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La lumière caressait sa peau diaphane, frôlant ses bras jusqu’à ses hanches, touchant doucement ses jambes emmêlées dans les draps immaculés. Ses cheveux roux contrastant avec le soleil qui se reflétait dans la pièce, sa respiration était douce, régulière. Jamais le pays des rêves n’avait semblé plus tendre qu’en l’observant ainsi, sereine, en sécurité, assoupie et enfermée dans d’autres univers où ses souhaits s'exaucent à tous les coups. La valse lente de son corps qui bougeait d’un côté à l’autre du lit, dévoilant désormais d’autres détails de son anatomie, laissant courir contre l’épiderme quelques mèches éparses. Elle s’étirait, le sommeil volé par les éclats de lumière dans la pièce. C’est l’odeur caractéristique de son amant qui la frappa alors, lui rappelant avec délice que depuis quelques années déjà, elle répondait au doux nom de Ginny Potter.

Elle s’était levée, encore un matin où la vie semblait rayonner en lui offrant la vue la plus tendre du monde, que son compagnon attelé à lui prodiguer un délicieux petit déjeuner. L’odeur était divine, et elle s’imaginait déjà à table face à lui, se noyant dans ses yeux émeraudes, comme à chaque instant qu’elle pouvait en profiter. Le regard tombant sur ses épaules dénudées, elle s’émut presqu’à se souvenir qu’il était à lui.

Son prince charmant. Son sauveur. Celui qui a survécu pour vivre le restant de ses jours avec elle.

La nausée la terrassa presqu’au sol alors qu’elle avançait. Un réflexe, portant sa main au ventre, lorsqu’elle se souvint de sa condition. Elle allait être mère. Dans son ventre grossissait le fruit de leur amour. A cette pensée, elle dû se cacher dans les toilettes de leur maison pour subir les désagréments du petit être qui grandissait en elle. Elle était persuadée que c’était un garçon, aussi fort et courageux que son père.

Nouvelle nausée. Valait mieux qu’elle se rafraîchisse avant de retrouver l’amour de sa vie.

“Hi love.” Son sourire qui s’étire, lui offrant, quoi qu’on puisse en dire, une mine rayonnante : Harry faisait ressortir le plus beau en elle. Et se réveiller proche de lui, le matin, était sa plus grande source de bonheur ces derniers temps. Ca, et probablement les étreintes charnelles qui lui offrait de jour comme de nuit, au gré de leurs envies dévorantes, puisqu’il chérissait leur vie plus que tout au monde. “Slept well?” Ses doigts s’approchèrent de sa peau, comme pour s’assurer qu’il était bien là, et de poser, là, la singulière ressemblance de leur carnation, comme fait pour se fondre l’un avec l’autre, l’un dans l’autre. En décomposant de son regard le corps de son amant, elle s’émerveilla encore une fois de la dualité fascinante que leur mèches volages offraient : pas de balance, le noir et le blanc, le bien et le mal, jamais de gris entre eux. C’était fort ou terrible. Dramatique ou fantastique. La encore, elle était ravie de voir qu’ils avaient su s’aimer et non se haïr. Parce qu’Harry était la plus belle chose qui lui était arrivée.

Il se tourna vers elle, et Ginny s’inquiéta presque d’une ride qu’elle ne lui connaissait pas. Le dévisageant, il se pencha vers elle pour l’embrasser, comme chaque matin. Mais Gin recula. Les sourcils froncés, elle chercha ce qui avait changé sur son visage, sans réussir à trouver ce qui la perturbait. “Did you…” Posant sa main sur sa joue, le sourire de son mari lui permit de se relâcher un peu. “Nevermind.” Et il déposa ses lèvres sur les siennes, lui offrant ce goût réconfortant lorsque leurs langues se rencontrèrent : cette sensation paisible de se sentir chez elle.

Vraiment?

Pas vraiment. Parce qu’elle cherchait toujours pourquoi elle était si perplexe. Qu’est ce qui la dérangeait tant sur le visage d’Harry pour qu’elle vive si différemment ce baiser ? La goût amer d’une question sans réponse s’imposa entre eux et le repas préparé avec amour. Sur un tableau, ils paraîtraient parfait sans le froncement de sourcils de la rouquine.

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C'est une belle journée aujourd'hui.

Le soleil brille et Harry a le coeur léger.

Tous les jours, le soleil brille et Harry a le coeur léger. Mais aujourd'hui est un jour différent. Harry a une bonne impression, en se levant ce matin-là. Le soleil brille plus fort, et son coeur n'a jamais été aussi léger, prêt à s'envoler semblerait-il. Comme tous les jours quand il ouvre les yeux et contemple le visage assoupi de sa femme, il sent un grand sourire s'étirer sur ses lèvres, et son estomac faire un bond dans son ventre - un bond de bonheur, un bond de soulagement, un bond d'apaisement.

Il l'aime tellement, après tout, et l'amour ressemble à ça: des bonds et des papillons, des sourires et des longues journées languides, des soleils qui brillent fort et l'odeur délicieuse du petit-déjeuner pour la réveiller le matin.

Harry est un mari aimant, attentif, passionnel, affectueux. Bien sous tout rapport. Il n'est jamais en retard, il se souvient de toutes les dates importantes, il est fin prêt à être père, il s'assure chaque jour de rappeler à Ginny combien elle est importante, chérie, aimée. Il a un bon travail (même si ça importe peu dans quoi il travaille), il est ami avec tous les voisins du quartier (même si ça importe peu qui sont ces voisins), il a toujours un sourire pour tout le monde (même si ça importe peu qui est ce tout le monde). Il est parfait, parce que Ginny l'inspire à être parfait. L'amour qu'elle lui porte, et l'amour qu'il lui porte en retour, est la chose la plus pure qu'il ait jamais connue. Peu de gens sont aussi chanceux qu'eux qui se sont trouvés envers et contre tout, contre tous, et qui filent l'histoire la plus délicieusement heureuse de tous les temps.

Harry est heureux, et aujourd'hui est une bonne journée. Il serait tenté de rester au lit mais il veut lui faire la surprise (comme tous les matins) de lui préparer à manger alors, après avoir tiré un peu la couverture sur son épaule constellée de tâches de rousseur, il quitte la chambre pour la cuisine après avoir sauté dans des sous-vêtements. Bien vite, leur belle maison est remplie de cette odeur délicieuse (tout est délicieux, ici) de petit-déjeuner. Il ne les prive de rien, sifflotte un peu - mais pas trop fort - derrière les fourreaux, une mélodie qu'il oublie dès qu'elle quitte ses lèvres.

“Hi love.” Le sourire béat sur ses lèvres s'étire, même si il ne se retourne pas, tout consacré qu'il est à son oeuvre. "Hi, darling. - Slept well?” Il rit un peu, comment ne pas bien dormir à ses côtés? "Like a stone." Il ne se souvient pas de ses rêves - il ne se souvient jamais de ses rêves - mais il ne doute pas une seule seconde qu'ils étaient remplis d'elle, de son sourire, de ses grands yeux clairs, de ses tâches de rousseur, de ses longs cheveux roux, de son ventre s'arrondissant un peu plus chaque jour. Elle effleure la peau nue de ses côtes et Harry se tourne vers elle, surpris qu'elle se soit approchée silencieusement, mais heureux aussi - elle n'est jamais assez proche de lui à son goût, chaque séparation une véritable torture pour lui.

Une véritable torture.

Peut-être qu'il a rêvé cette nuit, mais il y avait du noir, et il y avait des yeux rouges, et il y avait une boîte, et il était dans cette boîte, et il avait peur et-

Mais non, il ne rêve pas. Des fois, il oublie qu'il ne rêve pas.

Harry se penche pour embrasser sa femme, avec un plaisir évident, le coeur léger, la peau réchauffée par le soleil qui brille à travers la fenêtre. “Did you…” Le sourire sur les lèvres de Harry s'agrandit, et il arque les sourcils en l'incitant silencieusement à continuer, interloqué par l'ombre qui passe sur le visage de Ginny. “Nevermind.” Il ne se pose pas plus de question que ça, n'insiste pas, et se contente de l'embrasser.

Les baisers qu'ils échangent sont indescriptibles et remplissent Harry d'un bonheur notable et gigantesque, presque renversant dans son intensité. "I love you," souffle-t-il contre sa bouche, comme tous les matins, comme après tous les baisers, tendres ou passionnels, comme une signature connue d'elle seule. Il se recule à peine pour la regarder, balaye son beau visage des yeux, sourit d'autant plus. "Look at you, you're so beautiful." Une main se pose sur sa hanche, la caresse lentement en se glissant dans son dos, la presse contre son flanc. "I'm the luckiest man there is." Il embrasse sa pommette, près de son nez, avec un plaisir évident.

"I made your favourite. Blueberry pancakes, freshly pressed orange juice, beans." Il lui montre, plutôt fièrement, ce qui est en train d'être cuisiné, sans pour autant la lâcher, son bras enroulé autour d'elle comme une liane. "A great way to start the day." Harry n'a de cesse de sourire, elle le rend si heureux après tout, et se tourne vers elle. Incapable de résister à ses lèvres, il revient les embrasser rapidement. "I have a good feeling about today. Don't you?"

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Elle devait reconnaître qu’aussitôt dans sa grossesse, elle n’aurait pas imaginé ressentir autant l’être qui grandissait dans son ventre. Les mouvements, les tressaillements, le hoquet répété, les galipettes de bonheur, les mains qui appuient tantôt sur sa vessie qu'à travers sa peau. Elle en avait rêvé, d’être mère auprès d’Harry, et c’était mieux que ce qu’elle imaginait.

N’est ce pas ?

Pour être transparente, Ginny n’aimait pas vraiment être enceinte. Avoir quelque chose entre elle et son mari la mettait mal à l’aise.

Vraiment ?

La sensation n’était pas des plus agréables. Elle n’avait plus vraiment l’impression d’être elle-même. Presque comme si elle était possédée.

Possédée.

Le journal lui vint en tête. Elle n’avait pas récupéré le journal sur le palier. Peut être qu’Harry l’avait fait ? Elle jeta un oeil sur la table basse du salon, et elle le vit, encore plié, c’était elle qui le lisait toujours en première, puis il prenait le temps de faire les mots croisés. Souvent, il ne finissait pas, et elle les terminaient aux toilettes quand les nausées ne voulaient pas disparaître, ça l’occupait.

Harry a une voix douce. Elle est rassurante, et souvent, elle suit la même cadence que le rythme de son coeur. C’est apaisant. Comme si un métronome l’aidait à la calmer. Sans lui, elle s’imaginait souvent exploser.

Exploser.

Elle cligne les yeux, et Harry lui dit qu’il l’aime. Ca coule contre sa langue si facilement qu’elle s’interroge sur la sincérité de ces trois mots : Ginny ne s’est jamais demandé s’il mentait, ou s’il se trompait, jamais, parce qu’elle ressentait la même chose avec une intense vérité. Et pourtant, la question se glissa doucement pour la torturer. Comme la grossesse avait un effet étrange sur elle : c’était donc ça, les montées d’hormones ? Elles rendaient tout étrange, elles bouleversaient les mondes pour les faire chavirer ? Etait-ce le test ultime pour s’assurer qu’elle était attachée à vie à lui, qu’ils étaient fait l’un pour l’autre, à jamais, prêt à accueillir une autre vie pour les rendre encore plus heureux ? Peut être.

Ce matin là, Ginny ne se sent pas belle. Encore moins désirable, ou appréciable. Mais parce que l’image perdrait de son parfait, elle pose un sourire mélancolique sur son visage, et confirme à son mari que tout va bien, en se détachant de lui doucement après une caresse sur son visage. Ses doigts la picotent un peu, et elle met cela sur le compte de l’électricité statique. “Thank you my love, it’s perfect, I love…” Elle vacille presque jusqu’à sa chaise alors qu’elle allait lui transcrire de ses mots tout l’am… Par merlin, cet enfant serait sa perte. Elle doit se saisir du bois de la table immaculé pour ne pas flancher et trouver son visage contre le sol. Elle clôt ses yeux quelques instants et tente de se concentrer pour respirer. Comme des flashs, elle est aspirée dans une spirale de colère qu’elle ne connaît pas. C’est comme si ça frappait son corps de l’intérieur, tempête avalée au petit déjeuner, qui l’assomme, la forçant à croiser le regard d’Harry. “Sorry, hum, yes, I just need to eat your fabulous breakfast and I’ll be ready to enjoy our weekend.” Ses lèvres se tirent pour retrouver la tendresse habituelle qui se dessine sur sa bouche. Il dépose les mets devant elle, et comme une habitude, elle caresse son bras pour qu’il reste plus longtemps collé à elle. L’odeur, non pas des pancakes, mais bien de son amant, la perturbe.

Les hormones. Ce sont les hormones.

Tout de même.

“New shampoo?” Elle tend son cou pour le regarder avec un sourire. Peut-être était-ce cela qui perturbait son odorat ? Après tout, elle était bien vite perturbée ces derniers temps. “You smell… Different. But you’re still a delight, love.” Il était bien possible que cela ne vienne que d’elle. Elle se garda bien de lui dire qu’elle préférait l’ancien, si jamais il avait changé, parce qu’elle n’aimait pas tellement la nouveauté, Ginny. Avec appétit, elle plongea une fourchette dans le plat, avant de la porter à ses lèvres : délicieux. Le jus, cependant, brûla un peu la gorge de Ginny. “I think I can’t drink that anymore… I’m too nauseous right now. But thanks, it’s perfect. Wanna taste it, love?” Elle lui offre une fourchette, souriante, partageuse, et le tableau aurait été parfait si le carmin n’était pas de la partie : le long de la chaise, il coule, pour perler lentement sur le parquet doré.

Ni l’un, ni l’autre ne voit alors le rouge colorer leur moment partagé.

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Ce matin-là, comme tous les matins, Ginny est magnifique et Harry est heureux - et parfois, rarement mais parfois, c'est tout ce qu'il faut pour passer une bonne journée et entamer une belle tranche de vie. Le raisonnement de Harry ne va pas plus loin. Ne peut pas aller plus loin - parce que si il s'aventure à penser à autre chose, à se projeter trop loin dans l'extérieur et le futur, il perd le fil et la chaleur dans sa poitrine se transforme en poids qu'il doit porter partout où il va avec lui. Et ça, ça, ce n'est pas ce que Ginny mérite.

Non, Ginny mérite le monde entier. Et Harry est prêt à le lui offrir sur un plateau, si elle le désire. Il est prêt à tout pour elle, pourrait lui construire des cathédrales, lui écrire des romans entiers, composer des symphonies en son honneur, l'attendre pendant des siècles. Il le lui a dit dans ses voeux de mariage: I will love you until the day after forever.

Et même quand ses sourires sont tristes, même quand le fait qu'elle détache sa main de sa peau provoque des frissons désagréable sous sa peau. “Thank you my love, it’s perfect, I love…” Harry ne note même pas son hésitation, répond un simple "Me too!" plein de joie en rassemblant la nourriture dans une assiette pour elle, le coeur léger. Il ne voit pas tout de suite son trouble, la surprenant juste dans une position vulnérable quand il se retourne. Une panique inquiète explose dans sa poitrine sans qu'il ne s'y attende. "Ginny, are you o-- - Sorry, hum, yes, I just need to eat your fabulous breakfast and I’ll be ready to enjoy our weekend.” Harry cligne des yeux, et la panique disparaît, le sourire revient en voyant le jumeau sur les lèvres de sa femme. "Alright." Il s'approche et dépose son assiette devant elle, et des plats avec les restes. Il s'attarde un peu près d'elle et embrasse la couronne rousse de ses cheveux avant de venir s'asseoir à ses côtés, son sourire béat toujours aux lèvres.

“New shampoo? - Hm?" Harry se tourne vers elle sans comprendre, mais toujours en souriant. Il n'a pas d'assiette devant lui - il ne mange pas - et s'était perdu dans ses pensées en la laissant se réveiller. “You smell… Different. - Oh..." Il rougit un peu, mal à l'aise soudainement. "But you’re still a delight, love.” Harry a un sourire d'excuse. "I'm glad then." En revanche, il ne sait pas véritablement de quoi elle parle - il n'a pas changé de shampoing... ou si? Il ne se souvient plus. Avec quoi se lave-t-il? Harry essaye de convoquer le souvenir de quelque chose d'aussi stupide que la marque de son shampoing, mais n'y parvient pas.

Pas grave. C'est le genre de faux raccord que personne ne remarque. “I think I can’t drink that anymore… I’m too nauseous right now. - Oh, baby, I'm sorry... - But thanks, it’s perfect. Wanna taste it, love? - Gladly!" Harry ouvre la bouche, même si il n'a pas le moindre appétit. Elle y dépose la nourriture et elle se transforme en cendres dans sa bouche, y répandant un goût acâriatre et amer qui fait remonter une nausée acide le long de sa gorge. "It's delicious," ronronne-t-il pourtant, sincèrement, en ravalant acide et nourriture moribonde, et en adressant un grand sourire à Ginny. "Let me make you some tea, would that be better?" propose-t-il en se relevant pour aller en cuisine.

C'est lui qui voit le sang en premier et il s'arrête, avant d'éclater de rire. "Oh, Ginny, silly Ginny, you're bleeding! You should have said something." Il secoue la tête sans cesser de rire, se rendant dans la cuisine pour aller chercher de quoi essuyer le carmin qui se répand sur leur beau parquet. En passant, il met tout de même de l'eau à bouillir en sifflotant gaiement, et revient avec un rouleau de sopalin dans le salon. Harry se met à genou et se met à nettoyer méthodiquement, même alors que le sang n'a de cesse de couler et que le sopalin laisse peu à peu l'hémoglobine passer à travers, teinter ses doigts de son rouge profond. "Oh, Ginny," soupire-t-il en lui montrant ses mains pleines de sang, son sourire disparaissant momentanément de son visage alors qu'il relève ses yeux verts vers elle. "You've made quite the mess."