« Mais euh, t’es pas censé être bon avec les chiffres, toi ? Nums dévisage le téléphone portable que tu viens de jeter sur son bureau de fortune (une table pliante de camping encombrée), comme une poule avec un couteau.
- Oui, c-c’est vrai mais… je vois pas le rapport ?
- Bah faut entrer des chiffres, là, alors j’me suis dit que tu savais y faire !
- Nan mais je m’occupe de la compta’ moi ! Je sais pas comment ça marche, vos babioles moldues ! Pourquoi tu ne demandes pas à Aen- Shrimpy, là ? Cet élan de provocation donne des sueurs à Nums, qui se reprend aussitôt. Il déverrouille le téléphone. « Tu veux faire quoi avec ?
- Appeler… Carmen ? Tu te rappelles ce que le marmot aux longues jambes avait expliqué. Tu te plantes derrière Nums, occupant tout son espace, et observes par-dessus son épaule, ahanant ton haleine fétide dans son oreille.
- Tiens, ça doit être ça… J’appuie sur le bouton vert, et quand t’entends sa voix, tu peux parl-
- Oui ça va, je sais ça, j’suis pas demeuré non plus ! Tu lui arraches le téléphone des mains, honteux d’avoir eu besoin de son aide pour simplement lire les contacts du répertoire. Et pas un mot aux autres ! »

« Ruiz Flowers, que puis-je faire pour vous ?
- Faut que j’cause à Shacklebolt.
- …
- Ho. Y’a quelqu’un ? Kingsley, c’est toi ?
- … »
Tuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut.
Interdit, tu renifles, avant de comprendre qu’elle venait de raccrocher. « J’vais m’la faire. » grognes-tu, te retenant gros comme ça de balancer le téléphone par la fenêtre de la caravane. Les chiffres sont toujours là. Bouton vert. Carmen 1 Fenrir 0.

« Ruiz Flow-
- Kingsley Shacklebolt, maintenant ou je- »
Tuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut.
Ce petit jeu aurait pu continuer longtemps comme ça, au vu de ton entêtement. Seulement, la Carmen allait finir par ne plus répondre, ou le téléphone par ne plus fonctionner, tant tu le serres entre tes pattes. Après plusieurs autres tentatives supplémentaires, des ongles rongés jusqu'au sang, des temps d'attente interminables, et quelques chaises renversées (c'est fou tous les noms d'oiseau qu'on peut trouver pour un téléphone), c’est Nums qui, en grimaçant, te fait comprendre qu’il faut que tu y ailles plus doucement.
Il avait dit qu’il s’appelait comment déjà, King, là-bas ?

« Ruiz Flowers, que puis-je faire pour vous ?
- J’aurais besoin de parler à Royal, s'ilvousplaîtmadame. »
Cette fois-ci, Carmen n’a pas raccroché tout de suite. Parce qu’un inconnu qui veut parler à Royal, c’est un inconnu qui s’y connaît en résistance… Après une présentation en grandes pompes (tu aimais un peu trop être connu), des explications enjolivées et des menaces sous-jacentes, à base de « On détient l’un des vôtres ; pour l’instant, il mange bien sa purée, mais il s’agirait pas qu’il finisse en purée, love »), elle a fini par te laisser tenter ta chance, se disant très certainement que Royal allait t’envoyer chier à la seconde même où il entendrait ton souffle rauque dans le micro.

Bref, Nums en a eu pour son argent (dommage qu’il n’ait pas assez de courage pour se risquer à le répéter aux autres), et toi, tu es parvenu à arracher un rendez-vous avec King à l’entremetteuse de l’Ordre. Et aucune caravane n’a été détruite entre-temps.
Tu refuses de te l’avouer, mais ça te rend tout chose, de savoir que tu vas t’adresser à Kingsley Shacklebolt. Le gars est une légende, et une énorme épine dans ton pied, aussi, et ce, depuis des décennies. Et, s’il est toujours en vie, c’est qu’il en a dans le bide, à ton avis. C’était plus fort que toi, tu ne pouvais t’empêcher d’admirer les autres formes d’autorité qui foulaient la même terre que toi. Numa avait eu le droit à tes grâces, alors qu’il n’était au commande que d’un petit troupeau de dégénérés. Aussi, Kingsley, du sommet de sa résistance (assez dilapidée à ce qu’il paraît), il faisait un peu rêver.
« Oi, King ? C’est Greyback senior ; » Tu attends même pas une seconde, en priant très fort pour pas qu’il raccroche. « dis-moi, j’ai un d’tes marmots, là, Wild, du genre, plutôt bavard, et y paraîtrait qu’vous avez mis l’doigt sur les p’tites sauteries des Mangemorts, genre partie de chasse en plein air… C’est toujours dans tes plans d’aller squatter un coup ? »
Tu fermes enfin ton clapet, bien qu’on sent déjà dans l’air quelles autres questions allaient suivre, et même à des kilomètres de distance, le King devait avoir aussi la narine qui frétillait.

« Oi, King ? C’est Greyback senior. » Kingsley ferme les yeux en entendant la voix rauque et incroyablement déplaisante de Fenrir Greyback. Cette journée risque d'être longue.

Il a vaguement entendu parler de la disparition d'Aeneas, bien entendu, mais il a remis la situation entre les mains de quelqu'un de moins occupé que lui - c'est ça, aussi, être un bon leader, savoir déléguer pour se libérer un peu d'espace mental. Non pas que la disparition d'un membre de la résistance ne soit pas digne de son attention, et non pas que ce ne soit pas de la plus haute importance mais... si il allait lui-même sur les traces de tous les cercle trois manquant à l'appel, il n'aurait pas le temps de s'occuper des vrais problèmes et objectifs de l'Ordre. Notamment, les Battues, Gracefield, son cher neveu Blaise, et la mort de Lord Voldemort (rien que ça).

Quand Carmen l'a appelé elle-même pour confirmer avec lui l'identité du "malotru mal éduqué et probablement puant" (d'après ses mots à elle) et lui demander si il voulait bien lui parler, Kingsley a cru que c'était, peut-être, une blague. De mauvais goût, certes, mais une blague tout de même.

Apparemment pas.

Il connait Fenrir Greyback - le nom est synonyme de peur dans les rangs de la résistance. La dernière fois qu'il a entendu parler de lui, c'était il y a quelques semaines, de la bouche des trois zigotos du Lake District. D'après Anthony, Michael, ou Cormac (Kingsley a du mal à les différencier), Fenrir se trouvait avec la NSFW lorsque le groupe les avait attaqué.

Depuis, silence radio. Jusqu'à maintenant.

Il a demandé à Carmen de ne pas en parler avec quiconque pour le moment. Il sait qu'elle peut lui faire confiance. Il sait aussi que le reste du cercle sept ne lui fait pas confiance. Idem pour le reste de l'Ordre. Oh well, hate the game, not the sinner. Kingsley a depuis longtemps abandonné l'idée de gagner le concours de popularité. Mais il veut éviter que Sirius ou Remus s'intéressent de trop près à cette affaire, ils n'auraient pas la finesse ou le calme nécessaire pour discuter avec un énergumène de la trempe de Greyback.

Il n'a pas le temps de confirmer que c'est bien lui ou de lui demander comment il a récupéré ce numéro, que le loup-garou enchaîne: « Dis-moi, j’ai un d’tes marmots, là, Wild, du genre, plutôt bavard, et y paraîtrait qu’vous avez mis l’doigt sur les p’tites sauteries des Mangemorts, genre partie de chasse en plein air… C’est toujours dans tes plans d’aller squatter un coup ? » Kingsley se passe une main sur le visage. Le gamin a donc été capturé par la meute, et a dévoilé le plan de l'Ordre. Heureusement qu'ils n'ont divulgé aucun détail, à la grande frustration des troupes certes... mais son intuition que le plan pourrait fuiter était valide. Il se pince l'arête du nez et soupire. "Et si on en discutait face à face, Fenrir?" propose-t-il d'une voix grave et calme. "Juste toi et moi, et le gamin si tu te sens généreux. Qu'en penses-tu?"

Le rendez-vous est pris rapidement, et Kingsley s'y rend seul. Il prévient seulement Carmen et Sofia, les deux seules personnes en qui il a entièrement confiance ces jours-ci, avant de transplaner pour l'Irlande du Nord, après avoir embarqué un Portoloin express par mesure de sécurité. Il lui faut quelques transplanages pour arriver à destination, une aire de pique-nique déserte semblerait-il, et il s'occupe silencieusement de vérifier qu'il est seul et que l'endroit n'est pas dangereux à coups de quelques sortilèges informulés et précis. Quelques instants plus tard, Fenrir apparaît et il se tourne vers lui, arquant les sourcils, l'étudiant lui et les gens qui l'accompagnent. Il lui présente ses paumes ouvertes avec un sourire faussement chaleureux. Tout le monde sait, toutefois, que Kingsley n'a pas besoin de baguette pour utiliser sa magie et faire du mal - mais qu'importe.

"Ca fait longtemps, Fenrir." Il se souvient vaguement avoir failli le coffrer à plusieurs reprises, lorsqu'il était encore Auror. Cela fait quelques années qu'ils ne se sont pas croisés (heureusement pour Greyback). "Maintenant dis-moi, ai-je une bonne raison d'écouter ce que tu as à dire ou suis-je en train de perdre mon temps?" Il ignore ce que Fenrir veut des Battues ou de l'Ordre, et il ignore aussi si il est prêt à lui céder quoique ce soit. Il sait que le cercle sept serait contre. Après tout, on ne négocie pas avec les terroristes.

Mais Kingsley en a marre de perdre, et il est prêt à tout pour parvenir à la victoire qui lui est due.

« Et si on en discutait face à face, Fenrir? Juste toi et moi, et le gamin si tu te sens généreux. Qu'en penses-tu?
- Moi ça m’va ; l’temps d’enfiler mes plus beaux habits- » Tu te pinces les lèvres pour t’empêcher de rigoler à ta propre blague. C’est pas trop le moment, même si tu es excité comme une puce sur le dos d’un Greyback d’avoir Kingsley MF Shacklebolt à l’autre bout du fil. Dans ta compréhension limitée des appareils électroniques tels que le téléphone, ça revenait à l’avoir en face de toi.

Toujours est-il que vous prenez un vrai rendez-vous. Tu raccroches en lui précisant au passage de passer le mot à une certaine Ruiz-flowers que c’est pas hyper poli de raccrocher au nez des gens.
Pour le moment, tu n’en touches pas un mot à la meute, hormis à Sally et Shrimpy. En l’occurrence, si les autres loups avaient pu soupçonner quoi que ce soit, ils auraient plutôt eu l’impression que tu te préparais pour un rendez-vous galant, à voir comme tes cheveux gras sont encore un peu plus plaqués en arrière que d’habitude, et que tu t’es aspergé d’un parfum croupi.

Chaperonné par Sally qui était aussi chargée de surveiller Shrimpy, vous étiez arrivés un peu en retard, le temps de checker si les environs étaient sécurisés. Mais King était bel et bien venu tout seul ; l’audace. Bah, s’il vous sous-estime ainsi, ça ne peut qu’aller dans votre sens dans cette affaire. Tu avances le premier jusqu’à lui, laissant derrière toi les deux autres, à l’ombre des arbres.
« Ça fait longtemps, Fenrir.
- T’as pris un sacré coup de vieux. » La moquerie est de bonne guerre ; il faut dire qu’il t’avait longtemps couru après. Il y avait bien des fois où il avait failli te coffrer et t’avais même vu flou, à ces moments-là, calmant un poil tes ardeurs.

King perd pas son temps en allant droit au but. Tu lèves une main vers lui. « Attends, attends, pour te prouver ma bonne foi... » Un signe par-dessus ton épaule, et Sally traîne Shrimpy à la lumière du jour. Elle le fait tourner sur lui-même, lui lève les bras et lui ouvre la bouche, comme si elle lui faisait passer un vague examen médical. « … Le kid va bien, tu vois ? Dis qu’tu vas bien, petit ! » On sait pas trop si c’est Sally qui lui fait hocher la tête ou s’il obéit. C’est pas comme si t’allais jeter un oeil dans leur direction, au risque de perdre King de vue. « Content ? » Sans attendre de réelle réponse, tu congédies les deux loups qui disparaissent dans un craquement.

Tu t’assois lourdement à la table de pique-nique qui craque dangereusement sous ton poids. Une manière de te mettre à l’aise, sans doute, ou encore de foutre quelque chose entre vous deux. « T’as l’air plutôt pressé, alors j’vais aller droit au but ; la p’tite escapade de l’Ordre, là, pour libérer vos copains des horror games, on veut en être. » Du pouce, tu désignes les sous-bois par-dessus ton épaule, à peu près là où se tenaient Sally et Shrimpy il y a quelques minutes. « T’sais bien, on fait pas ça par bonté d’âme, hein. Mais on a des loups à nous, là-bas... » probablement, en tout cas, tu n’en étais pas certain, mais le fait est que certains de tes loups avaient disparu dans la nature (notamment Javier, aka Lefty, wink wink). A situation désespérée, mesure désespérée ; tes loups n’en pouvaient plus de perdre les leurs, alors quoi de mieux que d’aller en retrouver ? Et, si jamais, en fait, aucun Greyback ne se trouvait parmi les prisonniers… et beh tu te ferais une joie d’en créer quelques-uns au passage… « Vois ça comme une trêve, ou c’que tu veux. On part avec vous, si vous avez un plan, on suit le plan. Tout ce qu’on veut, c’est qu’à la fin, vous nous laissiez repartir avec les nôtres. Les chemins se séparent, et le seul sang qui aura coulé, c’est celui des Mangemorts qui auront eu l’audace de s’interposer. »

Tu lui laissais le plaisir de calculer la force supplémentaire qu’une horde de loups prête à tout pouvait ajouter à ses propres troupes. Il avait dû perdre son lot d’hybrides, après la débandade de la NSFW. Il vous considérerait sûrement comme de la chair à canon, mais tu avais confiance en la capacité de survie de tes loups. Et puis, à charge de revanche, l’Ordre vous servirait également de bouclier humain, si nécessaire… « T’en dis quoi ? »

Kingsley reconnait, à sa propre surprise, le gamin - une grande gueule qui avait pris sa défense lors de la réunion extraordinaire de l'Ordre. Il est accompagné d'une Greyback à l'air patibulaire. Ils sont deux. Kingsley pense qu'il pourrait s'en débarasser sans grand mal, mais il est intéressé parce que Fenrir a à dire. Le gamin a l'air plus pâle qu'avant. Connaissant la bête face à lui, il a dû le transformer. Enfoiré. « Content ? - Ravi." Au moins, il est en vie. Avec un peu de chance, il pourra le ramener à la maison.

Fenrir n'attend pas son approbation pour faire un signe au gamin et à l'autre louve, qui disparaissent dans un craquement de transplanage. Les yeux sombres de Kingsley se posent sur Greyback, l'étudient silencieusement. Il ressent une étrange tranquilité malgré le fait qu'il ne peut pas ignorer le passif violent et destructeur du loup-garou.

C'est justement ce qui l'intéresse chez lui.

"Alors?" La réponse n'attend pas. « T’as l’air plutôt pressé, alors j’vais aller droit au but ; la p’tite escapade de l’Ordre, là, pour libérer vos copains des horror games, on veut en être. » Kingsley serre les dents. De nombreux sortilèges de Bloclangue sont posés sur les agents de l'Ordre pour empêcher le partage intempestif d'informations capitales ou plus ou moins importantes. Ce n'est pas si surprenant que ça que quelqu'un comme Aeneas soit passé au travers des mailles du filet, mais frustrant. Kingsley espère que l'information n'est pas remontée trop haut dans la chaîne alimentaire... "Hm," offre-t-il, l'invitant à continuer. « T’sais bien, on fait pas ça par bonté d’âme, hein. Mais on a des loups à nous, là-bas... » Kingsley plisse des yeux, incertain de la valeur qu'il peut donner à ses propos. Il lui a fallu des mois et des mois pour récupérer des informations viables de la part de Myrthild. Comment est-ce qu'une meute de loups mal léchés aurait pu faire mieux et plus vite?

« Vois ça comme une trêve, ou c’que tu veux. » Kingsley renifle. "Une trêve." Le mot semble l'amuser. « On part avec vous, si vous avez un plan, on suit le plan. Tout ce qu’on veut, c’est qu’à la fin, vous nous laissiez repartir avec les nôtres. Les chemins se séparent, et le seul sang qui aura coulé, c’est celui des Mangemorts qui auront eu l’audace de s’interposer. » Kingsley reste silencieux. L'offre est séduisante, terriblement séduisante même. Et après qu'on lui ait reproché de trop garder de secrets, il devrait courir dans l'autre sens et informer le cercle sept. Kingsley sait que ce serait la démarche à suivre, que montrer patte blanche ne pourrait que l'aider si il veut garder sa position au sein du cercle sept.

Il sait aussi qu'ils n'ont pas assez de baguettes, de temps, de ressources pour mener l'assaut sur Gracefield et penser vaincre. Ils ont besoin de la meute de Greyback. Il sait aussi que le reste du cercle sept n'acceptera jamais de travailler main dans la patte avec Fenrir. Qu'ils penseront (à raison) que les loups essayeront de la leur faire à l'envers.

Perdre la confiance du cercle sept, libérer les prisonniers des Battues.

Tenter de libérer les prisonniers des Battues, perdre plus de gens encore.

Si seulement Lee n'avait rien dit, ils n'auraient jamais eu à libérer cette île de malheur.

« T’en dis quoi ? - J'en dis que c'est une offre attrayante," convient-il lentement. "Un peu trop, mais soit. Je suis prêt à négocier à cette fin, qui serait avantageuse pour vous et pour nous. Je serai votre unique point de contact avec l'Ordre. Et toi, tu viendras avec moi. Le reste de tes loups seront peut-être envoyés à d'autres endroits, sous l'autorité de sorciers choisis par moi-même." Ses termes posés, les sourcils de Kingsley se soulèvent dans une expression défiant Fernrir d'y apporter sa patte. "Avant que l'on continue, j'aimerais que l'on parle de ton petit side project. La NSFW." Les yeux de Royal s'assombrissent. "Tu étais avec eux jusqu'à récemment, les garçons t'ont vu au Lake District. Numa, Rivage, Sav, Atticus - où sont-ils maintenant?" Si Kingsley a pu souffrir et accepter la défection de la NSFW lors de leur départ de Sweet River, leurs deux agressions et le vol de leurs ressources déjà moindres n'est pas pardonnable, surtout après la description qu'en a fait Lee. Il sait que la BPM aussi est à leurs trousses. Il compte bien sur le fait que l'Ordre soit le groupe qui leur mette la main dessus.

« [...] Et toi, tu viendras avec moi. » Ton sourire bienheureux se casse visiblement la figure. Il avait accepté ton marché, sans vraiment hésiter, et t’avais pas pu retenir ta satisfaction. Mais King, il aime bien parler, parce qu’il parle bien, alors il pouvait pas s’arrêter là.
Cette condition ne te fait donc pas trop trop plaisir. Il faut dire que tu ne l’avais absolument pas anticipée. Tu n’aimes pas être séparé de tes loups, d’autant plus quand c’était pas de ton propre chef. Et en plus de ça, tu es face au mur, puisque tu venais juste de dire que s’il y avait un plan, vous alliez le suivre. Tu te voyais donc mal contester aussitôt, malgré ta tronche peu encline à applaudir les conditions du King. Ton œil valide papillonne sur sa figure, sans parvenir à y déchiffrer quoi que ce soit qui pouvait t’en dire plus sur cette décision. Plus que craindre pour ta propre vie, c’était celle de tes loups que tu ne supportais pas de savoir retirées de ta surveillance (même si tu leur faisais confiance, hein, 'fallait quand même que t'aies le contrôle sur tout).
Tu comptes bien lui arracher davantage d’explications, lorsqu’il aura fini de mettre le doigt sur une affaire que tu pensais close depuis un moment : la NSFW first gen.

« Tu étais avec eux jusqu'à récemment, les garçons t'ont vu au Lake District. Numa, Rivage, Sav, Atticus - où sont-ils maintenant?
- Ouh la… La confusion sur ton visage ne trompe pas. Tu savais à peine de qui il parlait, peinant à remettre des noms sur tous ces visages beaucoup trop juvéniles et maussades à ton goût. Une mine penaude tandis que tu te grattes le haut du crâne, comme si ça allait t’aider à te rappeler quoi que ce soit. « J’espère que t’avais pas prévu de les ramener avec toi, parce que je pense qu’ils ont clamsé, les mômes... » Tu te rappelles encore des descentes de la Values Brigade. Mais pour le coup, tu n’avais pas fait preuve d’une grande solidarité vis à vis du groupe de rebelles, puisque tu ne t’étais préoccupé que des tiens.

Alors, oui, peut-être que tu omets de distinguer Numa dans le lot. Mais concrètement, tu ne savais pas où il était non plus. La différence, c'est que, lui, tu savais qu’il était encore en vie. C’était Fish qui s’était donnée la mission de le mettre au jus de ce qu’il se passait désormais ; parce que si ça ne tenait qu’à toi, le pauvre bougre serait au courant de rien.
C’est pas tant que tu le protèges, lui, à taire sa survie ; c’est plutôt que tu veux pas attirer d’ennuis à Baruch qui s’était chargé de le sauver. Et puis bon, vu l’état dans lequel la débandade devait l’avoir laissé, Numa pouvait pas faire beaucoup plus de dégâts.
« J’vais être honnête avec toi ; » Tu te penches dans sa direction, feignant la confidence. « il m’en reste quelques-uns, deux-trois, tout au plus, qu’on a récupéré après tout ce bordel… » Tu agites l’index dans toutes les directions pour englober grossièrement les dramatiques événements qui avaient précipité la fin des terroristes en herbe. « Mais si t’as vraiment envie de te faire les crocs dessus » Venant d’un alpha réputé pour bouffer ses loups prodigues, il fallait pas en attendre moins. « Tu pourras les récupérer, hein… c’est pas contre eux, mais bon, les sirènes et autres capricornes, là, bah, j’peux me passer de leurs services, tu vois ce que je veux dire ? »

C’est pas honnête de fou comme marché, mais si ça peut t’attirer les faveurs… disons temporaires du leader du moment, tu n’hésiterais pas à les jeter sous le bus. Tu te faisais pas non plus d’illusions ; King devait savoir que tu faisais passer ta meute avant tout le reste ; la preuve, t’étais là à prendre le thé avec lui sur une aire de pique-nique, alors que vous vous étiez fait la guerre pendant des années. Ceci dit, même si tes principes sont relégués au placard, durant cet entretien, ça ne t’empêchera pas de mettre volontairement les pieds dans le plat. « D’ailleurs, comment on en arrive à s’mettre les hybrides à dos ? J’veux dire, ils vous avaient quand même rejoint parce que, justement, c’était le Ministère qui se foutait de leur gueule, nan ? »

La confusion qui s'inscrit sur le visage de Fenrir n'est pas pour rassurer Kingsley mais qu'importe - il prendra toutes les pistes que le loup-garou voudra bien lui trouver. La NSFW est sur son tableau de chasse depuis des années, mais s'est hissée très haut dans la liste après leurs fraques dans le Lake District et avec Lee. Si Kingsley peut pardonner, difficilement, la défection, la cruauté de la violence dont ces hybrides ridicules ont utilisé contre ses homes est parfaitement impardonnable. « J’espère que t’avais pas prévu de les ramener avec toi, parce que je pense qu’ils ont clamsé, les mômes... » Ça ne suffira pas; le regard de Kingsley s'assombrit, surmonté de ses sourcils qui se froncent lentement. « J’vais être honnête avec toi ; il m’en reste quelques-uns, deux-trois, tout au plus, qu’on a récupéré après tout ce bordel… » Kingsley sent son coeur s'accélerer dans sa poitrine et hoche la tête sèchement, invitant le loup-garou à continuer de parler - et fissa. Si il pouvait mettre la main sur Numa...

Si Fenrir lui dit ça, c'est qu'il est prêt à les lui livrer sur un plateau d'argent. Kingsley se demande ce qu'il voudra bien en échange, ou si ça ne sera qu'une preuve de bonne foi de sa part. Comme si Fenrir Greyback avait la moindre foi... « Mais si t’as vraiment envie de te faire les crocs dessus. Tu pourras les récupérer, hein… c’est pas contre eux, mais bon, les sirènes et autres capricornes, là, bah, j’peux me passer de leurs services, tu vois ce que je veux dire ? » Kingsley regarde posément Fenrir, passant d'un oeil à l'autre. Des fois, il regrette de ne pas savoir pratiquer la Légilimancie aussi bien qu'il maîtrise l'Occlumancie. Ça lui aurait été utile plus d'une fois dans sa vie. C'est vrai qu'en temps de guerre, un être de l'eau ou une harpie n'est pas aussi utile qu'un loup-garou violent ou qu'une vampire assoiffé de sang et ça ne surprend pas Kingsley que Fenrir puisse ainsi les sous-estimer. Lui-même avait tendance à les considérer comme rien de plus que des bouches à nourrir avant d'apprendre à mieux les connaître.

Un sourire sans joie s'étire sur son visage. "C'est très généreux de ta part." Inutile de se mouiller ou de s'avancer sur quoique ce soit. Il essayera de lui tirer les vers du nez plus tard parce que dans l'idéal, il trouverait les membres de la NSFW lui-même pour les ramener au bercail et les foutre derrière les barreaux. « D’ailleurs, comment on en arrive à s’mettre les hybrides à dos ? J’veux dire, ils vous avaient quand même rejoint parce que, justement, c’était le Ministère qui se foutait de leur gueule, nan ? » Kingsley serre les dents, faisant jouer sous la peau de sa joue le muscle de sa mâchoire. "Si tu es si familier avec eux, pourquoi est-ce que tu ne leur poses pas la question?" contre-t-il d'un ton presque complètement placide, où substite une légère tension notable. Le débâcle de la NSFW le plonge dans une colère noire qu'il n'a nulle envie de faire exploser au museau de Greyback - c'est que ces bêtes-là sentent les vulnérabilités et les boutons à presser comme si c'était une seconde nature pour eux.

"Moi je me demande pourquoi est-ce que le chef d'une meute aussi imposante et dangereuse que la tienne s'allierait avec une bande de gamins désabusés comme eux. Besoin d'un faire-valoir, peut-être?" Si Fenrir aime se faire lustrer autant qu'il se gèle les cheveux (quoique Kingsley suspecte que ce soit du gras et de la sueur et non de la gomina), sans doute sera-t-il réceptif à ce qui ressemble à une pointe d'admiration de la part de Kingsley Shacklebolt. "Je me demande aussi si il y a quoique ce soit que l'Ordre pourrait fournir à toi et ta meute pour vous éviter de crever de la gale ou que sais-je encore." Montrer patte blanche, toujours - et peut-être qu'il pourra ainsi récupérer quelques informations sur leurs effectifs et leur localisation.

Ta réponse brinquebalante n’a pas l’air de satisfaire le big boss de l’Ordre. Tu avais été témoin de la hargne que ressentait la NSFW à l’égard des autres résistants, mais tu avais apparemment du mal à te dire qu’il s’agissait de sentiments partagés. Tu te serais sans doute imaginé que Kingsley était encore peiné du départ précipité de certains de ses effectifs, lui qui voulait rassembler tout le monde sous la même bannière, parce que tout le monde, c’est des ami.e.s ou Merlin seul sait quelles sottises du genre… Mais visiblement, tu te foutais le doigt dans l'œil jusqu’au coude. Et ça t’amusait plus qu’autre chose, de savoir les Phoenix au moins aussi divisés que les tocards du gouvernement sorcier. "C'est très généreux de ta part." Tu hausses les épaules, l’air de rien, te doutant que ton manque d’honnêteté vis-à-vis des trois clampins full NSFW qui faisaient le pied de grue auprès de toi n’était pas tombé dans l’oreille d’un aveugle.

"Si tu es si familier avec eux, pourquoi est-ce que tu ne leur poses pas la question?" Tu renifles un coup, souriant de tous tes chicots bruns. Tu gigotes sur le banc de l’aire de pique-nique, faisant grincer le bois. Tu secoues la tête, en haussant les sourcils. « Oh bah j’peux t’assurer qu’ils y vont pas d’main morte pour vous cracher sur le poil, hein. J’pense ils avaient que ça en tête, même ; comment vous les aviez mis de côté, comment qu’ça s’bougeait pas, à l’Ordre… » Tu comptes les reproches sur les doigts de ta main, n’hésitant pas à en dénombrer plus que nécessaire. « Mais justement, moi, j’trouve ça un peu trop facile. C’est pour ça qu’j’voulais un peu ta version d’l’histoire ! » Une nouvelle fois, tu appuies ton torse poilu presque sur la table, dans un instant fugace de confidence, accrochant ton dernier oeil valide au regard sombre de King. « D’toi à moi, j’sais c’que ça fait de diriger, d’être toujours le premier qu’on pointe du doigt dès qu’y’a un pet de travers… Chez nous aussi, c’est toujours en train de lorgner l’herbe dans la prairie du voisin, hein… » Tu te redresses, marquant davantage de distance entre vous deux. « Sauf que chez nous, ça ose rarement s’tirer pour de bon, ah ! » Tu te tapotes l’arête du nez. « Z’ont encore trop peur que j’les r’nifle à la trace ! » Bien entendu, il n’était pas nécessaire de révéler à Kingsley les détails de vos querelles intestines ; chez les Greyback, on lavait son linge sale en famille… voire même, on le lavait pas du tout.

"Moi je me demande pourquoi est-ce que le chef d'une meute aussi imposante et dangereuse que la tienne s'allierait avec une bande de gamins désabusés comme eux. Besoin d'un faire-valoir, peut-être?" Tu avais écarquillé les yeux de plus en plus au fil de sa remarque, bombant inconsciemment le torse (évidemment), puis étais resté silencieux un court laps de temps, juste de quoi comprendre où il voulait en venir. C’est qu’il était distingué, King, alors on savait pas trop s’il complimentait par politesse, ou s’il se foutait de ta gueule mais genre, avec des phrases propres. Finalement, tu éclates de rire bruyamment. Tu tapes le bois de la table, comme si Kingsley était un ami de longue date dont tu te devais obligatoirement de rire à la blague. « Bah écoute, pour vous avoir vu miser tout votre avenir et vos espoirs sur un adolescent, on va dire que j’ai voulu tenter le coup, moi aussi ! » Comme quoi, il n’y avait pas tant de choses que ça qui vous séparaient, hein ? L’aventure Potter t’avait plus d’une fois arraché des soupirs décontenancés, pour ne pas dire que ça t’avait paru insensé que le Lord s’acharne sur un môme boutonneux… Et il en allait de même pour l’Ordre qui avait sacrifié tant de vies pour Potter… Et pour quel résultat !

Tu te demandes bien ce qui, de la NSFW ou du fiasco Potter, empêchait le plus Kingsley de dormir. « Mais, hé ! Faut leur donner une chance, à ces mômes ! Ça marche pas à tous les coups, hein, mais j’serais bien con d’cracher sur les gamins, avec tous les petits que j’ai ! » Ça, c’est pour le compliment sous-jacent du King ; t’allais pas cracher dans la soupe. Surtout s’il continuait de te faire une fleur, comme ça. "Je me demande aussi si il y a quoique ce soit que l'Ordre pourrait fournir à toi et ta meute pour vous éviter de crever de la gale ou que sais-je encore." Surpris, tu tends l’oreille, le regard fixe. Tu restes interdit quelques secondes, réfléchissant à son offre. C’est en grattant ta barbe crado que tu te dis de tenter le coup. « Bah justement, j’me demandais : il doit quand même te rester pas mal d’hybrides, dans tes rangs… Vous gérez comment, la marque, le recensement, et tout ça ? » Tu tournes le visage de côté, lui montrant le triangle brun qui se confondait allègrement avec tes poils crasseux. C’est qu’à force de te brûler, tu avais quasiment la moitié du visage figé de douleur… Et encore, toi, tu avais le cuir dur, mais tu pouvais pas en dire autant des autres. « Nan parce que la douleur rend tellement fou, que j’voudrais pas qu’mes loups vous pètent entre les doigts et sachent plus r’connaître qui c’est qu’ils doivent attaquer, tu vois ? »

« D’toi à moi, j’sais c’que ça fait de diriger, d’être toujours le premier qu’on pointe du doigt dès qu’y’a un pet de travers… Chez nous aussi, c’est toujours en train de lorgner l’herbe dans la prairie du voisin, hein… » Que Fenrir puisse penser pouvoir seulement comprendre la difficulté de la position de Kingsley est légèrement offensant mais Royal essaye (plutôt vainement) de ne pas (trop) s'en formaliser, gardant un visage placide malgré les élucubrations du loup-garou qui lui donnent envie de l'étrangler ou de lui arracher les yeux, au choix. Kingsley n'aime pas beaucoup penser à la NSFW. Il n'aime pas penser à ses échecs, encore moins quand ces derniers reviennent lui mordre le cul des années plus tard et laissent derrière eux un Lee à moitié en vie et un nombre incroyable de problèmes en tous genres. « Sauf que chez nous, ça ose rarement s’tirer pour de bon, ah ! Z’ont encore trop peur que j’les r’nifle à la trace ! » Kingsley renifle, un sourire crispé et sans chaleur venant fendre son visage. "Peut-être que je devrais prendre exemple sur toi." L'idée le ferait rire, si il était d'humeur à se fendre véritablement la poire.

Bien entendu, Greyback ne s'arrête pas là, parle de Harry, s'attire un regard las de Kingsley, fait grincer une ou deux fois la table de pique-nique qui menace de se briser sous leurs culs bien posés, bouge un peu trop et brasse l'air en agressant le nez de Kingsley de son fin fumet de sueur rance et de clébard mouillé. Au moins, il a la grâce d'avoir l'air surpris quand Kingsley lui demande, à tout hasard, si sa meute a besoin de quoique ce soit. « Bah justement, j’me demandais : il doit quand même te rester pas mal d’hybrides, dans tes rangs… Vous gérez comment, la marque, le recensement, et tout ça ? » Kingsley arque un sourcil. Il a du mal à réprimer une grimace en voyant la trace sur la joue de Fenrir - ça l'enlaidit et en plus, ça doit lui faire un mal de chien. Si les Greybacks n'ont véritablement pas trouvé de solution, ça doit être un peu tendu autour de la table du dîner le soir. Kingsley ignore leurs effectifs précis, mais imaginer une dizaine de loups en train de souffrir le martyr... il en frissonerait presque. « Nan parce que la douleur rend tellement fou, que j’voudrais pas qu’mes loups vous pètent entre les doigts et sachent plus r’connaître qui c’est qu’ils doivent attaquer, tu vois ? - Je vois," répond-t-il d'un ton diplomatique. "Malheureusement, nous n'avons toujours pas trouvé de solution permanente à ce problème, non. Nous y travaillons." Il parle avec une certaine confiance, et hausse les épaules d'un air nonchalant, se disant que l'idiot mal sapé ne creusera pas le sujet. "En revanche, on pourra peut-être vous fournir des potions anti-douleurs. Est-ce que ça aiderait?" offre-t-il à la place, pour faire passer la pillule.

Cette histoire de marque sur la gueule était un vrai casse-tête. Pour passer la nuit, vous n'aviez rien trouvé de mieux que de vous assommer avec des potions concoctées par votre medic local, Wyvern. Ayant fait ses armes dans l'élevage de dragons (avant de se faire radier du cercle pour expérimentations douteuses), elle parvenait à vous refiler de la came assez lourde pour endormir les plus récalcitrants. Mais le reste du temps, c'était pas joli à voir, ni à entendre non plus, puisque ça mettait tout le monde dans une humeur de chacal, et les jurons interminables fleurissaient dans votre langage.
"Malheureusement, nous n'avons toujours pas trouvé de solution permanente à ce problème, non. Nous y travaillons." Les coins de la bouche exagérément étirés vers le bas, tu hoches du chef, ménageant ton intérêt ; on dirait presque que tu es déçu, que tu t'attendais à ce que la résistance soit constituée d'une flopée de petits génies capables de ressusciter les morts... C'est pas ce à quoi tu t'attendais, puisque son coco, là, Wild, ou Aeneas, ou Shrimpy (désormais) avait plutôt montré un enthousiasme non feint en expliquant que, eux, à l'Ordre, ils avaient réussi à trouver un remède.

"En revanche, on pourra peut-être vous fournir des potions anti-douleurs. Est-ce que ça aiderait? - C'est toujours ça de pris, ouais... » Il ne te restait plus qu'à espérer que leurs potions à eux soient encore plus efficaces -et moins dégueulasses- que celles de Wyvern. C'est que le remède à la marque était un enjeu de première importance, pour tes loups, pour qu'ils acceptent de prendre part à la sauterie des Horror Games. Tu te doutais bien qu'ils ne se satisferaient pas de quelques remèdes de grand-mère ; mais d'un autre côté, ils se satisfaisaient rarement de quoi que ce soit que tu leur rapportais (à part le "dimanche abats" dont raffolait Miss Chiwa).

« T'as dit que c'était pas permanent, hein... Mais vous avez quand même quelque chose ? T'insistes un peu ; t'étais pas (si) con, tu épluchais chacun de ses mots intelligents, pour essayer d'en tirer le plus d'informations, ce qui rendait l'échange un poil plus fastidieux que ce à quoi les butors Greyback t'avaient habitué. Notre toubib, là, elle a mis la main sur un truc, aussi... avec des runes, j'crois, qu'elle fait ça... Tu plisses les yeux, feignant avoir du mal à mettre des mots sur ses obscures recherches, tout simplement parce qu'il n'y avait pas de recherches... Ou, du moins, pas dont tu avais connaissance ; Merlin seul sait ce qu'elle trafiquait dans la pénombre de sa caravane. « Le problème c'est qu'elle est aussi délicate qu'un magyar à pointes, du coup, pour les tests, y'a pas forcément beaucoup de volontaires... Toujours plus facile de saupoudrer un mensonge avec des vérités, aussi cocasses que terrifiantes. Tu te marres tout seul quelques secondes, avant de reprendre, essuyant un semblant de larmes au coin de ton oeil bleu presque transparent. 'Faudrait qu'ils collaborent, notre cerveau, avec les vôtres, histoire d'accélérer le mouvement... » Oh, tu étais naïf vis-à-vis de la réussite de ce mariage forcé entre les résistants et ta meute, mais tu te doutais bien que King allait te rire poliment au pif en refusant ton offre. Tu t'en serais même offusqué si l'offre en question était fondée sur des faits réels.

En fait, tu voulais juste bluffer et attendre de voir si ça allait prendre, juste pour deviner le désintérêt feint du leader de la résistance. Histoire de lui faire croire que vous n'étiez pas qu'une bande de butors dégénérés, et que si vous aviez réussi à survivre jusque là, ça n'était pas seulement parce que tu vendais le cul de tes petits à la première force démoniaque qui passe... Est-ce que tu complexais par rapport à Kingsley ? Ah, sans aucun doute, mais plutôt perdre Hoshi plutôt que de l'assumer !
Quant à la possibilité que ton petit mensonge mette votre unique docteur dans la mouise, c'était une autre histoire à laquelle tu ne pensais pas... Ou du moins, pas autrement que comme un moyen de pression pour qu'elle se remue un peu plus les miches, à ton retour.

Tu fais des ronds du bout de l'index, le coude sur la table. « Mais du coup, tout à l'heure, quand t'as dit que moi, j'devrais venir avec toi, c'est pour quoi ? Un genre de mission spéciale ? » Tu fais un peu la grimace, sous ton sourire ; ça puait un peu qu'il te sépare de tes loups (même si tu allais pouvoir en garder quelques-uns avec toi), et puis, pour être honnête, tu n'étais pas un habitué des plans compliqués ; les tiens étaient généralement soit super simples, soit super foireux (quand c'était pas les deux en même temps). « Ou t'as juste les miquettes et tu préfères me garder sous le coude, hé ? »

« T'as dit que c'était pas permanent, hein... Mais vous avez quand même quelque chose ? » Mais c'est qu'en plus la bête insiste. Kingsley retient à grand mal un léger soupir de frustration et d'agacement, et se contente de garder un air impénétrable et impassible, un masque de calme qui se craquèle souvent au contact des autres résistants de l'Ordre (surtout quand ils font un mètre cinquante et se surnomment Alvarez) mais qu'il ne peut pas se permettre de fissurer face à Fenrir Greyback. Ce serait beaucoup trop dangereux. « Notre toubib, là, elle a mis la main sur un truc, aussi... avec des runes, j'crois, qu'elle fait ça... » Kingsley garde (difficilement) sa patience et hoche la tête comme si il était intéressé de près ou de loin par ce que le loup-garou avait à lui dire. "Intéressant. - Le problème c'est qu'elle est aussi délicate qu'un magyar à pointes, du coup, pour les tests, y'a pas forcément beaucoup de volontaires... 'Faudrait qu'ils collaborent, notre cerveau, avec les vôtres, histoire d'accélérer le mouvement... » Un sourcil qui se arque, l'autre qui n'a pas l'air de trop savoir quoi faire sur son front. "C'est une idée." Bonne ou mauvaise, difficile à dire - il est bien trop diplomate pour lui poser le non tout de go, mais ses lèvres pincées parlent pour lui.

Pour qui ce terroriste se prend-t-il? Kingsley se force à ne pas s'énerver, à ne pas lui cracher au visage que des ordures comme lui méritent pire que ce pourraient lui réserver Voldemort et ses sbires - il n'a qu'une envie, passer une grosse menotte autour du poignet grassouillet de Fenrir et l'abandonner dans un trou sans fond, pas de visiteur, pas de meute, plus rien. Il l'offrirait même en pâture à Remus, tiens.

Mais Carmen connait l'existence du gamin. Elle sait qu'ils se sont rencontrés. Et elle lui en voudrait si jamais il mettait la vie d'Aeneas en péril - Merlin sait que Kingsley en a envie, pourtant. Qu'est-ce qu'un blanc-bec quand il pourrait mettre les fers à Fenrir?

Pas maintenant. Plus tard.

Réalisant que le lycanthrope attend une élaboration, Kingsley soupire entre ses dents et reprend: "Peut-être que nous pourrions envisager une... collaboration dans le futur. Après cette petite mission- cette escapade, comme tu l'as appelée." Kingsley espère bien décimer la meute Greyback lorsqu'ils seront à Gracefield, ça lui retirait plus d'une épine du pied. « Mais du coup, tout à l'heure, quand t'as dit que moi, j'devrais venir avec toi, c'est pour quoi ? Un genre de mission spéciale ? Ou t'as juste les miquettes et tu préfères me garder sous le coude, hé ? » Kingsley tente un sourire, qui ressemble à ce stade plus à une grimace, et montre même quelques dents étrangement blanches et droites au loup. "Quelque chose comme ça. Je ne suis pas né de la dernière pluie, Fenrir." Plutôt rêver que de laisser le chef de la meute avec tous les résistants. Un sourire sans joie ni charme vient jouer sur les lèvres de Royal, qui se redresse lentement puis se relève avec un léger grognement. Sa jambe raide lui fait un mal de chien aujourd'hui, généralement un signe de mauvais augure: sa vieille blessure se rappelle particulièrement à lui lorsqu'un orage est sur le point d'éclater. Kingsley a l'impression d'en avoir l'une des infinies raisons sous les yeux.

"Nous pourrons voir les détails plus tard." Il fait un geste désinvolte de la main, comme si il n'était pas en train de comploter les détails vicieux de son plan destructeur dans le dos du reste de l'Ordre. "Mais t'en fais pas, je te protégerai des grands méchants si c'est ça qui te fait peur." Cette fois, son sourire a l'air véritablement amusé, même si il n'atteint pas tout à fait ses yeux.