Se promener dans le Londres moldu n’était pas vu d’un très bon œil par le gouvernement sorcier actuel aussi, comme tout ce qui n’était pas très bien vu, ce n’était pas prudent. Surtout une sorcière de sang-pur au nom de famille pas aussi rutilant qu’il devrait l’être. Lexie le savait très bien. Pourtant, ça ne l’empêchait pas de tenir là, dans un pub moldu, assise sur une des nombreuses chaises recouvertes d’un tissu écarlate, maintenu par des clous de cuivre noirci par le temps. Elle s’était installée dans un coin de la salle et elle en profitait pour observer son environnement avec curiosité. Si le monde des moldus ne lui était pas totalement étranger, elle pouvait remercier ses amis américains et leurs escapades chez les moldus pour ça, il restait toujours très mystérieux. Alors elle n’allait certainement bouder une occasion en or de pouvoir lever un peu le voile sur ce monde si proche mais pourtant si différent du sien. Surtout que l’horloge suspendue au mur face à elle lui indiquait qu’elle avait encore huit bonnes minutes avant l’heure du rendez-vous qui avait été fixée. Huit minutes qu’elle passa à observer les bouteilles rutilantes de toutes sortes d’alcools dont elle ne connaissait pour la plupart pas le nom qui étaient alignées derrière le comptoir en bois et à écouter des conversations qu’elle ne comprenait qu’à moitié. Puis encore cinq minutes après ça.

Mais alors que la trotteuse égrenait encore les secondes puis les minutes sans que personne ne vienne, Lexie commençait sérieusement à s’ennuyer. Si elle mettait un point d’honneur à toujours arriver en avance, pour être sûre de ne jamais être en retard, elle comptait sur ses interlocuteurs pour arriver à l’heure. Mais visiblement aujourd’hui elle n’avait pas cette chance, sauf si l’horloge du bar avançait ce qui était bien possible. Il fallait l’avouer, être seule au milieu de moldus qui tenaient des conversations qu’elle ne comprenait absolument pas - qu’était-ce donc qu’un “ordinateur” tantôt vanté pour ses mérites tantôt maudit pour ses pannes ? - ça commençait à devenir ennuyant. Et elle n’avait pas d’autres distractions que de faire tourner le chardonnay dans son verre sans en faire tomber une goutte. Ce qui devint bien vite aussi lassant que d’essayer de suivre les conversations autour d’elle. Elle commençait même à se demander si elle avait bien fait de venir finalement, bien fait d’organiser cette rencontre. Mais maintenant qu’elle était là, autant attendre encore un peu avant de retourner dans le manoir Avery bien trop vide à son goût maintenant qu’il n’y avait plus qu’elle et l’elfe de maison de la famille.

Heureusement, la silhouette de la sorcière qu’elle attendait finit enfin par apparaître dans le pub. Lexie se redressa aussitôt pour aller l’accueillir, tellement soulagée de la voir enfin apparaître qu’elle ne pouvait même pas lui tenir rigueur des onze minutes de retard qu’affichait l’horloge du bar. Elle lui adressa un sourire qui dévoilait ses dents blanches. « Bonjour, vous êtes Makayla Ackermann je présume ? » Sans vraiment attendre de réponse, elle poursuivait déjà. « Je suis Alexandra Avery, c’est avec moi que vous avez rendez-vous. Suivez moi, je me suis installée sur la table juste là. » Elle pointa du doigt la table où se trouvait encore son verre plein avant d’y guider son invitée en slalomant entre les moldus.

Une fois de plus, elle se félicita d’avoir pris une table un peu à l’écart où personne ne pourrait les reconnaître et où elles pourraient discuter tranquillement. Le soleil qui peinait à percer les nuages éclairait le pub d'une lumière tamisée, donnant ainsi une étrange impression d'intimité dans un lieu aussi fréquenté. Ce qui ne l’empêcha pas de lancer rapidement et discrètement un sort pour s’assurer que personne n’entendrait un seul mot qui serait échangé entre les deux sorcières. Une fois pleinement satisfaite et rassurée, elle concentra son attention sur la femme face à elle. « Tout d’abord, je voulais vous remercier d’avoir accepté de me rencontrer. J’imagine que j’ai dû un peu vous surprendre avec cette invitation mais j’ai lu vos articles, enfin certains d’entre eux, et je les ai trouvé très intéressants. » Un nouveau sourire ponctua ses paroles alors qu’elle prenait quelques secondes pour savoir comment présenter la suite.

Plus les minutes passaient, plus elle se répétait que c’était une très mauvaise idée ce qu’elle était en train de faire. Après tout, cette femme, elle ne la connaissait ni d’Adam, ni d’Eve. Elle pouvait être une tueuse en série comme être une simple sorcière qui voulait lui parler de quelque chose d’important. Elle ne le saurait qu’en allant à ce rendez-vous, qu’en s’assurant que tout le mal qu’elle pouvait avoir à l’esprit n’était réel que dans son esprit. « Au pire, tu la tues. Vous serez au milieu de moldus, tu n’auras qu’à faire passer ça pour une crise cardiaque. T’es médecin après tout. » Elle roulait des yeux aux paroles de son amie. Lilith avait raison en un sens, si les choses venaient à lui déplaire, elle pourrait sans doutes s’arranger pour faire disparaitre la jeune femme. « Médecin légiste Lilith. En théorie, ils sont déjà morts quand je travaille dessus, je ne suis pas censée déclarer leur décès. » Le pire dans cette histoire, c’était que ça l’amusait ces pensées. Comme le regard des passants dans la rue l’amusaient également. Elle devait donner l’impression de parler seule, ça avait souvent tendance à déranger le monde mais elle s’en fichait un peu. Un coup d’oeil sur sa montre lui suffit à réaliser qu’elle était déjà en retard, tant pis, ça ne changerait pas bien de d’habitude. Elle avait beau réfléchir, elle n’arrivait pas réellement à se souvenir pourquoi elle avait accepté cette entrevue. Elle ne savait rien de cette femme. Avery, c’était son nom. Ca, elle connaissait en revanche, il fallait vivre dans une grotte pour ne pas connaître ce nom mais c’était bien tout. Alors oui, ça l’avait sans doutes un peu trop intrigué, elle s’était posée des questions comme n’importe qui l’aurait fait en réalité. Mais ses doutes s’envolèrent quand elle poussait finalement la porte de ce café, ce bar, elle ne savait pas trop en réalité, où elles avaient rendez-vous. C’était assez charmant comme endroit, il fallait bien le reconnaître et quand on avait de tels goûts, on ne pouvait pas être une tueuse en série. Quoique. Lilith se mit à rire, le rire qui résonnait aux oreilles de Makayala, lui arrachant au passage un énième soupir, ça ne serait certainement pas le dernier de cette journée, elle le savait pertinemment. Elle était à peine entrée qu’on vint à sa rencontre, son interlocutrice, celle qui avait demandé à la voir. Elle était jeune, Makayla n’aurait pas imaginé autant. La surprise passée, elle tentait un sourire alors qu’elle approuvait les dire de la Avery d’un simple hochement de tête. Il n’y avait pas besoin de s’éterniser des heures durant sur les présentations. Elle pouvait bien s’appeler Cunégonde que ça ne lui ferait ni chaud ni froid en réalité. Désormais installée à la table que la jeune femme avait pris pour elles, Makayla avait l’impression d’enfin pouvoir se détendre. Il suffisait de la regarder pour voir toute l’innocence qui se dégageait d’elle. L’effet de son jeune âge sans doutes. « Que puis-je pour vous ? » Elle paraîtrait sans doutes impolie, ou peut-être brusque mais elle n’aimait pas faire des manières, elle préférait quand les choses étaient dites sans le moindre détour, sans aucun fioriture qui n’auraient pour but que d’améliorer des propos fades. Elle écoutait, elle entendait et au fond d’elle, elle riait. La plupart des choses qu’elle publiait n’étaient même pas d’elle mais ça, personne n’avait besoin de le savoir. Les concernés étaient morts de toute manière, elle ne comptait pas Anastase qui, bien que vampire, était tout de même mort. « Et bien… merci ? Je suppose. » L’avait-elle réellement fait venir juste pour ça ? Juste pour lui faire savoir qu’elle avait aimé certains de ses écrits ? Quelle perte de temps et si c’était le cas, elle ne manquerait pas de faire savoir son agacement. « J’espère que vous ne m’avez pas fait venir simplement pour ça… j’ai mieux à faire alors parlez. » Ce n’était pas une menace, c’était un conseil. Conseil un peu sec probablement mais elle voulait faire comprendre qu’elle ne plaisantait pas et qu’elle partirait à tout moment si elle en avait envie.

Descendante de deux illustres familles de sorciers de sang-pur fortunées, Lexie avait eu la chance de bénéficier d’une éducation impeccable. Ce qui signifiait, évidemment, que ses parents lui avaient inculqué les bonnes manières et les règles de savoir-vivre. Une leçon qu’elle avait pris particulièrement à cœur parce qu’elle était l'aînée des enfants Avery, en tout cas des enfants légitimes, et en tant qu’héritière son comportement devait être irréprochable. Sa mère lui l’avait appris alors qu’elle était très jeune et Lexie en avait pris bonne note. Elle ne voulait surtout pas voir la réputation de sa famille ternie parce qu’elle se montrait inconvenante. Et si au final la réputation de sa famille n’était plus aussi brillante qu’elle l’avait été, la bienséance était ancrée en elle. Cependant, il était évident que la sorcière face à elle n’avait pas retenu l’importance de la civilité, voire même que cette leçon ne lui avait jamais été enseignée. La jeune Avery ne put retenir une légère grimace, goûtant peu à la brusquerie de son interlocutrice. Mais ses traits reprirent rapidement une expression affable alors qu’elle se redressait, bien décidée à être un parangon de politesse malgré l’attitude de son invitée. « Je pense que je possède des informations qui pourraient vous aider dans vos recherches. » Les mots sortirent rapidement de ses lippes alors qu’elle craignait un peu que la sorcière s’envole. « Je ne me serais pas permise d’utiliser votre temps uniquement pour quelques compliments sur vos articles. » Ni même de gaspiller le sien pour si peu. « Je me serais contentée d’une lettre. Toutefois, ce sont vos articles qui m’ont poussé à m’intéresser à vos recherches et à penser que je pourrais peut-être vous apporter quelques connaissances utiles. Mais peut-être que je pourrais d’abord vous offrir à boire avant de vous expliquer plus en détail la raison de cette invitation ? » demanda-t-elle sans vraiment attendre de répondre. Puisque la scientifique avait visiblement mieux à faire, Lexie ne perdit pas de temps avant de faire signe à une serveuse pour qu’elle prenne sa commande. Elle n’était pas tout à fait certaine que Makayla soit suffisamment intéressée par des informations potentielles qui pourraient faire avancer ses recherches mais peut-être que cette perspective assortie d’une boisson pourrait la convaincre de faire preuve d’un peu de patience.

Toutefois, Lexie n’avait pas pris en compte la lenteur du service chez les moldus. Ici, il était impossible de faire venir les boissons sur une table d’un simple geste de la baguette et d’un murmure. Ce manque de rapidité lui faisait presque regretter d’avoir choisi un pub moldu comme lieu de rendez-vous. Presque seulement parce que c’était quand même le choix le plus prudent. Elle n’avait aucune envie que les deux sorcières soient vues en train de discuter alors qu’elles ne naviguaient pas dans les mêmes cercles. Cela ne ferait qu’attirer la suspicion et Lexie aimait bien que ses secrets soient bien gardés, merci bien. Malheureusement, le délai entre la commande d’une boisson et son arrivée sur la table était trop long pour qu’elle prenne le risque de commencer réellement à converser. Ses sortilèges étaient destinés à empêcher tous ceux qui n’étaient pas autour de cette table d’entendre le moindre mot mais la serveuse pénètrerait dans la bulle d’intimité et pourrait donc tout entendre. Elle n’avait aucune envie que celle-ci surprenne leur discussion concernant les créatures magiques auxquelles les moldus ne croyaient pas. Elles attendirent donc en silence que la serveuse amène enfin la boisson commandée. Lexie laissa même le temps à Makayla de prendre une gorgée avant de lancer pour de bon la discussion. « J’ai cru comprendre au travers de vos articles que vous étudiez les raisons pour lesquelles certains naissent sans pouvoirs magiques. Et que vos recherches s’étendaient aux créatures magiques. Or, il se trouve que j’ai étudié les Créatures Magiques aux États-Unis où les choses sont enseignées différemment. » En Amérique, pas question de parler de l’infériorité des Créatures Magiques contrairement à l’Angleterre. « J’ai pensé que je pourrais peut-être mettre une partie des connaissances que j’ai acquises à contribution pour vos recherches. » Si son ton était un peu incertain parce qu’elle craignait d’essuyer une rebuffade de la scientifique, elle soutenait fermement le regard de Makayla.

Elle ne cherchait pas à être méchante dans ses propos mais elle voulait que la sorcière qui lui faisait face comprenne que ça l’agaçait de se déplacer pour rien du tout. Alors si c’était juste des compliments bas de gammes qu’elle avait à lui faire, elle pouvait se les garder. Makayla n’était pas réputée pour sa patience, cette dernière étant très clairement inexistante. Et puis il y avait Lilith qui désormais était installée, l’air de rien, à côté de la Avery. Cette dernière ne se doutait très probablement pas de ce qui se passait autour d’elle et c’était tant mieux mais Makayla détestait très clairement cette situation et elle aurait aimé être en capacité de dire à Lilith de partir, que tout cela ne la regardait pas. Elles avaient beau tout partager ensemble, la plupart des choses en tout cas, Makayla était presque certaine que dans cette situation, son amie ne lui apporterait que des problèmes. L’aider, voilà ce que pensait la gamine, qu’elle pouvait l’aider dans ses recherches mais avait-elle ne serait-ce qu’une simple idée de ce dont elles étaient ? Makayla était certaine que non, elle ne savait que ce qu’elle avait bien pu lire, que la partie émergente de l’iceberg et ça l’amusait. Un amusement qu’elle traduisait à la perfection avec le sourire qu’elle affichait désormais. Elle était certes encore agacée, mais peut-être que ça finirait par passer si cette rencontre se montrait finalement utile. « Allez-y je vous en prie. Si boire un verre est le prix à payer pour entendre en quoi vous pourriez m’être utile, je peux bien me sacrifier. » Elle voyait de là où elle se trouvait Lilith rouler des yeux alors que son sourire à elle ne faisait que s’agrandir, preuve de sa bonne foi, preuve qu’elle écouterait ce que la sorcière pouvait bien avoir à lui dire. « Donc on écoute ce qu’elle a à dire, on l’utilise à bon escient et on la tue ? J’aime bien ce plan moi ! » Au tour de Makayla de rouler des yeux, le plus discrètement possible. Alexandra ne comprendrait très probablement pas ce geste alors que le serveur apportait déjà un second verre à leur table, signe qu’elles ne seraient désormais plus dérangées et qu’elles allaient enfin pouvoir parler. Un coup d'œil d’abord sur le verre, elle en prit une première gorgée avant de le reposer. Il ne serait pas correct de tout boire en une seule fois alors que ce n’était pas elle qui payait, bien que l’idée soit plus que tentante. Makayla ne fut pas vraiment surprise d’apprendre que la jeune femme avait étudié les Créatures Magiques, elle avait le profil selon elle. Mais elle avait raison de penser qu’Alexandra ne savait que ce qu’elle avait lu, qu’elle n’avait en rien conscience de tous les détails qui constituaient les recherches de l’alchimiste. Tout était plus sombre, bien moins idéalisé qu’elle ne semblait à première vue le croire et ça l’amusait sans qu’elle ne le montre véritablement. « Continuez. Il est vrai que j’ai publié un article là-dessus, sans grand succès. Les gens se moquent bien en général de savoir pourquoi les moldus sont moldus, les sorciers des sorciers ou les créatures et bien, ce qu’elles sont. » Elle savait pourtant très bien qu’il y avait une explication à toutes choses, il ne pouvait pas en être autrement. En cet instant, s’il y avait bien une chose qu’elle pouvait retenir de cette jeune sorcière c’était son audace, celle de lui proposer son aide, l’air de rien, comme si elle pouvait être essentielle. Mais Lilith marquait un point avec ces propos précédent, rien n'empêchait Makayla de se servir d’elle et de ses connaissances, en oubliant évidemment la partie où elle la tuait. Son amie ne la trouverait certainement pas amusante si elle venait à formuler cette pensée mais tant pis, elle n’était pas une tueuse. « Je ne peux rien promettre. Tout dépendra de ce que vous pouvez m’apprendre et s’il s’agit de choses utiles. » Mais l’idée d’avoir un point de vue extérieur à des choses qu’elle connaissait déjà, ou peut-être pas, ne lui était pas déplaisante à vrai dire. Et le regard soutenu d’Alexandra dans celui de Makayla était une motivation supplémentaire de voir ce qu’elle avait à apporter.

Un froncement de sourcils accueillit cette fois les paroles de la sorcière qui semblait avoir décidé de balayer toutes les règles de politesse. Jamais elle n’avait vu quelqu’un réagir de façon aussi cavalière à une boisson grâcieusement offerte. Sans même parler de ses yeux qui roulaient dans leurs orbites de façon à peine dissimulée et sans raison. Lexie se demanda même si elle n’avait pas commis un impair en offrant à boire à l’autre sorcière. Avait-elle touché un point sensible sans le vouloir ? Ou alors, c’était simplement une preuve de plus du manque de courtoisie de son interlocutrice, ce qui lui semblait plus probable. Dans tous les cas, elle choisit sagement de ne pas commenter et de garder le silence. Si tu peux te permettre de te conduire comme une personne bien élevée, et tu le peux Lexie, fais le ! Elle entendait presque sa mère lui rappeler, comme quand elle était enfant, que l’impolitesse des autres n’excusait pas la sienne.

Bien sûr, si elle avait eu la moindre idée de ce que faisait Makayla, le plagiat éhonté d’auteurs morts depuis belle lurette n’étant que le moins grave de ses péchés, Lexie n’aurait pas fait preuve d’autant de politesse. A vrai dire, elle n’aurait même jamais invité la scientifique et elle l’aurait au contraire fuit comme la peste. Mais elle ne savait rien des activités réelles de la scientifique, les seules informations qu’elle avait pu obtenir sur Makayla concernaient simplement son lieu de travail plutôt inhabituel qu’elle avait mis sur le compte d’une excentricité. Elle avait donc laissé cette information de côté, sans suspecter une seule seconde ce qui se cachait derrière. Tout comme elle ne suspectait pas les idées meurtrières de Lilith à son encontre d’ailleurs. Bienheureuse ignorance, qui lui permettait de se tenir ici sans crainte, en sirotant son verre de vin, pour discuter d’articles auxquels peu de gens portaient de l’intérêt. « Eh bien moi je ne m’en moque pas. Il y a forcément une explication et je suis sûre qu’elle pourrait être particulièrement utile. A vrai dire, je suis surprise qu’aussi peu de gens s’intéressent à ça, surtout actuellement. » lança-t-elle un peu distraitement. A l’heure où les hybrides étaient impitoyablement chassés des postes importants, où les cracmols étaient rejetés par la société sorcière, où les nés-moldus étaient réduits au rang de domestiques, on pourrait penser que savoir ce qui faisait que quelqu’un pouvait utiliser la magie ou non, serait une information convoitée.

D’autant plus que cette connaissance pourrait limiter la perte de puissance de la magie invoquée par le Lord pour justifier tout ça. Ou alors, comme le soupçonnait Lexie, c’était plus simple de blâmer les moldus et les accuser de voler la magie que de réellement chercher à expliquer ce qui se passait. Alors peut-être que la réponse que cherchait tant Makayla Ackermann pourrait porter un sacré coup à toutes les théories sur la supériorité de la pureté du sang qui semblaient justifier beaucoup trop facilement à son goût de trop nombreuses horreurs. En tout cas, c’était ce qu’espérait Lexie, même si elle n’en soufflerait évidemment pas un mot à l’autre sorcière. Ce n’était certainement pas à une personne qu’elle ne connaissait même la demi-heure d’avant qu’elle confierait son désir de voir le gouvernement tomber. Elle préférait de beaucoup que cette dernière croit que l’intérêt de la jeune Avery était purement scientifique et non animé par des envies de révolution. « Si je ne pensais pas pouvoir vous aider dans vos recherches, je ne vous aurais pas contactée, je vous l’assure. Même si je n’ai malheureusement pas la réponse à vos questions, je pense tout de même que plus vous en saurez sur vos sujets d’études, plus vous pourrez faire de progrès. Je pourrais commencer par vous donner quelques informations sur les elfes de maison et les gobelins qui peuvent utiliser la magie, même si elle est différente de celle des sorciers. » Elle ne savait pas dans quelle direction la sorcière face à elle souhaitait orienter ses recherches, toutefois Lexie était bien décidée à lui apporter toutes les connaissances nécessaires.

Il n’y avait pas besoin de les connaître pour savoir qu’elles ne venait très clairement pas du même monde. La douceur de la Avery tranchait totalement avec la rudesse de la Ackermann. Et ça ne dérangeait absolument cette dernière qui ne comptait pas changer son comportement pour une femme qu’elle ne reverrait peut-être jamais après cette entrevue. Il était vrai qu’elle avait été curieuse d’en savoir plus, quand Alexandra lui avait fait savoir qu’elle pouvait peut-être l’aider. Elle ne savait pas bien en quoi mais si elle le pensait, autant l’écouter. Ce n’était pas l’avis de Lilith, mais en même temps, celle-ci n’avait jamais un avis très positif sur les personnes que pouvaient rencontrer Makayla. C’était une habitude à avoir, Envy avait simplement appris à l’ignorer la plupart du temps et c’était pour cela qu’elle avait choisis aussi de rester en compagnie de la Avery quand Lilith faisait tout pour la convaincre de partir. C’était sa manière bien à elle de se rebeller si on pouvait appeler ça ainsi. Elle avait toujours pensé que son travail n’intéressait qu’elle, que malgré les articles qu’elle pouvait publier de temps à autre, sans donner tous les détails de ses recherches évidemment, personne ne les lisait et pourtant, il fallait bien se rendre à l’évidence qu’elle avait fait fausse route. Rien ne  lui garantissait qu’à part Alexandra Avery, d’autres la lisaient mais une personne, c’était toujours mieux que zéro. Mais ce dont elle était certaine, c’était qu’il y avait peu de gens dans ce monde qui se souciaient des raisons qui faisaient des gens ce qu’ils étaient. Elles vivaient dans un monde étrange les deux jeunes femmes, où tout avait de l’importance et pourtant, ça, c’était un détails au milieu de tout le reste, de ce qui avait réellement de l’importance selon toutes ces personnes qui pensaient savoir mieux que les autres. Elle n’en avait jamais rien cru Makayla, le savoir était universel, il appartenait à tous et chacun développait le domaine qui lui plaisait. C’était ce qu’elle avait fait et malgré les propos tenus par le BOAT lorsqu’elle avait tenté sa chance pour les intégrer, elle savait ne pas être une ratée, elle savait qu’elle tenait quelque chose, qu’on veuille y croire ou non. Elle était pensive en cet instant, essayant de chasser Lilith qui commençait à être un peu trop envahissante dans son esprit, à chantonner, à lui parler de la pluie et du beau temps pour simplement la décourager. Ce n’était pas la première fois qu’elle agissait ainsi et l’alchimiste devrait être habituée maintenant pourtant, c’était toujours la même chose, elle avait cette partie d’elle qui tenait à écouter ce que Lilith avait à dire, pour faire ou non ce qu’elle suggérait. Mais de là à accepter de tuer, pour le plaisir, cette pauvre innocente ? Non. Ou en tout cas, pas avant d’avoir écouté ce qu’elle avait à dire, sans pour autant promettre que ça lui serait utile ou pertinent. « Actuellement ? Revenez un peu sur Terre, c’est encore pire. C’est devenu chacun pour soi et si un sorcier peut dénoncer son voisin né-moldu pour sauver sa peau, il le fera, peu importe la raison. Les gens se moquent bien du pourquoi du comment des choses de nos jours. » C’était en tout cas son point de vue sur cette situation, sur la vie avec ce gouvernement qui ne gouvernait pas grand-chose, si ce n’était les personnes qui avaient les mêmes idées qu’eux. Les autres, ce n’était que des détails sans grande importance dans un projet bien plus grand, elle en était convaincue. Alexandra mit cependant le doigt sur quelque chose qui attira l’attention de la médecin. Elle parlait d’elfe de maison et de gobelin, ça pouvait l’intéresser. « J’avais volontairement mis ces deux espèces de côtés jusque là justement parce qu’ils sont entre les deux. Ils sont des créatures mais il pourrait, dans un monde sans doutes idéal, être associé aux sorciers de par leurs capacités magiques. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire mais je ne les classerais dans aucune catégorie en réalité, même si c’est un peu dur dit de cette manière, je le reconnais. Ils ne sont pas des sorciers du fait de leur différences, pas des moldus pour des raisons évidentes et pour ce qui est des créatures et bien, peut-être qu’ils en sont un branche à part, je ne saurais trop dire exactement. » Elle pourrait s’étaler sur le sujet en réalité mais ça prendrait bien trop de temps, temps qu’elles n’avaient pas suffisamment devant elles pour que Makayla fasse part de tout ce qu’elle avait à l’esprit. « Vous avez des livres que je pourrais ne pas connaître ? » La c’était sa curiosité qui parlait à vrai dire. Elle se demandait toujours comme la Avery pensait pouvoir l’aider si ce n’était par des ouvrages que Makayla pourrait ne pas connaître. Elle n’avait pas oublié que la jeune femme avait dit avoir étudié les Créatures Magiques, c’était peut-etre ça la clé finalement, les études. Une pensée qui fit grimacer Envy, qui fit rire Lilith. L’aversion pour les études de la sorcière était avérée, on ne pouvait pas non plus dire qu’elle avait bien été aidée dans sa scolarité, la faute à qui. Le regard rapidement tourné vers Lilith, elle se retourna finalement vers son interlocutrice. « Pourquoi faire ça ? Qu’est-ce que vous voulez en échange ? » Elle prit le temps de prendre un gorgée de son verre avant de reprendre. « Ne me dites pas rien, je suis alchimiste, je sais que tout a un prix dans ce monde et je ne vous croirais pas si vous me disiez que c’est pour la recherche, la bonne cause ou tout ce qui s’en rapproche. » Si c’était de l’argent qu’elle désirait en échange de ses informations, elle était bien mal tombée avec Makayla qui n’avait rien d’autre que des dettes à rembourser. Mais elle restait convaincue qu’elle voulait quelque chose, qu’elle attendait un truc, il ne pouvait pas en être autrement, pas dans leur monde.

Parfois, Lexie se prenait à imaginer à quoi ressemblerait sa vie si le Seigneur des Ténèbres avait été vaincu pour de bon, s’il n’avait jamais pris le pouvoir. Elle supposait qu’un gouvernement plus tolérant et aux idées plus progressistes serait à la tête du Royaume-Uni. Dans ce monde, Joyce n’aurait pas eu l’esprit perverti par les idées haineuses, elle ne serait pas allée passer ses étés aux Thicknesse Youth Camps et son père n’aurait pas été mordu par un loup-garou en essayant de sauver Ha-Yun. Joyce n’aurait pas fini par haïr leur père pour son échec et pour sa lycanthropie, il n’aurait pas eu à quitter la maison dans laquelle il avait toujours vécu pour finir marqué comme un animal. Il n’aurait pas eu besoin de tuer un homme pour recouvrer un semblant de liberté, un semblant de dignité. Sa famille serait toujours unie. Et elle, elle aurait probablement étudier l’histoire en vue d’en faire son métier, comme son père, comme sa tante. Dans cet univers, elle n’aurait probablement jamais échangé le moindre mot avec Makayla Ackermann. Elles n’avaient pas le même âge, pas les mêmes amis, pas les mêmes centres d’intérêt. Elles ne vivaient pas au même endroit, ne travaillaient pas dans la même branche, ne fréquentaient pas les mêmes lieux. Elles ne naviguaient pas dans les mêmes cercles. Dans des circonstances normales, elles ne se seraient même probablement jamais croisées, chacune vivant paisiblement dans l’ignorance de l’existence l’une de l’autre. Et pourtant, leurs deux mondes s’entrechoquaient, rentraient en collision dans un pub moldu. Parce que cet univers n’était qu’une chimère et que les circonstances n’étaient pas normales. Parce que l’injustice subie par bien trop de sorciers lui soulevait le cœur et lui donnait la rage au ventre. Parce que son père et sa sœur lui manquaient, parce que leur absence lui creusant le cœur, parce que le manoir de Douvres était bien trop vide sans eux. Parce que Lexie voulait faire tomber ce gouvernement aux philosophies dans lesquelles elle ne se reconnaissait pas et qui lui avait arraché sa famille.

Et ça, c’était bien plus important que la rudesse de la scientifique, couplée à un manque effarant de politesse, qui cette fois ne la fit même pas ciller. Oh Lexie n’appréciait toujours pas les paroles peu agréables qui s’échappaient des lippes de la scientifique mais elles n’étaient pas dénuées de vérité pour autant. Peut-être qu’en effet le désintérêt des sorciers concernant la raison pour laquelle certains naissaient sans pouvoirs magiques, alors même qu’ils étaient issus de parents sorciers, alors que d’autres naissaient avec alors même que leurs parents étaient des moldus, était encore plus prononcé maintenant qu’il ne l’avait été avant. Peut-être qu’ils haïssaient trop les moldus pour essayer de comprendre pour certains et que les autres avaient tout simplement trop peur pour se poser la question. Au fond, cette explication n’était pas si importante puisque qu'elles qu’en soient les raisons, elles avaient le mérite de laisser le champ libre à la jeune Avery. Parce que si personne ne prêtait attention aux recherches de Makayla, personne ne chercherait non plus à savoir d’où elle tenait ses nouvelles informations sur les hybrides. « Les autres s’en moquent peut-être mais pas moi. Et je suis certaine qu’une fois que vos recherches auront abouti, beaucoup seront très intéressés par le résultat. » dit-t-elle avec conviction. En tout cas, elle l’espérait puisqu’elle voyait dans les réponses que Makayla s’efforçait de trouver, le moyen de mettre à mal les théories données par le gouvernement concernant l’affaiblissement de la magie. Théories qui se trouvaient à la base des lois infâmes sur les nés-moldus, édictées en masse ces dernières années et qui auraient beaucoup plus de mal à être justifiées si le postulat sur lequel elles étaient fondées se révélait incorrect.

Mais pour réussir à en arriver là, encore fallait-il que les recherches sur lesquelles Lexie fondait tant d'espoir soient couronnées de succès. C’était un pari risqué et particulièrement incertain mais la jeune Avery était fermement convaincue qu’il valait mieux essayer et échouer que de ne jamais rien tenter. Dans le pire des cas, elle aurait simplement appris des choses à une sorcière dont les recherches ne menaient à rien. « A vrai dire, avant les dernières lois sur les créatures magiques, la précédente classification établie par le ministre de la Magie Grogan Stump au XIXème siècle rangeait les elfes de maison et les gobelins dans la catégorie des êtres afin de les différencier des animaux. Les vélanes, les harpies, les vampires et les lycanthropes sous forme humaine se trouvaient aussi dans cette catégorie. Bien sûr cette classification était loin d’être parfaite et je vous en parle uniquement pour vous donner une meilleure idée de la place qui a pu être attribuée à ces créatures. Je pense qu’il ne faut pas mettre de côté des créatures capables d’utiliser la magie afin d’être sûr de ne pas passer à côté de quelque chose d’important. Je pourrais bien sûr vous donner les références de certains livres sur le sujet, mais je pensais simplement vous transmettre des compilations des choses les plus importantes à savoir afin de vous faire gagner de nombreuses heures. De cette manière, vous pourrez commencer à les étudier et si ces connaissances sont insuffisantes, je tenterais de vous trouver les informations dont vous avez besoin. » lança-t-elle avec un débit sans doute un peu trop rapide. Est-ce qu’elle avait à ce point hâte que la scientifique poursuive ses recherches sans perdre de temps ? Oh oui. Plus vite elle trouverait une explication, plus vite le gouvernement tomberait. Bien sûr, ce n’était pas quelque chose que Lexie pouvait confesser à la scientifique qui s’interrogeait sur ses raisons. Alors elle lui servit la réponse qu’elle avait préparé plusieurs jours plus tôt, quand elle avait pris l’intention de rencontrer la sorcière face à elle. « Je suis une sorcière de sang-pur et on attend donc de moi que je donne des héritiers au sang aussi pur que le mien. Or, vous le savez probablement mais ma famille a connu quelques…. déboires ces dernières années. Si à cela s’ajoute la naissance d’un cracmol, c’est à moi qu’on le reprochera et ma famille ne s’en relèvera pas. J’espère donc qu’en vous aidant à trouver ce qui fait que certains peuvent utiliser la magie et d’autres non, cela pourrait permettre de ne pas faire naître un cracmol. » C’était à ses yeux l’explication la plus logique à l’aide qu’elle offrait gratuitement et donc celle qui était la plus susceptible de convaincre son interlocutrice que ce partenariat ne pouvait pas se refuser.

Au premier abord, elle n’était très clairement pas emballée par cette rencontre et elle ne l’était toujours pas. Pourtant, elle avait envie de savoir ce que cette jeune femme avait à lui apprendre qu’elle ne savait déjà. Elle ne faisait jamais rien sans un minimum de connaissance alors il était clair qu’elle s’était renseignée sur toutes les créatures magiques qui peuplaient le monde magique. Pourtant, il y avait toujours des zones d’ombres qu’elle cherchait à éclaircir et elle finirait par y arriver. Alexandra Avery était peut-être la pièce du puzzle qui lui manquait pour réussir là où elle avait si souvent échoué auparavant. Elle avait de l’espoir la jeune femme, ça faisait sourire Makayla, ça l’amusait même. Oui de l’amusement pouvait se lire sur les traits de son visage maintenant. Elle n’y croyait pas vraiment aux paroles qui étaient prononcées, que les gens finiraient pas s’intéresser à ses travaux quand ils seraient achevés. Ce n'était pas le cas à l’heure actuelle, pourquoi ça le serait plus tard. Elle prenait entre ses doigts son verre pour en prendre une nouvelle gorgée et écoutait attentivement la jeune femme. Elle ne pouvait pas lui retirer qu’elle semblait savoir de quoi elle parlait, à croire qu’elle s’était renseignée juste avant de venir à cette entrevue. Ce que Makayla comprenait, c’était qu’elle avait tout prévu déjà la sorcière qui lui faisait face. Elle parlait de livres, de compilations d’informations qu’elle pouvait lui fournir, au pire chercher pour elle si le besoin se faisait ressentir. Il fallait qu’elle se calme, Makayla n’avait jamais dit qu’elle acceptait son aide, elle n’avait à aucun moment laisser entendre que ça pourrait coller. « On se calme un peu, on en est pas encore là. » Elle essayait d’être souriante quand elle prononçait ses mots, histoire que la jeune sorcière ne se vexe pas complètement mais plutôt qu’elle comprenne que ce n’était pas le genre de chose qui se décidaient en un claquement de doigts. Mais pour lui montrer qu’elle ne laissait pas la porte fermée à une potentielle future coopération, elle cherchait à s’informer, à comprendre ce qui pouvait la motiver là-dedans quand tous les autres l’avaient simplement rejeté. « Stupide petite chose. Ne va pas me dire que tu lui fais confiance. » Elle lnançait un regard noir à Lilith, toujours assise à côté d’Alexandra. Le regard qui lui intimait de se taire, que c’était préférable pour elle en tout cas. Mais c’était bien connu pour Makayla que Lilith n’était pas le genre à se taire aussi facilement, elle s’y était simplement faite. En soit, les motivations d’Alexandra n’étaient pas mauvaises, juste très personnelles. « Je vois, je vois. » Oh oui elle voyait très bien mais ça n’était pas pour ça qu'elle n'avait pas quelques réticences à émettre. « Je ne dis pas que vos intentions ne sont pas louables, loin de là même mais… je n’ai jamais prétendu qu’il serait, suite à ces travaux, possible de ne pas faire naître un cracmol dans une famille de sang-pur. » En réalité, elle ne savait même pas où ses travaux allaient la mener alors imaginer qu’il serait possible de prédire à l’avance si un enfant naîtrait cracmol ou non… elle n’en était très clairement pas encore là. « J’apprécie votre engouement. Vraiment. »  Elle commençait doucement, histoire que la sorcière ne se fasse pas de fausses idées non plus. « Mais vous devez comprendre que tout ça, ça doit rester un secret. C’est confidentiel, vous n’en savez même pas la moitié et c’est très bien ainsi. » Elle n’avait très clairement pas besoin de savoir qu’il arrivait à Makayla de manger quelques organes, histoire de savoir si ça pouvait lui apprendre quelques trucs que son scalpel ne lui dirait pas. « Je travaille dans le monde moldu vous savez. C’est impressionnant le nombre de cadavres qu’ils ont à offrir sans se douter de quoique ce soit. » Qu’elle lâchait avec ironie. Les moldus, elle les avait pour ses recherches, c’était des créatures qu’elle manquait et c’était sous-entendus, restait à savoir si la gamine serait prête à l’accepter.

Lexie n’était pas une legilimens mais ça ne l’empêchait pas d’être consciente que Makayla n’était pas particulièrement emballée par sa proposition. Ça se voyait partout sur son visage. La jeune Avery aurait pourtant cru qu’elle réussirait à susciter un peu plus d’enthousiasme avec son offre. Après tout, elle proposait son aide, certes intéressée mais surtout gratuite, pour des recherches qui, à écouter la personne qui les faisait, n’intéressaient pas grand monde. Et si elle était un peu décontenancée par le manque d’engouement de la sorcière face à elle, il en fallait beaucoup plus pour l’arrêter ou même pour la décourager. Elle savait qu’elle pouvait conclure un partenariat avec Makayla. Sinon, cette dernière ne lui aurait certainement pas souri et elle aurait été beaucoup plus rude et sèche dans ses paroles à en juger par les premiers mots qu’elle lui avait adressés. Lexie remit une mèche de ses longs cheveux bruns derrière une oreille avec un sourire navré. « Désolée, c’est un sujet que je connais vraiment bien et je me suis un peu laissée emportée. » s’excusa-t-elle doucement. Elle avait toujours eu tendance à faire preuve de beaucoup d’entrain pour les sujets qui la passionnaient. C’était, couplé à son travail acharné ce qui lui avait permis de briller dans ses études. Toutefois, elle ne souhaitait certainement pas brusquer sa future partenaire aussi elle préférait rétropédaler plutôt que d’insister.

Ce n’était pas l’envie qui lui manquait pourtant. Elle aurait préféré que l’affaire soit rapidement conclue, elle l’avait espéré même en venant ici. De cette manière, elle aurait pu regagner rapidement la sécurité toute relative du Londres sorcier, voire le vide étouffant du manoir familial. C’était toujours moins risqué que d’être ici, dans un bar moldu. Et s’attarder dans le Londres moldu c’était multiplier les chances d’être remarquée ici et donc que son soutien à la politique du Seigneur des Ténèbres soit encore plus questionné qu’il ne l’était déjà. Toutefois, s’assurer que cette association se produise était plus important que de s’inquiéter pour quelque chose qui pourrait ne jamais arriver. Ces recherches dans lesquelles personne ne croyait, à part les deux sorcières qui se tenaient là, était un espoir auquel Lexie voulait s’accrocher malgré les risques, malgré la probabilité relativement élevée que rien ne sorte de tout ça. Ce dont elle essayait de convaincre Makayla, même si ce qu’elle avait en tête en lui proposant son aide n’avait rien à voir avec ce qu’elle lui disait. « Je suis bien consciente que vous ne pouvez pas me donner l’assurance que je ne ferais pas naître de cracmol. Toutefois, s’il y a même une chance minuscule que ça puisse arriver, je veux la saisir. Les résistants sont des terroristes et mon père ainsi que ma soeur les ont rejoint. Je ne peux pas laisser mon nom être terni encore plus. » Le mensonge mille fois répété franchit ses lèvres facilement alors qu’elle soutenait le regard de Makayla, comme pour la mettre au défi de remettre sa parole en doute. Les mensonges paraissaient toujours plus vrais quand ils étaient dits avec assurance.

Toutefois, son expression ne tarda pas à s’adoucir avec un sourire amusé. Elle avait probablement bien plus intérêt que Makayla à garder le silence sur cette entrevue et sur la coopération qu’elle souhaitait mettre en place, même si elle ne pouvait évidemment pas le lui dire. « Croyez-moi, je n’avais pas la moindre intention de rendre tout ça public. Sinon je ne vous aurais pas demandé de me retrouver ici. Je ne compte ni en parler à quelqu’un d’autre ni vous demander des détails sur la façon dont vous menez vos recherches. » dit-elle. Elle prit toutefois plusieurs secondes pour réfléchir posément à ce que Makayla sous-entendait. Elle finit par arrêter de se mordiller la lèvre et par prendre une gorgée supplémentaire de vin, regrettant un peu que l’alcool ne soit pas plus fort. « Ce n’est pas les cadavres de créatures magiques qui manquent. » à son plus grand regret d’ailleurs « Ca ne devrait pas être bien compliqué d’en subtiliser quelques uns si vous en avez besoin. Mais j’aurais besoin de savoir quelles créatures vous voulez. » lança-t-elle d'un ton dénué d'émotion. Elle aurait de très loin préféré ne pas avoir à faire ça mais pouvoir revoir son père et sa petite sœur valait bien qu'elle se salisse les mains.

Au moins, elle était capable d'admettre qu’elle s’était un peu laissé emporté, et ce n’était pas peu dire. Mais ça lui plaisait à Makayla, cette capacité de remise en question qu’elle ne pouvait pas lui reprocher. Du mieux qu’elle pouvait, essayant en tout cas elle, elle ignorait Lilith qui continuait de faire ses grimaces habituelles, assise à côté d’Alexandra. C’était perturbant pour Makayla de regarder cette dernière sans avoir le regard qui dévie sur le côté mais elle tenait bon, elle essayait afin de garder un certain sérieux dans cette conversation. Elle devait se rendre à l’évidence, Alexandra pouvait être une alliée, une bonne alliée de ce qu’elle avait entendu et il lui fallait réellement considérer toutes les options, même si ce n’était pas au goût de Lilith. Mais si elle était une sorcière, elle n’était pourtant pas capable de miracle et ça, la jeune femme devait le comprendre. Même si un jour Makayla parvenait à comprendre ces mystères de la magie qu’elle tentait de percer, il n’était pas garanti qu’elle réussisse à les contourner pour autant. Alors garantir à la Sang-Pur qu’elle pourrait avoir un enfant qui ne soit pas un cracmol, elle ne s’y aventurera pas. « Je vois. Je comprend. » Elle pouvait au moins faire semblant de comprendre en tout cas si ça pouvait servir ses intérêts. Toujours voir le bon côté des choses, c’était ce que la vie lui avait appris avec le temps. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle avait pleinement confiance en la jeune sorcière. Elle était jeune, probablement encore trop insouciante et Makayla devait s'en méfier. Elle pourrait avoir des problèmes avec ce qu’elle faisait, même si la plupart des choses restaient au BITE, c’était toujours mieux. « Quelque chose me dit que je peux vous croire mais… vous ne m’en voudrez pas si je prend une assurance supplémentaire avec quelques papiers à signer. » On n’était jamais sûre de rien, avec personne et elle préférait prendre cette assurance supplémentaire qu’elle évoquait même si elle avait ce sentiment qu’elle pouvait faire confiance à la Avery. Elles auraient des détails à voir, de nombreux détails même si Makayla ne lui révélerait jamais la totalité de ses secrets, elle voudrait probablement fuir. Mais il y avait des choses qui n’étaient pas confidentielles, comme son travail chez les moldus qui offrait de nombreux cadavres. Ce qu’il lui fallait en revanche, c’était des créatures magiques et pour ça, Alexandra semblait être en mesure de l’aider. Elle affichait d’ailleurs un sourire Makayla, elle avait peut-être eu raison de n’écouter qu’elle et non pas Lilith pour une fois. Elle jetait un rapide regard à cette dernière qui boudait désormais, malheureuse de ne pas avoir été écoutée, d’être ignorée même mais c’était bien fait pour elle. « Vous m’intéressez si vous me dites que vous pouvez m’avoir des créatures magiques. » Elle ne précisait pas que si elles étaient mortes, c’était préférable mais cela semblait plutôt évident en fait. « De quoi je pourrais avoir besoin ? » Question qui n’attendait pas de réponse, elle se la posait plus à elle-même de toute manière. « Qu’est-ce que vous pensez pouvoir avoir ? Là est la question. » Parce qu’elle pourrait dire ce qu’elle voulait, si à la fin, c’était des créatures inaccessible, ça ne servait à rien d’émettre l’idée de mettre la main dessus un jour.