Quand Tony a dit à tout le monde qu'ils allaient tous aller quelque part, et qu'ils allaient devoir faire face à l'Ordre, Sylas a senti un pic glacé s'enfoncer dans ses entrailles et les ravager cruellement - il s'est senti tourné de l'oeil, et c'est seulement parce qu'Argos avait son énorme tête posée sur ses jambes qu'il ne s'est pas écroulé sur l'épaule de Logan assis à côté de lui. Il n'a rien dit - il n'aime pas parler quand on ne s'adresse pas à lui - mais son coeur s'est accéléré, comme à chaque fois que l'Ordre est mentionné devant lui.

Il n'est pas un traître.

Il n'est plus un traître.

Promis.

Et l'idée d'être associé à eux, l'idée de se retrouver face au regard sombre et perdu d'Alexis, l'idée d'être attrapé, puni, torturé, ouvert de nouveau face aux faisceau du Basilic, lui donne envie d'hurler très fort et d'aller s'esquinter quelque part - et on lui a dit que ça faisait peur, que c'était dangereux pour lui, et qu'il ne fallait pas qu'il le fasse. Alors Sylas évite, garde tout en lui, joue avec le grelot-Vif offert par Ernest quand il a mal à l'intérieur. Il n'a pas envie de faire peur à ses nouveaux amis, qui s'appellent les Avengers comme dans les comics, dont les attentions discrètes mais présentes calment un peu l'océan d'angoisse il se noie depuis que Penelope lui a demandé d'être courageux et l'a abandonné - les vagues n'en finissent jamais de s'acharner sur lui, mais qu'importe quand une main finit toujours par le tirer du fond de l'eau.

Une main comme celle d'Ethan, qui littéralement l'a empêché de se noyer dans le loch quand il pensait qu'il allait y passer. C'est Ethan, d'ailleurs, qui est resté en arrière avec lui - Sylas se demande si lui aussi, il a fait quelque chose de mal, et qu'il a été puni, et c'est pour ça qu'il reste avec lui au lieu de rejoindre les autres et Argos. Il n'a pas osé lui demander. Il n'ose pas grand-chose, même si les sourires encourageants qu'on lui adresse invitent à la conversation; la bienveillance qu'on lui accorde lui semble tantôt envahissante, tantôt suspicieuse, et Sylas ne sait toujours pas à quel retour de flamme s'attendre de la part des Avengers.

Dagobah n'a jamais été aussi vide et calme, et le soleil timide de juin lui réchauffe les joues. Ethan est allé se doucher et Sylas a fini par reposer ses crayons. Il passe le plus clair de son temps à dessiner, parce que ça le rassure, rougissant de plaisir quand on le complimente - ça a toujours été plus simple pour lui de s'exprimer par des images croquées sur le papier, qu'avec les mots. Il jette un regard en coin à la tente des Avengers (la sienne est à l'écart; quand on lui a dit qu'il allait dormir dans un énorme lit pour deux personnes, Sylas a failli pleurer sans savoir pourquoi) avant de lentement se lever pour s'y rendre. Il ose rarement faire ça aussi, ne voulant pas s'imposer, mais l'endroit est désert et Ethan est encore sous la douche, alors Sylas se dirige vers la porte de la chambre de Noam.

Il est bizarre, Noam, mais il est gentil, parfois. Il était plus gentil, avant, et puis il y a eu un accident, et maintenant il y a un après, et Sylas ne comprend pas trop pourquoi Noam ne le tanne plus pour jouer au Quidditch avec lui - il a été transforme en loup-garou, mais il peut encore voler, non? Quand il lui a posé la question, il a bien vu que ça n'avait pas plu à Noam, et il s'est laissé être tiré en arrière par Elliott.
Il jette un regard regard à la porte fermée de la salle de bains, et ouvre la porte de la chambre de Noam, qu'il partage avec Elliott justement. Il reconnait rapidement quel côté appartient à qui, et s'approche de ce qu'il a aperçu il y a quelques jours, un mur de photos. Il les étudie silencieusement et finit par décoller, avec beaucoup de précaution, la photo de Noam sur son balai, et celle de ses parents - du moins il y ressemblent, c'est un homme énorme et hirsute aux grand sourire et aux longs cheveux sombres, avec une belle femme à l'air intelligente.

Sylas met les photos dans sa poche et ressort, refermant la porte et retournant sur la pointe des pieds jusqu'à la table, dehors, où il a pris ses habitudes pour dessiner. Il pose les deux photos devant lui et il se tourne la page de son carnet à spirales - Sohan lui en a donné un nouveau quand il a fini le précédent, et le papier encore neuf le fait sourire. Il passe la main sur la feuille et attrape un crayon, se mettant à dessiner les parents de Noam et ce dernier en train de voler au-dessus d'eux. Il espère que ça lui fera plaisir, il lui donnera quand il reviendra, ou un peu après si il n'a pas le temps de finir.

Il n'entend pas Ethan sortir de la douche et revenir, et il sursaute comme un beau diable quand il s'assied face à lui. Les yeux de Sylas passent de ceux, très clairs, d'Ethan avant de vite revenir sur les deux photos étalées devant lui. "I didn't steal, I'm going to put them back," marmonne-t-il d'une petite voix blanche, ses mains revenant contre lui pour que ses doigts s'entrelaçent nerveusement. "I thought maybe a drawing would make him feel better..."

La décision avait été prise rapidement, entre les Avengers ; lorsque le silence était retombé face à l'épineuse question de Sylas et de Noam, Ethan s'était vu ouvrir la bouche et proposer de rester avec lui, à Dagobah. Cela lui ressemblait peu de manquer un événement si emblématique, où leur petit groupe était aux premières loges d'un tournant qui s'annonçait historique. Tout le monde avait été convié à paraître aux côtés de l'Ordre, et il avait senti un frisson d'expectative virulent, à l'idée de figurer à cette assemblée décisionnaire, avant que la réalité des choses ne vienne le frapper.

Depuis quelques temps, Ethan commençait à se sentir, d'une étrange façon, lésé au sein même de ce qui avait été pendant des années sa famille de cœur. Tony et Sohan s'étaient trouvés, Elliott et Amaya filaient encore le parfait amour, Sam veillait sur Logan avec une constance égale (quand bien même Ethan avait parfois la désagréable impression, en pénétrant dans la tente, d'interrompre soudainement une conversation), et Noam... Noam lui brisait douloureusement, lentement le cœur – une blessure lancinante qui s'enfonçait de plus en plus profondément, au fil des bouteilles de Firewhisky, des pleurs, des rejets de son meilleur ami qui faisait retenir à la fois son souffle et son attention au camp tout entier.

Ethan s'était insurgé, quand Anthony avait laissé venir Noam avec le reste de la bande, sous prétexte que ce dernier insistait – encore une brillante idée de la part du leader, lui avait-il reproché devant tout le monde, à quelques minutes du départ groupé. Et comme toujours, on ne l'avait pas écouté : ainsi Ethan avait goûté au sentiment amer (et injuste, puisqu'il s'était le premier proposé pour rester) d'être laissé en arrière pour s'occuper de Sylas, quand Noam, malade, Logan et Argos assisteraient à l'une des réunions les plus importantes de leur vie.

Les nerfs encore à vif et la gorge serrée par la frustration qui le rongeait, il était aller trouver refuge dans l'une de ses activités favorites : une très, très longue douche, brûlante, destinée à faire couler hors de lui la peine qui s'accumulait en son torse de jour en jour. Il avait bien entendu prévenu Sylas, à qui il avait adressé l'un de ces sourires crispés qui signifiaient clairement, pour qui le connaissait, que quelque chose n'allait pas.

Et les sourires crispés s'enchaînaient, depuis la pleine lune fatidique qui avait changé leurs existences tranquilles ; et si les paroles compatissantes de Sam pansaient un instant ses maux, les pleurs reprenaient immanquablement ensuite, de l'autre côté de son rideau.

Il considéra ses yeux rouges dans le miroir incroyablement net de la salle de bain (un sort anti-vapeur leur permettait de se mirer en toutes circonstances), et après un soupir imperceptible et une main passée sur ses joues lisses, il sortit à l'extérieur pour rejoindre Sylas, encore penché sur son carnet, sur la table. "Still drawing?" Un brusque sursaut lui répondit, tandis qu'il s'asseyait en face du réfugié ; une expression coupable et anxieuse au visage, qui l'attira tout droit aux deux photos étalées devant lui. On pouvait y voir Hauata et Mona, dont Noam lui parlait depuis toujours – il n'avait pas manqué de lui raconté le jour où la sorcière lui avait offert une véritable batte de Quidditch, pour son quatorzième anniversaire. "I didn't steal, I'm going to put them back." Le cœur serré d'Ethan l'empêchait de respirer correctement, au souvenir, et il releva rapidement les yeux sur Sylas. "I thought maybe a drawing would make him feel better..."

Un sourire forcé étira ses lèvres, au-devant de la culpabilité évidente du sorcier. "It's alright mate, you didn't do anything wrong", et il lui donna une tape amicale sur le bras, avant de baisser de nouveau les yeux sur le dessin – saisissant de réalisme, et commençant déjà à se mouvoir sur le papier. "That's really nice, I'm sure Noam is going to love it." Son sourire vacilla légèrement, en se figurant le cœur mou de Noam fondre devant ce cadeau émouvant. "Is it alright if I stay here? I can't draw shit myself, that's fascinating", fit-il en cillant légèrement, sentant ses yeux le picoter (déjà...), gardant les yeux rivés sur la silhouette de Noam dans le ciel.

Le regard de Sylas hésite, fait des allers-retours, avant de jeter l'air de rien un coup d'oeil en direction d'Ethan, entre deux mèches blondes. Un sourire étire ses lèvres, et Sylas ne comprend pas vraiment pourquoi il ment - pourquoi il lui ment à lui, parce que le sourire est crispé et n'atteint pas ses yeux du tout. "It's alright mate, you didn't do anything wrong." Sylas sursaute quand il se penche pour lui taper le bras, et lui offre un sourire maladroit, avant de se frotter la peau - plus surpris que choqué, son sourire s'étirant et se détendant légèrement, reconnaissant la marque de complicité brusque mais sincère pour ce qu'elle est. Il n'y est plus vraiment habitué, mais l'a été un jour - des souvenirs manquent de refaire surface, une bande d'amis parfois maladroits et aux expressions d'affection inégales. "Okay..."

"That's really nice, I'm sure Noam is going to love it." Sylas regarde son dessin, puis relève les yeux vers Ethan, dont le sourire est toujours aussi faux. Il fronce les sourcils devant les émotions difficiles à démêler qui viennent défigurer son visage - ça semble évident à Sylas, comme si les émotions de l'Avenger étaient écrites avec des mots entre ses yeux brillants, les coins crispés de ses lèvres et son léger froncement de sourcils. "Is it alright if I stay here? I can't draw shit myself, that's fascinating. - I don't mind. You're here at home," répond Sylas en haussant une épaule. "I like drawing because I'm good at it." Il dit ça sans prétention, attrapant de nouveau son crayon et le faisant tourner entre ses doigts dans un geste instinctif. "I do it when I'm sad. The sad doesn't really go away, it never truly does, but it helps." Avec lenteur, il repose ses yeux sur le dessin avant de le faire disparaître derrière une page vierge de son carnet, qu'il déchire proprement avant de la tendre avec Ethan. Tous ses crayons sont rangés dans une trousse délavée et percée, tâchée d'encre, qu'il pousse vers lui. "You should try it, I can tell you're sad."

Sylas décide de laisser le dessin pour Noam pour plus tard, et passe à une nouvelle page. "You can try with something easy and that you like. Me... I like ducks." Et déjà le crayon glisse à la surface du papier, travaillant déjà la silhouette d'un canard - cela lui rappelle Penelope et cela le fait un tout petit peu sourire, mais pas trop. "I just picture the duck in my head and then I draw it. Sometimes it's hard, sometimes it's easy. It's like I'm shortsighted but in my head, you know... like I need glasses. Head glasses." Il parle sans vraiment réfléchir, rassuré par le silence qui les entoure, pour une fois, et l'assurance tranquille d'Elliot. "But today is a good day. No glasses." Il repose son regard sur lui. "Did you do something bad? Is that why you're punished and you're here with me?"

tw: capacitisme

"I don't mind. You're here at home." Ethan releva les yeux vers Sylas, abandonnant la silhouette qui tentait de prendre son envol sur le papier, esquissant un léger sourire qui manquait sensiblement de joie – home. Ce mot avait un goût amer, depuis quelques temps – Sylas avait pourtant raison. Sylas, de fait, comprenait énormément de choses, sa vision simple et claire dégagé des couches pesantes, parfois aveuglantes, de l'intellect. "I like drawing because I'm good at it. I do it when I'm sad. The sad doesn't really go away, it never truly does, but it helps." Ethan se retint de lui demander pourquoi lui était triste, aujourd'hui, à dessiner des Noam et des parents d'adoption qui valaient, au moins pour Mona, certainement mieux que son véritable père ; il ravala plutôt sa question en redressant la tête, regardant la feuille vierge et la trousse avant de revenir à Sylas. "You should try it, I can tell you're sad." I'm not sad – et une expiration faussement amusée remplaça le mensonge qui avait failli franchir ses lèvres. "I'm really bad though, like, really", fit-il en ouvrant légèrement les mains, se dédouanant de ses capacités médiocres et de sa tristesse, mais Sylas n'écoutait déjà plus. "You can try with something easy and that you like. Me... I like ducks." "Ducks?"

Les yeux d'Ethan suivirent le mouvement assuré du crayon filant sur le papier, esquissant la forme d'un canard – un vrai canard, avec les plumes et les pattes palmées. "I just picture the duck in my head and then I draw it. Sometimes it's hard, sometimes it's easy. It's like I'm shortsighted but in my head, you know... like I need glasses. Head glasses. But today is a good day. No glasses." Ethan se tut, cette fois, et observa en silence, quelques secondes, le visage concentré de Sylas au-dessus du papier.

Il était reposant d'écouter Sylas dérouler le fil de ses pensées, comme le courant d'une rivière emportant doucement les compressions douloureuses du cœur d'Ethan ; tout semblait si simple, dans la tête du sorcier, et l'entendre parler de canards et de lunettes de l'esprit lui tira un très léger sourire, aux antipodes de son humeur du jour (de la semaine, du mois, même). Comme beaucoup d'autres, Ethan avait d'abord cru que Sylas était un idiot (mais un gentil), un simplet produit par les lois sans pitié du gouvernement ; il se révélait en réalité être un grand sage, que même Sam et ses conseils avisés peinait à égaler. Sam ne lui peignait jamais la vie en canards, lui, et cela avait cruellement manqué à l'existence d'Ethan.

Il se décida à piocher dans la trousse, avec un discret soupir, abandonnant derrière lui ses yeux rouges le temps d'un gribouillage en compagnie du fugitif. "Did you do something bad? Is that why you're punished and you're here with me?" Ethan choisir un crayon au hasard, et releva le regard aux questions de Sylas – une nouvelle vague chercha à se soulever, dans son torse, à laquelle il opposa une brève seconde de considération. Peu importait ses frustrations et ses incompréhensions face aux comportements de ceux qui étaient censés être les siens.

Il était mieux que Sylas continue de baigner dans la douce ignorance des maux qui le rongeaient, autant que son sixième sens affûté pouvait le lui permettre. "No, not at all", commença-t-il en tournant sa feuille pour la placer à la verticale, son regard embrassant un instant les traits de Sylas. "The others are having what must be a very boring, painful meeting right now and I'm here drawing ducks with you. If someone is being punished, it's definitely not me," conclut-il avec un léger haussement d'épaules, esquissant une ébauche de sourire complice, avant de revenir à sa feuille où il commença à tracer les premiers traits. Il releva le regard vers Sylas, puis le rebaissa vers la feuille, comme pour ne pas perdre ce qu'il venait de décrypter du regard, et le reporter tel quel sur le papier. "Alright, now I'll need you not to move for about ten minutes. Can you do that and still draw your ducks?" Car Ethan était un désastre à dessiner de mémoire, et le visage de Sylas avait une symétrie agréable qui intégrait aisément la catégorie des choses plaisantes, dans l'existence vaguement morose d'Ethan.

Sylas regarde Ethan choisir un crayon sans hésiter, mais prendre quelques secondes pour réfléchir à sa réponse. C'est souvent plus simple de choisir une couleur qu'un sentiment, il imagine, et c'est nettement moins douloureux quand on est confronté à une page blanche. Ethan choisir un crayon au hasard, et releva le regard aux questions de Sylas "No, not at all." Sylas pense qu'Ethan lui dit la vérité, mais il sait aussi qu'il ne lui dit pas tout. Il peut comprendre. Après tout, Ethan est un sorcier et lui il est un sang-de-bourbe, même si on n'arrête pas de lui dire que ça ne veut rien dire et qu'il devrait arrêter de s'appeler comme ça et de se dénigrer comme on le lui a si justement enseigné. "The others are having what must be a very boring, painful meeting right now and I'm here drawing ducks with you. If someone is being punished, it's definitely not me." Un léger sourire apparaît sur les lèvres d'Ethan, et trouve rapidement un jumeau sur la bouche de Sylas aux lèvres mordues et roses. "Okay." C'est gentil de sa part, de dire ça, et Sylas s'en contente donc, sentant une chaleur bienvenue se répandre dans ses veines et sa poitrine à l'idée qu'Ethan ne voit pas cette séance impromptue de dessin comme une énorme punition.

Ethan revient à la page blance devant lui et commence à dessiner, faisant arquer les sourcils de Sylas qui se redresse un peu pour regarder en faisant mine de ne pas le faire, continuant distraitement son ébauche de canard. Il en a déjà dessiné des centaines, souvent en se basant sur la réalité, et il le connait presque par coeur, ce dessin rassurant de canard qui le remplit d'une sensation rassurante et bienvenue qu'il ne ressent que peu, l'impression d'être à sa place quelque part. "Alright, now I'll need you not to move for about ten minutes. Can you do that and still draw your ducks?" Sylas cligne des yeux en comprenant ce qu'il est en train de faire. "You want to draw me?" s'exclame-t-il, surpris et un peu horrifié tout d'abord. "Oh, I don't know..." Mais malgré ses réticences, l'idée semble lui plaire et il hoche la tête. "Okay, I'll try not to move too much. Good luck!"

Sylas se demande si Ethan l'aime bien, parce que si il le dessine, c'est qu'il doit bien l'aimer, non? Il pensait qu'Ethan aimait bien Noam, et qu'il aurait pu le dessiner, mais peut-être que c'est différent depuis la transformation. Hugo a essayé de lui résumer les différentes relations entre les Avengers mais Sylas a du mal à s'en souvenir, il sait juste qu'Ethan et Noam sont très amis. Peut-être que parce que Noam est triste, Ethan l'est aussi. À lui aussi, décide Sylas, il lui offrira un dessin. Peut-être pas un canard, il n'y a que lui qui aime les canards.

Il fait de son mieux pour rester immobile, tout en s'appliquant soigneusement sur son dessin, l'animal prenant vie sur le papier et sous son crayon. Quand il commence à dessiner les remous de l'eau autour, le dessin se met à bouger légèrement, comme si l'eau s'animait au passage du canard, et Sylas fait mine de ne pas le remarquer pour qu'on le punisse pas d'utiliser de la magie. Il n'a pas fait exprès...

"I like it here," dit-il soudainement après de longues minutes de silence studieux, sans doute en réponse à un fil de pensée connu de lui seul. Il relève les yeux vers le dessin d'Ethan pour vor où il en est et se fend d'un énorme sourire sans même s'en rendre compte, à mille lieues de l'expression renforgnée et maussade, incertaine et maladroite, qui habite normalement ses traits. "Hey, that's me! Haha, I can see the eyes. And the jaw. That's me." Le dessin n'est pas très bon mais si Sylas le remarque, il n'a pas l'air de s'en offusquer ou de seulement en avoir quelque chose à faire. "Maybe we should make a portrait of everyone here," propose-t-il à Ethan. Il relâche son crayon sur la table et tend les doigts, les mettant devant lui et les baissant un à un à mesure qu'il compte "You, Noam, Hugo, Logan, Sohan, Anthony, Norah, Samu--"

Il s'interrompt brutalement et regarde ses mains.

Ses doigts se mettent à trembler, une vibration lente et douloureuse qui remonte le long de ses bras, descend le long de sa colonne vertébrale. Il retient sa respiration. You need to be brave, now, lui a dit Penelope. Sylas se sent tout petit et il a envie de se rouler en boule sur le sol, ou de se frapper la tête très fort jusqu'à s'assommer et s'endormir, il ne sait pas c'est quoi le mieux. "Samuel... does he work at the Ministry?" demande-t-il, confus, en relevant les yeux vers Ethan.

Si Ethan pouvait encore sentir le malaise mouillée lui collant à la poitrine, il dut bien admettre que la technique de Sylas allégeait légèrement le poids qui lui pesait au fond des entrailles. Se concentrer sur un visage qui n'était pas celui de Noam aidait sensiblement à la tâche, quand bien même son esprit cherchait immanquablement à s'échapper pour retourner auprès de ce dernier. Il se rappelait les sessions du Pictionary ramené un jour par un des Poufsouffles de leur année, et des éclats de rire extatiques de Noam devant les dessins explicites, mais terriblement laids d'Ethan. Are you drawing with your dick or what? "I like it here." Ethan cligna des yeux en les relevant vers son modèle, un "hm?" inquisiteur s'échappant de ses lèvres, tandis que celles de Sylas se fendaient d'un large sourire. "Hey, that's me! Haha, I can see the eyes. And the jaw. That's me." "I'm trying, like, it's supposed to be you," corrigea Ethan en offrant le dessin à son œil qui semblait, de fait, autrement moins expert que ses dix doigts – Ethan peinait lui-même à voir la corrélation entre son portrait et le visage bien dessiné de Sylas, que ce dernier considérait avec un ravissement tangible. "If you like it then, we're alright." Un filet de sourire orna les lèvres du résistant, qui récupéra le papier pour reprendre. "Maybe we should make a portrait of everyone here."

Ethan poussa une expiration amusée à la perspective, continuant de perfectionner son dessin sans grandes attentes ; repoussant sensiblement la pointe douloureuse qu'une série de portraits, les yeux sur le papier où les traits de Sylas cherchaient à s'animer sans parvenir à le faire. "You, Noam, Hugo, Logan, Sohan, Anthony, Norah, Samu--" Son regard vira du dessin aux traits de Sylas, de nouveau, alerté par le silence brutal – le visage de Sylas s'était soudain figé, et Ethan resta accroché à ses traits dans l'attente de la suite. On l'avait prévnu que ce genre de choses pouvait arriver : des absences, des pauses, des malfonctionnements d'une sorte ou d'une autre, autant d'effets secondaires du ménage effectué dans les entrailles du Ministère. "Samuel... does he work at the Ministry?"

Sam ? La pointe du crayon d'Ethan redéfinit légèrement les iris de Sylas, sur le papier, d'un bleu saisissant dont il pouvait voir toute l'étendue sous le choc. "He used to, yeah. He was a Hound, you know, one of the hybrids working at the Defense Brigade..." Ethan se tut, retenant les informations qu'il aurait volontiers partagé s'il s'était agi d'épancher la curiosité naturelle de Sylas ; son équipe avec Norah, le forcing exercé sur les vampires et les loups-garous, les circonstances de leur fuite, autant de récits dont Ethan avait récoltés les détails au cours de leur longue année de colocation désignée. Mais Sylas tremblait, et son sourire avait chuté de ses lèvres aussi brusquement qu'était tombée cette question. "Why are you asking? Do you know them?" demanda-t-il en gardant cette fois ses yeux rivés sur Sylas, coincé à mi-chemin en un pressentiment malvenu et la certitude qu'il s'agissait d'un de ces bugs, comme les appelaient les stimages.

tw: mention of bullying and torture

Enemies of the Heir, beware! Sylas se souvient encore avoir regardé le message étiré sur l'un des murs des couloirs de Hogwarts, écrit avec du sang. Il se souvient des conversations qu'il avait eues après avec ses amis, les inquiétudes cachées de Terry, les réassurances insincères d'Anthony, les silences équivoques de Michael. Il se souvient des corps pétrifiés, de l'angoisse, de la peur; et puis, quand on avait compris, on leur avait dit: if you run into this monster, do not look into its eyes.

Il se souvient des couloirs austères du N2, les Brigadiers patibulaires, ceux qui en devenaient carrément hostiles envers lui, qui le bousculaient, le claquaient, le frappaient impunément. Il se souvient des brimades et des insultes, des coups et des menaces, autant de torts que personne n'aurait su leur reprocher - après tout, il n'était et n'est rien d'autre qu'un vulgaire sang-de-bourbe, inutile mais généreusement gardé dans le monde magique, protégé, nourri, blanchi, logé. On avait donné un sens à sa vie, même si il ne se résumait qu'à une serpillère et un uniforme délavé.

Il se souvient du noir, des cellules froides du N9, la pierre crissant sous ses ongles coupés courts. Il se souvient du regard de Penelope, sombre et chaleureux, hurlant de sincérité. Et il se souvient du regard du Basilique.

Et il se souvient... il se souvient.

Ethan répond à sa question mais Sylas n'entend rien, les oreilles bourdonnant d'une panique qui refuse d'éclore, un mal-être profond réveillé soudainement par ces souvenirs douloureux et inutiles et interdits qui reviennent brutalement à la surface alors qu'ils devraient en avoir été effacés il y a bien longtemps.

Il déglutit légèrement et repose les yeux sur le dessin, le canard qui se laisse paresseusement porter par le léger courant magique des ondulations de l'eau. "Do you remember the Basilisk? You know, in school?" When I was a thief. Pour une fois, la correction naturelle, presque un réflexe musculaire à ce stade, ne vient pas et se contente d'être ravalée douloureusement. "I... I looked at it, I looked at him." Sylas repose son crayon pour poser ses mains tremblantes sur son visage, pressant ses doigts contre ses paupières clignotantes, appuyant sans douceur contre ses yeux paniqués comme si ça allait les aider à se calmer. "I looked at him and I felt him. And he... there was something, there was someone, there was something, and I feel like I'm... like there's something wrong with me... with my head." Il sait qu'il ne fait aucun sens, et que quiconque avec deux neurones a vite compris qu'il avait un problème et que, surtout, on avait joué avec ses souvenirs et le reste de ses pensées.

Mais c'est autre chose encore. Sylas sait que c'est autre chose et il n'arrive pas à utiliser les bons mots pour en parler, il se retrouve à siffler de rage et à laisser s'abattre ses deux poings fermés sur la table, faisant sursauter les crayons et feutres qui s'y trouvent. You need to be brave, now, Sylas, lui a dit Penny. "He put something in there... something that isn't mine," marmonne-t-il, relevant des yeux écarquillés vers Ethan, peinant à y croire lui-même.

tw: capacitisme

Un instant, Sylas lui sembla hors d'atteinte – loin de son corps, de leur conversation, plongé dans une autre dimension qui échappait au regard d'Ethan, ce dernier sondant le visage de son vis-à-vis comme pour parvenir à l'y suivre. Sylas était, contrairement à ce qu'il avait pu se figurer des lavages de cerveau, étrangement présent, là avec ce qu'on avait bien voulu lui laisser, là-haut, entre deux pamphlets en l'honneur des tyrans qui les gouvernaient ; c'était la première fois qu'Ethan constatait pareille absence, aussi lointaine et échappant à la portée de ces mots. Ces derniers glissèrent sur les traits distants de Sylas, qui baissa de nouveau la tête sur son dessin. "Do you remember the Basilisk? You know, in school?" Le brusque changement de sujet était, déjà, plus symptomatique de ce qu'il avait pu voir. Le Basilic ? Ethan sonda un instant les longs cils clairs de Sylas, baissés sur sa feuille, à la recherche de ce fil conducteur liant Samuel, le Ministère, et la bête qui les avait terrorisés en deuxième année, car les conversations de Sylas étaient décousues sans réellement l'être – au contraire. Il y avait toujours une logique, quand bien même il y manquait quelques maillons du raisonnement dont seul l'esprit à trous de Sylas possédait la clé. "Yeah, of course." "I... I looked at it, I looked at him." Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement devant les gestes fébriles de Sylas – don't get too curious, please, you may trigger him somehow. "Him?" Sylas ne le voyait plus, semblant suivre la ligne tracée dans son esprit reformaté par les soins de ses tortionnaires – le Legilimens qui s'était occupé de lui, sans doute, au pire un vague souvenir refaisant surface... "I looked at him and I felt him. And he... there was something, there was someone, there was something, and I feel like I'm... like there's something wrong with me... with my head." Ethan sursauta à la violence des poings abattus sur la table, ses yeux rivés sur le visage en souffrance de Sylas.

Ce n'était pas bon, pas bon du tout ; il était seul, vraisemblablement inapte à gérer la crise qui se profilait dans le corps tendu de Sylas – et pourtant, pourtant quelque chose le poussait à écouter, ressasser les maigres informations que lui distillait le résistant. That's strange. I don't understand why they brought him here. Le murmure de Tony tournait en boucle, dans son propre crâne. "He put something in there... something that isn't mine." Sa mère lui avait toujours dit qu'il avait du flair – Ethan se rappelait sans mal (mais non sans heurt) la lueur de fierté dans les yeux, à l'assurance que son sang de journaliste coulait également dans les veines de son premier fils. Et en l'occurrence, ses instincts de limier étaient en alerte – il y avait quelque chose (peut-être), quelque chose au-delà de la simple logique d'un Sylas ressassant l'instant-clé de son terrible lavage de cervelle au Ministère. And you can never be curious enough, remember that, always ; une contredite des conseils précautionneux de Sam et de Tony. Fuck this, fuck them.

C'était lui, en charge de Sylas – et il ne pouvait se résoudre à relâcher le bout de ce fil qu'il voyait pendre, de l'autre côté du regard écarquillé du sorcier. "Hey hey, nothing's wrong with you mate" mentit Ethan en refermant sa main sur l'un de ses poings serrés en un geste se voulant compatissant, la bouche sèche sous l'impression que se jouait sous ses yeux une scène cruciale. "Do you know what it is? That something he put in there?" Il pouvait s'entendre suer, au-devant du choix de ses mots choisis avec soin – et peut-être qu'au fond ne se raccrochait-il qu'au symptôme d'une simple crise inédite, que son instinct voulait voir plus que ce qui se trouvait sous la surface, qu'il espérait, encore, des réponses à ses vieilles questions, prenant la poussière en lui depuis de longues années d'espoirs meurtris. "Maybe you could draw it, everything in your head" proposa-t-il après un bref regard aux affaires de dessin devant eux, retenant son souffle face à ce something qui pouvait, vraiment être anything at all.

tw: mention of self-harm

Ethan ne panique pas et ne le regarde pas avec horreur, comme si Sylas était fou - il est intensément reconnaissant de ça. Il pense que quiconque d'autre aurait réagi différent, serait allé.e chercher Anthony en toute catastrophe et lui aurait simplement dit de se calmer et de ne pas y penser. Mais pas Ethan. Ethan préfère lui mentir, mais Sylas lui pardonne: "Hey hey, nothing's wrong with you mate." Ces mots sont complètement vides de sens mais qu'importe, en cet instant précis. Le coeur de Sylas bat un rythmne infernal dans sa poitrine et il a un peu du mal à respirer, forçant néanmoins des inspirations souffreteuses dans ses narines, comme on lui a appris pour se calmer. Ses poings fermés se serrent un peu plus, ses ongles coupés courts s'enfonçant dans ses paumes - l'absence de douleur est dérangeante, et Sylas aimerait pouvoir fendre la peau abîmée de ses mains, encore et encore, jusqu'à y laisser des demi-lunes sanguinolentes.

Il est en vie, il est en vie, il est en vie.

Le Basilic ne peut pas l'atteindre, pas ici - et pourtant ses yeux sont toujours là, immenses et noirs, comme ceux de Sam. Les images du vampire et du directeur du N9 se superposent odieusement, s'effaçent pour laisser place, encore et encore, à l'expression inquiète et gentille sur le visage de Penny. You need to be brave, now. Il doit être courageux, et il ne doit pas reculer face à ce vent de panique qu'il sent se lever en lui.

Et pourtant, il a cette impression entêtante qu'il touche quelque chose d'important du bout du doigt. Quelque chose de vital, même, qui explique la raison de sa venue - et, au final, la raison de son existence-même.

La main d'Ethan se pose sur la sienne et Sylas regarde leurs doigts d'un air surpris, une décharge électrique semblant se répandre dans son échine à son contact. "Do you know what it is? That something he put in there?" Les yeux de Sylas papillonnent et reviennent s'ancrer dans les billes claires d'Ethan, rivées sur lui. "I..." Il balbutie, hésite, se tait, fronce les sourcils. Il se souvient avec une clarté effarante, et pourtant tout est tellement confus, un capharnaüm de pensées qui ne sont pas à lui, d'idées imprécises, de souvenirs flous, des pièces de puzzle inégales et aléatoires qui ne font pas le moindre sens. Il a du mal à seulement trier toutes ces informations, alors pouvoir les expliquer avec des mots... "Maybe you could draw it, everything in your head." La bouche de Sylas s'arrondit sous la surprise. "Yes!" Tout est clair, maintenant, semblerait-il, pour lui.

Sylas retire brusquement sa main de l'emprise d'Ethan pour attraper son carnet fébrilement, en tourner les pages pour en trouver une vierge. "Yes, you're right, I should..." Il ne finit pas sa phrase, et attrape un crayon.

La graphite court à la surface de la page à une vitesse folle, et croque sans grand mal le portrait d'un homme qu'il reconnait vaguement - il se souvient d'un visage similaire à Hogwarts, un membre de la Brigade Inquisitoriale, toujours dans les alentours de Draco et des autres Serpentard. Blaise Zabini n'a pas beaucoup changé, tel que Sylas le voit dans les souvenirs du Basilic: il a le même rictus suffisant, et le même regard sombre et curieux.

Sylas aime particulièrement les portraits, mais n'est pas très fort en architecture. La maison qu'il dessine ensuite est maladroite, la perspective n'est pas correcte et certains détails structuraux semblent impossibles; il ne s'arrête pas pour autant, ne s'arrête même pas pour réfléchir. A chaque fois qu'il finit un croquis, il le déchire et le tend à Ethan, avant de tourner la page pour en commencer un autre.

Une boule cristal, un buffet, un serveur en livrée noire et émeraude, le portrait d'un sorcier important, un sigle rapide, ce qui ressemble à un dragon ou une wyverne, le visage de Penelope, un bureau souterrain, une forêt dans le noir, une pleine lune cachée par les nuages.

Ce qu'il ne peut pas retranscrire - les cris, l'angoisse, la peur, le dégoût, la curiosité, la fierté, l'incertitude, l'inquiétude, tous ces sentiments appartenant au Basilic qu'il a insufflé en lui -, il le garde pour lui.

Quand enfin sa fièvre créatrice le quitte, Sylas sent toujours son coeur tambouriner à toute vitesse dans sa poitrine. Ils sont entourés de dessins, maintenant, la table en est presque entièrement recouverte: des croquis plus ou moins finis, des silhouettes indiscernables, des simples traits évoquant une forme ou une autre. Certains sont très précis et détaillés; d'autres impossibles à déchiffrer. Mais qu'importe parce qu'en les manifestant ainsi, Sylas les a rendus réels, et ils deviennent de plus en plus clairs dans son esprit maintenant qu'ils existent dans le monde matériel. Il regarde d'un air hébété ses oeuvres, avant que ses yeux bleus grimpent jusqu'à ceux d'Ethan. "I'm hungry now," bredouille-t-il, lui-même pris au dépourvu par ce qu'il vient de se passer.

Les yeux d'Ethan chutèrent sur la feuille où le crayon de Sylas se mit à courir en des traits vifs et précis ; son souffle s'accéléra en voyant se dessiner des traits bien connus de... Ethan cilla furieusement lorsque Sylas lui remit entre les mains le portrait de Blaise Zabini. "You've seen Blaise? Zabini? Do you know him?" fit-il rapidement en considérant le croquis comme pour achever de s'assurer qu'il s'agissait bel et bien de son ancien camarade de classe – ses pommettes hautes, son air arrogant, son regard vif s'animant sur la feuille entre ses mains, il n'y avait pas de doute à avoir. Au devant du silence de Sylas, Ethan releva les yeux vers lui pour le voir, comme en transe, croquer ce qui semblait être un lieu – une maison.

Ethan attrapa les dessins au vol tant qu'il le put, puis fut contraint, devant le nombre des productions de Sylas, de les étaler sur la table devant eux, récoltant chaque croquis pour le placer à côté du précédent, créant ainsi une mosaïque de visages, d'objets et de lieux.
Ethan s'était levé pour considérer le fil des pensées de Sylas, autant d'indices pêle-mêle que son esprit bouillonnant cherchait à lier les uns aux autres. "I'm hungry now." Blaise, la lune, un uniforme, un dragon, une boule de cristal, un autre visage – le regard d'Ethan parcourait les dessins dans un ordre puis dans l'autre, à la recherche d'une connexion, porté par le sentiment que ce qu'il avait sous les yeux, que ces quelques traits couchés sur le papier étaient d'une importance capitale.

Il redressa soudain la tête, comme entendant seulement la remarque de Sylas, et reprit sa main sur son menton pour ouvrir ses bras croisés et plonger dans le regard confus du sorcier. "Yeah? If you hm, give me just one second, I'll take these drawings to my tent," souffla-t-il d'une voix fébrile, son regard retombant sur cette orgie d'indices qu'il lui restait seulement à déchiffrer – il revint s'accrocher néanmoins aux traits de Sylas, vainquant momentanément ce besoin maladif de se ruer sur son téléphone pour appeler Tony, puis sur l'examen de ces précieux morceaux de souvenir, s'appuyant d'une main sur la table, l'autre désignant la mosaïque entre eux. "Sylas, this, this is big. I don't know what it means exactly, but I know this is something big", répéta-t-il en pointant de l'index le croquis du serveur en livrée. "I uh, I'll find you something to eat," quand bien même il ignorait s'il restait du dîner de la veille, ou un des sandwichs récupérés lors de leur dernière descente à Tesco. "Then maybe you can come with me to my room and we can have a look at these together, yeah?" Il lui semblait essentiel de garder Sylas avec lui, pour les milliards de questions qu'il avait, pour voir s'il se rappellerait mieux désormais par le biais de ces dessins matérialisés à sa vue, pour éclaircir les zones d'ombre et l'écouter parler tandis qu'il réfléchissait – il lui semblait être l'acolyte le plus apte à cette mission, et Ethan avait, après tout, promis de garder un œil sur lui.