Ces derniers jours lui ont paru être interminables. La cause en est une inquiétude à source multiple. Parmi celles-ci, il y a tout d’abord l’état de santé d’Hannah qui le préoccupe par dessus tout. Vient en second le fait qu’il ne peut pas aller lui même vérifier que la jeune femme aille mieux. Ce n’est pas qu’il ne peut pas mais plutôt qu’il préfère ne pas éveiller de soupçon de par un comportement anormal, ne serait ce qu’un tout petit peu. Et Terry, avec son esprit ultra méthodique, considère que de voir trop régulièrement l’ancienne poufsouffle, serait un comportement anormale qui pourrait faire tiquer de fins détectives. Ceci est relié à son tout dernier soucis : est si il avait omis un indice ne serait ce que minime sur la scène du drame l’autre soir ? Lui qui a cogité en boucle, a pensé et repensé et continue encore de penser à chaque petit détail, cherche inlassablement quelque chose qu’il aurait malencontreusement raté. Il a beau se retourner le cerveau il n’en trouve pas, et c’est là où être un loup garou de la VB a vraiment fait la différence, parce qu’il sait exactement ce que chercheront les gars qui parcourront l’endroit où lui même a trouvé une Hannah en bien mauvais point. Mais le côté prudent, voir un tantinet parano, de Terry le pousse encore à toutes les précautions. Il a donc attendu une bonne semaine, temps assez long pour le rassurer sur le fait qu’aucune piste n’a été découverte, avant de s’inviter chez la jeune femme, ce qui passe pour une simple visite d’un ami à une autre. En gros, à cet instant précis, son inquiétude s’en est réduit à un murmure agaçant au fond de sa tête qu’il peut ignorer. Mais le temps lui a paru interminable pour en arriver là, et pourtant, il est d’une nature incroyablement patiente.

Il s’est pointé comme une fleur, peut être parce qu’il n’a pas réfléchi plus que ça lorsqu’il a eu enfin considéré qu’il pouvait se permettre de passer voir Hannah. Dans sa tête ça plutôt fait un truc genre : bon ca fait une semaine, ca doit être bon quand même, ouais c’est bon, ok j’y vais alors et bam le voici devant la porte de son amie. Il faut dire qu’Hannah est une personne très importante pour lui et que, par conséquent, il se permet aussi d’être plus spontané avec elle qu’avec la plupart des gens. Ils se connaissent depuis si longtemps, ont vécu des choses si semblables, sont restés amis malgré tout. Et pour Terry, qui a perdu beaucoup de ses soit disant proches lors de sa morsure, cela veut dire beaucoup.

Le loup garou sonne à la porte et trépigne un peu d’impatience à l’idée de finalement revoir son amie. Il s’est fait beaucoup de scénarios dans sa tête, beaucoup de questions y sont passées aussi, mais si il préfère partir sur la plus optimiste des attentes quant à la santé de son amie, il a depuis longtemps décidé qu’il garderait ses questions pour lui. Il a ses soupçons et c’est déjà trop en soi. Trop dangereux pour Hannah surtout, parce qu’il est un hound de la VB et que même lui ne se fait pas totalement confiance à cause de ça. Bien sur, il ne la trahira jamais, mais allez savoir ce qu’il pourrait arriver d’autre, il suffit d’un doute, d’un legilimens, et tout serait découvert. Il ne risquera pas ça. Alors oui, il est venu ici sans vouloir faire la lumière sur les raisons de toute cette mésaventure, mais il n’aura pas non plus  la paix d’esprit recherchée vu qu’Hannah ne lui répond tout simplement pas. Il attend quelques instants, réitère son coup de sonnette, patiente encore et se résout finalement à être venu ici pour rien. Pour rien…

Enfin peut être pas, parce que, pour être honnête, il y a bien autre chose qui tourne en boucle dans sa tête en plus de tout le reste (oui, c’est un sacré foutoir sa tête, tout y fuse en permanence dans toutes les directions possibles). Son regard glisse de la porte d’Hannah jusqu’à celle d’un appartement adjacent, et l’hésitation le cloue sur place. L’un instant il est décidé à s’en aller, le suivant il est prêt à faire un pas en direction de la porte d’entrée de l’appartement de Padma. Sa décision vacille et oscille entre un choix et l’autre mais la vérité est qu’il meurt d’envie d’aller toquer à la porte. Il aurait préféré qu’ils se retrouvent dans d’autres circonstances moins folles, moins effrayantes mais les choses ont été telles qu’elles ont été sauf qu’il ne sait pas sur quel pied danser maintenant. Par Merlin, ca fait depuis bien longtemps qu’il ne sait pas sur quel pied danser avec la jeune femme. C’est ce qui le fait hésiter : ne pas savoir si elle aussi a besoin de soutien après tout ça et si oui, ne pas savoir si lui en particulier peut l’aider en quoique ce soit ou si il empirerait simplement les choses. La vérité est qu’il y a une bonne probabilité pour qu’elle lui colle tout simplement son poing dans la gueule. C’est un beau bordel quoi, à l’image de la fin de leur amitié il y a de ça si longtemps, mais il décide finalement que, le pire étant le coup de poing, il pourra sûrement s’en remettre. En cette période de bénéfice-risque, il fera le choix logique de risquer un petit mal pour un éventuel grand bien. Il ne veut pas tourner le dos à Padma si elle a besoin de quelqu’un à qui parler de tout ça, il ne saurait même pas le faire en fait. Il a peut être ses défauts, mais elle restera toujours d’une importance folle à ses yeux. Alors il finit par franchir les quelques mètres qui le séparent de cette foutue porte, et il appuie à nouveau sur une sonnette qui retentit cette fois dans l’appartement de son ancienne meilleure amie.