Ce bureau, c’était un peu devenu comme sa seconde maison. Il lui arrivait de dormir juste là, sur ce sofa qu’elle avait fait installer quelques mois plus tôt, quand les affaires avaient commencé à devenir florissantes. Elle ne devrait pas parler de la sorte des résultats d’une équipe de Quidditch et pourtant, ils avaient tellement traversé des choses horribles, ils avaient tous tellement eu du mal à s’en remettre qu’elle ne pouvait que se satisfaire de la tournure positive des événements de ces derniers mois. Elle n’avait plus besoin de se rendre à chaque entraînement, maintenant qu’ils avaient réussi à trouver quelqu’un qui sache ce qu’il faisait. Jim était quelqu’un de bien, il était sans doute celui dont les Rowdy Ravens avaient besoin afin d’être capable d’avancer. Ca lui faisait un poid en moins sur les épaules aussi. Elle avait beau avoir toujours aimé le Quidditch, connaître tout ce qu’il y avait à savoir, il n’en était pas moins qu’elle n’était pas entraîneuse, qu’elle n’était pas la mieux placée pour parler stratégie et tout ce qui allait avec. Elle était bien plus douée pour coordonner les actions de l’équipe, l’image publique, trouver de quoi redorer leur blason en dehors des terrains. Et sans se vanter, elle était plutôt pour ça, elle qui au départ suivait une carrière pour devenir médicomage. Ca n’avait strictement rien à voir, mais ça lui avait été utile pour jouer les infirmières et soigner les petits bobos quotidien des joueurs. Elle devait remercier Hughes pour ça, elle n’en serait pas là sans lui. Un soupir traversait ses lèvres à chaque fois qu’elle pensait à lui. Elle se tournait vers la grande fenêtre qui était derrière elle, regardait longuement l’extérieur avant qu’on ne vienne frapper à la porte. Elle n’attendait personne, n’avait pas de rendez-vous aujourd’hui. « Entrez. » Sous ses yeux apparu finalement Jules, la gardienne des Rowdy Ravens et tous les doutes qu’elle pouvait avoir s’envolèrent aussitôt que ses yeux se posèrent sur la jeune femme. Avec le temps, elles avaient appris à se connaître, elle pouvait même dire qu’elles étaient devenues amies toutes les deux. Une relation de proximité qu’elle veillait à toujours avoir avec chaque joueur, c’était important pour Meredith qu’on puisse avoir confiance en elle comme elle pouvait en faire de même avec eux.  « J’ai toujours du temps pour vous, tu le sais. Je t’en pris installes-toi. » Elle désignait l’un des fauteuils face à elle de la main pour lui indiquer qu’elle pouvait prendre place, qu’elle était la bienvenue ici. « Oui, ils n’ont jamais grand chose, c’est pour ça que je me suis installée un petit coin thé et café ici-même. » Elle rigolait en tournant son regard vers ledit coin qu’elle avait pris soin de mettre en place. Ce n’était pas grand chose mais ça lui permettait au moins d’avoir tout à disposition sans avoir besoin de quitter son bureau. « Tu voulais me parler ? Non avant ça, dis-moi comment tu vas ? » Elles pouvaient très bien avoir une conversation sérieuse et professionnelle ensuite mais d’abord, elle voulait que Jules se mette à l’aise, c’était comme ça qu’elle fonctionnait Meredith, dans la confiance avant tout.

La visite de Jules, aussi inattendue soit-elle, rendait Meredith heureuse et cela se voyait sur son visage où était présent un large sourire. Elle ne lui fallut pas longtemps pour inviter la gardienne des Rowdy Ravens à prendre place sur l’un des fauteuils en face de son bureau. Elle appréciait ce sentiment de proximité qu’il y avait entre elle et les joueurs de l’équipe, elle appréciait ne pas être seulement la Manager mais être aussi l’amie qu’on pouvait venir voir un peu n’importe quand, simplement pour parler de tout et de rien. Jules avait quelque chose à lui dire aujourd’hui mais avant ça, Meredith faisait passer les banalités de la vie courante, savoir comment la jeune femme allait en faisait partit. « Je vais bien aussi, j’ai un peu de temps pour moi, alors j’en profite. » C’était calme ces temps-ci, elle n’allait clairement pas s’en plaindre. Elle avait le regard plongé dans celui de Jules avant de se détendre quelque peu, de prendre appuie contre le dossier de son propre fauteuil et attendre, les mains croisées contre elle. Quand on la voyait comme ça, on avait du mal à se dire qu’elle n’était que manager d’une équipe de Quidditch. Elle avait l’allure d’une femme de haut rang, de grande importance aussi et pourtant ce n’était pas vraiment le cas, ce n’était pas de la sorte qu’elle se voyait en tout cas. « Parle-moi Jules, je t’écoute. » Il s’agissait peut-être plus ou moins d’une conversation officielle, d’une conversation qui avait de l’importance pourtant, elle n’arrivait pas à se passer du tutoiement, c’était devenu quelque chose de bien trop instinctif pour qu’elle en change. Elle ne disait rien Meredith, elle voyait que la jeune femme semblait presque gênée, ou quelque chose qui y ressemblait en tout cas. Elle attendait simplement meredith, un sourire sur les lèvres, sourire qui visait à encourager la jeune femme à lui parler, à ne pas avoir peur de le faire. Meredith, elle a toujours été disponible pour tout le monde, toujours là pour les écouter parler, que ça soit à propos du Quidditch ou pour autre chose de complètement différent et ça a toujours fonctionné. Cette relation était importante pour maintenir une bonne cohésion dans l’équipe, elle en était convaincue. En revanche, quand Jules lui fit son annonce, ce n’était pas ce que Meredith attendait, loin là même et pourtant, le sourire sur ses lèvres demeurait bien présent, pour l’encourager à continuer, à peut-être justifier cette envie de changement. Elle aurait probablement le temps de s’inquiéter après. Si Jules faisait ça, passait les sélections pour l’équipe nationale, il était vrai que ça donnerait une bonne image à leur club et pourtant, elle avait peur aussi que ça divise l’équipe, que Jules soit moins disponible, qu’elle n’ai plus autant de temps à consacrer à cette équipe devenue une famille avec le temps et les épreuves. Elle ne disait rien pour le moment Meredith, elle laissait Jules parler alors que cette dernière finit par changer de sujet en parlant du thé. Elle l’avait presque oublié celui-ci. « Regarde-moi Jules. » Elle s’avançait légèrement pour poser ses mains jointes sur le bureau, fixant avec attention la joueuse. « Tu me parles des Rowdy Ravens là, tu ne me parles pas de toi et de ce que ça pourrait te faire. Tu ne parles que de l’image du club, tu me dis que ça pourrait remotiver tout le monde et tu as très probablement raison mais ce n’est pas non plus une décision à prendre à la légère et tu dois penser à toi aussi dans cette histoire. » Elle fit une pause dans ce petit discours qui n’avait rien de moralisateur. Elle se fichait finalement que le thé soit chaud et le portait à ses lèvres pour en prendre une gorgée. « Alors dis-moi maintenant, pourquoi est-ce que tu voudrais passer les sélections ? » Et qu’elle ne vienne pas lui dire une nouvelle fois que ça serait probablement bon pour l’image des Rowdy Ravens, elle n’y croirait pas.

S’il y avait bien une chose dont il était impossible de douter, c’était de la bienveillance de Meredith. Elle voulait toujours ce qu’il y avait de mieux pour les joueurs de Rowdy Ravens. C’était son travail, vrai, et pourtant, il n’y avait pas que ça. Elle aurait tout donner pour eux si elle avait eu la possibilité de faire plus. Ils lui avaient tous offert comme une seconde chance, ils avaient été là dans les pires moments, comme une famille mais c’était une famille qu’elle s’était choisis et elle ne le regrettait pas. Avec eux, elle se sentait bien, c’était tout ce dont elle était certaine et elle était contente qu’on puisse venir lui parler de tout et de rien à la fois,  à coeur ouvert. C’était une relation plaisante à avoir, il n’y avait pas de place pour le doute ou la peur entre eux et c’était ce qui importait. Alors oui, elle était contente de voir Jules aujourd’hui, elle était contente que celle-ci veuille lui parler de quelque chose et elle était prête à écouter. En revanche, elle était bien loin de s’attendre à ce qui allait suivre, c’était un peu inattendu mais elle n’en dit rien d’abord, laissant la jeune femme terminer, se permettant quelques secondes de réflexion aussi. Evidemment, Meredith voulait le bonheur des joueurs, elle voulait le bonheur de trop de gens à vrai dire et si pour Jules, ça passait par les sélections en équipe nationale, elle ne pourrait que la soutenir dans cette entreprise. Mais avant de dire quoique ce soit allant dans ce sens, elle voulait être certaine de la décision, qui n’en était pas une à prendre à la légère, il fallait bien le reconnaître. Jules était quelqu’un qui avait la tête sur les épaules, elle l’avait toujours vu ainsi Meredith alors elle ne pouvait douter que la décision était assez réfléchi et pourtant, elle aurait voulu l’entendre de la bouche de la jeune femme. Rêve de tous, rêve d’enfant, c’était des suppositions pour Jules pourtant, si elle était entrée dans ce bureau avec l’intention d’en parler avec la manager, ce n’était sans doute pas pour rien, pas pour se baser sur des suppositions. Elle avait un sourire sur les lèvres meredith en regardant la jeune femme tenter de trouver des explications. Elle aurait voulu rire de la situation, mais ça aurait probablement été un peu trop déplacé. Alors elle se contentait de garder son sourire et de porter le thé encore chaud à ses lèvres. « S’il y a bien quelqu’un qui peut réussir, c’est toi tu sais. » Elle n’avait jamais été du genre à pousser les gens à faire des choses qu’ils ne voudraient pas faire mais si Meredith avait dû choisir une personne pour passer ces sélections, Jules aurait sans aucun doute fait partie de la liste. Dans cette équipe, ils avaient tous des casseroles à traîner, un passif un peu trop encombré pour leurs âges et pourtant, ils avaient tous su tenir bon, ils avaient tous su rebondir quand c’était nécessaire. Pour la survie du club, pour leur survie à tous, en tant qu’équipe, en tant qu’amie. « Je pense que si aujourd’hui tu me parles de ça, c’est que tu sais au fond de toi que tu peux le faire, que tu peux y arriver. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère, pourtant tu es là à m’en faire part. » Ce qu’elle ne dit pas en revacnhe, c’était que ça lui faisait peur. Oui, Meredith avait peur que si Jules intégrait à terme l’équipe nationale, quelque chose se brise entre elles, au sein de l’équipe et que plus rien ne soit jamais plus comme avant. Des craintes sans doutes idiotes et pourtant bien réelles. Elle n’osait le dire, c’était idiot après tout mais ça demeurait pour le moment dans son esprit et elle était incapable de se séparer de cette idée. « Le plus important pour toi, c’est que tu n’ai pas de regrets et si tu penses que c’est le bon moment pour tenter ta chance, je ne peux que te dire d’y aller. Je peux me renseigner pour toi sur le processus à suivre, les dates et tout ce que tu voudras mais je veux juste t’entendre me dire que tu es sûre de toi. » Non pas parce qu’elle ne voulait pas faire les choses inutilement, ça faisait partit de son travail après tout mais parce que, comme elle l’avait dit, elle ne voulait pas que Jules ait de regret.

Elle ne voulait que le bonheur de sa joueuse, c’était une des choses dont elle était certaine et à de nombreuses reprises déjà, elle leur avait fait savoir à tous. Elle avait toujours tout fait pour les pousser vers l’avant, pour qu’ils prennent conscience de leurs capacités. Elle n’était pas entraîneuse, elle n’avait pas les mêmes capacités de jugement que Jim et elle avait été bien heureuse quand il avait pris le poste, mais elle ne cessera jamais pour autant à les pousser à suivre leurs rêves et leurs envies. Elle n’avait pas réussi en son temps à se faire une place dans ce sport, c’était un peu comme vivre au travers des joueurs, un rêve qu’elle n’avait jamais pu concrétiser. « Je suis convaincue que tu sera à la hauteur. Quand Jim sera au courant, je suis aussi convaincue qu’il sera d’accord pour adapter tes entraînements pour te préparer au mieux. » Elle avait bien conscience qu’entre l’équipe et l’entraîneur, ce n’était pas encore la parfaite osmose mais elle espérait au fond d’elle que ça leur permettrait à tous de réaliser qu’il était compétent et qu’il savait très bien ce qu’il faisait. Elle, elle avait confiance, ce n’était pourtant pas chose aisée. Elle se souvenait encore de sa dernière entrevue avec Antonin Dolohov et des mensonges qu’elle avait pu lui sortir. Elle avait affirmé que tout se passait pour le mieux, allant même jusqu’à lui proposer de venir assister à l’un des entraînements. Ce jour-là, elle savait d’avance que ça serait une catastrophe. Reposant son regard sur Jules, elle adressait un sourire alors qu’elle prenait déjà un parchemin vierge ainsi qu’une plume qu’elle trempait aussitôt dans son encrier. « Je note, j’ai quelques pistes déjà sur qui contacter. » Même si ça ne l’enchantait clairement pas, elle devait avouer qu’Antonin était un de ces contacts à côté duquel il lui était impossible de passer. « Tu vas essayer et tu vas réussir, j’en suis convaincue. Il faut que tu aies confiance en toi. » Meredith en tout cas avait confiance, elle en souriait en portant le thé à ses lèvres. Elle ne pouvait pas faire grand chose dans le fond pour Jules, si ce n’est être présente le plus possible pour elle quand elle en aurait besoin. Ca oui, elle pouvait le faire et elle le ferait clairement parce que ça ne représenterait jamais une obligation pour la manager, ça sera toujours un plaisir. Elle vint finalement à poser une question qui faisait déjà réfléchir Meredith à vrai dire. Elle, elle savait qu’elle avait peur de ce que pourrait donner un recrutement dans l’équipe nationale. Peur que plus rien ne soit comme avant et si elle était convaincue que ça serait une très bonne publicité pour le club des Rowdy Ravens, elle avait aussi peur que les relations en soient altérées, que Jules ait bien moins de temps également. « Au départ, ça ne sera peut-être pas évident, je ne suis pas dans leur tête. Il leur faudra peut-être du temps, soit pour comprendre pourquoi tu as fait ce choix, soit pour se demander pourquoi ils n'ont pas eu cette idée pour eux avant. Mais on est une famille, tous ensemble, on est une grande famille et on se soutient. Comme dans toutes les familles, il y a des mésententes, tout n’est pas toujours parfait mais j’ai confiance. » Elle y croyait à cette famille qui était capable de tout traverser, quoiqu’il se passe. Ils avaient déjà été capable de le montrer par le passé et il n’y avait pas de raisons que ça change, pas maintenant alors que quelque chose de positif pouvait arriver. « Ne te tracasse pas avec ça, vraiment. Tu auras bien le temps de voir comment ça se passe. Le plus important, dans un premier temps, c’est d’en parler à Jim. Il est gentil mais je ne sais pas s’il appréciera de rester dans l’ignorance pendant longtemps alors qu’il va lui falloir trouver des solutions et adapter la composition de l’équipe pour quand tu ne seras pas disponible. » Elle souriait, elle voulait que Jules ait confiance en elle, en Meredith, en cette équipe qui avait jusque là toujours su faire face.