BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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Incroyable comme une simple lettre peut suffire à changer la donne, à redistribuer les cartes. Une lettre portant la précieuse écriture d'Iphigénie Harcourt, en trois exemplaires presque identiques, adressés à chacune des sœurs Harcourt. Après avoir reçu le faire-part de mariage de Bérénice, et malgré l'aspect lointain de la dite cérémonie, la génitrice s'était empressée d'annoncer sa venue en grande pompe pour célébrer ces fiançailles tant attendues.

Penser à son arrivée suffisait à donner des crampes d'estomac à la cadette. Mais tout aurait pu se passer sans encombres, s'il n'y avait eut la propension de Mélpomène à vouloir à tout prix voir la fratrie en bonne entente. L'aînée s'était attribuée cette tâche il y a bien longtemps, quand les premières disputes avaient éclaté pour un jouet, un mot de travers ou autres idioties sans importance. Aujourd'hui, Mélpomène ignore que sous la surface de cette chamaillerie ordinaire, se cache une profonde fissure.

La sentence est donc tombée, dans une seconde lettre, cette fois adressée à Bérénice. Une invitation à rendre visite à Lucrèce, pour des raisons plus ou moins évidentes : arranger cette petite querelle. La visite maternelle doit se faire sous les meilleures auspices.

Autrement dit, en ce jour, Bérénice devra s'écraser sous la lumière éclatante de son aînée, si elle ne veut pas provoquer le courroux de Mélpomène et potentiellement celui d'Iphigénie. Une perspective tout sauf plaisante pour la sorcière, qui n'a en vérité aucune intention d'étouffer sa rancœur. C'est après tout Madame Lucrèce qui l'a mise dehors et non l'inverse.

Le retard de Lucrèce ajoute à son agacement, la cadette tournant depuis plus d'une demi-heure dans ce petit salon où la nouvelle bonne l'a installée. En prime, les enfants ne sont pas là. Elle à qui l'on a enseigné une patience impeccable, dans son enfance puis dans sa formation, en manque cruellement lorsqu'il s'agit de Lucrèce.

Quand enfin la porte s'ouvre, elle se tourne brusquement, comme un ressors trop tendu. Bras croisés, elle la fixe dès lors en silence.

Ces dernières semaines, les mots balancés au visage de Lucrèce ont tourné dans sa tête, alors même qu'ils devenaient de plus en plus indéniables : l'indépendance, ou du moins ce que la bonne société anglaise appelle indépendance, lui tend les bras. Bientôt, elle serait mariée et certainement enceinte dans la foulée.

Il ne lui manquerait alors pas grand chose pour surpasser sa sœur - quelques coups d'éclat, des sourires adressés aux bonnes personnes, le bon choix de robe. Pas besoin d'être Lucrèce Harcourt, ni de porter des robes insultant le mot « sobre », pour briller.

Bien sûr, elle n'a ni l'envie, ni l'intention, de poursuivre pareil objectif. Mais il y a quelque chose de satisfaisant à l'envisager, et surtout, à imaginer le visage de Lux si sa pitoyable petite sœur finissait par lui faire de l'ombre.

Alors que ces pensées mesquines tournent dans son crâne, son expression offre un mélange d'indifférence et de mépris à son hôte. Quoi qu'il arrive, elle ne lui ferait pas le plaisir de démarrer cette conversation, encore moins de s'excuser. Il n'y a rien à se faire pardonner, aucun mot regretté, lui souffle son indécrottable fierté française.

En cela, Bérénice ressemble peut-être un peu plus aux autres femmes de sa famille qu'elle ne se plairait à l'admettre.

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TW : langage cru (+/-)

« Par ego, on s'emballe, on s'en bat les
Et les coups bas on fait semblant qu'on les sent pas
On reste trop longtemps ou trop vite on s'en va
Mon sourire angélique que tu dis si nul
» L.E.J.



Il a fallu que Lucrèce la vire de chez elle pour que Bérénice se trouve un fiancé. Et quel fiancé. Si elle avait su, elle l'aurait fait plus tôt. Et peut-être que cette dispute ne serait même jamais arrivée. Attention, qu'on ne se méprenne pas : elle ne regrette aucun de ses mots. Elle songeait même à briller par son absence au mariage de sa sœur. Il y a en grande partie leur dispute, oui, évidemment. Mais il y a aussi que c'est Niklas Von Baüme. Le frère d'Anya. Et... A-t-elle mentionné que c'est un Von Baüme ? Lux ne sait plus quoi penser d'eux, dernièrement. Et si, comme Carrie le pense, ils ont un rôle à jouer dans la disparition de Paris, alors elle décide qu'il faut, à minima, s'en méfier.

Mais il faut croire qu'elle s'encombrera de la question de sa présence une autre fois, puisque leur mère semble prête à effectuer le déplacement. Si Iphigénie vient, alors la donne change, et il lui faudra de toute façon honorer cette chère assemblée de sa présence. Lucrèce le savait. Elle savait, avant de recevoir la lettre de Melpomène, qu'il lui faudrait renouer le dialogue avec Bérénice.

Elle aurait contesté face à n'importe qui d'autre. Mais pas Melpomène.

La voila donc qui fait le premier pas. Une invitation à prendre le thé, envoyée à Bérénice dans les plus brefs délais. Si Lux n'était pas encore autant en colère contre sa cadette, peut-être qu'elle aurait été à l'heure. Peut-être même qu'elle aurait fait l'effort de dresser un sourire.

Mais non.

C'est donc le visage plus froid qu'une stèle funéraire que Lucrèce pénètre dans le petit salon où sa sœur l'attend. Elle a presque trois quarts d'heure de retard, et honnêtement ? Elle s'en fiche. C'est de sa faute. A avoir emporté avec elle la bonne. La vérité, c'est que si Mathilde n'était pas partie d'elle-même, elle l'aurait probablement virée pour avoir osé hésiter entre elle et Bérénice. Grand bien leur fasse.

« Je n'ai pas le temps pour des réconciliations. Et je n'ai aucune intention de m'excuser. Tout ce qui a été dit devait être dit, il semblerait. »

Pas de bonjour, pas de comment ça va, aucune politesse, et aucune chaleur non plus. Comme Lucrèce vient de le stipuler, elle ne cherche absolument pas la réconciliation. Pas encore. Pas alors qu'elle est si loin du mur au pied duquel la met Melpomène. Et puis, c'est trop récent. Trop purulent. Trop douloureux. Bérénice l'a menacée : elle doit payer.

« Mais. Fait-elle en levant un index. »

Ca l'agace déjà d'avouer ce qu'elle s'apprête à avouer. Mais c'est un autre petit pas dans la direction de Bérénice, suppose-t-elle. Si sa cadette n'en fait aucun en retour, eh bien... Qu'elle aille se faire foutre. Par son fiancé, évidemment, restons courtois.

« Les enfants ont demandé de tes nouvelles. Et je suis sûre qu'ils seraient contents que tu dînes avec nous ce soir. »

Ca ressemble à une de ses tentatives pour fuir la maison, et laisser la charge de son rôle de mère à Bérénice. Mais non. Et si sa sœur lui demande des comptes, elle peut, encore une fois, ici, aller se faire foutre. Toujours par son fiancé.
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La première annonce ne surprend nullement Bérénice. Droit comme un I, bras croisés, elle la fixe avec la même froideur. En cet instant, toutes deux tiennent certainement plus du coq que de la sorcière civilisée. La cadette imagine sans peine l'obstination sans bornes de Lux ; en la matière, elle n'a pas changé du tout depuis l'enfance. Certainement la conséquence d'être la favorite en tout point.

Le « mais » et les mots qui suivent, en revanche, sont aussi étonnants que délectables. Bien sûr, qu'elle a manqué aux enfants ! Même en travaillant au Ministère, en étant mangemort et agent double, elle arrivait à leur accorder plus de temps que Lucrèce... L'invitation à dîner, en revanche, semble trop belle pour être réelle. Sans doute espère-t-elle aplanir les choses sans trop se mouiller.

Mais ce qui est brisé ne peut être réparé par les courbettes et le bon vin, peu importe les efforts qui y sont consacrés. Elle en sait quelque chose - deux ans durant, elle avait essayé, y mettant toutes les formes. À moins qu'elle ne soit incapable de faire fonctionner une relation exempte de manipulations... ou qu'au contraire, les mensonges gangrenant sa vie suffisaient à ternir sa capacité à se lier. Autant de questions sans réponses, qu'elle repousse dans un coin de son crâne comme on jette la poussière sous le tapis.

« Bien évidemment, tu n'as pas le temps. Lucrèce Harcourt n'a jamais de temps pour autre chose que sa petite personne. »

Un rictus sardonique lui étire brièvement les lèvres ; mais elle le chasse rapidement pour mieux prendre sa voix la plus cassante.

« Cette fois, c'est moi qui n'ai pas le temps, très chère sœur. Je suis venue prendre le thé, c'est tout. Et comme tu n'as pas daigné m'honorer de ta présence plus tôt, mon précieux temps est à présent écoulé. »

En vérité, sa soirée est libre - ce qui, avec les préparatifs de la fête de fiançailles, est un miracle - mais elle compte bien faire goûter à Lucrèce son propre traitement, maintenant qu'elle a son chez elle et la conviction de ne jamais retrouver la Lux d'autrefois. Tous les coups sont permis, surtout sans public ni enjeux. Elle continue donc de frapper la première, de toutes ses forces.

« Tu diras à Mélpomène et à mère que je fais pitié, peut-être que cela m'évitera d'avoir à supporter leur mépris au mariage, à défaut d'échapper au tien. »

Bérénice ne cherche même pas à cacher sa satisfaction. Peut-être y prend-elle un peu trop de plaisir, trouvant dans ces piques puériles sa revanche sur une vie lui ayant rarement laissé l'occasion de répliquer.
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En fait... Oui : Lucrèce Harcourt n'a le temps que pour sa petite personne. Et d'ailleurs, elle ne s'en cache même pas. La seule autre personne à qui elle voudrait allouer de ce temps n'est pas dans les parages pour en bénéficier. Alors elle ne répond pas. Pas encore. Ca ferait trop plaisir à Bérénice, et elle a simplement l'esprit à autre chose. Trop de choses. Peut-être que ça surprendra sa sœur, ou peut-être pas, quoi qu'il en soit, son opinion, là, dans l'immédiat (et sans doute à jamais), ne lui importe absolument pas.

« Tu veux vraiment faire ça ? Très bien, Bérénice. Soupire-t-elle. »

Sa sœur est beaucoup plus farouche que dans ses souvenirs. En deux ans, c'est le pire (ou le meilleur) visage qu'elle ait montré, et Lux en est proprement horrifiée. Ou subjuguée. Plus les jours passent, et moins elle la reconnaît. Plus les jours passent, et plus elle l'intrigue. Qu'est-il advenu de cette petite chose fragile qui se roulait en boule dans un coin de son lit ?
Comme il paraît évident qu'elle a plus d'un atout dans sa manche, et qu'elle a même à peu près prévu ce tournant de conversation, Lucrèce sonne une cloche reliée magiquement à l'étage. Moins de dix secondes plus tard, on entend des pas dévaler les escaliers. Les enfants. Son sourire s'étend, revêt quelques reflets plus vicieux.

« Tu n'as plus qu'à annoncer à tes neveux que tu ne peux pas rester ce soir. »

Lux pousse la porte, et la tête de Clovis ne tarde pas à dépasser de l'encadrement, suivie de la silhouette de Jeanne, la gouvernante, qui tient la petite Florence dans ses bras. Les deux visages poupins s'illuminent dès qu'ils aperçoivent Bérénice. L'aîné jauge sa mère un instant, il a l'air de demander silencieusement s'il a la permission. Quand Lucrèce opine de la tête avec bienveillance (quoiqu'elle reste terriblement blasée), Clovis court vers sa tante, et Florence ne tarde pas à faire de même après s'être agitée dans les bras de Jeanne pour poser pied à terre.

« Maman a dit que tu restais manger avec nous tata Nini. C'est vrai, dis, c'est vrai ?! Demande le garçon avec les yeux brillants. »

Clovis et Florence s'enthousiasment autour de Bérénice, et Lux n'a plus qu'à se délecter du spectacle. Qui a besoin de s'excuser, quand on peut envoyer ses enfants faire le sale boulot ? Rien que pour ça, peut-être, elle dit bien peut-être, que ça valait la peine de les porter neuf mois chacun.
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Quelle déception, de ne pas susciter une réaction au minimum offusquée... Face à la placidité de Lucrèce, Bérénice reste circonspecte. Sourcils légèrement froncés, elle ne peut que suspecter ; quelque chose cloche. Le mystère est total, mais bien sûr, elle repense à ces histoires de Dancing Phoenix. S'est-elle finalement attirée des ennuis ou est-ce le manque qui la rend si... éteinte ?

Autre possibilité : Lux compte bien plaire à l'aînée ainsi qu'à leur mère, et pour ce faire, elle évite de jeter de l'huile sur le feu. Ce ne serait guère étonnant, le léchage de bottes (pour rester poli) étant son fond de commerce.

Le son de cette maudite cloche, suivi des bruits de pas dévalant les escaliers, la font lever les yeux au ciel. Elle aurait dû s'attendre à ce genre de manipulation. Elle adresse un regard noir à sa soeur, qui disparaît une seconde avant l'ouverture de la porte, laissant place à un grand sourire.

« Mes deux monstres préférés ! »

Mettant un genou à terre, elle attrape les deux bambins, un sur chaque hanche. Même la plus petite des deux est habituée ; elle s’agrippe comme un petit singe, glissant ses bras autour du cou de Bérénice en baragouinant les mêmes mots que son frère, en moins compréhensibles.

Le sourire de Bérénice se fige brièvement. Sa volonté flanche en quelques instants, alors qu'elle imagine sans peine l'expression triste des enfants si elle venait à se défiler. Dire qu'elle espérait avoir le dernier mot et la planter là, comme Lucrèce l'avait si souvent fait. Maudite soit-elle, cette fourbe, à user de ses propres gosses pour la faire plier. C'est un véritable guet-apens que lui a tendu Lux ; au dessus des deux têtes blondes, elle lui lance un bref coup d’œil hautain.

« Maman a dit ça ? Elle aurait peut-être dû demander à tata, avant. Mais ce n'est pas grave, je vais rester. »

Tendant Florence à Jeanne et reposant Clovis après l'avoir couvert de chatouilles, elle se redresse avec un soupire à peine dissimulé. Dans quoi s'est-elle engagée ? Elle sait parfaitement comment marchent ces choses là. Une fois la porte ouverte, la refermer est bien plus compliqué, et être le premier à faire céder son adversaire est un avantage significatif.

Diable. À quel moment en est-elle venue à considérer Lux comme une ennemie ?

Les enfants et la gouvernante quittent la pièce pour rejoindre la salle à manger, et la cadette leur emboîte le pas, s'arrêtant à la hauteur de Lucrèce. Un mélange d'émotions corrosives bouillonnent en elle, mais ce soir, elle s'y attendait. Ses traits et sa crinière restent parfaitement domptés.

« Très malin. Je reste pour eux, pas pour toi. Rien ne change, que ce soit ce soir ou un autre jour. À moins que tu sois prise d'une soudaine envie de t'excuser, mais j'ai peine à croire que tu en penserais un traître mot. »
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Bérénice a beau avoir changé, avoir grandi, elle n'en demeure pas moins prévisible sur certains aspects. Ennuyeusement prévisible, même. Lucrèce sait pertinemment que ses enfants sont un de ces aspects, une de ces petites choses qui ne changeront jamais vraiment, car malgré les airs qu'on se donne et le travail des années, Bérénice est condamnée à rester cette éternelle sentimentale. Et Lux n'a absolument aucun scrupule à s'en servir. Ce n'est pas tant qu'elle est elle-même insensible, c'est plutôt qu'il y a les gagnants, et les perdants.

Et Bérénice vient de perdre une manche.

Les enfants fuitent vers la salle à manger. Le piège à présent fermé, Lucrèce ne se gêne pas pour laisser filtrer la suffisance de son sourire. Et peu importe si c'est uniquement pour les enfants, ou que ce n'est qu'une victoire sans gloire. Le résultat seul compte.

« Ne sois pas si catégorique, Bérénice. La soirée est encore jeune. Fait-elle de son français le plus parfait. »

Des tours comme ça, Lux en a quelques autres jonchés le long de sa manche. Il fallait s'y attendre. Ne prospère pas dans la bonne société qui veut. C'est justement lorsqu'on la sous-estime, lorsqu'on pense qu'elle est trop préoccupée, ou trop vaine qu'elle frappe le plus fort. Question de principe. Question d'égo.

« C'est toi qui devrais t'excuser. Tes accusations éhontées m'ont presque empêchée de dormir, ces derniers jours. »

Son ton est on ne peut plus sérieux, quoique tout l'important réside dans le presque. Si Lucrèce n'a effectivement pas dormi des masses, ce n'est certainement pas à cause de ce que pense Bérénice.

« Tu ne passes pas assez de temps en famille Lucrèce, tu travailles trop Lucrèce, tu t'amuses trop Lucrèce... »

Lux est appuyée contre le cadre de la porte, et barre la route de sa cadette pour qu'on prenne bien soin de l'écouter jusqu'au bout. L'air est évidemment désinvolte et badin, mais on dirait il y a quelque chose qui rampe sous le vernis de son apparente perfection. Quelque chose de sincère, peut-être. Rien que la perspective suffira à lui accorder l'attention de Bérénice pendant les trente prochaines secondes.

« Tu te permets de me juger, tu te permets de m'accabler, alors que tu ne sais même pas de quoi tu parles. Tu ne veux pas vraiment renouer avec moi ou réapprendre à me connaître, Bérénice. Crois-moi. Tu veux que je sois parfaite et irréprochable. Comme tous les autres. Parce que c'est plus facile et plus confortable pour tout le monde. Et peut-être que ça t'intéresse, peut-être que tu crois que tu devrais savoir pour mieux me protéger, mais je n'ai pas besoin de protection. Tu n'as aucun droit de venir fouiner dans ma vie, et aucun droit de regard sur mes décisions, ou mes activités. Et si jamais je trouve la personne qui s'est permise de penser le contraire, qui s'est permise de me calomnier pour te monter la tête... Crois-moi, cette personne le regrettera amèrement. »

Le ton est devenu plus grave au fur et à mesure des mots, tout comme les pupilles luisent d'une fureur qu'on a rarement l'occasion d'apercevoir chez Lucrèce Harcourt. La parfaite, la lisse, la très souriante Lucrèce Harcourt.

« Alors non. Je ne m'excuserai pas. Et si ça ne te plaît pas, c'est pareil. Maintenant, tu peux continuer de jouer les enfants, tu peux continuer d'essayer de t'abaisser à mon niveau pour jouer sur mon terrain, mais sache que tu n'as franchement aucune idée d'à quel point je peux aller bas. D'à quel point je suis déjà allée bas. »
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Le manège n'aura pas duré bien longtemps. Ce sourire, ce foutu sourire, fait désormais se hérisser l'échine de Bérénice. Elle perçoit trop clairement ce qu'il signifie, l'ampleur de l'insulte qu'il porte. La lice n'a même pas encore commencé mais la Reine de cœur se pense déjà victorieuse - le contraire est inconcevable.

Certes, la soirée est encore jeune. Bérénice, en revanche, n'est plus aussi jeune que certains le voudraient. Elle s'est défaite d'une grande partie des illusions l'ayant autrefois bercée. Devant elle ne se tient plus une poupée parfaite mais un monstre de mensonges, au sourire changé en éternelle grimace.

Ironique, considérant les fondations de sa propre existence.
D'ailleurs, à mesure que Lucrèce déballe son sac, la cadette l'observe et réalise avec effarement à quel point sa sœur aurait été brillante, si les rôles avaient été inversés. Elle aurait fait une espionne de talent, réussissant sûrement bien plus vite là où elle mettait des années à se faire une place...

Une autre que Bérénice n'aurait sûrement pas perçu cette maigre ouverture, cette soudaine impression de voir Lux faire preuve d'un semblant de sincérité, comme ce qu'elle est : un stratagème visant à la faire culpabiliser. Le timing des mots, ses expressions, le ton utilisé. Tout est presque impeccable et certainement bâti sur un fond de vérité.

Ah ! Soudain, elle comprend. Voilà où réside le fond de vérité : la colère. Cette colère est sincère, et peut-être méritée, Bérénice ayant bel et bien jugé durement sa sœur lors de leurs derniers échanges - pour toutes les bonnes raisons cependant, à commencer par le bien de la famille entière.

Quand enfin l'aînée achève sa tirade, Bérénice se contente de la regarder en silence, bras croisés. Elle laisse les secondes filer, se forçant à la patience, alors qu'elle calcule à toute vitesse les options s'offrant à elle. Partir : le chemin le plus facile, peut-être. La fuite a toujours été sa sortie favorite, surtout petite. Aujourd'hui, elle comprend à quel point la fuite doit être décidée au bon moment, au risque d'être considérée comme faible. Mais partir maintenant aurait l'effet inverse, lui permettant de reprendre la main. Si les enfants seraient peinés, elle n'aurait au moins pas à les voir...

Mais quelque chose la retient. Peut-être une curiosité malsaine, la poussant à voir jusqu'où Lucrèce irait pour garder son précieux masque en place. S'approchant du cadre de la porte, elle tend la main pour saisir la poignée de celle-ci et la refermer dans le dos de Lucrèce, se tenant à présent à quelques centimètres d'elle. Elle aussi est passée au français, il n'y a après tout aucun anglais à éviter de froisser dans les environs.

« Accusations éhontées ? Calomnies ? C'était moi, Lux. J'y étais. En mission. »

Parlant à voix basse, elle ne précise ce dernier détail que pour justifier sa présence au Dancing Phoenix, et s'éviter un laïus supplémentaire sur l'intimité et la vie privée de Lucrèce. Non que les starlettes de son genre aient vraiment le droit à ce genre de choses - elle le savait en se lançant dans pareille carrière, non ?

« Ce n'est pas un jeu. En dehors de ton petit monde, les autres ne jouent pas. Dans quelle société tu crois qu'on vit ? Tu es leur drapeau, leur putain de pancarte de propagande ambulante. Je me fiche que tu sois parfaite et irréprochable, mais pas eux. Qu'est-ce que tu penses qu'il se passera, pour toi, pour tout le reste de la famille, si ça se sait ? Je vais te dire un truc : j'ai la Marque, et pourtant, j'ai même pas la réponse à cette question. Rien d'agréable, en tout cas, tu peux en être certaine. »

Toujours un ton plus bas, Bérénice enchaîne, reprenant à peine son souffle. Elle ignore si ce mouvement est le bon, peut-être aurait-elle dû écouter ce que sa formation lui soufflait de faire, mais qu'importe.

Dans sa voix ne persiste ni mépris, ni haine. Devenue aussi sérieuse que Lucrèce, elle annonce son départ d'une voix résignée.

« Alors non, je ne vais pas continuer de jouer. Je vais sortir d'ici et rentrer chez moi. Parce que c'est ta vie, et au passage, celle de Clovis, Florence, Mélpomène et mère - mais tu as raison, ce n'est pas la mienne. Alors je n'ai rien à te dire. »

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Lucrèce aurait dû s'en douter, aurait pu y penser, ou l'envisager comme une option très lointaine, puis la garder fichée au fond de son crâne. Mais non. Plus que l'éventualité que Bérénice ait pu user de son don de métamorphomagie pour infiltrer le Dancing Phoenix, c'est celle que sa cadette ait pu lui mentir, qui est proprement inimaginable. Comment la douce, la scrupuleuse, la si fragile Bérénice aurait pu lui infliger pareille peine ? Evidemment, c'est de bonne guerre, et Lux n'est pas vraiment blessée par la nouvelle. Elle trouve même ça ironique qu'on lui reproche les mensonges, alors qu'on en accumule sans doute en grand nombre, empilés sous la marque qui trône à l'avant-bras. C'est normal : Bérénice a grandi, est devenue adulte, blah blah. Peut-être que Lucrèce devrait en être fière, et elle en est fière, au fond, tout au fond, mais là, tout de suite, la révélation ne fait qu'alimenter le grand feu de sa rage, qui brûle en dedans à en cramer jusqu'aux os.

« Ne me sous-estime pas. Tu crois que je ne sais pas déjà, tout ça ? »

Les risques, le danger, tout perdre. Il suffirait que Paris la dénonce, que quelqu'un de plus malintentionné que sa sœur la reconnaisse au Dancing Phoenix, qu'elle trébuche et fasse l'erreur de trop. Mais rien de tout ça n'est encore arrivé, et rien de tout ça n'arrivera. Elle a un filet de secours. Plusieurs. Hadrian, pour commencer. L'impunité, ensuite.

« J'y pense à chaque minute de ma vie. Je suis forcée d'y penser à chaque minute de ma vie. Je ne te mens pas, Bérénice. Barre-t-elle la porte pour qu'on l'écoute jusqu'au bout. »

Les yeux tombent dans les yeux. Lux paraît plus sincère et plus irritée que tout ce qu'elle a jamais montré. Parce que ça lui tient à cœur. Ou ça semble au moins lui tenir à cœur. Dans une autre vie, peut-être qu'elle aurait été comédienne, car elle est là, regard dans le regard, à affirmer et réaffirmer qu'elle ne ment pas, malgré l'accablement des preuves. Il pourrait y avoir beaucoup d'explications : peut-être que c'était quelqu'un sous métamorphomagie. Peut-être que c'était quelqu'un sous polynectar. Peut-être que Bérénice a mal vu, là, au cœur de la pénombre.

« Je n'ai jamais mis les pieds dans un endroit aussi sordide que le Dancing Phoenix. Et je ne compte pas le faire. »

Mentir. Mentir jusqu'au bout, et peu importe les conséquences sur leur relation, tant que Lucrèce a le dernier mot, tant que la cadette s'écrase, et demeure sous son joug.

« Tu peux continuer à t'obstiner dans tes stupides théories, mais je. N'étais. Pas. Là. Bas. Peu importe ce que tu penses de moi, je te le dis les yeux dans les yeux : je ne suis clairement pas la mère de l'année, j'ai mes défauts et mes problèmes, c'est vrai, mais jamais... Je dis bien jamais je ne pourrais infliger ça à mes enfants. »

Et tout du long, elle pense à Paris.
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Bérénice tente d'appuyer sur la poignée pour sortir mais Lucrèce l'en empêche. À nouveau tendue comme un ressors, elle n'a plus qu'une envie ; mettre à exécution sa menace, filer d'ici avant de changer d'avis. Qu'on la retienne contre son gré l'agace profondément, alors même qu'elle a infligé le même traitement à Lux la dernière fois. Et pour cause, l'aînée se serait empressée de se soustraite à toute conversation sérieuse !

Ne me sous-estime pas, assène Lux, comme s'il n'y avait pas une montagne à gravir pour espérer apercevoir l'océan, cet océan qui les a séparé en premier lieu, et n'a jamais vraiment disparu. Comme si Lucrèce était la plus sous-estimée d'elles deux. Comme si elle ne venait pas de parler de comparer cette vie à un vulgaire jeu, dans lequel les joueurs s'affronteraient pour savoir qui est le plus borné, le plus prêt à tout.

Bérénice aurait déjà perdu, dans ce cas - et peut-être a-t-elle bel et bien perdu, car non, elle n'est pas prête à tout. Du moins pas pour avoir le dernier mot dans cette querelle stupide, ayant pris des proportions hors de contrôle...

La complainte de sa sœur continue. Toutes ces obligations, tout ce poids qu'elle se voit obligée de porter de par son métier, toute cette pression sociale et familiale... Ses mots viennent se heurter à un mur. Bérénice pourrait la prendre en pitié, et d'une certaine manière, elle comprend les maux de Lucrèce. Mais les raisons de rester froide et dure sont trop nombreuses, en cet instant. N'a-t-elle pas choisi sa gloire, allant jusqu'à l'autre bout du monde pour la poursuivre ? Surtout, comment peut-elle se poser en victime quand d'autres mènent des vies infiniment plus dures ?

Pendant que des innocents, nés dans la mauvaise famille, luttent à chaque instant pour survivre un jour de plus, Madame Lucrèce Harcourt est forcée de paraître parfaite.

Son obstination à crier au mensonge est finalement la griffe venant érafler les murailles de Bérénice. Comment peut-elle continuer de mentir avec un tel aplomb, après avoir appris la présence de la cadette directement sur place ? Se peut-elle qu'elle ait fait erreur ?

Le doute, quand il s'imisce, est aussi difficile à déraciner que la peur ou le désespoir. La panique passe brièvement dans les yeux de Bérénice, au delà de tout contrôle. Et si elle s'était trompée ? Et si elle n'était bien qu'une idiote obstinée, une ingrate accusant injustement Lucrèce ?

Et si elle avait imaginé tout ça - car au fond, il n'y avait rien qu'elle désirait davantage que de voir sa sœur tomber...

Sa mâchoire se crispe soudain. Cheveux et iris virent au rouge sombre. Attrapant Lucrèce par le col de sa robe, elle la plaque violemment contre la porte, lève sa baguette et plonge ses yeux dans les siens avant d'entrer sans la moindre douceur dans son crâne.

« LEGILIMENS ! »

Elle doit savoir. Maintenant.

L'intrusion n'a rien d'agréable pour l'aînée. À mesure qu'elle cherche la vérité, deux sensations désagréables envahissent Bérénice. Le plaisir, terrible et dérangeant, de pleinement prendre le dessus sur Lucrèce, et la certitude que les regrets remplaceraient bien vite cette cruelle réjouissance.

Mais quand elle la libère enfin, la colère n'a pas désenflé, bien au contraire...

« Jamais tu ne pourrais infliger ça à tes enfants, singe-t-elle d'une voix vibrante de hargne. Laisse-moi sortir. TOUT DE SUITE ! »
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La main qui saisit son col la surprend trop pour que Lucrèce ait le temps de réagir, d'autant que Bérénice semble avoir des réflexes qu'elle n'a, de son côté, absolument pas. Elle a à peine le temps d'imprimer à quel point sa cadette est devenue dangereuse que la baguette est dégainée, et que son esprit est infiltré dans les grandes largeurs. Ca coule contre les souvenirs, rampe jusque dans les moindres travers pour excaver les secrets. Et peut-être que ses mains agrippent vainement celle qui la retient, peut-être qu'un froid glacé souffle sur l'échine et fait trembler les lèvres. La peur. La peur glisse dans les brèches de son crâne. Paris. Au fur et à mesure de sa déroute, et malgré tout l'effort qu'elle déploie pour l'exclure de là avant que Bérénice n'aille à sa rencontre, l'image de son amante devient plus prégnante et plus vivace, comme un grand feu de forêt qui calcine les intérieurs. Comme un grand feu qui célèbre l'invasion.

Et ça s'arrête. D'un seul coup. La déflagration a déjà tout ravagé sur son passage. Ne reste plus qu'elle, Lucrèce. Et Bérénice, là. Bien en face. Cette fois, ses mains se font plus hargneuses pour tenter de se dégager. Lux est clairement révoltée que sa cadette ait forcé le passage de son esprit. Elle se sent souillée. Et ce rouge. Ce rouge qui ne fait qu'alimenter sa propre hargne, sa propre fureur.

« Non. A la place tu vas m'écouter attentivement, Bérénice. »

La voix est surmontée d'un vernis de placidité dangereux, qui craque et fissure en laissant apparaître des bribes du chaos qui l'anime. Ses propres phalanges ont fini par s'agripper au col de sa cadette pour qu'on ne puisse plus fuir.

« Si tu révèles à qui que ce soit ce que tu as vu... »

Le Dancing Phoenix. Paris. Surtout Paris. Lucrèce en est certaine : Bérénice l'a vue. Elle l'a vue, là, partout dans son crâne, entrain d'accompagner ses souvenirs au cabaret. Puisqu'il n'y a plus intérêt à mentir, Lux ne ment plus : elle menace. Et peu importe s'il s'agit de son sang, de sa chair, de sa petite sœur chérie...

« Si tu oses révéler quoi que ce soit, à qui que ce soit, n'espère même plus revenir ici, n'espère même plus t'approcher de ma famille. De mes enfants. Si tu oses... Tu peux aussi considérer que tu es morte, tu m'entends ? Morte. Et alors il ne servira plus à rien d'aller pleurer dans les jupes de Melpomène, ou de mère. »

La mort. La mort est terriblement définitive. La mort est un sort trop doux pour les traîtres. Non, ce que Lucrèce fait miroiter, c'est quelque chose de pire que ça : ne plus exister à ses yeux. Ne plus exister pour sa famille. Et si Bérénice ne l'en croit pas capable, qu'elle attende seulement de voir...
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