BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
FORUM À ACTIVITÉ LIBRE — PAS DE RESTRICTIONS
14 février 2023 — v12 installée, forum mis en activité libre. 19 octobre 2022 — préparation de la V12 et départ de mahrun. et midoriya du staff. 4 juillet 2022 — v11 installée, arrivée de castace dans le staff. 22 mars 2022 — v10 installée. 5 décembre 2021 — v9 installée. 13 septembre 2021 — v8 installée, départ de kazhan du staff. 21 février 2021 — v7 installée. 8 novembre 2020 — v6 installée. 2 août 2020 — v5 installée, départ de jeyne du staff, arrivée de tofu et jool. 1 mars 2020 — v4 installée. 19 octobre 2019 — v3 installée. 18 juillet 2019 — v2 installée. 12 avril 2019— ouverture du forum par mahrun, kazhan, midoriya, poupoune et jeyne. 16 mars 2019— préouverture du forum. juin 2018 — début du projet.
      
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal


 

 Worlds apart

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Worlds apart   Worlds apart EmptyVen 5 Mar - 2:01

L'oreille tendue, Bérénice a guetté le bruit des pas d'Hadrian dans les escaliers, celui de la porte d'entrée du manoir claquant, puis les sons plus légers accompagnant le réveil de Lucrèce. Quand elle entre dans la salle à manger, la cadette est déjà réveillée depuis plusieurs heures. Elle n'en a pourtant pas l'air, dans sa robe de chambre un tantinet défraîchie, sa crinière hasardeusement retenue sur le haut de son crâne. À la vue de sa sœur, café à la main et sur le point de quitter la pièce, Bérénice feint la surprise.

« Oh, Lux. Tu as deux minutes ? »

Elle n'attend pas vraiment une réponse, s'empressant de claquer la porte du couloir derrière elle et de s'appuyer contre celle-ci. Lucrèce est pareille à une anguille, toujours prête à vous glisser entre les doigts, et si elle en a l'occasion, à vous électrocuter avec ses mots au passage. La fenêtre pourrait s'avérer très courte, voir totalement lui échapper, si elle n'en profite pas pour lâcher ce qu'elle veut lui dire.

Ou plutôt, ce qu'elle se passerait bien d'avoir à lui dire.

« Je suis au courant. Pour le Dancing Phoenix. »

Bérénice ne sait pas trop à quoi s'attendre. Va-t-elle se mettre en colère, tout démentir ou rester indifférente à ces accusations ? Elle vit ici depuis deux ans, et pourtant, il lui semble parfois cohabiter avec une parfaite inconnue. Elle a été tentée à plusieurs occasions de partir, de prendre son propre appartement, mais quelque chose la retient - outre ses neveux et un sens de la famille aussi vieux jeu que vain, considérant la froideur de Lucrèce.

« J'espère que tu as bien conscience des risques. Notre réputation est en jeu, pas seulement la tienne, sans parler des répercussions sur nous tous si tu salis l'image des sympathisants. Ils te considèrent comme une porte-parole, après tout. »

Bérénice se fiche bien de ce que le gouvernement pense des Harcourt. Le Chevalier d’Éon, en revanche, escompte garder sa couverture le plus longtemps possible. Voir son nom entaché par ce genre de scandales lui compliquerait passablement la tâche, raison suffisante de ne pas laisser son écervelée d'aînée tout gâcher - et pour quoi ? Un peu d'amusement ?

« Je m'inquiète pour toi. J'ai bien compris que tu préfères... ce mode de vie, toutes ces choses superficielles, mais est-ce vraiment une bonne chose ? Tu n'es pas assez stupide pour le croire, n'est-ce pas ? »

D'un vague geste de la main, la cadette désigne un tout qu'elle ne comprend définitivement pas. Lucrèce se donne en pâture aux idéaux du Lord, en prime avec un évident plaisir, courant après une gloire dont la simple évocation écœure Bérénice.
Serait-elle capable d'en faire autant, de s'attirer la dévotion des masses par son seul charisme et quelques faux sourires ? Une part d'elle cherche à s'en convaincre : elle n'est plus cette gamine dénuée de confiance en soi, craintive des foules, cachée dans les jupes de Lucrèce. Aujourd'hui, elle pourrait être n'importe qui, d'un simple claquement de doigt. Si elle en avait envie.

Alors pourquoi prend-elle tant de plaisir à couvrir son aînée d'un regard dédaigneux, une moue désapprobatrice plaquée aux lèvres ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptyVen 5 Mar - 14:15
Rien de tel qu'une embuscade de bon matin pour enclencher le reste de la journée. Lucrèce est vaguement tentée de répondre un non fleuri, et de s'en aller, mais voila que Bérénice lui barricade déjà la sortie. Très bien. L'aînée saisit un mini-croissant d'un auriculaire levé, et s'assied en bout de table avec son café dans l'autre main. D'apparence, l'exposition de ses travers nocturnes (l'un d'eux, à tout le moins), ne l'ébranle pas plus que l'énième tentative d'attirer l'attention. Parce que c'est comme ça que Lux perçoit la petite mascarade : une manœuvre un peu vaine, un peu désespérée, pour qu'enfin, l'on daigne baisser les yeux sur elle. Bérénice semble déterminée à renouer (et se croit subtile, par dessus le marché) depuis qu'elle est arrivée à la maison, et Lucrèce, loin d'être aveugle, l'a bien remarqué.
Mais elles sont deux personnes différentes, désormais. Deux inconnues. Et l'aînée n'a simplement pas de temps ou d'énergie à accorder à une inconnue. Ce n'est pourtant pas faute d'en avoir eu envie. Oh, Lucrèce en a eu envie, toutes ces années loin de l'Europe, et loin de la France, toutes ces années séparées de sa famille. Avec Bérénice, elles se sont même envoyées quelques lettres. Au début. Et puis, plus rien. En réalité, Lucrèce a fantasmé le moment de leurs retrouvailles. Vraiment. Trop. Comme elle fantasme beaucoup d'autres choses dans son existence, d'ailleurs. Et comme de toutes ces choses, Lux en est ressortie déçue. Déçue que Bérénice ne soit plus Bérénice. Déçue, finalement, peut-être, que sa chère Nini ne soit pas restée cette petite créature fragile qui avait besoin d'être protégée. Qui avait besoin d'elle.

Bref. Lucrèce ignore tous les questionnements levés par sa sœur, et se contente d'éteindre le feu de cette nonchalance froide et élégante qu'on lui connaît si bien.

« Le Dancing Phoenix est un établissement tout à fait respectable. »

Non. Mais c'est une autre histoire. Le mensonge glisse avec aisance. Tant que tout ce qu'on y a vu, c'est sa sage silhouette, entrain de se tenir là, encore plus sagement, il y a toujours de la place pour le bénéfice du doute, n'est-ce pas ?

« Mais si ce n'est pas le cas, il faut absolument que tu me dises pourquoi... Je ne voudrais pas risquer d'entacher ma réputation. Fait-elle d'un air choqué et outré. »

Main sur sa poitrine, regard concerné, Lucrèce joue juste, toujours. Avec n'importe qui d'autre que Bérénice, ou Hadrian, ou Melpomène, ou Paris, peut-être que ça aurait marché. Elle en est consciente, évidemment. Mais ça l'amuse. Ca l'aide à relativiser, aussi. A garder son sang-froid et son aplomb. Le minimum pour survivre dans la bonne société anglaise. Pour y survivre et y prospérer, surtout.
Elle croque délicatement dans son croissant, et s'essuie le bord de la bouche d'un geste du pouce chirurgical. Tout est calculé, chez Lucrèce. Le moindre de ses gestes, le moindre de ses sourires, le moindre de ses mots. Absolument tout.

« Je t'en prie, Nini. Eclaire-moi. Qu'as-tu vu exactement ? »

En fait, le vrai problème dans leurs rapports, c'est que Lux est intimement persuadée qu'elle n'a rien à craindre de sa cadette. C'est pour ça que ses secrets peuvent bien tomber dans son œil. C'est pour ça qu'elle continue de l'appeler Nini (pour l'infantiliser). C'est pour ça. Et c'est tout.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptyVen 5 Mar - 16:33

Un mélange d'indifférence et de déni lui éclate au visage. Sans doute le choix le plus astucieux - si l'on part du postulat que Bérénice est trop ignorante pour avoir un minimum connaissance des activités du Dancing Phoenix. Non seulement la réputation du cabaret n'est plus à faire, mais surtout, Lucrèce n'est pas la première femme de la haute société à s'y attarder un peu trop. Pour qui sait laisser ses oreilles traîner aux bons endroits, ce genre d'information est facile à obtenir. Reste bien sûr à prouver l'illégalité des faits et gestes du coupable. Fréquenter le Dancing Phoenix, ou tout autre lieu peu recommandable, n'est après tout pas encore interdit...

Malheureusement pour Lucrèce, sa petite soeur n'est pas au courant par le bouche à oreille. Elle y était, ce soir là. Sous d'autres traits, elle servait en tant qu'extra au bar, à la recherche d'un individu. Et quelle ne fut pas sa surprise d'y apercevoir la si parfaite Lux, le nez dans l'alcool, et peut-être d'autres substances. La cadette n'avait pas pu s'en assurer avant que sa soeur ne diparaisse de la salle.

Aussi le petit manège de Lucrèce est-il terriblement vain, et sa manière d'ignorer l'attaque, une insulte à peine déguisée pour l'intellect de Bérénice. Peu surprenant mais pas moins désagréable.
En son fort intérieur, la cadette s'agace. Elle retient de plus en plus mal une furieuse envie de dire ses quatre vérités à Lucrèce. Deux ans qu'elle joue les innocentes, deux ans qu'elle supporte cette attitude de gamine infecte.

Inspirant un grand coup, elle s'approche de la table et se sert à son tour une tasse de café, sans pour autant s'assoir. La fuite est encore un risque et elle préférerait autant régler cette histoire au plus vite.

« Ce que j'ai vu ? Je n'y étais pas, Lux, puisque j'ai visiblement le monopole du bon sens ici. Mais mon contact t'a vu prendre de l'alcool et de la drogue. »

Un petit mensonge pour en attraper de plus gros : une technique très classique, à l'efficacité mainte fois prouvées. Sauf si Lucrèce décide de s'enfoncer davantage dans le déni. Bérénice voit très clair à travers son jeu. Cette inconnue ayant remplacé sa sœur use de stratagèmes éculés, cachant la moindre imperfection derrière une multitude d'insupportables maniérismes. Un moyen facile de séduire un public au goût prononcé pour les femmes lisses. Face à Bérénice, ses airs restent ce qu'ils sont : de la poudre aux yeux, vaguement désagréable mais sans danger.

Pour autant, cette conversation n'irait nulle part si l'aînée s'entête. Il faut la faire craquer, d'une façon ou d'une autre.

« Et arrête de me prendre pour une imbécile. Le Dancing Phoenix n'a rien d'un établissement respectable. Si c'était le cas, tu t'y rendrais accompagnée d'une horde de fouille-merdes. Elle se refuse à appeler ces bouffons des journalistes. Mais s'il n'y a aucun mal à traîner dans ce genre d'endroit, tu ne verras aucun inconvénient à ce que j'envoie les photos à Mère ? »

Un petit sourire sardonique flotte sur ses lèvres. Il n'y a pas de photos. Comme pour la drogue, c'est du pur bluff.
Il y a une poignée de choses que Bérénice supporte de moins en moins, depuis son arrivée au Royaume-Uni. Qu'on l'appelle Nini avec un sourire condescendant est très haut sur cette liste. Alors peut-être sort-elle les crocs. Sans doute va-t-elle trop loin, prenant le risque que Lux commence à se méfier d'elle.
Qu'importe ! Il en faudrait davantage pour pousser Lux à détourner les yeux de son propre nombril.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptyVen 5 Mar - 18:03
Lucrèce annote les informations dans un carré de sa tête et les compulse de manière posée. Son visage n'a pas encore affiché un seul iota de surprise, et il va de soi qu'elle continuera de nier aussi longtemps qu'il le faudra. Elle n'en serait certainement pas là aujourd'hui, si elle cédait à la première pression venue. Ce qui l'inquiète, ce n'est pas que sa petite sœur soit au courant, ce qui l'inquiète, c'est que quelqu'un, là-bas, un client ou un employé l'ait vue, reconnue, et se soit permis de tout lui répéter. A elle d'abord... Et puis à qui d'autre ?

Il n'y a que la mention de Mère qui lui fait poser le croissant sur le bord d'une assiette savamment disposée pour son arrivée. Elle étend ses doigts, et les rabat presque en poing pour soutenir son menton. Son sourire s'étend. Ca l'amuse, visiblement et distinctement. Il semblerait que Bérénice ait des dents, après tout.

« Je t'en prie. J'espère que tu as mon bon profil. »

Etant donnée l'ambiance du Dancing Phoenix, à moins d'être à deux centimètres de sa tête, personne ne la reconnaîtra sur les clichés, peu importe le degré de magie utilisée. Trop sombre. Trop tamisé. Trop bondé. D'autant qu'elle prend généralement soin de passer relativement inaperçue par divers artifices de sa facture. Dans le cas miraculeux où ces photos dépeindraient effectivement Lucrèce Harcourt entrain de se murger, eh bien... La bonne nouvelle c'est qu'elle pourra sans doute recouper les têtes de la soirée pour déterminer qui l'a vendue. Son sourire tombe pour laisser place à une mine plus sérieuse et un tantinet blessée.

« Les campagnes de diffamations sont si courantes de nos jours... Je ne vois pas pourquoi quelqu'un chercherait à me calomnier de la sorte... »

Et elle est à peu près certaine que leur mère prendrait de toute façon son parti. C'est qu'Iphigénie boit littéralement les paroles de sa deuxième, et que sa voix l'emporterait sans conteste sur celle de Bérénice, peu importe à quel point les preuves sont accablantes.

« Je suis triste. Terriblement triste que tu te sois laissée berner par de tels mensonges... Que tu aies si peu confiance en moi, aussi. »

Lux joue parfaitement la comédie. Lorsqu'on atteint trente ans, et qu'on ment depuis aussi longtemps, tous les jours, à chaque minute, il ne s'agit plus de savoir mentir, mais d'énoncer des vérités alternatives.

« Je sais que notre relation n'est plus celle qu'elle était, mais tout de même. Nous sommes censées nous protéger, Nini. Nous sommes des Harcourt... Nous sommes des sœurs. »

Tirer la corde sensible. Voir si Bérénice réagit d'une quelque manière. Elles étaient proches, autrefois. Autrefois. Ca lui paraît si lointain qu'on dirait presque une autre vie. De toute façon, si l'opinion de sa mère lui tient effectivement à cœur, elle n'a en réalité aucun moyen de faire plier Lucrèce du haut de son piédestal. Elle n'a plus quinze ans. Plus vingt. Elle est indépendante. Ou veut-elle le faire croire.

« Qui que soit cette personne, tu devrais garder tes distances avec elle... »

Et si, au passage, Lux pouvait obtenir un nom, ça serait la cerise sur le gâteau.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptyVen 5 Mar - 20:27

Peut-être a-t-elle sous-estimé l'obstination de Lux. Tout ça pour quoi, quelques verres d'un alcool coupé ? Chercherait-elle à fuir une existence aussi insipide que pitoyable ? Bérénice ne peut s'empêcher de mépriser les choix ayant mené Lucrèce à se mettre dans pareille situation. Si elle voulait la célébrité, la richesse, toutes les lumières braquées sur elle, alors qu'elle assume de devoir en permanence offrir cette image dénuée du moindre défaut.

Langue de bois et minauderies. Comme si elle-même Lucrèce était tant attachée à la famille... L'aînée aurait reçu autrement la cadette, si c'était le cas, plutôt que de la traiter comme une étrangère.

« Comme tu gardes tes distances avec moi ? réplique-t-elle du tac au tac. »

Sa prétendue tristesse, son sourire amusé, cette assurance de gosse gâtée... A-t-elle toujours été aussi insupportable ou Bérénice échappait-elle autrefois à ce traitement ?

« C'est exactement ce que j'essaie de faire : te protéger. »

Le ton froid et les yeux emplis de colère racontent une toute autre histoire. Elle perd son calme, les mots de Lucrèce grattant une surface pas si lisse ; encore fallait-il y regarder de plus près, mais de nos jours, qui paie vraiment attention à ceux qui l'entourent ? Certainement pas Lucrèce Harcourt.

Une idée traverse soudain Bérénice. Si la menace parentale ne suffit pas, peut-être qu'une autre fonctionnerait.

« Et Hadrian ? Est-il au courant ? Qui penses-tu qu'il va croire ? Son épouse passant plus de temps sur les plataux télé - et sûrement aussi dans les bars - qu'avec ses enfants ? Ou sa belle-soeur n'ayant aucun intérêt à mentir sur un sujet pareil ? »

Le voix se fait mordante, accusatrice. Voir son neveu et sa nièce lui réclamer de l'attention, même avec leur mère dans la même pièce, lui paraît absurde. Pour la première fois, elle laisse ses pensées sur la question s'échapper librement de sa bouche. Elle pourrait paraître puérile à l'attaquer de la sorte, mais tout dans sa posture crie la confiance et une colère qui ne se laisserait pas abattre par les tentatives d'infantilisation.
Pourtant, une petite voix insidieuse lui glisse d'abandonner, de redevenir la gosse écoutant avec attention son aînée. Ou au moins de baisser d'un ton.

Au lieu d'obéir à cette pulsion de lâcheté, elle change soudain ses traits pour copier ceux de Lucrèce. D'un geste théâtral, elle détache ses cheveux désormais d'un blond éclatant.

« Si tu n'étais pas aussi bornée et incapable d'admettre la moindre faiblesse, je n'aurais pas besoin d'en parler à qui que ce soit. Mais non, Nini, ne raconte pas de bêtises. Que tu es idiote, Nini, comment peux-tu imaginer qu'il me soit jamais arrivé un jour de faiblir un tant soit peu ? J'ai deux grandes nouvelles pour toi : je n'ai plus dix ans et je n'ai pas besoin de te faire avaler du veritaserum pour savoir que tu mens comme tu respires. Pourquoi tu bois, dis ? Parce que tu es malheureuse dans ta jolie prison dorée ? »

Toute sa tirade est accompagnée de mimiques parfaitement identiques à celles de Lucrèce. Un travail d'artiste, plutôt surprenant pour une sorcière utilisant « peu » son don, mais Lux passerait sûrement à coté de ce détail.
Elle se fige finalement, le souffle court, et ses traits changent à nouveau pour prendre ceux d'Iphigénie. Levant le menton à la manière d'une grande dame, elle pointe un doigt raffiné sur Lucrèce. Son autre main pointe sa baguette sur sa propre gorge, modulant sa voix pour prendre celle de leur génitrice.

« Sois parfaite, ma fille, ou disparais en essayant. »

Tout pour susciter une réaction, un signe, la trace d'autre chose... Autre chose que cette femme creuse - ce néant ayant remplacé l'être aimé.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptyVen 5 Mar - 22:49
Le subterfuge ne prend pas. Ou pas de la façon que Lucrèce aurait voulu. Pire encore, voila que Bérénice menace de porter l'affaire à Hadrian. Les yeux roulent. D'ennui. De frustration, aussi, sans doute. D'excitation, également, peut-être ? Ca fait longtemps que tous les deux n'ont pas eu de quoi... Débattre. C'est une question pour un autre jour.

Comme il lui paraît proprement inutile de continuer à jouer la carte de l'amour fraternel (inexistant, au demeurant), Lux se permet d'abandonner la tête de chien battu et de retrouver toute la suffisance d'un sourire bien fait. Elle le prend mal, c'est évident. Le jugement sur ses activités personnelles, et sur sa capacité à être mère. Surtout sur sa capacité à être mère. Elle s'apprête d'ailleurs à la crucifier sur place, quand Bérénice profite d'un court moment d'indécision, un court moment de faiblesse, pour y aller d'une petite démonstration de sa métamorphomagie. Lucrèce avait presque oublié ce détail. C'aurait été somme toute un spectacle intéressant, s'il ne faisait pas une drôle de satyre de sa vie. D'abord en empruntant ses traits, puis ceux de sa mère. Leur mère. La vision d'Iphigénie la fait déglutir péniblement, or rien d'autre ne paraît sur les traits. Toujours stoïque. Toujours souriante. Toujours le menton haut. Toujours parfaite.

Ou est-ce une craquelure, là, dans le vernis parfaitement égal de sa superbe ?

Après une minute de silence, peut-être un peu plus, ou peut-être un peu moins, Lux lâche un rire jaune. Un rire qu'elle veut faire passer pour une moquerie, mais qui marque en réalité tout son agacement. Elle aurait encore du café dans sa tasse qu'elle lui aurait jeté à la figure.

« Je vois que tu utilises tes dons à bon escient. Puisque tu sembles si prompte à parler à Mère, pourquoi ne vas-tu pas lui faire ta petite démonstration, hein ? C'est comme ça que tu utilises ta metamorphomagie ? C'est comme ça que tu remercies ta sœur ? La sœur qui t'accueille gracieusement chez elle ? »

Son ton est glacé et serein. Si c'est à la menace qu'on marche, Lucrèce est prête à jouer. Lucrèce est prête à gagner. Comme elle l'a toujours été. Elle essuie le bord de sa bouche avec la serviette posée à côté de son assiette, puis attrape la cloche, qu'elle fait teinter d'un geste élégant. La cloche du personnel. La tonalité arrive directement aux cuisines. La bonne ne tardera pas à arriver, et Bérénice sera alors forcée de la libérer.

« Il est temps pour toi de trouver un autre endroit où vivre, Bérénice. »

Le prénom lui paraît presque étranger, tant elle le prononce peu. Tant pis. Il faudra s'y faire, désormais. Lux se lève avec l'intention claire de quitter la pièce.

« Qu'est-ce que tu croyais ? Que j'allais te demander pardon ? Ou peut-être que j'allais me lover dans tes bras, pour m'inventer des problèmes sur lesquels tu pourrais ensuite t'apitoyer ? Sur lesquels on pourrait ensuite rire et renouer les liens de l'enfance pathétique que tu as passé dans mes jupons ? Tu veux savoir, Bérénice ? Impose-t-elle le suspense. »

Tout du long, Lucrèce conserve un sourire radieux et ensoleillé. Ca fait une éternité qu'elle peut tout dire, tout faire et tout subir avec le sourire. Elle ne se laissera pas marcher sur les pieds par sa cadette. Ou par qui que ce soit, d'ailleurs. Jamais. Comme elle ne laissera personne voir que ça l'affecte. Sourire. Toujours. Mieux vaut qu'on la pense condescendante que fragile.

C'était de la pitié. Tu fais pitié. »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptySam 6 Mar - 1:43

Sans son entraînement, Bérénice n'aurait jamais perçu le bref moment où sa sœur manque de montrer ses vraies émotions. L'impression s'envole sans lui laisser le temps d'en faire usage, laissant alors apparaître davantage de faussetés et de mots vicieux. Que croyait-elle, en effet ? Que Lucrèce encaisserait en silence ses accusations et ses reproches ?

Peu à peu, le visage de la cadette se décompose. Elle ne cherche pas vraiment à s'en cacher. Elle a retrouvé sa véritable apparence, mais sa crinière vire peu à peu au gris, malgré la potentielle arrivée du personnel.
Il n'y a plus de plan qui tienne depuis les premières secondes de leur joute verbale. Il n'y a rien à gagner, rien à perdre non plus, si ce n'est une chambre dans cette grande maison vide.

Non, c'est faux... Il y a tout à y perdre. L'entendre l'appeler Bérénice est finalement plus douloureux encore que d'être traitée comme une enfant. Lucrèce est la dernière ancre l'attachant à sa vie d'avant - sa vraie vie ? - désormais aussi fausse que lourde à traîner.
Dans un mouvement hâtif, elle pointe sa baguette sur la porte du salon, la verrouillant et insonorisant la pièce en deux sortilèges imprononcés. Seule sa propre baguette pourrait l'ouvrir à nouveau.

Tournant le dos à Lucrèce pour ce faire, elle se fige en entendant l'impitoyable tirade de son aînée. Les derniers mots l'assomment avec leur violence, ses épaules se tassant sous la force de l'impact. Sa tignasse se voit soudain striée d'une multitude de couleurs, allant du noir au rouge, avant de s'arrêter sur un gris métallique. Une poignée de larmes dévale ses joues.

Pendant un bref instant, elle voudrait disparaître, fuir cette confrontation qu'elle a pourtant provoqué. À nouveau, l'enfant et la femme en elle s'empoignent, jusqu'à ce que l'une des deux l'emporte. Elle se retourne brusquement, avance à grandes foulées jusqu'à sa sœur et la gifle de toutes ses forces. Rien de soulageant dans ce geste. Juste le besoin de venger cette petite fille qui ne connaissait pas d'autre arme que son nom de famille - et qui voit aujourd'hui sa propre chaire l'humilier sans ciller...

Puis elle tend la main vers la porte pour déverrouiller celle-ci, dans un mouvement résigné. Petit à petit, ses cheveux et ses yeux reprennent leur couleur naturelle.

« Je... je n'irai nulle part, affirme-t-elle, la dardant d'un regard encore morcelé de gris. Clovis et Florence ont besoin de moi, que tu veuilles l'admettre ou non. Je ne dirai rien à Hadrian si tu fais preuve d'un peu plus de prudence. C'est ton droit de te foutre en l'air, après tout... C'est toi qui fais pitié, Lucrèce. Ignorer tes problèmes ne les fera pas disparaître. »

La bonne, qui tambourinait au battant depuis quelques secondes, entre avec une expression inquiète.

« Tout va bien, Mesdames ? »

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptySam 6 Mar - 14:33
Et il est là, il la précède de toute sa superbe. Le chaos. Elle le contemple entrain de s'insinuer sous les traits de Bérénice. Et Lucrèce la voit enfin. La petite fille désœuvrée qu'elle n'arrivait plus à reconnaître. Quelque chose bat bancal dans sa poitrine. Ca fait mal. Un mal de chien. Un mal qui fait du bien. Un mal qui la fait se sentir étrangement vivante. Qui fait vibrer le moindre de ses os jusque dans les artères de son cœur. Alors tout du long de la démonstration, elle sourit. D'un sourire qui s'étale grand sur son visage et qui va jusqu'à l'entailler.

Et la gifle part. Les larmes, aussi. Les larmes de sa cadette. Lux les remarque à rebours. Trop tard, sans doute. Le sourire n'a même pas le temps de se faner, qu'elle entend déjà la porte se déverrouiller, et les mots l'assassiner. A quel point Bérénice a-t-elle raison ? Pas assez pour que Lucrèce soit prête à l'admettre. Ses enfants se portent à merveille. Son mariage davantage. Elle n'a besoin de personne. Et encore moins de sa sœur, ce vulgaire grain de sable qui s'échine à glisser dans l'engrenage de sa parfaite petite existence aseptisée.
Lorsque Mathilde entre dans la pièce, tout ce que Lux a laissé tomber de sa garde se reconstruit aussitôt. Sourire. Le menton haut. Le dos bien droit. Parfaite. Comme l'est Lucrèce Harcourt en toutes circonstances.

« Tout va bien, Mathilde. Ne t'en fais pas.  Il semblerait que Bérénice ait enfin trouvé un endroit où loger. Elle m'annonçait simplement son départ. »

La bonne a l'air interloquée. Son regard traverse frénétiquement la distance qui sépare l'aînée de la cadette, comme de chercher une explication à cette soudaine annonce. La patience de Lux ne tient déjà plus qu'à un fil, alors l'œillade pressée qui couvre l'orage ne tarde pas à avertir Mathilde : on ne la paye pas pour penser. On ne la paye pas pour se poser des questions. On la paye pour acquiescer silencieusement et obéir.

« Ce soir. Fait-elle plus incisive. »

Une main excessivement amène (trop pour que ça soit véritable) ose se poser sur la joue de Bérénice. Les yeux dans les yeux, et la condescendance plein le nez, Lucrèce semble une nouvelle fois lui confesser qu'elle fait pitié. Silencieusement. Peut-être que l'impact n'en sera que plus grand. Peut-être qu'elle n'ose plus tout à fait le dire, aussi. Car les mots de Bérénice feraient irrémédiablement écho aux siens : C'est toi qui fais pitié, Lucrèce.

« J'ai beaucoup de choses à faire, aujourd'hui. Tu l'aideras à préparer ses affaires, d'accord ? »

Lucrèce Harcourt ne pliera pas sous la menace.
Hors de question.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Worlds apart Empty
MessageSujet: Re: Worlds apart   Worlds apart EmptySam 6 Mar - 23:38

La douleur la laisse encore hébétée, presque hagarde, alors que l'impeccable tableau reprend vie sous ses yeux. Si sa peinture est écaillée, impossible de le voir à l’œil nu. À l'annonce faite de son départ, la cadette se surprend à hocher la tête comme un pantin.

C'est terminé. Il lui faut cesser de s'accrocher à l'espoir naïf de retrouver Lucrèce, sa Lucrèce. Elle n'est plus là, peut-être depuis très longtemps. Est-ce sa faute ? Aurait-elle dû s'accrocher à sa sœur de toutes ses forces, dans la crainte de la voir s'envoler hors de portée ? Si elle n'avait pas accepté la main tendue d'Emile, peut-être aurait-elle suivi Lucrèce dans ses péripéties de reine des médias, la soutenant et l'épaulant. La fidèle Bérénice, aimante et dévouée. Cette vie aurait pu être douce, infiniment plus douce.

Elle détourne la tête au contact de cette main étrangère, chaude au toucher mais froide d'intention. Ses yeux, en revanche, restent vrillés dans ceux de Lux, brûlant d'accusations et bordés de larmes. Elle ne les retient pas, oh non. Qu'elle la voit donc faible, ébréchée, abandonnée. Qu'elle la méprise jusqu'à satiété de son hybris. Au moins est-elle encore humaine.

« Ne me touche pas. »

Sa voix se fêle, laissant paraître son dégoût. Dégoût pour cette fausse compassion, cette tentative puérile visant clairement à l'enfoncer davantage.

Mais il y a longtemps qu'elle n'a plus besoin de Lucrèce - ce n'est pas pour cette raison qu'elle restait, d'ailleurs, mais pour une multitude d'autres. S'il existait une chance, même minime, de renouer... Elle s'en serait voulue de ne pas la saisir. Il fallait essayer.

Ne laisse aucune place aux regrets ni aux remords. Ils te dévoreront de l'intérieur, comme des vers affamés. Aucune, tu m'entends ? Ces choses là sont pour les morts.

Elle s'écarte, adressant un bref sourire à la bonne. Avant de quitter le salon, elle lance quelques mots au dessus de son épaule, pour le simple plaisir de fissurer une dernière fois le petit univers ordonné de Lucrèce Harcourt.

« Prépare également tes affaires, Mathilde. Je vais avoir besoin de quelqu'un pour l'entretien de la maison. Ma chère sœur saura vite te remplacer. »

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Worlds apart Empty
Revenir en haut Aller en bas
 

Worlds apart

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

SMOKE AND MIRRORS :: PLAYGROUND :: DEATHLY HALLOWS :: rp terminés