TW : Trauma. Angst. JANUARY 2006 Crap. Il pousse un grognement sourd, il a les yeux plissés et son visage est tout tordu. Cam ne sait pas quoi faire, elle est accroupie à côté de son corps qui est pris de tremblements. Son regard bouge dans tous les sens, sur le visage de Jax, sur les traits tirés, sur son torse qui respire difficilement. Crap. No. No. No. No. No. c'est tout ce qu'elle pense alors que ses doigts tremblants s'accrochent à son bras. Elle arrive pas à le lâcher. Elle arrive pas à bouger. Il peut pas .... Il a pas le droit de.... Il ... non. Ils ont réussi à s'enfuir, à se cacher, ils ont couru encore et encore et encore jusqu'à trouver un endroit calme, un refuge provisoire et tout allait bien. puis, Jax est tombé. Et maintenant, il ne peut pas se relever et il n'arrive pas trop à bouger et Cam se sent impuissante, et elle a peur et elle ne sait pas quoi faire.

Il y a quatre ans, elle serait partie. Peut-être. Mais elle ne peut pas. Y'a des flash qui s'accumulent dans sa tête, des rares moments où il s'est ouvert à elle, des phrases qui sont gravées dans sa mémoire, toutes les fois où il l'a protégée, les sorts qu'il lui appris. Y'a des émotions, enfouies quelque part qui ne demandent qu'à sortir en un long cri rauque. Pourtant, aucun son ne sort. Elle a souvent cette impression d'avoir perdu la voix en même temps que son innocence et tout un tas d'autre chose auxquelles la jeune sorcière essaie si fort de ne pas penser. Qu'il lui a arraché les cordes vocales, que tout ne sort qu'à moitié, déformé, délavé. Sa bouche se tort et elle panique, mais il pose sa main sur la sienne (celle qui serre très fort son bras) et il veut dire quelque chose et il la ramène à la réalité et, et, et, et Cam sait ce qu'elle doit faire. "J'vais trouver de l'aide. J'vais trouver un moyen. Je reviens. Jme dépêche promis." Elle se lève, jette un coup d'oeil au feu qu'elle a fait à l'arrache, il tiendra quelques heures, elle vérifie le bouclier qu'il lui a appris à faire autour de leur campement, il tiendra quelques temps. Elle pose son regard sur le corps de Jax, et elle espère, oh god, elle espère qu'il tiendra lui aussi.

She remembers the prayers her mom used to made before bed.
Little whispers to this Great Unknown above them.
She remembers them and she whispers them too while she's moving towards the city.

Ce n'est pas très loin, elle a rabattu sa capuche sur sa tête, ses cheveux et la plupart de son visage dissimulés sous une couche de tissu et elle avance, bien décidé à l'aider. Il lui a appris à se repérer dans le noir, grâce aux étoiles, et elle a sa baguette qu'elle tient dans sa main dans la grande poche de son sweat. Cam sait où elle doit aller, ils y étaient la veille. Elle a croisé quelqu'un de son passé, a baissé les yeux, détourné le regard pour ne pas être reconnue. Mais aujourd'hui, elle ira la chercher. Si elle est là ce soir. faites-qu'elle soit là ce soir.

Elle a chaud, et froid, et elle est terrifiée.

Une fois arrivée dans la rue, Cam ralentit ses pas, prétend qu'elle a sa place ici parmi les autres passants, elle doit avoir l'air suspecte quand même, son visage masqué par les ombres, ses yeux qui scannent les environs, ne restent pas en place, elle la cherche dans chaque visage, dans chaque voix, partout. Frénétiquement. C'est comme si son corps avançait en auto-pilote mais que son âme était restée aux côtés de Jax. Crap. no. no. No. no.

Cam ne sait pas depuis combien de temps elle arpente cette rue quand elle aperçoit une silhouette sortir d'un bâtiment. C'est elle ? Oui, c'est elle. Enfin, peut-être. la fugitive ne l'aurait pas reconnue si elle ne l'avait pas aperçu la veille.  Les visages d'autrefois sont flous dans son esprit, remplacés par d'autres qu'elle voudrait effacer mais qui la suivent partout - surtout la nuit. Cam s'approche rapidement, évite deux personnes avec agilité avant de s'arrêter devant la jeune sorcière. "Hey ..." qu'elle dit de sa voix cassée, qui s'éraille d'autant plus avec la boule d'angoisse coincée dans sa gorge. "Jsais pas si tu te souviens de moi. Je, j'ai besoin de ton aide." Elle plante ses iris chocolat dans ceux d'Ocean, et dans son regard on peut y lire toute la défiance et la méfiance et l'appréhension et la peur qu'elle ressent. C'est nouveau, Cam a plutôt l'habitude de ressentir un espèce d'engourdissement quotidien. Comme si elle avançait dans du coton, mais cette fois c'est de la chaux tout autour d'elle. Elle doit faire vite. She's running out of time.

Ocean était l’exemple même de l’hybride qui marche droit. Jamais un mot plus haut que l’autre, des yeux toujours baissés quand il le fallait, des formules de politesse parfaitement adaptées, un sourire engageant, rien non pas un gramme de rébellion ne semblait menacer de ressortir chez elle. Elle avait déjà eu plusieurs retours gracieux d’employeurs qui faisaient remarquer que, vraiment, elle était si bien élevée et gentille et polie et discrète qu’on en viendrait à douter qu’elle est une hybride. Et elle sourit, baisse la tête, et remercie chaleureusement le monsieur ou la madame de s’être permis cette remarque tout à fait appropriée. Peut-être qu’elle songe brièvement à sa mère alors qu’elle acquiesce à ce genre de propos, à sa mère qui l’avait sans doute oublié parmi les siens maintenant. À son père également, certainement le plus monstrueux des deux, qui lui était loué pour avoir réussi à civiliser autant une petite hybride comme elle. Il fallait bien avouer que s’il y avait quelqu’un à féliciter pour la docilité incroyable d’Ocean, c’était bien lui. Lui et la Damoclès. Non, jamais un pas de travers pour Ocean, et le plus loin qu’elle puisse aller c’était dans sa tête, quand elle assistait parfois à des scènes incroyables au sein des maisons dont elle s’occupait. Et alors elle étouffait un rire derrière sa main, et se disait qu’elle avait hâte de raconter tout ça à Lottie, que cela les ferait rire quand elles iraient se poser sur les quai de la Tamise, à faire tremper le bout de leurs pieds dans l’eau crasseuse. Mais rien de plus. Non elle n’oserait pas. Car elle avait à présent cette triple peur, Ocean : la crainte qu’on prévienne le gouvernement si elle dérapait, ou pire (lui semblait-il) la Damoclès ou (encore pire !) son père. Prise entre trois feux, on ne s’étonnait pas de la voir recevoir les insultes avec un sourire forcé et s’excuser d’exister toutes les trois phrases. Et pourtant…

Ocean sortait du siège de l’entreprise qui l’employait (oui, il fallait utiliser ce mot, bien plus correct que la vérité), après une journée à voguer de maison en maison, de familles en familles, de sorciers parfois sympathiques à d’autres plus angoissants, quand on vient se planter devant elle. Ocean avait un chemin bien précis dans sa tête, après la journée, elle allait voir si elle pouvait trouver Lottie avant de rentrer chez-elle en évitant par réflexe qu’une patrouille de la VB ne lui tombe sur le coin du nez. Mais là, il y avait un obstacle. « Hey… » C’était bien à elle qu’on parlait, et Ocean sans même prendre le temps de regarder vraiment son interlocutrice, de comprendre ce qu’elle était ou qui elle était, se tendit. Son hybridité n’était pas (encore) marqué sur sa gueule, mais elle était bien trop habituée aux agressions dans les rues pour être sereine. « Jsais pas si tu te souviens de moi. Je, j’ai besoin de ton aide. » Si elle se souvi- Ocean écarquille les yeux et essaye de replacer le visage à demi-caché sous une capuche, mais ce sont les yeux qui la mettent d’abord sur la voie. Quelqu’un de l’école, sans qu’elle ne sache encore qui, tant il y avait eu de visages, tous apathiques. Quelqu’un de la DHS qui avait besoin d’aide ? Cela ne pouvait signifier que des mauvaises choses. Et les problèmes Ocean les évitaient comme la peste. Mais Ocean était également profondément incapable de faire du mal à une mouche, ou même de laisser une mouche se faire écraser devant ses yeux sans essayer de l’aider. Et la petite mouche, là, face à elle, semblait être dans une très grande détresse. « Je… Attends. » Elle regarde autour d’elle un instant, la rue n’était pas bondée mais il y avait tout de même de la circulation, et il y avait toujours des regards qui pouvaient fouiner. Elle attrapa le bras de sa camarade pour la décaler juste sur le côté du bâtiment, se coller contre un renfoncement de mur pour être plus à l’abri des regards. Sous ses doigts, elle la sentait fébrile. « Qu’est-ce que tu veux ? » qu’elle demande dès qu’elles ne sont plus au beau milieu du passage. « Quelqu’un te poursuit ? C’est la VB ?… » C’était les problèmes les plus urgents et les plus récurrents selon elle, les plus dangereux aussi. Avant que, brusquement l’épiphanie ne vienne la toucher : « Ooh, tu es la fille qui est partie de l’école… Avec les autres ! » Le prénom, lui, était définitivement oublié, mais l’exploit lui restait en mémoire. Mais de fait ses problèmes devaient avoir une toute autre proportions, si elle avait affaire à une fugitive. Se faire attraper, là, n’était pas une option viable du tout.

TW : Trauma. Trust Issues Idiote. Stupide. Irresponsable. Les insultes tournent en boucle dans son esprit alors qu'elle se tient devant ce fantôme du passé. Quelle idée de se pointer comme une fleur devant une personne qu'elle n'a pas vu depuis plusieurs années, dans l'espoir qu'elle la reconnaîtra et qu'en plus elle acceptera de l'aider. Mais Cam n'a pas réfléchi, elle a agi tout simplement. Parce que Jax est en danger, parce qu'il va mourir si elle ne fait rien et ça c'est une chose qu'elle ne se pardonnera jamais. qui ne peut pas arriver, qui ne doit pas arriver et donc qui n'arrivera pas. Son visage doit sembler presque fou pour Ocean, les yeux en grands, le souffle court, la panique dans les prunelles. She's so dependant of him, he can't leave her. she can't let him. Elle voit bien que la jeune femme ne la reconnait pas, et quand elle l'attrape par le bras pour la tirer vers une ruelle déserte, c'est presque tout ce qu'il faut pour que Cam s'enfuie en courant. La prise sur son sweat n'est pas ferme, ni même violente, mais ça envoie une décharge électrique dans son système nerveux. Don't touch me. voudrait-elle hurler, Cam n'aime pas qu'on la touche, elle n'aime pas même qu'on la frôle, c'est une réaction vicérale qu'elle contrôle en se mordant furieusement l'intérieur de la joue.

Néanmoins, elle se tient droite, le menton levé comme pour défier l'autre de la trahir, d'appeler les chiens du gouvernement pour l'enfermer. Elle tremble pas, elle ne retire pas son bras, elle part pas en courant. Parce que plus que la terreur de se mettre en danger, il y a le visage tordu de douleur de Jax, il y a le front fiévreux de Jax, il y a les cris de Jax. Il y a Jax. Et Jax passe avant elle. Et cette réalisation est étrange, inconfortable, mais Cam n'a pas le temps de s'y apesantir. Mais elle a dû mal à penser avec les questions qui s'enchaînent dans la bouche de la jeune fille, elle a le plus grand du mal à réfléchir avec cette main posée sur son bras et la paranoïa qui n'est jamais bien loin. Elle secoue la tête négativement quand l'autre lui demande si elle est poursuivie. Sa capuche s'abaisse un peu et d'un geste brusque, Cam la remet en place, son visage est bien dans les ombres, son coeur bat à un rythme effréné. Elle entend chaque battement comme un tambour contre sa poitrine.

Elle voit avec une évidence flagrante, le moment exact où Ocean la reconnaît, sa respiration se coupe, jusqu'à entendre sa voix à nouveau. "Oui c'est moi." Cam s'impatiente, elle perd un temps précieux, elle le sait, elle le sent au plus profond d'elle. "Jsuis pas pourchassée. J'ai, je, j'ai besoin de médicaments, ou d'une potion ou de quelqu'un ... n'importe quoi. C'est pas pour moi, mais je peux pas entrer dans une boutique et je t'ai vue hier et je ....." C'est pour quelqu'un qui compte plus que moi, aide moi. Sa voix s'enraille et se coupe net. Il y a aucune larme sur son visage, ça fait longtemps que Cam ne sait plus pleurer, la tristesse est une émotion inconnue, elle n'est que rage et apathie, un curieux mélange."tu peux m'aider?" Demande-t-elle d'une voix fermée en récupérant son bras et en mettant un peu de distance entre leurs deux corps, jusqu'à se coller contre le mur froid. Elle a pas de temps à perdre en réminiscence, elle a une mission à accomplir, quelqu'un à qui elle tient pour la première fois depuis longtemps et qu'elle a envie de sauver. God, it's so strange this feeling, it's so defeaning this knowledge.

C’était dangereux tout ça — Ocean était étrangement inhibée à la dangerosité de sa propre vie ; c’était une crainte aseptisée. Elle savait bien que ses conditions de vie ne tenaient pas à grand-chose, et qu’un retournement de veste de la part du gouvernement pouvait très bien l’envoyer en prison ou bien tout simplement à la mort sans que personne en Angleterre ne batte un cil. C’était un peu constante, qui l’habitait depuis si longtemps qu’elle n’en avait plus conscience. Mais il existait cet autre danger, lié à l’extérieur, à la marge, à ce qui n’était pas dans la société. Et il était bien plus prenant, bien plus consistant. C’était pour ça qu’elle l’avait saisi pour l’entraîner de côté, pour ça qu’elle voulait s’éloigner le plus possible des regards qui pourraient s’interroger et leur poser des problèmes pour plus tard. Encore plus maintenant qu’elle avait reconnu le visage de cette fille qui s’était enfuie. Le visage d’une fugitive, recherchée sans doute par les flics, par la VB, par les Mangemorts. Se poser sur un banc pour une petite conversation n’était pas envisageable, et Ocean avait acquis avec ses années à l’école auprès de Lottie des réflexes de protection.
L’autre, en face, semble assez rôdée également. Lorsque la capuche s’abaisse, rien qu’un peu, elle la remet immédiatement, les yeux méfiants. Préférant répondre d’un signe de tête plutôt que par des mots avant de finalement lui dire que oui, c’était bien elle, la fille qui était partie. « J’suis pas pourchassée. » Ocean pousse un soupir, et hoche un peu la tête, bien, parfait. Parce qu’ici n’était pas l’endroit le plus intelligent du monde pour se planquer de l’autorité. « [color:bfec=cc9966]J’ai, je, j’ai besoin de médicaments, ou d’une potion ou de quelqu’un. N’importe quoi. — Tu… tu es blessée ? Malade ? » Comment ça, n’importe quoi ? Des potions il en existait des tonnes, qu’est-ce qu’elle pouvait bien voul- « [color:bfec=cc9966]C’est pas pour moi, mais je peux pas entrer dans une boutique… » Pas pour elle, ok. Ok. Oui. Elle n’avait pas l’air vraiment mal, et Ocean pouvait facilement sentir ce genre de choses, c’était dans sa nature qu’on lui disait. Les merfolks avaient cet instinct de renifler les maux chez les autres. « [color:bfec=cc9966]… et je t’ai vue hier et je… » Elle ne termine pas sa phrase, sa voix s’interrompt brusquement, comme à bout. Ocean bat des cils, lance un regard discret autour d’elle comme pour vérifier que personne ne les regardait de travers. Elle attendait, Ocean. Elle attendait qu’on lui demande quelque chose de précis, parce que qu’est-ce qu’elle pouvait faire de ça ? Une potion ? Elle pouvait se procurer des choses, sans doute mais quoi ? Pour quoi faire ? Elle ne parlait sans doute pas d’un élixir pour dynamiser la pousse de cheveux. Elle allait l’interroger quand finalement la jeune femme reprend la parole, tout en s’arrachant à sa main. « [color:bfec=cc9966]Tu peux m’aider ? » Elle reculait en même temps. Cette attitude fermée, méfiante, défensive, et dans le recul Ocean la connaissait bien — c’est qu’elle fréquentait Lottie depuis des années, et qu’elle en avait vu beaucoup des comme ça à la DHS. Comme un éclair, elle se fit la remarque que la fuite ne valait visiblement pas la peine. Il n’y avait pas de paradis par-delà les murs de l’école ou de la société : juste la perte, l’abîme qu’elle devinait sur les traits de la fille. La fuite était vaine, voire douloureuse, comme elle s’en était toujours doutée.
Mais elle ne pouvait pas pour autant lui tourner le dos. Parce que si elle ne faisait rien, que se passerait-il ? Écrasée par la brusque responsabilité qu’on lui collait sur les épaules, elle acquiesça : « Oui. Oui bien sûr. Mais… » De nouveau elle regarde autour d’elle, nerveuse. « T’as besoin de quoi ? Je suis pas… je peux aller chez un potionniste et faire croire que je viens de la part d’un de mes patrons, mais… je prends quoi ? Qu’est-ce… c’est pour qui ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Avant de reprendre, la gorge un peu sèche : « Et il faudrait… de l’argent. J’ai pas grand-chose. » Si elle avait un peu de monnaie, qu’elle essayait de mettre de côté, pour acheter un petit bateau à des moldus et partir. Partir très loin, et emmener Lottie avec elle. « Enfin ça suffirait peut-être en fonction de… de ce que tu veux. » Elle semble apercevoir un sorcier, de l’autre côté de la route, qui les regarde. « Faut qu’on bouge. On fait trop suspect là comme ça. Entre ta capuche et… ben ce que je suis. » Et de lui faire signe de la suivre d’un mouvement de la main. « Y a un potionniste par-là. J’y vais parfois pour une sorcière. » Et les hybrides avaient le droit d’entrer, ce qui était assez rares pour être noté.

TW : Trauma. Trust Issues Elle met une éternité à lui répondre. Ou plutôt quelques secondes, mais ça parait si long pour Cam qui n'en a pas à revendre du temps, et Jax pourrait être en train de perdre son sang, de perdre son souffle, de perdre la vie - est-ce que la compression suffira à contenir la blessure, et s'il se faisait attaquer pendant qu'elle est ailleurs, et si elle revenait trop tard ? Y'a trop de possibilités, trop d'inquiétudes, et Cam se sent jamais en sécurité en pleine rue (même dans une impasse discrète) avec des gens (même quand elle les connait d'avant). Ses yeux se dardent sur chaque bruit, bien plus habituée à la cacophonie presque sâcrée des forets et des campagnes qu'ils traversent qu'aux éclats de voix, à cette humanité effrayante, ces odeurs qui la renvoient deux ans en arrière à des souvenirs qu'elle étouffe, qu'elle détruit, qu'elle enterre.

Elle est prête à fuir au moindre refus, au plus petit doute, ses muscles sont tendus, et ses mains fermées en poing dans la poche de son sweat usé et fatigué tremblent de tant se serrer. Mais le refus ne vient jamais. Hochement bref de sa part, et un soupir de soulagement. Cam sait pas bien ce qu'elle aurait pu faire si la jeune femme avait refusé de l'aider. Elle supplie pas Cam, elle menace pas non plus. Se refuse à ressembler à ces ombres qu'elle a passé ces dernières années à fuir. Ocean parle trop et ça lui donne mal à la tête, ils sont silencieux avec Jax, c'est rare les moments où ils échangent plus de quelques phrases et puis c'est à voix basse et puis c'est plus calme. Mais y'a de l'urgence et de l'angoisse dans sa voix et ça n'aide pas Cam à garder la tête froide, et ça l'aide pas du tout même. Mais elle se mord la langue pour s'empêcher de la secouer ou l'envoyer valser. On ne mord pas la main qui nous nourrit n'est-ce pas. Elle prend sur elle pour en révéler le moins possible tout en partageant juste ce qu'il faut. "C'est pour .... un ami. il est bien plus que ça pourtant. On a été attaqué, des inferi qu'elle dira pas, parce que ça la regarde pas et manquerait plus que l'autre s'inquiète pour rien. Ils sont plus là les monstres, partis, détruits, envolés. Il est blessé au bras et euh à la poitrine. Il perd beaucoup de sang, mais c'est pas infecté et y'a pas de magie noire." Enfin elle croit, en vrai elle en sait pas grand chose. en vrai, Cam ne sait rien du tout. elle avance dans le noir le plus complet là, ça fait des années qu'elle compte sur Jax pour la guider, pour l'aider, pour lui enseigner. Pour tout. "J'ai un peu d'argent. Pas grand chose. si y'a pas assez jte rembourserai." Comme elle remboursera un jour tous les gens que D etJ ont volé avec elle. Cam est pas une voleuse, elle emprunte sans demander mais elle note tout ce qui lui appartient pas et un jour elle s'acquittera de ses dettes. C'est pas une voleuse, elle fait juste comme elle peut dans un monde qui lui a tout pris et ne veut rien lui donner. Elle comprend pas trop d'ailleurs que l'autre accepte de lui prêter de l'argent, c'est rare. Assez pour être relevé, et pour allumer la ptite alarme dans la tête de la blonde. be careful, they all just want to use you. Nothing is free. no one is safe. elle fronce les sourcils, ses épaules s'abaissent un peu plus comme si elle pouvait juste disparaître. Comme si ça allait changer quelque chose. "...Jte suis. Jpense que juste un truc pour arrêter le sang ça suffira, ou un truc du genre...." Elle ajoute en haussant une épaule et en tendant la monnaie qu'elle a ramassé à la va-vite.

Elle regarde à droite à gauche, avant de la suivre en baissant la tête, son coeur bat bien trop fort, bien trop vite et elle a l'impression que quelqu'un les suit du regard, elle a toujours cette sensation, comme une ombre menaçante dans la périphérie de son regard. "tu veux que j'attende quelque part ?" Jveux pas te mettre en danger. enfin, pas plus que ce que tu fais déjà.

Ocean avait une étrange relation avec ce qu’elle appelait l’illégalité. Pour avoir grandi dans le bateau d’un contrebandier, elle avait expérimenté plus d’une fois le stress des descentes des garde-côtes à bord, pour vérifier la marchandises soigneusement, le cœur un peu battant de les voir passer devant les barrières magiques trafiquées indétectables qui masquaient la véritable cargaison. Il y avait ensuite eu Lottie, qui était plus dans le délit que l’illégalité, mais l’effet restait le même. Cependant depuis qu’elle était intégrée dans la société, elle n’osait pas s’imaginer vraiment faire un pas de travers — les sanctions seraient bien plus lourdes qu’une amende ou une correction de la part de Madame la Directrice, elle en avait parfaitement conscience. Elle avait d’ailleurs promis de rester sage (à son père, à son demi-frère) et Ocean était un jeune personne qui respectait sa parole.
Sauf que là, en moins de quelques minutes, elle sentait bien qu’elle se retrouvait embarquée dans une situation complexe, et surtout qui touchait une fugitive — mais elle se découvrait incapable de reculer, et plutôt que de renvoyer la fille, elle l’accompagnait, se découvrant une fois de plus un courage qu’elle n’avait jamais pensé avoir (ou alors uniquement lorsqu’elle était avec Lottie, dans les couloirs humides de la DHS). « C’est pour… un ami, » lui répondit-elle, la voix calée sur un ton étrange, plat, un ton qu’elle avait entendu dans la bouche de nombreux élèves de la Damocles, Ocean. Un ton qui effrayant, parce qu’il cachait souvent beaucoup trop de choses. « On a été attaqué, il est blessé au bras et euh à la poitrine. » Ocean écarquilla un peu plus les yeux, en essayant d’engranger les informations et de les visualiser. « Il perd beaucoup de sang, mais c’est pas infecté et y’a pas de magie noire. — Ok, merde… euh… » Elle ne savait pas comment gérer ça, la merfolk. Si elle s’était plusieurs fois occupé des membres de l’équipage blessé sur La Petite Ondine en compagnie du médecin de bord, elle n’avait jamais eu besoin de soigner une hémorragie. Surtout si la blesser provenait de la poitrine. « J’ai un peu d’argent, » qu’elle rajoute même, à la mention du problème pécunier. « Pas grand-chose. Si y’a pas assez jte rembourserai. » Ocean fait simplement mine de ne pas avoir entendu les derniers mots : « Si on combine nos pièces, à nous deux, ça devrait aller. » C’était vraiment racler les fonds de tiroirs, et ça serait peut-être étrange de payer en petite monnaie (parce que souvent les sorciers qui l’envoyaient faire leurs emplettes lui donnait des gallions ronds comme ses yeux, brillants comme des étoiles) mais il y avait toujours des excentriques qui voulaient écluser leurs noises et mornilles.
Et tandis qu’elles s’éloignent du coin où elles commençaient à stationner de façon trop suspecte, la fugitive lui fait mention de ce qu’elle voudrait. Quelque chose pour arrêter le sang. Ocean grimace : elle ne se voyait pas franchement demander ce genre de truc à l’homme du guichet, ça faisait on ne peut plus louche comme formulation. Mais elle trouverait bien une manière de le dire, une fois devant lui, et en même temps elle tend sa main pour récupérer la monnaie qu’on lui passe. Les pièces semblent chaudes dans sa paume : « Je vais voir. Une potion cicatrisante déjà. » Voilà, les cours de simili-potion qu’elle avait suivi à l’école, ainsi que les propos du médecin de bord lui revenait en tête. « De l’essence de dictame et une potion pour régénérer le sang s’il en perd beaucoup. Je lui dirais que la Madame a eu un accident de magie, ça devrait passer. » Le potionniste ne ferait sans doute pas trop d’histoires, surtout qu’Ocean n’avait pas la réputation d’être une petite délinquante comme ils disent.
À côté d’elle, la fille paraît se vouter au maximum, une attitude qu’elle connaissait bien Ocean — celle de vouloir se faire le plus petit, minuscule possible, pour échapper à tous les regards et tous les dangers inhérent au regard des autres. « Tu veux que je t’attende quelque part ? — Faudrait que tu puisses te cacher, juste le temps que je récupère les potions. Près du potionniste, il y a une petite arche qui donne sur une cour. Tu peux attendre là. Je serais le plus rapide possible. »
C’était une promesse qu’elle aurait normalement agrémenté d’une pression douce sur l’épaule, une habitude avec Lottie, mais face à elle c’était une inconnue. Une inconnue qui se tassait sur elle-même, qui ne voulait sans doute pas être vue ni touchée, s’en rendait-elle compte maintenant. Elle se contenta d’avoir un sourire encourageant. « La BPM ne passe pas trop par là à cette heure, » rajoute-t-elle pour la rassurer davantage, même si elle disait ne pas être pourchasser, on n’était jamais à l’aise face aux flics de la brigade des mœurs. En tout cas, Ocean ne l’était jamais.
Elle abandonna la fille sous l’arche avant de pénétrer la boutique, faisant tinter la clochette. Heureusement, il n’y avait qu’une seule autre cliente à l’intérieur et qui ne faisait que regarder les nécessaires à fioles. Ocean put filer jusqu’au comptoir, poser la monnaie sur le bois vernis : « On est pressé petiote aujourd’hui ? » rit le chef-préparateur en la voyant plonger encore un fois ses mains dans ses poches pour sortir son propre argent. « Wow, tes patrons font les fins de tiroirs ? — C’est la dame qui a eu un accident. On m’a dit de venir chercher du dictame distillé et du heu… régéné… — Damn, un philtre de régénération sanguine ? — C’est ça… — Du trois sur dix, ou cinq sur dix ? — Euuuh… — Elle a perdu beaucoup de sang ? » Ocean acquiesce et le préparateur hoche la tête en grommelant : « Cinq sur dix donc… » Il se tourna vers les étagères derrière le comptoir pour en tirer deux petites bouteilles qu’il posa ensuite devant Ocean, avant de récupérer ses pièces, en en repoussant trois : « Pas besoin de ça, » il marmonne. Ocean le remercie, fourre les deux petites bouteilles dans sa poche où elles s’entrechoquèrent avant de quitter la boutique.
Dehors elle lança un regard circulaire, pour repérer une silhouette menaçante, l’ombre d’une patrouille, mais comme rien ne lui attira le regard elle s’en retourna vers l’arche : « Hey, c’est moi, » elle appelle avant de s’avancer un peu vers la fille qui l’attendait. « J’ai trouvé ce qu’il faut. Et tiens, y avait même un peu trop d’argent. » Elle lui rend la monnaie, elle en aurait sans doute plus besoin qu’elle, dans l’absolu. « Il est où ton ami ? Faudrait se dépêcher. » Parce que maintenant elle n’imaginait pas la laisser repartir seule, comme si la responsabilité lui incombait dans une certaine mesure à présent.

TW : Trauma. Trust Issues Elle a pas du tout confiance Cam, même quand Ocean lui parle de lui prêter de l'argent et d'une boutique et de comment elle va faire pour se procurer la potion. Elle s'en fiche et lève un peu les yeux au ciel. Y'a pas le temps. Y'a Jax qui va pas bien. Tant pis, si elle s'en offusque de son comportement, y'a pas le temps non plus pour la politesse et les faux-semblants. — Faudrait que tu puisses te cacher, juste le temps que je récupère les potions. Près du potionniste, il y a une petite arche qui donne sur une cour. Tu peux attendre là. Je serais le plus rapide possible. » Elle hoche simplement de la tête pour confirmer qu'elle a bien entendu, sa tête pivotant toujours à droite et à gauche, juste pour se rassurer. «  La BPM ne passe pas trop par là à cette heure, » Elle la suit parce qu'elle n'a pas le choix.

"D'acc. Jt'attends alors." Qu'elle dit en enfonçant encore plus ses mains dans ses poches et sa tête sous sa capuche et en s'adossant à l'arche. Cam a appris à disparaître dans les ombres, tu restes immobile, tu fais aucun bruit, tu maîtrise ta respiration pour qu'elle glisse dans l'air comme un soupir. Et tu disparais. Tu te fonds dans le décors. Le truc, c'est que la fugitive a aucune raison de faire confiance à une jeune femme qui travaille pour des sang-purs. Et donc le temps passe et elle s'impatiente, et pour un peu elle en viendrait à trembler. Ses pensées la ramènent sans cesse en direction de l'homme qu'elle a laissé dans un coin de forêt, à son visage tordu, à ses cris, à la fièvre... Merde, elle aurait ptêtre dû demander une potion pour la fièvre. Tant pis. Elle fera avec... Enfin, si l'autre n'en a pas profité pour prévenir la police et la faire arrêter. Ce serait bien sa veine. Cam a pas subi tout ça pour finir de nouveau au point de départ dans cette école monstrueuse ou au milieu de personnes qui la considèrent comme une moins que rien. C'est pas une possibilité. Sa main tient toujours fermement sa baguette. On sait jamais. Elle a pas peur de s'en servir, même si la blonde ne connaît pas grand chose, tout au plus un ou deux sort défensif.

La voix d'Ocean la fait sursauter, tant Cam était perdue dans ses pensées. «  Hey, c’est moi, » Elle est seule, Cam se détache de l'arche une question sur le visage. «  J’ai trouvé ce qu’il faut. Et tiens, y avait même un peu trop d’argent. » "Merci" sa main se tend pour attraper l'argent, évitant au maximum de prolonger le moindre contact. Même des effleurements, elle supporte pas. «  Il est où ton ami ? Faudrait se dépêcher. » No shit. La jeune prend sur elle, c'est pas sa faute à Ocean, si Cam est à fleur de peau pour un rien. C'est toujours comme ça. C'est pas sa faute, non, si la blonde en veut à tout le monde tout le temps. La seule personne qui compte actuellement et en qui elle a suffisamment confiance est seul en plein milieu d'une foret en train de pisser le sang. "Suis-moi. il est dans la forêt. A genre quinze minutes d'ici si on s'dépêche." Cam se met en route, reprend le même chemin qu'à l'aller, et n'reprend la parole qu'en arrivant à l'orée du bois. "T'es pas obligée d'venir. Jpeux me débrouiller." Elle en est réalité pas certaine, on lui a pas appris à guérir ou soigner. On lui a jamais appris grand chose d'utile avant qu'elle rencontre Jax. Mais bon, elle veut pas trop se sentir redevable. Et en même temps, elle a pas trop envie d'être seule. Cam est une contradiction à elle toute seule.

Ocean la suit. Et les deux jeunes femmes s'enfoncent dans les bois. Disparaissent dans la nuit. Au bout de quelques pas, Cam accélère en dardant son regard sur le ciel et les étoiles. Refaire le même chemin en sens inverse. Sa capuche retombe en arrière, laissant apparaître la blondeur de ses cheveux attachés. Elle a plus vraiment besoin de se cacher ici, la forêt est son élément, c'est presque sa maison. bien que ce mot n'est plus aucun sens pour elle depuis longtemps. "Fais attention aux racines et où tu mets les pieds." qu'elle dit en entendant Ocean trébucher au bout de la troisième fois. "Marche où j'marche." La gamine répète mots pour mots ce que Jax lui a dit le jour de leur départ. Les rares mots qu'il a échangé avec elle alors qu'elle ne lui faisait pas encore confiance. Ptain, Jax. Cam accélère encore un peu, sa gorge se constricte. Ses poings se serrent d'autant plus. Elle aura des marques demain. Elle a connu bien pire.

Un arbre, un autre, on tourne à droite, puis on avance et .... oui il est là. Cam court maintenant. Elle en a oublié jusqu'à l'autre qui l'accompagne. Elle s'écroule au sol, dans le ptit renfoncement où elle a laissé. Please god. Please....

il respire.... Cam aussi.

Ocean a grandi sur un bateau. Les souvenirs qui remontaient à ses années avant La Petite Ondine ne s’étaient pas ancrés dans sa mémoire. Elle n’avait pas d’images précises de John et des autres gosses du Shelter, de leurs sorties sur les parties du littorales désertées par les touristes  — de cette première vie qu’elle avait menée sur terre, et non pas sur un vaisseau au milieu des flots, il ne lui restait que de vagues sensations qu’elle n’arrivait pas à associer à des choses précises. Son univers ensuite n’avait été que plaines maritimes ou bien les quatre murs d’une école-prison. Alors quand Camilla lui lâche le mot forêt, Ocean voit presque flou.
Une forêt ? Comme ce que les élèves de la DHS pouvaient voir, au loin de l’école ? Une forêt ? Comme certains auteurs en parlaient dans les contes ? Là où se côtoyaient les vampires et les loups ? Tapis dans les ténèbres ? Elle déglutit, mais suit la fugitive, le cœur battant. Sans même songer à ses obligations, à Lottie qu’elle devrait retrouver, mais l’esprit plutôt plein de cette idée de forêt qui lui colle un peu les jetons. Quand elles y arrivent, devant les arbres d’abord plantés là dans un ordre éclairci, Ocean hésite un peu. « T’es pas obligée d’venir. Jpeux me débrouiller. » Elle regarde la haute silhouette des arbres s’étendre vers le ciel et projeter leur ombre sombre partout autour d’eux. Elle finit par secouer la tête : « Non, non, je viens. » Et sa main de se resserrer autour des deux petites bouteilles qu’elles avaient pu s’acheter pour suivre son guide entre les troncs épais.
Et si le malaise d’Ocean grandi parmi les arbres, la fille, elle, semble gagner en confiance puisqu’elle avance avec une certaine aisance par rapport à ses mouvements dans les rues passantes et finit même par retirer sa capuche qui découvre ses cheveux blonds, comme une tâche claire au milieu de l’ombre des cimes.
L’obscurité de la forêt aurait pu, dans d’autres circonstances, être apaisante aux yeux d’Ocean. La mer de feuilles aurait pu lui rappeler la véritable mer aqueuse qui elle aussi plongeait dans les ténèbres ceux qui s’y enfonçaient. L’ombre avait cela de beau que l’on pouvait s’y cacher, s’y réfugier. Mais si Ocean savait nager, il lui manquait l’éduction scout qui lui aurait permis de se balader en forêt sans risquer de se briser une cheville à chaque pas.
Le sol n’est pas stable, ce n’est pas comme en mer où l’on est pris entre deux plans — la surface et le fond de l’océan — et que tout est accessible entre ces deux zones. Là on est obligé de rester au sol, inégal, recouvert de mousses, de feuilles et de pierres qui roulaient sous les pieds, creusés de fossés et ridules, percés par des racines affleurantes qui sont comme des doigts qui tentent d’attraper les pieds de la pauvre hybride. « Fais attention aux racines et où tu mets les pieds. » Elle n’ose pas répliquer qu’elle fait de son mieux, n’ose pas franchement parler parce qu’elle craint inconsciemment que le croque-mitaine se dissimule derrière un grand chêne et est prêt à fondre sur elle si jamais elle hausse le ton. « Marche où j’marche. » Elle tente donc de se concentrer pour emboîter littéralement le pas de sa guide, la nuque cassée et tendue de regarder autant vers le bas, et de déglutir en la voyant accélérer. Elle manque une nouvelle fois de tomber proprement face en avant quand la fugitive commence à courir, mais comprend que le parcours d’obstacle est terminé.
Là, au milieu des arbres, en bas d’un talus, dans un renfoncement au milieu de la terre morcelée et de la roche, il y avait la silhouette d’un homme affalé. Ocean se presse pour tenter de les rejoindre et s’agenouille à côté du corps, à l’opposé de la fille.
C’est instinctif elle vient lui prendre le poignet, pose un instant son index et majeur juste en bas de sa main, dans la continuité du pouce pour y sentir le sang pulser. Assez faiblement. « Ok… ok, » qu’elle murmure plus à elle-même qu’autre chose. Avant de regarder la fille : « Faut que tu m’aides à lui retirer ça… » Elle vient toucher le haut du gars, qui a été à moitié déchiré dans… ce qui s’était passé. Ocean n’avait aucune idée de ce qu’ils avaient pu subir mais voyait que le bras du blessé avait la consistance de la mélasse du matin à la DHS. Elle déchire au moins le tissu de la manche avant de regarder les deux bouteilles pour prendre l’essence de dictame : « Quelques gouttes… voilà. » Elle en fait tomber grâce au compte-goutte quelques-unes sur la peau mortifiée. Une fumée s’échappe de la plaie alors que l’essence fait son effet et commence à tendre la peau pour recouvrir la plaie, de façon bien lente et fragile cependant. « Ssh, ça va aller monsieur… » souffle Ocean, par habitude, en caressant un peu les cheveux du blessé. Sa voix se module machinalement pour toucher ces tonalités apaisantes que les mixed comme elle pouvait atteindre pour apaiser les souffrances ou les anxiétés. C’était bien pour ça que le médecin de bord, sur le navire de son père, la récupérait toujours pour éviter que les marins qui s’étaient fait arracher la main par un cordage un peu trop libéral se retrouver à gueuler pendant des heures. « Restez avec nous monsieur, tout va bien se passer. Y a votre amie qui est de retour. » Elle continue de dire en examinant un peu plus la plaie à la poitrine, plus impressionnante. Elle chantonne quelques notes, toujours machinalement, alors qu’elle fait tomber bien plus de goutte sur la plaie qu’au niveau du bras. Avant de regarder la fille : « Qu’est-ce qui lui a fait ça ? » Avant de reprendre : « Il faudrait qu’il soit conscient pour lui faire avaler la potion régénératrice. Je n’ai rien pour la lui injecter. » Si elle avait eu une seringue, elle aurait pu essayer, mais là avec juste une petite fiole…

TW : Trauma. Trust IssuesQuand elles arrivent au milieu de l’endroit où elle a laissé Jax, Cam oublie presque la présence d’Ocean à ses côtés. Sans même réfléchir ou attendre, elle se jette au sol et attrape la main intacte de son …. Jax, avant de tourner son visage affolé vers la jeune sorcière qui l’a rejoint sans se faire prier. Elle entend des râles qui sortent de la gorge du blessé et si c’est pas bon signe au moins ça veut dire qu’il est pas mort, et s’il est pas mort ça veut dire qu’il y a encore de l’espoir, que Cam est pas arrivée trop tard, qu’elle a pas tout gâché, que ptêtre même elle va pouvoir le sauver. Elle respire à nouveau, « Faut que tu m’aides à lui retirer ça… » Cam obéit, et avec toutes les précautions du monde - qui montrent bien plus son attachement qu’elle n’en a elle-même conscience - soulève avec difficulté le torse de l’homme pour tenter de lui retirer le vêtement sans succès, avant de le déchirer simplement en partant de la blessure. Tant pis, ils ont des baguettes c’est pas pour rien. La sienne est au chaud dans son sweat loin du regard d’Ocean. Elle lui faisait pas confiance au départ, mais n’avait pas le choix et si Cam ressent l’impulsion de lui attraper le bras lorsqu’elle la voit ouvrir la fiole, elle se retient. Jax a besoin des gouttes, it’s not poisonous, don’t worry, don’t worry, t r u s t. Cinq lettres qui se coincent dans sa gorge et qu’elle avale en déglutissant. « Quelques gouttes… voilà. » un bruit s’échappe de la peau lorsque les gouttes l’atteignent, puis une fumée, et la peau commence à se refermer. Mais Cam comprend que c’est pas suffisant et Jax s’agite dans cet état entre la conscience et l’inconscience, la lucidité et la fièvre. Il est brûlant. Cam a peur et referme un peu plus sa prise sur la main moite de l’homme. « Ssh, ça va aller monsieur… » Quand soudain, c’est comme si elle se sentait un peu plus calme et apaisée. Cam sent presque une vague délicate l’atteindre et la caresser doucement. Elle relève son visage et plonge son regard sur les lèvres de Ocean. What’s going on? Ca semble fonctionner aussi pour Jax dont les muscles se détendent, le dos qui s’affaisse contre la terre. Ocean ne la regarde pas et Cam a pas le temps de la questionner. « Restez avec nous monsieur, tout va bien se passer. Y a votre amie qui est de retour. » “Jsuis là,” affirme-t-elle en approchant son visage de l’oreille de Jax, “Jsuis là et t’as pas intérêt à partir, tu peux pas me laisser, t’entends.” qu’elle chuchote tout bas. Sa prière silencieuse formulée du bout des lèvres se mêle aux notes chantées prononcées par leur sauveuse. Encore le bruit de l’eau jetée sur du feu, et la fumée qui part cette fois du torse. « Qu’est-ce qui lui a fait ça ? Tandis que ses boucles blondes retombent tout autour de son visage, se collent à ses joues, et glissent contre le visage du blessé, elle répond machinalement “des morts-vivants, enfin un truc du genre. T’inquiètes ils sont morts-morts maintenant.” Cam va pas non plus lui expliquer toute l’histoire, ce serait trop long et vu comment elle avait l’air peu rassuré dans cette grande forêt, la fugitive préfère ne pas tenter sa malchance en lui foutant les frousses pour rien. « Il faudrait qu’il soit conscient pour lui faire avaler la potion régénératrice. Je n’ai rien pour la lui injecter. » A ces mots, Cam se redresse ; ses doigts s’agrippent à son sweat tandis qu’elle réfléchit à toute vitesse. Mais elle connaît pas de sort pour faire des injections, lui faire une piqûre avec des bricoles rafistolées ne paraît pas une bonne idée.

Un regard vers Jax suffit à lui faire comprendre qu’il se réveillera pas de sitôt. “Et, et si j'le relève et que je me cale derrière lui en lui tenant la tête, on peut pas lui faire avaler comme ça ?” Sans attendre une réponse, Cam joint les gestes à la parole. Il est lourd mais au moins il se débat plus. C’est dans sa tête où son corps est moins chaud qu’à leur arrivée ? Cam espère que c’est pas dans sa tête, faites que ce soit pas dans sa tête. Elle tente de faire ce qu’elle a dit, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. La blonde est toute frêle et lui est comme un poids mort qu’elle arrive pas à bouger. Tant bien que mal, Cam finit par lui relever le haut des épaules en faisant levier avec son propre corps. Accroupie, elle le soutient en poussant une grimace et attrape son visage - c’est la première fois depuis longtemps qu’elle touche autant quelqu’un, mais elle a pas le temps d’y réfléchir heureusement - “Comme hmpf ça ? tu peux ...faire... glisser le liquide dans ...sa bouche ?” Elle parle entre ses dents, ses sourcils froncés, elle va pas tenir longtemps, ça doit marcher.

Ocean n’est peut-être pas la personne la plus à même de mener un marathon en pleine forêt, mais au moins elle avait d’autres qualités pour contrebalancer ce manque de talent en milieu sylvain. Dont celui de savoir à peu près rester calme devant des situations (un peu) tendues. Cette sorte de sang-froid qu’elle cultivait depuis des années était ce qui lui avait permis de survivre à la DHS en limitant le plus possible la casse. Avec Lottie et son feu, elle avait toujours fait un pendant qui parvenait à équilibrer les forces et c’était ce calme urgent qu’elle canalisait et qu’elle remodelait à travers sa voix pour le transmettre à l’homme blessé — sans même prendre garde à la fugitive qui l’avait amenée ici et qui se trouvait également à portée de voix. Elle s’était d’ailleurs rapprochée très vite quand Ocean la mentionna au blessé qui semblait inconscient. Elle se rapproche même si bien qu’elle lui parle à l’oreille sans qu’Ocean ne puisse entendre les mots, mais ce n’était certainement pas des insultes ou des menaces. Sans avoir jamais été à la place de la jeune femme, elle imaginait bien ce qu’on pouvait ressentir devant un proche ainsi blessé et dans une situation si désespérée.
Quant à la question d’Ocean, la réponse qu’on lui donne n’est pas… vraiment celle qu’elle s’était imaginée. « Des mots-vivants, enfin un truc du genre. » Des what now ? Il y avait déjà des vampires, des loups-garous et maintenant on avait des non-vivants qui pouvaient se promener en forêt ? Mais cet endroit était vraiment la pire chose créée. « T’inquiète ils sont mort-morts maintenant. » C’était dit pour la rassurer, mais cela n’eut pas vraiment l’effet escompté. Le cœur de la merfolk battait la mesure, tempo allegro et presto, une vraie symphonie à elle toute seule. Cependant, pour l’instant, il fallait bien croire sa guide : et de toute évidence il n’y avait pas de cadavre en putréfaction à portée de regard qui était en train de claudiquer vers eux pour les lacérer avec leurs ongles dégoûtants. « Ok… on en apprend tous les jours, » qu’elle marmonna rapidement, en s’appliquant à respirer pour reprendre le contrôle de ses esprits.
En effet, ce n’était pas le moment de lambiner. Il ne fallait pas tarder à lui faire avaler la potion qui permettrait de stimuler une régénération sanguine, sinon les organes allaient vite être à plat. Face à elle, la fille semble fouiller ses vêtements et Ocean s’attend presqu’à ce qu’elle lui sorte une seringue bienvenue mais rien. Au lieu de ça, un système D. « Et, et si j’le relève et que je me cale derrière lui en lui tenant la tête, on peut pas lui faire avaler comme ça ? » Ocean, qui n’avait pas vu de films ou de choses du genre, n’était pas trop certaine de si ça pouvait marcher ou non. Elle tenta, durant un laps de quelques secondes, de raviver des vieux souvenirs du médecin de bord, mais il avait toujours eu les outils nécessaires pour ce genre d’opération et si système D il y avait dû avoir, cela n’avait pas été le même. Mais la situation ne leur permettait pas de perdre du temps sur un échange hautement scientifique sur les réflexes humains, le risque d’étouffement etc. Surtout que la fille n’attendit pas franchement le oui d’Ocean pour commencer à agir.
Eh bien va pour ça alors.
Ocean tente de l’aider à soulever le corps vraiment pas léger et après plusieurs contorsions elles arrivent plus ou moins à le mettre dans une position plus appropriée et son amie lui attrape le visage pour le maintenir vers Ocean. Quand elle parle, l’effort s’entend dans sa voix. « Comme hmpf ça ? Tu peux… faire… glisser le liquide dans… sa bouche ? — De toute on n’a pas le choix. » qu’elle répond en ouvrant la petite fiole du bout du pouce. Le bouchon tombe au sol, mais ce n’est pas grave, l’objectif est de tout vider dans la bouche de cet homme. Elle rapproche le petit goulot des lèvres pâlies du blessé et force pour abaisser un peu son menton et desserrer ses dents. « Attention, je vais un peu le bouger, tiens bon… » qu’elle prévient en même temps qu’elle force la tête un peu en arrière pour pouvoir vider le liquide entre ses lèvres. Elle laisse la petite bouteille tomber au sol sans y réfléchir dès qu’elle est vidée pour fermer la bouche du patient aussitôt et de ses deux pouces elle presse deux points sous son menton, pour activer le réflexe d’avalage. « Faut le garder encore comme ça, juste le temps qu’il avale mais après… ça sera bon. » Elle attrape le blessé par son épaule du côté indemne pour tenter de soulager un peu la fille du poids. « Et après… faudra attendre. On pourra pas faire plus pour le moment. » Elle, en tout cas, ne pourra pas. Peut-être d’autres gens plus spécialisés, plus compétents… mais la fugitive ne donnait pas l’impression qu’elle allait redemander de l’aide de sitôt.