tw: drug mention, withdrawal mention
crude language, violence, racism

"This is a terrible idea." Carrie ne tourne pas les yeux vers Maxim, et laisse planer un léger silence qu'elle passe à observer ses ongles d'un air concentré et légèrement pincé. Assise sur un banc au milieu d'un petit parc moldu, elle laisse aux autres la dure responsabilité de garder un oeil sur les environs - après tout, si on les avait suivis ou que ce cher Martin avait informé la VB de leur déplacement, ils seraient dans un sacré merdier. Une quinzaine d'hybrides ayant enfilé des vêtements moldus pour l'occasion, ayant pour la plupart l'air d'être tant nerveux que très peu satisfaits d'être là - dont sept qui n'arrêtent pas de la regarder, impatients qu'elle leur donne leur dose. Ils ont les crocs - littéralement, pour la plupart - mais Carrie les ignore proprement, gardant dans le revers de son manteau les doses de Spitfire. Pour plus tard.

"I believe that I've heard you the first two times, Maxim, so you may now shut your fucking mouth before I do it for you." Carrie jette vers son garde du corps un regard ennuyé et le voit rouler des yeux en se détournant, soupirant de frustration. "Since when are we pals with the Wangs, uh? Since you're fucking their dog and smoking their pipe, is that right?" Carrie serre les dents pour ne pas laisser la vive colère frustrée qui s'empare d'elle en l'entendant prendre le dessus - ce serait, tout de suite, contre-productif. "Shut up. - I'm just saying--" Elle agite ses doigts dans sa direction, le prenant par surprise, et les yeux de Maxim s'écarquillent quand sa respiration se bloque soudainement dans sa poitrine, sa langue collée à son palais. Il porte aussitôt sa main à sa gorge en s'étranglant. "I said shut up." Elle relâche le sort et il grogne en lui jetant un regard noir. "Fucking hell," marmonne-t-il en s'éloignant un peu.

Carrie le suit du regard, sourcils toujours froncés, et décide de s'allumer une cigarette qu'elle glisse nerveusement entre ses lèvres - la douce fébrilité qu'elle sent monter en elle depuis quelques minutes (huit, précisément, le retard de Martin) est poisseuse et désagréable, devient lentement assourdissante. Ça fait une semaine qu'ils ont failli tous se faire choper par la VB en Écosse, la NSFW leur filant entre les doigts. Carrie en rage encore - même si ils ont récupéré un ou deux hybrides dans la foulée, ils n'ont pas pu mettre la main sur celle qui avait abîmé son Stan. Elle ignore où ils sont partis, elle a passé le plus clair des jours précédents à échanger des hiboux avec Martin et à envoyer des quantités colossales d'argent à des employés du Ministère pour ne pas voir des Warlocks se faire enfermer après avoir été eux aussi chopés sur le terrain par la VB. Autant dire qu'elle est sur les nerfs, et que seule une tempête nommée Verdi parvient à la calmer quand elle sent qu'elle va craquer, aidée par un Stan inopinément revenu dans le paysage, à grand mal pour Carrie. Elle s'en veut de ne pas avoir pu le venger comme elle se l'était promis. Ce n'est que partie remise mais...

Un craquement de transplange lui fait détourner les yeux de sa cigarette en train de se consumer, et elle jette un coup d'oeil à sa montre. Treize minutes, seize secondes de retard. Elle renifle en se relevant, laissant tomber sa cigarette à laquelle elle n'a quasiment pas touché pour l'écraser. Aussitôt, les Dogs et hybrides ramenés du sous-sol du Phoenix en échange de quelques Gallions et quelques doses (putain de junkies, souffle Carrie mentalement à chaque fois qu'elle voit leurs regards vitreux et leurs doigts nerveux, son coeur se serrant dans sa poitrine en y reconnaissant un miroir) se rapprochent d'elle et de Maxim, qui lui jette un dernier regard. "Terrible idea," lâche-t-il, s'attirant un regard noir - Carrie ne rétorque pas, parce que Martin s'approche avec ses propres effectifs.

Ils avaient prévu d'être une quinzaine en tout et pour tout, se disputant par hiboux interposés quant à qui ramènerait qui et quoi. Au final, Carrie a cédé dans sa dernière lettre, avant de décider qu'il pouvait aller se faire foutre - elle a ramené, elle-même, seize Dogs, dont onze hybrides, dont sept camés.

Elle fait la gueule en voyant que Martin a eu la même idée, entourée d'une floppée de chinetoques en costumes, l'air patibulaire. "And here I thought you lots knew how to count well." Si le ton est exaspéré, le sourire en coin qui s'affiche sur ses lèvres est sincère - si son entente avec Martin peut paraître improbable et absurde, elle sait qu'ils sont trop similaires pour ne pas se comprendre, au moins un peu. "Good morning, Wang Gōng, you're late. Are you ready or do your people need a warm-up?" Malgré elle, Carrie se sent légèrement vibrer d'impatience à l'idée de ce qu'ils vont faire - et elle s'imagine déjà le visage défait du leader de l'Alberich, Engel, en apprenant que son précieux fief a été mis sens dessus dessous.

tw: crude language

"No pussy business, are we clear?" Bao lui avait renvoyé un regard aussi noir que la veste en cuir de dragon qu'elle avait enfilée – un cadeau qu'il lui avait offert, de fait, et qu'elle passait sitôt qu'ils sortaient en intervention. Fireproof, bloodproof, won't get scratched when you get your ass kicked. – I never get my ass kicked. "That's not funny." "I'm not joking", avait-il répondu avec nonchalance, décryptant sa tenue du jour d'un nouveau regard, tandis qu'ils débarquaient au lieu de rendez-vous où se tenait déjà la brigade du clan. "I won't have you interfere in favour of the Fox. We're not a team alright, we're just partners for today, and partners don't get in each other's way." "I know that, Zhang." Et un sourire fleurit sur les lèvres du Red Pole, qui abattit une main fraternelle sur l'épaule solide de sa sœur et capitaine du jour. "I've missed this, come here." Son bras crocheta la nuque de Bao, et sous le regard effaré d'une petite vingtaine de White Tigers, il ébouriffa les cheveux de sa sœur qui cracha comme un chat furieux – il la relâcha avec un ricanement extatique, et tourna les yeux vers la brochette de tigres qui l'attendaient depuis déjà une petite vingtaine de minutes.

Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas ressenti un tel grondement, juste là, sous sa peau, le fourmillement avide de l'adrénaline qui ne demandait qu'à se précipiter dans ses veines, libérant son Qi, sa force, la frustration de ce qui avait été contenu en lui jusqu'alors. Il n'y avait rien de mieux qu'un grand fracas en règle, pour lui rappeler qui il était, au fond : une bête furieuse, une explosion de violence qui savait se tenir juste assez pour éclater chez les ennemis du clan. Le clan lui manquait, se rendait-il compte à chacune de ces interventions devenues rares, et il avait, grâce à l'offre de Carrie, également reprit le goût de la mettre à l'envers aux têtes dirigeantes des Wang – il était toujours bon de rappeler à Sen et à Mengwu qui était le N2, dans leurs rangs.

Ils transplanèrent dans le parc, lieu de rendez-vous qui, autant que le reste, avait été débattu de façon vindicative par les deux partis ; et le sourire de Martin fleurit de plus belle sur ses lèvres lorsque ses yeux tombèrent sur Carrie, secondée par son indécrottable berger allemand et une bande de leurs propres cabots – hagards, nerveux, formant une masse agitée derrière la blonde minuscule qui leur faisait face. "Lovely day, ain't it?" commença-t-il, une main dans la poche de sa veste, en laissant son regard courir sur le visage scintillant de la demie-vélane, autrement plus concentré sur son teint de pêche, éclairé par le léger sourire sur ses lèvres, que par le ciel au-dessus de leurs têtes. "And here I thought you lots knew how to count well." "What's so big a difference between ten or twenty?" Il haussa une épaule, et retira finalement les lunettes de soleil qui avait trôné sur son nez, pour les glisser dans la poche de sa veste où elles disparurent, comme englouties par magie – littéralement ; Martin ne pouvait prendre le risque de voir ses précieuses Diamond Slices détruites au cœur de la bataille. "Good morning, Wang Gōng, you're late. Are you ready or do your people need a warm-up?" "Oh Miss Kang, we are so ready," souffla-t-il avec un rictus, et il entendit le cliquetis rassurant des rires, derrière lui, avant de se pencher légèrement vers elle, réduisant l'écart des vingt centimètres qui les séparaient. "But what about yours? They seem a bit, how should I put it, unhinged. Can you manage such a crew on your own?" Et il jeta un coup d'oeil faussement inquiet en direction des sorciers derrière elle, avant que son regard ne revienne se poser sur Carrie, embrassant avec d'autant plus de netteté, à cette distance, son visage poupin, et le fourmillement nerveux qui parcourait désormais sa chair – à des lieues des provocations virulentes, légion entre eux deux, régnait une tension douce, presque complice, reposant sur la certitude que dans quelques minutes, ils changeraient tous deux le cours des choses, dans le grand jeu des gangs.

"Oh Miss Kang, we are so ready." Carrie renifle et tend machinalement le cou en voyant Martin se pencher vers elle, ignorant les quelques rires qui fusent derrière lui pour darder son regard sombre d'un air vaguement agaçé. Agaçée, elle l'est, d'autant plus quand le rictus sur les lèvres du Wang ne fait qu'approfondir celui qui s'étire sur ses lèvres rouges. "But what about yours? They seem a bit, how should I put it, unhinged. Can you manage such a crew on your own?" Cette fois, elle ose même se fendre d'une légère esclaffe en secouant la tête, laissant quelques mèches blondes voler autour de son visage. "Oh, don't worry, Martin, I can handle them." Elle compte bien, pourtant, ne pas avoir à le faire du tout: elle se contentera de les libérer devant ses ennemis et tout détruire sur leur passage. "The real question is: can you handle me?"

Le sourire révèle, cette fois, quelques dents blanches et bien alignées et ses yeux restent profondément enfoncés dans les siens. Martin dégage quelque chose de désagréable et pourtant foncièrement attirant - dans son regard noir, Carrie a l'impression d'être un insecte irrépressiblement attiré par une ampoule mortelle qui finira par la consumer entièrement si elle s'approche trop.

Et pourtant, elle fait un léger pas en avant, sa peau frissonnant désagréablement en s'approchant de lui comme si il exultait une véritable énergie nocive et dangereuse. Elle sent aussi le regard brûlant de Bao, à laquelle elle n'a pas adressé un coup d'oeil, ce qui achève de nouer son ventre et de libérer une étrange chaleur salvatrice dans le reste de son corps. Lentement, Carrie lève une main entre eux deux, ses doigts offerts et tendus dans sa direction, un mince filet de voix s'échappant entre ses lèvres: "I can't Apparate. Will you be so kind?" Qu'au moins elle s'assure que les Warlocks ne soient pas les seuls à apparaître à Knockturn Alley face au Filet du Diable, prêts à en découdre mais résolument seuls - ce n'est pas qu'elle ne lui fait pas confiance, mais elle ne peut pas se permettre le moindre écart de sa part. Parce que si Carrie sait qu'elle peut gérer ses hommes, elle sait aussi que c'est une toute autre histoire quant au général des Wang, bien habitué à n'en faire qu'à sa tête comme maintenant en allant à l'encontre des voeux de son Clan.

L'idée qu'il se prenne au jeu et les emmène ailleurs l'effleure rapidement, et semble effleurer Maxim derrière elle dont elle peut presque sentir la désapprobation - heureusement, il ne dit rien. "No games," précise-t-elle toutefois à Martin, même si dans ses yeux est à peine voilé le although I'd like to see you try qui lui brûle les lèvres.

tw: crude language, pensées yikes

Cette fois, elle ose même se fendre d'une légère esclaffe en secouant la tête, laissant quelques mèches blondes voler autour de son visage. "Oh, don't worry, Martin, I can handle them. The real question is: can you handle me?" Zhang avait conscience de la présence de ses vingt caids, dont Bao, derrière lui ; il pouvait se figurer le regard de sa soeur sur cette scène tendue, grésillant d'une électricité entre leurs deux corps penchés l'un vers l'autre. "Carrie, darling, I could handle ten little girls like you", répondit-il avec un coup d'oeil éloquent au corps de la Vélane, un habituel tour du propriétaire comme s'il pouvait d'un battement de cils se l'approprier parfaitement. Ce n'était pas tant un simple désir qu'une épreuve de force, constante, entre eux deux - ils se ressemblaient tant que Martin se demandait si baiser Carrie ne voudrait pas dire baiser son propre reflet.

Elle fit un pas dans sa direction, et lui tendit ses doigts fins, scintillant toujours à ses yeux d'une fine pellicule de diamants - une hallucination d'hybride qu'il accueillait désormais avec un frisson fasciné. "I can't Apparate. Will you be so kind?" Il eut un rire, moqueur et amusé par cette intervention incongrue sur ce décor, puis se redressa, relâchant la tension sévère entre lui et elle, pour mieux replonger dans cette nervosité générale, elle partagée par tous, juste avant le combat - il pouvait entendre l'impatience derrière eux, le grattement des battes au sol, les crachats compulsifs des siens entre deux cigarettes. "One more thing I could teach you, seems like," ses yeux brillèrent avec d'autant plus d'éclat, et il saisit la main de Carrie sans douceur - de la même façon qu'il aurait voulu saisir son corps minuscule, et le serrer jusqu'à en tirer son dernier soupir.

"No games." Ses sourcils se haussèrent au-dessus de son sourire, s'étant fait légèrement carnassier à son avertissement. "Why, you don't trust me?" Bien sûr que non - Zhang tourna la tête vers son clan, et eut un bref hochement du chef en direction de leur destination. Et pour illustrer parfaitement le mensonge, Zhang attrapa Carrie par la taille, l'attira à lui d'un même mouvement, et les fit transplaner avant que n'éclate les protestations.
Il la relâcha immédiatement, de l'autre côté, après avoir pressé ses doigts sur sa hanche - petit modèle confirmé sous ses doigts de connaisseur. Le craquement des quarante sorciers autour d'eux accompagna leur arrivée sur le perron de la maison close, et Martin glissa une main dans ses cheveux gominés, avant de sortir sa matraque de sa ceinture. "Alright, we go in, we break a few things and we're out." Things and people - il coula un regard à Carrie, en tapotant le bout de son arme au sol. "Ladies first", invita-t-il sans qu'on ne bronche, derrière lui (il les avait mis au courant avant tout), avant de se pencher vers la Warlock, "we'll follow right up, after these seasoned soldiers your brought with you." Autant Zhang bouillait-il d'impatience de lâcher les siens sur les lieux, autant il préférait, d'abord, envoyer la chair à canon se casser les dents sur les sécurités de l'établissement.

tw: drug use, violence, crude language

Les doigts de Martin sont en train de broyer les siens, et Carrie déglutit pour enfoncer au plus profond de son crâne les pensées à la fois paniquées et enthousiasmées qui se réveillent en même temps, s'entrechoquant douloureusement dans un cocktail à la fois familier et nouveau. Elle repense avec une distance soigneusement étudiée à la main de Martin sur son cou, et la pression de sa paume contre sa gorge, et doit réprimer un frisson de dégoût et de désir en lui offrant à la place son sourire scintillant habituel en réponse à son "Why, you don't trust me?" qu'ils savent tous les deux rhétoriques. Cela l'impressionne elle-même la facilité avec laquelle elle se réinvente poupée de chiffons, alors que Zhang se penche et l'attrape par la taille, la serrant contre lui avant de transplaner - Carrie étouffe le cri de surprise et d'effroi que ce mouvement brusque lui inspirent, et pose plutôt la main sur son épaule pour garder l'équilibre lorsqu'ils atterissent.

Elle s'écarte de deux pas nerveux quand il la relâche (elle a presque eu peur qu'il ne le fasse pas) et lisse sa jupe sur ses cuisses en jetant un coup d'oeil à Knockturn Alley. Il y a quelques sorciers qui leur adressent quelques regards curieux, mais qui hâtent le pas en voyant arriver le reste de la délégation Warlocks-Wangs - ils ont tous une aura de menace palpable et dangereuse, et l'atmosphère pressante est annonciatrice de troubles à venir... Carrie se tourne vers la porte du Filet du Diable et son sang se fait feu dans ses veines alors qu'elle se permet de penser au visage d'Engel, son sourire ironique et ses yeux sombres.

"Alright, we go in, we break a few things and we're out." Carrie jette un regard à Martin, plongeant la main de son manteau pour en sortir son joli poing américain plaqué or, dont l'énergie magie vibre contre sa paume d'un vrombrissement discret et rassurante. "Ladies first, we'll follow right up, after these seasoned soldiers your brought with you." Le sourire de Carrie s'étire. "That's too kind," ronronne-t-elle sans s'en formaliser, se tournant plutôt vers ses troupes - bien moins organisées et rompues au combat que celles du Clan, elle n'en doute pas - en plongeant sa main dans le revers de son manteau rose pâle. Aussitôt, les sept Dogs qu'elle a soigneusement choisis pour l'occasion s'avancent vers elle et dans leurs paumes tendues elle dépose deux pillules rouges, les regardant chacun les avaler avec impatience. Elle jette un regard en coin à Maxim armé d'un couteau, arme favorite des good children, puis de nouveau à Martin. Ses yeux sombres attrapent rapidement l'expression fermée de Bao, derrière lui, avant qu'elle ne raffermisse sa prise sur son arme et glisse à son tour dans sa bouche l'une des pillules brisées en deux de Spitfire d'un geste rapide.

Elle s'est entraînée au sortilège pendant plusieurs jours, en compagnie de Stan (jusqu'à ce qu'elle ait envie de lui arracher les yeux), de Verdi (jusqu'à ce qu'elles soient finalement distraites par une émission à la télé), de Maxim (jusqu'à ce qu'elle essaye, lui, de véritablement lui arracher les yeux) et même en compagnie de Kamala (jusqu'à ce qu'elle finisse par se refermer comme une huître à son sixième essai infructueux) - et c'est donc avec une certaine nervosité qu'elle tend sa main libre vers la porte, doigts écartés, avant de la fermer brusquement. "Bombarda."

Carrie ignore si c'est son imagination, mais elle peut presque sentir le Spitfire s'emparer de la soudaine énergie magique qui descend le long de son bras, et amplifier le sortilège comme si elle l'avait agrémenté d'un Maxima: la porte explose sans plus de cérémonies, envoyant voler des dizaines d'échardes et morceaux de bois que Maxim dévie pour elle d'un sort pour qu'ils ne la touchent pas. Le bras de Carrie retombe, et elle sent une impression dangereuse de puissance et de force s'emparer d'elle, provoquée par la drogue. Elle méprise les consommateurs de Spitfire, même si ce n'est pas la première fois qu'elle s'y essaye - mais elle-même peut admettre que la soudaine euphorie qui s'empare d'elle est étrangement agréable, lui insuffle un contentement factice mais trop rare pour quelqu'un de sa trempe.

Quand elle jette un regard par-dessus son épaule à Martin et Bao, un sourire chimique et bien trop prononcé s'étire sur ses lèvres. "Let's go before they pussy out," dit-elle à Maxim, et ils s'engagent tous les deux d'un même pas à l'intérieur.

La suite est confuse et violente. Elle laisse Maxim et les premiers Dogs s'occuper de la sécurité immédiatement alertée, et prend volontiers une place d'arrière-plan en faisant signe aux employés de l'Alberich de retourner dans leurs chambres et aux clients de déguerpir au plus vite. À l'occasion, les sortilèges explosifs et brûlants quittent ses doigts sans délicatesse ni douceur, participant au carnage général des Warlocks et du Clan alors qu'ils mettent à feu et à sang le Filet du Diable.

Elle s'est procurée de vieux plans de l'immeuble et se dirige d'un pas sûr vers les escaliers les plus proches, donnant en passant un coup de pied à un vigile essayant de lui attraper le mollet, résistant à l'envie de lui exploser le crâne d'un mouvement de doigt. Ses joues lui font mal à force de sourire alors qu'elle s'engage dans le couloir à l'étage. "Go back to your rooms," siffle-t-elle à ce qui ressemblent à deux prostitué.es qui ne se le font pas dire deux fois, et elle ne voit pas du coin de l'oeil une employée du FDD lui sauter dessus. Malgré le soudain coup de poing qu'elle enfonce dans son ventre en libérant l'énergie magique du poing américain, l'autre ne la lâche pas même lorsqu'elle se tortille et rue, et c'est seulement quand Bao intervient qu'elle en est débarassée.

Pour faire bonne mesure, elle enfonce dans un craquement sinistre l'arme magique dans la mâchoire de l'employée avant de relever un regard orageux vers Martin, ignorant sciemment l'odeur soudainement étouffante de son amante un peu trop proche d'elle. Ses lèvres sont toujours crispées d'une risette incontrôlée et douloureuse alors qu'elle se redresse, le souffle court, à peine rassurée de voir Maxim apparaître derrière le N2 du Clan. Son poing lui fait déjà un mal de chien, son coeur bat beaucoup trop vite dans sa poitrine, l'odeur d'ozone qu'elle associe à sa magie électrique et incontrôlable lui fait froncer le nez, et ses yeux sombres ont envie de rouler dans leurs orbites, mais elle se force à se concentrer sur Martin en lui désignant la porte de ce qu'elle sait être le bureau principal du FDD. "Are you going to use your toothpick on that?" demande-t-elle d'un ton léger qui va parfaitement avec l'expression de joie intense clouée à ses traits, mais à milles lieues de son regard sombre aux pupilles éclatées tant par la drogue que par la violence - une addiction bien plus dangereuse que tout, pour elle.

tw: crude language, violence, misogynie,
intolérance et haine généralisées, sang

Les pupilles de Martin brillèrent d'une lueur vive en voyant Carrie avaler la pilule de Spitfire. Fucking crackhead – un frisson d'impatience vorace roula sous sa peau à l'idée de voir Carrie sous l'effet de cette drogue explosive (il disait à qui voulait l'entendre que c'était de la merde synthétique, loin de l'onctuosité cent pour cent naturelle de leur opium – mais le Spitfire était une merveille de violence concentrée dont il ne se lassait pas de voir les effets éclater chez les autres).

Martin poussa un sifflement admirateur lorsque la porte vola en éclat, une main dans la poche comme s'il était au premier rang d'une représentation du Dancing Phoenix ; les quolibets approbateurs s'élevèrent derrière lui, et lorsque Carrie et ses troupes s'engouffrèrent à l'intérieur, Zhang tourna la tête vers les siens pour mieux rugir : "Fuck everything up!"

Ils se ruèrent à l'intérieur dans le sillon des enragé.e.s des Warlocks, Martin en tête de file – les troupes du Clan se mêlèrent à la cohue avec un entrain redoutable, écrasant sorts et battes magiques sur les nez des gros bras du Filet du Diable (et quelques clients malchanceux écopant de coups dans leur fuite). Martin brisa côtes et arcades avec une vivacité décuplée par l'adrénaline, la violence coulant dans ses veines nourrissant ses muscles fins et rodés à l'exercice ; son visage était fendu d'un sourire extatique, son regard luisant d'une liesse mauvaise qui aurait pu le confondre avec l'une des petites mains droguées de Carrie, son front se couvrant de sueur en se battant tour à tour seul puis aux côtés de sa sœur, leurs chemins se croisant sans s'entraver en une symbiose chaotique, résonnant parfaitement entre les murs étroits des couloirs du Filet.

"Are you going to use your toothpick on that?" Les yeux de Martin coulèrent jusqu'aux billes noires de Carrie, dilatées en une onde d'onyx envoûtante, déclenchant un frisson voluptueux le long de son échine ; il en fut arraché par une arme blanche lui frôlant l'épaule, pivotant derechef pour écraser son talon dans l'abdomen de son opposant dans un craquement sinistre, récupéré aussitôt par les Dogs affamés de violence. "I'd rather use it to smash something else", souffla-t-il lourdement en faisant tourner le dit cure-dents, les yeux rivés sur Carrie, sa respiration rendue erratique par l'effort et l'adrénaline coulant désormais dans ses veines en un torrent furieux – il détourna de force les yeux vers la porte, la brûlure du regard de la Vélane mordant son ventre, et, concentrant son qi en un souffle invisible le long de son corps, abattit la semelle de sa chaussure de ville contre le battant de la porte.

La poignée éclata en une multitude d'échardes ; Martin retint son souffle à l'éclat scintillant d'un sort, qui fut dévié de justesse par les Qiú de sa sœur. Fucking cunt – l'insulte eut à peine le temps d'éclater dans son torse qu'un nouvel éclat magique illumina la pièce ; Martin para de sa matraque et, aussi vive qu'une ombre, Bao s'engouffra dans le bureau pour fondre sur la sorcière.
Zhang sentit une vive brûlure sur le côté gauche de son visage, et les poings de Bao s'écrasèrent dans le ventre de Valeska dans une nouvelle série de craquements et de gargouillis sanguinolents ; l'échauffourée fut brève, crue, et Martin se saisit de sa baguette à ses pieds tandis que Bao coupait net les insultes de Valeska d'une main enserrant sa gorge. "Aaah fucking hell, is that how fucking sausage eaters welcome guests?" ronronna-t-il en brisant sans ménagement la baguette qui crépita faiblement. "Let's have a word, leave", siffla-t-il tandis que son regard se portait sur Bao, qui lui adressa un regard piqué au vif. "You've got shit to do, go," il eut un vif signe de la tête en direction du couloir d'où émanait de formidables fracas et autres cris de douleur – les lèvres de Bao se pincèrent et elle balaya brusquement les jambes de Valeska pour l'immobiliser au sol, poignets et chevilles liés par un sort. "Tell him to fuck off too," fit-il en se défaisant de sa veste, s'éloignant pour laisser passer Bao et esquiver son coup d'épaule rageur, son regard noir revenant à Carrie et son +1 indésirable auquel il ne jeta pas même un coup d'oeil.

tw: drug use, violence

Ses joues crispées lui font mal, tout comme ses yeux que Carrie a du mal à contrôler en les gardant rivés sur Martin, étudiant ses cheveux gominés légèrement décoiffés et sa peau tapissée de sueur avec un intérêt indiscret et vorace. Sa peau lui fait la sensation de vibrer sous ses vêtements, sa magie déjà explosive et difficile à maîtriser n'ayant envie que d'une seule chose: sortir. Et ce n'est pas les quelques sortilèges qu'elle a lancé, et les quelques coups qui se sont perdus, qui vont parvenir à calmer cette faim de violence qui est apparue dans son ventre et lui tord désormais l'estomac; comme toujours, Carrie veut plus, plus, plus, et elle craint un peu sur quelle note cette alliance Wang-Warlocks va se finir à cause de ça.

Voir Martin envoyer dans les bras de ses Dogs la silhouette presque brisé d'un employé du FDD ne devrait certainement pas lui faire plaisir à ce point. "I'd rather use it to smash something else." Elle rit légèrement en l'entendant, un son carillonant et léger qui ne lui ressemble pas, alors que le sorcier se détourne pour envoyer un coup formidable du pied dans la porte, l'abattant dans une déflagration magique impressionnante faisant s'hérisser les cheveux de Carrie sur son crâne. Elle fait un pas de danseuse sur le côté en voyant les sortilèges s'enchaîner entre les deux Wang et Valeska, se retrouvant collée à Maxim dans son dos. "Let them." Ce sourire ravi, ce ton léger, cet air sincèrement content d'être là - tout cela ne lui ressemble pas et elle le sait, et elle peut presque sentir l'indécision teintée d'appréhension de son ami dans son dos. Elle entend plus qu'elle ne voit l'affrontement à l'intérieur de la pièce, et se permet seulement de revenir dans l'encadrement de la porte quand les bruits de coups et de sorts se sont tus de nouveau.

Juste à temps pour voir Bao attraper la gorge de Valeska avec force (rendant la sienne très sèche et les battements de son coeur un peu embarrassants), et Martin se redresser avec la baguette de Valeska en main, sa poitrine soulevée d'une inspiration profonde ne faisant que rappeler à Carrie qu'il n'a pas pris la peine de fermer tous les boutons de sa chemise. "Aaah fucking hell, is that how fucking sausage eaters welcome guests?" Carrie renifle, amusée, ses yeux vissés sur Valeska. Elle la hait, elle la hait vraiment. Elle hait son père, mais Valeska conviendra aujourd'hui - aujourd'hui, parce qu'elle compte bien se mettre sur la trace du pater en suivant. Elle hait l'éclat cupide et insolent qui demeure dans le regard de l'allemande, elle hait la sensation de malaise et d'embarras qu'elle ressent comme à chaque fois en présence de l'Alberich, et elle hait encore plus le fait que le joli visage de Valeska a déjà été endommagé et que ce n'est pas de son fait. Pas encore.

"Let's have a word, leave." Carrie jette un regard à Martin, puis à Bao, et s'approche du bureau de Valeska pour en étudier le contenu d'un air distrait, son sourire toujours vissé aux lèvres. "You've got shit to do, go. Tell him to fuck off too." Carrie relève les yeux vers Maxim en comprenant que Martin parle de lui. Il se tient à la porte pour faire le guet, les bras croisés, ses yeux clairs passant de Martin à Bao à Carrie à Valeska avec impatience et l'envie inratable de se joindre à la mêlée. Les yeux sombres de Carrie se posent sur Martin, et elle hésite à peine. "Maxim, go with Bao and close the door." L'animosité entre les deux chiens n'est pas à refaire, et elle ignore le regard noir de Maxim et sa bouche qui s'ouvre en une protestation futile. "Now." Ils finiront peut-être par s'entre-tuer dans le couloir mais qu'importe. La porte est fermée et un mouvement de doigts de la part de Carrie la verrouille dans un bruit assourdissant.

Carrie ne jette pas un regard à Martin, beaucoup trop défoncée pour seulement s'inquiéter d'être seule avec lui dans une pièce verrouillée, et s'approche plutôt de Valeska qui s'étouffe à moitié sur son sang et dont la peau d'albâtre devient de plus en plus blême. "Guten Morgen." Juste à cause de la présence de l'Alberich au Syndicat, Carrie a mis un point d'honneur à apprendre quelques mots d'allemand - et de russe, et de yoruba - tant passionnée de langues que de l'idée de ne pas se la faire faire à l'envers par quelque gang trop ambitieux. "I hope you're not expecting your father to come save you." Valeska ouvre la bouche et un son commence à en sortir, mais Carrie abat son pied contre ses lèvres, et entend avec une certaine satisfaction le craquement de quelques dents contre son talon. Le coup fait écho le long de sa jambe et lui fait légèrement perdre l'équilibre, mais elle se rattrape au bras de Martin dans un geste exagéré, lui adressant un sourire ravi. "Dear Martin, would you be so kind to have her sit on her chair? And make sure she doesn't choke on her teeth," lui intime-t-elle avant de se détacher pour aller explorer le bureau et, de quelques sortilèges marmonnés à mi-voix, se mettre en quête d'un coffre à piller. Si cette vendetta a de nombreux aspects personnels et vengeurs - Carrie méprise les trafiquants d'hybrides, elle méprise Engel, elle méprise les prostitué‧es qui se vouent à une vie de servitude sans raison -, elle ne va pas non plus cracher sur quelques Gallions couverts de sang.

"Ah!" Carrie utilise un sortilège appris auprès de Jin pour faire disparaître l'illusion de papier-peint devant le coffre en plomb, et se tourne d'un air victorieux vers Valeska dont les yeux sont désormais exorbités de crainte et les yeux brillants de larmes douloureuses. "We're going to need the combination for that and you're also going to tell us what it would take for the Alberich to leave the country." Carrie sautille presque jusqu'au bureau de nouveau, s'y s'asseyant face à Valeska en caressant pensivement son poing américain d'un air languide. "Fuck you," parvient à dire la fille d'Engel dans un grondement humide et douloureux, crachant du sang qui manquerait presque d'atterrir sur les chaussures bien cirées de Carrie, qui fait la moue. "Now that's not very nice." Elle lève un regard ennuyé vers Martin. "What is it you were saving your magic stick for? I think Valeska here is volunteering."

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misogynie, sang, torture

Martin n'aurait pu souhaiter passer son après-midi de manière plus plaisante ; un petit échauffement dans les règles de l'art avant d'enchaîner sur les activités du soir, et ce avec une compagnie qu'il trouvait être, au fil des secondes, de plus en plus charmante. "Guten Morgen." Et un monstre de multilinguisme – les sourcils du Wang se froncèrent tandis qu'il considérait les deux sorcières du regard, une main dans la poche de son pantalon, vaguement impressionné qu'on puisse comprendre (et surtout, vouloir apprendre) les borborygmes de ce qu'il devinait être de l'allemand. Puis Valeska remua, et Carrie lui décocha un violent coup dans les dents ; il la sentit vaciller sous le choc, rattrapa son déséquilibre de son bras, se heurta à l'éclat sombre de son sourire, fleurissant comme un soleil lugubre au milieu de ce passage à tabac programmé. Hot. "Dear Martin, would you be so kind to have her sit on her chair? And make sure she doesn't choke on her teeth." Martin garda pour lui la subtilité des contre-propositions qui lui vinrent immédiatement, ainsi pris dans l'attraction magnétique de Carrie ; only if you'd be so kind to sit on my lap then – sa peau fut parcourue d'un bref frisson lorsqu'elle le relâcha, et il s'accroupit pour considérer leur hôte. "Come on love", susurra Martin en saisissant Valeska par le bras en véritable gentleman, la tirant d'une prise ferme et sans douceur pour l'asseoir sur la chaise du bureau où elle devait quelques minutes plus tôt encore faire les comptes du Filet du Diable. "Don't you look all fancy, sitting in your own blood with four teeth out." Son sourire s'agrandit en tapotant sa joue poisseuse, et Martin se redressa pour se laisser aller contre le bureau, calant sa chaussure de ville à peine tachée sur le bord de la chaise, contre la cuisse de la sorcière.

"Ah!" Martin garda les yeux rivés sur la sorcière ensanglantée, l'exclamation de Carrie semblable à une cliente du MCC voyant s'aligner sous ses yeux les trois leprechauns précédant le jackpot. "We're going to need the combination for that and you're also going to tell us what it would take for the Alberich to leave the country." Bold, bold move – le regard de Martin coula un instant sur les traits de l'hybride ; il lui était avis que l'Alberich, après leur petite descente, chercherait au contraire à s'implanter plus profond encore dans le sol pourri de leur charmant pays d'accueil. "You should have told me you Warlocks were short on Galleons, I would have made a gesture or something", répondit Martin sur un sourire en coin, son regard brillant de ce même éclat hostile où brillait l'adrénaline du combat – comme un requin ayant flairé le sang de Valeska et qui n'aurait su s'arrêter avant d'en sucer jusqu'à la dernière goutte. "Fuck you." Aouch. La matraque de Martin se balança avec plus d'élan – dommage, vraiment, d'en arriver là avec un si joli paquet. "Now that's not very nice. What is it you were saving your magic stick for? I think Valeska here is volunteering." "You think?" fit Martin en resserrant sa prise sur sa matraque, ses sourcils se haussant légèrement en détaillant le visage ensanglanté de Valeska comme s'il le découvrait pour la première fois. "Looked like a proper nod to me." Il se leva pour se détourner de Valeska et se présenter à Carrie, déposa la matraque pour prendre le temps de se saisir de sa veste, la retirer pour révéler sa chemise aux motifs chamarrés et de la déposer souplement sur le bureau en désordre. "Alright then, let's count the teeth you've got left", fit-il en enroulant ses manches sur ses avant-bras, révélant les volutes d'un tatouage qui lui mangeait, désormais, la majeure partie du buste.

Un craquement sec se fit entendre sur le fond de chaos ; les combats se déplaçaient plus loin dans l'étage, à l'extérieur, permettant d'entendre le souffle coupé de Valeska à la matraque s'écrasant sur ses côtes – une fois, puis deux, puis une troisième, puis une volée de coups où les os de l'Allemande répondirent à la favorable, une mélodie de souffrance orchestrée par un Martin qui avait assez soupé de séances de torture (et de cours de théorie chiants à en crever avec Ziwei) pour savoir où et comment frapper pour faire durer le plaisir. Tough bitch, souffla-t-il intérieurement en retirant la matraque ensanglantée de la bouche rouge de Valeska, un rire nerveux filant d'entre les lèvres du N2 tandis qu'il rabattait ses cheveux en arrière et jetait un regard brillant à sa complice. "Come on, you're not gonna let me have all the fun, are you?" Et il étendit le bras pour le passer autour des épaules de Valeska, pressant sa matraque sur sa gorge, et alla se saisir de sa mâchoire pour y enfoncer les doigts et présenter son visage à Carrie. "Come and take a bite, Carrie."

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Carrie a observé Martin se débarasser de sa veste dans des gestes précis et insupportablement lents; l'a regardé retrousser ses manches, révéler des avant-bras musclés et forts qui l'ont tant terrifiée que fascinée; et désormais l'étudie, alors qu'il torture Valeska von Bäume avec précision et violence.

Il y a quelque chose d'incroyablement familier et presque... rassurant à cette violence. Infligée ou subie, Carrie la connaît par coeur. Les sons qui y sont associés sont toujours les mêmes: les gémissements étouffés sous le choc, les craquements des os cassés, les bruits humides de sang qui remonte dans la gorge, les râles de douleur. Ses couleurs sont toujours les mêmes, ses odeurs, ses sensations; même en s'en tenant loin, assise toujours face à Valeska et aussi immobile qu'une statue, Carrie sent sa peau se hérisser et son coeur tomber dans sa poitrine à chaque fois que Martin lève son arme, et son estomac se serrer à chaque fois qu'elle s'abat. Au début il y a une part de frayeur (il va retourner l'arme contre elle) et puis ses yeux suivent plus précisément le cordage des veines de Martin sous sa peau, dissectent comment ses muscles s'entrelacent le long de son bras et sur son torse là où sa chemise est ouverte négligemment, admirent avec une pointe de jalousie ses cheveux noir de jais épais rebondir sur son front puis revenir se gominer magiquement sur son crâne à chaque à-coup.

Carrie est bien contente qu'il ait congédié Bao comme Maxim: elle ne supporterait pas que ni l'un ni l'autre puisse l'observer croiser et décroiser les jambes à n'en plus finir, les joues roses et le souffle court, à ne plus savoir où se mettre.

La valse violente ralentit puis s'arrête, et les yeux de Carrie s'enfoncent dans ceux de Martin. Elle recroise les jambes. "Come on, you're not gonna let me have all the fun, are you?" À ces mots - avec une obéissance qui la dérange -, Carrie se laisse glisser du bureau et raffermit sa prise sur le poing américain offert par Stan. "Didn't know you were a sharer." Martin lui offre Valeska sans concession. Le visage de celle-ci est ruiné, du sang se mêle aux larmes qui coulent silencieusement, elle s'étouffe sur son propre sang et son corps est agité de sanglots-tremblements qui doivent réveiller la douleur dans le reste de son corps à chaque mouvement. Carrie éprouve une légère pitié pour elle, comme en écho de ce qu'elle sait elle-même de ce genre de douleur. "Come and take a bite, Carrie." Et puis ses yeux reviennent à Zhang, et elle se souvient du regard d'Engel, et elle pense à Marth, et à Nina pleurant toute la nuit dans la chambre voisine à la sienne au Tuskers, et aux longues nuits d'angoisse passées ratatinée sous ses draps, et Carrie se sent sourire. "You're too kind," ronronne-t-elle à l'adresse de Martin, avant d'embrasser son poing américain puis de l'envoyer de toutes ses forces dans le nez de Valeska.

Elle s'arrête seulement quand son bras lui fait mal. Valeska lui rappelle une orange sanguine qu'on vient de presser, quand Martin la relâche et qu'elle s'écroule, un sifflement léger et désagréable leur rappelant qu'elle est en vie - mais à peine. Carrie se penche pour essuyer le poing américain sur le revers de la chemise que porte la von Bäume, avant de le poser sur le bureau et de contourner le corps au sol pour s'approcher de nouveau du coffre. Elle produit, de la poche de son manteau rose pâle, un livre épais à la couverture de cuir. Ses mains ne tremblent pas malgré son coeur sur le point de rompre dans sa poitrine, et l'adrénaline ayant inondé son système depuis que Martin l'a regardée.

Elle trouve rapidement la page qu'elle cherche dans son livre de sorts, et caresse le mécanisme du coffre du bout des doigts jusqu'à ce que des cercles concentriques y apparaissent, rose pâle, à quelques millimètres du métal renforcé magiquement. Le cadran de la serrure se met à tourner à toute vitesse, dans un sens ou dans l'autre, à la recherche de la combinaison.
Satisfaite, Carrie fait disparaître le livre et se tourne vers Martin, s'appuyant contre le mur derrière elle. Même si il se trouve un peu plus loin, elle a l'impression de sentir son souffle sur son visage; à moins que cette chaleur soit seulement dûe à son coeur battant toujours la chamade dans sa poitrine. "Now we wait." Elle se fiche bien des Gallions du FDD qu'elle va sûrement trouver dans le coffre - Carrie veut son acte de propriété, ses archives et tout ce que Valeska pourrait trouver si important qu'elle doive le protéger.

Son bras lui fait toujours mal, une douleur diffuse qui remonte jusqu'à son épaule, ses doigts aussi à force de s'être serrés autour de son arme. Carrie jette un regard à ses pieds, à Valeska qui siffle et gémit et s'agite à peine. Quel gâchis d'oxygène. "That was very impressive," commente-t-elle en retournant à Martin, le détaillant encore avec sa chemise insupportablement à moitié défaite et ses cheveux parfaitement coiffés et gominés. "You Wangs are killing machines. And what a gentleman to let me have my fun, too." Carrie renifle à l'idée que Martin soit un gentleman, quoiqu'elle soit sûre que Kamala serait prête à en débattre. En dehors de la pièce, Carrie entend les sorts, les coups et les cris comme à travers un voile, comme si ça appartenait à un autre monde. "I was worried that you'd ask for retribution for this little... helping hand that you're giving me. But it seems you've had your fun and that we're even," suppose-t-elle posément et d'une voix lente, s'attendant au pire de la part de Wang Zhang.