TW TRAUMA, ANGER ISSUES, HARSH LANGUAGE, DEATH MENTION

Ca fait à peine une semaine qu'elle est là, Lottie. Et pourtant, elle a l'impression que ça fait dix ans. Tous les jours se ressemblent ici, elle a l'impression que c'est une mauvaise blague ; une espèce de faille spatio-temporelle dans laquelle ils sont bêtement coincés.
On lui a expliqué comment les choses se passent, ici. You wait for the bell, and hope not to die. Y a pas plus clair, comme explication ; tu fais ton job, tu t'occupes, t'essayes de pas crever bêtement entre-temps aussi. Et t'attends. Encore, encore, et encore. Sans savoir quand la battue va tomber ; sans savoir si tu pourras encore dormir le soir même.

Elle se méfie de tout le monde, Lottie. Elle reste dans son coin. Parce qu'en dix-huit ans d'existence minable, si y a bien une chose qu'elle a retenue, it's that adults cannot be trusted. La gamine rase les murs, observe comme elle peut les autres prisonniers (parce ça aussi, c'est une autre chose qu'elle a compris en étant balancée ici ; elle est prisonnière et risque pas de pouvoir sortir de sitôt) et essaye de comprendre ce qu'on attend d'elle.
Mais le truc, c'est que les jours sont incroyablement longs. Parfois, y a des disputes - des gens qui se battent, ou qui essayent de s'occuper (vainement). Mais la plupart des personnes ici ressemblent à des fantômes ; ils errent sans but sur les terres gorgées de sang de Gracefield.

Parfois, Lottie frissonne. Souvent. C'est juste des souvenirs qui la hantent, la sensation devenue fantôme des mains qui l'agrippent par les épaules alors qu'elle hurle et se débat ; la bouche qui s'ouvre pour pousser des hurlements rendus vides par les silencio, les cordes du incarcerem qui l'enserrent et l'étouffent, tordent sa peau comme celle du bétail. Et elle grogne. Elle pleure, aussi ; plaque ses mains couvertes de stigmates, anciennes et nouvelles, contre ses lèvres et laisse échapper des larmes muettes alors que les épaules maigres et striées elles-aussi des cicatrices se lèvent et se baissent à un rythme effrenné.


On lui a parlé des coups de cloche, Lottie ; mais on a beau l'avoir mise en carte contre elles, elle a préféré prendre ça comme une blague. Quelque chose qu'on fait croire au nouveau pour leur foutre la frousse de leur vie (parce qu'elle arrive pas à se dire que ce qu'on lui a raconté est vrai ; ils iraient pas jusqu'à faire ça, pas vrai ?).
Et pourtant. Tout le monde se met à courir à peine les premiers coups passés ; ça la bouscule et puis, plus personne. Silence de mort. "What. The. Fuck." elle souffle, alors qu'elle court, elle aussi ; essaye de trouver une cachette, parce que c'est ce qu'on lui a dit de faire. Run and hide, don't look back, don't act stupid.

Elle est en colère, Lottie ; elle se planque derrière un arbre, agrippe une pierre avec un peu de désespoir et sursaute quand elle se rend compte qu'une boule de cristal flotte autour d'elle. "The fuck's that ?" Et elle tente de la chasser vainement, lance une pierre vers la boule de cristal qui l'évite miraculeusement ; ça, on a oublié de lui dire.

Est-ce qu'elle est filmée, là, maintenant ?

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Quand il était arrivé à Gracefield, on leur avait fait comprendre que les gens ne duraient pas très longtemps, ici, qu’il était rare de survivre plus de quelques mois. La vie à Gracefield était rude, les battues l’étaient encore plus dans leur violence et leur surprise. Et pourtant il était toujours là, plus de trois ans après, et son père aussi. Ils étaient différents, certes, très différents sans doute. C’était le genre d’endroit qui changeait une personne, sans parler de son statut de loup garou, marqué pour toujours de cette différence qui faisait de lui un paria pour les autres sorciers.

Il y avait des choses plus importantes pourtant, des choses qui comptaient davantage que son propre confort, que sa petite vie insignifiante. Il y avait la meute, Javier, Jun Lee et tous les autres qui étaient comme lui, qui avaient formé sa nouvelle famille et qui l’avaient accueilli plus ou moins bien. Et il y avait la Résistance, surtout. Cette résistance qu’ils avaient créée et organisée seuls et contre tous et ils faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour protéger les autres, ceux qui étaient plus faibles, qui n’avaient pas leur force et leur résilience surhumaine ou les connaissances des hommes comme son père. Et il y en avait plein des comme ça, ceux qui arrivaient perdus, déboussolés, désespérés. Ceux-là même qui ne vivaient pas longtemps.

Ce jour-là, la cloche avait sonné sans que l’on s’y attende, comme toujours. Simon y était habitué, maintenant, il avait cessé de compter le nombre de battues auxquelles il avait survécu, mais il y avait toujours cette pointe de surprise, cette pointe d’angoisse lorsque le son se faisait entendre, son coeur qui s'emballait l’espace d’un instant avant que l’homme ne laisse la place au combattant, que les mécanismes de son esprit se mettent en route pour ne penser qu’à une chose, survivre et protéger les autres. Son corps se mit en route sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, alors que l’effusion des gens prenait place autour de lui, que tout le monde cherchait un endroit dans lequel se réfugier, alors que les premières boules de cristal arrivaient pour filmer leur calvaire.

Au loin, il put apercevoir une silhouette, immobile un temps avant de bouger elle aussi. Simon l’avait déjà vue, de loin, il savait qu’elle était nouvelle, et clairement pas habituée à ce qui était en train de se dérouler. Simon l’observa un instant depuis sa position, terré aux côtés de son père, prêt à partir et à se battre. Il hésita un peu, avant de prendre sa décision lorsqu’il vit qu’elle jetait une pierre sur la boule de cristal qui la suivait. “Fuck,” il murmura, elle allait se faire tuer en moins de deux.

Il se dirigea vers elle rapidement, passant derrière l’arbre derrière lequel elle se trouvait pour l’attraper par le bras et la tirer vers les bois avec lui d’un geste brusque. Il n’aimait pas faire ça, Simon, mais ils n’avaient pas le temps pour ce genre de considérations. “If you want to stay alive, you don’t stay in the fucking open areas,” il lui marmonna sèchement, c’était la première règle, trouver les recoins là où tout était trop petit, là où les indices de leur position ne pouvaient pas passer convenablement.

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Lottie perd pieds avec la réalité. Tout ce qu'elle ressent, c'est la panique qui monte, la colère aussi à la vue de cette putain de boule de cristal qui veut pas lui lâcher les basques. It's happenning pense-t-elle avec désespoir. Sa première battue. Celle contre laquelle on l'a mise en garde, parce qu'une gamine comme elle survivra sûrement pas. Today is the day you die souffle une voix dans sa tête, qu'elle s'efforce de faire taire. Shut up, SHUT UP !-
Elle entend pas la personne arriver derrière elle, trop prise dans ses pensées et sa panique. Tout ce qu'elle sent, Lottie, ce sont les doigts qui se referment autour de son bras et la tirent vers les bois. Et elle se débat, la môme. S'agite comme un beau diable, avec quelques larmes qui commencent à lui picoter les yeux. Let me go, I don't want to die !  "Fuck off. Don't touch me." Elle siffle, sort les griffes, tente de tirer dans la direction opposée mais l'homme qui la tire à une poigne bien plus forte que la sienne.

Il parle, enfin. "If you want to stay alive, you don’t stay in the fucking open areas." Il marmonne, l'inconnu. Et elle a peur, Lottie. Elle l'écoute pas, tout devient rouge. Let go off me - LET GO hurlent les voix dans sa tête alors que la panique s'insinue un peu plus, que tout se mélange. Pourquoi est-ce qu'on la tire tout le temps comme si elle n'avait pas sa propre volonté ? Pourquoi tout le monde se permet de la traîner comme une loque ? Elle enrage, perd toute lucidité.
Lottie est terrifiée. Et quand elle est terrifiée, elle attaque tout ce qui passe à sa portée. Elle tente d'enfoncer ses talons dans le sol, mais rien n'y fait ; elle continue d'avancer, suit l'homme contre son gré alors que la terreur sourde continue de s'insinuer dans ses veines. La peau pulse et hurle, le corps se bloque et l'esprit se voile ; don't touch me, don't touch me, don't TOUCH ME ! Elle voudrait hurler, mais la gorge se bloque et elle étouffe. That's it, I'm gonna die.

Il a raison, l'homme ; mais elle ne veut pas le voir. Tout ce qu'elle sent ce sont les doigts qui serrent son bras, qui la tirent, encore et encore. Et la colère, l'angoisse qui montent, noires, brûlantes. Who the fuck are you ? Les crocs sont sortis, prêts à mordre sans retenue aucune. "I said let go." fait-elle un peu plus fort, en se défaisant brutalement de l'étreinte d'un coup d'épaule si violent qu'elle chancèle et manque de tomber. Minuscule face à la montagne en face d'elle, les yeux de la gamine lancent des éclairs, minable lapin face au loup. "I don't need your help, Indiana Jones." Elle crache, pitoyable et tremblante, l'index tâché de terre pointé dans la direction de l'inconnu. "Get the fuck away." Les yeux brillent d'une lueur férale. Why would I even trust you ?

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Simon détestait faire cela, il détestait tout ce qui touchait à cette situation. Il n’aimait la détresse qu’il pouvait apercevoir au sein de la jeune fille et il n’aimait certainement pas en être une des causes. Évidemment, la sonnerie des battues était sans doute déjà assez pour traumatiser qui que ce soit, mais il ne faisait aucun doute que se faire agripper par un inconnu ne devait pas aider, loin de là. Simon savait qu’il faisait ça pour son bien, mais il savait aussi que dans ce genre de situations, lorsque la panique était au plus haut, il était difficile de rationaliser et de voir les choses ainsi. Elle n’avait pas l’air de le voir ainsi, en tout cas. Ca n’avait pas d’importance, ce qu’elle voulait, à cet instant précis. Elle devait sûrement vouloir rester en vie, et Simon devait l’aider pour cela.

Il essaya de la tirer avec lui, malgré la résistance de la jeune, jusqu’à ce qu’ils arrivent dans un endroit assez enfoncé dans les bois pour qu’ils y soient en sécurité, au moins pour un moment. Ca ne durait jamais longtemps à Gracefield. Mais elle n’avait pas l’air d’accord avec son plan. “I said let go” elle lui dit avant de se dégager et de presque tomber en même temps. Simon lui lança un regard presque blasé. Si elle n’était pas capable de tenir debout, elle n’allait pas survivre plus de dix secondes. “I don't need your help, Indiana Jones.” - “What? That’s,” il commença avant d’être interrompu par sa voix à nouveau. “Get the fuck away.” Il lui attrapa à nouveau le bras en réponse, la tira cette fois jusqu’à l’orée des bois, où ils étaient déjà un peu moins exposés que face à la montagne. “Look kid, we don’t have time for chit chat, if you want to die, then be my guest, go right ahead,” il lui lâcha en montrant d’une main la direction de laquelle ils étaient venus. “But, if you want to stay alive, you can thank me later. My name’s Simon, I’ve been here a while, I don’t think I’ve seen you before so my guess is you’re new and you don’t know what’s going on.” Il lui dit rapidement, ils n’avaient pas vraiment de temps à perdre. “I’m sure you’ve heard things about what happens here. The reality is that we’re at the bottom of the food chain and you have to stick with people, you can just wait and see, you can’t fend for yourself, it doesn’t work like that. You either accept the help we offer you or you die. So, what do you want?”

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Il est gigantesque, ou peut-être qu'elle a l'impression qu'il la surplombe parce qu'elle est terrifiée. Le doigt tremblant de colère (et de peur, soyons honnêtes) point toujours le brun mais la lueur acide dans l'oeil de la rouquine semble pas l'arrêter. Faut croire qu'il a vu bien pire que la rage d'une gamine d'un mètre cinquante - rien qui soit ingérable pour un gaillard de son gabarit.
Pas de réponse. Il la fixe, l'attrape une seconde fois et la tire sans prendre compte de ce qu'elle vient de dire. "I told you to-" La course effrénée la coupe dans ses paroles venimeuses. Les oreilles sifflent, encore. La terreur et la colère s'insinuent comme des serpents, sifflent à ses oreilles écarlates, sur le point d'exploser. Il la tire jusqu'à l'orée des bois, elle s'agite encore sous sa poigne - les doigts contre son poignet la brûlent presque (ou peut-être que ce sont les souvenirs, elle sait pas). La peau pulse avec agressivité, comme pour repousser ce contact qui lui retourne l'estomac.

Combien de mètres ont-ils courru ? Elle ne sait pas, mais elle peine à reprendre son souffle. Ses yeux ne perdent pas de leur mordant ; et, alors qu'elle tente de ne pas hyperventiler, elle le fusille. "Look kid, we don’t have time for chit chat, if you want to die, then be my guest, go right ahead. - I don't give a shit ! Fuck you ! Let me fucking go before fucking I bite your fucking fingers off !" Enragée, à deux doigts d'écumer de la bave ; Lottie perd toute rationalité (et pieds, par la même occasion). C'est tout le temps comme ça. Tant de colère dans un si petit corps, on s'y noie forcément. Il la lâche, lui montre de la main l'endroit d'où ils viennent ; mais elle prend même pas la peine de tourner la tête, continue de darder un regard assassin sur l'inconnu (ça donne l'impression qu'elle est train de chercher l'endroit le plus propice où le mordre pour le saigner sur place). C'est à peine si elle l'écoute.  "But, if you want to stay alive, you can thank me later. My name’s Simon, I’ve been here a while, I don’t think I’ve seen you before so my guess is you’re new and you don’t know what’s going on. - No shit Sherlock !" Lottie a dû écouter la moitié à peine de ce qu'il a dit, trop focalisée sur le sifflement strident dans ses oreilles, signe que l'orage arrive.

It grows, and it grows, and it grows.
Eats me up, leaves nothing but bones and anger.

Si Ocean avait été là, elle lui aurait sûrement dit de respirer, de compter jusqu'à dix, de ne pas se laisser avoir par la colère. Mais Ocean n'est pas là. "I’m sure you’ve heard things about what happens here. The reality is that we’re at the bottom of the food chain and you have to stick with people, you can just wait and see, you can’t fend for yourself, it doesn’t work like that. You either accept the help we offer you or you die. So, what do you want ? - I want you to leave me alone !" L'exclamation se perd dans l'air, résonne en chœur avec le croassement d'un corbeau. Les sourcils se froncent - elle recule d'un pas, prête à prendre ses jambes à son cou. Il est qui, lui d'abord, pour sortir de nulle part et lui dire quoi faire ? Pourquoi est-ce qu'elle devrait lui faire confiance ? C'est un putain d'adulte !
I know better than that, grown ups cannot be trusted. Elle l'a appris à la dure (ou plutôt, elle se conforte dans cette idée ; mais elle n'a pas le recul suffisant sur la situation pour s'en rendre compte). Alors, ce Simon peut se donner aussi bonne allure qu'il veut, lui lancer toutes les explications qu'il voudra, ça changera rien. "All you adults do is talk and profit from kids." qu'elle marmonne dans sa barge, hargneuse. Un pas dans sa direction. Elle serre les dents si fort qu'elles grincent presque. "You're gonna drag me into your fucking "team work" and then what ? Use me as a bait to escape some deathly spells ?" Puis tout explose. L'angoisse, la peur, la rage, le désespoir. I want to go home - but I don't have one. "WELL FUCK YOU SIMON ! FUCK EVERY SINGLE ONE OF YOU !" I'm so fucking done ! Où qu'elle aille, c'est toujours un cercle de plus profond aux Enfers. Jamais une leur d'espoir. Juste des malheurs, et des malheurs. Merde sur merde. Mais y a qu'une chose qui change pas ; la seule personne en qui elle peut avoir confiance, c'est elle.

Les petits poings tremblent alors qu'elle le toise. Pour être honnête, Lottie n'a que de la gueule et se cache derrière sa colère. Fake it 'til you make it, qu'ils disent. Si Simon décidait de lui en décoller une, ici et maintenant, et de continuer à la tirer, pas sûr qu'elle puisse faire grand chose. Mais les hurlements intérieurs la guident plus que son esprit ; masquent le peu de lucidité qu'elle a, cette lucidité qui tente de lui faire comprendre que gueuler dans cette situation n'est pas la meilleure des choses à faire. Lottie ne réfléchit pas quand elle est en colère, et c'est pour ça que ça lui attire constamment des problèmes. Un sortilège fuse soudainement sous leurs yeux, elle fait un bond en arrière. En parlant de problèmes .. "I heard voices, there must be some preys around." Preys ? Son sang gèle dans ses veines, alors qu'elle tourne la tête dans la direction de la forêt et comprend enfin le genre de situation dans laquelle se trouve.

You're no human anymore, Lottie.

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“I want you to leave me alone !” La voix de la jeune fille sembla résonner davantage dans le silence environnant. Simon savait qu’ils étaient dans une situation plus que délicate, et que les cris de la rousse ne faisait que les enfoncer plus profondément dans le merdier dans lequel ils étaient déjà. “I can’t leave you alone,” il lui répondit simplement, parce que Simon avait appris qu’on ne laissait pas les gens seuls, encore moins ceux qui avaient l’air si vulnérables. Ce serait signer son arrêt de mort, et Simon ne voulait pas avoir ça sur sa conscience. Pour autant, plus les minutes passaient, plus il avait la désagréable impression que cette session de pourparlers allait signer leur arrêt de mort à tous les deux.

“All you adults do is talk and profit from kids” elle marmonna d’un coup et Simon ne put lui répondre que d’un “what?” surpris, il ne s’était pas attendu à cela et était toujours surpris lorsqu’on le traitait aussi ostentatoirement d’adulte. “You're gonna drag me into your fucking "team work" and then what ? Use me as a bait to escape some deathly spells ?” - “What? No one’s gonna” - “WELL FUCK YOU SIMON ! FUCK EVERY SINGLE ONE OF YOU !” Alors que sa voix explosait soudain, Simon se sentit de plus en plus désemparé. Il ne savait pas ce qui avait pu lui arriver pour qu’elle soit si méfiante, si haineuse, et il n’était pas certain de vouloir tout savoir. La seule chose qui était certaine, à présent, était qu’ils devaient bouger de là, vite. Simon pouvait entendre les bruits de pas, l’agitation des sorciers venus exercer leur prétendue supériorité qui s’approchait de plus en plus. Ils n’avaient plus beaucoup de temps.

Ses craintes furent confirmées rapidement, lorsque la lumière vive et dangereuse d’un sortilège fusa devant eux. Il put voir la jeune fille reculer d’un pas et bien vite, il put entendre une voix s’élever autour d’eux. Fuck.

Ils n’avaient plus le temps pour parler, ou pour réfléchir. Simon s’approcha d’elle d’un bon et la tira à nouveau avec lui, essayant d’ignorer ce qui l’entourait jusqu’à ce qu’ils puissent se mettre en semi-sécurité. Il y avait un renfoncement dans la roche, près de là où ils étaient, une cachette de fortune camouflée par des branches que les sorciers n’avaient pas encore découverte. Ils s’y enfoncèrent rapidement, le petit espace les rapprochant inconfortablement. “Look, there are no kids and adults here,” il lui murmura presque furieusement, “only hunters and prey. You’re prey, I’m prey, you’re not a kid anymore, you’re a fucking toy, for them,” il ajouta en pointant du doigt la forêt qui se dessinait derrière les branches. “If you don’t want to die right here right now you better shut the fuck up, if you do than feel free to walk right out and see what happens.”

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"I can’t leave you alone." Si la réponse la surprend, la colère et la panique noient bien vite toute trace de lucidité. Lottie ne parvient pas à concevoir que quelqu'un, an adult, puisse vouloir l'aider. Why would he ? Elle n'est qu'une gamine, sans rien à apporter. Lottie a bien compris avec les années que les personnes ne s'intéressent aux autres que lorsqu'ils ont quelque chose à y gagner - et elle se persuade que les choses ne vont pas changer ici, sur cette île, où les prisonniers sont forcés de survivre avec leurs maigres moyens.
C'est plus facile de penser ainsi. La gamine compte survivre, et elle ne compte pas faire d'erreur stupide comme accorder sa confiance au premier sorcier venu qui essaye de l'amadouer avec des belles paroles. Parce qu'elle y a déjà cru, aux mensonges des adultes ; et ça ne s'est jamais bien fini pour elle. Pourquoi les choses seraient-elles différentes ici ? Ne s'attendre à rien, c'est la meilleure façon de ne pas être déçue.

Des deux, Simon agit plus rapidement quand le sortilège fuse et que les voix se font entendre. Il fond sur elle, l'attrape et la tire plus loin jusque derrière des roches. Elle manque de se crever un œil avec une des branches, dans l'urgence. Les mains, tremblantes, se plaquent contre la roche froide alors que les voix des sorciers leurs parivennent de là où ils sont. "Look, there are no kids and adults here, only hunters and prey. You’re prey, I’m prey, you’re not a kid anymore, you’re a fucking toy, for them." Les murmures de Simon lui transpercent presque les tympans. "Okay, I get it. Get off me jeez." qu'elle murmure sur le même ton, secouant légèrement l'épaule - c'est que l'espace est petit, et qu'elle se sent complètement acculée. Mais elle n'a pas envie de mourir, alors, elle fait avec. "If you don’t want to die right here right now you better shut the fuck up, if you do than feel free to walk right out and see what happens.." La mioche se passe une main sur le visage et se retourne pour lui faire face. "I said I got it goddammit." La scène serait presque drôle, dans un autre contexte. Un gaillard qui se dispute avec une gamine sans pouvoir hausser le ton. "I don't wanna fucking die here." qu'elle fait d'un ton amer. I've made a promise. "I won't yell anymore. Sorry." Clairement, ça lui arrache les lèvres, on va pas se mentir. Les excuses sont marmonnées du bout des lèvres, mais faut croire qu'elle les lui doit bien - c'est la deuxième fois qu'il lui sauve la mise. Et Lottie a beau être une sale môme, elle a un minimum de principe (quand elle n'est pas trop embrumée par la colère, et toutes ces choses qui lui font perdre rapidement pied dans la réalité).
Elle s'autorise une seconde pour souffler. Juste une seconde. "The fuck is this place ..." qu'elle marmonne dans sa barbe en jetant un oeil vers les traqueurs ; elle n'a pas vraiment envie de passer sous leurs sorts. Un frisson traverse sa colonne vertébrale à l'idée même qu'aujourd'hui puisse être son dernier jour sur terre ; et la colère revient juste après. I'm not gonna die. Pas sans avoir dit au revoir à Ocean. Elle peut pas la laisser toute seule. Pas comme ça. La môme pousse un soupir avant de poser un regard sur Simon ; maintenant que son esprit est un peu plus clair, elle parvient à détailler son visage avec plus d'attention. Et elle relève enfin la marque sur son visage. A werewolf. Son coeur se serre un peu dans sa poitrine - c'est qu'à la Damocles, on n'a fait que leur retourner le cerveau et leur répéter encore et encore à quel point ils étaient dangereux. Mais cela fait bien longtemps que Lottie a arrêté de croire ce qu'on lui a inculqué. "I'm Lottie." fait-elle du bout des lèvres sans le regarder, les sourcils légèrement froncés. Elle serre un peut plus les poings, haineuse, enragée. "How do we .. don't .. die ?" Est-ce qu'il a un plan ? Ou est-ce qu'ils vont devoir courir, et espérer ne pas être découverts ? I don't wanna die.

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Son cœur battait plus vite qu’il ne l’aurait souhaité. Simon s’était toujours considéré comme quelqu’un de calme, et comme quelqu’un qui savait garder son calme. C’était sans doute pour ça qu’il était toujours en vie, d’ailleurs. Pourtant à cet instant, son cœur s’était emballé, sous le stress des battues à venir, et son impuissance face à cette gamine. “I said I got it goddammit,” elle lui dit finalement, et Simon lâcha un soupir de soulagement. Il avait fait face à des personnes récalcitrantes, depuis son arrivée à Gracefield, certains ne voulaient pas croire ce qu’il se passait, étaient dans un déni complet, d'autres préféraient faire face à tout cela seuls, comme Rena l’avait fait. Mais elle n’était qu’une enfant, comme elle l’avait dit, et Simon ne pouvait pas imaginer la laisser seule, ce serait signer son arrêt de mort, et ça n’était pas quelque chose qu’il était prêt à faire.

“I don't wanna fucking die here. I won't yell anymore. Sorry.” Elle ajouta alors que Simon essayait de calmer sa respiration. “Good,” il lui répondit simplement, il n’avait ni la capacité ni l’envie de s’étaler après tout ce qu’il avait déjà dû lui dire. Il s’appuya légèrement contre la roche, la fraîcheur de celle-ci le ramenant quelque peu à la réalité alors que les voix qu’ils avaient entendu semblaient s’éloigner.

“I'm Lottie,” elle lui dit après un moment de silence. “How do we .. don't .. die ?” We’re not stupid, il pensa amèrement. C’était sa première battue, lui non plus n’avait pas su quoi faire, à l’époque. Il ne pouvait pas lui en vouloir, même si elle lui avait donné du fil à retordre pendant tout cela. “We hide, mostly,” il finit par lui répondre après quelques secondes. Lui, Javier et les autres de la résistance avaient une organisation plus poussée que cela, mais c’était sans doute ce qui serait le mieux pour Lottie, du moins. “You hide,” il précisa. “There’s a whole system that's set up, me and some other people. Everyone plays a part. Wolves protect you during the battues, it’s been working okay so far,” il ne s'étala pas sur  les pleines lunes et les quelques défaites qu’ils avaient pu avoir, ni sur les personnes qu’ils n’avaient pas pu sauver. Lottie n’avait sans doute pas besoin de tout savoir. “I know it sucks, but you kinda have to follow our lead. Most of us, well, we’ve been here a long time, we know how things work, we know what to do.” Il lui lança un autre regard qui se voulait compatissant. “How did you end up here?” il demanda après quelques instants de silence. Ils devraient sans doute bouger tôt ou tard, mais les choses semblaient plutôt calmes à nouveau.

Une éternité semble passer entre sa question et la réponse de Simon. La roche contre laquelle ils se plaquent est presque aussi gelée que son sang, que l'horreur de la situation semble engourdir un peu plus. This is a nightmare - nah who am I kidding. My life's always been like this ; some kind of sick joke. "We hide, mostly." Les doigts se tendent autour de la roche, et elle retient un petit ricanement - à quoi est-ce qu'elle s'attendait ? Une armée de prisonniers ? C'est pas comme s'ils avaient les moyens, ici. "And hope you don't get slaughtered ?" C'est plus fort qu'elle, le sarcasme coule entre ses lèvres aussi facilement qu'elle respire - c'est tellement plus simple que de faire face à la réalité de leur situation, vous comprenez.
Lottie a toujours autant envie de hurler - de creuser un trou et d'y rester, pour ne plus en sortir. I feel like that would be even safer than what he's telling me. "You hide. There’s a whole system that's set up, me and some other people. Everyone plays a part. Wolves protect you during the battues, it’s been working okay so far." Elle tourne légèrement la tête pour échanger un bref regard avec Simon, un peu plus calmée (toujours on edge cependant).

Wolves, he said. Si on lui avait dit qu'un jour elle dépendrait de la protection de lycanthropes, elle n'y aurait certainement pas cru - yet, look at her now : ready to accept it. "I know it sucks, but you kinda have to follow our lead. Most of us, well, we’ve been here a long time, we know how things work, we know what to do." La jeune fille tique. We've been here a long time - combien de temps exactement ? A entendre certains rescapés, c'est à croire que ça fait des années que cet endroit dure ; et si c'était réellement le cas ? "How long has this been going on? This place ?" Elle déglutit, fronce légèrement les sourcils et tourne la tête pour observer les alentours - l'atmosphère semble se calmer. Lottie n'entend rien, mais si Simon ne bouge pas, alors elle l'imitera (quelle surprise) - la née-moldue a plus confiance en son ouïe lupine que la sienne, pour le coup.
"How did you end up here?" La question qui fâche. How did someone that young ended up here ?, c'est ce qu'elle entend à la place. Il n'a pas vraiment tort, dans le fond - c'est vrai que la moyenne d'âge ici est plus haute que la sienne. Pour ne pas dire, carrément doublée. La môme se met à gratter nerveusement la roche du bout des ongles - se mordille la lèvre pendant un court instant. Ses souvenirs des évènement sont flous eux-aussi - tout est arrivé si vites, et les accusations se sont succédées sans qu'elle ne puisse rien faire. "They say I attacked a pureblood but I- that's not-" No, that's exactly what happened. Elle s'arrête, soupire. "I didn't mean it it just-- it just happened. I didn't control it. I can't-" Le ton se fait un peu plus amer. Elle lève les yeux vers Simon, hausse des épaules et grogne : "But it's not like it mattered to them." Ca se saurait si ses mots - leurs mots (elle jette un nouveau coup d'oeil au tatouage qui marque la joue du sorcier) - avaient un réel impact. Quoi qu'il arrive, ils resteront des boucs émissaires. La gamine hésite un court instant, avant de retourner la question au lycanthrope : "What about you, what did you do ?" Ils sont coincés là, autant faire la discussion - crocs et griffes sont rentrés aussi facilement qu'ils sont sortis.

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Lottie ne sait pas réellement combien de temps passe, combien de temps Simon et elle restent là à sonder les alentours et tuer le temps. Elle ne sait pas non plus combien de fois la mort les a frôlés, évitée grâce aux sens et à l'expérience du lycanthrope.
Ce qu'elle sait, c'est que quand la cloche sonne à nouveau signe que la partie de chasse vient de prendre fin, ils respirent toujours et peuvent retourner au village. And this is how I survived my first battue with the help of a stranger.