Réveillée un peu tard, au lendemain d’une soirée halloween trop arrosée, Jules avait décidé de mettre à l’honneur cette fête de morts pour faire se rendre sur les tombes de ses proches rendus à la terre. Avec les entraînements et sa vie personnelle, elle peinait à trouver suffisamment de temps pour venir se recueillir auprès de ceux qu’elle a perdu, d’autant plus que la liste semblait s’allonger un peu plus chaque jour. Après avoir retrouvé sa sœur pour déposer des fleurs sur la tombe de ses grand-parents au Pays de Galles, elle avait décidé de se rendre à Londres pour visiter une tombe qu’elle n’avait pas vu depuis déjà pas mal d’année ; celle de Philippe Evans. Cet ancien coéquipier et ami, assassiné devant ses yeux lui manquait autant qu’au premier jour et après avoir passé cette sympathique soirée avec le reste de l’équipe des Rowdy Ravens, elle avait forcément eut une pensée pour ceux qui n’étaient plus. Pas vraiment gallois pur souche, Evans reposait Lowgate Wizard Cemetery de Londres, une ville qu’il avait d’ailleurs toujours particulièrement affectionné. En effet, un peu fêtard, le jeune homme avait toujours été le premier à proposer un dernier verre dans un pub animé, ou même une danse frénétique dans une boîte underground.

L’époque d’or de son équipe lui manquait, et si elle le pouvait, elle retournerait sans hésitait à ces temps si chers à son cœur. Trop de proches étaient tombés pour des idéologies stupides et dépassées, et ceux qui tenaient encore debout se retrouvaient souvent obligés de fuir, comme sa pauvre mère toujours en cavale. Jules détestait ce qu’était devenu le monde des sorciers, et sans le quidditch, elle serait sûrement actuellement à l’autre bout du monde, cachée dans un petit village moldu. En attendant, elle s’efforçait de faire bonne figure, de s’accrocher à ceux qui l’entouraient encore, tout en espérant profondément qu’aucun d’eux ne viendraient à disparaître. Si elle le pouvait, elle apprécierait pouvoir porter sa pierre à l’édifice en participant à la résistance, mais malheureusement, la surveillance qui lui était accordait l’empêchait d’agir à son bon vouloir. Si elle ne voulait pas envoyer son père au bûcher, ou prendre le risque de voir ses proches menacés, elle se devait de tenir un comportement de parfaite citoyenne ; exemple de la nation et star montante du quidditch.

Cependant, c’était le cœur lourd qu’elle venait aujourd’hui se recueillir sur la tombe de son ami. Cela faisait déjà huit ans qu’il était mort sans raison. Huit ans pendant lesquelles, rien ne semblait s’être améliorer. Les fugitifs continuaient de se cacher dans l’ombre, et les honnêtes personnes appréhendaient chaque nouvelles journées qui s’annonçaient. Vivre dans la peur faisait mourir à petit feu l’espoir, et une fois l’espoir complètement éteint, le mal pourra agir sans limite sur ces terres. C’était pour cette raison qu’elle continuait de jouer au quidditch, parce qu'elle espérait, peut-être un peu naïvement, que par son simple jeu, elle pouvait apporter un peu de joie dans la vie des autres. Certes, son acte était bien futile face à celui des rebelles qui agissaient dans l’ombre, mais c’était pour le moment la seule chose qu’elle pouvait réellement faire ; ça et continuer d’aimer ses proches.

Philippe n’était peut-être plus de ce monde, mais il continuait d’exister dans leurs cœurs. Pour preuve, sa tombe était parfaitement entretenue et plus fleurie que jamais. D’un geste un peu solennel, elle déposa son petit bouquet aux couleurs orangées, avant de se recueillir quelques minutes. Elle raconta à son ami les dernières nouvelles de l’équipe, ainsi que la fin désastreuse de leur série préférée. Ce genre de conversations, elle aurait aimé les avoir en vrai, mais malheureusement, la vie en avait décidé autrement. Sans surprise, elle espérait que peu importe le lieu où il se trouvait désormais, Philippe puisse entendre ces quelques mots et ainsi savoir à quel point il manquait aux vivants.

Une fois son pèlerinage terminé, Jules s’éloigna de la tombe de son ami, et attrapa son téléphone pour proposer à une amie qui vivait non loin d’ici, de passer prendre le thé. Alors qu’elle pianotait sur son clavier, elle manqua de marcher sur les outils du fossoyeur qui creusait un nouvel emplacement dans le cimetière. Navrée de ne pas avoir regardé devant-elle, elle s’excusa sincèrement, avant de s’attarder sur le visage de l’homme. Jules le connaissait, ce n’était pas juste un air de ressemblance. Rhys Llyod se trouvait juste devant elle, pelle à la main, en train de creuser un trou dans un cimetière. La scène semblait parfaitement surréaliste, d’autant plus qu’elle le pensait encore en prison. Arrêté pour des raisons stupide, l’homme avait été envoyé à Azkaban, un lieu qui malheureusement détenait aujourd’hui bon nombre d’innocents.

Surprise de le croiser par hasard dans un tel endroit, Jules resta un moment silencieuse, se demandant s’il se souvenait d’elle. A l’époque, ils s’entendaient bien, et passaient même pas mal de soirée post-match à enchaîner des bières au comptoir. Une époque qui lui semblait désormais bien lointaine, surtout face au visage assez sombre qu’affichait l’homme. Normalement, il aurait été assez logique qu’elle souhaite se tenir à l’écart d’un ancien prisonnier, seulement, Jules n’avait jamais été très douée pour ignorer les gens, d’autant plus ceux qu’elle appréciait sincèrement. « — Rhys ? Ca fait longtemps… Je ne pensais pas te croiser ici… » Bien que réellement ravie de le voir, la blonde ne savait pas réellement comment l’aborder, consciente qu’après ce qu’il avait vécu, il devait se sentir un peu déboussoler. Néanmoins, elle tenait bien à lui faire comprendre sa joie de le retrouver, et non pas laisser une possibilité de malaise. « — Je suis contente de te voir. » Ce n’était pas tous les jours qu’on retrouvait un ancien compagnon disparu. En effet, il était désormais devenu habituel que les bonnes âmes aient tendance à disparaître et ne jamais revenir.

It’s a good day.

Voilà à quoi avait pensé Rhys ce matin en voyant son reflet dans le miroir. Un reflet qui pour la première fois semblait ne plus être aussi creux qu’il avait pu l’être ces dix derniers mois. Il avait déjà remarqué un changement depuis qu’il avait rejoint les fossoyeurs du cimetière, mais ce mois en particulier, il avait repris du poil de la bête sur tous les niveaux. Il avait repris sa pratique de l’occlumencie et la légilimencie, il faisait moins de crise de panique ou d’angoisse, et surtout, il avait commencé à être un peu plus actif, même son supérieur chez les Hands lui avait fait la remarque lors de leur dernière rencontre. Le déclencheur ? La PAPA. Maxwell. Un ras-le-bol de broyer du noir. Ce sentiment dont il n’avait aucune raison de se plaindre, alors qu’il était entouré de personnes qui gisait à six pieds sous terre, sans avenir, mais aussi sans espoir. Ils avaient mis un point final, lui était encore en vie. Et s’il ne pouvait pas avoir une conversation avec Rhiannon ou passer un moment Lance, il ne pouvait pas attendre un geste de leur part. Plus maintenant. Peut-être que s’il montrait un peu plus d’entrain, ils finiraient par revenir à sa rencontre. C’était douloureux. Douloureux que les deux personnes auxquelles il tenait tant puisse avoir été aussi absente quand il avait besoin d’eux. Le sorcier avait balayé ce constat, car il se faisait du mal pour rien.

Today is a good day.

Pour un 1er novembre, il faisait presque doux pour la saison, il y a avait quelques nuages dans le ciel, mais celui-ci restait bleu, ce qui rendait les visites au cimetière plus agréable, il fallait le dire. Rhys était arrivé tôt, pas d’enterrement prévu dans la journée, mais le lendemain, alors, il s’en allait avec ses outils commencer à creuser, il pourrait terminer son travail en un rien de temps a coup de baguette magique, mais il préférait le faire à la main, comme la plupart de ses collègues nés-moldus. Parce que ça occupait ses journées, sans qu’il ait à trop réfléchir, creuser un trou demandait un peu de préparation et de travail, un peu de réflexion et d’attention. Assez pour tout ses tracas, et ses questions s’envolent, pour qu’il ne se soucis que de la structure pour que celle-ci soit assez solide pour ne pas s’effondrer, se retrouvant ensevelis sous la terre. Une mort bête et pas très sympathique. Enfin, ça n’était pas encore arrivé et le sorcier connaissait le terrain à présent et si vraiment, il voulait expédier les choses, il pourra enchanter sa pelle pour terminer son travail quand il n’y aura plus de monde. Car justement, le cimetière est plus occupé que d’habitude, les sorciers et sorcières viennent poser des gerbes de fleurs sur les tombes de leur proches certains partit trop tôt. Il rejoint une section familière, a plusieurs mètres se trouve la tombe d’une connaissance à lui, Rhys se dit qu’il ira peut-être le saluer une fois son travail terminé. Pour s’excuser de ne pas avoir encore eu le courage de se replonger dans le quidditch et donc être incapable de lui dire où en était la saison.

It’s a good day.

Comme un mantra que le sorcier se répétait le visage grave et son esprit concentré dans son travail, avant d’entendre un bruit, un outil chutant dans sa direction et manquant de l’assommer. Il sortait la tête de son trou, alors cherchant du regard la responsable qui était sorti du chemin tracé. Leurs regards se croisaient, et si la jeune femme mis un instant avant de le remettre, lui laissait échapper un, «  Jules ? — Rhys ? Ça fait longtemps… Je ne pensais pas te croiser ici…  » Pourtant, vu l’année qu’il venait de passer, le sorcier se disait qu’il était exactement là où il devrait être. Parmi les morts. Simplement, il aurait dû être de l’autre côté du voile, peut-être coincé dans l’entre deux pour veiller sur Rhiannon et Lance. Surtout Lance, car il y avait beaucoup de choses qu’il avait laissées en suspens. Et surtout, parce qu’au fond, il n’aurait certainement jamais accepté de partir, mais est-ce qu’une victime d’un baiser du détraquer pouvait devenir un fantôme. Autant de questions auquel il n’aura pas de réponse, et qu’ils espéraient ne jamais à avoir. C’était fini de se morfondre dans son coin, depuis sa prise de contact avec la PAPA, depuis ses retrouvailles avec Maxwell, il avait décidé de ne pas les laisser gagner. Rhys se hissait hors du trou, esquissant tout de même un sourire à la jeune femme. « Je suis contente de te voir. — Et c’est un sentiment partagé. Comment vas-tu ? Et qu’est qui t’amène ici, les terrains de quidditch ont quand même une meilleure ambiance. » Nouveau gouvernement ou pas, le quidditch restait un sport populaire, et même avec les restrictions, comme le reste, les matches devaient se passer dans la même euphorie et enthousiasme. Certes, ils avaient plus un statut de cirque romain pour occuper la foule en leur offrant un moment plein d’adrénaline et d’excitation, accompagné d’un sentiment d’unité qui n’était plus tout à fait réel. Mais c’était tout de même plus plaisant qu’une visite au cimetière. Et puis là, il réalise, «  Oh, peut-être que tu es venue voir Evans ? Il se sentait un peu bête, alors qu’il s’appuyait sur sa pelle, menton reposer sur la poignée de celle-ci.  Je pense souvent à vous quand je bosse dans cette section… » Il pense à eux, au temps où il pouvait faire son travail de journaliste, sans la censure, sans les mensonges, sans la propagande. Il ne les laisseraient pas gagner, peut-être même qu’il y passera, mais pour les gens comme lui, pour Evans, pour Maxwell, et même Jules. Il voulait bien prendre ce risque-là.

La surprise de la blonde était réelle, à aucun moment, elle s’était attendue à croiser Rhys au beau milieu d’un cimetière. Le journaliste sportif avait simplement disparu de la surface de la terre, une absence qui s’était fait remarquer, tout particulièrement par les Rowdy Ravens. Il avait toujours été leur contact médiatique favori, infiniment humain et attentionné, il était un ami pour eux. Depuis, la relation avec les différents magazines étaient un peu plus compliquée, particulièrement pour les joueurs les plus rustres de l’équipe. Par chance, Jules avait toujours été la chouchoute de la presse, ce qui lui valait des liens assez cordiaux avec les journalistes. Néanmoins, cela ne les avait pas empêché de la harceler au moment de sa relation avec Basil, une période très difficile ou beaucoup avaient clairement empiété sur sa vie privée. Une personne comme Rhys ne l’aurait jamais fait, principalement par respect, mais aussi pour sauvegarder une relation solide avec les joueurs de l’équipe avec laquelle il était quasiment en partenariat.

Perdre un allié comme lui n’était pas aisé pour les Rowdy Ravens, mais bien au-delà, ils avaient perdu quelqu’un de cher, encore une fois. Faire le deuil d’un proche était devenu une habitude pour l’équipe des corbeaux, si bien que pouvoir recroiser ce dernier, parfaitement au hasard, lui mettait du baume au cœur. « Oui, je passe le voir de temps en temps, lui raconter la vie des Rowdy. » Malgré la douleur toujours présente, Jules restait forte, et continuait comme elle le pouvait, d'entretenir les liens d’autrefois. Quant elle le pouvait, la gardienne passait voir ses anciens camarades pour leur conter leurs victoires, persuadée qu’ils que depuis le paradis, il gardait un regard sur leur équipe. La blonde avait conscience que cela pouvait paraître bien futile face à l’injustice qu’ils avaient traversé, mais c’était malheureusement la seule chose qu’elle pouvait faire, à moins de quitter définitivement sa vie d’aujourd’hui.

« Je pense tous les jours à eux, et il n’y a pas un match où on ne se bat pas pour leur mémoire. » Jules avait toujours vécu dans la culpabilité de ne pas avoir signé pour l’ordre, mais malgré toute sa bonne volonté, elle refusait de mettre davantage sa famille en danger et surtout d’abandonner le quidditch, sa raison de vivre. En jouant, elle espérait véhiculer de la force, à ceux qui, comme elle, avait souffert de ce gouvernement corrompu. Parfois, elle se demandait comment le ministère pouvait penser qu’elle marchait dans le droit chemin. Ils avaient tué Cédric, ils avaient tué ses amis, ils avaient enfermé son père, et notifié sa mère comme une fugitive à abattre. Jamais elle ne pourrait leur pardonner et surtout, jamais elle ne pourrait adhérer à leurs politiques.

Visiblement, Rhys refusait lui aussi de marcher dans les rangs, et se contentait de faire profil bas. Le plus âgé avait abandonné le beau monde pour un cimetière, un changement de voie surprenant que la blonde comprenait néanmoins. « Ca fait longtemps que tu travailles ici ? » L’absence de l’homme commençait déjà à dater, et Jules se demandait depuis quand il avait trouvé refuge parmi les morts. Elle aurait aimé le savoir vivant, et en sécurité. De plus, elle aurait apprécié pouvoir lui rendre visite et ainsi sauvegarder leur amitié d’antan. Néanmoins, le retrouver était l’occasion parfaite pour renouer contact. Un allié restait un allié, il serait stupide de ne pas vouloir rattraper le temps perdu.

Des retrouvailles qui tombaient à pic, non pas qu’il n’avait aucun plaisir à creuser des trous dans le sol, mais parfois, une petite pause et discuter avec une ancienne connaissance, voir amie, qui ne semblait pas vouloir prendre la poudre d’escampette. Le sorcier n’allait pas manquer cette occasion, c’était une bonne journée, qu’il se répétait encore, comme un mantra, alors qu’il n’avait pas encore mis la main sur un journal. Ignorant que les détraqueurs étaient en vadrouille, ayant attaqué Potter End la nuit précédente, mais aussi que l’Ordre avait été de la partie. Non, les bons jours, il préférait rester dans sa bulle, pour pas qu’elle éclate. Ce qui n'était pas la façon la plus saine de gérer son trauma, mais un pas à la fois, au moins il pouvait se préoccuper uniquement de Jules, lui accordant toute son attention et échanger quelques nouvelles, même si le décor n’était pas le plus propice aux retrouvailles chaleureuses en général. « Oui, je passe le voir de temps en temps, lui raconter la vie des Rowdy. - Ça doit lui faire du bien un peu de visite. » Répondait Rhys avec un léger sourire amusé, heureux de savoir que Jules n’avait pas oublié ses amis, leurs amis.

L’ancien journaliste aurait tant voulu faire plus, il s’était tellement sentit démunis, de ne pas pouvoir condamner la conduite du gouvernement, les excuses bidons pour justifier que des cadavres sorte du stade. Il les détestait vraiment, s’il avait un peu d’énergie et de courage, bon sang, il ne se gênerait pas pour leur mettre des bâtons dans les roues à ces pleutres. « Je pense tous les jours à eux, et il n’y a pas un match où on ne se bat pas pour leur mémoire. Un sourire s’esquissait sur les lèvres de Rhys, alors qu’il hochait la tête, il aimait entendre ce genre de chose. Elle n’avait donc pas perdu son mordant. Ça fait longtemps que tu travailles ici ? - Plusieurs mois maintenant, avant je faisais des petits boulots à droite, puis à gauche, finalement, on a bien voulu de moi ici. Les morts ne se plaignent pas trop, et la plupart des sorciers ne se rendent même pas compte de ma présence. »

L’homme invisible, c’était pas plus mal de toute façon, après son envoi en prison pour l’exemple et toutes les insultes qu’il avait reçu en tentant de retrouver un boulot dans un journal. Il était ici, ou tout le monde l’oubliait peu à peu, pendant qu’il préparait sa revanche dans son coin, pour donner une voix et la parole à ceux qui courbait l’échine, qui faisait de leur mieux pour rendre la vie de certains moins difficile. Ce que Jules ne savait pas, c’est que là, elle le retrouvait non seulement dans un de ses bons jours, mais aussi requinquer, depuis ses retrouvailles avec Maxwell et avoir rejoint, la P.A.P.A l’ancien journaliste avait l’impression de faire quelque chose d’utile, se lançant dans plusieurs projets, soutenant sa communauté et il espérait pouvoir faire bouger les choses, à son échelle. Il avait aussi repris la légilimencie, mais aussi et surtout contacté quelqu’un qui pourrait l’aider en occlumencie.

Bref, qu’il ait toutes les armes en main pour que la prochaine fois, ce ne soit pas à cause de sa légèreté qu’il soit arrêté, mais bien parce qu’il avait pris une position claire contre le gouvernement. Bien entendu, il était loin, très loin de vouloir retourner à Azkaban ou pire, là où ils envoyaient les prisonniers maintenant, mais pour la bonne cause, il n’y voyait pas d’inconvénient, que ce soit tenir tête à membre du gouvernement, couvrir un fugitif ou criminel recherché. Tout, tout pour eux, pour lui, ce n’est pas comme s’il avait grand-chose à perdre, il était retombé en bas de l’échelle chez les Black Hands, son meilleur ami et crush depuis des années était un étranger et sa sœur ne le regardait même plus dans les yeux. Alors, pour au moins qu’ils soient un peu fier, il pourrait essayer de faire la bonne chose cette fois.

« Et toi, qu’est-ce que tu deviens, tu as des projets au-delà des Rowdy ? Rhys ne suivait plus le quidditch, ce qui était certainement l’une des pires punitions qu’il s’infligeait, mais il n’arrivait pas à lire un seul journal sans penser à Lancer. Aux matches où ils allaient tous les deux, les moments d’inconscience, en riant au lendemain qui au fil du temps et le retour de Voldemort, semblait plus sombre. Mais il restait son travail de journaliste, bien que beaucoup plus contrôlé et muselé. Il restait le quidditch, il avait toujours préféré participer au match que jouer, même s’il n’était pas mauvais. Il restait Lance, son compagnon de toujours, qui, dans un monde un peu meilleur aurait pu aller plus loin. Et ce que ce que j’écrivais à propos de toi il y a neuf ans est encore d'actualité ? Toujours en chemin vers le sommet, équipe nationale puis la coupe du monde ? » Il n’avait pas oublié l’arrivée de la blonde dans l’équipe, rayonnante et super gardienne. Certes, les événements qui avaient secoués l’équipe, les années qui venaient de passer avait sans aucun doute ajouter du poids sur les épaules de son amie, mais comme elle lui avait dit, elle se battait pour leur mémoire, qu’ils entendent le nom des Rowdy où qu’ils soient, ils seront toujours avec eux. Tant qu’il y avait des gens comme Jules et lui pour se souvenir, pour ne pas les oublier.

« Et avec Jim, comment ça se passe ? » Bon, il ne pouvait pas échapper à toutes les nouvelles concernant le quidditch, mais celle-ci, il l’avait appris directement de l’intéressé, le seul ami avant Azkaban qui ne l’avait pas évité après sa sortie.

Personne n’avait jamais forcé la blonde à venir compter des histoires aux morts. Elle le faisait, parce que c’était sa manière à elle d’entretenir leur amitié, et surtout d’honorer leurs mémoires. Les feux ravens restaient des membres à part entière de l’équipe et sans eux, elle ne serait certainement pas la joueuse d’aujourd’hui. Ce comportement, beaucoup le qualifieraient de futil, mais ce n’était nullement le cas de Rhys. Doué de sentiment et de compassion, l’ancien journaliste félicitait la bienveillance la plus jeune, assurant que cela devait remonter le moral de ceux partis trop tôt. Une attention qui déclencha un petit sourire sur le visage candide de la gardienne. « Sûrement, il me le dira quand on se reverra. » Loin d’être pressée à l’idée de rejoindre les cieux, Jules acceptait la mort avec une étrange sagesse. Pour elle, rien ne donnait plus de sens à la vie que la mort et sans ça, les humains seraient finalement perdus. Même si elle espérait passer l’arme à gauche le plus tardivement possible, Jules comprenait, mieux que quiconque à quel point cette dernière pouvait être imminente. Ces anciens amis étaient jeunes, talentueux et pleins de rêves, et pourtant, ils sont morts dans l’injustice la plus totale.

La vie est injuste, une fatalité qu’elle avalait difficilement. Sous ses airs candides, Jules était loin d’être totalement idiote. Cela faisait longtemps qu’elle avait compris les rouages de cet engrenage sordide que le ministère faisait tourner. Comme beaucoup, elle tentait de survivre, tout en combattant en silence le manque évident de justice. Rhys, comme beaucoup, en était victime. Coupable de rien, il se retrouvait forcé de vivre dans l’ombre, comme un vulgaire chat errant, dans l’indifférence de tous. Une triste nouvelle pour la gardienne qui se souvenait sans difficulté du sourire de l’homme quelques années auparavant. « Pourtant, ton absence dans la presse est remarquée. » Journaliste de qualité, Rhys était certainement celui qui lui avait offert, en premier, de l'audience. Grâce à lui, les sorciers anglais connaissait son nom, à l’époque où elle n’était encore qu' une recrue.

Depuis cette époque, il s’était sans aucun doute passé beaucoup de choses, pour autant, à cet instant précis, rien ne lui venait en tête. « Pas grand chose, la routine… Je ne suis certainement pas la sorcière la plus à plaindre du pays. » Consciente d’être privilégiée par son statut de joueuse de quidditch, Jules sous-estimait souvent ses malheurs. Comme toujours, elle omettait de parler de son père toujours en prison, de sa mère toujours en cavale et de la pression qu’elle subissait à devoir jouer les sorcières modèles pour espérer sauver les siens. Un fardeau qu’elle acceptait, persuadé que les vrais combattants, les phénix, vivaient bien pire. « Je suis plus forte qu’il y a neuf ans ! J’étais encore une recrue à l’époque. Maintenant je suis titulaire chez les Rowdy quand même ! » Le plus âgé n’avait pas dû avoir accès à la presse durant ces dernières années et il était certain qu’il avait dû passer à côté de quelques informations. Même avec passion, le quidditch était finalement assez secondaire dans un monde comme celui du lord.

Pour autant, malgré la noirceur de cette époque, les humains, moldus ou sorciers, continuaient d’avoir des rêves et des ambitions. Depuis son plus jeune âge, avant même d’entrer dans l’équipe de Poufsouffle, Jules rêvait de représenter les couleurs de son pays natal. Pour autant, à cause des aléas du temps, elle n’avait jamais réellement pris le temps de pousser son ambition à terme. Rhys, comme beaucoup la voyait bien signer pour un niveau plus haut. « L’équipe du Pays de Galles, ça fait rêver, mais je ne suis même pas certaine d’avoir le niveau... » Tout le monde lui souhaitait ce level up, et pourtant elle doutait d’elle. Jules ne savait pas vraiment s’ils voulaient la voir en haut pour son niveau de jeu ou pour ce qu’elle pouvait représenter. Un dilemme qui la poussait à rester dans l’ombre, quitte à rater le coche. En effet, elle ne sera pas toujours jeune et devra, comme tous les joueurs de quidditch, prendre sa retraite avant de se ruiner la santé.

Pour le moment, la galloise était encore en forme et profitait de sa jeunesse pour performer en sport. Les Rowdy Ravens étaient sa famille, et même si elle n’était pas parfaite, elle la chérissait du plus profond de son cœur. Lorsque Rhys s'interrogea sur Jim, le coach de l’équipe, la blonde lâcha un petit soupir, consciente des erreurs de certains partenaires de jeu. « Jim… Ça ne doit pas être facile tous les jours pour lui… L’équipe est souvent ronchon pour collaborer, je ne suis pas vraiment de leur avis. Je pense que c’est une bonne chose d’avoir quelqu’un comme lui comme coach. » Contrairement à la plupart, la blonde s'était montrée accueillante avec ce nouvel entraîneur. Sociable et chaleureuse, elle a toujours eu tendance à voir le verre à moitié plein. Certes, ce n’était pas leur ancien coach, pour autant, il avait des qualités et appréciait l’équipe pour ce qu’elle était. « Disons que ça s’améliore quand même, tout le monde s'apprivoise, certains sont juste un peu plus farouches. » Avec le temps, les plus féroces mettaient de l’eau dans leur vin, ce qui rendait l’ambiance aux entraînements un peu moins pesante. « Tu le connais bien ? » Jules ne connaissait pas la relation qu'entretenaient les deux hommes et se montrait curieuse à l’idée de les voir amis. Ils ne se ressemblaient pas particulièrement et pourtant, elle les imaginait parfaitement échanger autour d’un verre.

« No rush. Il ne t'en voudra pas si tu mets un peu de temps. Répondait Rhys avec un sourire compatissant, et il me le dira certainement avant. » Interdiction pour la jeune joueuse de passer l’arme à gauche avant lui. Elle n’était peut-être pas sa fille (tant mieux pour elle), mais elle avait l’âge de l’être, c’était donc dans l’ordre des choses qu’il rejoigne leur ami avant Jules. Bien que lui non plus n’était pas pressé de rejoindre le monde des morts, il le fréquentait bien assez pour savoir que malgré tout ce qu’il traversait, il était (un peu) heureux d’être encore parmi les vivants. Il y avait des jours, qui étaient plus difficiles que d’autres, mais au final, le sorcier espérait que ça finirait par passer, par aller mieux. Dans tous les domaines de sa vie, que ce soit professionnelle, comme personnelle. Il pensait notamment à sa sœur, avec laquelle il peinait encore à reconnecter. Terrible que de perdre un lien aussi précieux que celui qui unissait deux jumeaux. Il pensait aussi à Lance, mais là, là, c’était différent. Rhys ne voulait pas y penser, même si parler avec Jules, des Rowdy, de Jim, ça le ramenait à lui. Évidemment.

« Pourtant, ton absence dans la presse est remarquée. » Un sourire s’esquissait sur les lippes de Rhys, qui regardait la joueuse, c’était gentil de sa part, et certainement pas objectif non plus. Le sorcier avait été là pour elle dès ses débuts, un peu comme un parrain professionnel, pour la guider et la défendre contre les medias. Si sa présence avait été complètement rayée des journaux depuis quatre ans (bientôt cinq déjà), sa voix avait était souvent censurée après le retour de Voldemort, même s’il avait trouvé quelques techniques pour contrer les coupures, il y avait parfois des choses qui avaient besoin d’être dites et tout habit de moine, ne pouvait pas cacher la vérité (ou critique) en dessous. Peut-être que Rhys aurait dû être plus mordant, incisif, pour donner une vraie raison au gouvernement de l’envoyer à Azkaban, plutôt que pour sa sexualité affichée au grand jour, moquée, insultée, discriminée. Il aurait beaucoup de choses à dire au sujet du gouvernement, et peut-être même les résistants, qui se faisaient si discrets dans leur combat. Ce qui n’avait rien de rassurant, mais qui lui donnait finalement presque envie de faire quelque chose à son tour. On lui avait dit de faire profil bas, mais vraiment, est-ce qu’il pouvait se le permettre avec tout ce qui se passait autour de lui, avec tout ce qui s’était passé en quatre ans ?

Quatre années perdues, ce n’est pas rien. Et maintenant il devait se taire et l’autruche. C’était bien mal le connaître, même si pour le moment, il essayait de se guérir et de voir, trouver où il pourrait être utile, sans avoir à devenir un fugitif, et laisser ceux qu’il semblait avoir déçu derrière (ou pourquoi pas, ça ne changerait pas grand-chose ? Mais les Black Hands, il leur devait encore une fière chandelle). Non, fuir complètement n’était pas une solution viable s'il souhaitait se rabibocher avec ses proches. Fuir des conversations douloureuses, par contre, ils étaient devenus des experts en la matière.

Enfin, peu importe, il n’avait pas envie de fuir pour le moment, il était heureux d’être avec Jules, et de pouvoir discuter. Jules lui racontait qu’elle était titulaire à présent, le genre d’information qui lui avait échappé, parce qu’il avait fait le choix de ne pas trop se plonger dans les nouvelles de son sport de prédilection. C’était encore trop douloureux. « Prochaine étape le Pays de Galles alors ! Affirmait-il en lui adressant un clin d’œil. L’équipe du Pays de Galles, ça fait rêver, mais je ne suis même pas certaine d’avoir le niveau... - Si tu es devenu plus forte, alors je n’ai aucun doute sur tes capacités: il y a quatre ans, tu avais déjà tout le potentiel pour briller, alors, je n’ai pas de doute. Tu obtiendras ta place, je suis prêt à mettre ma carrière de fossoyeur en jeu. » Il n’avait plus grand-chose à perdre de toute façon et en même temps, il mettait tout ce qui lui restait pour ne pas perdre complètement la tête. Bref, il n’avait aucun doute là-dessus, surtout en sachant qu’elle avait Jim comme coach, il ferrait en sorte qu’elle se dépasse et qu’elle ne lâche pas ce rêve pour pouvoir le toucher du doigt. Il se retenait de pas ajouter qu'après le Pays de Galles elle pourra viser une sélection pour la coupe du monde de quidditch. Il fallait toujours voir un peu plus loin et puisque lui la voyait déjà dans l’équipe de son pays, il devait viser quelque chose de plus haut.

Elle confirmait que ce n’était pas facile pour Jim tous les jours, que les Rowdy ne lui facilitait pas beaucoup la tâche non plus, mais elle était contente de l’avoir comme coach. Il n’était pas surpris des réticences des Rowdy, les circonstances de la mort de leur camarade, la fuite d’Owen. C’était beaucoup pour des jeunes qui avaient été réduits au silence et se complaire aux exigences du gouvernement, alors tout inconnu était naturellement accueillit avec hostilité. Rhys connaissait bien Jim, l’un des seuls amis qui lui restait après son incarcération, là pour lui quand Lance ne l’était pas. Jim ne voudrait que du bien pour les Rowdy, ça aussi, il pouvait mettre sa main à couper, mais il était en aucun cas objectif. « C’est un vieil ami. C’est lui qui m’a dit qu’il vous avait récupérés. Racontait-il avec un sourire sincère qui illuminait son visage un peu, et en toute subjectivité, je pense que c’est toi qui as raison, vous êtes entre de bonnes mains. C’est le meilleur. En toute subjectivité, avait-il bien précisé, parce que pour le coup, il était fier de son ami, de ses amis. Je suis vraiment content pour vous, je sais que les choses ne sont pas faciles, mais il faut continuer à vous serrer les coudes. Tenez bon, et tout ira bien. Il fallait que tout aille bien, tant qu’ils ne donnaient pas de raison au gouvernement de leur retomber dessus. Si un jour je peux de nouveau entrer dans un stade, je reviendrais vous voir jouer— quand je serais prêt. Je serais très heureux de voir vos progrès à tous. » Lui confiait-il avec un sourire triste.

Rhys ne méritait pas de se retrouver dans un cimetière. Il était absolument charmant, doué dans son travail et infiniment passionné de quidditch. Le gouvernement avait décidé de l’évincer, l’expulsant du monde en un claquement de doigts. Des histoires comme celle de son ami, ça courait les rues et même si elle restait dans les rangs, Jules ressentait chaque jour un peu plus d'amertume envers ceux qui les gouvernaient. Pour autant, elle se doutait bien que le plus âgé ne souhaitait en aucun cas être plein ou pris en pitié. De plus, critiquer l’Etat n’allait certainement pas l’aider à retrouver son ancienne vie, si bien qu’elle préféra rester neutre. « Ta carrière de fossoyeur… Ça sonne bien ! » Malgré tout, elle espérait qu’il parviendrait à remonter la pente et trouver un nouvel équilibre pour être heureux. Jules savait ce que c’était de perdre son petit monde et maintenant qu’elle le savait de retour, elle comptait bien le soutenir. « Si je rentre en équipe nationale, tu seras un des premiers au courant ! » Rhys méritait son amitié, et loyale comme elle l’était, Jules ne prenait pas se mot à la légère.

Apprendre que le fossoyeur était un ami de Jim n’avait absolument rien d’étonnant pour elle. Ils se ressemblaient un peu et possédaient des caractères plus que compatibles. Rhys partageait son opinion au sujet de l'arrivée d’un homme comme lui à la tête de l’équipe. Il était plus que qualifié pour gérer une équipe comme les Rowdy Ravens, malheureusement certains montraient encore un peu de résistance face au changement. Avec le temps, ils finiront par ranger les griffes, surtout avec les supers scores qu’ils réalisent en ce moment. « J’ai tout à apprendre d’un gars comme Jim, c’était un gardien légendaire, sa carrière fait forcément rêver. » Jim était l’un des gardiens les plus connus de sa génération, et comme elle jouait au même poste que lui, elle ne pouvait que l’admirer et espérer obtenir une carrière tout aussi glorieuse.

Les Rowdy Ravens étaient sûrement plus forts que jamais, et pour dire vrai, elle se sentait elle-même plus entraînée que jamais. Pour elle, ils allaient forcément gagner la coupe et bien évidemment, elle espérait que Lloyd soit là pour voir le spectacle. « Je te réserverais une place à chaque fois et quand tu seras prêt, tu viendras et constateras qu’on est bien évidemment… la meilleure équipe de la ligue. » Jules comprenait que pour lui, retourner sur un terrain, puisse être une angoisse. Comme beaucoup, il avait besoin de temps pour refaire surface et trier ses émotions. Elle n’imaginait pas les peines qu’il avait traversé, sûrement les mêmes que son père subissait encore aujourd’hui, mais elle savait que seul le temps pouvait améliorer la situation. « Tellement que le Lord essaye de supprimer nos membres. A croire qu’on leur fait peur ! » Jules critiquait le Lord sans vergogne, elle le détestait de tout son être et elle savait qu’en compagnie de Rhys, ses mots ne risquaient pas de s’échapper.

Le vent commença doucement à se lever sur le cimetière, faisant voler quelques feuilles mortes. Jules savait qu’il était temps de partir, avant que des personnes mal intentionnées ne les remarque, Sans prévenir, elle s’approcha du plus âgé pour le serrer brièvement dans ses bras, avec une bienveillance sans limite. Solaire, Jules avait toujours eu le don de réchauffer l’atmosphère et de faire sourire les autres. Une fois la distance habituelle réinstallée, elle lui adressa un sourire sincère. « Ca te dis de boire un verre chez moi cette semaine ? On sera plus tranquille qu’ici. » Il était préférable que Rhys ne soit pas vue en sa compagnie, elle le comprenait, mais elle refusait de ne pas le voir. Elle avait beaucoup de choses à lui raconter, ce qui sera bien plus confortable autour d’une bière bien fraîche.

« Ta carrière de fossoyeur… Ça sonne bien ! » Rhys souriait à la jeune blonde ça sonnait pas trop mal et en vérité Rhys trouvait que c’était le meilleur boulot qu’il avait trouvé depuis sa sortie de prison. Ce n’était pas forcément bien vu (la mort, même chez les sorciers restait taboue), mais au moins, on lui foutait la paix, il avait deux collègues né-moldu et ils se serraient les coudes, naturellement, entre parias, c’était mieux que rien. Il espérait pouvoir continuer dans cette voie, même si le journalisme (et sa vie d’avant) lui manquait énormément. Le sorcier aurait voulu que cette soirée ne se passe jamais, il n’aurait pas perdu quatre années de sa vie, il n’aurait pas perdu son meilleur ami non plus (le même dont il était encore amoureux, mais il préférait ne pas y penser là).

Difficile, de ne pas penser à Lance quand le quidditch était le sujet de conversation. Jules lui assurant qu’il serait le premier au courant si elle venait à rejoindre l’équipe du pays. Rhys riait doucement, hochant la tête, il serait super heureux pour elle, comme il l’était à présent. Jim était un chic type, mais comme il l’avait dit, il ne pouvait pas être subjectif. L’homme lui avait tendu une main, offert une épaule, et même un canapé à sa sortie, bien que sa sœur lui avait déjà trouvé son petit appartement à Betws y Coed. Jules était entre de bonnes mains, un homme bien et elle avait une super équipe. Les plus, puristes et extrême pourraient reprocher à la blonde de jouer le jeu du gouvernement, mais Rhys comprenait que certains jeunes pensent à leur carrière et survie, lui aussi après tout, même s’il considérait qu’il avait passé l’âge de faire la révolution et il était mieux ici à aider la P.A.P.A. et à soutenir des personnes comme Jules, que fugitif dans la campagne du pays. Il ne tiendrait pas la distance, il était sorti d’Azkaban changé, fantôme de la personne qu’il était avant, et plus peureux qu’avant. Mais la peur, c’était rien, l’inaction, c’était pire pour lui, du coup, malgré les risques, la probabilité de se faire arrêter pour aider un né-moldu ou alors distribuer des articles qui dénoncent les actions du gouvernement (et donc mourir), Rhys ne pouvait pas laisser cette peur le contrôler, il refusait, ça n’avait jamais été sa nature par le passé.

« Je te réserverais une place à chaque fois et quand tu seras prêt, tu viendras et constateras qu’on est bien évidemment… la meilleure équipe de la ligue. - Je n’en doute pas une seule seconde. Répondait-il en riant, tellement que le Lord essaye de supprimer nos membres. À croire qu’on leur fait peur ! Rhys esquissait un rictus amusé, je suis heureux de l’entendre, mais restez tous prudents, on ne voudrait pas perdre plus de joueurs, sinon les Rowdy ne seront plus les meilleurs ! » Prudence, mais il était content d’entendre quelqu’un d’autre faire preuve d’humour face à la situation et surtout, Jules lui faisait confiance qu’il ne dirait rien. « Ca te dis de boire un verre chez moi cette semaine ? On sera plus tranquille qu’ici. - Rho, tu sais, les morts ne sont pas très bavard, tes secrets seront bien gardé avec nous. Assurait-il en lui adressant un léger clin d’oeil. J’accepte avec plaisir ton invitation, donne moi une heure et ton adresse, et j’y serais. » Après le travail, généralement, il rentrait à la maison, sauf lorsqu’il avait une petite réunion avec les filles de la P.A.P.A. L’ancien journaliste semblait ne pas perdre ce sourire, sûrement parce que l’humeur de Jules était contagieuse, peut-être parce qu’il était sur l’un de ses meilleurs jours. Il commençait à en avoir un peu plus, même s’il restait encore tendu et anxieux, il se souvenait encore du coup de poker de Maxwell qui avait failli lui faire une crise cardiaque. « Tu me diras aussi ce que je dois t’apporter, en tout cas ça m’a fait plaisir de te voir et… je te dirais quand je serais prêt pour les matchs. » Il ne savait pas s’il était réellement interdit de terrain, par contre, il avait été clairement rayé de tous les journaux qui existaient, en quatre de toute façon, ils avaient été embourbés dans la machine de propagande du gouvernement, comme le magazine de son amie Remy. Peut-être qu'il poourrait être un spectateur lambda.