Blaise et Pansy ne sont pas d'accord: il veut venir en avance pour prendre Benjamin par surprise et pouvoir critiquer tout ce qui n'est pas prêt à recevoir ses invités, et Pansy veut être fashionably late pour passer devant tout le monde la tête haut et le regard méprisant. Ils sont prêts, pourtant, l'un et l'autre depuis une heure au moins. Toutes les cinq minutes, Blaise arrange le col de sa chemise; elle-même arrange ses cheveux ou la jolie robe qu'elle porte. Ils tournent autour du comptoir de la cuisine en discutant (le ton montant légèrement), la chatte de Blaise, Bastet, les regardant de ses grands yeux jaunes avec un air désespéré. Blaise, finalement, finit par s'excuser, par faire semblant d'agréer au désir de Pansy... lui tend la main et quand elle la prend, il transplane sans attendre pour la maison de la mère de Benjamin (Blaise aime bien insister que Benjamin habite toujours chez sa mère. Un véritable bouffon). Il noue le bras de Pansy autour du sien malgré son mouvement de recul, et l'attire à lui pour lui embrasser la pommette. “ Quick, darling, ” dit-il d'un ton léger, en ignorant le foudroiement du regard sombre de Pansy.

Ils arrivent en hâte à la porte du domaine. Leurs vêtements sont accordés, dans des teints vert sombre qui se prêtent à l'occasion, et Blaise sait qu'ils sont beaux. Ils sont fiancés, après tout, il se doivent de l'être. Il lui embrasse la joue encore une fois une fois qu'ils sont devant la porte, qui s'ouvre sur un elfe de maison à l'air renfrogné. “ Il ne pouvait même pas nous accueillir lui-même? ” grogne-t-il pour Pansy qui lui fout un coup de coude dans les côtes. Il est de mauvaise foi parce que Benjamin, ainsi que Daphne, sont juste là et il se fend aussitôt d'un large sourire ravi. “ Benjamin! Daphne! ” Il laisse son manteau avec l'elfe et va aussitôt serrer la main de Rosier, et effleurer de ses lèvres les phalanges de Daphne. Il ne l'a pas vue depuis... de semaines. Des mois? Ou des années? Sa soeur est morte, alors il lui a envoyé une rapide missive de condoléances. Ils n'ont jamais été proches de toutes manières. “ Eh bien, jolie réception, ” commence-t-il à dire en laissant ses yeux observateurs parcourir l'entrée du manoir, cherchant vicieusement quelques petits défauts. “ Ça manque un peu de-- ” Il s'interrompt quand quelqu'un d'autre passe la porte d'entrée.

Draco. Blaise se tend, se redresse, et ses traits se froncent légèrement. Il jette un regard brûlant à Benjamin, puis plus tendre à Pansy, à qui il s'adresse: “ Si nous partons maintenant, nous aurons peut-être une chance de pouvoir manger à la table que tu aimes bien chez Mussoli's. ” Le restaurant italien hypé de Diagon Alley leur offrira une bien meilleure compagnie que cette réception organisée par Benjamin Rosier. Apparemment, il ne sait pas faire une bonne liste d'invités. Son regard revient vers son autre colocataire, déçu et méprisant à la fois: “ merci pour l'invitation, Benjamin. Malheureusement nous nous étions mépris sur le standing de cette réception. Tu comprendras, ” dit-il d'une voix forte, les mots acerbes autant adressés à leur hôte qu'à son invité impur.

Pansy hésite encore à lâcher Blaise et retourner à la maison. Oui, ça fait une heure qu'elle est prête et oui, ça serait un peu stupide maintenant qu'il sont devant le manoir Rosier, mais Pansy a des principes dont le fait de toujours arriver aux évènements fashionably late. Arriver la première à une réception ? Ça serait une honte pour elle. Vraiment, elle ne sait pas pourquoi elle ne plante pas très simplement ses ongles dans le bras de Blaise autour du sien pour qu'il la lâche et qu'elle puisse transplanner à l'appartement. C'est l'effet de la surprise peut-être, elle ne croyait pas Blaise aussi fourbe pour la faire venir de force. Elle grogne de mécontentement et lui offre un regard meurtrier quand il ose lui embrasser la pommette et lui offrir un “ Quick, darling, ” comme si de rien était. Qu'à cela ne tienne. La vengeance sera à la hauteur du crime. Il a l'audace de lui embrasser la joue de nouveau un fois qu'ils sont arrivés devant la porte et que Pansy a encore l'air prête à faire demi-tour d'un instant à l'autre. C'est un elfe de maison que l'on envoi pour leur ouvrir la porte, jolie insulte pour commencer. “ Il ne pouvait même pas nous accueillir lui-même? ” mais leurs deux hôtes sont-là en réalité, juste à quelques pas, dans l'entrée, et Pansy fout un coup de coude à Blaise en plein dans les côtes avec un léger sourire satisfait. Moins pour le punir de son impolitesse que pour se venger un peu. Ça a le mérite de la détendre vaguement. “ Benjamin! Daphne! ” Blaise se fend d'un grand sourire totalement fake, alors que les traits de Pansy eux, ne bougent pas d'un poil, ses yeux noirs venant étudier leurs hôtes avec attention, de la tête au pied. Daphne porte de l'argenté, une couleur de la saison passée (au moins), mais elle décide, dans sa grande bonté, de ne pas trop lui en vouloir, la pauvre a perdu sa sœur et son sens de la mode avec. Elle se joint à eux après s'être délestée de sa cape — Blaise cet imbécile aurait du le faire pour elle, elle lui rappellera son impolitesse plus tard — faisant la bise à l'un comme l'autre alors que Blaise complimente une réception qui n'a pas encore commencé. Ils sont arrivés les premiers, elle le hait. “ Eh bien, jolie réception. Ça manque un peu de-- ” Ils ne sauront jamais de quoi ça manque exactement car Blaise est interrompu par l'arrivée (enfin) d'un autre invité, Pansy est mortifiée à l'idée d'être arrivée la première, mais elle l'est encore plus quand elle voit qui est son sauveur.

Benjamin aurait pu leur dire qu'il l'invitait lui. Une petite note sur l'invitation, un petit mot lâché au détour du petit-déjeuner dans l'appartement qu'ils partagent, d'une manière ou d'une autre il aurait pu, et avait largement l'occasion de, les prévenir que cette soirée n'était pas respectable. “ Si nous partons maintenant, nous aurons peut-être une chance de pouvoir manger à la table que tu aimes bien chez Mussoli's. ” Blaise l'agace ce soir, mais en cet instant précis, Pansy le bénit, considérant déjà l'idée avec beaucoup de soulagement. Techniquement toutefois, c'est Draco qui devrait partir, il n'est pas le bienvenu ici, il n'aurait même pas dû être invité. La réunion de promo n'est qu'une excuse pour la réception, nul besoin de véritablement inviter tout le monde, même les déshonorés. Pansy aurait pu donner à son cousin le bénéfice du doute et penser que Draco s'est même invité tout seul si Benjamin avait eu la décence d'avoir l'air surpris le moins du monde par sa présence. C'est une injure assez prononcée de la part de son cousin, que Pansy prend comme une attaque tout à fait personnelle qu'elle ne lui pardonnera pas. Elle n'aime pas fuir, mais s'il ne compte pas faire ce qu'il faut, et mettre Draco à la porte, elle ne va pas souffrir sa présence non plus. Elle et Blaise ont mieux à faire que de traîner avec un traître mêlé. “ Merci pour l'invitation, Benjamin. Malheureusement nous nous étions mépris sur le standing de cette réception. Tu comprendras, ” le sourire de Pansy se creuse en coin alors que ses yeux évitent très consciencieusement de se poser sur le profil du blond insulté en toute impunité par son fiancé. Elle s'en fiche. Il le mérite. Il leur a menti. Lui a menti à elle, l'a blessée aussi, énormément, même si elle refuse de l'admettre. “ Oui. Tu comprendras bien, chacun s'associe avec qui il le souhaite, bien entendu, ” fait-elle avec l'air de dire qu'elle juge sévèrement les préférences de Ben et Daphne “ mais nous n'avons pas à souffrir de tes choix.” Elle adresse un regard froid à son cousin et tend la main et claque des doigts vers l'elfe pour qu'il lui ramène la cape déjà rangée dans un placard. Benjamin l’entendra, pour sûr, quand ils seront tous rentrés. Si Pansy n’était pas obligée d’avoir un chaperon pour pouvoir vivre avec Blaise, cette simple invitation, l’embarras que cela provoque et l’insulte qu’elle ressent, seraient suffisants pour qu’elle décide de lui demander de rendre sa clé. “ Merci aussi Daphne. J'aime beaucoup ta robe, j'ai vu la même dans Witch Weekly l'année dernière.” Petit sourire pour masquer la critique, le menton toujours fièrement tourné à l'opposé de là où se trouve Draco. Comme s'il n'existait pas. Dans son monde, c'est le cas. “ Bonne soirée.” Son ton ne laisse aucune place au doute quant au fait que c'est bien tout le contraire qu’elle leur souhaite à tous ; de toute façon, impossible de passer un bon moment en présence de traitres.

Draco a dû relire plusieurs fois le carton d’invitation pour y croire réellement. On l’a invité à une réunion d’anciens Slytherin. Lui. Le déchu. Le prince ratatiné au pied de son piédestal. Il a d’abord ri en lisant le contenu de l’invitation en se disant qu’il pouvait la jeter et qu’il n’irait pas avant de se raviser et de considérer cette option finalement. Outre montrer aux autres qu’il n’est pas mort et pas prêt à se laisser faire malgré son rang inférieur, c’était aussi un bon moyen d’esquiver Potter. En calculant bien, Draco s’est rendu compte que ça tombait sur une soirée où Potter était à son appartement. Il a donc accepté de se rendre à cette réunion.
Le jour J, ç’aurait été mentir que de dire que Draco était parfaitement détendu. L’angoisse l’a saisi aux tripes au réveil directement. Au final, l’idée n’est peut-être pas si bonne. Il est resté un long moment sous les couvertures avant de trouver la motivation nécessaire pour sortir de son lit. Il a décidé de sortir son costume noir. Pantalon. Veste. Chemise blanche. Chevalières à ses doigts. Chaussures parfaitement vernies. Et cheveux impeccablement coiffés. C’est comme ça qu’il allait sortir le soir.
Draco a été distrait toute la journée. Il n’a écouté Potter que d’une oreille et s’est contenté de répondre par monosyllabe à toutes ses questions. La perspective de retrouver ses anciens camarades l’effrayait autant que ça lui plaisait. Il n’a fait que les croiser depuis cinq ans et ils l’ont toujours ignoré. Chacun prenant son impureté comme un mensonge et une traîtrise de sa part. Draco a toujours eu envie de leur hurler qu’il était aussi surpris qu’eux et qu’encore une fois, il n’avait rien demandé.

Le soir, lorsque Draco arrive, il aperçoit d’abord les visages rassurants de Ben et Daphne avant d’apercevoir les silhouettes de Pansy et Blaise. Il se renfrogne un peu. “ Si nous partons maintenant, nous aurons peut-être une chance de pouvoir manger à la table que tu aimes bien chez Mussoli's. Merci pour l'invitation, Benjamin. Malheureusement nous nous étions mépris sur le standing de cette réception. Tu comprendras, ” La mâchoire de Draco se crispe. Comme d’habitude il chasse la pensée qui le traverse et qui se traduit par se ruer sur Blaise et lui en coller une. A la place, il affiche un sourire en coin parfaitement suffisant et insolent. “ Oui. Tu comprendras bien, chacun s'associe avec qui il le souhaite, bien entendu, mais nous n'avons pas à souffrir de tes choix.” Toujours la même rengaine. Toujours la même froideur. Un goût amer se fait sentir dans la bouche de Draco. Il chasse rapidement la multitude de souvenirs que ses anciens amis provoquent chez lui.

Ils ne sont plus amis et ne le seront probablement plus jamais.

“ Merci aussi Daphne. J'aime beaucoup ta robe, j'ai vu la même dans Witch Weekly l'année dernière. Bonne soirée.” Draco secoue la tête, retire la main de sa poche et s’avance dans l’entrée en croisant Pansy et Blaise qui sont sur le départ. Quelle tristesse qu’ils en soient à ce stade. « Ben. » Salue Draco d’un mouvement de tête. « Daphne. » Même mouvement de tête, même sourire poli. Il se dirige pour prendre un verre, se sert et puis se tourne vers Blaise et Pansy. Il leur adresse un mouvement avec son verre et leur sourit. « Et une bonne soirée à vous. Vu votre standing, je suis même surpris que vous ayez fait le déplacement jusqu’ici. C’est trop aimable à vous, vraiment. » Provoque-t-il. Son visage est lisse. Il sait qu’ils ne prendront pas la peine de répondre. Pourquoi faire ? Ils ne comprennent rien à sa situation et ne feront jamais l’effort de comprendre.

Spoiler:

S’il faut être honnête – et Theodore l’est à outrance la plupart du temps, le brun n’a pas la moindre envie de se rendre à la soirée, pour laquelle il s’est engagé, il lui semble, il y a au moins plusieurs mois. Et même si dans les faits ça n’était pas il y a si longtemps, eh bien, c’est tout comme. Non, mais, sérieusement, qu’est-ce qui lui a prit d’accepter une soirée chez le cousin de Pansy ? Comme si, de un, il avait une quelconque envie de revoir ses anciens camarades de dortoir – après tout il n’a jamais été très intégré parmi les Slytherin, et comme si, de deux, les dernières personnes au monde qu’il aurait envie de voir, n’y seront pas, elles aussi.
Décidément, il a dû répondre à Benjamin Rosier quand il n’était pas du tout maître de lui-même, ce qui n’est pas courant. Après une réussite avec les runes, peut-être. Autre possibilité, il a été victime d’un sortilège de confusion. Ou alors, c’est que, pris de curiosité et sans doute un peu désireux de montrer ce qu’il est devenu, par narcissisme pur, il a oublié le reste et coché la case : « Oui, non accompagné ».

Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, le résultat est le même. Toute la journée, il a regardé l’aiguille des minutes courir sur le cadran, comme poursuivies par un prédateur. En transplanant vers chez lui… vers chez son père – la honte d’être revenu chez son géniteur, malgré les avantages indéniables, est encore cuisante – Theodore n’arrive toujours pas à se décider. Il sait qu’il ne peut plus se débiner : on ne rompt pas un engagement à la dernière minute, mais les implications de sa réponse positive lui paraissent plus intimidantes à chaque instant. Sans y croire, il se douche, se change, se prépare, et choisi l’apparence la plus discrète possible.
Il va arriver chez le Rosier le plus tôt possible, saluer les premiers arrivants et filer le plus vite possible, prétextant une urgence ou du travail au Ministère. Connaissant Pansy, elle va tout faire pour soigner son entrée, et Bl… l’autre sera avec elle. Si tout se passe comme prévu, ils n’auront même pas à se croiser. Avec une dernière inspiration, histoire de se calmer, Theodore transplane.

L’allée qui mène au manoir lui paraît si interminable que le brun manque, par trois fois, de se raviser. Et au moment où il se trouve, enfin, devant la porte, et qu’elle s’ouvre, il se demande pourquoi il n’a pas cédé aux impulsions. Il n’a pas même besoin de faire un pas en avant pour être nez à nez avec Pansy, dans une robe verte qui flatte autant ses courbes que le créateur de son ancienne Maison. Et là, si près, à une longueur de bras et qui lui tient la porte, Blaise. Derrière, en arrière plan, Draco Malfoy complète le tableau. C’est un cauchemar, il n’y a pas d’autre possibilité. Même l’hôte est hors de vue, comme si les trois anciens et uniques amis de Theodore avaient orchestré le piège parfait. Très étrangement, Theo sent, en même temps, un grand froid le saisir et ses joues s’embraser de honte et de colère. Le silence semble s’éterniser, engloutissant les derniers mots de l’ancien prince blond de Slytherin : « C’est trop aimable à vous, vraiment. »
Les poings de Theodore se serrent convulsivement, tandis qu’il tente de trouver un échappatoire. Peut-il faire demi-tour sans un mot ? Même si tout le monde sait pour sa brouille avec Malfoy, beaucoup – à commencer par le blond et sans oublier Benjamin et Daphne qui sont toujours invisibles depuis le seuil – ne comprendraient pas son manque de familiarité avec Pansy et Zabini. En contractant les mâchoires, et en tentant de faire apparaître un sourire sur ses lèvres, Theodore se lance, d’une voix blanche : « Ah, bien, tout le monde est déjà sur le départ. » Silence. Il faut qu’il voie Benjamin, pour lui dire qu’il ne compte pas rester non plus. Theodore fait un pas en avant, se rapprochant de Pansy et de Blaise. Ne pas croiser son regard, ne pas croiser son regard, au risque de lui coller à nouveau son poing dans la figure. Il ne faut pas repenser à l’événement. « Je ne peux pas rester non plus, Benjamin. Le… travail. Une plaidoirie demain, voilà. » Et de reculer vivement, avant que la présence de ses anciens meilleurs amis ne devienne trop insupportable. Simplement, un regard à Pansy, un regard à la fois désolé et tranchant : « Pansy, darling, tu es radieuse. »

Spoiler:

Bande d'hypocrites. C'est ma première impression quand j'apprends pour cette soirée. Oh, Ben, pourquoi cette idée ? Pourquoi réunir le gratin d'une promotion qui échange quelques sourires et mondanités, mais qui bave les uns sur les autres dès que certains ont le dos tourné ? Je n'ai pas envie d'y aller. Déjà, parce que je n'aime pas les soirées. Je fais partie du groupe des sorciers ignorés qui terminent à dévorer les petits fours avec un verre à la main et qui boit tellement, trop, à tel point que je ne sais plus où j'habite à la fin. Ensuite, parce que je vais revoir toutes ces têtes que j'ai presque oublié depuis le temps. Il y a l'organisateur de la soirée, Benjamin et son ombre qui a un joli popotin, Daphne et puis sans doute le duo Pansy et Blaise. Blaise. Il m'horripile parfois et dans d'autres moments, il m'arrache un sourire tant ça répartie est légendaire, pour ne pas dire épique. Et puis il y a l'autre. Celui qui était autrefois le petit prince des vipères, mais qui a perdu bien plus que sa couronne, son honneur, sa dignité. Malfoy. J'ignore si je le méprise ou si j'éprouve de la pitié, car autrefois, j'étais à sa place. J'étais le parjure, l'impur dont la famille avait apparemment fricoté avec la mauvaise graine et lui, l'élite, l'intouchable, le parfait sans défaut.
Mais le sablier s'est renversé, les rôles se sont inversés.
Cependant, c'est une autre pensée qui m'accapare, celle qu'il peut être là car après tout, il est aussi un ancien de cette fameuse promo. Crabbe. On ne s'est pas revu depuis qu'il m'a soigné, depuis que j'ai pris la porte sans dire au revoir. Comment vais-je réagir devant lui ? Et lui, risque-t-il de parler haut et fort de... Nous ? Mais je prends le risque, car la vie est un jeu et je veux jouer.

Et me voici devant mes anciens compagnons. Mon arrivée se fait dans le plus grand silence, j'entre et j'observe. Ils sont tous là, comme je l'avais prévu, à une exception prêt. Vincent. C'est peut-être mieux qu'il soit absent. Mon regard se pose simultanément sur chaque invité. Ils sont tous bien apprêtés, j'ai l'impression d'être une tâche au centre d'une belle chemise blanche en soie. Je porte un costume noir, tout ce qu'il y a de plus classique, à l'exception d'un mouchoir vert émeraude dans la poche, comme pour rappeler mes origines de serpent, unique point commun que j'ai avec eux tous, ou presque. Je fais un pas, puis deux et je ne peux pas m'empêcher de vouloir animer un peu cette soirée, sans doute parce que je comprends que Zabini et Parkinson ne vont pas tarder à décamper, petits joueurs.
Instinctivement, ma main droite se pose sur l'épaule de Draco dont je fais grâce d'un regard en biais bien ambiguë, comme pour sous entendre que je ne suis ni un allié, ni un ennemi, mais les deux en même temps, ou quelque chose comme ça. Ca fait longtemps, Draco. Alors, qu'est-ce que ça fait de te retrouver de l'autre côté du miroir, si j'ose dire ? C'est étrange non ? Je peux dire la même chose pour moi, tu sais. Je n'ai pas nécessairement sauté de joie, mais je pense être plus satisfait par ma situation que toi par la tienne, vraiment. Désolé si je remue vigoureusement le couteau dans la plaie, mais j'avoue, c'est jouissif. Ma main lâche l'épaule du sorcier pour approcher de Benjamin et lui offrir des salutations en bonne et du forme, papa serait fier de moi que je fraternise avec la noble famille des Rosier. Désolé pour le retard Benjamin et merci pour le petit carton d'invitation, c'était charmant. Mais... Je vois que j'arrive trop tard. La soirée est déjà terminée ?
Blaise.
Mon visage se tourne et je pose enfin mon regard sur cette carrure obscure. Je ne souris pas et au fond de moi, j'ai envie de continuer à m'enfoncer. Je n'ai jamais été le plus bavard du trio, si trio il y avait avec Vincent et Malfoy au tout début, j'étais les muscles, la brute, le colosse et parfois même, le crétin et même si le prince a aujourd'hui perdu de sa superbe, quelque chose en moi, une partie endormie, une petite voix, me fait dire qu'il ne mérite pas ça, que j'ai trop subi les humiliations de l'élite pour laisser quelqu'un subir la même chose, instant de bonté et d'humilité, profitez, ça n'arrive pas tous les jours. Vous partez déjà ? Voyons Blaise, tu n'as pas toujours refusé la présence d'un sang-mêlé à tes côtés, je parle en connaissance de cause. Ne fais pas autant de manières, cela ne te va pas. Je marque une pause avant de me laisser tomber dans un fauteuil et de croiser les jambes. Enfin, je fixe Pansy de bas en haut, non sans hausser un sourcil. Je confirme, tu es divine ma chère. Nouvelle pause, je me tourne cette fois vers le maître des lieux. Trinquons nous ? J'ai soif.
Et que la soirée commence.
Finalement, je regrette presque d'avoir songé à ne pas venir.

“ Oui. Tu comprendras bien, chacun s'associe avec qui il le souhaite, bien entendu mais nous n'avons pas à souffrir de tes choix. ” Blaise est très déçu des choix de Benjamin. Il ne pensait pas qu'il était de ce genre-là... il porte la Marque, après tout. Au fond, les mêlés, Blaise trouve ça un peu sale, mais il représente la plus grosse partie de son chiffre d'affaires. Ce qu'il ne supporte pas, avec Draco, c'est le fait qu'il leur ait menti. Il ne croit pas une seule seconde que les Malfoy ignoraient la véritable qualité de leur sang. C'est impossible. Sa fiancée claque des doigts à l'adresse de l'elfe qui a l'air confus, jetant un regard interrogateur vers son maître Benjamin. “ Sa cape, ” siffle Blaise, ne désirait pas qu'un elfe décide soudainement de retarder leur départ imminent. “ Merci aussi Daphne. J'aime beaucoup ta robe, j'ai vu la même dans Witch Weekly l'année dernière. ” Petit reniflement de la part de Blaise. Sa soeur est morte mais quand même, est-ce que ça excuse véritablement de s'habiller avec une serpillière? “ Bonne soirée. ” Blaise récupère sa cape pour elle et la met sur les épaules de Pansy, après un léger coup d'oeil brûlant à Benjamin.

Le traître dit quelque chose. « Et une bonne soirée à vous. Vu votre standing, je suis même surpris que vous ayez fait le déplacement jusqu’ici. C’est trop aimable à vous, vraiment. » Blaise est tenté de le répondre, mais ne le fait pas. Le traître ne le mérite pas. C'est lui qui n'a pas sa place ici: si il se respectait, Draco ferait lui-même demi-tour. Blaise passe un bras autour des épaules de Pansy et la tire vers la porte, mais se fige quand quelqu'un d'autre s'introduit. Ses cheveux noirs, ses longs cheveux qui résistent à tous les sortilèges, ses sourcils qui se froncent. Theodore. « Ah, bien, tout le monde est déjà sur le départ. » Blaise en vacillerait presque; heureusement que Pansy est proche et il sait qu'il n'imagine pas qu'elle s'appuie contre lui, le supporte. Theodore esquive son regard: celui de Blaise est rivé sur son visage. « Je ne peux pas rester non plus, Benjamin. Le… travail. Une plaidoirie demain, voilà. » Il ment. Blaise sait toujours quand il ment. « Pansy, darling, tu es radieuse. »

Theodore ne le regarde toujours pas. Ça hante Blaise. Il a envie de le forcer. De le menacer de le frapper de nouveau. De lui dire de décamper. Il a envie-- le plus vif du duo que Pansy appelait Lobster et Gore à Hogwarts, débarque. Gregory qui attrape Draco. “ Ca fait longtemps, Draco. Alors, qu'est-ce que ça fait de te retrouver de l'autre côté du miroir, si j'ose dire ? C'est étrange non ? Je peux dire la même chose pour moi, tu sais. Je n'ai pas nécessairement sauté de joie, mais je pense être plus satisfait par ma situation que toi par la tienne, vraiment. ” Blaise fait la moue, une grimace dégoûtée. “ Désolé pour le retard Benjamin et merci pour le petit carton d'invitation, c'était charmant. Mais... Je vois que j'arrive trop tard. La soirée est déjà terminée ? ” Insupportable. Si la présence de Draco n'avait pas été de quoi l'agacer, celle de Gregory achève Blaise. “ Partons, ” grogne-t-il à Pansy.  “ Vous partez déjà ? Voyons Blaise, tu n'as pas toujours refusé la présence d'un sang-mêlé à tes côtés, je parle en connaissance de cause. Ne fais pas autant de manières, cela ne te va pas. ” Il tourne les yeux vers lui lentement.

Gregory est assis sur un fauteuil comme un prince sur son trône. “ Je confirme, tu es divine ma chère. Trinquons nous ? J'ai soif. — Ne parle pas de ma fiancée comme ça, Gregory, ” assène-t-il d'un ton tranchant, les joues brûlantes. “ À vrai dire, ne la regarde même pas. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je n'aurais pas souffert ta présence pendant toutes ces années, crois-moi. Aussi "pur" est ton sang, ” Blaise met l'emphase pour bien montrer combien il croit peu à ces allégations comme quoi les Goyle ont une quelconque prétention à la pureté, “ tu ne restes rien d'autre qu'un ridicule bouffon, obtus et inutile, dont tout le monde avait pitié à l'époque, et dont tout le monde a pitié aujourd'hui. Quant à toi-- ” dit-il en se tournant vers Draco. “ Si tu avais la moitié de l'honneur auquel tu prétends, tu ne nous aurais pas fait l'affront de venir. ” Un dernier regard peu amène est adressé à Theodore, mais aucun mot ne traverse les lèvres de Blaise. Il n'y a que la main de Pansy sur son bras pour le calmer. Et encore.

Lorsqu’il sent la main de Gregory se poser sur son épaule, Draco se crispe. Il le dévisage, interloqué, pour qui il se prend à le toucher comme ça ? La provocation qu’il lui balance à la figure ensuite lui fait pincer les lèvres. Enfin il le lâche. Draco fait un geste comme pour chasser une poussière inexistante de son épaule et continue de foudroyer le dos de Goyle de ses yeux clairs. A croire que ça prend un peu trop facilement ses aises. Il était loin d’être comme ça à Hogwarts. Vous partez déjà ? Voyons Blaise, tu n'as pas toujours refusé la présence d'un sang-mêlé à tes côtés, je parle en connaissance de cause. Ne fais pas autant de manières, cela ne te va pas. Draco roule des yeux. « J’ai pas besoin que tu me défendes, Gregory. Laisse-le penser qu’il est au-dessus de tout le monde. Je m’en fiche. » Déclare Draco en foudroyant Blaise du regard. Sa mâchoire se crispe.

C’est son meilleur ami (c’était) et il ne comprend vraiment pas tout ce mépris. L’énième provocation de Gregory anime Blaise. Il déverse une fois de plus son mépris avant de se tourner vers lui. Draco sent son estomac se retourner lorsqu’il croise son regard rempli de haine et de déception. “ Si tu avais la moitié de l'honneur auquel tu prétends, tu ne nous aurais pas fait l'affront de venir. ” Draco ouvre la bouche pour protester, lui dire qu’il est bien beau à parler d’honneur et lui mettre dans les dents qu’il n’a pas voulu cette situation lui non plus. Sa colère est beaucoup trop facile. Mais avant qu’il puisse dire quelque chose, Benjamin intervient. « Come on guys. Vous vous comportez comme des gamins. » Draco continue de dévisager Blaise tout en serrant les poings. « Je sais que nous avons des différends, les choses ont changé depuis Poudlard, mais nous sommes tous ici au service d’une société qui a besoin que nous soyons capables de communiquer. Draco est peut-être impur, mais il est dévoué au Lord et à ce qu’il essaie de construire. Si le Lord l’accepte encore dans ses rangs, alors nous devrions être capable de le tolérer dans les nôtres. Je ne vous demande pas de lui offrir de nouveau votre amitié, mais Draco était l’un des nôtres avant de découvrir les erreurs de sa famille. On ne peut pas lui tenir rigueur des crimes commis par ses ancêtres. Le Lord a fait preuve de clémence - et je fais confiance au Lord. » Draco laisse échapper un ricanement. Il détourne finalement le regard pour le poser sur Benjamin. Jouer la carte du Lord n’est pas idiot, mais Draco ne se leurre pas une seule seconde, ça ne va rien changer dans la manière de penser de Blaise, Pansy et Theo. « Joli ton petit discours, Benjamin. » Il va faire le buffet pour se prendre à boire. Un verre d’alcool de préférence. « Tout comme Gregory, je n’ai pas besoin de ton aide pour me défendre. » Revient-il lui dire en lui lançant un regard noir. Il vide son verre et le repose sur un meuble non loin. Qu'ont-ils, tous, à croire qu'il est incapable de faire face à ses anciens amis ? « Je croyais que vous vouliez partir ? » Fait-il en haussant un sourcil et avisant Blaise, Theo et Pansy. Il est amer et il a envie de rentrer lui aussi. Cette réunion est plus pénible qu’autre chose.