S’il y avait bien un endroit qu’elle détestait dans ce château, c’était la bibliothèque. Ce n’était pas le seul, mais il entrait inévitablement dans son top trois. Pourtant, voilà qu’elle était obligée d’y être si elle ne voulait pas avoir des problèmes. Elle avait beau être une bonne élève, quand ça l’arrangeait, elle avait comme tout le monde ses petits moments où il ne fallait pas essayer de chercher à comprendre pourquoi elle ne faisait pas les choses. Les mauvaises notes, ça arrivait à tout le monde, elle n’était pas la première, ne serait pas la dernière à qui ça arriverait. Mais là, c’était sur elle que le destin avait décidé de s’acharner. C’était pas une retenue, c’était déjà ça mais la forcer à faire un devoir supplémentaire afin de remonter sa moyenne ? Quelle personne un minimum censée faisait ça. Voilà pourquoi elle était assise, seule, à une table de la bibliothèque alors qu’elle pourrait en ce moment même profiter du soleil. Un programme qu’elle devrait remettre à plus tard si elle ne voulait pas passer la nuit sur ce parchemin et surtout sur ce livre qui faisait tout sauf l’amuser. Elle le refermait d’ailleurs assez brutalement avant de l’envoyer à l’autre bout de la table, comme s’il était maudit. « Abruti. » Si parler à un livre de la sorte n’était pas la preuve qu’elle en avait marre, elle ne savait pas vraiment ce qu’il fallait de plus. Sa plume entre ses doigts, son regard qu’elle avait de rivé sur le parchemin devant elle était simplement vide. Elle n’en pensait rien, elle n’avait rien envie d’en penser à vrai dire. Ce cours n’était pas passionnant, ça l’ennuyait, elle ne voulait pas faire ce devoir et en prime, elle s’en moquait bien d’avoir de mauvaises notes dans cette discipline dont tout le monde se ficherait quand elle sera en école de justice magique. Et comme si tout ceci ne suffisait pas, voilà qu’on vint lui parler. Elle relevait un regard inquisiteur sur l’origine de la voix. Une jeune femme, peut-etre de son année, peut-etre un peu plus jeune. Gamine perdue dans la bibliothèque qui se pensait sauveuse du monde, à émettre une vérité qui n’était pas bien difficile à comprendre. « Non tu crois. » L’ironie était clairement perceptible dans la voix de Rebecca. Si elle avait un sale caractère, elle n’avait pourtant pas de mal à admettre quand la difficulté se mettait au travers de son chemin, ce n’était pas pour ça qu’elle chercherait à y remédier en revanche. Cette fille là, pensait pouvoir l’aider et ça arrachait un sourire à la Serpentard qui n’avait rien demandé… Aquila Travers qu’elle se nommait. Bien. « Et donc ? Tu pourrais être Morgane ou Merlin que ça serait pareil, ça ne me ferait ni chaud ni froid. » Est-ce qu’elle attendait une courbette parce qu’elle portait le nom de Travers ? Si c’était ça, c’était s’adresser à la mauvaise personne très clairement. « T’as pas des trucs à faire plutôt que d’essayer de jouer à la bonne samaritaine ? » En tout cas, Rebecca préfèrerait, elle n’avait pas vraiment l’envie de perdre encore plus de temps que ça n’était déjà le cas.

Il fallait croire que l’emmerder était devenu un véritable sport national. Jamais elle n’avait la paix, jamais elle n’avait un moment de répit et elle détestait clairement ça. Tout ce qu’elle aurait aimé en cet instant, c’était pouvoir pester librement contre ses livres de cours, contre ses parchemins qu’elle avait aucunement envie de compléter. Mais même ça, on l’en empêchait et au nom de quoi ? D’un élan de générosité soudain ? Elle n’en avait que faire que la sorcière qui lui faisait face veuille faire preuve de bonne conscience, ce n’était pas son problème et il allait falloir qu’elle comprenne que ce n’était pas auprès de Rebecca qu’il fallait jouer la bonne Samaritaine. « Et toi, on ne t’a jamais appris à te mêler de tes affaires ? » Ils étaient censés être intelligents à Serdaigle, en tout cas, aimer les yeux, le savoir et blablabla mais Rebecca, elle n’avait pas l’impression que la Travers soit suffisamment maligne pour comprendre qu’elle devrait partir, qu’on ne lui avait rien demandé. Elle a beau ne pas connaître plus que ça cette famille, quelques secondes au côté d’Aquila lui suffit pour comprendre qu’ils sont typiquement le genre de personne à éviter, à fuire le plus possible. Un long soupir traversait les lèvres de la Serpentard. « Mais t’es débile ou t’es sourde ? Mêles-toi de ce qui te regarde à la fin. » Elle allait commencer à perdre son calme et à juste raison. La Travers semblait être le genre typique de sangsue dont il est impossible de se débarrasser et elle n’avait très clairement pas besoin de ça. Machinalement, quand elle était agacée, elle venait se pincer l’arête du nez en soufflant longuement, comme si ça allait l’aider, suffir à la calmer et à ce qu’elle ne fasse pas une bêtise. « Ce livre existe, c’est bien suffisant pour dire qu’il est autant responsable. Et puis nous sommes dans un pays libre que je sache, j’ai encore le droit de me trouver dans la bibliothèque et de me plaindre de tout ce qui s’y trouve. Y compris de toi. » Et il était clair qu’elle n’allait pas se gêner pour se plaindre de la Travers qui lui gâchait son moment. Certes, elle n’avait peut-être pas envie de se trouver en ces lieux en cet instant précis et pourtant, ce dont elle avait encore moins envie, c’était bien d’être redevable à quelqu’un pour une quelconque aide apportée. « Ce que j’en pense ? Que je ne sais plus quoi faire pour que les choses, pourtant simples, rentrent dans ta petite tête. » Il n’y avait peut-être rien à faire en réalité, Aquila avait peut-être juste décidé de l’emmerder et elle y arrivait à la perfection. C’était pas faute d’essayer de la faire dégager en tout cas. Dans l’esprit de Rebecca, il y avait divers scénario qui se passaient, elle se demandait comment elle allait se débarrasser de cette plaie ambulante qui semblait avoir décidé de faire étalage de son savoir. Encore un truc de Serdaigle que d’essayer de prouver qu’ils étaient meilleurs que tout le monde ça et c’était encore une chose qu’elle pouvait ajouter à la liste de ce qui l’agaçait chez cette sorcière.

S’il y avait bien une chose qu’elle détestait par dessus tout, c’était les personnes comme Aquila, incapable de se mêler de leurs affaires. Est-ce que Rebecca avait demandé une quelconque aide ? Absolument pas et ce que la Serdaigle ne semblait pas comprendre c’était que jamais Rebecca n’accepterait qu’on l’aide si on lui forçait la main d’une quelconque manière que ce soit. Même si ça n’était pas grand chose, elle ne prendrait pas sur elle pour accepter, pour dire que oui, peut-être elle aurait besoin d’un peu d’aide, c’était mal la connaître que d’imaginer cela. Elle était simplement comme ça la Serpentard, aussi agaçant que cela puisse être, il serait bien difficile de la changer, surtout maintenant. Elle était peut-être un peu dure, un peu sèche aussi dans ses propos mais elle avait l’impression qu’il n’y avait que ça que la Serdaigle pouvait comprendre, elle ne regrettait pas, l’autre sorcière finirait bien par s’en remettre de toute manière. Ce qu’elle voulait Rebecca, c’était la paix, la tranquillité afin de pouvoir pester comme elle le voulait contre ce livre, contre ce devoir qu’elle pourrait très bien être en capacité de faire si elle ne perdrait pas autant de temps à le maudir. Elle entendait très bien les propos de la jeune femme qui lui tenait tete mais ça ne lui faisait rien. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait, c’était son problème après tout mais il ne faudrait pas qu’elle s’étonne, plus tard, si un petit accident lui arrivait. Elle était un peu du genre rancunière Rebecca, elle n’aimait pas qu’on prétende la connaître alors qu’on ne savait en réalité rien d’elle. « Et moi je pensais que les Serdaigle étaient intelligents. Comme quoi, on fait tous des erreurs. » Si la sorcière avait été réellement intelligente, elle ne serait pas venue à la table de la vert et argent pour prétendre vouloir l’aider. Elle serait rester dans son coin, à faire ses devoirs comme la bonne petite élève qu’elle devait être. Mais comme Rebecca le signalait, on pouvait tous se tromper. Dans son esprit, elle ne cessait de répéter les mêmes mots, elle voulait que la sorcière parte, elle savait qu’elle y était prête et une fois qu’elle retrouverait sa solitude, elle savait qu’elle pousserait un long soupir de soulagement. Elle se moquait bien de qui apprendrait cette petite conversation, elle se moquait qu’on puisse lui dire qu’elle devait mieux traiter les autres, elle répondrait que les autres en question n’avaient qu’à se mêler de ce qui les regardait, ça serait plus simple pour tout le monde. « Comme tu dis, c’est de mon temps qu’il s’agit, j’en fais donc ce que je veux et ce n’est pas être bornée que de refuser de l’aide qu’on n’a pas demandé, c’est du bon sens je dirais. » Elle ne faisait que dire ce qu’elle pensait. Elle n’avait rien demandé, elle le rappelait tout bonnement à la jeune femme qui semblait avoir cru qu’en venant à cette table, elle effectuerait sa bonne action de la journée. Rebecca n’allait sûrement pas regretter qu’elle parte, qu’elle regagne enfin sa propre table. Elle en souriait même la jeune femme qui savait pouvoir être agaçante quand elle le voulait. Agaçante et pourtant, elle avait été des plus réalistes, elle n’avait pas demandé d’aide, elle n’en voulait pas, elle n’en aurait pas.