tw: alcohol, homophobic slur

Buck est véritablement en enfer. Il est coincé au bureau, il bosse de nuit, et la machine à café est moins fiable que jamais depuis le high kick de Siham qui a failli la tuer pour de bon: une fois sur deux, elle crachote ce qui ressemble à du gasoil (et le goût est à peine meilleur). On pourrait penser qu'être payé à rien foutre serait une aubaine pour quelqu'un comme Buck qui adore tester à quel point il peut s'en sortir en faisant le minimum syndical mais la réalité est toute autre: il se fait chier. Il aimerait bien pouvoir arpenter les rues des villes sorcières en fumant des clopes et en laissant son Hound faire tout le boulot, il aimerait bien sortir se dégourdir les jambes, faire quelque chose d'autre que tourner en rond dans son cubicle en cherchant désespérément quelqu'un à qui parler. Corban a prévu le coup, Felix et Ford ne travaillent pas ce soir, il est tout seul.

Tout seul et misérable, à ajouter du whisky dans son fond de gasoil en faisant mine de lire et relire les dossiers qu'il est sensé remplir d'ici la fin de son shift. Le seul rayon de soleil dans cette nuit de merde, c'est qu'il a été sélectionné (eh oui! lui!) pour faire partie de... d'un...

Okay, peut-être qu'il devrait un peu mieux quand Corban lui dit des choses, ou ralentir sur la gnôle au boulot. Ça pourrait aider.

Il a été sélectionné pour un truc et il a hâte, ses pensées s'étant rapidement jetées sur cette opportunité pour faire ce qu'il fait de mieux: procrastiner en attendant que les aiguilles de l'horloge au-dessus du bureau de Corban tournent. Lentement, lentement, lentement...

Buck se réveille dans un sursaut quand sa montre sonne à son poignet, et jette un coup d'oeil méfiant aux alentours pour s'assurer que personne ne l'a vu piquer du nez à son bureau. À part un sang-de-bourbe blafard en train de passer la serpillère et un autre Handler à l'air aussi désoeuvré que lui, il n'y a personne. Putain, ils sont tous sortis en mission ou prendre un verre ou quoi? Sans lui?! Pas besoin de sortir pour prendre un verre, se rassure-t-il en ajoutant une bonne dose de whisky de contrebande à sa tasse, avant de se lever en quête de la salle de réunion indiquée par Corban quelques heures plus tôt. Putain, il se souvient de la salle mais pas de la réunion en question. Il espère juste que c'est pas avec la DRH. Ils s'entendent bof, bizarrement.

Il a cinq minutes de retard mais c'est pas grave, et il ouvre la porte avec son sourire le plus avenant. Sourire qui tombe un peu en reconnaissant le Hound assis au bureau. "...ah." Il regarde un peu à gauche, un peu à droite, avant de fermer la porte derrière lui, s'installant naturellement sur la chaise à son attention et apportant sa tasse de "café" à ses lèvres. "C'est toi et moi ce soir Fagshot? Putain j'suis chanceux." Sourire plein de dents, irrévérencieux et crasse comme toujours. "Alors dis-moi: qu'est-ce que j'fous là? T'es pas devenu DRH dans le dos de tout le monde, hein? Parce que si c'est le cas promis, c'est pas moi qui laisse des petits mots doux dans le casier d'Al-Massri, promis juré craché même, tu m'connais, je sais même pas écrire..."

Le menton dans une main, le coude sur la table, tu regardes hors champ. Tu es silencieux depuis trop longtemps, c’est inhabituel. Soudain, brisant le silence de la sphère intime que tu formes avec tes followers, tu murmures : « C’est vrai qu’on voit tout le temps son cul »
Le pauvre bougre qui était actuellement réduit à un détail embarrassant de son physique, c’était James Buchanan Jr. Tu manipules la boule de cristal, la faisant pivoter du bout de ta baguette, afin que tes fans puissent admirer le désolant spectacle de la lune du handler exposée, semblant vouloir bondir hors de son jean délavé, tandis qu’il s’affairait à tenter de réparer la machine à café que tu ne sais quelle folle furieuse (Siham) avait passé à tabac.
Tu ramènes la surface cristal sous tes yeux ébahis. « Nan mais j’vous jure, j’pense j’ai plus vu son cul que son visage ! » Le constat, bien qu’il t’offusque, n’est pas particulièrement pour te déplaire. C’est que, malgré le menton mal rasé et la propension à garder le même hoodie pendant plus d’un mois (tu avais écarté depuis bien longtemps l’hypothèse qu’il puisse posséder quinze fois la même fringue, avec la même tache de gras sur l’épaule gauche), il fallait avouer que James Buchanan Jr te faisait bien kiffer (pour rester poli).

Contrairement à ce qu’on pouvait penser, ton inspection minutieuse du cul de Buchanan ne relevait pas d’une répréhensible procrastination. Pour tout avouer, tu étais actuellement en mission de repérage. Non content d’avoir vendu ton cul à Morrow, tu faisais maintenant des heures supplémentaires pour le compte de Rodolphus Lestrange. Dans le cadre d’une campagne de publicité visant à attirer les hybrides à la Values Brigade (sûrement pour moins donner l’impression qu’ils étaient cordialement forcés à s’y engager), le big boss de la propagande t’avait demandé de mener, entre autres, un genre d’étude de satisfaction. Pas de plage horaire aménagée exprès pour toi, non, non, tu devais faire ça sur ton temps libre, soit, tard le soir, quand Ulrike n’était pas en service.

Quelques jours avant ton meeting avec le handler, tu l’avais donc surveillé du coin de l'œil, pour cerner une première fois l’animal. Tu évitais de prendre en compte toutes les fois où il était fourré dans les pattes de Wickham ou de Prewett et privilégiais les moments où il se retrouvait tout seul, face à lui-même et à sa paperasse.
Le soir même, tu avais traîné dans le Ministère, te faisant chasser de plusieurs services, avant « d’emprunter » un bureau vide. Il n’y avait quasiment personne au QG, mais tu voulais le désarçonner en l’isolant dans une pièce plus neutre (et qui ne sentait pas la pisse de loup-garou). Lorsque tu entends son pas lourd et traînant dans le couloir, tu réajustes consciencieusement ta pose, histoire qu’il te découvre sous ton meilleur profil. « ...ah. » Eût-il fallu qu’il s’attende à voir ton profil déjà, ce qui n’avait pas l’air d’être le cas. Un coup d'œil circonspect à ta boule de cristal lévitant au-dessus de ton épaule, et enregistrant l’entretien (tu ne comptais pas le lui préciser, sauf s’il le remarquait). « C'est toi et moi ce soir Fagshot? » Tu serres les dents et les fesses ; « Putain j'suis chanceux. » Là encore, tu laisses couler, parce que si vous vous mettez sur la tronche maintenant, tu reviendrais les mains vides.

Le cul posé tout au bord de ta chaise, prenant donc une place considérable sur le bureau qui vous séparait, tu attends qu’il termine. « Nan, nan, j’te rassure, les hybrides ont pas accès à ce genre de poste… ils auraient trop peur qu’on fasse du délit de faciès ou je sais pas quoi, pour finir par recruter que des hémovores… » Sur ce coup-là, ils avaient presque vu juste, parce que tu étais parfaitement le genre à engager quelqu’un selon sa gueule et son sex appeal. D’ailleurs, c’était pas pour rien que c’était lui sur cette chaise et pas… genre Langford.

Tu reviens sur l’histoire des petits mots dans les casiers ; c’est que t’avais ronchonné en apprenant leur existence, vexé comme un pou qu’ils ne te soient pas adressés. « … C’est pas Wickham qui fait ça ? J’suis sûr il la kiffe, ça se voit ; on sent ces trucs-là, nous, les hémovores. » Tu te tapotes l’arrête du nez. « Peu importe. Nan, t’en fais pas, j’ai pas besoin que t’écrives, ce soir ; faut juste que tu parles. » En revanche, toi, tu avais sorti un carnet et une plume de voyage. L’attirail était comme neuf, témoignant de l’absence d’usage que tu en faisais, hormis pour surélever ton miroir de poche.

« Pour faire simple, y’a le service com’ qui voudrait se pencher un peu sur la Brigade pour essayer de redorer son blason auprès du public ; t’sais, après la débandade du mariage Travers et tout… Et pour qu’on en sache un peu plus sur comment que la machine fonctionne, bah, quoi de mieux que de découvrir ceux qui la composent ; tu vois c’que j’veux dire ? » Son regard bovin ne t’éclairait pas des masses sur son implication dans ton baratin, mais tu allais faire avec. « Bah du coup, pour commencer : c’est quoi les motivations qui t’ont poussé à t’engager ? T’es genre un Mangemort trauma du terrain ? Ou alors t’as un kink secret pour les hybrides ? J’te jure que y’en a plus qu’on croit ! »

tw: mention d'alcool, langage cru

« Nan, nan, j’te rassure, les hybrides ont pas accès à ce genre de poste… ils auraient trop peur qu’on fasse du délit de faciès ou je sais pas quoi, pour finir par recruter que des hémovores… » Les traits de Buck se froissent légèrement en entendant la voix de crécelle de Bagshot, et il hoche la tête d'un air savant comme si il s'était seulement concentré sur les éléments de sa réponse - à la place, il se plait à imaginer la raison pour laquelle Al-Massri n'a toujours pas répondu à sa dernière carte de voeux. Il a même fait l'effort d'acheter une carte cartonnée cette fois, en plus. Et ça coûte cher, ces conneries, mais c'est fancy et cool. Non?

« … C’est pas Wickham qui fait ça ? - Euh... ouais, ouais, grave! - J’suis sûr il la kiffe, ça se voit ; on sent ces trucs-là, nous, les hémovores. » Buck fronce les sourcils. C'est pas un peu discriminatoire de dire ça, ou il sait plus trop quoi? Il a déjà oublié la formation rapidos qu'ils ont eu il y a quelques mois sur les termes à utiliser et tout ça. « Peu importe. Nan, t’en fais pas, j’ai pas besoin que t’écrives, ce soir ; faut juste que tu parles. - Ah ça, c'est bien, j'sais faire!" Tant mieux, il aurait été plutôt embêtant que Bagshot ait l'occasion de le voir en train de galérer à réciter ses conjugaisons du bout de son écriture en pattes de mouche.

« Pour faire simple, y’a le service com’ qui voudrait se pencher un peu sur la Brigade pour essayer de redorer son blason auprès du public ; t’sais, après la débandade du mariage Travers et tout… Et pour qu’on en sache un peu plus sur comment que la machine fonctionne, bah, quoi de mieux que de découvrir ceux qui la composent ; tu vois c’que j’veux dire ? » Pour faire... ""simple""?! Buck a le regard vide dès qu'il entend les mots "le service com'" mais branle tout de même du chef avec entrain en apportant sa tasse de café-whisky à ses lèvres. "Ouais, ouais, j'vois... - Bah du coup, pour commencer : c’est quoi les motivations qui t’ont poussé à t’engager ? » Ah, c'est à lui qu'il va poser des questions?

Roh putain... « T’es genre un Mangemort trauma du terrain ? Ou alors t’as un kink secret pour les hybrides ? J’te jure que y’en a plus qu’on croit ! - Quoi?! Mais non, TROP PAS!" La honte. "Non, vraiment trop pas. Moi, euh, j'veux juste servir le gouvernement, tu sais, donner un coup de main... ouais..." Buck est un excellent menteur, d'ordinaire, mais il a du mal à prendre Bagshot au sérieux et il aurait peut-être pu retenir un peu son poignet en versant son "énergisant" dans son café... "J'ai pas la Marque," indique-t-il aussi d'un air crispé. "Et Corban, c'est un vieux pote. J'étais en galère de boulot et il m'a proposé ce poste, j'ai dit ok, et... voilà. Mais j'aime bien, hein! On est les forces de l'ordre, j'ai toujours rêvé de- t'sais que j'avais commencé une formation d'Auror à l'époque?" Dans l'espoir d'un jour aller sur le terrain tuer des mages noirs. Wait... "...euh... si ça tu peux t'abstenir de le rappeler aux boss hein... mais c'est juste pour dire que j'ai toujours eu un code moral très... orienté... vers la justice... voilà... dis, t'en as combien des questions comme ça?" Parce qu'il va finir sur les rotules, à ce rythmne.

Glissant la plume sur l'arête de ta mâchoire, tu écoutes le Buchanan avec nonchalance. Il s'emmêle un peu les pinceaux, mais il faut dire que tu ne l'aidais pas, avec tes sous-entendus gros comme la forteresse Prewett. Et, de son côté, il devait en avoir gros sur la patate, au vu de ce qu'il te raconte : qui aurait cru que James Buchanan, l'abonné de la machine à café, le tiers de neurone du trio Wickham, Prewett, Buchanan, voulait devenir Auror ?? Tu tiens un de ces scoops, et le fait que tu n'aies pas le droit d'en parler le rend encore plus croustillant.
Comprenant la délicatesse de la situation, tu retrousses ta lèvre supérieure, découvrant tes dents, les sourcils soucieux. Ah ouais, quand même, l'ironie du sort, quoi, chaud, très chaud. Tu hausses les sourcils, gardant ta plume en suspens ; même si tu voulais mettre ça par écrit, tu n'en aurais pas le courage, tellement c'était déprimant (et un peu désopilant, il faut dire).

Mais loin de toi l'idée de le décourager (même si l'envie de se foutre de sa gueule est si grande que tu en serres les fesses) ; après tout, toi aussi, ta ligne de conduite et ta carrière professionnelle étaient quand même assez tordue, par rapport aux conditions de vie actuelles des hybrides (pour pas simplement dire que tu chassais tes semblables) (et qu'en ce qui concernent les so called values de la brigade, tu n'en respectais absolument aucune).
« Nan mais, j'te comprends... T'sais comme on dit, là... improvise, adapt, overcome... »

Le pauvre s'est enfoncé jusqu'au cou en une seule réponse, et tu lui tends une main compatissante, parce qu'au final, mieux valait se retrouver coincé dans cette brigade par résignation, plutôt que par véritable vocation, auquel cas vous étiez simplement un fou furieux frustré du slip (no offense les rageux).
Tu repenses à ce qu'Oswald Morrow t'avait dit, il y a quelques mois, sur l'éventuel présence d'éléments perturbateurs à la Brigade. Avec son arrivée récente et son passif d'Auror, le Buchanan faisait une cible parfaite pour les suspicions des Archives... Dommage, il avait vraiment une belle gueule, quand on allait au-delà de sa raie du cul et de sa barbe mal rasée.

Tu te décides donc à prendre quelques notes plus vagues et plus édulcorées de son récit, histoire de dérober ton regard au sien, tandis que tu demandes : « Et du coup, t'as personne en ce moment ? Tu laisses un silence suffisamment long pour le faire mariner dans l'ambiguïté de ta question, le temps de terminer ta note écrite. Ton hound, j'veux dire ; t'as pas de hound en ce moment, c'est ça ? »
Tu adorais faire tourner en bourrique les types dans son genre ; la brigade regorgeant de butors, c'était un splendide terrain de jeu. A défaut d'être plus intelligent qu'eux (pour pas dire que toute la brigade partageait un seul et même neurone, accaparé par... allez, on va dire Ulrike, la plupart du temps), tu étais plus vicieux, et avait tendance à faire tourner tes plans et ton moulin à paroles à fond, juste pour voir leur cerveau fumer par leurs oreilles. « Il s'est passé quoi, déjà, avec la précédente ? Elle fait quand même pas partie du lot de Greyback qui se sont barrés, là ? »

tw: alcool, homophobic slur

Bagshot prend quelques notes dans son carnet et, aussi discrètement qu'il peut (ce qui n'est pas grand-chose), Buck se penche un peu en avant pour essayer de voir ce qu'il est en train d'écrire. "Euhh..." il s'apprête à carrément lui poser la question, embarrassé et soudainement un peu anxieux à l'idée que le Hound la lui fasse à l'envers avec son petit entretien prétendument casu qui pourrait lui coûter son job. Ce n'est pas que Buck aime être un Handler - pour l'amour de Merlin, il déteste les heures impossibles de ce boulot, il déteste avoir à côtoyer toutes ces bêtes, et devoir rester "en forme" pour les missions de terrain (quelle idée, merci Kalen) -, mais qu'il ne s'imagine pas faire quoique ce soit d'autre dans sa vie. Il ignore qui voudrait bien de lui, de manière générale, dans n'importe quel domaine.

« Et du coup, t'as personne en ce moment ? » Entendre Boris briser le silence est un peu réconfortant, même si sa question laisse Buck interdit à se gratter le nez d'un doigt maladroit. "Euuuuuuuuh," se répète-t-il dans un rare éclat d'intelligence, ses yeux clairs semblant particulièrement vides. "Enfin..." Est-ce que Bagshot est en train de flirter avec lui? « Ton hound, j'veux dire. - AH! - T'as pas de hound en ce moment, c'est ça ? » Buck secoue la tête et ouvre la bouche pour répondre, se faisant interrompre par un Bagshot empressé qui est déjà en train de le perdre avec toutes ses explications et son flot incomparable de paroles. « Il s'est passé quoi, déjà, avec la précédente ? Elle fait quand même pas partie du lot de Greyback qui se sont barrés, là ? » Buck a une pensée un peu tristoune pour Fish, avec qui il a effectivement travaillé pendant quelques temps avant qu'elle ne soit transférée et ne se casse avec la meute, mais il secoue la tête. "Nan, c'était une Halfer là, Erika...? Elle est allée faire des courses un mauvais jour et s'est faite coffrer quand elle a résisté à l'arrestation. Tu l'savais toi que les hybrides, bah ils avaient pas le droit d'aller aux courses quand ils voulaient?" Buck fait les gros yeux avant que ces derniers effleurent de nouveau le triangle rouge inversé sur la tronche de Boris. Il a à peine une pensée pour Erika, avec qui il a travaillé pendant dix mois et avec qui il s'entendait très, très bien et qui a disparu du jour au lendemain. Pas le temps de s'attarder sur les losers, dit-on. "Enfin, j'imagine qu'tu sais."

Il apporte sa tasse de café à ses lèvres et laisse la chaleur du whisky lui brûler la gorge avec un certain plaisir. "Donc ouais, j'suis un peu entre-deux, là, j'crois que Corban veut que je prenne un petit break... et j'ai du retard sur mes dossiers, tout ça, donc bon, voilà, j'bosse la nuit en ce moment, j'écris mes rapports, 'fin, tu connais, c'est un peu chiant, j'ai hâte de retourner sur le terrain..." Juste pour être mieux en mesure de se bourrer la gueule au boulot sans avoir à regarder par-dessus son épaule. Non pas que quiconque s'aventure à le séparer de sa précieuse gnôle quand on le surprend. "Pourquoi, Fagshot, t'es intéressé?"

"Euuuuuuuuh..." Tu n'avais même pas à tendre l'oreille pour entendre le cerveau de Buck mouliner dans la semoule magique, tandis que tu prends tes notes. Il marine un temps, sans parvenir à aligner une réponse intelligible, jusqu'à ce que tu éclaires sa lanterne.
Il parvient finalement à articuler (c'est un grand mot, au vu de sa bouche pâteuse et de son haleine de whisky) une explication qui te revient progressivement en mémoire. "Ah ouais putain, Erikaaa-" Ta bouche s'affaisse en une grimace désolée pour la semi-louve qui avait dû oublier de se mettre à jour en ce qui concerne les innombrables édits que le gouvernement pondait tous les quatre matins, et qui visaient à réduire toujours un peu plus les libertés des hybrides. Tu peux même pas lui en vouloir, au vu du mal que tu avais à suivre toutes les règles, te rattrapant tout juste aux branches, grâce aux recommandations de Sienna. "Tu l'savais toi que les hybrides, bah ils avaient pas le droit d'aller aux courses quand ils voulaient?" Tu bailles aux corneilles, retenant ta respiration, et par la même occasion, une réponse suant d'un sarcasme certain. "Enfin, j'imagine qu'tu sais." Tu soupires de soulagement, haussant les sourcils à l'idée d'avoir été à ça de lui expliquer que tu étais toi aussi soumis à ce genre de lois à la con. "J't'avoue que c'est pas ce qu'on fait de mieux si jamais t'es en rade de magico-capotes..." supposes-tu simplement en soulignant pensivement çà et là des lignes de ton rapport.

Dans le fond, tu trouves ça peut-être un peu dommage, pour ne pas dire consternant, qu'un handler, aka les seul.e.s sorcier.e.s en contact avec des hybrides h24, ne soit pas au courant de la vie de merde que vous meniez. I mean, ils avaient littéralement le droit de vie ou de mort sur chacune de vos couennes ; à côté de ça, les horaires saugrenus et les bars hybrids-free, c'était de la rigolade ! La pensée, qu'un petit matin, Ulrike pouvait te faire disparaître, si le cœur lui en disait, ne te quitte jamais l'esprit. C'était à la fois terrifiant et grotesque que les abrutis constituant en grande majorité les rangs handlers soient responsables de vous, vous manipulant avec autant de caprice que de précaution, comme des jouets dangereux.  

Tu plisses les yeux, imaginant difficilement un handler sans son hound ; la combinaison allait tellement de soi que ça te paraissait inédit qu'on ne refile pas aussitôt un nouveau hound dans les pattes de Buck. Lorsque tu étais toi-même encore handler, et qu'on t'avait retiré la charge de Fenrir avant que ça dégénère, tu n'avais pas eu le temps de souffler qu'un autre hound avait pris la relève... Bah, depuis le temps, tu avais cru comprendre que Buck faisait partie des petits papiers de Corban ; étrange, pour un potentiel Auror, mais soit. "Ah ouais ? J't'imaginais pas trop en mode à kiffer aller sur le terrain, à en juger par..." Tu ouvres les mains, paumes tournées vers lui, désignant dans un mouvement vague et légèrement embarrassé sa dégaine négligée... "Mais putain, ouais, les rapports, là, pire truc...", enchaînes-tu en essayant de noyer la sirène. "Moi j'dis, ça manque d'un troisième larron pour chaque binôme genre... le handler, le hound et le... handwriter ? 'Fin je sais pas, un mec qui se charge de la paperasse, quoi !"

"Pourquoi, Fagshot, t'es intéressé?" Cette fois-ci, c'est toi qui es pris de court, ton sang froid pulsant dans tes oreilles, redonnant momentanément à ton visage ses couleurs d'antan. Tu te mords la lèvre, grossièrement racoleur. "Ça se voit tant que ça ?" demandes-tu avec une innocence mal feinte. Depuis le temps, ça n'était plus un secret pour personne que tu reluquais tous les boules de la VB. Ça ne semblait plus importuner personne, dans la mesure où même après t'avoir passé à tabac à maintes reprises, tu ne lâchais pas l'affaire, sans compter que tu n'arrivais jamais à tes fins. "C'est pas faute d'essayer de me débarrasser de la Von Bäume, pourtant..." que tu plaisantes, examinant tes ongles dans un soupir. "Mais c'est plus résistant que ce qu'on croit, ces petites choses..." Les jambes entortillées l'une à l'autre sous la table, le dos cambré, presque vautré sur la table, tu verrouilles de nouveau ton regard dans le sien, allant même jusqu'à faire jouer ta plume sur son menton mal rasé. "Si jamais tu pouvais faire passer le mot à Corban, ceci dit, j'dirais pas non..."

Après que quelques secondes se soient lascivement étirées, tu décides de prolonger encore un peu ton ridicule jeu de séduction, mettant sans doute à mal la maigre patience de ton interlocuteur imbibé. "Qui sait, je pourrais même faire disparaître les compromettantes infos sur ta carrière avortée d'Auror... Echange de bons procédés, tout ça... t'en dis quoi, bogosse ?"

tw: homophobie, sous-entendus sexuels

"Ah ouais ? J't'imaginais pas trop en mode à kiffer aller sur le terrain, à en juger par..." Buck en rougit jusqu'au bout des oreilles, fronçant un peu les sourcils en ayant du mal à prétendre ne pas comprendre ce que sous-entend Boris. "Ouais, 'fin, j'aimais bien avant, quoi, ça va, bon..." bougonne-t-il, embarrassé et pris sur le fait. La réalité c'est qu'il préfère le terrain parce qu'au moins il peut fumer ses clopes tranquille, s'arrêter où il veut pour boire un coup et que prendre de l'air frais fait du bien même aux gros culs comme lui. Rester enfermé pendant des heures et des heures, sous terre en plein, y'a de quoi devenir barjo... Heureusement, Boris l'aide à passer à autre chose et à ne pas se sentir trop self-conscious de son jean trop serré et son t-shirt ayant tendance à se hisser un peu sur son ventre et le bas de son dos. "Mais putain, ouais, les rapports, là, pire truc... Moi j'dis, ça manque d'un troisième larron pour chaque binôme genre... le handler, le hound et le... handwriter ? 'Fin je sais pas, un mec qui se charge de la paperasse, quoi !" Buck renifle. "Always ready to give a hand, uh," marmonne Buck en renchaînant avec une autre remarque désobligeante pour faire bonne mesure.

Indémontable (une qualité qu'il sait particulièrement apprécier chez lui), Boris rougit tout de même en répondant au tac-au-tac: "Ça se voit tant que ça ?" Toujours difficile à dire si il est en train de mytho ou d'être sincère - Buck plisse des yeux, l'ombre d'un sourire tordu sur les lèvres. "Ouais, ouais, un peu quoi." Il ignore si sa réputation a quelques fondements et si les rumeurs à son propos sont vraies; il ignore aussi si il a vraiment envie de savoir. Boris n'est pas trop son genre; Buck préfère ses hommes un peu moins enclins à partager leurs exploits avec d'autres. "C'est pas faute d'essayer de me débarrasser de la Von Bäume, pourtant..." Buck grimace en pensant à Ulrike, qui n'a jamais ri à aucune de ses blagues à son grand malheur (et qui lui a toujours adressé un regard impassible à ses tentatives de drague de moins en moins subtiles). "Mais c'est plus résistant que ce qu'on croit, ces petites choses... Si jamais tu pouvais faire passer le mot à Corban, ceci dit, j'dirais pas non..."

Buck se redresse un peu sur son séant, apportant sa tasse à ses lèvres pour cacher sa moue pensive. Ce langage-là, celui de la négoce et des tours dans la poche, Buck le parle très bien malgré ses allures d'abruti à côté de ses pompes. Le regard languide de Boris posé sur lui, malgré tout, fait tout de même son effet et il carre machinalement des épaules, espérant en dégager les muscles avalés sous la chair fétide. "Qui sait, je pourrais même faire disparaître les compromettantes infos sur ta carrière avortée d'Auror... Echange de bons procédés, tout ça... t'en dis quoi, bogosse ?" Buck s'étranglerait presque sur son café avant de reposer la tasse devant lui dans un petit rire. "Bien tenté, Boris, mais Corban est déjà au courant et t'irais pas user ta petite bouche sur ce genre de rumeurs, hein? Elle est bien trop occupée ailleurs, et t'aimerais pas l'endommager, ce serait dommage." Mieux que tout, Buck sait très bien parler le langage des brutes et des petites frappes. Il lui adresse un clin d'oeil tranquille avant de se laisser aller contre le dossier de sa chaise, croisant les bras sur son torse (de façons à cacher un peu de bedaine, quand même, histoire de) sans lâcher le vampire des yeux. "Si tu me proposes quelque chose de plus intéressant, p'tet bien que je pourrais en parler à Corban, il a de l'ancienne, j'le connais depuis qu'on est p'tiots. Il m'écoutera, c'est sûr." Haussement d'épaules massives et flasques, tremblement de terre le long du torse. "Qu'est-ce que tu mets sur la table, toi, Bobo?" Ou dessous, hein, à ce stade...

Plutôt que de t’envoyer brusquement bouler, Buck se marre dans sa tasse de café saveur whisky. Tu fronces un peu les sourcils, pris au dépourvu. Tu étais davantage habitué aux réponses abruptes, aux élans d’agressivité, particulièrement lorsque tu avais à faire à des handlers ou des loups. Surtout quand tu pensais avoir saisi le profil de Buck. Mais il faut croire que tu te mettais le doigt dans ton œil trop bleu, puisque le butor, au lieu d’écourter la conversation et de partir en trombe, te prouve qu’il a plus d’un tour dans son sac.
"Bien tenté, Boris, mais Corban est déjà au courant et t'irais pas user ta petite bouche sur ce genre de rumeurs, hein? Elle est bien trop occupée ailleurs, et t'aimerais pas l'endommager, ce serait dommage."
Ton sourire a la tremblote mais tu ne t’en défais pas. Le reste de ta carcasse s’exprime pour toi, en se ramassant un peu sur elle-même. Tu te recules un peu dans ta chaise, le sourcil un peu froncé, le regard méfiant, infichu de savoir à quelle sauce tu allais être cuisiné en retour. C’est qu’en y regardant de plus près, bien que le gaillard avait pris du bide et du cerne, il restait très robuste, et la fine peau des jointures de ses doigts était bien abimée.

Pourtant, Buck ne s’emporte toujours pas; et c’est sans doute son calme et cette confiance inattendue qui te fait froid dans le dos. Tu pensais l’avoir désarçonné et acculé dans une position de faiblesse, comme si, l’espace d’un instant, tu avais été suffisamment stupide pour imaginer qu’un handler puisse se sentir menacé par un hound... Tu bafouilles quelques protestations qui s’évanouissent à peine après avoir franchi la barrière de ta bouche, comme si ton souffle d’hémovore, ralenti, ne parvenait pas à les pousser suffisamment loin.
"Si tu me proposes quelque chose de plus intéressant, p'tet bien que je pourrais en parler à Corban, il a de l'ancienne, j'le connais depuis qu'on est p'tiots. Il m'écoutera, c'est sûr. Qu'est-ce que tu mets sur la table, toi, Bobo?"

Tu sens ton hémoglobine viciée déferler dans tes pommettes blafardes. Ton regard un peu dérangeant (et surtout dérangé) continue de l’interroger silencieusement. C’était pas souvent (enfin, c’était surtout jamais) qu’on rebondissait sur tes tentatives d’avance de mauvais goût (hormis Reinir, mais limite, lui, il rebondissait même quand t’avançais rien, so...). Une fois n’est pas coutume, tu restes silencieux un moment (merde, Buck avait trouvé la technique pour te faire taire; répondre à tes avances, encore plus lourdement que toi lmao). Ton attitude, qui était jusque là grossièrement provocatrice, se transforme, et on peut réaliser, à cet instant, que tu n’étais en réalité qu’un sale gamin qui se faisait grave chier dans sa misérable existence, et pourtant trop couard pour véritablement y changer quoi que ce soit.
"Nan mais euh ça va, j’déconnais, j’vais pas laisser tomber Uli, elle s’rait perdue sans moi..." Tu hausses les épaules, souriant pensivement, récurant tes ongles avec le bout de ta plume. "Et pis, ‘faut bien que quelqu’un se sacrifie... t’imagines un p’tit nouveau qui arrive et on le refile dans les pattes à Ulrike? Pire bizutage, moi j’te le dis..." Non parce que si la jeune femme ne riait pas aux blagues de Buck, elle te renvoyait les tiennes en pleine gueule.

Tu baisses le nez sur tes notes (ah ouais, là, bizarrement, tu le zyeutes plus trop trop), succinctes, assez inutiles. "Bah j’crois j’ai l’essentiel, hein: t’es là par piston, tu crois on est le bureau des Aurors, j’pense que Lestrange Rodolphus sera ravi de ce portrait..." Tu roules nerveusement ton parchemin, avant de te raviser, le ré-étales sur la table. "J’sais pas, t’as un truc à rajouter? Genre, un conseil pour tous les ados qui nous regardent," tu fais un ample geste du bras, comme si une foule était de l’autre côté du mur, suspendue à la moindre de ses réponses. "Et qui seraient tentés d’rejoindre cette Brigade, au lieu de la BPM... nan parce qu’on va pas s’mentir, ils servent plus trop à grand chose, hein?"

"Nan mais euh ça va, j’déconnais, j’vais pas laisser tomber Uli, elle s’rait perdue sans moi..." Voir Boris être désarçonné ne devrait pas être aussi agréable: Buck se fend d'un énorme sourire en le voyant se dégonfler comme un ballon de baudruche et avoir la tête de quelqu'un désirant par dessus tout être n'importe où ailleurs. "Et pis, ‘faut bien que quelqu’un se sacrifie... t’imagines un p’tit nouveau qui arrive et on le refile dans les pattes à Ulrike? Pire bizutage, moi j’te le dis... - Y'en a deux-trois d'Handlers du genre, dans l'coin..." approuve Buck en croisant les bras sur sa poitrine et en se laissant aller sur les pattes arrière de sa chaise, sans lâcher le vampire du regard, amusé de le voir esquiver le sien.

"Bon, on a fini?" Il sent bien que l'atmosphère de la pièce est devenue plus pesante, et que leur entrevue court à sa fin: Boris continue de l'éviter, le nez plongé dans ses notes. "Bah j’crois j’ai l’essentiel, hein: t’es là par piston, tu crois on est le bureau des Aurors, j’pense que Lestrange Rodolphus sera ravi de ce portrait..." Buck ricane. "Bah voyons. Tu feras relire ça à Corban avant d'lui envoyer, hein." Au tour de Buck de regarder ses ongles, autrement moins bien entretenus que ceux du Hound face à lui. "Il aime bien savoir un peu tout c'qui s'passe dans son bureau." Et dans ma vie, pourrait-il ajouter. My ex not ex is stalking me after 10+ years, help?? avait été l'une des premières requêtes de Buck sur sa nouvelle boule de cristal quand Stevie l'avait aidé à la configurer, Noël dernier.

"J’sais pas, t’as un truc à rajouter? Genre, un conseil pour tous les ados qui nous regardent." Buck rit en s'imaginant porte-parole de la VB. "Et qui seraient tentés d’rejoindre cette Brigade, au lieu de la BPM... nan parce qu’on va pas s’mentir, ils servent plus trop à grand chose, hein? - Ouais, j'sais pas toi, mais j'aimerais pas avoir à donner des prunes aux bouffons qui savent pas garer leur balai ou qui font des sorts interdits dans la chambre à coucher." Buck aurait voulu être Auror, pas officier de la police municipale; et Handler, pas petit chien soumis aux envies de Travers. Celles de Yaxley étaient déjà suffisamment louches... "Je n'ai rien d'mieux à dire à notre chère audience que ce que le Ministère leur répète généreusement chaque jour." Buck se lève et reprend sa tasse de café-whisky nauséabond, se penchant au-dessus du bureau jusqu'à presqu'envahir l'espace de Boris, riant face à son mouvement de recul. "Si vous n'avez rien à cacher, alors vous n'avez rien à craindre." Il se redresse et s'étire en grognant après avoir adressé un clin d'oeil au vampire. "Allez, ciao mon beau, on se revoit dans les vestiaires," siffle-t-il avant de vite quitter la pièce, redoutant déjà d'entendre Corban lui tanner les oreilles à propos de cette histoire de bureau des Aurors...