d'Ephraim ne quittent pas Vera une seule seconde, étudiant précisément la moindre de ses réactions et faisant un inventaire des détails de son visage et de ses expressions. Il est fasciné, un peu malgré lui, et curieux aussi d'en apprendre plus à son propos. Il sait qu'il ne devrait pas se faire avoir par arrogance par l'apparence des autres, et qu'il n'aurait pas dû imaginer Vera aussi fade et plate que son nom et son rôle dans la vie de Mikhail aurait pu le suggérer, mais ça a été plus fort que lui. Il n'a jamais été aussi heureux de s'être trompé - Ephraim apprécie les bonnes surprises, ça lui rappelle qu'on ne peut jamais s'assurer de savoir à quoi s'attendre dans la vie.

Il regarde avec attention Vera sourire, replacer une mèche de cheveux derrière son oreille, sentant un frisson d'expectative glisser le long de son échine. "J’ai commencé à pratiquer après Poudlard et je me suis spécialisée lors de mes études dans l’alchimie." Il hoche la tête, satisfait de cette réponse (il aurait été déçu d'apprendre que sa seule formation alchimique soit celle proposée par Hogwarts - inadéquate, lacunaire et inutile à ses yeux). "Je ne suis pas encore maître mais j’y aspire sincèrement." Il devrait peut-être lui parler du BITE... De plus en plus, Ephraim peut voir l'expression désapprobatrice sur le visage de Mikhail à l'idée qu'il se rapproche de sa future femme, et il sent un certain amusement l'envahir à cette perspective. Il se demande même si le prince russe irait jusqu'à faire un commentaire à ce propos. "J’avais pour projet d’étudier l’alchimie à travers le monde mais… J’ai dû reprendre la boutique familiale et mes fiançailles sont arrivées vite après cela." Il penche la tête sur le côté, entendant l'intonation sensible et légèrement mélancolique de sa voix.

"Mais ce n’est que partie remise, je l’espère. - Je n'en doute pas. Je suis certain que Mikhail serait ravi de vous aider dans vos projets au moment opportun." Avec leur fortune mirobolante, il ne doute pas que les Strugatsky peuvent se payer un nombre infinitésimal de visas et d'hôtels luxueux à travers le monde. "C'est un homme très occupé alors si vous décidez de partir et qu'il ne peut pas vous accompagner, je me ferai un plaisir de vous faire visiter certains pays et certaines villes," lui propose-t-il d'une voix assurée, comme si ils étaient de vieux amis et non deux personnes venant tout juste de se rencontrer. "Il n'y a rien de plus triste que les voyageurs solitaires." Même lui finissait toujours par s'ennuyer et par chercher, puis trouver, quelqu'un à qui s'accrocher et à épuiser lors de ses nombreux voyages.

Ephraim agrémente la fin de sa proposition d'un petit clin d'oeil joueur, et raffermit sa prise sur la laisse de Chayim qui se lève en réponse, connaissant bien son maître. "Je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Merci, j'ai une meilleure idée de ce qui pourrait être convenable pour votre cadeau. J'espère que vous l'apprécierez." Ephraim hésite, puis produit de son manteau un petit carnet noir. Il en déchire proprement une feuille et, avec le stylo-plume qui se trouve sur le comptoir, écrit son adresse au Pays de Galles et son nom sur la feuille, de son écriture précise et géométrique. Elle doit déjà avoir son adresse grâce à ses multiples commandes mais qu'importe - cette note sera plus personnelle, il espère qu'elle l'appréciera. "Si vous avez besoin de quoique ce soit ou juste d'une bonne conversation, n'hésitez pas." Il ignore ce qu'elle pourrait vouloir de lui - des récits de ses voyages? des réponses quant à Mikhail? - mais on ne sait jamais. Il fait glisser le feuillet de sa main gantée sur le comptoir dans sa direction. "Merci encore. Bonne journée, Vera, et à bientôt." Il lui offre un dernier sourire avant de se détourner, quittant la boutique d'un pas tranquille.