« Tu ne veux pas faire une partie d’échecs ? » Non elle n’avait pas envie de faire de partie d’échecs, c’était peut-être la troisième ou quatrième fois aujourd’hui que Lilith lui demandait. « Non. » La réponse qu’elle veut un peu sèche pour que son amie comprenne qu’il ne serait pas aussi facile de la faire céder. « Oh aller Maka ! Je te laisserais gagner cette fois-ci, c’est promis. » Lilith la connaissait bien, elle savait quel était le problème mais ce n’était pas ça qui ferait changer d’avis makayla, elle ne voulait pas faire cette partie d’échecs, elle préférait lire. « Non, n’insiste pas. » Elle avait l’échiquier de poser sur la table devant elle pourtant, il ne fallait pas grand chose pour qu’elle cède et qu’elle se mette à jouer mais elle savait très bien comment ça allait se passer, encore une fois, elle allait perdre contre Lilith et elle ne l’accepterait pas. Mauvaise joueuse qu’elle était, c’était toujours ainsi que ça se passait. Quand la défaite la prenait, elle se mettait bien souvent à faire la gueule, avant de finalement céder et rejouer de nouveau. C’était comme ça qu’elle avait accumulé toutes ses dettes au Poker, c’était ainsi qu’elle avait dû emprunter à des gens qu’il valait mieux éviter en temps normal. Mais c’était plus fort qu’elle, elle était comme ça mais contre Lilith, elle n’abandonnerait pas. « Tu n’es vraiment pas amusante. Franchement, explique-moi ce qu’il y a d’amusant à lire un livre. Lire. Un. Livre. Même en le prononçant avec la lenteur la plus insupportable, je n’y trouve aucun intérêt. » Des paroles un peu trop dramatiques mais c’était du Lilith tout craché, elle avait toujours été ainsi. Quand les choses n’allaient pas dans son sens, elle faisait tout pour que ça change, pour convaincre Makayla d’être de son avis ou de faire ce qu’elle désirait. Mais avec les années, Makayla avait aussi appris à s’imposer et à dire non, Lilith n’aurait pas toujours le dernier moi et la jeune alchimiste savait que de toute manière, Lilith resterait auprès d’elle, elles avaient besoin l’une de l’autre. « Tu n’as qu’à aller trouver quelqu’un d’autre pour jouer. » Elle avait dit ça naturellement alors que Lilith croisait les bras sur sa poitrine et qu’elle se mettait à bouder telle une enfant, l’enfant qu’elle n’était plus depuis bien longtemps. « Mais tu sais bien que je ne peux pas ! Les autres m’ignorent, ils font comme si je n’existais pas. Je les soupçonne de ne pas vraiment m’apprécier parce que je te préfère toi plutôt qu’eux. » Des propos qui firent sourire Makayla alors qu’elle fermait son livre pour porter son regard sur la jeune femme qui se tenait à ses côtés. Elle souriait oui, elle ne savait pas vraiment si elle avait raison, si c’était ce que les autres pensaient mais elle avait bien compris depuis le temps qu’elle était la seule à porter de l’intérêt à Lilith. Elles n’étaient pas dans le meilleur lieu du BITE pour avoir cette conversation de toute manière. Dans le hall qui menait au musée, Makayla essayait de surveiller que personne n’entre alors que tout allait fermer. Ici, ce n’était pas que l'hôtel où ils vivaient tous ensembles, c’était un peu plus, aux yeux des moldus en tout cas. Pour elle, c’était juste un bâtiment qui regorgeait de vieux trucs poussiéreux sans grand intérêt. Mais visiblement, ce n’était pas le cas de tout le monde. Y’avait cette femme qui entrait, femme qu’elle avait déjà vu à plusieurs reprises dans les couloirs du BITE sans pour autant s’y intéresser plus en détails. « Je peux vous aider ? » Elle essayait d’être amicale, ou en tout cas pas aussi agressive qu’elle pouvait l’être en temps normal. « Vas-y ignore moi… toutes les raisons sont bonnes pour me laisser de côté. » Voilà qu’elle soupire Makayla, soupir long alors qu’elle lançait un regard noir à Lilith qui elle souriait de toutes ses dents. « Tu veux bien te taire et peut-être que j’accepterais cette partie d’échecs avec toi ! » Et voilà qu’elle cédait alors qu’elle essayait jusque là de garder la tête haute face à cette femme, Hollis si ses souvenirs ne lui jouaient pas des tours, qui se présentait sans qu’elle ne sache trop dire pourquoi.

Son avis sur le BITE est mitigé.
Pas officiellement, évidemment. En tant que membre émérite du BOAT elle trouve qu'ils ne sont qu'un ramassis de dégénérés et de ratés à la dangerosité proportionnelle à leurs compétences, ce qui varie extrêmement d'un individu à un autre mais frôle souvent le zéro si l'on en croit les dires de ses collègues. D'un point de vue personnel, la question devient plus délicate. Si elle ne nie pas que certains membres sont doués, si ce n'est de talent, d'une intelligence particulière, elle s'est suffisamment entretenue avec Ephraim pour le savoir et elle a eu vent de quelques informations sur la Flamel, d'autres la laissent plus dubitative. Aussi, se rendre dans les locaux du BITE est une expérience en demi tons. Elle ne s'y rend que pour des questions qui méritent son intérêt, qu'il s'agisse de ses prothèses ou non, et les locaux lui permettent d'éviter d'accueillir qui que ce soit chez elle, sanctuaire qui ne verra pas un autre alchimiste qu'elle de sitôt, mais elle ne sait jamais réellement sur qui, ou sur quoi, elle va tomber en s'y présentant.
Pas de réceptionniste lourd cette fois-ci – elle n'a pas eu cette chance plus tôt dans l'après midi, et la satisfaction se teinte de déception. Elle va devoir récupérer l'ouvrage qu'elle a oublié elle-même, tant pis. L'idée d'un Accio sauvage est tentante, la rapidité non négligeable, et plus qu'une question de bienséance qu'elle ne possède pas, c'est le doute quant aux protections magiques qui existent dans le musée qui la fait se raviser. Si le tome ne fait pas partie des ouvrages les plus irremplaçables de sa collection, elle aimerait tout de même le récupérer intact.
L'accueil du musée dépassé et l'œil machinalement attiré par l'éclat magique des quelques curiosités exposées à l'entrée – son favori restant un piège doigt à double tête de dragon à l'enchantement particulièrement vicieux – elle pénètre dans la pénombre des lieux.
Avant que sa voix ne lui parvienne, c'est l'aura qui l'alerte de la présence d'une autre personne au rez-de-chaussée, les lueurs jaune vif plus agressives que d'ordinaire dans l'ambiance tamisée perpétuelle du bâtiment, à moins qu'il ne s'agisse juste de sa magie trop peu familière pour qu'elle ne puisse trancher la question. Si elle avait prévu de continuer sa route après un signe de tête poli – et seulement si l'autre personne la regardait – une salutation la coupe dans son élan.
« Je peux vous aider ? »  Elle n'irait pas jusqu'à dire que la moindre politesse l'étonne mais la proposition la surprend assez pour l'arrêter quelques instants, le temps de rendre la pareille et d'un non merci pour récupérer son dû. « Merci mais je passe seulement récupérer un objet oublié plus tôt, je connais le- » Un long soupir la coupe, et, plus encore, la réponse qu'elle n'attendait pas.
« Tu veux bien te taire et peut-être que j’accepterais cette partie d’échecs avec toi ! »
Un rapide coup d'œil aux alentours, inutile puisqu'elle aurait repéré toute trace de magie mais qui sait si des moldus ne sont pas gardés dans la cave ou autre, et le constat est le même ; il n'y a bien personne d'autre à qui elle peut s'adresser. Elle pointe un index vers son propre visage, l'expression un clair mais silencieux « C'est à moi que vous parlez là ? » et elle prend quelques secondes pour détailler avec plus d'attention la personne qui lui fait face, histoire de dépasser le stade « un gens » sur lequel elle était initialement partie.
Elle ne lui est pas exactement inconnue. Hollis est presque certaine d'avoir vu, de près ou de loin, la totalité des membres du BITE au cours de ses visites, les introductions plates d'Ephraim bien suffisantes à ses yeux presque un regret au moment même alors qu'elle peine à faire revenir de quelconques informations sur la femme. « Je suis plutôt Go mais pourquoi pas, hein ? » Et dire que ses collègues s'obstinent à dire qu'elle ne sait pas comment s'occuper des patients difficiles, les mauvaises langues.
La place prise sur le fauteuil d'en face, elle amène table et plateau de jeu entre elles d'un mouvement de baguette, lui laissant les blancs, avant de s'enquérir des bases. « Je ne suis pas certaine de me souvenir de votre nom... ? Vous êtes membre du BITE non ? »

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Un jour, peut-être, elle trouverait une solution au problème Lilith comme elle l’appelait bien souvent. Certes, elle n’utilisait pas ces termes devant cette dernière, il était hors de question de la mettre en colère et de devoir se la coltiner encore plus. Non, devant elle, Makayla veillait toujours à être la plus serviable et la plus adorable bien qu’elle ne se gêne pas pour être en désaccord avec elle. C’était le cas en ce moment précis. Lilith voulait jouer aux échecs quand Makayla préférait lire un livre, et ça n’avait rien de si exceptionnel contrairement à ce que semblait penser son amie. Elle n’en avait pas envie, pas du tout même mais maintenant qu’elle avait l’habitude du comportement de Lilith, elle savait que si elle ne faisait pas des concessions, jamais elle n’en serait débarrasser. Elle devait ainsi se rendre à l’évidence, elle finirait par la faire cette partie d’échecs, seulement si Lilith se taisait une bonne fois pour toute. Mais avant de tenir de tel propos, elle avait une autre affaire. De là où elle se trouvait, elle pouvait voir une femme entrer dans le musée et si elle l’avait déjà vu trainer dans le coin, elle aurait bien été incapable de remettre un nom sur ce visage. Autant demander directement si elle pouvait aider, cela éviterait bien des questionnements. La réponse qui lui fut donné aurait pu la satisfaire mais elle ne laissait même pas à la jeune femme le temps de terminer sa phrase, Lilith recommençait à faire des siennes, elle parlait, parlait pour ne rien dire en plus de ça et Makayla en avait marre, il fallait qu’elle arrête et ce fut le moment propice pour lui faire savoir qu’en échange de son silence, elle aurait ce qu’elle voulait. Un compromis qui semblait satisfaisant pour cette reine des emmerdeuses qui mimait de ses doigts une fermeture éclair sur ses lèvres, comme si ça allait suffir à ce qu’elle se taise définitivement. Makayla ne se faisait pourtant pas d’illusion, il ne faudrait pas bien longtemps pour qu’elle entende de nouveau la voix de l’horrible démon qui lui pourrissait la vie chaque jour. Et elle avait raison, un éclat de rire retentit bientôt dans son esprit et elle grimaçait en réalisant la raison d’une telle réaction. La femme qui venait d’entrer pensait que c’était à elle que Makayla s’adressait et il lui était presque impossible de nier et de prétendre qu’elle parlait à quelqu’un d’autre, ce serait admettre qu’elle avait un problème et elle le refusait. Et plus la femme se rapprochait, plus la panique se lisait dans le regard de Makayla, plus c’était le cas et plus Lilith rigolait, donnant envie à Makayla de lancer le premier truc qui lui passait sous la main sur Lilith pour qu’elle cesse enfin de se moquer d’elle. « Je… ouais, d’accord. » Paraître normale et tout se passerait bien, ce ne devait pas être si compliqué que ça de faire semblant d’être une personne comme les autres après tout. Si le commun des mortel en était capable, pourquoi pas elle ? Et puis elle détestait les échecs en plus de ça. Elle laissait la sorcière placer le plateau alors que Makayla refermait son livre, prenant bien soin de marquer la page avant tout. « J’appartiens au BITE effectivement. Makayla. » Elle se présentait un peu formellement mais en même temps, qu’est-ce qu’elle pouvait bien dire de plus ou de mieux que ce genre de banalité. « Et vous êtes… ? Je sais que je vous ai déjà vu dans le coin mais je sais aussi que vous n'êtes pas l’une des nôtres. » Et si elle était là pour voler un quelconque secret, elle se mettait le doigt et même toute la main dans l’oeil parce qu’ici, personne ne se laisserait faire aussi facilement. Ils étaient peut-être un peu étranges pour le reste du monde, ils n’étaient peut-être que des incompris mais ça ne voulait clairement pas dire qu’ils étaient stupides. Enfin, sauf Rayane, mais ça c’était une autre histoire. « Vous disiez venir chercher quelque chose que vous aviez oublié ? De quoi s’agit-il ? » Elle cherchait juste à savoir si la vérité lui avait été dite sur la raison de sa présence ici. Une vérité qu’elle demandait tout en jouant son premier coup.