#1 Alena | Going through the motion

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Alex&Lena

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juin 2007, little italy. Alex soupçonne l'un des Lancaster Five d'avoir demander à Lena de venir le chercher pour l'aider mais, honnêtement, il est trop exténué pour se plaindre ou faire une remarque. Et s'il est honnête, il sait que sortir lui fera du bien. En fait, a peine sont-ils dans la voiture qu'Alex sent déjà la tension dans ses épaules se dissiper. Dès qu'ils démarrent, il baisse la fenêtre et laisse le vent lui souffler dans la figure, lui glisser entre les doigts.

Les derniers jours ont été compliqués entre ses visites à l'infirmerie de St James, ses entraînements avec Rubén, et la séance de rangement avec Don, le nouveau. Il a encore énormément de mal à dormir - encore plus depuis qu'il s'est retrouvé nez à nez avec cet épouvantard, les sorciers en blouses blanches le dévisageant comme s'il était un animal - mais il espère que changer de décor et s'occuper les mains l'aidera. Si ce qu'il a entendu au Théâtre est vrai, Lena doit aussi avoir envie de penser à autres choses. Il n'a pas fallut longtemps pour que des informations concernant la super importante réunion - qu'Alex a bien pris soin d'éviter - parviennent jusqu'à Stratford et, d'après la rumeur, ça a été... explosif. Alex était presque déçu d'avoir raté ça quand on lui a raconté comment un certain nombre de membres de l'Ordre et des Avengers avaient pris Kingsley à parti.

La planque de Little Italy ressemble à un décor de film. C'est toujours la première chose qui lui vient en tête quand il arrive devant ces carcasses d'hélicoptères et aujourd'hui n'est pas une exceptions. Il laisse s'échapper un faible sifflement d'admiration, avant de décrocher un sourire à Lena. "Je m'y ferais jamais, je crois," il lui avoue avant de s'aventurer un peu plus. Alex adore cette planque. Après le Théâtre, c'est le seul endroit au sein de l'Ordre où il se sent accepter. C'est tout le contraire de St James où il a l'impression que tout le monde l'observe comme si "CRACMOL" était gravé sur son front - Il lui semble que c'était dans les plans de Lancaster à un moment, de voir si un marquage permanent de tous les cracmols pouvait être possible, probablement une idée similaire aux tatouages des hybrides. Alex et les autres, eux, y avait vu une ressemblance avec les fameuses étoiles jaunes de la seconde guerre mondiale. Heureusement, ils étaient partis avant que le projet puisse se concrétiser.

"Alors ? C'est quoi le plan pour aujourd'hui ?" il demande innocemment quand ils arrivent dans l'atelier. Il se doute que Lena n'a pas forcément besoin de lui mais il joue le jeu, voulant éviter toute conversation malaisante.

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june 2007 - little italy, england - @alessandro kalani maxia

Little Italy – Le Théâtre, Le Théâtre – Little Italy ; c’est assez naturellement que, quand même le Tempest a semblé devenir trop étouffant, Elena s’est repliée au nord de Londres et a réduit ses déplacements à cette heure et demie de voiture, une ou deux fois par semaine, avec toujours au moins un aller en solitaire. Sa Ford Escort est équipée d’un autoradio flambant neuf (encore en travaux) – c’est sa fierté, son moment, d’autant plus qu’on lui a ramené deux CD (un d’Elvis Crespo, un d’El Gran Silencio) et que tout est bon comme excuse pour les poncer (surtout que les gars de Little Italy n’en peuvent plus, qu’ils disent). C’est évidemment la première chose qu’elle a montré à un Alex ayant à peine eu le temps de refermer sa portière, l’air sans doute un peu trop enthousiaste ; il est heureusement suffisamment poli pour ne pas avoir trop souligné les fils de couleurs qui dépassaient encore de l’appareil, ou ses goûts musicaux un poil monomaniaques. C’est un chic type donc, et pour ça Elena l’aime bien.

C’est Rubén qui a suggéré à demi-mots qu’elle vienne le chercher, à l’occasion, et puisque ça lui donnait une bonne occasion de bouger, elle ne s’est évidemment pas fait prier. Ils arrivent donc à la planque en début d’après-midi, en un de ces jours de la mi-juin où le temps est presque doux, suffisamment en tous cas pour rouler fenêtres ouvertes (c’est qu’il a fallu faire un choix entre l’autoradio et la clim, et que celui-ci a été vite fait). Les portes du premier hélicoptère sont déjà ouvertes, et ils s’y engouffrent sitôt la voiture déposée à la lisière des bois ; l’exclamation ravie de son camarade lui arrache un grand sourire. A l’entrée immédiate de la carlingue agrandie magiquement se trouvent plusieurs hamacs suspendus en hauteur de parts et d’autres – elle tape amicalement dans une paire de chaussures dépassant de l’un d’entre eux, saluant de la sorte un certain Finnigan. "Hé attends, t’as encore rien vu !"

Little Italy a gagné en chaleur ce qu’elle a perdu en organisation ; Elena attrape donc Alex par le bras pour l’entraîner un peu plus loin, derrière encore une sorte d’espace salon avec un vieux canapé et un babyfoot rouillé juste ce qu’il faut. Elle se plante finalement devant une pile d’objets disparates plus haute que les autres, fière comme un paon en brandissant ce qui semble vaguement s’apparenter à un rétroviseur. "On va avoir…..... une mo-to !!" Evidemment là ça ne paraît pas évident, donc pour preuve elle entreprend de dilapider (bruyamment) le tas jusqu’à tomber sur une selle de solex, présentée tout aussi joyeusement. "Bon évidemment il y a un peu de boulot, mais…" (Elle engage la reconstitution de l’assemblage, toujours aussi bruyamment – une voix dans un hamac l’interpelle et elle siffle entre ses dents qu’il y a d’autres endroits où se reposer, Tod). Pas démontée pour un sou (c’est elle la patronne ici right), elle pousse gentiment Alex par les épaules quand il demande le programme, l’entraînant cette fois-ci vers la partie plus proprement atelier de la planque (construite tout en longueur, même si Léna a déjà exprimé son souhait de profiter de la hauteur sous plafond pour aménager un étage).

La partie ateliers n’est pas aussi fournie qu’elle le souhaiterait : trois vrais établis, trois autres tables de récup, un amoncellement d’objets plus ou moins directement destinés au bricolage, un vieux frigo avec des rafraîchissements pas toujours très frais. C’est plus que la plupart des autres planques, bien plus que ce que Kingsley daignerait leur octroyer (les sorciers ne saisissent toujours pas vraiment la possibilité de fabriquer des trucs sans baguette) – mais quand même, Elena aimerait avoir plus, ne serait-ce que pour les cracmols de passage.

Le programme, le programme… C’est qu’elle n’a pas souvent grand-chose de prévu Léna, à part peut-être casser des trucs quand elle est énervée (donc beaucoup en ce moment) ou se casser la tête sur des trucs dans une phase névrotique – elle balaye donc l’atelier du regard, gagne du temps en tirant deux boissons énergisantes du frigo (surplombé d’une jolie pancarte « pas d’alcool quand on bricole »), et en tend une à Alex (sans franchement lui demander son avis). Illumination.
"Hmm, j’imagine que tu as entendu parler de la famosa réunion ? On a un max de trucs à fabriquer et…" Sale manie de taper sur tout ce qu’elle désigne ; le coup s’est cette fois-ci dirigé vers une sorte de poubelle en fer forgé d’apparence plutôt ordinaire. "Ça par exemple. C’est censé servir de distraction mais Cyber dit que ça pue l’arnaque magique à mille à la ronde." (La bricoleuse contrariée retourne un peu brutalement son œuvre, histoire de vérifier un dernier détail.) "Bon, il dit peut-être ça pour m’emmerder, je sais pas ce que t’en penses mais…" Elle s’arrête l’espace d’un instant, vérifiant la réaction de son interlocuteur, et laisse retomber la poubelle sur sa table d’opération (elle est peut-être un peu trop légère avec le recul, ne supporterait pas bien la prise au vent). Comme la plupart des gens qu’Elena a croisé ces dernières semaines, Alessandro a les traits tirés, la mine un peu défaite par les galères – elle ne peut pas faire comme si on ne l’avait pas prévenu et soupire un peu. "Franchement, tu sais quoi, il y a aussi pleins de trucs à casser pour les faire fondre après." (Elle ouvre sa canette et désigne une énième pile du menton). "On peut même en prendre qui feront suffisamment de bruit pour pas avoir besoin de parler. Ou alors au contraire on prend des plus petits trucs, on les pète et on parle, les émissions de nounous moldues disent que ça règle tous les problèmes du monde donc…"

Elena se laisse tomber sur une chaise de bar qui tourne (mal), lève sa taurine en direction d’Alex comme pour trinquer de loin, hausse un peu les épaules. "Dis-moi tout chico !" Et ça vaut pour le programme du jour, l’état de santé de Lukas, la pluie et le beau temps, l’avenir de l’Ordre ; pote maladroite, un peu brutasse, mais bien intentionnée (et elle-même à deux doigts du breakdown à tout instant, so).

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Alex et les Lancaster Five ne peuvent bien sûr pas raconter exactement ce qu'il leur est arrivé au manoir. Bien sûr, ils ont pu raconter dans les grandes lignes, de façon très implicites, ce qu'il s'y passait mais pour certains membres de l'Ordre qui croise seulement leur chemin une ou deux fois par an, cette histoire reste très flou voir un réel mystère. Pour ces gens là, ils ne sont que des cracmols en fuite, faible, sans défense, qui ont besoin que les grands puissants sorciers sauvent leurs vies. Leo et Nico rêvent de les frapper.

Si ce n'était que ça, Alex pourrait le supporter. Dans l'échelle de la compréhension au sein du groupe, il n'est devancé que par Angèle - experte dans l'art d'être conciliante. Malheureusement, ça ne s'arrête pas là. Ces même gens, parce qu'ils ne savent rien de leur histoire, sont les premiers à avoir des remarques déplacées qui ont tendance à trop souvent passés inaperçues.

Heureusement pour Alex, les sorciers ne sont pas tous comme ça. Il l'avait déjà découvert avec Lukas, mais avec le temps, en rejoignant l'Ordre, il a pu en rencontrer d'autres, des sorciers pas comme les autres, Lena tout en haut de la liste.

"Hé attends, t’as encore rien vu !" elle lui signale alors qu'ils s'enfoncent dans l'hélicoptère agrandit magiquement. Alex a beau avoir un relation conflictuelle avec la magie, il ne peut pas nier que certains sorts ont vraiment une utilité.

Lena attrape le bras d'Alex et le tire vers une pile d'objet en vrac et brandit fièrement ce que Alex reconnait être un rétroviseur. "On va avoir…..... une mo-to !!"

Les yeux d'Alex s'écarquillent alors qu'il prend délicatement l'objet dans sa main, le regardant sous toutes ses coutures. Sans papiers digne de ce nom, Alex ne pouvait pas passer son permis une fois à Galway. Cela ne l'a pas empêcher d'apprendre à conduire sur la moto que Lukas a récupéré seulement quelques jours après leur arrivée - les Lancaster Five ne lui ont jamais demandé comment il avait fait même si la réponse était assez évidente. "Non ! C'est génial !" il dit avec le sourire d'un gamin le matin de noël. "Bon évidemment il y a un peu de boulot, mais…" Lena précise, comme si la selle et le rétroviseur ne parlaient pas d'eux même. "Tu m'étonnes... C'est limite encore plus cool, en fait," Alex répond, pas moins emballé par l'idée. Si quelqu'un peut le faire, c'est bien Lena.

Après la moto, Lena recommence à balader Alex, le poussant par les épaules pour l'emmener là où elle veut. Ils se retrouvent dans la vraie partie atelier de la planque, le royaume de Lena, là où tout semble possible. Elle lui tend une cannette qu'il accepte et ouvre immédiatement.

"Hmm, j’imagine que tu as entendu parler de la famosa réunion ?" Alex acquiesce seulement, ne souhaitant pas l'interrompre. S'il a bien comprit les rumeurs, Lena a été personnellement touché par les annonces et Alex sait que dans ces cas là, ce qui compte le plus, c'est l'espace pour respirer et réfléchir et le contrôle de la situation. "On a un max de trucs à fabriquer et… Ça par exemple. C’est censé servir de distraction mais Cyber dit que ça pue l’arnaque magique à mille à la ronde." Alex ne dit toujours rien, regarde simplement l'objet avec appréhension. Rubèn a toujours un meilleur oeil que lui pour ces choses là de toute façon. Et s'il a raison et que c'est réellement une arnaque magique, alors plus loin Alex se tiendra de cette chose, le mieux il se portera.

Lena doit sentir son malaise - ou alors tout simplement le lire sur son visage. "Franchement, tu sais quoi, il y a aussi pleins de trucs à casser pour les faire fondre après," elle lui dit, ses mots faisant sourire Alex. Actuellement, cela semble être la meilleure des distraction. "Honnêtement ? Ça serait avec plaisir," il dit de façon un peu timide.

"On peut même en prendre qui feront suffisamment de bruit pour pas avoir besoin de parler. Ou alors au contraire on prend des plus petits trucs, on les pète et on parle, les émissions de nounous moldues disent que ça règle tous les problèmes du monde donc…" Alex sourit très légèrement et attrape le premier truc qui lui tombe sous la main, un espèce de saladier déjà un peu fissuré. "Si les émissions moldues le disent alors... C'est que ça doit être vrai..."

"Dis-moi tout chico !" Alex rit un peu au surnom puis prend une longue respiration avant de se lancer. Il a du mal à parler de Lukas à d'autres personnes que Leo, Nico, et Angèle - avec eux, tout est toujours facile - mais il suppose que s'il y a bien une sorcière a qui il peut parler, c'est bien Lena. "En ce moment, c'est difficile..." il dit comme si ce n'était pas déjà évident. "Je... J'ai du mal à..." il piétine, trébuche, cherche ses mots sans vraiment savoir comment exprimer ce qui se bousculent dans sa tête toute la journée. Ses mains serrent le saladier qui ne bouge pas d'un pouce. "Après tout ce qu'on a vécu," il dit de façon très appuyé, espérant que Lena comprenne de quoi il parle, "c'est difficile d'accepter que les seuls personnes pouvant aider Lukas sont les medicomages." il n'arrive pas à regarder Lena en avouant ça, comme à chaque fois qu'il parle de façon direct de son traumatisme.

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june 2007 - little italy, england - @alessandro kalani maxia

"Si les émissions moldues le disent alors... C'est que ça doit être vrai..." Elena hoche vigoureusement la tête, à la manière d’une monitrice de colo tentant d’élargir les sourires timides des nouveaux venus. "Un peu mon neveu !" Elle regarde Alex attraper un premier objet, toujours aussi encourageante, et utilise elle-même sa main libre pour se saisir d’un vieil appareil photo moldu déjà sévèrement accidenté. Voyant son compagnon de destruction du jour prendre une grande goulée d’air, Lena repose momentanément sa canette pour faire glisser un marteau dans sa direction – ça devrait suffire pour le moment.

"En ce moment, c'est difficile..." La sorcière opine à nouveau, du fond du cœur cette fois ; tell me about it, qu’elle ajoute presque, mais elle se retient juste à temps pour le laisser parler. Pour être particulièrement proche de plusieurs d’entre eux (elle pense notamment à Rubén, évidemment, mais aussi à la sœur de Kashmira ou même à Alex), elle sait combien les cracmols (et les moldus) de l’Ordre n’ont pas (n’ont jamais eu) la vie simple. Combien ils sont différents, aussi. Rubén et Leonor ne pensent qu’à se battre, être utiles à la cause ; les Lancaster Five pansent encore leurs plaies (et elle n’en sait pas tout, mais elle trouve ça bien normal) ; d’autres ne savent même pas vraiment ni comment ni pourquoi ils ont atterri là. Elena ne pourra jamais se mettre à la place, malgré sa familiarité avec le monde moldu – mais à défaut de cela elle peut les écouter, et c’est déjà bien plus que ce que leur accorde le résistant moyen, que ce soit par ignorance, éloignement physique, ou désintérêt plus ou moins assumé.
Elle se tait, donc, le laisse chercher ses mots et prendre son temps. "Je... J'ai du mal à..." Acquiesce à nouveau, quoique plus doucement – elle veut lui faire savoir que tout est ok, qu’il peut piétiner sans jugement ici, qu’ils ont tout l’après-midi devant eux de toute façon. "Après tout ce qu'on a vécu…" Et elle se doutait bien que c’était le fond du problème, mais Lena peine tout de même à retenir une grimace douloureuse. Elle ne sait pas tout ce qui est arrivé aux Lancaster Five, loin de là, et a d’ailleurs toujours affirmé haut et fort qu’elle n’avait pas besoin de connaître les moindres détails de leur calvaire pour faire preuve d’empathie à leur égard. Mais ce qu’elle en sait… suffit à la faire frissonner d’effroi rien que d’y songer, et elle doit se cramponner un peu à l’établi pour minimiser le tressaillement qui la parcoure. Bloody wizards, qu’elle se dit parfois (les purs de l’Ordre lui diraient sans doute "qu’il y a des cons partout" – bloody them).

"… c'est difficile d'accepter que les seuls personnes pouvant aider Lukas sont les medicomages." Alex ne la regarde plus, et tant mieux parce qu’elle a dû fermer un peu les yeux pour chasser des images un peu moches de son esprit – elle n’a vraiment pas besoin de ça en ce moment, n’arrête déjà pas de faire des cauchemars peuplés de loups garous et de sang-purs improvisés chasseurs et de sa famille massacrée et de…
Elle secoue cette fois-ci la tête comme pour chasser de petits parasites. "Il faut que tu casses un truc," Elena dit finalement en désignant du menton le saladier qu’Alex tient toujours crispé entre ses mains. "C’est le jeu, sinon ça fonctionne pas." Un sourire a refait son apparition sur son visage ; elle roule un peu des épaules, fait craquer sa nuque, et avale une grande lampée de taurine pour se détendre (un peu). "Tu dis un truc qui te saoule, te fait peur ou te donne envie de pleurer et bam !" (Elle mime l’action d’un coup de marteau abattu sur l’appareil photo devant elle). Un peu trop théâtralement, elle repose sa boisson, ouvre un tiroir, en tire un vrai heurtoir qu’elle brandit haut au-dessus de sa tête. "Attentiooooooon…. J’te montre. FUCK YOU KINGSLEY !" Effectivement, dans un grand bam, le marteau vient s’écraser sur l’objectif un peu branlant (et déjà débarrassé de son verre) ; des petits éclats de matière viennent se répandre sur l’établi dans un roulement plutôt satisfaisant. Elena, justement, laisse s’échapper un grand soupir soulagé. "Aaaaaaah, thérapie."

Elle reporte son attention sur Alex. Sa voix change un peu pour s’adoucir et prendre des accents compréhensifs. "Je comprends, pour Lukas. Enfin je veux dire non, bien sûr que non je ne comprends pas." A nouveau, elle ne pourra jamais vraiment, mais elle fait au mieux ; c’est souvent elle qui emmène Alex le voir, et puis elle essaye de se renseigner auprès des médics de l’Ordre, a même déjà demandé s’il n’était pas possible de le transférer dans un hôpital moldu, au moins un peu, puis passe le voir dès qu’elle a un moment libre dans la journée pour dresser son rapport personnel (et très peu pro, pour le coup) à Alex. "Est-ce qu’ils t’expliquent un peu ce qu’ils font ? Je connais très bien plusieurs personnes qui filent un coup de main à l’infirmerie, je peux leur demander de s’occuper de Lukas si ça rend les choses un peu plus faciles ?" Elle-même y est assez souvent fourrée pour y avoir noué des relations de confiance absolue – mais malheureusement, Elena n’a pas grand-chose de plus à offrir. Elle pourrait lui dire qu’elle a étudié toutes les autres possibilités, mais que Lukas étant un sorcier et sa blessure d’origine magique… Mais ça ne ferait pas avancer les choses, évidemment. Un petit sourire piteux lui monte aux lèvres ; Lena est une personne pratique, débrouillarde, elle a horreur de se sentir aussi impuissante dans une situation, de ne rien pouvoir faire pour les autres. "Je m’occuperais de lui si je pouvais je te jure, mais… -- J’suis vraiment désolée que t’aies à subir tout ça, Alex. S’il y a quoi que ce soit que je peux faire pour aider…"

Malgré son regard qu’elle a inconsciemment baissé, Lena voit bien qu’Alex cherche à reprendre la parole. Son sourire reprend un peu en chaleur, devient presque espiègle quand elle lève sa main toujours armée du marteau pour le contraindre encore un peu au silence. "Hmhm, pour répondre il faut taper. Et, nouvelle règle : il faut prendre une gorgée aussi ! Ça te fera du bien", qu’elle ajoute en désignant (toujours de son outil) la canette restée intacte. Elle-même se ressert, pose finalement le marteau pour ouvrir un nouveau tiroir et en tirer des lunettes de protection. Comme précédemment, elle fait glisser la paire le long de l’établi jusqu’à son interlocuteur ; ça lui permet de garder sa baguette dans son jean sans pour autant multiplier les allers-retours inutiles. "Aussi, tiens -- pas de blessés dans cet atelier !" (Elle, évidemment, ne porte pas de lunettes, mais ça ne compte pas puisque c’est la maîtresse des lieux ; elle pare d’ailleurs toute éventuelle remarque d’un rire franchement innocent).

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La personnalité de Lena est si rafraîchissante qu'Alex se sent déjà bien plus détendu. Ses sourires sont plus faciles, moins crispés, et sa fatigue semble moins écrasante. Il respire mieux aussi et sa tête fait moins mal. Et il se rend compte que mettre des mots sur ce qu'il ressent lui fait du bien - ce qui ne devrait vraiment pas être surprenant pour quelqu'un qui adore autant parler. Avec les Lancaster Five, il est, la plus part du temps, immédiatement compris et n'a donc en général pas besoin de s'exprimer à voix haute. C'est, souvent, rassurant, de se sentir compris comme ça mais, parfois... Parfois Alex a besoin de plus, de formuler à voix haute ce qu'il traverse, de le sortir comme pour l'exorciser.

Là il parle plus pour lui que pour Lena mais c'est bien aussi de se sentir écouter, ses acquiescements comme une validation silencieuse de ce qu'il ressent. Alex adore parler, certes, mais parler pour parler n'est jamais aussi satisfaisant que quand il a une audience.

"Il faut que tu casses un truc," elle lui dit quand il a sortit tout ce qu'il pouvait sortir. Il baisse les yeux pour regarder le saladier encore intact qu'il tient dans ses mains quand elle ajoute, "C’est le jeu, sinon ça fonctionne pas."

Alex souffle par le nez, acquiesce, et la regarde à nouveau. "Désolé," il s'excuse inutilement, se sentant un peu bête de ne pas pouvoir se prêter pleinement au jeu.

"Tu dis un truc qui te saoule, te fait peur ou te donne envie de pleurer et bam !" Lena lui ré-explique, faisant maintenant la démonstration en mimant le mouvement d'un marteau. Alex la regarde attentivement, presque prêt à prendre des notes. ça peut paraître idiot mais Alex a arrêté de se sentir gêné par rapport à ça il y a longtemps maintenant. Après des années passées enfermé au manoir Lancaster, Alex et les autres ont eu beaucoup de chose à rattraper une fois libre. A Galway, le travail d'Alex au restaurant lui a permis d'observer les gens autour de lui, de découvrir et d'apprendre tous les codes qui lui manquaient, parfois terriblement. Alors ne pas savoir comment sortir de sa tête, devoir apprendre des trucs aussi anodins que lâcher prise n'est pas vraiment un problème pour lui.

"Attentiooooooon…. J’te montre. FUCK YOU KINGSLEY !" Lena poursuit sa démonstration, cette fois-ci en passant à l'acte. Elle abat son marteau sur le heurtoir qui vole aussitôt en éclat. Le bruit fait un peu sursauté Alex, qui regarde par réflex autour de lui mais quand il est rassuré, il se laisse rire, son regard se reportant à nouveau sur le saladier toujours coincé dans ses mains. "Aaaaaaah, thérapie."

"Je comprends, pour Lukas. Enfin je veux dire non, bien sûr que non je ne comprends pas," Lena reprend, plus sobrement et Alex grimace par réflex - serre la mâchoire, les dents, fronce les sourcils et plisse les yeux - parce que ce sujet a l'effet d'une vague glaciale qui traverse son corps à chaque fois que quelqu'un le remet sur la table. "Est-ce qu’ils t’expliquent un peu ce qu’ils font ?" Alex ne dit rien parce qu'avec la tête qui tire, pas besoin. As. If. Pourquoi prendre la peine de lui expliquer. Ce sont que des trucs magiques de toute façon. (Bon, peut être qu'Alex est ostiblement fermé à toute tentative de discussion quand un médicomage rentre dans la pièce mais il a ses raisons, okay, et c'est peut être à eux de faire l'effort. Alex n'est absolument pas celui en tord dans cette histoire.) "Je connais très bien plusieurs personnes qui filent un coup de main à l’infirmerie, je peux leur demander de s’occuper de Lukas si ça rend les choses un peu plus faciles ?" Lena poursuit et maintenant Lena pourrait la prendre dans les bras parce qu'elle, elle comprend. Elle, elle fait les efforts.

"Merci Lena. Vraiment," il lui dit, le saladier toujours dans les mains, maintenant servant plus à le réconforter qu'autre chose. "Je m’occuperais de lui si je pouvais je te jure, mais… -- J’suis vraiment désolée que t’aies à subir tout ça, Alex. S’il y a quoi que ce soit que je peux faire pour aider…"

"Tu-" il commence à répondre avant que Lena ne lève la main pour le stopper et lui rappeller, une nouvelle fois la règle. "Hmhm, pour répondre il faut taper. Et, nouvelle règle : il faut prendre une gorgée aussi ! Ça te fera du bien"

"Okay," Alex répond en riant un nerveusement. Il pose - enfin - son saladier et prend la cannette. Il boit une longue gorgée, le goût lui semblant un peu étrange mais pas forcément désagréable, puis accepte les lunettes de protections que lui tend Lena.

Il attrape maintenant le marteau, recule d'un pas, souffle pour se recentrer, et fracasse d'un coup sec le saladier. "Woo !" Il s'exclame malgré lui, ne s'étant pas attendu à ce que la sensation soit si satisfaisante. "Merci Lena," il lui dit avant de se tourner vers un autre objet, une télé déjà bien cabossé qui parait bien plus vielle qu'eux. Il donne un coup, puis un autre, puis un autre, puis un autre, oubliant qu'il est censé parler. Chaque coup est libérateur. Il n'imagine même ses problèmes ou ses démons à la place de la télé. Il voit juste ça, une télé et rien d'autre. Et quelque part, c'est presque mieux. "Je savais pas que j'avais besoin de ça," il avoue en continuant de taper, "mais putain," un coup, "qu'est ce que," un coup, "ça fait," un coup, "du bien !"

La télé est quasiment tout écrasé quand il en a finit avec elle, et il recule un peu en titubant, comme déséquilibré par le fait de revenir au reste du monde. Il attrape sa cannette et re-boit une gorgée - ce qui ne devrait vraiment pas lui être autorisé, compte tenu de son potentiel hyperactif - l'air très fier de lui. "Qu'est ce qu'on casse maintenant ?"

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