Azaël. Tu avais longtemps cru que tu ne la reverrais plus jamais, que le Ministère te l’avait enlevée pour de bon. Tu comptais sa disparition parmi les drames survenus dans ta vie et qui semblaient alors se succéder inlassablement ces derniers temps. Tu avais commencé à te dire qu’il aurait mieux valu que tu ne mettes jamais les pieds dans ce pays maudit. Bayek, Hestia, Flora, Azaël, le sort semblait s’acharner à vouloir t’arracher toutes les personnes auxquelles tu tenais. Sans compter ta famille en Égypte, que tu ne reverrais certainement plus. Bouleversé par la douleur, hanté par la tristesse, tu n’avais presque plus rien à quoi te raccrocher si ce n’est les missions de l’ordre, et tes entrevues ultra secrètes avec Kingsley. Mais alors qu’en ce matin du juin, tu reçus du courrier de la part d’un petit hibou que tu voyais pour la toute première fois, tu étais bien loin de t’imaginer ce que contenait la lettre attachée à sa patte. Choisissant de t’isoler pour dérouler le morceau de parchemin, au cas où il s’agirait une nouvelle fois d’une missive de Royal ou de sa sœur, tu eus l’impression que ton cœur venait de bondir dans ta poitrine lorsque tes yeux se posèrent sur la signature : Magyar. C’était trop beau pour être vrai, tu te refusais de laisser l’espoir t’envahir. Tu ne pouvais te permettre d’espérer à nouveau, pas après tout ce que tu avais vécu, pas après que l’Ordre ait confirmé l’arrestation des jumeaux Nielsen par la Values Brigade. Et pourtant, tu reconnaissais son écriture penchée, qui témoignait de son éternelle agitation. Azaël débordait constamment d’énergie et son enthousiasme sans limite parvenait toujours à t’arracher un sourire. C’est certainement cette bonne humeur communicative qui t’avait séduit en premier lieu.

La lettre faisait mention d’une heure de rendez-vous et de l’adresse d’une villa au cœur du Londres moldu. La personne qui avait signé du nom de Magyar prétendait que l’endroit était sûr, à l’abri des regards et que les précautions habituelles suffisaient. Ne pouvant te résoudre à te départir de cette méfiance qui te caractérisait désormais, tu gardais à l’esprit la possibilité que tout ceci ne soit qu’un piège, tendu par le Ministère. Alors en plus d’une tenue vestimentaire moldue passe-partout, tu décidas d’accélérer la pousse de tes cheveux, de sorte qu’ils tombent sur tes épaules et tu fis apparaître une barbe tout autour de ta bouche. Tu laissas ensuite un petit mot sous ton oreiller, expliquant où tu te rendais, dans l’hypothèse où tu ne reviendrais pas. Sans plus de cérémonie, tu transplanas pour rejoindre la capitale anglaise. Une fois arrivé à l’adresse indiquée, tu poussas un vieux portail rouillé et recouvert par les ronces qui gardait l’entrée d’une bâtisse que l’on ne pouvait apercevoir depuis la rue. T’enfonçant précautionneusement dans l’allée bordée de hautes herbes, tu finis par atteindre le perron de ce qui semblait bel et bien être une maison abandonnée. Si l’on avait voulu t’attirer dans un guet-apens, on n’aurait pu s’y prendre mieux, songeas-tu l’espace d’un isntant. Mais il était désormais trop tard pour reculer et la curiosité bien trop grande. Alors tu poussas finalement la porte d’entrée qui s’ouvrit en grinçant et tu entras dans un hall obscur et dont le sol était recouvert de poussière. L’endroit ne semblait plus être habité depuis des années. Avançant avec prudence, baguette en main, tu te frayas un chemin jusque dans ce qui semblait un jour avoir été une cuisine. Et tu la vis enfin. En chair et en os, se tenant devant tes yeux ébahis dont tu clignas plusieurs fois pour t’assurer que tout ceci était bien réel. Mais contre toute attente, tu ne te précipitas pas dans sa direction pour la serrer dans tes bras. Au lieu de cela, tu tendis ta baguette magique dans sa direction. « Dis-moi quelque chose que seule la véritable Azaël pourrait savoir sur moi. » Tu avais été trahi bien trop de fois pour faire preuve d’indulgence. Ce n’était certainement pas les retrouvailles dont la jeune femme rêvait, mais tu ne pouvais plus prendre le moindre risque.

Dépitée. Non, ce n’est pas suffisant. Dégoutée. Déconfite. Saoulée. Tout ça à la fois. Oui, voilà, Azaël est tout ça à la fois. Les jumeaux Nielsen ont attendu cet instant toute leurs vies, celui où ils retrouveraient leur père, non pas pour le serrer dans leurs bras mais bel et bien pour lui faire mordre la poussière. Quelqu’un d’extérieur dirait qu’ils ont été formatés pour ça mais eux n’y voient que justice. Justice pour leur mère, justice pour le mêlage des sangs, justice contre le fanatisme, contre l’obscurantisme. Azaël a toujours pensé que lorsqu’elle aurait enfin Marlon devant elle, alors les choses se résumeraient à qui de son frère et elle ou de leur père serait le plus fort. Une bonne bataille à coup de baguette a ce mérite de simplicité. A la place ils ont tout de suite été en position d’infériorité, à sa merci, sans aucun moyen de répliquer. Autant vous dire que ca la rend malade.

Les jumeaux Nielsen se retrouvent maintenant là comme deux cons, dans la maison où ils ont fait leurs premiers pas et ont prononcé leurs premiers mots. Dans cette maison où elle est morte, assassinée par ce père qu’ils détestent plus que tout. Enfin, c’est ce qu’on leur a toujours dit, mais Marlon a une tout autre version de l’histoire. Elle ne le croit pas mais ca a le mérite de la faire légèrement douter même si ça ne change absolument rien pour elle. Ce n’est pas seulement le mensonge de Marlon qui perturbe Azaël, c’est juste le too much de tout ça. En quelques heures elle a cru avoir perdu son frère et s’est faite attrapée par le Ministère en tentant de le sauver, on a farfouillé dans sa tête, ils ont rencontré leur père et ont du accepter son aide pour revenir dans ce lieu maudit. Et Marlon s’est cassé après une petite conversation familiale inconcevable pour elle. Et tout ca sans qu’elle y puisse quoique ce soit. Azaël s’est toujours considérée comme une femme forte. Damn, elle est une femme forte. Mais même elle peut se retrouver ébranlée parfois. Elle déteste ressentir ça.

Jarod et elle font rapidement le point. Les phrases sont courtes et paraissent distantes. Ils ne savent pas comment redevenir eux-même après ce qui vient de se passer. Ils se contenteront de marcher sur pilote automatique. Elle contactera Aslan pour reprendre contact avec l’Order, pendant ce temps il décide de fouiller la maison pour voir si rien d’utile ne traine ici. Azaël se doute que c’est aussi par curiosité ou nostalgie, après tout cette maison a été celle de cette famille qui les a vu naître mais qu’ils n’arrivent même pas à imaginer en rêve. La jeune femme, elle, veut seulement partir loin d’ici pour ne plus jamais revenir. Elle déteste tout dans ce lieu pour la simple raison que sa mère y a souffert et qu’elle a fini par y mourir. Elle ne veut qu’une seule chose là tout de suite, c’est qu’Aslan arrive et qu’elle puisse se perdre dans ses bras pour quelques instants de répit. Mais en attendant, elle s’assoit sur les marches du perron et se prend le visage entre les mains. Tout semble tourner dans sa tête au point de lui filer la gerbe. Ca ira mieux quand ils partiront d’ici, elle le sait et Aslan ne tardera pas, elle le sait aussi.

Son petit ami finit par arriver, transformer pour l’occasion en une version presque méconnaissable de lui-même. Mais elle le reconnaîtrait entre mille, même avec la barbe et des cheveux longs. Le secret est dans son magnifique regard identifiable parmi des milliers. Azaël se relève aussitôt et fait quelques pas vers lui. Elle est cependant arrêtée net lorsqu’elle le voit lever sa baguette dans sa direction. Ce n’est pas qu’elle est étonnée, en y réfléchissant bien ce geste lui paraît complètement sensé. Elle est juste fatiguée et aurait apprécié un moment de répit dans tout ce bordel. Sauf que du répit, elle ne risque pas d’en avoir avant un moment. Elle le sait, un nouvel interrogatoire et une quarantaine les attendent Jarod et elle. Ceci n’est que le début d’un long combat pour prouver qu’elle est restée elle-même, grâce à Marlon. Damn ca lui file encore plus la gerbe. « Dis-moi quelque chose que seule la véritable Azaël pourrait savoir sur moi. » Et voilà, que les justifications commencent. Il lui suffit de prendre une grande inspiration et de répondre simplement, tout se passera bien.

Azaël étant Azaël elle ne peut pas « répondre simplement ». Elle fait mine de chercher, levant les yeux en l’air tout en fronçant les sourcils. « T’as lu des livres de Gilderoy Lockhart, tu les as aimé et t’en es pas fier. » Elle se souvient l’avoir jugé avec une de ces forces pour ça. « Voyons, quoi d’autre ? » Elle croise les bras et se tapote le menton du bout des doigts. « Tu rates tout le temps tes mahalabiya mais tu continues d’essayer d’en faire parce que tu veux absolument me faire goûter. » Une autre idée lui vient à l’esprit et elle affiche un grand sourire alors qu’elle ajoute. « Oh et puis t’as un petit point faible pour les bisous juste ici. » Elle indique un endroit sous l’oreille au niveau de la nuque, soft spot special bisou.

Oui, bon, ce ne sont pas des faits très probants, on est assez d’accord et la blonde n’a pas non plus envie de faire s’éterniser les choses. « Plus sérieusement... » Elle réfléchit à quelque chose qui convaincrait vraiment Aslan qu’elle n’est pas une espionne. Comme si ca allait l’aider elle le scanne de haut en bas, puis de bas en haut afin d’attraper un petit rien au vol. « L’amulette autour de ton cou, c’est celle de ton meilleur ami. » Elle affiche un léger sourire qui est bizarrement nostalgique par avance. « Tu dors tout le temps avec. » Elle sait qu’ils vont être séparés quelque temps après ce qui vient de se passer et ca lui fend un peu le coeur. Alors elle lève son regard vers celui de jeune homme avant de lui demander d’un air un peu pitoyable : « Je peux avoir un câlin maintenant ? ». Oui, elle a juste besoin d’être dans ses bras là.

Elle était là devant toi, en chair et en os. Tu avais du mal à en croire tes yeux, tout ceci te semblait trop beau pour être vrai. Tu ne lui avais pas encore demandé comment elle allait, mais le simple fait de la voir vivante devant toi, te suffisait à espérer de nouveau. Elle avait survécu, elle s’était extirpée de la gueule du loup, aussi miraculeux que cela puisse être. Jarod n’était pas dans le coin, mais tu n’excluais pas qu’il soit dans une autre pièce de la villa. S’il lui était arrivé malheur, Azaël ne l’aurait pas supporté. Elle aurait certainement préféré partir avec lui que rester ici sans sa moitié. Alors le fait qu’elle soit là, à quelques mètres seulement de toi, signifiait que tout allait bien, non ?

Tu as bien du mal à retenir ton sérieux alors qu’elle évoque ces petits détails qu’elle seule est censée connaître. Pas de doute, c’est bien à la véritable Azaël que tu as à faire, et malgré ce qu’elle a vécu, elle ne peut se départir de ce ton si taquin qui lui est propre. Ton visage se pare d’une fausse expression outrée alors qu’elle évoque tes échecs culinaires. Tu lui avais déjà dit des dizaines de fois que ce n’était pas évident de trouver les bons ingrédients au Royaume-Uni, et encore moins quand on était en fuite. Mais lorsqu’Azaël allait mal, tu lui faisais la promesse folle de l’emmener un jour avec toi dans ta famille, en Egypte, pour qu’elle puisse goûter les mahalabiya de ta jedati. A cette pensée, tout comme à l’évocation soudaine de Bayek, ton visage s’assombrit inévitablement. Tes blessures sont encore ouvertes, le temps n’a pas suffit à les panser. Tu ignores combien de temps encore tes souvenirs continueront à être douloureux. Mais le moment est bien mal choisi pour se laisser entraîner dans les limbes du malheur. Chassant tant bien que mal ces sombres pensées de ton esprit, tu te diriges enfin vers Azaël et viens entourer son corps frêle de tes bras. “J’ai eu si peur pour toi. Je pensais que je ne te reverrais plus…” Ce disant, tu resserres ton étreinte avant de venir plonger ta tête dans le creux de son cou. Tu fermes les yeux, et l’espace d’un instant, tu ne dis plus un mot. Tu laisses son odeur si familière et réconfortante envahir tes narines. Aussi ironique que cela puisse paraître, tu as l’impression que les choses rentrent dans l’ordre, que la vie va pouvoir reprendre son cours normalement. Et pourtant, cela fait déjà si longtemps que plus rien n’était normal autour de toi.

Au bout de quelques minutes, tu rouvres les paupières et te recules de quelques centimètres, afin de pouvoir à nouveau la regarder dans les yeux. “Tu dois tout me raconter. Mais d’abord, tu dois me promettre que tu ne partiras plus jamais sur un coup de tête s’il arrive quelque chose à ton frère ou à qui que ce soit d’autre, d’accord ? L’Ordre est ta famille, on est là pour toi, pour vous. On agit ensemble.” Exiger une telle chose d’Azaël revenait à lui demander l’impossible, à lui faire promettre de cesser d’être elle-même. Tu savais pertinemment qu’elle était du genre à foncer tête la première lorsque les siens étaient en danger. “Mais dis-moi, comment êtes-vous sortis du Ministère en un seul morceau ? Tout le monde sait que c’est impossible de s’en évader.”

Ces dernières heures ont été les plus éprouvantes de sa vie et le pire c’est que je n’exagère pas du tout en écrivant cela (bon peut être, mais pas beaucoup!). Elle ne s’est jamais sentie aussi mal, déroutée et frustrée à la fois. Un mélange de sentiments qui ne vont pas ensemble. Elle sait que Jarod n’est pas mieux qu’elle mais elle ne veut pas lui parler, pas tout de suite, ce qui en soit montre bien à quel point la jeune femme est dans un état d’esprit très particulier. C’est pour ça qu’elle est si heureuse de voir Aslan, maintenant plus que jamais, elle a besoin de lui, d’être dans ses bras et de tout oublier l’espace d’un instant. Elle ne doute pas que les preuves qu’elle lui a donné suffiront à le convaincre. Il ne se fait d’ailleurs pas attendre et lorsque le jeune homme baisse sa baguette et s’avance vers elle, Azaël, impatiente, s’élance dans sa direction à son tour. Elle se love dans ses bras, se presse contre lui, disparaît dans ce geste de douceur dont elle a tant besoin. « J’ai eu si peur pour toi. Je pensais que je ne te reverrais plus… » Elle enfouit son visage dans le tee shirt du jeune homme et s’accroche à lui désespérément, retenant ses larmes. La jeune femme s’était dit la même chose, lorsqu’elle l’avait planté dans l’un des QG de l’Ordre, quelques heures plus tôt. Malgré cela, elle n’avait pas hésité. Elle ne pouvait pas douter lorsqu’il s’agissait de Jarod. Ce n’est sûrement pas juste, pas envers Aslan en tous cas, mais c’est plus fort qu’elle. « Je suis désolée. » Pas d’être partie comme elle l’a fait mais d’avoir sacrifié ce qu’ils ont au passage et cela sans lui laisser le choix. Elle sait qu’elle peut être difficile, mais elle n’a jamais voulu être cruelle, pourtant, son geste ressemble à ca.

Ils restent dans les bras l’un de l’autre pendant un temps qu’elle n’arrive pas à mesurer. Elle aurait voulu qu’ils vivent dans ce cocon, à l’abri du monde, pour toujours. Mais Aslan a les idées bien plus sensées qu’elle à cet instant. Le jeune homme se détache un peu d’elle et la regarde avec ce regard franc des instants importants. « Tu dois tout me raconter. Mais d’abord, tu dois me promettre que tu ne partiras plus jamais sur un coup de tête s’il arrive quelque chose à ton frère ou à qui que ce soit d’autre, d’accord ? L’Ordre est ta famille, on est là pour toi, pour vous. On agit ensemble. » Azaël sait qu’il lui dit ça parce qu’il a eu peur et parce qu’il est raisonnable, tout le contraire d’elle. Pourtant, la jeune femme n’arrive pas à se dire qu’elle a fait une erreur. Aslan dit des mots vrais, mais ils savent tous les deux les difficultés de l’Ordre. Elle n’a pas envie de se prendre la tête avec lui, pas tout de suite, mais il mérite qu’elle lui réponde en toute sincérité. « Tu sais aussi bien que moi que l’Ordre n’aurait rien fait et quand bien même, le temps de se décider on serait arrivés trop tard. » Elle baisse le regard et s’éloigne à son tour, ne pouvant cependant pas rompre totalement le contact avec lui. Elle prend ses mains dans les siennes, joue à entremêler leurs doigts entre eux. « Ne me demande pas de laisser Jarod se faire capturer sans rien faire. » Si elle lui dit ca, c’est parce qu’elle ne peut pas le lui promettre et elle ne le fera pas.

« Mais dis-moi, comment êtes-vous sortis du Ministère en un seul morceau ? Tout le monde sait que c’est impossible de s’en évader. » Bien entendu, le jeune homme a des questions, et bien entendu, Azaël sait qu’elle n’a pas d’autre choix que d’être honnête avec lui. Elle ne sait pourtant pas comment formuler la chose, tout bonnement parce que, derrière tout ca, il y a cette vérité dont elle a honte et qui n’appartient vraiment à personne d’autre hormis à Jarod et elle. Enfin c’était le cas avant ce jour. Maintenant, si ils veulent rester dans la résistance, ils n’auront pas d’autre choix que de révéler leur arbre généalogique. Quelque part, le dire d’abord à Aslan rend les choses plus simples. Avec lui, elle est en confiance au moins même si elle ne sait pas exactement comment il va réagir.

Le silence ne dure que le temps pour elle de trouver la force de tout lâcher. Quelques secondes tout au plus qu’elle ressent comme bien plus. Puis finalement, elle se lance sans flancher, parlant plutôt rapidement, comme si elle retirer une bande de cire. « Notre père nous a sorti de là. Le chef de la BP, Marlon Travers. » Son regard n’arrive pas à trouver celui d’Aslan alors qu’elle dit ça, elle préfère se concentrer sur les doigts entremêlées. « C’était la première fois qu’on le rencontrait. » Et les choses se sont passées à l’exact inverse de tout ce qu’elle avait pu imaginer. Chose qu’elle formule en un regret un seul qui démontre très bien la relation père-enfants qui les guide. « Et j’avais même pas ma baguette pour l’envoyer si pieds sous terre. » Elle s’en voudra toute sa vie (non j’exagère toujours pas).

Tu aurais bien dû savoir que c’était trop beau pour être vrai. Azaël avait survécu, elle avait échappé au sort sinistre que le Ministère réservait aux fugitifs dans son genre. Mais tu avais été idiot de croire que tout serait comme avant. Comme lorsque tu ignorais tout de sa véritable identité.

Tu ne sais pas encore ce qu’il s’est passé durant ce laps de temps où elle a été retenue entre les mains du gouvernement. Mais tu as déjà l’impression de la trouver étrange, changée. Et les doutes qu’elle émet quant au fait que la résistance ne serait certainement jamais venue au secours de son frère, ne font qu’intensifier tes soupçons. “Aurais-tu cessé de croire en l’Ordre ?” Le ton de ta voix est calme, maîtrisé. Mais la question ne laisse aucun doute quant aux troubles qui t’animent. “Je ne te demanderai jamais de renoncer à ton frère. Mais tu ne peux pas foncer tête baissée toute seule. L’Ordre est votre famille, elle ne vous laissera pas tomber. Je ne vous laisserai pas tomber. Jamais.” Tes promesses sont peut-être un peu trop hâtives, Aslan. Mais tu ignores ce qui est sur le point de se produire, tu ignores tout de la bombe qu’Azaël est sur le point de faire exploser. Un silence lourd et pesant s’installe durant quelques secondes qui te paraissent durer bien plus. Et puis, la jeune femme finit par reprendre la parole…

“Pardon ? Tu… t’es pas sérieuse là ?”
Tu ne comprends pas, tu as dû mal entendre, tu as dû te tromper. Ce n’est pas possible que tu aies véritablement entendu ce que tu crois. Non c’est impossible. Impossible ! Mais Azaël poursuit, elle remue le couteau dans la plaie. “Mais enfin, tu t’appelles Nielsen. Pas Travers…” Ses paroles te clouent sur place, elles te pétrifient de la tête aux pieds. Et alors qu’elles résonnent inlassablement dans ta tête, tu ne peux t’empêcher de penser à ce que tout cela implique. “Depuis tout ce temps, tu savais que c’était ton oncle qui avait fait assassiner mon meilleur ami et tu ne m’as jamais rien dit ?” Le traumatisme que représente la mort de Bayek est encore si douloureux et présent qu’il élude tout le reste. Pas un seul instant tu ne te demandes pourquoi Azaël et son frère se sont toujours présentés sous leur nom maternel. Tu ignores aussi royalement le fait que cette rencontre au ministère avec leur père était la première de leur vie d’adulte. Tu repenses à Bayek, à Louis Travers, à Aquila… Ta douce fiancée, celle-là même que tu avais quittée pour des raisons qui ne la concernaient en aucune façon. Celle-là même que tu avais remplacée par sa propre cousine. Comment te serait-il à nouveau possible de te regarder en face, Aslan ?

Tu peines à réaliser ce que tu viens d’entendre. Tu voudrais refuser de croire à ces aveux, mais tu n’as d’autre choix que d’accepter la vérité. Sinon comment expliquer qu’Azaël soit encore en vie et qu’elle se tienne là devant toi ? A moins que… “Mais attends, pourquoi votre père vous a-t-il sortis du Ministère ? Vous avez passé un accord avec lui ? Vous allez jouer les agents doubles pour les mangemorts ?”