Diagon Alley, 27 avril 2007

Une nouvelle soirée mondaine s'était déroulée pour le compte du Magic is Legendary Festival. L'inauguration du premier cinéma sorcier avec en prime, la première du film Cristal. Forcément Corvus y était invité, sa cousine Thema Schackelbolt étant une des actrices de ce long métrage. Il avait particulièrement apprécié, avec une nette préférence pour la performance de celle qui possédait un lien de parenté avec lui c'est vrai. Sans doute était-ce l'affect qui parlait, mais qu'importe, c'était son avis. La soirée s'était un peu prolongée, car il était assez tard quand le jeune trentenaire a proposé à Thema de venir chez lui, dans son appartement pour continuer la soirée. Les deux possédaient une relation particulière, dans un premier temps, la jeune femme provenait de son côté maternel avec qui il a toujours eu plus d'atomes crochues. Pendant longtemps et encore maintenant Kingsley représente un modèle, une figure héroïque, mais il se tait à ce propos. Après tout c'est un Travers, il ne peut se permettre de tenir de telles propos. Alors il ne dit rien, reste silencieux face à la situation. Un attentiste dans tout ce qu'il se passe et même si cela le frustre, même si parfois il aimerait servir à autre chose. Corvus ne fait rien, passant la plupart de son temps au sein des soirées mondaines ou sur son balai pour éviter les tracas quotidiens. C'était devenue une routine pour lui. Tournant la clef dans la porte, il ouvrit celle-ci pour ouvrir le passage à la star de la soirée. « Je vous en prie madame l'actrice veuillez pénétrer dans mon humble demeure. » Il avait ce sourire charmeur sur le coin des lèvres, un peu moqueur c'est vrai. C'était leur complicité qui s'exprimait, car ils ont toujours eu ce lien de proximité. Malgré une légère différence d'âge, c'est à côté d'elle qu'il se retrouvait lors des repas de famille, avec elle qu'il se moquait des oncles, des tantes ou même des cousins et cousines. Il n'a jamais eu ce lien de complicité avec aucun autre de ses cousins ou cousines, du moins pas à sa connaissance.

L'homme à la peau foncée avait retiré sa veste de costume, ne laissant sur ses épaules que sa chemise blanche et sa cravate. D'un coup de baguette, la bouteille d'alcool sortir d'un de ses placards qui était soigneusement cachée, il savait que cela était interdit, mais Corvus avait ses sources. En tant que petite célébrité, personne ne pouvait lui refuser ses petits caprices de star. Ce n'était rien de méchant, mais juste un plaisir pour décompresser de toute la pression ambiante qui régnait lors des soirées mondaines. Faire semblant, sourire encore et encore, parler à des personnes exécrables. Sourire à nouveau, être une sorte de trophée pour le gouvernement finalement. Avec le temps l'hériter des Travers avait cette sensation désagréable qui le rongeait de l'intérieur, mais il n'en parlait à personne. Se consumant peu à peu au fil du temps. Il n'était plus tout jeune après tout, et c'est maintenant que l'attrapeur des Puddlemere United commençait à comprendre la réalité de certaines choses. « Je suppose que je t'en sers un aussi. Au vu de la soirée, je pense que tu l'as mérité et moi je ne vais pas te laisser boire seule. » D'un autre coup de baguette, deux verres étaient venues jusqu'à eux, un dans la main de Thema et un autre dans la main de Corvus. Puis à nouveau, le liquide s'était transvasé dans des deux verres à part égale. « Je suppose que nous pouvons boire à ton succès, au film Cristal et aux prochains qui arriverons prochainement je l'espère. » Maintenant, il était l'heure pour eux de trinquer et de se plaindre de la société sorcière comme ils en avaient l'habitude. Parce que sur ça, ils se comprenaient. Des problèmes peut-être dérisoires pour certains, des problèmes de petites starlettes capricieuses, mais de réelles problèmes tout de même. Après avoir pris une gorgée de cet alcool fort, Corvus reprit la parole, ses prunelles brunes dirigées vers sa cousine qui était toujours dans sa tenue somptueuse. « Je ne m'attendais pas à un tel succès à vrai dire. Je pense que bientôt tu auras un bon nombre de dirigeants hauts placés qui voudront t'inviter à dîner pour discuter de tes magnifiques prestations. » Il marqua une pause, son sourire en coin s'était un peu plus étiré. « Et je ne sais pas si c'est une bonne chose pour toi. » Un léger rire s'était échappé d'entre ses lèvres. Il est vrai que les goujats sont nombreux et pullulent dans les soirées mondaines. Chacun en fait les frais à sa manière.

tw: prise de médicament,
consommation de drogues (mention)

Il t’a fallu un atoner, évidemment. Mais ta réserve est sur la pente raide et tu sais qu’il va te falloir une nouvelle prescription si tu veux rester dans les clous. En attendant, tu avais aussi pris le temps, avant de partir pour la Première, de vider une des capsules et de la remplir avec de la Worrynot, au cas où, quoi. S’il fallait que tu en prennes en urgence, parce que ça allait pas bien d’un coup.

Ça s’était merveilleusement bien passé, et ce sans avoir besoin de prendre cette gélule améliorée. Les flashs avaient crépité de partout, on avait hurlé ton nom et celui de Corvus, qui était ton invité pour la soirée. Vous aviez pris la pose, fait des sourires à n’en plus finir, montré au monde qui vous enviait cette complicité de cousins qui en faisait pâlir plus d’une de jalousie. Le film avait été reçu admirablement bien par le public, là encore, tonnerre d’applaudissements, ovation qui avait bien duré plus d’une minute, un record inégalé (facile, puisque c’était la première fois qu’un film sorcier était diffusé) et tu t’étais dit à ce moment-là, lorsque tu étais montée sur la scène pour saluer en compagnie de l’équipe de production et des autres acteurs du film, que tu avais salué seule et avait vu voler vers toi des fleurs, que franchement, tu avais bien fait de prendre ce tournant des ondes cristal, songeant avec amertume que ta mère n’avait sans doute jamais connu un tel succès.
La soirée s’était poursuivie en mondanités habituelles, et ce n’était que lorsque vous aviez fini par prendre congé de tout ce beau monde et de toutes ces belles promesses, que Corvus t’avait proposé de venir chez lui. Trop contente de pouvoir prolonger cette euphorie, tu avais accepté, bien sûr. Ta mère -enfin, Selena- était partie plus tôt que vous et vous vous étiez entendues sur le fait qu’elle ne t’attendrait pas, que tu étais assez âgée maintenant pour faire ta vie sans lui rendre des comptes. Et puis, en vrai, tu ne craignais, pas vrai ? Tu étais avec Corvus, tout irait bien.

Entrant dans l’appartement de ton cousin, tu glousses alors qu’il se fait obséquieux, encore grisée de la soirée et de son lot d’émotions. Tu te délestes de tes escarpins et de cette longue cape griffée Be Vane, dévoilant ta tenue d’un blanc immaculé, toute en plumes et en soie, et tu commences à regarder autour de toi, tentant de repérer les nouveaux objets depuis ton dernier passage ici, tandis que Corvus attire près de vous de quoi passer une fin de soirée très sympathique. “Avec plaisir, je pense effectivement l’avoir mérité. Trinquons aussi à tes succès, mon cher : à nous !”, ris-tu doucement en tendant la main pour trinquer, maintenant que vous êtes servis. Tu humes d’abord les effluves de l’alcool et, sans vraiment te dire que boire en même temps que prendre des médicaments n’est pas une bonne idée, tu prends une gorgée délicieuse et soupires d’aise. Installée confortablement dans le canapé, tournée vers Corvus, le coude contre le dossier du sofa, tu scrutes les traits de ton cousin et te surprends à penser que les gènes Shacklebolt ne font vraiment que des dieux du stade (de Quidditch) dans la cousinade.

« Je ne m'attendais pas à un tel succès à vrai dire. Je pense que bientôt tu auras un bon nombre de dirigeants hauts placés qui voudront t'inviter à dîner pour discuter de tes magnifiques prestations. » Et de t’esclaffer en levant ton verre à ça, l’air rêveuse : “En voilà, une bonne idée, tiens ! Un parterre d’hommes prêts à me signer des chèques en pagaille...” Tu sens le regard de Corvus sur toi, et ramenant tes billes sur lui, tu repères son rictus qui s’étire, et le voilà qui lâche : « Et je ne sais pas si c'est une bonne chose pour toi. » qui t’ôte un hoquet de stupéfaction (accentué par ton don d’actrice, sans doute). “Je te demande pardon ?” Tu ne tiens pas vraiment longtemps ton air offusqué puisque te voilà à rire de nouveau en posant une main sur son genou (sans ambiguïté aucune bien sur), soit la partie de son corps la plus proche de toi. “Franchement, je ne suis qu’une actrice hein. Si déjà la production a réussi à ne pas offenser les Von Bäume avec ce trafic de leur nom de famille, je me sentirais chanceuse. Je crois qu’il y avait au moins celui qui travaille au Ministère, là, le vieux aux cheveux blancs, mais j’ai pas réussi à le retrouver après pendant la réception... enfin bon...” Tu reprends une petite gorgée d’alcool, inspires et expires lentement, tout en regardant de nouveau autour de toi, et puis tu finis par revenir vers lui : “Bon mais dis-moi, c’est bien gentil de te moquer de moi comme tu le fais là, et c’était sympa de dire aux journalistes que c’est ton film préféré avant les prochains, mais t’en as pensé quoi, en vrai ?” Tu dardes tes prunelles d’un brun sombre sur Corvus, comme pour ne lui laisser aucune échappatoire.
Intérieurement, sans vraiment y réfléchir davantage, tu espères réellement que ça lui a plu. Mais les fils sont gros, l’histoire d’amour vue et revue, sinon en film, au moins dans la littérature sorcière et tu n’es pas vraiment certaine que le reste de la distribution, à part les deux premiers rôles masculins, était vraiment au top du top.
Et, il faut le dire, tu aimes aussi être flattée, vaniteuse petite peste que tu es devenue avec le temps.