tw: deuil

Lee se retrouve de plus en plus à graviter vers la Fawkes. L'endroit lui apporte un certain confort, une sérénité qu'il ne ressent nulle part ailleurs. Il a aidé à construire cette école, y a même rapidement enseigné la Métamorphoses et les Sortilèges, jamais seul évidemment. Au contact des étudiants, Lee s'est découvert une patience infinie et s'est trouvé plus tôt à l'aise. De plus en plus, il se surprend à imaginer sa vie après la guerre. Pendant des années, il en a été tout bonnement incapable: les affrontements constant étaient comme un trou noir et béant, avalant tout sur son passage, y compris tous ses rêves et ses désirs pour l'avenir. Lee ignore qui il est, sans l'Ordre, sans la guerre, mais maintenant une partie de lui a enfin envie de le découvrir.

Il sait que c'est en grande partie grâce à Minerva qu'il est attiré par l'éducation. Elle lui a sauvé la vie un nombre incalculable de fois. Sans doute plus que tout ce qu'elle peut imaginer. Après la mort de Fred, c'est elle qui l'a ramassé, lui a donné une raison de vivre. Après la mort de Flora, c'est vers elle qu'il gravite, à son contact qu'il commence enfin à reprendre goût à la vie et à ce qu'elle peut lui offrir. C'est étrange pour lui de se dire qu'à l'époque d'Hogwarts, elle était la plaie de son existence et qu'ils n'avaient de cesse d'être en désaccord, lui et les jumeaux cherchant et trouvant toujours un moyen de la rendre folle, généralement de rage, avec leurs plaisanteries et leurs farces et leurs habitudes légendaires à aligner les retenues...

Penser à Hogwarts provoque toujours un pincement dans son coeur, mais qu'importe. Ce soir-là, Lee se permet d'être un peu mélancolique, en regardant les étoiles, assis dans l'herbe fraîche du parc entourant le Fawkes. Il n'y va pas aussi souvent que d'habitude, puisqu'il est tellement occupé avec tous les préparatifs d'avant les Battues, et surtout parce qu'il essaye d'éviter, autant que se peut, Cat... Mais plus que jamais, il a besoin de discuter avec Minerva, peut-être de partager un verre. Elle trouve toujours les bons mots pour le réconforter.

Après de longues minutes, il se lève et rentre à l'intérieur, saluant les quelques membres de l'équipe pédagogique qu'il croise. Lee a toujours l'impression d'être un prince en son fief quand il est dans la Fawkes: les étudiants qu'ils croisent malgré l'heure tardive sont heureux de le voir et, à certains, il leur donne leurs petites commandes en scrède: comics moldus, friandises sorcières, objets et babioles qui pourraient les intéresser, tout est bon à ses yeux tant qu'il parvient à leur arracher quelques sourires. Mais il s'excuse bien vite, s'enfonçant dans l'école à la recherche du bureau de Minerva, sur lequel il cogne ses poings dans un bruit ténu.

Quand il est invité à entrer, il fait passer sa tête à l'intérieur de la chambre et adresse un large sourire à son ancienne professeur de Métamorphoses. Toujours aussi formidable que d'habitude, la voir lui met toujours baume au coeur. "Working late, I see," note-t-il en reconnaissant un paquet de copies sur son bureau. Il met la main à l'intérieur du bureau pour lui montrer ce qu'il tient entre ses doigts: une bouteille onéreuse et pleine d'un Firewhisky écossais qu'il a mis plusieurs semaines à trouver. "Humour me for some time," propose-t-il, toujours avec son sourire brillant. "Haven't you heard? It's the end of the world. Surely there are more enjoyable things to do right now than marking school papers..."

tw: vieillesse, alzheimer, anxiété

Le cours est terminé. Depuis combien de temps, Minerva ne saurait le dire. Elle se tient au beau milieu du couloir, un cahier à la main, et semble peu à peu reprendre conscience de son entourage. Elle croise le regard de Molly, qui arrive dans sa direction. “ Ah Minerva! I was looking for you... ” McGonagall lui lance un sourire quelque peu pincé, encore trop absorbée par ses pensées. Elle n'écoute pas vraiment ce que Molly lui raconte, et si elle parvient à lui fournir une réponse qui semble la satisfaire, Minerva ne se défait pas de cette inquiétude grandissante qui lui noue l'estomac depuis quelques jours.

Le décompte est lancé avant l'assaut des Battues. L'idée, avant toute chose, qu'un tel concept puisse exister la révolte, mais de savoir que Kingsley et le reste du Cercle 7 l'ont gardé pour eux... Minerva veut bien croire que Molly soit restée dans l'ignorance, mais comment peut-elle continuer à les soutenir après ça ? Minerva aimerait pouvoir rejoindre la bataille, plonger au milieu des échanges de sorts et se sentir utile. Mais on lui a bien fait comprendre que sa place était à la Fawkes, aux côtés des élèves, des survivants, de ceux qu'il faudra former pour prendre la suite de tous les sorciers et sorcières qui tomberont bientôt. Depuis l'attaque et sa convalescence, Minerva n'a plus la même vigueur, alors elle comprend. Malgré tout, rester en arrière est extrêmement difficile.

Elle remarque, qui plus est, que plus son inaction est grande, plus l'est son inquiétude, et plus ses absences se font nombreuses. Elle ne compte plus les fois où, dans la semaine qui s'est écoulée, elle a senti sa main trembler sans qu'elle ne puisse la contrôler. Des symptômes qu'elle tâche soigneusement de dissimuler à ses collègues professeurs et à ses élèves, et peut-être plus encore, qu'elle ignore tout bonnement, ne souhaitant pas réfléchir trop longtemps à ce qu'ils peuvent cacher. Ils ne sont que le reliquat des six sorts de stupéfixion qu'elle a reçus en pleine poitrine, rien de plus. C'est tout à fait normal d'avoir des séquelles, encore à ce jour. Cela n'implique en rien ses capacités magiques.

Mais quoi qu'il en soit, Minerva est rongée par l'inquiétude, à chaque fois qu'elle revoit la liste de tous ceux qui partent au front, et de tous ceux qui sont prisonniers depuis quelques années déjà. Elle sait, comme à chaque fois, qu'il y aura des morts. Elle ne peut pas l'empêcher. Et puis elle commence à avoir l'habitude, le deuil fait partie de son quotidien à présent. Après son frère Robert, après Dougal. Après son mari. Après Albus. Après tant d'élèves, sur tant de générations... C'est autant d'enfants qu'elle a perdu, sans pour autant ne jamais les avoir portés.

Comme à son habitude, dès que ses angoisses se font trop grandes, Minerva se plonge corps et âme dans le travail. Ça tombe bien, puisqu'une pile de parchemins l'attend dans son bureau, à la suite des examens blancs. Alors elle décide de se lancer dans les corrections et ne voit pas le temps défiler, enfin soulagée de ne plus avoir à penser à tous ceux qu'elle perdra prochainement. C'est quand elle entend quelques coups frapper à la porte qu'elle réalise l'heure. Il se fait tard. “ Come in. ” Le visage de Lee Jordan se dessine dans l'embrasure de la porte. Presque automatiquement, les lèvres de McGonagall se fendent en un petit sourire en coin. Si Lee et les Weasley avaient été une épine dans son pied pendant toute leur scolarité, elle mentirait si elle n'avouait pas avoir un faible pour le petit groupe. Et pour Lee, tout particulièrement, après avoir travaillé pendant des heures ensemble... Plus que d'autres, il était devenu comme un fils pour elle. “ Working late, I see. ” “ Seventy-two parchments on how to cast a proper mending charm don't mark themselves, Mister Joardan. ” Si la remarque est sèche, comme à son habitude, le regard pétillant de Minerva trahit sa sympathie pour le jeune homme, tandis qu'elle range déjà le tas de copie d'un coup de baguette. “ Humour me for some time. Haven't you heard? It's the end of the world. Surely there are more enjoyable things to do right now than marking school papers... ” Les lèvres de Minerva se pincent légèrement alors que l'inquiétude revient de plus belle, mais elle est bien trop contente de voir Lee pour s'en soucier davantage. Et puis, il est muni d'un Firewhisky écossais... “ I guess it would be a shame to waste such a refined beverage. ” Elle fait venir à eux deux coupes d'un revers de main et fait signe au Jordan de s'installer en face d'elle. “ I imagine you're all packed now?, elle s'enquiert, masquant tant qu'elle peut son inquiétude en ouvrant la bouteille. Should I be worried about enchanted boomerangs for my next class? ” A chaque fois que Lee se rend à la Fawkes, elle découvre toute une farandole de nouveaux objets magiques pulluler dans ses cours, qu'elle se voit confisquer, pour ne pas changer les bonnes habitudes. Il ne lui a jamais fallu beaucoup de temps avant de réaliser d'où provenaient toutes ces babioles. Elle sert du whisky dans les deux verres, puis saisit le sien, le lève légèrement.

“ To the end of the world. And to your many visits to come. ”

Minerva lui fait signe d'entrer et Lee est ravi, se glissant dans la pièce alors que son sourire en deviendrait presque éblouissant dans sa brillance. Il a toujours trouvé un énorme réconfort auprès d'elle, son bureau à la Fawkes un cocon de sécurité disponible à tout moment. Étrange, comme toujours, de se rappeler de leurs débuts à Hogwarts et des nombreux savons qu'elle leur a passé à lui et aux jumeaux... “ I guess it would be a shame to waste such a refined beverage. - Exactly!" Lee s'approche, souriant, de la chaise qu'elle lui désigne et s'y assied en posant la bouteille sur le bureau. “ I imagine you're all packed now? - Yes ma'am. - Should I be worried about enchanted boomerangs for my next class? ” Lee prend un air conspirateur et angélique à la fois - une expression signature chez lui, qu'elle connait bien. "I cannot confirm nor deny." Mais même lui ne peut pas réprimer son léger sourire complice et malicieux. À chaque fois qu'il fait des allers-retours avec l'école de l'Ordre, Lee distribue à qui les accepte des objets magiques qui apportent sourires et rires aux élèves parfois déprimés d'être enfermés, en plus de bonbons et des livres et comics moldus de leurs choix. Minerva verse le whisky dans leurs verres, et Lee prend le sien, le lève avec elle.

“ To the end of the world. And to your many visits to come. ”
"To the end of the world, and to a hundred years of health."

Lee a toujours son sourire en apportant son verre à ses lèvres et en avalant une gorgée, laissant l'alcool fort lui glisser dans la gorge en y répandant un feu réconfortant. Il soupire, satisfait, écarte le verre de son visage pour mieux regarder la robe de l'alcool. "Life can't get any better than this," dit-il timidement. Il a nourri des idées noires pendant des semaines et aujourd'hui, tout n'a pas l'air si mal. Il sait que c'est temporaire, que peut-être demain il sera incapable de sortir du lit (mais n'aura pas le choix), mais qu'importe. "Minerva..." Il repose son verre sur le bureau entre eux, s'alanguit dans son siège. "I just wanted to thank you for everything you've done for me and especially recently. Things have been..." Hard. Excrutiating. Horrible. "...well, you know." Nouveau sourire incertain et hésitant, presque piteux, sur ses lèvres pincées. "Thanks for never giving up on me. You've saved my life many times over and I used to wonder why. Now I think I know." Son sourire s'élargit et ses yeux pétillent pour la première fois depuis des jours. "I'll make sure I'm worth it."

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La présence de Lee a toujours été rafraichissante pour Minerva. Son insouciance, parfois même son insolence lui avaient toujours arraché des sourire discrets, même au temps de Poudlard, alors qu'elle enlevait des poignées de points à Gryffondors à cause de lui et des jumeaux Weasley. Derrière son apparence froide et stricte, Minerva appréciait les caractères fougueux et téméraires. Après tout, elle n'était pas une Gryffondor pour rien. Aussi, le fait que le Jordan distribue des objets de farce et attrape magique aux élèves de la Fawkes l'amusait plus que ça ne la dérangeait. Et puis, les élèves avaient bien besoin de décompresser un peu, avec la guerre et toutes ses restrictions, avec l'omniprésence de la mort et du danger. Ce n'étaient pas quelques innocentes farces qui allaient la chambouler. Bien sûr, elle ne tolèrerait pas plus le chahut dans ses cours, et préférait être aussi intransigeante que d'habitude - la normalité est rassurante. Mais au bout du compte, elle appréciait ce que Lee faisait pour les étudiants.

“ To the end of the world, and to a hundred years of health. ” Minerva lève haut son verre, avant de le porter à ses lèvres. L'alcool lui brûle la gorge, mais cette sensation familière est réconfortante, un vestige d'une vie plus simple. A la santé, elle trinque volontiers, bien que ce sujet devienne de plus en plus sensible pour elle et ses mains tremblantes, et ses souvenirs vagabonds. Une centaine d'années, elle sait qu'elle ne les aura pas. Une vingtaine, tout au plus, et en quelle condition ? Minerva préfère ne pas y penser pour le moment. Il y a des sujets bien plus importants. La guerre n'a pas d'âge. “ Life can't get any better than this. ” Minerva l'observe avec amusement, pas certaine de ce qu'il entend par là. Elle doit avouer elle-même qu'il y a de pires moments que ceux passés en bonne compagnie, autour d'un verre de Firewhisky. “ Minerva... I just wanted to thank you for everything you've done for me and especially recently. Things have been... well, you know. ” McGonagall sent son cœur se serrer. Elle décide de le laisser continuer, l'émotion nouant sa gorge sans qu'elle ne la laisse apparaître. Elle sait à quel point Lee a traversé une période difficile. “ Thanks for never giving up on me. You've saved my life many times over and I used to wonder why. Now I think I know. I'll make sure I'm worth it. ” Devant son sourire si lumineux, Minerva, d'habitude si stoïque, se laisse attendrir et un large sourire vient fendre son visage d'une multitude de petites rides. “ Oh Lee... ” Elle pose à son tour le verre derrière lequel il était plus facile de cacher ses émotions. “ Sometimes I think you saved my life in many ways. ” Minerva se remémore toutes les fois qu'elle le réprimandait en cours, et toutes les fois qu'ils durent travailler ensemble. “ You bring so much light wherever you go. It makes me feel young again. ” Elle lui lance un sourire complice. “ What have you planned for your life? ” Devant son air aussi confiant, Minerva se sent bien. Elle sent l'espoir renaître tel un phœnix. Le monde ne s'arrêtera pas avec cette guerre. Il faut voir la lumière, même dans les endroits les plus sombres. Il faut y croire. Lee est cette lumière. Et elle ira loin, elle le sait.

Un grand sourire vient apparaître sur le visage de Minerva, y creusant des vallées et des montagnes de fossettes et de rides, autant de parenthèses qui répandent dans la poitrine de Lee une chaleur bienvenue et entêtante. “ Oh Lee... ” C'est étrange comment son prénom dans la bouche de son ancienne professeure lui fait à ce point l'effet d'être une musique délicieuse et agréable - combien de fois l'a-t-elle appelé Mister Jordan pour mieux lui tirer métaphoriquement (mais pas que) l'oreille ou pour mieux l'envoyer filer en retenue, du temps d'Hogwarts et de ses conneries estudantines? Maintenant, il est devenu l'ami de McGo - un tour de force, on en conviendra. Parfois, Lee aimerait pouvoir le dire à Fred, voir la surprise dans son regard, l'euphorie immanquable, aussi.

“ Sometimes I think you saved my life in many ways. ” Lee secoue la tête en s'esclaffant, en l'entendant. Il a du mal à se figurer que telle chose soit possible. Une part de lui, pourtant, sait que c'est vrai - qu'il a sauvé la vie de nombreuses personnes, qu'il a aidé un nombre incalculable de résistants, qu'il est une pièce maîtresse du vaste échiquier de cette guerre interminable. Mais, comment souvent, ça ne semble jamais être assez - il n'est pas assez, et ne le sera probablement jamais dans sa tête. “ You bring so much light wherever you go. It makes me feel young again. ” Le coeur de Lee explose dans sa poitrine, et il n'a même pas l'esprit à savourer le sourire de Minerva, hébété qu'il est, la bouche presque entr'ouverte. You bring so much light wherever you go. Les mots de Riley tournent dans sa tête, aussi. You’re the strongest person I know, alright? And I know you’ve been fighting for so long and you’ve been doing so much for everyone.

Mais ce n'est jamais suffisant, jamais, jamais, jamais - et les gens le remarquent-ils véritablement, ce qu'il fait pour eux? You can only do so much, Lee. Pas assez, donc. Est-ce qu'ils devraient? Est-il égoïste de vouloir un modicum d'appréciation, de respect, d'admiration de ses pairs? Est-il stupide de penser qu'il n'en reçoit pas - pas assez?

You bring so much light wherever you go. Alors pourquoi lui a eu l'impression, pendant des semaines, d'être plongé dans un noir profond et épais, duquel on ne peut pas réchapper? “ What have you planned for your life? ” Lee referme la bouche dans un claquement de mâchoires bruyant, cligne des yeux. "I think I want to teach," admet-il lentement. Il se souvient des quelques semaines qu'il a passé à la Fawkes, au début, quand il était brisé et que Minerva a été la première personne à lui tendre la main et à l'aider à recoller les morceaux. Il ressent toujours une grande affection pour cette période, repense aux gamins qu'il a aidé. Il pense aussi à Cat et sa magie crachotante, et le plaisir manifeste qu'il ressent à chaque fois que son protégé parvient à lancer le sort désiré sans accroc. "Not that I want you out of your job," rajoute-t-il avec un sourire tranquille, made in Lee - parce qu'il semble évident que les Métamorphoses sont à lui aussi son domaine de prédilection.

"I just want to give back," explique-t-il lentement. "You've taught me so much, given me so much. I want to give that back and share it with- you're going to laugh. With the young generation?" Il rit lui-même, se sentant incroyablement pédant à dire ça. Il n'est pas si vieux, après tout, même si il a souvent l'impression d'avoir vécu déjà neuf vies - comme un chat, au final. "I used to think there was nothing more boring that sitting in a classroom teaching kids how to throw a spell or whatever. Now I see the value in that." Lee attrape son verre de nouveau, avec une petite esclaffe discrète. "I don't think I was ever meant to be a soldier." Mais, évidemment, il n'a pas eu le choix.

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“ I think I want to teach. ” Minerva ignore si elle est surprise ou non. Quand elle repense au gamin intrépide et parfois insolent que Lee fut jadis, quand elle repense à toutes ses frasques avec les frères Weasley et à ses nombreux déboires en tant que commentateur des matchs de quidditch – bien qu’elle appréciât secrètement son engouement complètement partial pour les rouge et or – alors Minerva a envie de sourire. Si on lui avait dit, à l’époque, qu’il voudrait occuper le même poste qu’elle… Mais au regard de tout le chemin parcouru, ça lui semble aller dans le cours naturel des choses. Lee a un naturel avenant et proche de tout le monde. On se sent en confiance avec lui, et c’est une qualité indispensable au métier d’enseignant. Il a cette curiosité envers le monde et cette touche de malice qui, elle en est convaincue, fera de lui un professeur très apprécié des élèves. McGonagall ne retient pas son sourire, sentant une chaleur réconfortante près de son cœur. Y a-t-il meilleur honneur pour un enseignant que de voir l’un de ses élèves suivre le même chemin que soi ?  “ Not that I want you out of your job. ” Minerva arque un sourcil, peinant à dissimuler son amusement. “ I sure hope so, Mister Jordan, you won't get rid of me that easily… ” Si Minerva espère pouvoir poursuivre sa profession encore longtemps, elle sait, pour être mise devant le fait accompli, qu’il ne lui reste plus que quelques années avant qu’elle ne doive prendre sa retraite. Ses gestes ne sont plus aussi habiles, ses idées plus aussi claires… Alors cela fait déjà quelques mois qu’elle songe à son remplacement. Elle a besoin de savoir qu’elle laisse ses élèves entre de bonnes mains. C’est pour cela qu’elle a approché Johannes Runcorn, pour qu’il l’épaule dans son stage pour former les futurs animagus de l’Ordre. Minerva imagine déjà les articulations possibles entre les deux sorciers : Lee à la métamorphose générale, Johannes aux stages intensifs… Un nouveau sourire se dessine sur ses lèvres parcheminées. Tout semble s’emboîter parfaitement.

Ravie d’entendre les paroles du jeune sorcier, Minerva se remémore ses débuts en tant qu’enseignante. L’exaltation des premières classes, le stress aussi, qui accompagne les premières années. Est-on à la hauteur ? Méritons-nous la place de celui ou celle qui aidera les générations futures à bâtir leur avenir ? Et la récompense, bien au-delà de ce qu’elle imaginait, en voyant les premiers retours, en apprenant que l’un avait rejoint le magenmagot, que l’autre était devenu joueur de quidditch professionnel… Et maintenant, que ses propres élèves voulaient devenir professeurs de métamorphose. “ There is no profession more rewarding. ” Minerva sourit et boit une nouvelle gorgée de firewhisky. “ I'm so glad to hear you say that. You're going to be a wonderful teacher, Lee! ” Ses traits s'affaissent légèrement tandis que le Jordan poursuit. “ I don't think I was ever meant to be a soldier. ” L'air grave, Minerva garde le silence quelques instants supplémentaires. Elle sent l'inquiétude, insidieuse, nouer de nouveau sa gorge après quelques instants d'euphorie salvatrice. “ Are you leaving for this island of death? ” McGonagall tente de dissimuler cette angoisse qui l'enserre à chaque fois qu'un des siens est en danger. Elle a déjà tant perdu... Elle n'est pas certaine de pouvoir en supporter davantage. Mais quel choix a-t-elle ? C'est la guerre. Et comme d'habitude, elle se protège derrière ses airs stricts, espérant vainement que la carapace qu'elle présente au monde soit suffisamment solide pour la préserver elle-même. “ Perhaps this could be your last mission? If you really consider teaching, I know I'm in need of an assistant. ” Puis, avec malice, elle ajoute : “ You know, for my retirement, which will happen in a very very long time. ”

Les encouragements de Minerva colorent les joues de Lee d'un rouge discret, malgré la teneur un peu grave de leur conversation - en dépit de l'alcool et des sourires qu'ils esquissent, la dure réalité de leur mission à venir est comme un poids constant sur leurs épaules, leurs humeurs, une épée de Damoclès pesante qui se rappelle à eux à chaque moment. “ Are you leaving for this island of death? ” Les lèvres de Lee se pincent en une longue expression circonspecte, et il hoche la tête d'un mouvement bref et raide. Ne pas se rendre sur cette île n'a même pas été une possibilité pour Lee, encore moins quand Kingsley l'a approché personnellement en lui parlant de son plan de faire payer à l'Élite sorcière leurs crimes. Et même si il n'a plus aucun amour pour Royal et ses manières de faire, Lee n'a pas pu s'empêcher de ressentir une certaine satisfaction indue à l'idée de tous les Mangemorts explosant à cause de la bombe magique créée par George, Elena et lui, leurs corps ensevelis sous les débris du manoir des horror games sans sépulture, leur prétendue might enterrée avec eux.

Malgré tout, Lee a peur. C'est une mission dangereuse, et personne à l'Ordre n'ignore que tout le monde n'en reviendra pas.

Derrière l'épaisse carapace déterminée et stricte de Minerva, Lee pense apercevoir un rien d'inquiétude. Ça ne servirait à rien de lui offrir des platitudes réconfortantes, ceci dit, elle y verrait à travers sans mal. Malgré tout, Lee aimerait lui assurer qu'il fera tout en son pouvoir pour revenir l'embêter, et distribuer à ses élèves des quantités astronomiques de farces et attrapes à ne plus savoir quoi en faire. “ Perhaps this could be your last mission? If you really consider teaching, I know I'm in need of an assistant. ” Si le début le fait tiquer (my last mission will be when the war is won), la suite le fait tiquer.

Une dernière mission et puis... la Fawkes. Minerva. Sa salle de classe.

Depuis des semaines, Lee se bat avec l'idée que Kingsley savait et que, plus que jamais, il n'a pas confiance en l'Ordre. La seule raison pour laquelle il est resté, c'est Sofia - et aussi parce qu'il ne fait pas confiance en Kingsley, et qu'il aimerait mitiger ses efforts cruels du mieux qu'il peut. Il a pensé des dizaines et des dizaines de fois à rejoindre les Avengers, ou même à prendre Riley et Dennis sous le bras et se trouver une planque à trois, ou un truc du genre. Mais il est resté, principalement pour Sofia, mais aussi pour se battre, malgré le fait qu'il déteste ça, malgré le fait que ça le rend malheureux, nerveux, agité, triste, fatigué. Tout ça pour se battre, un parfait petit soldat.

L'idée d'assister Minerva dans ses cours, d'avoir une place intégrale parmi l'Ordre sans nécessairement avoir les mêmes responsabilités... pour la première fois depuis des années, ça lui semble être la solution parfaite. Comme si une pièce de puzzle venait de trouver sa place sous ses yeux, Lee se demande comment et pourquoi il n'a pas vu cette solution avant, pourquoi il n'en a pas parlé avec Minerva par le passé, pourquoi est-ce que soudainement, tout se met en place.

“ You know, for my retirement, which will happen in a very very long time. ” Lee sourit, un véritable sourire. Minerva McGonagall est indestructible et éternelle, il n'en a jamais douté. "Of course," rétorque-t-il pourtant d'un ton un peu trop mielleux pour être sincère. "Minerva, that sounds... that sounds just perfect, honestly." Son ton est plus sérieux cette fois, et si son sourire devient un peu hésitant, il reste sincère et lumineux. "I'll talk about it with Sofia," se reprend-t-il néanmoins, inquiet que sa supérieure décide de le garder auprès d'elle - mais une part de lui sait que Sofia ne veut que le meilleur pour lui, et elle sait à quel point il est malheureux dans ce qu'il fait. "Plus, it'd be a great way for me to check on Cat," ajoute-t-il posément. Depuis leur dernière interaction qui s'est mal passée, Lee l'a évité soigneusement, heurté et confus de l'intensité de ses propres sentiments. "Now you need to tell me all about your favourite students so I know who to look for." Il sait déjà qu'elle va lui dire qu'elle n'a pas de petits chouchous alors il reprend, avec un rire, apportant son verre à ses lèvres: "Come on, Minerva, I know you have some."

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Même si elle s'attendait à la réponse, Minerva sent son cœur se serrer quand Lee hoche la tête, confirmant ses inquiétudes. Demain, dès l'aube, et sans doute même un peu avant, Lee Jordan partira avec le reste de l'Ordre pour sauver tous ceux qui, prisonniers des mangemorts, sont traités comme de vulgaires gibiers pour le simple divertissement des partisans du Seigneur des Ténèbres. Bien sûr, c'est une mission noble et extrêmement courageuse, et McGonagall ne peut être que fière de son ancien élève, comme de tous ceux qui se sont portés volontaires. Il ne fait aucun doute que, si elle avait pu, elle y aurait pris part et se serait jointe aux combattants. Mais elle sait que sa place est avant tout auprès des élèves, de ceux qui constituent la future génération de combattants. Quoi qu'il en soit, quand bien même Minerva salue Lee et les autres résistants pour leur bravoure, elle n'en demeure pas moins terriblement inquiète à l'idée qu'il lui arrive quelque chose. Elle sait qu'il y aura des morts, des blessés, des sorciers qui ne reviendront pas indemnes. Mais égoïstement, elle espère que Lee fasse partie de ceux qui resteront préservés. Aussi, elle décide de s'en convaincre. Lee est un sorcier très compétent. Il s'en sortira.

Une petite voix lui rappelle pourtant tous ces sorciers puissants qui se sont éteints face au Lord.

“ Minerva, that sounds... that sounds just perfect, honestly. ” Un sourire naît sur ses lèvres et balaie peu à peu l'inquiétude qui s'était logée dans les rides qui parsèment son visage. “ I'll talk about it with Sofia. ” McGonagall hoche la tête. “ So will I. ” Minerva espère qu'ainsi, Sofia acceptera plus facilement de laisser partir son protégé. La sorcière a bien conscience que sa requête est purement égoïste, puisqu'elle n'est pas prête à perdre Lee, qu'elle voit petit à petit comme un fils qu'elle n'a jamais eu. Et puis elle sait que c'est aussi ce que le Jordan veut. Comme il le dit lui-même, il n'a jamais été fait pour devenir soldat. “ Now you need to tell me all about your favourite students so I know who to look for. ” Minerva laisse échapper un rire, ne s'attendant pas du tout à la question. Pourtant, plus rien ne devrait l'étonner avec Lee. “ Lee, you know pretty wel- ” “ Come on, Minerva, I know you have some. ” McGonagall prend une nouvelle gorgée de whisky puis repose son verre. Bien sûr qu'elle a des préférés. Mais elle s'efforce d'aimer tous ses élèves, même les plus insupportables. Si la question la met un peu mal à l'aise, elle se contente d'arquer un sourcil et de répondre. “ I wouldn't want to spoil it, Mister Jordan. I guess you'll have to see for yourself when you come back. ” Elle lui lance un petit regard espiègle puis reprend son verre, qu'elle lève vers le sorcier. “ To your return. And your new job. ”

Lee fait jouer ses sourcils sur son front d'un air joueur devant le visage imperturbable et sévère de McGonagall, un sourire amusé se hissant sur ses lèvres comme toujours, en retroussant les coins et faisant se plisser ses yeux. Il sait que McGonagall est une professeure bien trop expérimentée pour se faire avoir ainsi, mais ça vaut toujours le coup d'essayer - surtout que sa question lui a arraché un rire, un son merveilleux que Lee n'a entendu que trop peu dans la bouche de son ancienne professeure de Métamorphoses. “ I wouldn't want to spoil it, Mister Jordan. I guess you'll have to see for yourself when you come back. - Alright, alright, I see how it is." When you come back - le coeur de Lee fait une embardée à cette idée. Il ne se souvient pas de la dernière fois où il avait quelque chose d'heureux à attendre. Ces dernières semaines, le seul point sur l'horizon a été Gracefield, les Battues, les horror games, rien d'autre.

Il a encore mal, et il a encore du mal. Tous les jours est plus facile, même si tous les jours n'est pas facile. Un pas à la fois, une journée à la fois. C'est l'agonie, puis la douleur, puis on apprend à vivre avec: il en est encore qu'au tout début de son chemin, et il a encore plein de choses à faire et, surtout, il n'est pas seul.

Il y a McGonagall, George, Cat, Elena, Hermione, Noam, Dennis, Sofia, Angelina, Ian, Alexis, Alicia, et tellement d'autres encore. Il n'est pas seul, et il a quelque chose à faire, un avenir qui s'ouvre à lui là où il ne pensait plus y avoir droit. C'est presqu'avec un sourire euphorique que Lee lève son verre avec McGonagall, un sourire branlant et maladroit et qui finira par retomber quand il sera de nouveau seul, mais qui est sincère tout de même. Le poids qu'il a sur la poitrine est toujours là, peut-être qu'il ne partira jamais - mais alors que tout semblait si impossible et sinistre quand il était seul, Lee réalise seulement qu'il va trouver une solution, qu'il va apprendre à vivre avec, qu'il va survivre, parce qu'il doit survivre mais que, surtout, il veut survivre. Revenir de Gracefield, et enseigner à la Fawkes. Un pas à la fois, une journée à la fois.

“ To your return. And your new job. - To us, Minerva, to us." Il hoche la tête et apporte son verre à ses lèvres souriantes, envoyant sa dernière gorgée de whisky lui brûler la gorge avec un plaisir évident.