“I'm fine. Some people ran into me, that's all,” Nadia lui répondit et Vincent acquiesça silencieusement. Ca n’était rien de très grave, mais Vince était bien placé pour savoir ce que le contact d’un corps pris de plein fouet pouvait faire, même si la vitesse était moindre. “Are you sure?” il demanda néanmoins. Il était aussi plein placé pour savoir ce que c’était d’avoir l’impression de ne pas pouvoir montrer ses faiblesses. C’était quelque chose qui avait toujours été vu comme une mauvaise chose, par son père, par son frère, surtout. Leo le lui avait toujours dit, répété. Don’t ever show weaknesses because some people will see it and take advantage. Mais ils n’étaient simplement some people, ils étaient fiancés, ils allaient passé le reste de leurs vies ensemble, fonder une famille ensemble, et s’ils n’étaient pas capables de faire preuve d’honnêteté entre eux, Vincent était certain que ça n’apporterait rien de bon. “I'm alright,” Nadia répéta. “Are you sure you are, though ?” elle demanda en l’observant attentivement. Ils avaient ça en commun, apparemment.

“May I look at your wound ?” - “Yes,” il répondit sans y réfléchir davantage. “Untreated injuries caused by spells may leave lifelong effects. It would be better to check,” elle avait récupéré ce qui semblait être une trousse de soin entre-temps, et Vincent ne put retenir un léger sourire. “Of course, doctor,” il lui répondit, sa voix trahissant le masque de sérieux infaillible qu’il affichait en quasi permanence. “You can sit here,” dit-elle en lui désignant une chaise d’une main. Vincent s’y assis sans broncher. “I'm actually pretty decent at my job, don't worry,” - “I’m not worried,” il répondit rapidement. Il ne savait pas si Nadia était douée dans ce qu’elle faisait, il n’avait jamais cherché à le savoir, à récolter plus d’informations sur elle que ce qui était nécessaire. Tout ce qu’il savait était ce qu’il voyait devant lui, et Vincent avait appris à reconnaître ceux qui savaient ce qu’ils faisaient, il avait appris à déceler les signes et les gestes et la confiance qu’il éprouvait pour Nadia tenait de la façon dont elle faisait tout ce qu’elle faisait avec une certitude évidente. “I would trust you with my life,” il ajouta presque sans s’en rendre compte.

“Do you need me to uh, take this off?” il demanda en désignant sa chemise d’un geste flou et maladroit. Il avait déjà quitté son manteau, en s’asseyant, son épaule raidie rendant le processus légèrement plus complexe sans pour autant entraver ses gestes. Il releva un regard interrogateur vers Nadia, essayant de garder la face malgré leur proximité et les relents d’angoisses que la soirée provoquait encore, comme un bruit de fond désagréable qu’il n’arrivait pas à oublier.

Tw blague bof drôle un peu validiste

« There's no need too, you can just open and lower it, » Nadia lui repondit après un silence presque pesant. Il essaya de rationaliser la situation. Ils venaient à peine de sortir de ce qui aurait pu être une énorme catastrophe, quelque chose qui aurait pu leur coûter la vie, et qui pourtant ne les avait laissé qu’avec quelques égratignures. Ils avaient eu de la chance. La prochaine fois, ils ne seraient peut-être pas si fortunés. C’était là aussi à difficulté de la société dans laquelle ils vivaient, et, surtout, de la Résistance qui semblait ne pas vouloir abandonner. C’en était presque inspirant, un tel dévouement à une cause qui était de toute évidence vouée à l’échec.

« Do you need help ? » La voix de Nadia le sortit de ses pensées et Vincent put se sentir légèrement embarrassé à l’idée que son immobilité ait pu être interprété de telle manière. « Your shoulder looks pretty stiff, » elle ajouta, comme pour expliquer sa proposition. Vincent tenta de détendre ses épaules, laissa son cou s’étirer et relaxer les muscles qui s’y trouvaient, malgré leur réticence évidente. « It is, » il répondit simplement. Ça n’était pas le pire qu’il ait jamais eu, ni le pire qu’il aurait, son statut de mangemort et la pratique du hockey le mettait souvent dans des situations risquées. C’était tout de même assez pour être gênant. Surtout que Vincent n’avait pas l’habitude de se faire soigner par autrui lorsque cela pouvait arriver. Mais Nadia était médicomage, et Vincent lui faisait confiance. Il déboutonna sa chemise, dégagea le tissu d’un côté pour laisser apparaître son épaule blessée.

« Is it painful a lot ? » elle lui demanda, alors que ses doigts appuyaient contre son épaule endolorie. « Not really, » il répondit malgré tout, sachant que Nadia verrait sans doute clair dans son jeu, alors que son bras s’était agité brusquement sous la pression. Il pouvait sentir la magie de répandre encore sous sa peau, réminiscence d’un sortilège offensif parfaitement exécuté et qui, avec un peu de chance, ne laisserait pas de séquelles. Il tenta à nouveau de détendre son épaule en la faisant bouger minutieusement. Il ne put retenir une grimace cependant, alors qu’un nouvel assaut brûlant se répandait sous sa peau. « Shit, » il murmura dans un souffle alors que la douleur soudaine laissait place à un inconfort plus profond. « Okay, its a little painful, » il lança vers Nadia d’un ton qui se voulait léger. « So, what do you think? You’re not going to have to cut it off, are you? »

Nadia lâcha un léger rire en sa direction, et Vincent fut surpris du sentiment qui le traversa en retour. Il n’avait jamais souhaité faire plaisir aux gens, pas vraiment, et il savait que ça n’était pas ce qui était en train de se passer, mais le fait d’avoir pu alléger une certaine tension, ne serait-ce que pour quelques secondes, d’avoir pu soulager Nadia d’une certaine manière le rendait étrangement satisfait. “That would be a shame, indeed,” elle finit par lui répondre avant d’ajouter “You will be fine. The spell should wear off by tomorrow evening, it didn't strike that hard. You got lucky.” Le diagnostic était un soulagement également, il se doutait que sa blessure, si on pouvait même la qualifier ainsi, n’était pas très importante, mais c’était bien d’en avoir une confirmation, un avis venant de quelqu’un qui connaissait le domaine.

“Though I think you should keep an eye on it, just in case. And have some rest. Meaning: if it hurts, don't keep it to yourself.” Vincent acquiesça lentement en lançant un léger sourire en direction de sa fiancée. “I would never,” il lui répondit faussement sérieusement. Ils avaient beau ne pas se connaitre extrêmement bien, il savait que Nadia savait qu’il était tout sauf expansif, surtout lorsqu’il s’agissait de lui. C’était quelque chose qu’on lui reprochait beaucoup et relativement régulièrement. On le disait trop renfermé, trop secret, trop morose parfois. Il avait compris que le commun des mortels aimait s’étendre, parler même lorsqu’ils n’avaient rien de spécial à dire, et si Vince n’était pas tellement dérangé par le fait d’avoir à les écouter, il avait du mal à leur répondre. Nadia était différente, pourtant. Ils allaient passer le reste de leurs vies ensemble, et Vince se doutait qu’elle n’apprécierait pas de se retrouver coincée avec lui dans un silence constant, pendant les prochaines décennies. Elle ne l’y pressait pas pour autant, et c’était peut être pour ça que les choses semblaient plus simples. Il y avait encore de nombreux moment où il ne savait pas quoi dire, ou ses mots semblaient ridiculement restreints par rapport à ceux de Nadia, mais il lui faisait confiance, et il voulait essayer, pour elle.

Comme souvent néanmoins, Nadia fut la première à parler. “Of course,” il répondit rapidement à sa proposition. “It’s a good idea,” il se sentit obligé d’ajouter, un peu bêtement. “And thank you.” Il jeta un coup d'œil aux alentours, aux fleurs qu’il ne reconnaissait pas, il n’avait jamais porté grande attention aux cours de botanique, et il le regrettait un peu à présent. Il savait que Nadia appréciait l’endroit, que tout cela lui rappelait d’où elle venait, et il pouvait le comprendre, bien que leurs origines soient éminemment différentes, il avait aussi des souvenirs d’enfance d’un autre continent, là où tout semblait plus simple. “Hm,” il commença après un moment d’hésitation, “should we go somewhere warmer?” Si la terrasse en bois devait être parfaite pour les longues soirées d’été, ils étaient à présent en Novembre, et les températures n’étaient plus aussi agréables.