Juillet 2007
Hello, I'm : trying my best
There's a notion I'd like to see buried: the ordinary person.

La lettre était là, au début lisse, entre ses doigts elle a été froissée, jetée en boule à travers l'appartement avant qu'Hector n'aille finalement la ramasser, la défroisser, qu'il ne la replie et ne la range de nouveau dans son enveloppe d'origine.
A son tour, l'enveloppe était là.
Sur la table à manger, entre un reste de chips et une bouteille d'eau toujours à moitié vide (où à moitié remplie), elle a pris des taches, l'encre même a commencé à devenir fade sous les rayons des jours qui se sont écoulés. Chaque semaine il se disait qu'il s'y pencherait, qu'il sortira la lettre et qu'il y ira, et puis à chaque fin de semaine il reportait au dimanche prochain. Sauf que chaque dimanche soir c'était trop tard, c'était dimanche soir, demain il travaillait.

Ce qui l'a poussé à prendre l'enveloppe, sortir la lettre, même lui ne le savait pas bien. C'était en rentrant du boulot, un peu trop fatigué, énervé, exaspéré de ses fiançailles et des réunions à rallonge, rentré pile pour cinq heures (c'était sa notion du 9h-17h) Hector a juste arrêté de réfléchir, c'était aussi simple que ça. Il a tiré l'enveloppe de sous un bordel de vide poches posé en vrac dessus, avait sortit la lettre et l'avait dépliée. En bas, il y avait la signature anonyme de Priam. Sans reparcourir des yeux le contenu datant de plusieurs mois déjà, le sorcier s'est contenté de la fourrer dans sa poche. Veste encore sur les épaules et chaussures encore aux pieds, il a posé sa sacoche lourde de dossiers et est immédiatement repartit de l'appartement.
Avec un peu de chance, à cette heure-ci, le mec était pas chez lui.
(Vite avant qu'il ne change d'avis)

Un peu transpirant à cause de l'été, oui l'été, et pas du tout sa nervosité qui reprenait du terrain, Hector fini par se trouver en bas de l'immeuble. Sort de nouveau la lettre, vérifie plusieurs fois être au bon endroit. Sur le papier, il y avait écrit : James Buchanan Jr . A tous les coups, il allait avoir affaire à l'aîné, l'héritier, et si c'était pas le cas à un cadet drôlement fâché d'avoir eu le nom du pater sans les droits. Pour discuter de son frère disparu, il ne savait pas ce qui était le pire.
Peut-être que c'était le seul fait d'être là.
Hector arrive à monter jusqu'à l'étage indiqué. A ce stade là, il regrettait autant sa décision qu'il avait la flemme d'avoir fait tout ce chemin pour rien. La porte était là, en face, il pouvait bien faire ça. Pour Monty. Pour Monty. Il frappe trois fois.
La porte s'ouvre (fait chier).
« Bonjour - vous êtes bien James Buchanan ? »
Mon frère à l'Ordre du Phénix me demande de vous demander ce qu'est devenu votre frère qui devait rejoindre l'Ordre du Phénix.
« Je m'appelle Hector Rowle. »
Et j'ai la lettre dans la poche si vous voulez.
« Est-ce que je vous dérange ? Je peux rentrer - repasser - c'est pas important.
C'est juste au sujet de Montgomery. »

L'enchainement des phrases est pas le meilleur et Hector grince des dents.

tw: alcoolisme

Faire le service de nuit, c'est l'enfer: Buck voit sa cervelle être retournée comme un zinzin et il se met à vivre comme un vampire, debout la nuit et dead le jour, incapable de faire quoique ce soit d'autre que de se plaindre, boire un coup et pleurnicher comme il sait si bien le faire dans son oreille moite de sueur en regardant des soaps sur sa boule cristal. Les semaines où il bosse la nuit sont les pires, surtout qu'il est toujours scotché au bureau quand il y va, vu qu'on lui a toujours pas trouvé un Hound pour remplacer le dernier - Buck soupçonne d'ailleurs fortement Corban de faire exprès de retarder la chose, notamment pour pouvoir garder un oeil sur lui pendant quelques temps. Il faut dire que Buck a reçu quelques plaintes, de la part de ses collègues comme de certains gars qu'ils ont arrêté récemment (et lui qui pensait qu'elles n'étaient jamais examinées) et que bon, des fois, il faut garder l'Éclair de Feu au garage comme on dit.

Non pas que Buck soit l'employé du mois, loin de là, et encore moins quand il est coincé derrière son bureau. Il déteste écrire, déteste en plus de tout écrire pour les autres (et donc se forcer à rendre le bordel lisible), il déteste lire, déteste en plus de tout lire avec un oeil critique (et donc se forcer à comprendre de quoi le bordel en retourne) - bref, le pire administrateur qu'on puisse demander pour la brigade-star du Ministère.

C'est donc avec un certain soulagement qu'il a accueilli l'offre de Corban de rentrer plus tôt que prévu du boulot, vers six heures du matin. Il va faire plein de trucs, il pense naïvement en se rendant chez lui, un appartement miteux à l'étage d'une bicoque datée de trois siècles dans un quartier annexe du Londres sorcier. Il va faire plein de trucs, ouvrir son courier, se raser, prendre une douche et tiens, il va même faire une lessive en passant.

Ouais, non - en arrivant, Buck se serre son cocktail préféré (potion de Sommeil rincée de whisky) et il s'écroule sur son matelas posé à même le sol (il a vendu le cadre pour se faire de l'argent de poche et n'en a jamais racheté).

Il est interrompu dans sa torpeur tant méritée (non) par trois coups frappés à la porte. Buck est du genre à traîner au lit mais si c'est un vieux créancier sorti du trou du cul du monde, il sait qu'il vaut mieux ne pas trop le faire poireauter (il a eu beaucoup trop d'expériences dans le genre pour ne pas le redouter) alors il sort comme un beau diable du lit, attrape sa baguette et son badge (au cas où) avant de sauter dans un peignoir élimé qui a vu des jours meilleurs. Il ouvre la porte un chouïa après l'avoir déverrouillée, laissant seulement voir un oeil vert injecté de sang et cerné dans l'étroite ouverture.

Pas un créancier - un petit con qui est là pour lui vendre des cookies, truc du genre. Ils les gardent vachement vieux aux camps Thickness ou...? « Bonjour - vous êtes bien James Buchanan ? » Buck fronce les sourcils, n'aimant pas qu'on confirme son identité avant toute chose - c'est comme ça qu'il a reçu les documents de divorce, il va pas s'y faire prendre à deux fois. "Keske?" demande-t-il d'une voix enrouée, ses lèvres cotonneuses. « Je m'appelle Hector Rowle. » Hector Rowle, Hector Rowle... il les connait eux, les Rowle, non? « Est-ce que je vous dérange ? - Euh, bah, c'est-à-dire que... - Je peux rentrer - repasser - c'est pas important. - Hmm... - C'est juste au sujet de Montgomery. » Buck cligne des yeux et ouvre un peu plus la porte, regardant dans le couloir pour vérifier qu'Hector Rowle est bien seul. Rowle, bien sûr, la boîte où travaillait Monty jusqu'à ce que... l'estomac de Buck se tord dans son ventre. "Ah! Entre, entre," fait-il d'un ton brusque en s'effaçant derrière le battant, le claquant derrière le dos du gamin. Baguette et badge sont glissés dans la poche de son peignoir, à portée de main.

Son appartement est mal rangé, jonché de cannettes vides sorcières et moldues, assiettes où traînent des restes de bouffe datant d'on ne sait quand, verres et pots plus ou moins remplis de substances non-indentifiées et non-identifiables, cendriers pleins à craquer qui ressemblent à des oeuvres d'art moderne, jeux de cartes magiques éparpillés partout où les rois, reines et valets s'agitent silencieusement sur toutes les surfaces, vêtements abandonnés ça et là pêle-mêle avec le reste, bref. Y traînent une sale odeur de cigarette et un fin fumet d'alcool rance, comme un lendemain de soirée - soirée qui semble durer depuis plusieurs années maintenant. "Tu me déranges pas, gamin, t'es tout bon," dit-il d'un ton jovial, donnant une claque dans le dos d'Hector pour le faire avancer. "Tu veux un café? J'viens de me réveiller, j'ai pas les yeux en face des trous. J'ai du bon café éthiopien, j'vais nous faire ça, tu vas voir, c'est délicieux. Allez, assieds-toi là, va, la chaise va pas te mordre." La main se referme sur son épaule alors qu'il le guide-pousse rudement jusqu'à une chaise branlante et inconfortable. D'un mouvement magique de la main, il dégage la table en face du siège des journaux, factures et autres lettres et Beuglantes qui y étaient jonchés.

Il se détourne pour aller préparer le café, à la moldue. Il garde son air perdu, catégorie loser, mais son esprit tourne à plein régime dans son crâne. Putain, Monty... il pensait pas que ça reviendrait lui mordre le cul aussi tôt. "Qu'est-ce qu'il a Monty, il est pas venu au boulot? Il travaille pour vous, j'crois, hein?" demande-t-il d'un ton innocent vaguement convaincant. Putain l'enfoiré - il est sensé lui dire quoi, à Hector Rowle, qu'il a offert son frère cadet en pâture au Gouvernement sans un regard?

D'emblée, y'a plusieurs choses qui vont pas. La tête du type déjà, mais ça, Hector préférait ne pas juger (pareil mon gars). L'odeur lourde qui s'échappe quand il ouvre un peu la porte aussi, avant-goût de la vie bancale que Junior devait mener. Est-ce qu'il devait l'appeller Junior ? James ? Monsieur Buchanan, qui vérifie s'il est venu seul. Ça aussi ça va pas, et ça aussi, Hector relève pas. Parce que : same. Si on venait le voir un beau jour sans raison chez lui, ça avait intérêt à pas être une équipe de dix personnes prête à s'engouffrer dans son trente mètres carrés. À sa place il aurait probablement même pas ouvert la porte. Quant au peignoir à cette heure-ci ?
Hector avait le même à la maison.
Face à cette drôle d'introduction, il se dit donc que tout est normal et rentre docilement.

C'est à partir du moment où la porte se referme à peine rentré que l'information lui arrive au cerveau. À grand renfort de tasses au café moisi éparpillées, de l'odeur encore plus accentuée, des clopes, tous ces restes de soirées qui semblaient s'être déroulées en solo, il a fallut lui foutre devant le nez tout ces trucs toxiques qu'il ne consommait pas pour comprendre que peut-être, quelque chose allait pas. « Je, je peux repasser à un autre moment plus approprié si- » « Tu me déranges pas, gamin, t'es tout bon » (ok mais lui ça le dérangeait) La main qui lui claque les vertèbres achève d'enfoncer le nez d'Hector dans sa mauvaise décision, bête prise de position. Forcé d'avancer, ses pieds écrasent des trucs qu'il ose même pas regarder (il le fait quand même, une part de pizza, super). Il foutait quoi dans la vie Junior, à part lui donner l'aperçu de la vie d'un loup-garou reclus ? Dans quoi est-ce que Priam l'avait envoyé ; si seulement il avait relu sa lettre en entier, peut-être qu'il le saurait, les mains dans ses poches il triture le bout de papier, planté là en semi-apnée. « J'ai du bon café éthiopien, j'vais nous faire ça, tu vas voir, c'est délicieux. Allez, assieds-toi là, va, la chaise va pas te mordre. » « Non merci, c'est que pour quelques minuu.. » (ok mais tu t'assois sur cette chaise quand même) Son fessier s'écrase contre une chaise qui grince. Si Hector se concentrait, il pouvait visuellement se représenter les ecchymoses que l'autre bourin lui créait. Dramatique ? Attendez de le voir boire son café tout en espérant que ça lui agravera pas sa tension.
Il aimait même pas ça en plus.
« Merci de m'accueillir » dit-il à la masse drappée de pilou-pilou. Dos tourné à lui, occupé à préparer sa boisson du diable, Hector en profite pour discrètement sortir la lettre et la relire dans la plus grande des diagonales. Entre deux anecdotes et trois questions concernant Anthea, juste une sur lui, y'a l'adresse et puis plus rien. Je me suis procuré l'adresse du frère de Monty. Si quelqu'un sait quelque chose, c'est peut-être lui ? Le sang-pur froisse la lettre inutile d'où elle venait et relève les yeux sur le taudis dans lequel il s'était fourré. Si Hector mourrait de mort brutale, ça serait peut-être ici. « Qu'est-ce qu'il a Monty, il est pas venu au boulot? Il travaille pour vous, j'crois, hein? »

Ughhhh
« Ouais » Il toussotte. « Oui » Enfin, « Non, je veux dire, il n'y travaille plus. » Merde, il aurait du prévoir son mensonge ? Son baratin ? En avait-il vraiment besoin ? Non, reste naturel Hector, t'es juste là pour ton collègue, pas pour Priam, pas pour l'Ordre, certainement pas pour l'Ordre. Mais un peu quand même.
Trente secondes dans son débat interne qu'il en a déjà des sueurs froides.
Nouveau toussottement. « Pardon je, je suis plutôt sensible aux particules, s'il est possible d'aérer.. » Elle avait bon dos sa condition, même si Junior la connaissait pas et qu'il devait probablement passer pour un coincé de sang-pur de plus. Tant mieux - parfait, c'est ce qu'il était. Pas du tout le pire proxy de l'histoire de l'Ordre. Ai l'air naturel. « Montgomery a arrêté de venir aux bureaux il y a de cela plusieurs mois, plus de réponses aux hiboux, personne chez lui.. Rowle Inc. a terminé son contrat depuis. » Pour Monty « C'était surtout moi qui travaillais avec lui et non l'inverse..
Il m'a beaucoup appris. »
Hector essaie de capter le regard du sorcier pour mieux rebaisser les yeux. « Je - j'aimerai juste savoir s'il était possible de le contacter, pas en tant que Rowle mais en tant que, heu, ami. Savoir s'il va bien. » Cette manie d'avoir l'air de mentir alors qu'il ne disait que la stricte vérité était probablement à rajouter à sa liste des symptômes.

tw: crude language

Buck a une pensée vers le Veritaserum qu'il garde dans un coin d'étagère dans la cuisine, mesure d'extrême urgence au cas où son ex-femme grâcierait enfin son appartement de sa présence - elle n'est jamais venue mais Buck n'a jamais perdu espoir d'un jour lui tirer les vers du nez à propos de la catastrophe ambulante qu'était leur mariage.

Le dossier Monty, ceci dit, mériterait bien un petit coup de pouce - le Rowle a l'air mal à l'aise et gigote comme un suspect de la BPM qu'on aurait arrêté en flag et ramené au bureau pour loucher sur les chaussures bien lustrées de messire Travers. « Ouais. Oui. » Buck arque un sourcil. Ça fait presque un an maintenant qu'il a arrêté son frère, et ils viennent seulement de s'en rendre compte? Merde, peut-être que Monty mentait et qu'il n'était pas si indispensable à la boîte que ça -  mais après tout, c'est ce que tout le monde se dit à n'importe quel job. « Non, je veux dire, il n'y travaille plus. - Ah." Buck a un regard pour l'étagère, et finit de verser le café dans deux tasses, laissant à peine un centimètre pour le lait.

Un silence s'installe, s'étire, alors que Buck attrape du sucre à la consistance suspecte et des cuillères définitivement pas lavées: pas grave, Rowle n'y verra que du feu, songe-t-il en les enfonçant dans le liquide fumant. Fond de lait tourné dans un pot pour faire genre. Et hop que j'ouvre le cabinet de cuisine et que je referme les doigts sur la fiole de la potion transparente, au cas où. Elle disparaît dans sa manche, dans un éther magique, magicien style.

Il se tourne avec son plateau composé aux petits oignons pour rejoindre Rowle. « Pardon je, je suis plutôt sensible aux particules, s'il est possible d'aérer.. » Buck essaye vraiment de ne pas être vexé mais c'est dur, son visage se refermant un peu alors qu'il pose d'un bruit sourd le plateau sur la table devant le petit prince. Qu'est-ce qu'il faut pas entendre. "Mais oui bien sûr," grommelle-t-il d'un ton bougon en se dirigeant vers la fenêtre. C'est plus fort que lui, il jette un oeil dans la rue de derrière, au cas où Rowle aurait ramené ses goons - personne, juste deux chats en train de se friter. Il ouvre la fenêtre, laisse passer un courant d'air, l'aide un peu avec de la magie du bout des doigts. Sensible aux particules, putain, on croirait Monty.

« Montgomery a arrêté de venir aux bureaux il y a de cela plusieurs mois, plus de réponses aux hiboux, personne chez lui.. Rowle Inc. a terminé son contrat depuis. - Plusieurs mois?" s'exclame-t-il d'un ton morne. "Olala, ça lui ressemble pas." C'est sincère (Monty est un nerd qui aime aller au travail, le con) mais pas très étonnant (Buck l'a après tout mis entre les mains du Ministère sans un moindre regard en arrière, en sachant pertinnement qu'il avait peu de chances de s'en sortir). « C'était surtout moi qui travaillais avec lui et non l'inverse.. Il m'a beaucoup appris. » Sans répondre, Buck se laisse tomber sur la chaise en face du gamin, attrapant machinalement un paquet de cigarettes moldues qui traîne. Double entorse à la loi devant un petit con de sang-pur, on s'en fout: il est la loi, même qu'il a encore son badge contre les couilles, dans la poche de sa robe de chambre.

Les yeux de Rowle sont immenses et noirs, deux puits infinis qui semblent prêts à déborder à tout moment. Ils s'aimaient ou quoi? Monty... « Je - j'aimerai juste savoir s'il était possible de le contacter, pas en tant que Rowle mais en tant que, heu, ami. Savoir s'il va bien. - J'comprends, Hec, j'comprends bien." C'est faux bien entendu: Buck ne comprend pas pourquoi quiconque voudrait contacter un mec rasoir comme son frère, mais passons. "Mon frangin et moi on s'parle plus trop. Je l'adore, hein, c'est un mec bien, mais bon, j'ai souvent l'impression qu'on n'est pas de la même planète, tu vois?" Un rien d'amertume dans la voix. Son frère, le gamin qu'il était quand ils étaient jeunes, avec ses grands yeux bleus et ses sourires et ses discours incessants, lui manque beaucoup. L'homme révolutionnaire qui a essayé de lui envoyer un sortilège au coin de la gueule, beaucoup moins.

Il glisse une cigarette entre ses lèvres, l'allume d'un claquement de doigts, se laisse aller contre le dossier de sa chaise en attrapant son café. "Mais je crois... attends, je crois que j'ai reçu une carte pour Noël?" Ils ont arrêté de s'envoyer des cartes pour Noël y'a des années, mais qu'importe. "Je crois, hein. Tu connais Monty, toujours sentimental ce con... j'crois qu'il disait qu'il allait bien dedans." Les yeux de Buck s'étrecissent, semblent menacer Rowle d'insister. "Rien d'autre. Désolé." Il faut vraiment qu'il apprenne à mieux mentir le matin. "Pourquoi vous êtes pas allés voir les flics? On dirait pas mais on bosse dur, hein, au N2..." Les autres - certainement pas lui. "J'pense à ma pauvre mère, elle doit avoir aucune idée..."

« J'comprends, Hec, j'comprends bien. » C'était Hector - mais c'était pas grave. Redressé sur sa chaise, il attend la suite. « Mon frangin et moi on s'parle plus trop. Je l'adore, hein, c'est un mec bien, mais bon, j'ai souvent l'impression qu'on n'est pas de la même planète, tu vois? » Redressé sur sa chaise, il attend la suite.
Junior s'allume une guinze.
Hector comprend qu'il n'y aura pas de suite. « Je vois oui. » Pas vraiment non En tant que bon sang-pur bien élevé, on lui a toujours dit : la famille, c'est sacré (pas d'exception pour les soeurs psychopathes où les frères recherchés). C'était ça lui l'avait fait atterrir ici, à parler à un parfait étranger et à son entrejambe, troisième acteur de cette discussion qui au moindre mouvement de tissu de trop pourra bientôt lui faire coucou. En une quinte de toux, il s'appuie un peu plus contre le dossier de bois et éloigne la chaise à grands renforts de crissements sur le parquet défoncé, hors de portée du nuage de fumée qui se créait.

« Mais je crois... » De nouveau redressé sur sa chaise, il attend la suite. « Attends, je crois que j'ai reçu une carte pour Noël? » Il attend la suite. « J'crois qu'il disait qu'il allait bien dedans. » Il attend la suite.
« Rien d'autre. Désolé. »
« C'est une.. » Censure-toi. Hector inspire, Hector expire, Hector sourit. « .. Une surprise d'apprendre ça » C'est surtout une énorme blague, mais le Rowle a cet instinct de survie qui l'empêche de le dire à voix haute. Soit Junior était un frère qui en avait réellement rien à foutre, soit il était trop stupide pour simplement lui filer la carte contenant l'adresse de Montgomery comme il le lui avait demandé. Probablement les deux. Sans penser un instant à l'éventualité potentielle qu'on était en train de lui mentir (bah pourquoi ?), Hector se sentait au contraire, et pour une fois, le plus intelligent dans la salle. « Pourquoi vous êtes pas allés voir les flics? On dirait pas mais on bosse dur, hein, au N2... »
Il rit.
Mais l'autre enchaîne et il comprend que ça, c'était pas une blague.

« Vous, vous êtes du Ministère ? Vous-même ? » La chaise fait de nouveau crisser le parquet alors qu'Hector se recule un peu plus, discrètement. Il le savait pas ça. On le lui avait pas dit ; mais maintenant qu'on le lui a dit, ça faisait sens. L'appart en putréfaction. Les bombardements de miasmes constants. Il était très clairement chez le méchant dans les films (et lui le mec qui meurt au début).
Temps pour lui de retourner sa meilleure veste réversible. « Si vous dites que Monty va bien, alors.. Pas besoin d'aller au.. M2 - au N2 ? Pas- pas besoin » C'est vrai que dit comme ça à voix haute, c'était une drôle d'idée. Hector met ça sur le compte des trois neuronnes qu'il semble discerner derrière l'air bourrin de Junior sans plus se poser de questions. « Si vous pouvez juste me donner l'adresse sur la lettre qu'il vous a envoyé pour heu, Noël, et je vous embête pas plus longtemps. » Embalé c'est pesé, Monty a abandonné ses idées de jouer les héros y'avait pas à plus creuser. « Et - si ce n'est pas trop vous demander - s'il vous plaît - est-ce que je pourrais également avoir celle de votre erm, mère, madame Buchanan ? Des fois qu'il...
...
Me réponde pas. »

Yes.

tw: langage cru

Petit Hector rigole, et Buck sent les coins de ses lèvres se retrousser légèrement en réponse, sans pouvoir s'en empêcher. « Vous, vous êtes du Ministère ? Vous-même ? » Okay, peut-être pas qu'il a la belle gueule des Burke et des Bagshot qu'on aime bien foutre sur les posters de propagande, mais quand même - l'incrédulité de son invité du jour est vexante, et Buck fait la moue avant de la faire disparaître dans sa tasse de café. "Ouais, ouais, moi-même, p'tit con," marmonne-t-il tout de même dans le fond du liquide brûlant, plus pour lui-même que pour Rowle. Juste de quoi panser son peu d'ego froissé par le petit premier.

« Si vous dites que Monty va bien, alors.. Pas besoin d'aller au.. M2 - au N2 ? Pas- pas besoin. » Il a pas l'air trop sincère, l'idiot, mais c'est un bon début. "Exactement, pas besoin." Buck pensait naïvement qu'il n'entendrait plus jamais parler de Monty. Une partie de lui trouvait ça effarant, mais la plupart de lui trouvait ça rassurant - voir cet état de fait être déréglé par un petit premier avec les yeux humides et le teint pâle est désagréable. « Si vous pouvez juste me donner l'adresse sur la lettre qu'il vous a envoyé pour heu, Noël, et je vous embête pas plus longtemps. » Buck arque les sourcils. Bah tiens. « Et - si ce n'est pas trop vous demander - s'il vous plaît - est-ce que je pourrais également avoir celle de votre erm, mère, madame Buchanan ? Des fois qu'il... Me réponde pas. » Il faut bien deux-trois neurones pour être architecte, ça semble évident. "Je vais voir si je l'ai encore, c'te lettre, reste là." Il s'offre une nouvelle rasade de café avant de se lever, résistant à l'envie d'attraper sa baguette et de l'enfoncer dans l'oeil de Rowle à grands coups d'Obliviate.

Il n'est qu'un collègue, un employé de Rowle Inc, une ancienne connaissance - un ami? un protégé? difficile à dire. Buck ne sait pas trop quoi penser de ce fouille-merde qu'est assis dans sa cuisine et, clope au bec, il laisse ses pensées tambouriner dans son crâne en pénétrant dans son petit bureau désordonné et puant. Il fait mine de chercher, à grands fracas et en gardant la porte ouverte, parmi les piles improbables de courrier et de documents qui sont réparties dans la pièce. "Allez, Accio lettre, là, Accio lettre," grogne-t-il même assez fort pour que Rowle l'entendre, pour faire bonne mesure.

Buck cligne stupidement des yeux quand le sort fonctionne, et qu'une enveloppe file jusqu'à ses mains dans un chuintement, fendant l'air à toute vitesse. Elle est intacte et Buck la manipule sans trop y croire, surpris de reconnaître l'écriture de Monty - allons bon, il lui a vraiment envoyé une lettre pour Noël, ce con?

Il l'ouvre rapidement pour la lire, et blêmit en voyant qu'elle est datée de la veille de son arrestation.

"Putain de merde," siffle-t-il en lisant la confirmation de ce qu'il pensait savoir tout ce temps: Monty prévoyait de rejoindre l'Ordre sur le conseil d'un ami, lui demandait de s'occuper de Maman, le suppliait de ne pas se mettre à ses trousses, et allait prendre les recherches de Papa chez leur oncle Kie. "Putain de bordel de merde," siffle-t-il même en faisant tourner le parchemin entre ses mains sans y croire. Intellectuellement, Buck savait que Monty était perdu, qu'il voulait rejoindre l'Ordre, yadda yadda - mais lire sa conviction, écrite par sa main, observer son courage, est une autre chose encore. "Putain d'con."

La lettre disparaît dans la poche de son peignoir mais il ressort avec l'enveloppe, un peu froissée, mais dictant tout de même l'adresse de Monty. Buck pense que c'est safe, l'appartement a été saccagé par les autorités (par lui-même) et est inhabité depuis. "J'ai pas la carte mais j'ai trouvé ça," dit-il en la tendant à Hector. "Et pour Maman, errrr..." Il se laisse tomber sur la chaise en face de Rowle de nouveau. "Elle est vieille, tu sais, et ce genre d'agitation, c'est pas bon pour le coeur... faudrait pas lui dire que son fils préféré a disparu, tu vois?" Il adresse à Rowle un regard dur. "Tu l'aimes, ta mère?" demande-t-il à tout hasard. "Tu vois c'que je veux dire, hein?"

Ok ça avait duré combien de temps, entre cinq et dix minutes de gêne, max ? Junior allait lui donner la carte, et Hector aura qu'à faire son boulot à sa place. (non pas qu'il veuille rentrer au Ministère) (non pas qu'il aille non plus retrouver Monty lui-même) Attendant sagement le retour du flic, « Allez, Accio lettre, là, Accio lettre », il essuie ses mains sur son pantalon, pensif. Choisir de rejoindre l'Ordre était déjà suffisament impressionant en soit, le faire alors que le grand frère est dans le camp adverse c'était pousser le délire de l'héroïsme encore plus loin. Au fond, Hector ne connaissait pas Montgomery autant qu'il le pensait. Toujours plus que son frère, mais pas des masses quand même. « Putain d'con. » Son regard se détache des canettes au sol pour aller dans la direction des grognements. C'est pas qu'il avait envie de se tirer au plus vite de chez un pote à Thea, mais : si. Lorsque l'homme revient, Hector se lève impatient (après s'être de nouveau essuyé les mains en voyant le bout de papier qu'on lui tendait).

Sur l'enveloppe il y avait l'adresse de Junior, très bien. Et au dos l'adresse de Monty, parfait. Il la plie et la range dans sa poche, prêt à décamper et à se rouler en boule pour le restant de la soirée. « Et pour Maman, errrr... » Hector sort de nouveau le papier, le déplie, et relit. « ..et ce genre d'agitation, c'est pas bon pour le coeur... » Il n'habitait plus chez lui en décembre dernier. Parce qu'il était déjà disparu en décembre dernier. Au dos pourtant, restait l'ancienne. « ..faudrait pas lui dire que son fils préféré a disparu, tu vois? » Il sait.
Les pupilles de Junior sont plantées dans ses siennes.
« Tu l'aimes, ta mère? » Il sait que je sais. Ou peut-être pas. Mais avec une dégaine comme celle de Buck, la moindre question prend des tournures de menace pour peu qu'on ai le courage d'un boursouf prépubère. « Ou-oui. » « Tu vois c'que je veux dire, hein? » « Écoutez je, je ne cherche pas les problèmes » En guise de bonne foi, l'enveloppe est délicatement reposée à côté de sa tasse de café intacte. « Je sais ce que c'est, ma soeur aussi est au Ministère, et mon frère.. » Progressivement, Hector fait des pas en arrière direction la porte d'entrée, déblatérant tout ce qui lui vient à l'esprit pour faire diversion de sa fuite (il misait tout sur l'intellect limité du mec). « .. Un peu comme Montgomery disons, il a disparu, alors je comprend, ma mère comprend, merci beaucoup de vous en inquiéter, et- » Son talon bute contre le mur; un regard est jeté sur le côté et il se saisit de la poignée (collante), qu'il tourne. « Je- je ne vais pas vous déranger plus longtemps encore une fois, merci beaucoup, c'était.. »

« Écoutez je, je ne cherche pas les problèmes. » Buck a répété cette phrase un nombre incalculable de fois, ces dernières années, en se mettant généralement à reculer jusqu'à la sortie la plus proche et en prenant l'air le plus innocent possible. Il n'a jamais compris pourquoi cette phrase avait le don incroyable d'énerver son interlocuteur jusqu'à se retrouver de l'autre côté de la barre, comme en cet instant précis, en voyant le visage au teint cireux d'Hector sembler plus blême encore qu'il y a une poignée de secondes. C'est presque naturel pour Buck de carrer un peu les épaules (l'apparence de petit caïd étant légèrement empêchée par sa confortable robe de chambre en pilou) en s'approchant quand Rowle se met à reculer.

« Je sais ce que c'est, ma soeur aussi est au Ministère, et mon frère .. Un peu comme Montgomery disons, » s'explique-t-il, faisant pencher la tête de Buck sur le côté, « il a disparu, alors je comprend, ma mère comprend, merci beaucoup de vous en inquiéter, et- » Buck le suit alors que Rowle traverse son appartement comme une souris coincée par un chat. « Je- je ne vais pas vous déranger plus longtemps encore une fois, merci beaucoup, c'était.. » Buck claque des doigts et le verrou de la porte se ré-enclenche dans un bruit d'outre-tombe, forçant le poignet d'Hector à faire une rotation impromptue alors que la poignée de la porte se remet en place. "Nan, attends, t'as même pas fini ton café... tu vas rester un peu, Hector." Le sourire est jovial sur ses lèvres, mais son regard l'est beaucoup moins alors qu'il pose de nouveau sa main sur son épaule avec force. "Viens là." Ses doigts se referment sur Hector et il le détache du mur de force, le poussant avec brusquerie jusqu'à la chaise qu'il occupait quelques minutes auparavant.

Buck s'assied avec lui après avoir posé sa grosse patte sur sa nuque pour le forcer à s'asseoir. "Ton frangin qui a disparu," commence-t-il d'un ton tranquille presque plus dérangeant et apeurant que son ton cotonneux et inégal habituel, "c'est quoi son nom? Où c'est qu'il a disparu? Parce que si c'est 'un peu comme Monty' alors dans c'cas, j'aimerais bien en savoir plus..." L'air de rien, Buck sort sa baguette de sa poche et la pose sur la table entre eux, pointée vers Hector.

Le claquement du loquet lui fait descendre le coeur dans les talons. Il manque un battement, il se sent mal, Hector pose instinctivement sa main sur sa poitrine pour vérifier qu'il y a toujours quelque chose qui bat où si c'est un AVC - il en serait capable, il le sait, il l'a déjà fait. « Tu vas rester un peu, Hector. » Et ça l'arrangerait bien de tourner de l'oeil pour plus voir le sourire vraiment pas rassurant du brigadier, pour se réveiller ailleurs qu'ici, aussi, ses petites fesses de sang-pur bien trop fragiles et précieuses pour pouvoir être mises en danger (ce qui lui fait rappeller : pourquoi est-ce qu'il a voulu s'impliquer ?). Figé sur place façon biche prise en plein phares, Hector se crispe en anticipant la paluche inévitable qui s'abat sur lui, le met en mouvement à sa place, contre son gré. « Viens là. » « Dans-dans ce cas.. » Ça recommence, son coeur a de nouveau loupé un battement, il l'a sentit.

Écrasé de force sur sa chaise, le Rowle tente tant bien que mal de faire la part des choses entre sa peur qui fait actuellement visiblement trembler ses mains (il les écrase sous ses cuisses), et l'urgence de devoir réfléchir (ugh) pour réussir à sortir d'ici, et bien. Par bien, il entend : sans avoir la VB à la porte d'ici deux jours (au cas où, il lui donnera l'adresse de sa mère). Dans le silence de ses sueurs froides, Hector fait grincer le bois en se penchant pour prendre le café qu'il n'avait pas demandé et qui, maintenant, le retenait ici. « .. Pas longtemps.. Car je.. J'ai un.. » Le reste se perd dans un marmonement mêlant différentes fausses excuses en un seul balbutiement peu convaincant. Doigts figés contre la porcelaine, si c'en était, c'en n'était pas, il plonge son regard dans le liquide brunâtre agité de ses tressaillements et se résoud à y tremper les lèvres. « Ton frangin qui a disparu, c'est quoi son nom? Où c'est qu'il a disparu? Parce que si c'est 'un peu comme Monty' alors dans c'cas, j'aimerais bien en savoir plus... » Hector hoche la tête sans pour autant réussir à lever les yeux sur le sorcier. « Non, non c'est- c'est pas.. »
James Buchanan Junior pose sa baguette entre eux deux, pointée sur l'un des deux, pointée sur lui.
Très bien.
Hector déglutit une nouvelle gorgée de café. Super amer. Super deg. A ce stade, il y a tellement d'éléments responsables de sa montée de nausée qu'il ne sait plus vraiment quel dieu prier pour se sortir de son petit merdier. « Est-ce que.. Pouvez-vous.. » Il toussotte faux. « Serait-ce possible de.. Votre baguette.. En fait.. » Ses mains appuient contre la tasse pour pas trembler, tête rentrée dans ses épaules, Hector débloque sa trachée, se rappelle qui il est, et le respect qu'on lui doit :  « À-à moins que.. » attendez « À moins que vous ne.. » presque « Est-ce que vous.. M'interrogez ? » raté. Hector s'est dégonflé, sa tirade basée sur le vous comptez arrêter un Rowle ? et je connais un avocat haut placé a été balayée (il en a même pas fini la première phrase). Il s'est rappellé qu'il avait pas de cran, et puis, plus que ça, ça aurait pu lui garantir une inspection de son dossier par la VB. Avait-il un dossier à la VB ? Maman lui avait dit que quelque part, il était recensé comme métamorphomage alors..
Il hésite à boire une nouvelle gorgée de café avant de se rendre à l'évidence que non, finir la potion ne le fera pas partir d'ici plus vite. Hector la repose et croise maladroitement ses bras devant lui, pas imposant, tout crispé. « .. J'ai rien à dire de plus que.. Ce qui a été dit. » (vas-y, montre-lui !) « P-Priam a fait du bruit à cause de notre famille.. Mais pas Monty, parce que, parce que tout le monde semble s'en fiche, de lui. Même vous. » Son visage s'assombrit. Hector lui jette un regard, go-fast craintif pour s'assurer qu'il ne va pas le mettre en pièces. Il essaie de pas dire de conneries, mais c'est difficile quand une arme de destruction massive (une baguette) est pointée sur lui, quand l'autre lui a menti, quand l'autre se doute d'un truc, c'est sûr, c'est pour ça qu'il a envie de vomir. « Alors je, je ne sais pas si c'est la même chose - je n'ai pas dit que c'était la même chose - d'ailleurs, ça ne l'est pas.. Où peut-être que ça l'est hein je, c'est tout le b-but de ma venue ici.. Mais vous ne savez pas, moi je sais pas..
Nous ne savons pas..
Heu..
Est-ce que - est-ce que vous pouvez ranger votre baguette maintenant, s'il vous plaît ? »

Hector Rowle a la bonne idée en taisant rapidement ses protestations et en s'octrôyant une gorgée de café pour réfléchir. Buck reste tranquille, le bout de ses doigts caressant sa baguette pointée sur Hector dans un geste distrait et pensif. « Est-ce que.. Pouvez-vous.. » Buck arque un sourcil, attend la suite. « Serait-ce possible de.. Votre baguette.. En fait.. » Ses bégaiements commencent un peu à l'agacer, et Buck doit retenir d'une main de fer l'exaspération explosive qu'il sent enfler dans sa poitrine et lentement paralyser sa gorge. Ce n'est pas tant un sort qu'il a envie de lui lancer, mais bien de lui enfoncer son poing dans le nez. "Je crois que ma baguette est bien là où elle est," répond-t-il d'une voix tendue et contrôlée, où transparaît néanmoins une pointe de colère sourde. « À-à moins que.. À moins que vous ne.. Est-ce que vous.. M'interrogez ? » La voix tremblante du gamin fait s'étirer un sourire torde et sardonique sur les lèvres bouffées par la barbe de Buck. Quoi, il a envie qu'il aille chercher un mandat? Il pourrait en écrire un sur un morceau de PQ que personne n'y regarderait deux fois, de retour au N2. Peut-être que le petit con pense que son sang-pur lui ouvre certaines portes, et sans aucun doute que c'est véritablement le cas - mais c'est lui qui s'est jeté dans la gueule du loup et dans l'antre de Buck, et ce dernier sait parfaitement ce qui lui coûterait d'arrêter un blanc-bec dans son genre pour son propre bénéfice. "P'tet bien," se contente-t-il de lui répondre, sorte de défi goguenard aux sourcils haussés, attendant de voir la suite.

« .. J'ai rien à dire de plus que.. Ce qui a été dit. P-Priam a fait du bruit à cause de notre famille.. Mais pas Monty, parce que, parce que tout le monde semble s'en fiche, de lui. Même vous. » Si c'est une accusation, elle ne fait pas mouche - Buck reste impassible, laissant le reproche lui glisser dessus sans lui faire de mal. Monty et Buck ne s'entendent plus très bien depuis des années, et il pense que c'est bien trop tard pour qu'ils puissent un jour espérer renouer autour d'atomes crochus fictifs. « Alors je, je ne sais pas si c'est la même chose - je n'ai pas dit que c'était la même chose - d'ailleurs, ça ne l'est pas.. Où peut-être que ça l'est hein je, c'est tout le b-but de ma venue ici.. Mais vous ne savez pas, moi je sais pas.. Nous ne savons pas.. Heu.. » Buck souffle, agacé. "...oui...?" Mais Rowle Jr semble avoir perdu son fil de pensées. « Est-ce que - est-ce que vous pouvez ranger votre baguette maintenant, s'il vous plaît ? - Elle est très bien là où elle est," répète Buck d'un ton laconique, mais il relâche tout de même l'artefact après une très légère hésitation, reprenant ses doigts en posant sa main sur sa cuisse sous la table. Inutile de lui dire qu'il n'a aucunement besoin de cet objet pour lui arracher les yeux si il en a envie. Une cuillère ferait l'affaire, ou son talent manifeste à la magie sans baguette.

"Hector," reprend-t-il après une courte pause et un soupir faussement fatigué. "J'ai l'impression que t'es en train de me mentir ou de me cacher des trucs et j'aime pas trop ça." Il lui offre même un sourire piteux, comme si il était véritablement désolé et qu'il n'avait pas le choix, les poings liés par la justice et la loi, il n'essaye que de faire les choses bien évidemment, il est un représentant des forces de l'ordre, yadda yadda. "Va falloir que tu me donnes une bonne raison de ne pas t'arrêter pour te traîner au poste et te faire cracher tout ce que tu sais sur la disparition de ton cher frère." Buck le regarde d'un air sérieux, ses billes claires ne lâchant pas les siennes avec une intensité presque dérangeante. "Tu comprends? J'veux rien de plus que ramener nos frères à la maison, c'est aussi simple que ça, et tu sais c'qu'on fait à ceux qui font de l'obstruction de justice, hein?"