| | | Valse mélancolique et langoureux vertige Il y a des nuits qui ont un goût d'éternité. Dont les minutes s'écoulent comme les grains d'un sablier, te rapprochant inlassablement d'une aube que tu ne veux pas voir se lever. C'est étrange, à la fois tu as l'impression que cette nuit sans sommeil avance comme une vie entière, à un rythme si long que tu en peux en sentir la moindre inspiration, et à la fois le lendemain rouge sang qui vous attend se rapproche inlassablement. Sans que tu ne puisses stopper cette course folle contre le temps. Celui qui reste. Demain à la même heure, tu seras peut-être morte, prisonnière, blessée. Demain à la même heure, la défaite aura peut-être décimé votre groupe et seule restera la détresse des survivants, mêlée à la culpabilité d'avoir échoué. Qui sait de quoi demain sera fait ? Tu sais juste ce que tu as à faire, le reste n'a pas d'importance. Néanmoins, les et si ne cessent de te hanter, et te privent d'un sommeil qui - tu le sais - serait plus que nécessaire en cette nuit charnière. Amaya n'est pas là ce soir, comment lui en vouloir ? Qu'elle passe donc cette nuit avec Eliott, en espérant qu'elle ne soit pas la dernière. De ton côté, tu ne cesses de te retourner, fixlant inlassablement les aiguilles de ta montre et leur danse régulière, au rythme de ta respiration.
2h du matin, tu te décides à quitter la tente. Tu te sens enfermée dans ces murs de toile, sous ces couvertures qui t'oppressent. De toute façon, le sommeil ne semble pas voir te gratifier de sa présence. Le camp est calme, même si tu devines aux silhouettes agglutinées autour du feu que tu n'es pas la seule à ne pas trouver le sommeil en cette étrange nuit. Tu n'as pas envie de te mêler au groupe. Pour quoi faire ? Vos discussions allaient inlassablement tourner autour de ce qui vous attend demain. Tu as envie de respirer, pas de parler. Aussi, tu t'éloignes un peu. Inspirant à plein poumons les parfums qu'offre la nature. Celui des arbres qui profitent de la fraicheur qu'offre la nuit, indispensable après une chaude journée d'été. Celui des animaux nocturnes, pour qui la nuit est une scène. Celui du ciel qui se dessine aux travers des arbres. Tu as toujours aimé et respecté la nature, et si la chaleur du camp ne peux pas t'apaiser, tu sais que la forêt, elle, le pourra.
Tu aimes la sensation des feuilles qui craquent sous tes pas, des branches qui cassent sous tes pieds. Tu aimes les bruits irréguliers de la nature : bruissements, souffles, inspirations, croassements ... Toute une cacophonie de sons qui pourtant s'accordent en une délicieuse harmonie. Tu t'installes, t'asseyant dos à un arbre. Pour sentir les rainures ancestrales du chêne contre ton corps, et en puiser sa force. Inspirant à plein poumons l'air frais de cette nuit charnière. Là-haut, brillent les étoiles, et tu espères qu'elles vous apporteront leur bénédiction pour demain. Tout à l'heure même, si l'on en croit la trajectoire des aiguilles de ta montre. Par Merlin, dire que dans quelques heures, les Avengers se joindront aux Phoenix pour ce qui semble être leur dernière bataille. C'en est presque poétique, comme l'épilogue attendu des romans que les moldus s'arrachent. Une branche craque, puis une autre. Tu reconnais ce pas. Pendant des mois, il est celui qui a longé vos campements de fortune pour faire le guet. Il est celui qui à tes côtés a aussi réalisé les missions les plus noires que l'on vous ordonnait d'effectuer. Il est celui que tu suivrais jusqu'au bout du monde et au delà. Tu reconnais cette démarche entre mille, car longtemps tu l'as accompagnée.
Samuel. S'il y a bien une personne que tu as peur de perdre demain, c'est bien lui. Celui qui longtemps t'as été enchaîné, avant que les chaînes ne deviennent un lien invisible, sincère et intime. Vrai. Aujourd'hui, ce ne sont plus des chaînes qui vous unissent, mais une confiance mutuelle, des souvenirs précieux ainsi qu'une bien sombre promesse. « Je vois que le sommeil n'a pas voulu de toi non plus. À vrai dire, je me demande qui peut bien dormir ce soir. Noam peut-être ? S'il s'est encore enquillé trois litres de bière. » Ce n'est qu'à demi une plaisanterie. Tu soupires, l'attitude de Noam te blesse, car tu te sens impuissante à l'aider. Toujours assise dos à l'arbre, tu rassembles tes genoux contre ta poitrine, comme pour avoir l'air moins vulnérable. « Tu es venu profiter du clair de lune avant qu'on se fasse charcuter c'est ça ? La nuit est belle, c'est déjà ça. » Ton ironie sonne faux. En réalité tu aimerais être partout sauf ici, à te battre contre une injustice si grande qu'elle en est grotesque. Les horrors games, comment ton pays a-t-il pu tomber aussi bas ? Tu te dois de tout faire, de tout donner pour réparer les torts que d'une certaine manière tu as contribué à causer. « L'ironie c'est pas mon fort. Mais c'est tellement plus facile de blaguer plutôt que d'imaginer ce qui va se passer. Ou de trouver quoi dire dans le temps qui nous reste. Elle est bien étrange cette nuit. »
Parce qu'elle sonne comme un adieu, cette nuit.
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