for your entertainment

début juillet 2007 | @Stanislav Tolkien

TW : prise de drogues, alcool

L’invitation lui est venue suite à une rencontre syndicale ― un geste qui n’est en rien désintéressé, alors que le Syndicat est aux prises avec les tremblements d’une guerre intestine des plus intéressantes (a-t-il placé quelques paris à ce sujet ? peut-être que oui, peut-être que non, seuls les gains nous le dirons). Et si Ivan est un très mauvais diplomate, il est un excellent fêtard, et la perspective d’aller faire la fête aux frais des Warlocks est alléchante. Surtout si ça n’engage absolument aucune promesse de sa part, côté soutien officiel. Tout ce qu’il préfère.

Ainsi, Ivan n’a même pas hésité avant d’accepter, et c’est avec plaisir que sa douce Sal et lui-même se sont préparés pour la soirée. Parce qu’évidemment, où le blond va, la brune le suit, et il est hors de question de mettre les pieds dans l’antre des Warlocks sans sa délicieuse compagnie. Assortie, qui plus est, à leur habitude. Une robe brillante et terriblement courte pour elle (il adore), une chemise satinée pour lui, largement ouverte sur ses tatouages de gang et ses bijoux. Les deux meilleurs amis ont bien débuté la soirée à la maison avec quelques verres de vodka, puis ont transplané sur Knockturn Alley, leur garde du corps sur les talons.

Une chose le frappe dès qu’il pénètre véritablement dans le Dancing Phoenix, après avoir éhontément coupé la file d’attente devant le cabaret sorcier.
Ça pue l’hybride.

Le lycanthrope retrousse le nez à l’odeur. Ses sens trop affûtés, d’une sensibilité douloureuse, captent tout ― le parfum des filles sur scène comme celui des spectateurs, les odeurs des hybrides harpies, Vélanes, vampires, lycanthropes, la sueur, le cuir, le sexe, l’alcool, en un tourbillon qui le garde immobile à l’entrée. Presque assommé par la puissance du fumet, qui, il lui semble, n’est jamais aussi fort. Chez les moldus, il s’évite au moins le parfum entêtant de la magie. Il s’y évite l’angoisse de penser que la Values Brigade puisse débarquer dans ce lieu de débauche, avec au bout de leur laisse un clébard maudit qui puisse renifler l’odieux sur sa peau.

La main de Salamanca sur son bras lui rappelle sa présence apaisante. Un havre de paix dans cette soirée qui, soudain, ne lui apparaît plus comme une si bonne idée… Une désagréable boule de nervosité se forme dans ses entrailles alors qu’on vient les escorter jusqu’à une table, en excellente position par rapport à la scène. Pleine vue sur les danseuses qui s’y succéderont, en numéros les plus divertissants, complexes, sensuels, osés, pour les plaisirs du petit prince de la Bratva.
Et à la table derrière eux, Maksim, bien sûr. Il faut bien quelques avantages à devoir supporter Ivan et Salamanca à chaque jour que le bon Dieu amène.
Seulement, Ivan ne tient pas en place. La boule de nervosité devenue un sentiment diffus, quelque chose qui agite son talon dans un claquement discret, mais régulier, contre le plancher. Lorsqu’une serveuse vient s’enquérir de leur commande, il bondit de sa place et lâche un « Je m’en occupe » brusque. Soulagé, peut-être aussi, d’avoir trouvé l’excuse parfaite pour bouger un peu. Il plaque un baiser sur le dessus de la tête de sa meilleure amie et lui promet de revenir rapidement, puis s’éclipse vers le bar. Il a l’intention de s’y claquer un ou cinq shooters avant même de commander convenablement.

Son regard s’abaisse vers le barman, dont le sourire blanc ajoute une couche supplémentaire à son malaise. D’un autre acabit, le malaise, cette fois-ci. « Tolkien, ce n’est pas un salut tant qu’un constat. J’espère avoir meilleure compagnie que la tienne, ce soir. Ivan est très sérieux, dans le commentaire rude, ses yeux bleu glacier confrontant ceux bruns, chauds, du demi-Vélane. Il s’appuie un peu plus sur le comptoir et demande, sans attendre de réponse à sa pique : T’as quoi de bon, pour moi ? »

TW : Insulte homophobe

Stan l’énerve.
Et c’est beaucoup dire, venant d’Ivan, qui a élevé l’énervement (celui qu’il génère chez les autres) au rang d’art, tant il y est doué.

Stan l’énerve parce qu’ils ont le même style vestimentaire et que même s’il veut être de mauvaise foi, il est incapable de se dire que c’est de mauvais goût (ou de ne pas regarder, subrepticement, les muscles dessinés par les jeux de lumière derrière le bar).
Stan l’énerve parce qu’au contraire de tout le monde présent ici ce soir, sauf Salamanca, il sent bon. Il sent bon bon. Pas la sueur, pas le lycanthrope, pas le parfum cheap, mais quelque chose d’indéniablement plaisant.
Stan l’énerve parce qu’il est beau. Maintenant qu’il a été mordu, Ivan sait et comprend mieux cette beauté qui n’a toujours été bonne qu’à le mettre mal à l’aise, bien plus que celle de la Fox des Warlocks. Considérant son sang de Vélane, Stan n’est alors pas vraiment si beau que cela ― il triche, même, et il est persuadé que dans les yeux de Sal, il est bien moins séduisant que ce qu’il peut être dans les siens (ce qu’il n’irait jamais avouer).

Stan l’énerve, avec son sourire parfait de dents parfaites, et il s’énerve lui-même à tressaillir devant son clin d’oeil familier et sa boutade fanfaronne, ce : « Je crains qu'il n'y ait pas meilleure compagnie que moi. » qu’il ne peut même pas opposer (alors que tout le monde est préférable à lui). Il ne peut que siffler entre ses dents et regarder vers les barmaids, bien plus mignonnes, qui ne sont malheureusement pas à son service. Tout pour ne pas regarder en face l’homme chargé de lui servir à boire et qu’il veut laisser à son poste dès que possible, dès qu’il se sera décidé à lui servir un putain de verre de n’importe quoi de buvable. « Je n'oserais pas te proposer de la vodka, mais j'ai un whisky écossais qui devrait pouvoir te plaire. Enfin, si tu préfères un Honey Puffskein Martini, je peux toujours t'en faire un. Ça mérite un autre tss, ça. Boisson de tapettes, ça. Bien une suggestion typique de la part de ce... Je te proposerais bien de boire avec toi, mais je crois que ta poupée t'attend. » Il se détourne du regard presque noir du Tolkien pour regarder Sal, qui attend son retour. Sa mâchoire serrée de déplaisir se détend un peu, à l’observation du profil élégant de sa meilleure amie. Il se ne rend pas compte qu’il s’appuie lui aussi sur le comptoir et se rapproche de l’hybride, presque par réflexe. Pour mieux l’entendre, bien sûr, par-dessus la musique dans le cabaret (son ouïe fine n’a pas besoin de cela). Rien d’autre. Pas pour sentir, lui aussi, ce parfum toujours si agréable. « Un double de ton whisky, pour Sal et moi. Sa poupée d’abord, l’autre l’a dit. Même s’il ne fait aucun geste pour la rejoindre, rien pour lui accorder davantage son attention, alors que son visage se tourne à nouveau vers celui du barman. Ta meilleure vodka pour toi et moi. En double aussi. » Un sourire en coin, qu’il déteste, qu’il voudrait effacer tout de suite, alors que les mots dépassent sa pensée et un peu tout le reste aussi.

Stan l’énerve au moins autant qu’il s’énerve.