tw: cheating yikes

"You know, you didn't have to do all of this..." Pan adresse à Obelia un sourire radieux, du genre à être capable d'éclipser le soleil; et comme si elle était effectivement en train d'observer l'astre, Obelia plisse des yeux, aveuglée et honteuse. "Of course I did, Belle." Difficile de ne pas fondre quand il utilise ce surnom avec elle, prend son visage entre ses mains avec une douceur indue. Malgré elle, Obelia sent sa moue s'étirer en un très léger sourire, hésitant et tremblant, prêt à s'écrouler. "It's your birthday. You only get to celebrate it once a year," fait-il mine de lui rappeler d'un air malin, son pouce caressant légèrement sa pommette. Obelia pince des lèvres. "I know but... - It'll be fun. And I promise, I haven't invited anyone that would bore you to tears. Just our group of friends." Un battement. "And Noah."

C'est bien ça le problème. Noah est le problème. Enfin... non, pas vraiment, mais il fait définitivement partie du problème. Depuis qu'ils se sont embrassés, il fait partie du problème, tout comme elle. Surtout depuis qu'ils ont continué de s'embrasser. Presque tous les jours, tous les soirs, leur chambre partagée devenue un monde à part entière où ils se perdent volontiers l'un contre l'autre. C'est une évidence, maintenant, qui a dépassé le stade d'une familiarité partagée. Elle et Noah sont une évidence qu'elle se sent stupide d'avoir ignoré pendant des mois et des années.

Sauf qu'il y a Pan, dont les mains douces descendent de son visage à ses épaules à ses mains, dont le regard sombre brille d'une douceur immense lorsqu'il la regarde. Il y a Pan, qu'elle a promis qu'elle allait quitter, qu'elle n'a toujours pas quitté - parce que comment le lui dire? Il n'a jamais eu l'insolence de partager avec elle n'importe quelle jalousie, acceptant sans rechigner ses explications simples et sincères quand n'importe quel petit ami aurait pu voir Noah comme une menace; il n'a jamais été que prévenant et tendre, attentionné et aimant, confortable. Confortable - ça, Noah ne l'a jamais été, sa simple présence et sa simple existence réveillant en elle des sentiments ambivalents et intenses, lui donnant toujours l'impression que la vie mérite d'être vécue. Elle a l'impression qu'en l'embrassant, il a répandu en elle un feu ravageur qui ne peut plus se contenter de la prévenance doucereuse de Pan, comme si il lui avait ouvert les portes d'un monde dont elle ignorait l'existence jusque là.

Malgré elle, pourtant, elle s'accroche, lie ses doigts aux siens, lui sourit. "Thank you," murmure-t-elle en se penchant vers lui pour déposer un rapide baiser sur ses lèvres. Pan est ravi, et ouvre la porte sur la petite fête d'anniversaire qu'il a organisé pour elle, dans une salle de classe vide - il a précisé qu'il avait reçu l'autorisation plus ou moins explicite d'un professeur ou d'un autre.

Il y a une petite table avec des snacks et des boissons, et des décorations qui rappellent à Obelia les fêtes d'anniversaire de son enfance. Elles sont rouge et or, à la couleur de sa maison à Hogwarts, et les voir déclenche chez elle une profonde nostalgie difficile à ravaler. Comme promis, leurs amis et camarades de classe sont là, l'accueillent avec des cris et des embrassades, et Obelia se laisse porter, riant gaiement, passant de bras à d'autres en recevant les félicitations et bon voeux des gens qu'elle apprécie le plus à la Fawkes, sous le regard fier et contenté de Pan.

Quand enfin elle se retrouve face à Noah, son sourire menace une nouvelle fois de disparaître, parce qu'elle n'a pas besoin de s'attarder pour deviner la tempête dans son regard. Qu'il soit venu est déjà énorme; qu'il ne soit pas déjà en train d'envoyer un poing ou un autre dans la mâchoire de Pan est titanesque. Sans attendre, Obelia jette ses bras autour de sa nuque. Elle connait son corps par coeur, l'a toujours connu, et à chaque fois elle est surprise de combien Noah lui semble grand et solide. Elle ne craint jamais de le blesser, ou d'être trop, alors qu'avec Pan elle a parfois l'impression de marcher sur des oeufs, comme si le fait qu'il fasse une tête de moins qu'elle témoignait d'une quelconque fragilité.

Obelia ferme les yeux, le nez enfoncé dans le cou de Noah, le serrant contre elle avec force. Il n'est pas bien plus grand qu'elle, mais elle tend tout de même le cou pour approcher sa bouche de son oreille. "Thanks for coming," dit-elle d'une petite voix avant de se détacher. Elle sait que ça lui coûte d'être ici; il sait combien c'est important pour elle qu'il le soit. Quand elle se recule, ses doigt effleurant rapidement ses bras ce faisant, elle pince des lèvres pour les humidifier rapidement, chassant de son esprit toute envie de l'embrasser, et se forçant à étirer un sourire maladroit sur sa bouche; elle n'a pas le temps d'ajouter quoique ce soit que Pan s'est approché d'eux, a glissé sa main dans la sienne, la prenant par surprise. Elle a presque un mouvement de recul, un mouvement vers Noah, se retient de justesse. "Come on, you need to see the cake Marina's prepared for you!" fait-il avec entrain, la tirant dans l'autre sens, forçant Obelia à jeter un regard désolé à Noah, où se glisse la supplique silencieuse et inavouable qu'il la sorte de là.

tw: cheating vibes, jealousy vibes, crude language

Noah n’avait jamais été très patient. Il avait toujours été le genre de personne à vouloir que les choses arrivent vite, à s’agacer quand ça n’était pas le cas et à faire en sorte de forcer les démarrages quand cela était nécessaire. Il savait tout ça, on lui disait depuis toujours, qu’il était trop impulsif, trop impatient, ça n’avait rien de nouveau. Noah avait l’impression d’avoir été très, très patient ces dernières semaines. Chaque baiser lui donnait la force de tenir encore un peu, quand Obelia lui promettait que tout allait bientôt changer, qu’elle allait parler à Pan et qu’ils pourraient enfin commencer leur relation à eux, sans la présence désagréable d’un autre. Mais les jours passaient et rien ne changeait vraiment.

Il avait été surpris quand Pan l’avait invité personnellement à l’anniversaire qu’il avait organisé pour Obelia, il avait accepté rapidement, avec un goût amer dans la bouche qui lui rappelait le fait qu’elle ne lui avait rien dit et qui lui donnait envie de tout lui révéler lui-même, mais il s’était retenu, parce qu’Obelia lui en aurait voulu et parce que Pan aurait surement moins bien pris la nouvelle venant de lui que venant d’elle.

La pointe de culpabilité qu’il avait ressenti en y repensant l’avait surpris, également, parce qu’il n’aimait pas Pan, de toute façon, et qu’il n’avait pas à se sentir coupable alors il avait enfoui tout cela sous une couche épaisse de frustration, histoire d’être certain de ne jamais plus y repenser.

Il était venu, pour Obelia, avait rejoint les autres dans la salle de classe où ils allaient l’attendre, affichant un faux sourire sur sa mâchoire tendue. Il n’aurait pas pensé que ce serait si difficile, d’être là, de voir Pan et Obelia arriver main dans la main alors que cela aurait dû être lui avec elle. Il avait presque eu envie de partir, mais il était resté, pour Obelia.

L’enthousiasme des autres l’avait profondément agacé aussi, et Noah savait objectivement, qu’il n’y avait rien d’agaçant à tout cela, mais tous ses muscles s’étaient crispés à les entendre, à voir Obelia si contente d’être là, à cause de Pan. Quand elle était enfin arrivée à sa hauteur, elle l’avait enlacé avec un naturel presque déroutant, et quand il avait croisé le regard de Pan un peu plus loin et, là encore, il avait à peine pu retenir ses instincts primaires qu’il abhorrait en général, tant l’envie de montrer à Pan qu’il n’était rien avait été forte. "Wouldn't have missed it,” il répondit à Obelia avant qu’elle ne se recule légèrement.

Il n’avait pas pu s’empêcher de lever les yeux au ciel lorsque Pan s’était glissé derrière Obelia. Il avait réagi instinctivement quand il l’avait tirée loin de lui, sa propre main agrippant le poignet libre d’Obelia.  “Could you leave us like, one fucking minute?” Il lui avait dit sèchement, “I think the cake can wait.” Il avait tiré Obelia vers lui à nouveau, d’une légère pression sur son poignet. Noah avait la force de les tirer tous les deux s’il le souhaitait, ça ne faisait aucun doute, mais il savait qu’Obelia était tellement habituée à lui, à sa présence, que leurs corps se cherchaient perpétuellement, naturellement, parce que c’était le genre de relation qu’ils avaient, quelque chose d’inévitable contre lequel personne ne pouvait aller, certainement pas Pan. “Or what? Would you rather see the cake?” il demanda en plongeant son regard dans celui d’Obelia. Ce n'était pas une vraie question. La vraie question était toujours là-même, à savoir qui elle choisirait entre eux et lui.

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La main de Noah se referme autour de son poignet, la tirant en arrière. Obelia, malgré elle, hoquète légèrement, tournant vers son meilleur ami de grands yeux écarquillés - un mélange d'espoir et de crainte. Espoir qu'il la prenne par la main et la sorte de cette situation poisseuse et inconfortable; crainte qu'il dise ou fasse quelque chose qui pourrait compromettre ce délicat status quo qu'elle entretient maladroitement depuis quelques semaines maintenant. Obelia sait que ce n'est ni gentil ni juste, surtout envers Pan, mais c'est tellement... dur. Ce n'est pas une raison correcte ou une justification acceptable, bien entendu, mais se séparer de Pan semble insurmontable ces temps-ci, quelque chose de trop grand pour elle, pour lui, pour tout le monde. “Could you leave us like, one fucking minute?” Obelia pâlit légèrement. "Noah... - I think the cake can wait.” Les doigts de Pan se détachent des siens quand Noah la tire vers lui avec légereté et Obelia n'a d'yeux que pour lui, fouillant son visage et son expression à la recherche d'un indice, d'un présage, bon o mauvais, de ce qu'il est en train de faire.

Noah a toujours été comme un livre ouvert pour elle et elle peut sentir son agacement et sa colère comme si ils étaient palpables, une force physique se trouvant sous ses yeux et la faisant se sentir toute petite - et à la fois, étrangement satisfaite, de pouvoir éliciter ce genre de sentiments chez quelqu'un. “Or what? Would you rather see the cake? - No, I'm--" Elle s'interrompt, jetant un regard par-dessus son épaule à Pan qui la regarde d'un air blessé, et leurs amis derrière qui ont l'air interloqué. Elle peut même voir l'un deux, Duncan, avoir la mine de quelqu'un qui hésite à intervenir.

Oh, please, not here. "Just one minute," offre-t-elle d'une petite voix à Pan qui se précipite pour sourire, hocher la tête. "Anything for the birthday girl." Il hésite et il piétine et Obelia peut voir qu'il a envie de l'embrasser rapidement avant de la laisser seule mais, à son grand soulagement, il ne le fait pas. Avec un dernier sourire, et un long regard en direction de Noah qu'elle a du mal à interprêter, il se détourne et va rejoindre leurs amis en riant, disant quelque chose à Marina qui lève les yeux au ciel.

Obelia se tourne vers Noah et tourne son poignet dans sa main, se défaisant de son emprise. Le bout de ses doigts effleure les siens. Elle a envie de le prendre dans ses bras de nouveau, de l'embrasser, de le prendre par la main et de le sortir de cette situation inconfortable qui noue ses muscles et crispe les traits de son visage. Mais les autres sont si proches, et elle peut sentir quelques regards glisser sur son dos et sur elle et Noah, alors elle garde ses distances, le regardant par-dessous d'un air incertain. "I promise I'll do it soon." Son souffle, tellement il est minuscule, peine à couvrir les battements intempestifs et sonores de son coeur dans sa poitrine. Elle a fait cette promesse des dizaines de fois, maintenant, et elle voit bien au visage de Noah qu'il n'y croit pas. "I promise. After the party, I'll do it after the party." Elle lève la main et la pose sur son torse, son doigt tapotant son t-shirt avec douceur, devinant la peau chaude sous le tissu. "It's only a couple of hours, Noah..." Autant dire une éternité. Obelia se sent coupable de lui dire ça, de le mettre dans cette position horrible et délicate. Mais il l'aime, et elle l'aime, et ils seront ensemble pour toujours - qu'est-ce que deux heures face à ça? "I'll make it worth your while?" Elle lui offre un petit sourire hésitant en essayant d'attraper son regard, espérant peut-être naïvement voir un sourire similaire fleurir sur ses lèvres.

tw: cheating yikes, transphobic slur

Noah ne répond pas à son sourire, et Obelia se mordille légèrement la lèvre en l'observant balayer la pièce de son regard clair. Elle fouille son visage, étudie ses traits qu'elle connait par coeur, essaye de lire l'expression de ses yeux - en vain. Elle a peur d'être allée trop loin, cette fois, et que ça ne va pas prendre: Noah va finir par exploser et par rendre leur vie à la Fawkes encore plus difficile qu'elle ne l'est déjà. Et il aurait raison de le faire, réalise Obelia avec une pointe de culpabilité. “I hate this.” Obelia sent ses muscles se relâcher un peu, soulagée, en comprenant qu'elle est parvenue à retarder le moment fatidique de quelques heures. “I hate it and I hate what it does to me. - Me too," admet-elle à mi-voix. Elle déteste cette situation, même si le status quo a aussi quelque chose de rassurant. Elle a peur de perdre ses amis avec Pan, elle a peur de ce qu'on va dire sur elle, sur Noah, sur eux. Et Pan... elle l'aime, elle l'aime beaucoup, mais pas comme ça, et elle n'a pas envie de lui faire du mal. Si seulement elle savait mieux utiliser ses mots... mais elle et Noah ont toujours été des gens d'action, pas de belles paroles.

Elle déteste aussi le Noah que Noah devient quand il est jaloux et triste, rageur. Elle déteste encore plus en être la cause. “I don’t know if you realize, really, how hard it is to pretend like we’re just friends, to- to see you with him, to see you kiss him, I- I can’t do it anymore.” Obelia se mord la lèvre de plus belle en hochant la tête, baissant pudiquement les yeux en sentant ses joues s'enflammer d'embarras. “You’ll really do it this time? Not another day, not another wrong time, today? - Yes!" s'exclame-t-elle avec un peu trop d'empressement et un peu trop fort au milieu de leurs messes basses. "Yes, I promise." Elle n'aime pas trop la voix un peu sévère de Noah. Elle a peur de se retrouver sans Pan, sans Noah, sans personne...

Non. Noah l'aime. Et elle l'aime. C'est plus fort que tout, ça, non? "Tonight, after the party," répète-t-elle. Elle attrape légèrement sa main et presse ses doigts, ses yeux remontés vers les siens ne les lâchant plus. "It'll be okay," dit-elle plus pour son bénéfice à elle que pour lui. "I promise." Ces mots commencent à lui brûler la langue tant elle les a répétés. Elle va tenir cette promesse, essaye-t-elle de se convaincre. Elle essaye toujours de tenir ses promesses.

Le reste de la fête se déroule sans accroc conséquent, heureusement, mais Obelia sent le temps qui passe comme si l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête devenait de plus en plus pesante. Elle s'amuse mais d'une manière distante et distraite, rit avec un temps de retard, embrasse pudiquement Pan sur la joue sous son regard surpris. Ses yeux essayent de ne pas trop chercher ceux de Noah, n'ont pas envie d'attirer l'attention sur le fait que son meilleur ami a l'air plus renfermé et tendu que d'habitude. Obelia aime bien fêter son anniversaire, elle aime bien le fait que quelques heures soient consacrées à elle et que tout le monde lui fasse des cadeaux, ait des choses gentilles à lui dire et le reste, mais désormais elle n'a qu'une envie: d'en finir une bonne fois pour toute.

C'est pour ça que quand tout le monde commence à lentement quitter la salle de classe déserte après une dernière embrassade et un dernier verre, elle prend la main de Pan et lui dit qu'elle aimerait lui parler, et l'emmène dans le couloir pour qu'ils aient la conversation tant redoutée.

Quelques longues minutes plus tard, Obelia est rentrée dans la chambre qu'elle partage avec Noah et, assise sur le lit de ce dernier, les coudes sur les genoux, elle pleure nerveusement contre ses paumes. Elle a l'impression de s'être débarassée d'un poids immense, d'un secret pesant, et pourtant elle ne se sent pas... soulagée ou heureuse. Elle peut enfin être avec Noah, elle peut enfin être avec l'homme qu'elle aime, faire ce qu'elle veut, et elle ne va plus manipuler et tromper Pan mais... l'image du visage choqué et résigné de son petit ami est gravée sur ses iris. Elle revoit ses larmes s'amoncellant à la lisière de ses yeux, les gouttes salées accrochées à ses longs cils, la crispation de sa mâchoire et de ses poings. Une part égoïste d'Obelia se dit que ça aurait été tellement plus facile si il s'était énervé, avait hurlé, l'avait frappée même - si il lui avait donné une bonne raison de lui en vouloir, une bonne raison de lui tourner le dos.

Mais non, Pan s'était simplement contenté d'hocher la tête, de baisser les yeux, de soupirer humidement en retenant ses larmes. I only wish you had told me before. It actually makes me feel worse that you felt like you couldn't tell me. Qui dit ça? Obelia aurait préféré des hurlements et des larmes et des insultes. À la place, c'est elle qui se les répète. Cheating bitch. Fucking trap. Attention whore. Pathetic slut. Fucking trap. Trap, trap, trap.

Elle se force à respirer profondément quand elle entend la porte de leur chambre s'ouvrir, efface nerveusement les larmes sur ses joues et se passent les doigts dans ses longs cheveux blonds quand Noah ouvre la porte. Obelia relève la tête vers lui en reniflant. "I did it," dit-elle d'une petite voix brisée, avant de lui ouvrir ses bras en sentant ses yeux déborder de nouveau. Elle ignore comment elle va finir de se débarasser de ce poids sur sa poitrine, mais commencer par l'étreinte rassurante de Noah lui semble être un bon début.

“Yes. Yes, I promise.” Obelia lui répondit rapidement, et la vitesse de sa réponse le rassura légèrement. Il était toujours possible qu’elle rebrousse chemin à la dernière minute, Noah en était conscient, Obelia sans doute également, mais elle avait au moins l’air déterminée. “Tonight, after the party,” elle précisa en attrapant sa main dans la sienne, et Noah fut frappé encore une fois par l’irréalisme de leur situation. Alors qu’ils étaient tous les deux dans un coin de la pièce, les yeux dans les yeux et les doigts presque entrelacés, il ne comprenait pas comment personne n’avait encore pu voir clair dans leur jeu. Il savait à quoi ressemblait ce type d’intimité, il savait que ça n’était pas quelque chose qui pouvait laisser beaucoup de place au doute, que c’était flagrant, ou que ça devrait l’être du moins. Et c’était pour ça que c’était surprenant, parce qu’ils auraient tous dû réaliser depuis bien longtemps, parce que ni lui ni elle n’étaient de bons acteurs et que leur amour crevait les yeux depuis des mois, des années peut-être. “It'll be okay, I promise,” - “Okay, okay,” il lui répondit doucement, la laissant partir à contre-coeur.

Noah resta un peu en retrait pendant le reste de la soirée, la plupart de ses muscles toujours crispés sous la tension qui semblait devenir perpétuelle, et ne se fit pas prier pour suivre le mouvement, lorsque les premiers invités quittèrent la salle. Il décida de ne pas rentrer tout de suite, le silence de leur chambre trop grand à cet instant précis, encore plus immense en sachant qu’Obelia était toujours là bas, avec lui. Il se laissa le temps de s’éloigner un peu, de s’installer quelques minutes dans un coin de la forêt où il pouvait apercevoir le lac qui bordait presque le Fawkes, de respirer l’air frais des environs et de se détendre à l’aide d’une des dernières cigarettes moldues qu’il lui restait et dont la mine rabougrie à force d’avoir passé des semaines baladées de poches en poches semblait parfaitement en accord avec l’ambiance générale de sa journée. Tout était un peu tordu, un peu défait, un peu perdu aussi.

Il reprit le chemin de l’école quelques minutes plus tard, le souvenir désagréable de ce qu’il s’était passé et l’angoisse de ce qui était à venir toujours présents.  Il fut agréablement surpris de voir qu’Obelia était de retour dans leur chambre lorsqu’il y arriva, moins lorsqu’il remarqua les traces de larmes sur son visage. “I did it,” elle lui murmura depuis son lit. Noah put sentir un vent de soulagement le traverser alors que le silence pesait lourdement dans la pièce. She did it. Il ne perdit pas plus de temps avant de se jeter dans ses bras ouverts, ses genoux heurtant brutalement le sol lorsqu’il arriva à son niveau. Il la serra contre lui fermement, laissant ses mains parcourir son dos pendant un moment avant de s’éloigner légèrement. Il dégagea une mèche de cheveux de son visage d’un geste à présent familier. “You did it,” il murmura, essayant tant bien que mal de contenir une éruption de joie inappropriée alors qu’Obelia était toujours en pleurs. “You’re so brave, you're so brave” il ajouta avant de l’attirer à nouveau contre lui. “How are you feeling?” il murmura contre son cou, c’était une question stupide, de toute évidence, mais c’était aussi la chose la plus importante.

tw: angst

Noah fond dans ses bras, et Obelia referme son emprise autour de lui avec force, éclatant en lourds sanglots douloureux dès qu'elle peut enfouir son nez dans son cou. Son odeur est réconfortante, tout comme sa chaleur et sa présence tout contre elle, et pour la première fois depuis que Pan lui a tourné le dos, elle réalise que things are going to be okay. Tant qu'elle a Noah, tout va bien aller. Ça a toujours été comme ça pour eux deux et rien de plus peut s'immiscer entre eux... elle en est convaincue.

Elle renifle en se reculant, levant une main honteuse entre leurs deux visages pour s'essuyer le nez et la bouche alors qu'elle se love presque contre la main de Noah qui vient repousser une mèche de cheveux de sa joue dans un geste rassurant. “You did it.” Les yeux d'Obelia débordent de nouveau alors qu'elle hoche la tête avec force, le coeur brisé et à la fois tellement plus léger qu'il y a quelques heures. C'est étrange, ce paradoxe émotionel qu'il est difficile pour elle de définir. Elle aimait Pan, et elle aime Noah, de la même manière, mais pas vraiment. La résolution pessimiste de Pan quand elle lui a expliqué sera pour toujours gravée dans sa mémoire...

Obelia sait que Noah réprime sa joie à grand mal, et elle lui en est reconnaissante - elle se sent si à vif et délicate, en cet instant précis, qu'elle a besoin de ce moment de fragilité pour se laisser aller à ses émotions sans avoir besoin de les cacher. “You’re so brave, you're so brave.” Obelia sanglote dans son cou en l'entendant. Elle ne se sent pas courageuse du tout, juste petite et injuste et cruelle. Toxique, même. “How are you feeling? - H-horrible," bredouille-t-elle entre deux sanglots, fermant les yeux en laissant couler les larmes et enfouissant son nez dans les cheveux de Noah. Ses mains s'aggrippent à son dos avec force, ses doigts s'enfonçent dans ses omoplates, remontent jusqu'à sa nuque pour s'accrocher à ses cheveux. Noah est solide et stable, fort, et la maintient en un seul morceau lui semble-t-il en cet instant - elle se sent prête à exploser comme une supernova, à être détruite en mille morceaux aiguisés et dangereux qui, comme tout le reste, ne feront que du mal à ceux autour d'elle. "I just feel so bad, I... he really... he really loved me, you know?" murmure-t-elle d'une petite voix tremblante, sachant pertinemment que Noah n'a pas forcément envie d'entendre ça... mais il reste son meilleur ami, et elle espère qu'il le lui pardonnera. "And I just... I just..." Elle n'arrive pas à parler, momentanément étranglée par ses larmes. "I just feel so bad." Il n'y a pas grand-chose à expliquer de son ressenti.

Elle reste désespérément accrochée à Noah, peu à peu calmée par son odeur et sa présence, se détendant progressivement au rythmne de ses respirations inégales. "I... Noah, I love you." Elle se sent honteuse et stupide de dire ça après ce qu'elle vient de faire vivre à Pan, mais il faut que ça sorte. Si elle s'abandonne un peu trop à son désespoir et à son dégoût d'elle-même, Obelia sait qu'elle va finir dans une énième spirale pas du tout productive qui aura des conséquences terribles sur la personne qu'elle aime le plus au monde... "I love you so much." Elle dépose un baiser humide de larmes dans ses cheveux, dans son cou, sur sa joue, avant de le reprendre dans ses bras avec force. "And I'm sorry it took me so long, I... I'm sorry..."

La réponse d’Obelia lui arracha une grimace. Il aurait aimé que les choses soient différentes, qu’elle n’ait pas à vivre ce qu’elle vivait là, que Pan ait pu comprendre de lui-même, qu’il ait pu lui rendre la tâche moins difficile, d’une façon ou d’une autre. Il savait que ça n’était pas juste pour autant, que même s’il jugeait que Pan était stupide de ne s’être rendu compte de rien, alors qu’il avait l’impression, lui, que leur histoire était évidente pour tout le monde, qu’elle l’avait toujours été, ou presque; la réalité n’était sans doute pas si simple. Il avait sûrement souhaité y croire et croire que Noah n’était qu’un ami un peu trop présent, un peu trop possessif, rien de plus.

“I just feel so bad, I... he really... he really loved me, you know?” Elle lui dit et Noah lui répondit un “I know,” sincère. S’il y avait bien une chose qu’il pouvait comprendre, c’était le fait que Pan l’ait aimé, how could he not?. “And I just... I just… I just feel so bad,” ça Noah le comprenait moins, mais Obelia avait toujours été plus avenante que lui, elle n’avait pas l’égoïsme qu’il possédait, qui lui faisait dire que c’était eux avant les autres et tant pis, et que s’il ferait tout pour elle, les autres existaient à peine dans son univers. “It’ll get better,” il lâcha tout de même, laissant une main rassurante glisser dans son dos. Il l’espérait sincèrement, qu’elle ne s’en voudrait pas au point de ne voir plus que sa culpabilité, d’oublier ce qu’elle y avait gagné aussi, une liberté précieuse pour eux deux.

“I... Noah, I love you,” ses mots le firent sourire. Ils n’étaient qu’une preuve de plus que rien n’importait tant qu’ils étaient ensemble, qu’ils se suffisaient à eux-mêmes et qu’ils pourraient sans doute vivre très longtemps du simple bonheur d’être ensemble, qu’ils n’avaient pas grand chose d’autre mais que ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose. ”I love you so much” - “I love you too,” il lui répondit, les mots quittant ses lèvres alors que celles d’Obelia cherchaient sa peau. Ses bras cherchèrent à la rapprocher un peu plus de lui alors qu’elle se laissait aller vers lui à nouveau, dans un seul mouvement qui semblait avoir été répété des milliers de fois.

“And I'm sorry it took me so long, I... I'm sorry…” Noah aurait menti s’il avait dit que l’attente n’avait pas été terrible. Elle semblait l’avoir été un peu moins maintenant que leur amour n’était plus un secret absolu, mais son impatience avait été difficile à contrôler et à camoufler. “It’s okay,” il lui répondit, s’éloignant légèrement pour pouvoir la regarder dans les yeux. “We have the rest of our lives now, don’t we?” il lui demanda, attendant de sa part une confirmation qui n’était pas vraiment nécessaire. Ils s’étaient promis bien des années auparavant que rien ne pourrait les séparer. Il laissa ses doigts parcourir les côtés de son visage avec une sorte d'étonnement qui le frappa soudainement. “I can’t believe it’s really real,” il murmura, I can’t believe you’re mine, il ne dit pas.  “I’ve wanted this, you, for so long, it’s … I don’t know,” il finit lamentablement, les mots lui manquant cruellement.

“It’s okay.” Difficile de ne pas y croire, le nez enfoui dans le cou et l'odeur de Noah, ses bras autour de lui la protégeant de toutes les angoisses qu'elle a laissées à la porte en revenant dans leur chambre. Elle a envie de pleurer, de hurler à la mort, de se laisser consumer par la douleur brûlante qui a éclaté dans sa poitrine quand elle a brisé le coeur de Pan; mais elle a aussi envie, égoïstement... de passer à autre chose.
De se laisser consumer par son amour pour Noah, et l'amour qu'il lui porte en retour. De ne penser qu'à lui, sa chaleur, sa bouche, sa présence, et à ce futur qui n'appartient qu'à eux deux.

Mais elle peut encore voir les yeux humides de Pan, son sourire contrit, la ligne triste et désolée de ses épaules affaissées. Elle renifle humidement en se réfugiant contre la poitrine de Noah. “We have the rest of our lives now, don’t we?” Noah s'éloigne un peu pour la regarder dans les yeux et Obelia se laisse faire un peu à contre-coeur, s'essuyant le nez avec la manche de son pull. Les doigts de Noah sont doux et délicats sur la peau de son visage pendant qu'ils se regardent, et elle entoure sa taille de ses mains à elle, s'y accrochant avec force. “I can’t believe it’s really real. I’ve wanted this, you, for so long, it’s … I don’t know.” Obelia sent son coeur battre avec force dans sa poitrine en l'entendant et elle sourit, un peu. Elle se sent coupable de sourire, d'être heureuse, d'avoir Noah dans sa vie. Elle aurait aimé être capable d'offrir à Pan ce que Noah lui offre mais elle ignore si c'est possible.

Il semble parfois à Obelia qu'ils s'aiment tellement, à un tel point que jamais personne ne s'est jamais aimé avant. Elle sait que c'est ridicule, mais son coeur qui est resté dans l'adolescence y croit. "I love you," soupire-t-elle une nouvelle fois, incapable de s'arrêter, en l'attirant à elle pour l'embrasser. Ça aussi, elle ne peut plus s'arrêter, et l'embrasse à plusieurs reprises rapidement, ses mains remontant le long de ses bras pour arriver à son cou puis sa mâchoire. Elle prend son visage dans ses mains pour l'attirer à ses lèvres avec fièvre. Les lèvres, la bouche, la langue, les baisers de Noah sont familiers maintenant mais la rendent toujours aussi fébrile et impatiente, réveillant un feu insistant dans son estomac et le bas de son dos.

"We have forever," confirme-t-elle d'une voix rauque quand elle accepte enfin de se détacher de lui, juste de quoi le regarder dans les yeux en posant son front contre le sien. Ses doigts glissent dans sa nuque, jouent distraitement avec les mèches blondes bouclées qui s'y trouvent. "I know this is such a shitty and selfish thing to say but... this might be the best birthday ever," confesse-t-elle à mi-voix, rien que pour eux. "It's like a weight off my shoulder. And you're here, with me, and we're... we're safe here." Sa voix est encore plus rauque, d'émotion cette fois. Il y a quelques années, ils ne pouvaient que rêver de cette situation. Ils ont fêté de nombreux anniversaires avec rien d'autre qu'une vieille part de gâteau de Tesco partagée à deux et des cigarettes roulées comme cadeaux. "And we're together, and it's all that matters," conclut-elle simplement, l'attirant à lui pour un autre baiser impatient, le coeur battant à l'idée qu'enfin, enfin, leur vie ressemble à ce qu'ils méritent tous les deux.

“I love you,” Obelia lui répète et les mots qu’il a entendu sortir de sa bouche des milliers de fois semblent totalement différents à présent, totalement nouveaux. Tout à changer depuis le premier I love you qu’ils ont échangé, longtemps auparavant, quand ils n’osaient pas être honnête l’un envers l’autre, ni même envers eux-mêmes. Noah se surprenait parfois à songer à tout le temps qu’ils avaient perdu, à être avec d’autres, à essayer d’enfouir des sentiments qui ne pouvaient pas être contenus, de toute façon. Mais ça ne changeait que peu, au final, parce que cela faisait des années qu’ils n’étaient plus de simples amis. Les preuves étaient bien présentes, dans les baisers d’Obelia, dans le contact de sa peau sur la sienne et dans la chaleur qui se répandait lascivement entre eux. Leur liberté n’avait fait que de mettre de l’huile sur un brasier qu’il avait de plus en plus de mal à contenir dans ces moments-là, quand il n’y avait qu’eux et que Noah savait qu’il ne suffirait que d’un geste pour qu’elle soit tout contre lui, sur lui, d’un geste pour qu’ils oublient tout ce qui n’était pas eux.

"We have forever," elle répéta en se détachant légèrement de lui. Noah la laissa s’éloigner à contre coeur, résistant à l’envie qui le prit subitement aux tripes de lui dire qu’ils pourraient parler plus tard, que tout ça pouvait attendre.
“I know this is such a shitty and selfish thing to say but” - “It’s not,” il murmura sans même savoir ce qu’elle voulait dire, bien qu’il en ait une idée. “This might be the best birthday ever. It's like a weight off my shoulder. And you're here, with me, and we're... we're safe here ” elle termina et Noah sentit un nouvel élan d’affection grandir en lui. “I’ll never let anything happen to you,” il lui confirma avant de laisser son front se poser contre son épaule et ses bras se resserrer un peu plus autour d’elle. “And we're together, and it's all that matters," elle l’attira à nouveau vers elle et Noah se perdit contre ses lèvres, dans ses baisers et dans toutes les émotions qu’il avait éprouvé dans la journée, depuis des semaines, tout ce qui avait rendu leur relation si intense et bien plus lente que ce qu’il n’aurait voulu. Il continua à l’embrasser longuement, ne s’arrêtant que pour lui murmurer tous les mots qu’il n’avait plus à garder pour lui (I love you - you’re so good, so beautiful - I love you so much sometimes I don’t know what to do with myself - I’ll never let you go, ever) ou pour réajuster leurs corps sur le petit lit d’Obelia. Il se détacha après quelques minutes, laissa choir sa tête sur son oreiller en entraînant Obelia contre son torse. Il glissa ses doigts entre les siens, appréciant un instant la quiétude de leur chambre. “I’m serious,” il finit par lui dire, laissant son regard glisser lentement vers elle, “you’re not selfish, not at all. I don’t know how you can be so selfless sometimes, how you can be so kind.” Il n’était pas comme ça, pas du tout, il était égoïste, il l’avait toujours été, il l’avait toujours su. Il savait qu’il n’était pas assez avenant, que certains pensaient qu’il était méchant, qu’il ne s’intéressait qu’à lui, à lui et Obelia, et ils n’avaient pas tort. “You just- you deserve to be happy and that’s all I want, to make you happy.”