La journée se terminait, encore une. Une de plus dont elle ne se souviendrait plus dans quelques temps. Rien de spécial ne l’avait marqué, c’était juste quelques heures de travail au Ministère, elle avait fait ce qu’elle faisait tous les jours depuis quelques mois maintenant et voilà que maintenant, elle était de retour sur le Chemin de Traverse, prête à rentrer dans le petit appartement qu’elle partageait avec Morrigan. Ce n’était peut-être pas très grand mais c’était confortable, c’était agréable comme lui de vie et Rebecca, elle y avait pris goût. Depuis qu’elle avait quitté Poudlard, elle avait autant que possible essayé de se défaire de l’influence de ses parents sur sa vie et sa manière de la gérer. Elle pourrait, si elle le voulait, tout avoir. Argent, manoir, aucun besoin de travailler, un mari aussi vu le nombre de prétendants qui lui avaient été présentés. Mais non, elle avait choisi de réussir par elle-même sans avoir besoin de quiconque pour lui dicter comment elle devait vivre. Elle savait très bien qu’on attendait d’elle qu’elle soit la charmante jeune adulte qui faisait ce que ses parents voulaient, qui serait une femme d’intérieur et rien d’autre. Mais son côté rebel s’était éveillé au fil du temps, en même temps qu’elle grandissait. C’était une bénédiction à vrai dire. Sans ça, elle ne vivrait avec pas avec Morrigan, ne travaillerait pas pour le Magenmagot, et surtout, elle ne serait pas Rose, la piquante, la diablesse qui oeuvre dans l’ombre pour le Syndicat, pour les Black Hands. Elle avait grandi la gamine autrefois persécutée dans ses jeunes années à Poudlard. Elle était devenue une autre personne, sûre d’elle, qui savait ce qu’elle voulait, dans toutes les circonstances. Ca l’avait finalement aidé de devoir faire ses preuves auprès de ses aînés et en agissant comme ils avaient pu le faire, elle espérait elle aussi en avoir aidé quelques-uns à s’affirmer par la suite. Elle n’était pas faible, elle n’était pas ce qu’il pensait d’elle et à plus d’une reprise, elle avait su leur montrer. Ressasser le passé n’était pas dans ses habitudes mais parfois, ça lui faisait juste du bien de se rappeler qui elle était par le passé pour comprendre le chemin qu’elle avait parcouru. Et le chemin actuellement, c’est jusqu’à son appartement qu’elle le fait. Porte ouverte, clé posée dans l’entrée, manteau et sac posés en vrac, elle aura bien le temps de ranger plus tard. « Moe, t’es là ? » Appel en direction de sa coloc, elle ne savait pas si celle-ci était déjà rentrée ou non, elle l’espérait. Entendant du bruit, elle en conclut que oui, elle espérait en tout cas que c’était bien Moe et non pas un intru qui s’était incrusté durant leur absence. « Ah t’es là ! J’ai tellement de choses à te raconter ! » Car en réalité, quand Rebecca pensait journée banale, rien ne l’était réellement pour les autres. Elle avait toujours tendance à se mettre dans des situations que personne n’aurait pu imaginer à quiconque un jour, et pourtant. « Mais avant ça, t’as passé une bonne journée ? » Il y avait toujours cette même politesse dans sa voix quand elle demandait ça, elle était vraiment intéressée par la réponse, par ce que pourrait lui apprendre Moe.

Comme bien souvent, elle était pressée de rentrer chez elle, de retrouver son petit confort quitter quelques heures plus tôt. Mais surtout, elle était pressée de retrouver le visage familier de celle qu’elle considérait comme la sœur qu’elle n’avait jamais eu. Elle avait une relation privilégiée avec Morrigan, une relation qu’elle ne saurait réellement décrire. le genre qui faisait du bien au moral, qui faisait du bien tout court. Il était agréable pour Rebecca d’avoir quelqu’un comme Morrigan sur qui elle pouvait compter, c’était important dans ce monde si étrange dans lequel elles vivaient. Elle lançait alors un appel au travers de l’appartement, pour savoir si elle allait devoir attendre pour évacuer ou non. Et c’est en s’avançant jusque dans la pièce principale qu’elle découvrit sa colocataire et amie assise dans le canapé. Ca ne devait pas faire bien longtemps qu’elle était rentrée elle aussi, tant mieux, ça leur ferait plein de choses à partager alors que tout était encore si vif. Elle avait beau avoir plein de choses à raconter et une hâte clairement visible, elle n’en oubliait pas de demander à son amie si elle, elle avait passé une bonne journée. Tout en s’asseyant, elle écoutait ce que Moe lui racontait, ne manquant pas de grimacer au passage. Elle détestait elle aussi ce genre de journée où l’impression que le monde entier était contre soi était bien présente. Elle avait même tendance à les fuir comme la peste, à tout faire pour ne pas avoir à travailler quand elle sentait que rien n’irait comme elle le souhaitait. Elle adressait un sourire de remerciements à la jeune femme en récupérant la Bierraubeurre qui venait de leviter jusqu’à elle. Ca ne pourrait pas leur faire de mal comme moment de détente pour bien commencer la soirée. « J’espère que tu as cassé quelque chose pour évacuer ce sentiment. Ca fait toujours du bien à ce qu’on dit. » Elle n’avait d’ailleurs jamais compris comment ça pouvait soulagé. Elle, quand elle le faisait, elle avait juste envie de casser encore plus de choses après. « Moi… et bien, j’ai eu le genre de journée où j’avais l’impression que tout était possible. Pourtant, j’étais condamnée à rester à mon bureau pour trier des dossiers. Parfois, je me dis que le monde est contre nous et qu’il cherche juste à brider notre créativité. » Dis de cette manière, ça faisait un peu dramatique, il fallait bien le reconnaître mais c’était comme ça qu’elle se sentait. Bridée dans sa créativité et dans ses actions, comme si elle n’avait pas le droit de faire tout ce qu’elle pouvait désirer quand elle en avait envie. Un soupir passait les lèvres de Rebecca alors qu’elle prenait une gorgée de la boisson apportée par magie. Ça faisait du bien. « Non sérieusement, dis-moi à quoi ça sert qu’on se casse la tête dans nos métiers si une fois de temps en temps on ne peut pas jouir d’un peu de liberté pour faire ce qu’on veut. » Elle posait la question le plus sérieusement du monde en adressant malgré tout un sourire à son amie. Elle en avait presque oublié tout ce qu’elle voulait dire à Morrigan, tant la réflexion se faisait présente dans son esprit.

Elles avaient beaux vivre ensembles, elles trouvaient toujours le moyen d’avoir quelque chose à se raconter. Ce n’était pas lassant comme certaine relation pouvaient l’être. Non, elles étaient amies, des meilleures amies même et dans cette relation, il y avait toujours l’étincelle qui donnait le sourire à Rebecca. Elle était heureuse et fière d’avoir Morrigan comme amie, elle ne savait pas ce qu’elle ferait sans elle. Alors les moments comme ceux qu’elles s’apprêtaient à vivre n’étaient peut-être pas rare mais ils étaient toujours précieux. Elles parlaient souvent de tout et de rien à la fois, elles pouvaient tout se raconter, tout se dire sans rien craindre. Là, c’était de leur journée dont il était question. Un sujet parfois délicat pour Rebecca, qui, travaillant dans la Justice Magique, se devait de respecter un certain secret professionnel. C’était un détail lassant pour elle qui avait tendance à trop parler, même quand ça n’était pas nécessaire. Elle avait la Bierraubeurre à la main alors qu’elle espérait que Morrigan avait cassé quelque chose pour l’aider à faire passer cette journée qui n’avait pas semblé des plus plaisante à en croire ses propos. Elle agitait vaguement la main, l’air de dire qu’il fallait pas qu’elle raconte n’importe quoi. « Avec un peu de volonté, on peut tout se permettre, tu ne crois pas ? » Elle prit une gorgée de sa boisson, avec un sourire sur ses lèvres. « Franchement, ça fait du bien de lâcher prise. On devrait prendre des vacances ensemble un de ces quatre. » Une idée qui servait de prélude à ce que Moe venait à lui dire. Des baroudeuses qui voyages telles Thelma et Louise. L’idée plaisait à Rebecca en tout cas mais elle doutait que cela soit réellement applicable avec la situation actuelle en Angleterre. Foutue Gouvernement. Même si elle avait commencé, elle levait sa bouteille de Bierraubeurre pour trinquer avec sa colocataire, son sourire toujours présent sur ses lèvres. « Ouais, au job et au loyer. On a quand même un bel appartement, on va pas s’en plaindre. » C’était clair qu’elles auraient pu tomber sur bien pire que ce qu’elles avaient, elles devaient s’en estimer heureuse probablement. « Après pour l’argent… on peut toujours braquer Gringotts hein. Je dis ça je dis rien. » Elle paraissait sérieuse quand elle disait ça, avec son haussement d’épaules qui voulait clairement dire que ce n’était pas une idée à laisser de côté mais voilà qu’elle levait rapidement les yeux au ciel. « Après, on peut aussi tenter notre chance à la loterie. » Ca, c’était peut-être l’option la plus raisonnable et la plus envisageable également. « T’en a souvent des vieilles frustrées ? Je suis sûre qu’il y a de quoi écrire un roman avec tout ce que tu entends… Hé ! La voilà la bonne idée pour devenir riche ! » Elle lâchait un rire à cette idée des plus saugrenue mais c’était vrai que dans son boulot, Morrigan devait en entendre des belles.