Elle avait commencé à faire les cents pas dans le couloirs désormais vide. Enfin pas tout à fait. Elle y était en présence d’une autre sorcière, plus jeune qu’elle. Saoirse n’avait probablement pas envie d’avoir cette conversation pourtant, Rebecca le voulait et souvent, quand celle-ci voulait quelque chose, il était difficile de lui refuser. Mais avec Saoirse, elle savait qu’elle ne forcerait jamais, que les choses se feraient comme elle le devaient, naturellement. « Dis-moi ce qu’il s’est passé ! » Elle ne s’énervait pas, elle essayait en tout cas mais elle avait en horreur qu’on lui cache des choses. C’était une journée des plus banales au départ, un de ces jours où, comme à son habitude, elle n’avait pas envie de se rendre en cours. Ca ne changeait pas bien ça, c’était plus une corvée pour elle qu’autre chose mais elle n’avait pas réellement d’autres choses, il fallait faire avec. Mais les choses avait bien vite changées alors qu’au détour d’un couloir, elle était tombée par hasard sur Saoirse. Rien n’étrange en soi, ce qui l’était en revanche, c’était la manière que la jeune sorcière avait eu d’essayer de l’éviter, comme si elle avait quelque chose à cacher et ça, Rebecca n’appréciait pas beaucoup. Elle avait pourtant rapidement compris les motivations de l’adolescente, ce bleu, cette marque sur son visage. Bien présente, trop marquée, les sortilèges n’avaient sans doute pas suffi à le faire disparaître, rendant la chose visible aux yeux de Rebecca et tous ceux qui porteraient leur regard sur la jeune sorcière. Maman lionne, ironique quand on savait qu’elle était à Serpentard, qui tentait de protéger plus que tout sa petite protégée, elle pourrait faire des malheurs si elle apprenait la vérité concernant cette marque que possédait Saoirse. Les raisons pouvaient être diverses et variées, il n’y avait sans doute pas de raisons de s’inquiéter mais elle voulait savoir quand même Rebecca. Elle avait son regard un peu dur, tendre à la fois sur Saoirse. Le regard qui voulait dire qu’elle pouvait lui parler, tout lui dire et qu’elle ne ferait rien de regrettable, en tout cas pas dans l’immédiat. « Tu sais que je veux juste te protéger. » Ce n’était pas nouveau. Ce n’était pas son genre en temps normal et pourtant, les choses s’étaient déroulées de manière à ce que Rebecca décide de prendre sous son aile Saoirse. Ca avait été étonnant pour beaucoup de gens, surtout pour les Serpentard auprès desquels elle n’avait pas la réputation d’être une fille au grand coeur. Mais désormais, il savait ce qu’ils avaient le droit de faire ou non et toucher à Saoirse n’en faisait pas partit. Elle espérait donc, que si un élève était responsable, il n’était pas des verts et argents, ce serait très fâcheux pour lui, encore plus que pour une autre. Alors maintenant, elle attendait, elle ne disait rien. Un simple et maigre sourire ornait ses lèvres, pour encourager celle qu’elle pouvait considérer comme son amie à lui parler, à lui dire tout ce qu’il se passait afin qu’elle puisse comprendre l’étendu du problème.

Elle avait conscience que ça n’était pas toujours facile de lui parler. Pas parce qu’elle n’écoutait pas, loin de là même, mais parce qu’elle avait tendance à toujours se faire des idées et à s’énerver même si ça n’en vaut pas la peine. Et depuis le temps, Saoirse devait bien savoir que Rebecca avait tendance à rapidement monter dans les tours. Un mal pour un bien, tout dépendait de la situation mais en cet instant, elle devait plus que tout réussir à garder son calme si elle voulait que Saoirse lui parle. « J’te laisserais pas, d’accord ? » Elle la tenait par le poignet. Ce n’était pas une forte poigne et si la plus jeune voulait s’en dégager, elle pourrait le faire sans grand mal. Le regard de Rebecca était planté dans celui de Saoirse. Elle devait voir que son aînée ne plaisantait pas, qu'elle était sérieuse et qu'elle attendait d’en savoir plus sur cette histoire. La protéger, c’était tout ce qu'elle voulait rien de plus. Et s’il s’avérait qu'il n’y avait finalement pas de quoi s’alarmer plus que ça, alors elle laisserait simplement tomber, préférant faire confiance à Saoirse plutôt d'insister et que cette dernière lui en veuille. Qu'elle refuse de parler, ça aurait probablement contrarié plus d'une personne mais Rebecca n’était pas le genre à abandonner. Elle ferait comprendre, en douceur à Saoirse, qu'elle n’avait rien à craindre, pas avec elle en tout cas. Elle essayait de sourire, histoire de donner confiance. « Regarde, y’a que nous deux, tu crains rien. » Y’avait ainsi pas de risque qu’on puisse les entendre, elle avait veiller à faire partir ceux qui l’accompagnaient avant de commencer à parler à la jeune femme. Et c’était tant mieux car ainsi, les langues se déliaient et ce qu'elle entendait la fit très clairement serrer les points. Si elle avait été stvipde, elle aurait très certainement donné un coup dans le mur le plus proche. Mais elle tenait à ses mains alors elle se contentait de se mettre à faire les cent pas, comme si ça allait résoudre le problème. « Qui ? » Ca serait sans doute l’information la plus difficile à obtenir, surtout en prenant en compte qu’il avait déjà été difficile de lui faire admettre ce qu’il s’était passé. Des Gryffondor. Dans le fond, ça ne l’étonnait même pas. Il y avait toujours cette guerre des territoires entre les deux maisons, encore plus aujourd’hui que le gouvernement avait changé. « Pourquoi ils ont fait ça ? Tu peux me le dire ? » Elle s’était arrêtée de marcher en demandant ça et avait son regard de nouveau rivé sur Saoirse. Elle savait qu’à se montrer trop protectrice, elle finirait sans doute par mettre la jeune sorcière en colère et c’était tout ce qu’elle ne voulait pas. Elle avait beau l’observer, elle ne savait pas lire encore dans les esprits, alors il faudrait que Saoirse lui parle, qu’elle veuille bien lui expliquer. « S’il te plait ? » Un peu de politesse ne pourrait pas faire de mal, si ça pouvait aider à délier les langues.

Elle insistait un peu trop mais elle n’avait même pas conscience de cela. Pour elle, c’était normal. Elle s’était jurée de protéger Saoirse et elle le ferait, que celle-ci le veuille ou non d’ailleurs. C’était sans doute un peu égoïste de sa part de penser à cette promesse qu’elle s’était faite à elle-même avant de penser au bien être de la jeune sorcière, de ce qu’elle voulait réellement mais elle était comme ça Rebecca, c’était simplement plus fort qu’elle. Il n’y avait qu’elle dans ce couloir, elles étaient seules alors il n’y avait pas de raison que quelqu’un sache qu’elles avaient eu cette conversation, et ce n’était clairement pas Rebecca qui allait en parler. Elle veut savoir qui a fait ça à sa protégée, qui peut bien être assez stupide pour avoir fait ça surtout. Ce n’était pas un secret que la Serpentard prenait des élèves sous son aile, qu’elle jurait de les protéger mais il fallait croire que le fait que cela se sache n’était pas suffisant pour rendre la menace d’un accident crédible à quiconque leur ferait du mal. Qui ? Oui qui. Et quand elle entend le nom de Gryffondor, elle a les poings qui se serrent un peu plus. Elle doit penser à Saoirse avant tout, elle ne doit surtout pas faire quelque chose de stupide, pas maintenant en tout cas. Mais les raisons d’un tel acharnement sur la jeune sorcière lui échappe encore, nouvelle question qu’elle pose, nouvelle réponse qui ne la satisfait pas. Elle ne sait pas qu’elle dit et dans un sens Rebecca voudrait bien la croire, elle devrait probablement la croire mais c’est plus fort qu’elle, cette insistance qu’elle a dans ses mots avec une simple supplique pour encourager Saoirse. Ça les fait rire. Encore une réponse qui ne plait pas vraiment à Rebecca, elle aurait clairement préféré qu’il y ait un motif derrière cet acharnement mais visiblement, il n’était question que de rire. Encore quelque chose qu’elle n’aimait pas, tout comme la réponse de Saoirse qui lui demandait indirectement de ne rien faire au risque de rendre les choses encore pires. Il était vrai qu’elle n’avait pas pensé à ce détail Rebecca, elle n’avait pas pensé qu’elle ne pouvait pas aller les voir directement mais elle avait pensé à bien d’autres choses. « Je n’irais pas les voir, je te le promet. » Et quand elle promettait, elle veillait toujours à respecter la promesse faite, toujours. « Mais tu sais aussi bien que moi que je ne peux pas laisser les choses continuer… comprend-moi aussi. » Elle n’était pas certaine que cela soit les bonnes paroles à prononcer pourtant, elles étaient sincères. Si Rebecca ne faisait rien, qu’en serait-il de sa crédibilité à l’avenir, si des choses de ce genre venaient à se reproduire, que ça soit avec Saoirse ou avec quelqu’un d’autre. Elle n’aimait pas jouer la méchante, elle n’aimait vraiment pas ça. Quand elle faisait les choses, c’était toujours juste, enfin c’était ce qu’elle pensait en tout cas. « On fait un truc. Je ne fais rien moi-même parce que les gens savent que nous sommes liés toi et moi mais… je peux toujours demander à quelqu’un d’autre de le faire à ma place et personne, à part toi et cette personne, n’en saura rien. » Pour Rebecca, ça semblait être un bon compromis mais elle savait très bien qu’elle ne ferait et ne demanderait rien à quiconque sans l’approbation de Saoirse, question de principe.

Elle était en comère Rebecca et c’était un sentiment qu’elle n’avait jamais su contrôler. Elle essayait, faisait de son mieux mais il arrivait toujours un moment où elle avait simplement besoin de craquer et ça faisait toujours du bien. Mais là, il s’agissait de Saoirse, elle n’avait pas le droit de laisser sa colère prendre le dessus au risque de perdre sa relation avec la jeune femme. Elle soupirait alors, se résignant à ne rien faire, acceptant d’essayer de laisser tout ça de côté pour ne pas céder à son énervement. « Oui, c’est promis. » Dieu qu’elle détestait ce genre de promesses qu’elle n’était jamais certaine de respecter. Mais elle ferait un effort, elle le devait bien à la jeune sorcière qui lui faisait face. Elle devait cependant être honnête et lui dire qu’elle ne pouvait pas laisser les choses ainsi continuer. Dans le fond, elle se doutait que Saoirse avait conscience de ça mais Rebecca devait être sûre, elle devait lui dire. Si ça lui arrivait à elle, ça pouvait aussi très bien arriver à d’autres. Elle n’était peut-être pas la Serpentard la plus tendre avec les plus jeunes élèves mais jamais il n’avait été question de quelconques violences physiques, elle ne se serait jamais permise cela et ne l’aurait encore moins permis à quiconque de son entourage. Ce n’était pas parce qu’ils étaient à Gryffondor, qu’ils s’estimaient sans doute intouchables, qu’ils avaient le droit de tout faire, ça non. Évidemment que Saoirse n’était pas d’accord et ça faisait soupirer Rebecca un peu plus. Est-ce que pour une fois on pourrait l’écouter et suivre ce qu’elle proposait ? Visiblement non, c’était bien trop demander. « Saoirse... » Le murmure était las, elle se pinça l’arête du nez comme si ça allait suffire à la faire réfléchir et surtout à lui donner une idée. Elle pouvait promettre de ne pas s’en occuper elle-même, en revanche, il y avait toujours une autre solution à ce problème. C’était un compromis qu’elle jugeait plutôt acceptable. Quelqu’un pouvait faire les choses pour elle, sans que rien ne se sache. Quelque chose qui passerait facilement pour un accident, c’était si vite arriver dans une si grande école après tout. « Tu crois que tu peux gérer, hein ? » Rebecca n’était évidemment pas d’accord avec ça mais comment le faire entendre à la jeune sorcière qui semblait encore plus bornée que Rebecca elle-même au même âge. « T’as géré quand ils t’ont fait ça, ça se voit très bien. » Elle ne s’énervait pas et pourtant, ses bras croisés sur sa poitrine donnaient l’impression du contraire. Elle cherchait juste à faire comprendre à Saoirse qu’elle ne pouvait peut-être pas tout résoudre par elle-même et que parfois, un coup de main était nécessaire, que ça soit une bonne ou une mauvaise chose. « Ils ne sauraient même pas que ça a un lien avec toi et ce qu’ils t’ont fait. Les mauvaises blagues qui tournent mal, ça arrive souvent. » Elle ne parlait même pas de leur faire quelque chose qui pourrait mettre leur vie en danger mais d’au moins suffisant à ce qu’ils comprennent qu’ils étaient surveillés, qu’ils avaient plutôt intérêt à faire attention à ce qu’ils faisaient. « Tu veux gérer ? Très bien. Mais débrouille-toi pour qu’on ne voit pas les bleus la prochaine fois. Si c’est quelqu’un d’autres, un professeur qui voit ça, la situation sera bien différente pour eux comme pour toi. » Rebecca parlait d’agir en toute discrétion, si les professeurs s’en mêlaient, elle craignait une confrontation entre les maisons, ça ne serait sans doute pas la meilleure des idées.