Il n’était jamais totalement tranquille lorsqu’il dormait sous sa tente. Il avait beau veiller à délimiter un périmètre à l’aide de sortilège repousse-moldu et d’alerte dans le cas où un sorcier passerait par-là, cela ne suffisait jamais à lui garantir une nuit de sommeil tranquille. Comment aurait-il pu l’être ? Si ce n’était pas les cauchemars qui venaient le hanter, l’inquiétude de se faire tuer dans son sommeil se chargeait de prendre le relais quand ce n’était pas autre chose. Le sommeil peinait à l’emporter et lorsqu’il daignait enfin le faire, il était rarement réparateur. Alors parfois, son corps le rappelait à l’ordre et le contraignait à faire une pause. Une vraie pause. La plupart du temps, il allait à Little Italy, et squattait un fauteuil ou un morceau de matelas pour récupérer de ses nuits troublées. Il y avait justement fait un saut quelques jours plus tôt avant de reprendre la route. C’était encore là qu’il était le mieux, mais il se refusait à accepter l’offre de Lena de s’installer pour de bon.

Cette fois, il était monté plus au nord du pays jusqu’à trouver un coin qu’il jugea idéal pour établir son campement. Outre ce besoin d’être seul qui ne le quittait que trop rarement, il avait localisé une base d’approvisionnement de grandes surfaces dans le secteur. Il espérait pouvoir repérer les lieux et pourquoi pas aller récupérer quelques trucs à manger. Les quantités de produits alimentaires étaient bien plus importantes dans ce genre d’endroits, si une petite équipe y était dépêchée, il était possible d’obtenir des provisions pour une bonne partie des planques et les redistribuer ensuite à d’autres fugitifs. Mais avant d'aller présenter l'idée à qui que ce soit, il voulait obtenir le maximum d'information au sujet de cette base.

Le Weasley s’étira sur sa chaise. Son dos lui faisait mal, endolori par la position qu'il avait adopté pendant un long moment, et la trace de sa montre sur sa joue étaient les preuves irréfutables d’une sieste improvisée. Il se frotta les yeux et grogna en se rendant compte que ses oreilles sifflaient. Il ne se souvenait pas s’être endormi, pourtant sa montre lui indiquait le contraire. Ahh et ce sifflement dans les oreilles était désagréable au possible ! … Il se releva d’un bond. Beaucoup trop vite. Il dû prendre appui sur la table le temps que son environnement se stabilise. Il fallait qu’il se dépêche. Quel imbécile il faisait, il savait bien qu’une sieste était une mauvaise idée ! Il le savait et pourtant il en avait fait une ! D’un coup de baguette, il mit fin au sifflement qui résonnait à l’intérieur des cloisons seulement, d’un autre fit se ranger ses affaires dans son sac à dos. Il ignorait depuis combien de temps son système d’alarme s’était déclenché, il n’avait probablement plus que quelques minutes devant lui avant que ces visiteurs ne viennent.

Il sorti de la tente, pour voir s’il était déjà trop tard, les doigts resserrés autour de sa baguette. Juste à temps pour voir approcher une femme aux longs cheveux bruns. Armée elle aussi. Et merde. Percy fronça les sourcils. Il y avait peu de chance que sa présence soit le fruit du hasard. «  Je ne pensais pas croiser qui que ce soit par ici. » lança-t-il en guise de bonjour. En règle générale, lorsqu’on se cachait dans les bois, le but était d’éviter les contacts le monde extérieur. Il jeta un coup d’œil autour de lui, sur ses gardes. Il était peu probable qu’elle soit seule. Combien étaient-ils dans ces bois ? Deux ? trois ? dix ? «  Si vous avez besoin de nourriture, j’ai ce qu’il faut à l’intérieur. J’ai pas grand-chose, mais je peux peut-être partager.» Il ne se faisait pas trop d’illusions, il y avait peu de chance que cette sorcière soit à la recherche de boîtes de conserve. Il n’avait pas bougé, essayant d’évaluer le degré de menace de la femme qui lui faisait face. «  Si vous êtes perdue, j’ai un plan. Je peux peut-être vous envoyer dans la bonne direction. » Soit loin d’ici. Très loin.

( Pando )

Quand elle avança dans sa direction, il ne bougea pas d’un pouce. Il sentit ses orteils s’ancrer dans la semelle de ses chaussures, il sentit ses dents se serrer et sa prise autour de sa baguette se faire plus ferme qu’elle ne l’était. Mais il ne bougea pas. Il ne lui cèderait pas de terrain. Pas tant qu’il y avait d’autres options sur la table.

Il avait vu juste et il aurait presque pu en sourire. Toutes ses rencontres dans les bois ne seraient-elles donc qu’une suite d’altercations avec les brigades du ministère ? «  Et moi qui pensait pouvoir faire une bonne action et échanger quelques mots autour d’une tasse de thé avec quelqu’un … » La femme n’était ni une âme égarée, ni une fugitive. Elle en était l’exact opposée. Une chasseuse. Et si une petite voix dans sa tête lui soufflait qu’un petit duel était la meilleure solution, une autre, plus forte, insista pour qu’il y réfléchisse à deux fois. Si elle était effectivement là pour l’arrêter, elle n’était pas venue seule. Si ses précédentes altercations avec des groupes de rafleurs et les récits d’autres membres de la résistance lui avaient bien appris un truc c’était ça : Ils n’étaient jamais seuls. Ils se déplaçaient toujours en groupe. C’était plus simple. Ils avaient ainsi davantage de chances d’attraper leur proie. « Tu devrais mieux te cacher que ça, Percy. » Il se figea en entendant son prénom ainsi raccourcit dans la bouche de l’inconnue associé à tant de familiarité. Mais il n'y avait pas eu que ça. Elle avait retenu son nom quelques secondes avant de le prononcer. Comme si elle en avait tiré une forme de satisfaction. Une forme de fierté de pouvoir se permettre de l’appeler par son diminutif et d’établir dans le même temps que des deux, c’était elle qui avait l’avantage. Une situation loin de convenir à l’ancien Gryffondor. « Ton odeur traîne partout dans l’air. » Que cherchait-elle à lui dire, maintenant ? Après avoir attaqué ses compétences, avoir joué la carte de la familiarité, elle s’en prenait à présent à son odeur. Avait-elle quelque chose contre lui ? Est-ce qu’il sentait si mauvais que ça? Il avait pourtant pris une d… Et là, la lumière s’alluma. Il ne se trouvait pas seulement face à une sorcière. Pour qu’elle puisse se permettre de parler de son odeur, il n’y avait pas de doutes possibles. Une hybride. De mieux en mieux …

«   Je me sens désavantagé. » admit-il. «   Tu sembles plutôt bien renseignée sur mon identité. Je ne sais pas si je dois en être flatté. » Oh, il ne doutait pas que le ministère avait un placard si ce n’était pas une pleine salle avec des dossiers sur des fugitifs reconnus avec leurs portraits. Il ne doutait pas non plus que son nom figurait dans l’un d’eux associés à ceux de chacun des membres de sa famille. Mais jamais aucun des larbins du ministère n’avait osé l’appeler ainsi. En général, c’était plutôt « Weasley. » ou d’autres noms beaucoup moins flatteurs. Mais pas Percy. Percy, c’était pour la famille, pour les amis. C’était pour ceux qui avaient gagné sa sympathie et quelques autres exceptions. Mais ça n’était certainement pas une fleur qu’il était prêt à faire au gouvernement en place. «  La moindre des choses, ça serait que je connaisse la tienne. Histoire de rétablir un minimum d’équilibre entre nous, non ? » Gagner du temps. Evaluer la situation. Était-elle en train de servir d’appât pour un piège tendu par l’équipe dont elle faisait très certainement partie ? L’idée n’était pas à exclure. «   Dis-moi, vous êtes venus à combien aujourd’hui pour arrêter un seul homme ? »

A quel point étaient-ils lâches ?

( Pando )

L’inconnue était loin d’être bavarde et il était peu probable que l’on puisse ajouter aimable à la liste de ses qualités. Selon ses dires, leurs routes s’étaient déjà croisées. Il était prêt à la croire. Mais la question était où ? quand ? Il était certain que ce n’était pas à Poudlard, il avait une mémoire relativement bonne mais son visage ne semblait s’associer à aucune classe ni aucun endroit de l’école de magie. Le ministère ? Il en doutait. Elle n’avait pas l’allure de ceux qui y trainaient ou du moins pas celle des départements qu’il avait un temps fréquenté. « Un petit indice n’aurait pas été de trop. » Mais soit. Il s'en passerait. Ca finirait bien par lui revenir. Cette voix ne lui était pas si inconnue ça, plus il l’entendait parler, plus elle semblait familière, mais les liens ne se faisaient pas encore. Il ne parvenait pas à se rappeler où il avait pu la rencontrer. Elle s’approcha d’un pas, lui ne bougea pas, toujours sur ses gardes. Il ne cèderait pas de terrain.

Sa question sembla l’amuser, génial. Il ne s’était jamais imaginé faire rire les foules. "Sous-effectif." Il aurait peut-être dû verser une petite larme suite à cette révélation ? ou alors les aider à lancer une petite campagne de recrutement ? «  Difficile à imaginer que les gens ne se portent pas volontaires pour faire le sale boulot, j’imagine. » Les recrues ne se pressaient pas aux portes du ministère ? On se demandait vraiment pourquoi … "Rien qui peut t'empêcher de réussir à te faire la malle." En effet, dit comme ça, il avait toutes les chances de s’en tirer. Et puis son adversaire ne semblait pas particulièrement décidée à l’attaquer.  "Et d'apprendre à mieux masquer ta trace."  Allez, une critique de plus. «  Ca va, je crois que je l’avais compris la première fois. » Elle allait réussir à le vexer avec toutes ses remarques. Elle pensait peut-être que c’était facile de vivre comme il le faisait ? Il savait repousser les moldus, il savait insonoriser un périmètre défini et il était capable de mettre en place un sortilège d’alerte. Mais dissimuler une trace de magie, ça, il ne savait pas. Il faudrait qu’il se renseigne sur le sujet. «  C’est pas franchement le genre de trucs qu’on apprend à faire à l’école des fugitifs, mais puisque tu sembles t’y connaître, je t’écoute. Comment on s’y prend pour pas que tes potes nous tombent dessus au milieu d’un feu de camp ?» Elle semblait du genre à donneuse de leçons, alors autant en profiter.  Et la suite de cette conversation continua à le surprendre. Mais qui était-elle ? "Si tu veux éviter un duel à un contre deux, c'est le moment de te débarrasser de moi et de filer."  Confus était certainement le plus approprié pour décrire le Weasley. Toute cette conversation l’était. Le sort qu’elle jeta à l’opposé de leur emplacement n’aidait en rien à comprendre ce qu’elle cherchait. Que cherchait-elle à faire exactement ?  Était-ce une nouvelle technique déployée par leurs équipes ? Était-elle sérieusement en train de lui dire de l’attaquer et de se tirer ? Embrouiller la victime pour mieux s’en débarrasser ? Lui faire éprouver un élan de sympathie et l’abattre comme un animal ?

«  C’était toi sur Knockturn Alley ? » Ce n’est pas tant une question qu’une affirmation. «  La boutique, les potions, tout ça, c’était toi. » Ça lui revenait. Petit à petit les pièces du puzzle semblaient se remettre en place. Peut-être à tort, il baissa légèrement sa garde. «   Je savais pas. » Comment aurait-il pu ? Il n’avait pas sympathisé avec elle au point qu’ils en arrivent à ce genre de confidence. Elle, une hybride ? Pas que ça aurait changé quoi que ce soit à ses habitudes, maintenant qu’il y réfléchissait. C’était encore elle qui avait les meilleurs produits à des prix décents. Elle avait beau avoir à l’époque posé ses valises dans une rue qu’on jugeait mal fréquentée, elle ne lui avait jamais semblé infréquentable.

( Pando )

Il semble deviner une once d’hésitation dans l’attitude de son adversaire – si elle pouvait être désignée ainsi. Le fait qu’ils se soient croisés dans une autre vie influençait-il son geste manqué ? Il en doute et pourtant l’idée s’inscrit dans un coin de sa tête. La louve ne lui était pas réellement hostile. A moins que ce ne fut une façon de lui dire merci des années plus tard. "Qu'est-ce que ça aurait changé ?" Elle marquait un point. Cela n’aurait probablement rien changé à leur relation. Il se fiche bien de savoir si elle était une louve ou végétarienne ou bien encore collectionneuse de cartes de chocogrenouille. « Rien. » Il le verbalise. « Absolument rien. » Il ne s’y connaît pas plus que le sorcier lambda en matière d’hybride. Mais au moins ils semblent s’accorder sur ce point, cela n’aurait rien changé à l’époque, mais est-ce que cela jouerait dans la balance ce jour-là ? De nouveau, il se retrouve avec la baguette de la brune pointée sur lui. N’a-t-elle donc aucune envie de vivre ? Elle avance, il ne bouge pas. « Tu – » Elle est plus rapide. "C'est dommage, je ne suis pas une duelliste très douée." Il en doute sans pour autant être en mesure de le vérifier. Il n’a pas non plus l’intention de le faire. « Tu te rends compte de la situation dans laquelle tu te mets ? » Les autres avec qui elle est venue chasser dans le secteur ne lui auraient pas fait autant de cadeau. Il n’y en aurait pas même eu un seul. Mais cette femme qui lui fait face, il l’a connue, il l’a rencontré dans un autre contexte, il l’a aidée quand elle en avait besoin. Et là, elle lui demandait de l’attaquer ? Elle risquait de payer pour l’avoir laissé partir si ça venait à se savoir. Or il avait la fâcheuse impression que cela se saurait.

D’un coup de baguette, il récupère son sac. Tant pis pour la tente. Le plus important se trouve dans le sac de toute façon.

"Dépêche-toi, avant que je ne change d'avis."

Elle le presse. Il fronce les sourcils et presque exaspéré il finit par accéder à sa requête. Il n’aime pas ce ton. Alors il lance un sortilège de désarmement. Et le rate. Etonnant. Le sortilège est basique, c’est un coup à se prendre une tape derrière la tête tant il est simple. C’est l’un des premiers que l’on apprend en duel. Seulement, cherchait-il vraiment à la toucher ? « Faut croire que je ne suis pas très bon non plus aujourd’hui. » Il hausse les épaules. « Tu cherches à te faire tuer ou bien tu veux vraiment m’aider ? » Les signaux qu’elle envoie sont contradictoires. Elle le menace à demi-mots, lui jette un sort pour au final le rater. Sa baguette vise dans sa direction mais elle lui dit de se tirer. Un court instant, l’idée qu’il puisse l’aider lui traverse l’esprit, mais il doute qu’elle acceptera. Et puis, il aurait l’air fin à la ramener avec lui. « Pourquoi tu bosses pour eux ? » Elle aurait pu faire n’importe quoi : fuir le pays, rejoindre les rangs de l’Ordre, tout sauf garnir les rangs des chiens du ministère. Ca pourrait presque le faire sourire, fut un temps où il aurait tout donné pour y être employé. Il avait d’ailleurs abandonné bien des choses et des gens pour le faire avant de se raviser. Mais maintenant ? Il fuyait autant qu’il crachait sur l’institution rongée jusqu’à la moelle par des idéaux qu’il refusait d’embrasser. « Y a mieux comme choix de vie, non ? » Mieux comme choix de carrière tout court. Mais qu’est-ce qui était vraiment mieux dans ce pays ? Se planquer ou se coucher ? Se rebeller ou se soumettre ? Vivre ou abandonner ?

( Pando )

Elle ne réagit pas plus à ses questions qu’au sort qu’il jette derrière elle. Il y a quelque chose d’étrange dans cette conversation, ces dernières interactions avec des hounds ou des membres de la VB ne se sont jamais déroulés comme celle-ci. "Est-ce que la réponse t'importe réellement ?"  Il se dit que non, elle ne devrait pas compter. Elle bosse pour eux. Elle est dans le camp adverse, celui qui veut sa peau comme celle de toute la résistance. Non, vraiment, la réponse ne devrait pas compter. Pourtant il aimerait la connaître, savoir pourquoi elle a hésité et hésite encore, comprendre pourquoi elle lui laisse l’occasion de s’enfuir quand elle aurait déjà eu dix fois l’opportunité de l’immobiliser, de le désarmer et d’appeler son supérieur.

Mais Nawal demeure un mystère à part entière.

Même lorsqu’il l’interroge sur son choix de carrière, elle lui répond par une nouvelle question. Fut une époque où il aurait adoré ce petit jeu.  Il a toujours aimé les questions, Percy. C’était son truc à Poudlard, il y avait une question, il fallait qu’il trouve et donne la réponse. "Parce que tu penses qu'on a réellement le choix ?" Il a envie de lui dire qu’on a toujours le choix, qu’on est toujours libre de prendre ses propres décisions. Un doux mensonge. Un rêve. Un luxe pour beaucoup. Mais les gens comme eux, comme elle plus particulièrement, n’ont pas tant de choix que ça. "Je te l'ai dit. J'ai mes raisons que tu ne pourrais pas comprendre." Serait-il vraiment incapable de le faire ? ou alors est-ce qu’elle le sous-estime ? N'en a simplement aucune à lui fournir qui pourrait être considérée comme valable ? "Occupe-toi plutôt de fuir en un morceau." Ce serait la meilleure chose qu’il puisse faire, sa famille apprécierait sans doute, ses quelques amis aussi.  Même lui, quelque part, apprécierait de sortir vivant de cet entretien.

Sauf qu’il hésite. Encore.

"Il te reste un peu de temps avant qu'ils n'arrivent. N'hésite plus." Qu’il n’hésite plus à quoi ? à fuir ? à l’achever ? Percy est beaucoup de choses, on peut lui prêter de nombreux qualificatifs. C’est un intellectuel, un gars qui réfléchit trop il paraît (les questions les bouquins, ça vous colle une étiquette), un type sympa quand même mais qui s’est renfermé, un con aussi, mais ce n’est pas un tueur. Et il sait qu’il serait difficilement capable de la blesser maintenant qu’il sait qui elle est, maintenant qu’il a recollé un peu les morceaux du puzzle, qu’il a associé son nom à un morceau d’histoire. C’était, c’est ?, quelqu’un de bien. Elle n’a juste pas eu de chance – mais est-ce qu’il peut se vanter d’en avoir eu, lui ? "Tu sais très bien ce qu'ils te feront s'ils t'attrapent." Il acquiesce. Il le sait. Capture. Torture. Condamnation, probablement aussi. « Tu sais très bien ce qu’ils te feront si tu ne m’attrapes pas. » Commentaire étrange, il veut s'enfuir, mais ne peut s'empêcher de sentir la culpabilité apparaître dans un coin de son esprit. Pourquoi? Le temps continue de défiler, mais il lui retourne quand même sa remarque. Il ignore tout bien sûr du traitement qu’elle recevra, ne peut alors que deviner, tenter de déduire.

Un peu plus loin, il entend des éclats de voix.

Elle a raison, ils se rapprochent.

Percy étudie une dernière fois toutes les options qui ont pu lui traverser l’esprit depuis qu’elle est apparue dans son champ de vision, cherchant la moins pire pour lui, comme pour elle. Il est exclu qu’il se fasse capturer, ses chances de survie seraient minces, mais il est hors de question qu’elle paye trop cher le fait de l’avoir laissé partir. Lorsque son choix est arrêté, il pointe sa baguette vers la tête de la jeune femme pour y jeter un sortilège d’Oubliette qu’il espère suffisamment précis. Il la déleste seulement de leur conversation, de ces sortilèges ratés volontairement des deux côtés, la protégeant ainsi, il l’espère, de représailles de la part de ses supérieurs.

« On a toujours le choix, Nawal.» qu’il lui lance avant de transparaître, son sac sur l’épaule.

Il se surprend à sourire, il a finalement repris ses mots à elle pour les tourner en affirmation. Ces mots qui sont tout à fait le genre de phrase qu’on lui a servi dans sa famille, que ça vienne de ses parents ou de sa fratrie. Le genre de parole qu’il aura soigneusement pris le soin d’ignorer, mais qu’il lui aura volontiers ressorti à elle.

( Pando )