L’entraînement du matin. Certainement la seule chose que Jules haïssait en matière de quidditch. Pour dire vrai, elle pensait même que cette idée saugrenue des coachs de les faire se lever si tôt, avait pour unique but de les torturer. Après tout, ils pouvaient parfaitement commencer l’entraînement à dix heure du matin, et ainsi gagner quelques heures de sommeil supplémentaires. Seulement, l’entraîneur actuel, comme tous ses prédécesseurs, préconisai l’entraînement matinal, en prétextant de meilleurs effets. Bien qu’elle n’aimait pas remettre la parole des professionnels en questions, elle émettait tout de même une certaine réserve sur cette affirmation. Dans tous les cas, Jules n’avait pas d’autre choix que de se lever chaque matin, à la même heure, pour ce fichu entraînement et ce peu importe la météo. Par chance, le mois de juin offrait une météo clémente, suffisamment pour la tirer de son lit sans trop ronchonner. Un peu dans les vapes, elle avala rapidement son petit déjeuner, avant de transplaner directement dans les vestiaires de leur stade.

Les Rowdy Ravens possédaient un stade assez modeste, qui mériterait bien d’être un peu rafraîchi. Malheureusement, l’entretenir coûtait de l’argent, et le club ne disposait pas de suffisamment de gallions pour financer ce projet. Tant que l’infrastructure tiendra debout, les joueurs de l’équipe continueront de s’entraîner, et ce peu importe si les autres équipes profitent d’un meilleur cadre. Ce qui faisait la force d’une équipe n’était pas le terrain, mais la qualité des joueurs qu’ils pouvaient proposer ; et en matière de joueurs, les Rowdy Ravens n’avaient rien à envier aux autres. Fière de jouer dans cette équipe, Jules considérait chaque personne qui la constituait comme une véritable personne de sa famille. Les événements qu’ils avaient traversé les soudaient à jamais, bien au-delà du sport.

A l’heure, la gardienne grimpa rapidement sur son balai, pour s’échauffer dans son coin, en attendant que les autres joueurs arrivent. Tous les autres, sauf Marcus. En effet, en passant devant le vestiaire des garçons, elle avait forcément eut une pensée pour ce dernier qui allait vivre une journée très difficile. Un mariage arrangé ne faisait jamais plaisir, et encore moins pour quelqu’un comme Flint. La blonde aurait aimé être là pour lui, dans cette journée compliquée, mais malheureusement, le sang qui coulait dans ses veines l’excluait de cet événement. Encore une fois, elle pointait du doigt ces règles stupides qu’elle haïssait tant , et à défaut de pouvoir l’aider, elle lui avait simplement envoyé, hier soir, une lettre pour lui souhaiter bon courage.

Peu à peu, l’équipe fut au complet, et l’entraîneur commença a présenter la séance, non sans quelques difficultés. Comme toujours, les joueurs montraient des réticences à accepter Jim comme leur nouveau coach, un comportement que ne comprenait pas vraiment Jules. Certes, il ne remplacera jamais Morgan, mais ce n’était pas non plus de sa faute si ce dernier était mort. De plus, il fallait admettre qu’il en savait un rayon sur le quidditch, une aubaine pour leur équipe qui peinait à remonter dans le haut du panier. Au bout d’un certain temps, les joueurs acceptèrent de suivre les directives, et se placèrent chacun à leur poste, jusqu’au moment où l’entraîneur se mit à aboyer sur quelqu’un. Du regard, elle chercha le joueur qu’il était en train de reprendre, avant de comprendre qu’il parlait à quelqu’un encore au sol ; Marcus. A la surprise générale, le capitaine de l’équipe se trouvait juste devant eux, visiblement bien décidé à suivre l’entraînement. Jules aurait aimé en savoir plus, mais aux regards que lui lançait le coach, elle comprit rapidement qu’il valait mieux se concentrer sur l’entraînement.

Une fois l’entraînement terminé, Jules s’empressa de changer de tenue pour la séance de musculation et d’étirement qui allait suivre. Seulement, au lieu de prendre la direction de la salle, elle s’arrêta devant le vestiaire des garçons, en espérant que Marcus n’avait pas déjà pris la fuite. Une fois que les autres joueurs étaient partis, elle entra dans le vestiaire des hommes. Au milieu, sur un banc, elle remarqua Marcus, perdu dans ses pensées. Elle se doutait parfaitement de l’état dans lequel il se trouvait, et que s’il avait décidé de venir s’entraîner ce matin, c’était très certainement pour se changer un peu les idées. Afin de ne pas rajouter une couche émotionnelle, Jules décida d’adopter son énergie habituelle pour lui parler. « Tu avais enfin une bonne excuse pour rater un entraînement du matin, et tu ne la saisie même pas ? Tu es un fou Marcus. » Sans même attendre de réponse, elle s’installa à ses côtés sur le banc, en lui proposant sa gourde pour se désaltérer. « Je te manquais tant que ça ? » Pour être honnête, elle ne savait pas vraiment quoi lui dire, elle se doutait qu’il allait mal et espérait simplement lui donner assez de courage pour affronter le combat qui l’attendait.

Super.

Sans surprise, Marcus était dans un sale état, physique et mental. Il allait sûrement vivre une des pires journées de sa vie, et comme si ce n’était pas suffisamment, il la commençait la tête dans une poubelle à vomir du vide. Peinée de voir son ami dans un tel état, Jules ne savait pas vraiment quoi faire, persuadée que se morfondre sur son état ne ferait qu’aggraver la situation. « Tu as bu ? » Une question dont-elle connaissait déjà la réponse, rien qu’au visage ravagé du plus âgé. La tête dans la corbeille, le capitaine de l’équipe renvoyait les derniers restes de la veille, sous le regard désolée de son amie. A défaut de savoir quoi dire pour le réconforter, Jules décida de se rendre utile en faisant en sorte que d’une manière ou d’une autre, il ressorte d’ici sur ses deux jambes, prêt à affronter le chaos. « Je vais chercher un truc. » Sans attendre de réponse, la galloise traversa le couloir qui séparait le vestiaire homme de celui des femmes, afin de récupérer une potion contre la gueule de bois, qu’elle gardait toujours sous le bras -juste au cas ou.

Une fois de retour dans le vestiaire, elle s’approcha de Marcus, et versa le contenu de sa fiole avec le reste d’eau encore présent dans la gourde. « Vas-y, bois moi ça. » Dans ses souvenirs, le breuvage était immonde, mais efficace. Dans quelques minutes, le brun sera un peu moins mal, ou du moins capable de garder pour lui l’intérieur de son estomac. « Oli aurait dû te dire de rester couché. » Oliver, tout comme elle n’avait sûrement aucune idée de comment réconforter un ami qui se retrouve au cœur d’un mariage arrangé et avait simplement dû proposer de boire pour oublier. L’idée n’était pas si mauvaise, à condition qu’une nuit un minimum réparatrice précède le réveil. Bienveillante, elle attrapa la serviette du brun pour éponger un peu la sueur qui dégoulinait sur son front avant de pointer du doigt les douches. « Bref, faut que tu prennes une douche. » Marcus ne partira pas d’ici avant d’être dans un état potable. Jules se le promettait, sa manière à elle de l’aider un peu dans cette épreuve.

Consciente d’être parfois indélicate, Jules s’inquiéta soudainement de sa manière de parler, et voulu s’assurer que le plus âgé comprenait sa bienveillance. « Ce soir si tu as besoin… Hésite pas à passer à la maison. »  Sa porte était toujours ouverte pour ses amis, et ce soir, plus que jamais, Marcus y était le bienvenu. « On est là pour toi… Je suis là pour toi. » Dans un sourire qu’elle voulait doux, elle lui donna sa serviette de bain avant de sortir à l’aide de son pied la poubelle dans le couloir, pour éviter l’odeur nauséabonde d’envahir la pièce. « Tu as besoin de quelque chose ? » Disponible pour Marcus, la gardienne abandonnait volontiers la séance de musculation qui se déroulait actuellement dans une autre pièce. Personne ne viendra les déranger, parce que tout le monde savait que c’était important pour le brun d’avoir du soutient.