Gabriel se lève avec un mal de crâne intense. Il ne sait pas combien de temps il a dormi, mais pas beaucoup. La veille, il est allé retrouver Herbert pour une soirée entre mecs qui ne peuvent plus se voir autant qu’ils le peuvent. Depuis que l’algorithme a révélé le fait qu’il est à demi-vélane, chose qu’il s’est toujours fait un devoir de masquer aux yeux des autres, sa vie a drastiquement changé. Sa première action a été de rejoindre l’Ordre afin de ne pas devenir un larbin du gouvernement. Hors de question pour lui d’être réduit à ramasser la crasse des idiots de sang-purs. Hors de question de devenir un moins que rien et d’être constamment rabaisser. Il se sait bien meilleur que bien des sorciers qui ne sont pas qualifiés d’hybride. Il a donc été obligé de fuir. Laissant derrière lui des études qui ne le motivaient pas, des soirées à faire la fête à jusqu’à pas d’heure, sa garçonnière à Londres, mais surtout, son meilleur ami qui a décidé de ne pas prendre part au conflit. Gabriel ne lui en a jamais voulu, il aurait même été surpris du contraire. Le potionniste a de la difficulté à choisir quelle paire de chaussettes mettre, alors lui demander de prendre part à une guerre, c’est un peu trop lui demander. Ils réussissent toutefois à se voir une fois de temps en temps et c’est toujours dans l’abus qu’ils terminent leur soirée. Même s’il a de la difficulté à se lever le lendemain, il ne refuse jamais du temps avec Herbert. Parce que c’est lui qui lui permet de survivre au chaos que ce stupide sortilège lui a imposé. Lui et Sinead. Il a fait la rencontre de la belle à son arrivée à la résistance et il a aussitôt été attiré par elle. Sans parler de coup de foudre, ils ont bien accroché. Elle n’a rien à avoir avec toutes les filles qu’il a pu fréquenter. Elle, c’est une femme bien assumée qui sait ce qu’elle veut. Il s’amuse bien avec elle, même s’ils passent beaucoup de temps à s’invectiver. Leur caractère respectif n’est pas du tout compatible, mais pourtant, il ne peut s’empêcher de constamment retourner vers elle. Herbert dit qu’il devrait laisser tomber, qu’il va se faire du mal à force de côtoyer le feu et il a sans doute raison, mais un aimant invisible l’attire à elle. Si bien, qu’il ne peut plus s’en passer.

Il regarde l’heure et grogne. Il va être en retard au rendez-vous qu’il a donné à Sin. Après une semaine particulièrement occupée, il s’est dit que ça lui ferait du bien un peu de détente. Il baille à s’en décrocher la mâchoire, mais il ne veut pas la faire attendre. Il a très hâte de voir sa dragonne de copine, même si leur dernier échange ne s’est pas très bien terminé. Il se dit qu’après une semaine, ça sera passé. C’est toujours la même histoire de toute façon. Ils se voient, s’embrassent, baisent, se caressent, s’engueulent, boudent, réfléchissent et se revoient comme si de rien était quelques jours plus tard. Il enfile des vêtements convenables, puis il boit d’un trait un litre d’eau. Il se rend à leur lieu de prédilection. Une cabane délabrée dans un bled pourri d’Écosse. Alors qu’il pousse la porte, il entend le vocabulaire bien senti et orageux de Sinead et il n’a aucun doute qu’elle s’adresse à lui dans le vide. Il pouffe de rire en secouant la tête se demandant ce qu’elle lui reproche. Encore. Il se racle la gorge pour signaler sa présence. Il croise les bras et s’accote sur le cadre de la porte branlante, attendant ses accusations qui ne tardent pas à venir. Il ne peut s’empêcher de sourire alors qu’elle lui crache son venin dessus. Il la trouve tellement sexy quand elle est en colère. Il est d’avis que l’étirement du coin de ses lèvres va empirer les choses et ne va qu’attiser l’énervement de la lionne, mais Gabriel ne voit pas du tout de quoi elle parle. Quand elle a fini, ses sourcils se soulèvent et il décroise les bras. Il s’avance doucement dans la pièce. "Je suis content de te voir aussi."Qu’il répond pour toutes excuses d’une voix amusée, mais aussi agacée. Il a certainement déjà été mieux accueillit que ça. "Ça va peut-être te surprendre, mais non, j’ai aucune idée de quoi tu parles." Il a beau réfléchir, franchement, il ne sait pas du tout à quoi elle fait allusion.

Gabriel se serait bien passé de la mauvaise humeur de sa belle ce matin-là. Il n’a aucune envie de se disputer. Il a mal à la tête, il a faim et il veut dormir. S’il avait su que Sinead était dans cet état, il ne se serait pas donné la peine de se lever. Vraiment, il n’a pas besoin de ça. Surtout pour un truc dont il ignore la raison. Il n’a vraiment pas envie de jouer aux devinettes. Il le fait bien remarquer à la rousse qui semble vraiment le prendre pour un demeuré. Il s’approche d’elle avec l’envie de la toucher et tenter de la calmer, mais les yeux accusateurs et noirs qu’elle pose sur lui, le fait vite changer d’idée. Il prend plutôt place sur le vieux canapé moisi qui trône au milieu de la pièce. Sin ne tarde pas à lui mettre sa faute sous le nez et il ne peut s’empêcher de rouler des yeux. Elle est vraiment sérieuse? C’est parce qu’il a été vu avec une autre femme qu’elle est dans tous ses états? Dans un sens, il trouve ça presque charmant qu’elle veuille se l’accaparer, elle qui se dit si indépendante. Dans les faits, ça l’emmerde. "T’es vraiment sérieuse. C’est pour ça que t’es en colère? Parce que j’ai osé parler à une autre? Je ne savais pas que j’avais pas le droit." Il ne nie pas. Il n’a aucune raison de le faire, mais son sarcasme sort avec violence et il la toise du regard. Ils savent tous les deux que ce qui s’est passé avec cette fille a été beaucoup plus loin qu’une simple discussion et une main dans le bas des reins, ça été même une nuit plutôt agréable, même s’il ne souvient pas du prénom de sa partenaire d’un soir. Il n’a toutefois pas le culot d’aller dans les détails. Il n’a surtout pas l’intention de se laisser faire juste parce que c’est une furie. Il n’a absolument rien à se reprocher et elle le sait très bien.

"Et moi? Tu crois que je m’attendais à me prendre une crise de fillette de quinze ans avec une femme supposément plus mature? " Ça le met en colère qu’elle insiste sur le fait qu’il soit plus jeune qu’elle alors que ça n’a jamais été quelque chose qui a ralenti leurs ardeurs. Ça n’a jamais été quelque chose d’important à ses yeux et il croyait que c’était aussi le cas de la rouquine. Ils se sont toujours fichés de ce que les autres pensent. Ils n’ont jamais vu de clash entre eux à propos de leur âge. Pourquoi en faire un tout un drame maintenant alors que ça n’a aucun rapport dans ce qu’elle lui reproche? "Et c’est moi l’immature qui sait pas ce qu’il veut? J’te signale que c’est toi qui refuse qu’on officialise! Tu peux pas m’en vouloir d’aller voir ailleurs alors que c’est toi qui l’a suggéré. " Ça le dépasse d’avoir ce genre de dispute avec elle. Il a l’impression d’être retourné à Poudlard et de se retrouver entre deux filles qui se disputent son attention. Il a déjà donné dans les crises de jalousie et il l’a croyait au-dessus de tout ça. Oui, il aimerait qu’ils deviennent un couple, qu’ils soient exclusifs, mais l’aventurière lui a bien fait savoir que ça n’irait jamais plus loin que le sexe et il respecte ça. Alors, elle aussi doit respecter qu’il puisse s’amuser ailleurs. "Je suis supposé faire quoi Sin? T’attendre comme un con que tu te décides à me faire confiance?" C’est presque ça qu’elle lui demande en fait. Qu’il ne fasse plus rien pendant qu’elle est partie en mission sur le Tempest avec des dizaines d’autres hommes et femmes.

Gabriel se redresse légèrement alors qu’il vient de toucher dans le mille. La rouquine ne sait pas quoi répondre, elle qui a la langue bien pendue et qui répond habituellement du tact au tact. Il est même surpris qu’elle ne se batte pas plus que ça et qu’elle s’écrase de la sorte. Il n’est pas fier, mais au moins, ses paroles semblent faire comprendre à Sinead qu’elle réagit comme une adolescente et que sa crise n’a pas lieu d’être. D’accord, il n’a pas aidé à la calmer et il l’a plutôt attisée en lui répondant franchement et sarcastiquement. Seulement, il veut qu’elle comprenne que ce genre de crise de gamine le fait chier et qu’il n’a pas besoin de ça. Ils n’ont pas besoin de ça. Jusqu’à maintenant, tout allait bien. Il n’y avait jamais eu de jalousie ou d’attachement. Ils ne l’ont jamais dit à voix haute ou explicitement, mais c’est clair qu’ils ne sont pas un couple, même dit ouvert. Ils se voient régulièrement, certes, mais il n’y a rien de sérieux. Jusqu’à maintenant, Gabriel croyait que c’était clair. Il apprécie la belle lionne. Il se sent vraiment bien avec elle. Il aime sa fougue et sa détermination. Il aime qu’elle n’aille pas peur de dire ce qu’elle pense et qu’elle partage ses opinions. Il aime qu’elle le confronte avec son petit sourire taquin. Il aime qu’elle ne soit pas à ses pieds. Il aime son côté indépendant, mais ce dernier semble lui faire défaut tout à coup. Elle a toujours été très claire que la liberté était importante pour elle et qu’ils ne se doivent rien. Qu’ils sont adultes et qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent chacun de leur côté. Alors pourquoi cette jalousie qui sort de nulle part? "Mais!" Il lève les bras en l’air, dépassé. "Tu m’as jamais demandé de te prouver quoi que ce soit! Putain! C’est quoi cette crise tout à coup, j’te comprend pas."Il se prend la tête et donne un coup de pied dans le mur, qui laisse une craque dans le gypse. D’accord, il ne se prive pas. C’est vrai que dès qu’il y a une occasion, il saute dessus. Il réfléchit rarement dans ces moments. Il pense à lui et à s’envoyer en l’air. Ça ne signifie pas qu’il ne tient pas elle. Il veut juste s’amuser et passer du bon temps. Jamais, il n’a pas pensé que ça pouvait la blesser. Parce qu’elle ne lui a jamais donné cette impression. Il n’a jamais décelé un sourire quand il lui disait, mais elle ne lui posait pas de question et ils en restaient là. Il n’avait aucun compte à rendre, ils passaient vite à autre chose et se concentraient sur eux et sur le moment présent. C’était parfait comme ça.

Mais cette attaque soudaine change la donne. Quelque chose s’est brisée. Il est porté à dire que la confiance a été brisée, mais il n’y a jamais été question de confiance. Ils ne se sont jamais rien promis. Il a toutefois l’impression que s’ils ne règlent pas leur différend maintenant, s’en est fini d’eux. Peu importe ce que « eux » signifie. Sous la tension de la conversation, il ne se rend même pas compte qu’elle vient d’admettre qu’il est le seul et qu’elle n’a vu personne depuis un moment. "Non. Non j’laisse pas tomber. On est là, là. Dis-moi franchement ce que tu as sur le cœur, une bonne putain de fois pour toutes!" Son visage est sévère et il l’affronte de ses yeux sombres. Il croise les bras alors qu’elle se prend un verre d’alcool. Il veut savoir ce qu’elle pense. Il veut connaitre la raison de sa crise inhabituelle. Il veut comprendre pourquoi elle agit de la sorte. "C’est quoi? T’as honte? Tu penses que j’te mérite pas parce que je suis plus jeune? T’as rencontré quelqu’un d’autre? T’en a marre de moi?" Il émet des hypothèses pour la faire réagir. Pour qu’elle lui réponde. Pas question qu’il laisse tomber et qu’il l’a laisse s’en sortir alors qu’elle vient de lâcher une bombe.

Il se rend bien compte que Sinead n’est pas dans son état normal et que quelque chose cloche chez elle. Et l’alcool qu’elle boit comme de l’eau n’est pas en cause. Elle a perdu de sa vivacité et de son mordant. Si elle est rentrée dans leur repère comme une tornade, il ne reste plus grand-chose de cette tempête. Quant à Gabriel, il réplique avec rage, l’accuse, l’attaque, la pointe du doigt, mais elle ne lui répond pas. Tout à coup, elle est muette et n’a plus rien à dire. Elle s’écrase et s’esquive. Elle est silencieuse et s’en est presque épeurant. Pourtant Gabriel ne lâche pas le morceau et il ne se calme pas. Ça l’énerve probablement d’avantage qu’elle ne lui offre aucune résistance et aucune explication sur son comportement de gamine. Comme si elle abdiquait. De leur dispute? D’eux? Il sent son cœur cogner dans sa poitrine alors qu’il la fixe de ses yeux perçants tentant de comprendre ce qui se passe, ce qui vient de changer. Il attend qu’elle ose le regarder, qu’elle l’affronte, mais ses yeux ne viennent jamais à lui. À sa surprise, ça lui fait mal de penser que peut-être, elle en marre de lui et de ce qu’ils ont pu partager. Gabriel n’est toutefois pas du genre à laisser tomber sans se battre. Sans connaitre la vérité. Il revient à la charge et lance des questions au hasard en espérant qu’une de ses suppositions atteigne sa cible et fasse réagir la rouquine.

Un sourcil se lève alors qu’enfin elle ouvre la bouche pour réfuter ses hypothèses. Sans toutefois réussir à mettre les mots justes sur ce qu’elle pense. L’homme ressent un certain soulagement, même si sa colère est toujours palpable. Il penche la tête attendant la suite. Si ce n’est pas qu’elle a honte, qu’elle en a marre ou qu’elle a quelqu’un d’autre, de quoi il s’agit? Le verre que Sinead tient à la main s’écrase au sol et il réagit à peine. Il croise plutôt les bras et continue de la fixer. Qu’est-ce qui l’a met dans cet état? Il y a quelque chose de plus que le simple fait qu’il a été vu en charmante compagnie. Il soupire alors qu’elle se referme encore plus sur elle-même. Il ne veut pas craquer et lui donner raison parce qu’il ne croit pas avoir fait quelque chose de mal, mais il n’aime pas la voir comme ça. Surtout par sa faute. Il l’entend murmurer. d'habitudejm'enfichemaisaujourd'huiçam'afaitmal. La phrase est à peine audible, elle est dite d’un seul trait, mais le demi-vélane réussi à parfaitement la saisir. Sa colère descend d’une traite et il retient son souffle. Il se mord les lèvres et ferme les yeux. Il aurait dû comprendre. Il aurait dû s’en douter qu’un jour ça finirait par arriver. Que cet arrangement mutuel n’allait plus plaire à l’un d’eux. Il n’aurait pas pensé que ce serait Sinead qui flancherait en premier.

Il ne sait pas comment réagir. Il est touché qu’elle tienne à lui, jusqu’à lui faire une scène malgré qu’elle ait toujours clamé haut et fort son besoin d’indépendance, mais qu’est-ce que ça signifie pour la suite? Est-ce que c’est ce qu’il veut? Il ne l’a pas quitté du regard et un sentiment d’impuissance le submerge. Il décroise les bras et s’approche d’elle, en faisant attention de ne pas marcher sur la vitre éparpillée sur le plancher. Il s’assoit à ses côtés et passe un bras autour de ses épaules pour l’attirer à lui. "J’suis désolé. Je…j-savais pas. Je savais pas que tu voyais personne d’autre." C’est vrai qu’il n’a jamais posé la question. Il a juste toujours supposé qu’elle a plusieurs prétendants et qu’elle s’amuse comme lui. "Je voulais pas t’blesser. C’est la dernière chose que j’veux. Je tiens beaucoup à toi. J’veux pas que tu penses que je me fiche de toi ou de nous." Il ne veut pas que ça se termine. Il l’apprécie. Beaucoup plus qu’il ne l’imagine. "J’aime ce qu’on partage. Les autres…je sais même pas leurs noms. J’ai déjà oublié la couleur de leurs cheveux et pas fait attention à leurs yeux. Elles sont rien. Mais, pas toi." Un sourire s’établie sur ses lèvres. Il parle sans réellement savoir ce que ça signifie ou s’il est en train de faire une déclaration. Mais, il se rend compte qu’il sait ce qu’il veut.

Il la regarde et il ne peut s’empêcher de la trouver belle. Alors qu’elle affiche un air pensif qui n’est pas habituel. Ses longs cheveux roux qui lui cachent la moitié du visage. Sa mine déconfite et presque perdue par la révélation qu’elle vient de lui lancer dans un souffle timide. Elle a l’air fragile, démunie, même honteuse. Alors qu’il n’y a aucune raison de l’être. Il aime qu’elle ose enfin montrer son côté vulnérable. Il aime qu’elle s’ouvre et qu’elle lui fasse part de ses sentiments. Les siens viennent d’exploser d’un seul coup. Il ne peut s’empêcher d’afficher un sourire niais alors qu’elle se refuge dans ses bras lorsqu’il vient la retrouver sur le canapé. C’est à ce moment qu’il se rend compte que lui aussi tentait de dissimuler ses sentiments, de faire comme s’ils n’existaient pas. Parce que ce n’est pas ce qui était prévu. C’était très clair au départ de leurs fréquentations que ça ne serait jamais plus. Et au contraire de la belle, il a continué de voir d’autres personnes comme pour se prouver qu’elle n’était rien de plus, qu’elle était comme les autres et qu’elle était tout à fait remplaçable. Il doit se rendre à l’évidence qu’il avait lui aussi tout faux. Il ne pensait qu’à elle. Il ne pensait qu’à leur prochain rendez-vous, à la prochaine pique qu’elle lui lancerait, à leur prochaine joute verbale, leur prochain fou rire, leur prochaine clope partagée, leurs prochaines caresses. Il se sent con de ne pas avoir été honnête avec lui-même et avec Sinead. Ça leur aurait évité cette dispute. Quelque part, il avait sans doute peur de tout gâcher et de la perdre. C’est plutôt ses autres aventures d’un soir insignifiantes qui risquent pourtant de tout briser. C’est le temps de dire les choses, de dire lui aussi comment il se sent.

Ses excuses sortent toutes croches. Ses sentiments sont un fouillis, mais il dit ce qu’il ressent. Les paroles semblent toutefois faire leur effet. Le corps de Sin semble se détendre. Il resserre son étreinte sur les épaules tremblantes de la jeune femme. Il veut lui montrer avec toute la chaleur de son cœur que c’est elle. Depuis la première fois qu’ils se sont regardés, c’est elle. Il n’y a aucune autre qui a envahi sa tête autant qu’elle. Jamais. Il a du mal à le comprendre d’ailleurs. Parce qu’ils sont très différents et qu’elle n’a rien d’une petite-amie typique. Elle est impulsive, vindicative, indépendante et crue. Elle est forte, débrouillarde. Elle sait se servir de ses mains autant pour les poings que les travaux manuels. Elle est grognonne, impatiente et vive. Mais, elle a trouvé son cœur et au final, c’est le plus important. "Je ne me force pas. Pas du tout. Je veux être avec toi." Oui, c’est vraiment ce qu’il veut. Il est en certain à présent que tout a été dit à voix haute. Impossible d’esquiver. "C’est moi qui a été stupide de continuer à flirter alors qu’il n’y en avait déjà une dans ma tête." Il tourne la tête vers elle, se penche légèrement pour aller trouver son regard de miel qui le fuit. "Ça me plait moi aussi ce nous." Il hoche la tête pour confirmer ses dires. Oui, vraiment. Il veut essayer. Il pense que ça vaut le coup. "Alors on va apprendre ensemble. Tu veux?" Il lui sourit tendrement avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Il découvre une nouvelle émotion : être amoureux. Ça ne lui est jamais arrivé. Il n’a jamais eu de copine stable, « officielle ». Il ne sait pas non plus comment s’y prendre, comment il doit agir, mais il veut apprendre avec Sinead. "On s’en fume une? La première en tant que couple?" Il rigole. Ça lui fait drôle ce mot. Il ne la jamais utilisé pour lui, mais il aime bien. Il sort une cigarette de sa poche, allume une flamme sur sa baguette et prend une taffe. Il tend la clope à Sinead avant de lui voler un tendre baiser. Il sait que dans quelques minutes, ils vont sceller leur nouvel accord de la plus belle des façons.