Deux heures plus tard, Quon attend Shaula devant le College of Stargazing and Space Structure patiemment, assis sur le rebord de la fontaine magique, laissant parfois ses doigts effleurer la surface de l’eau qui y scintille et lui renvoie son reflet troublé. Depuis qu’il a quitté l'amphithéâtre au sein de l’université, il a le coeur qui bat la chamade dans sa poitrine, et l’impression que celle-ci va finir par exploser tant il se sent fébrile et… plein. Plein d’émotions difficiles à démêler, surtout quand le regard clair de Shaula est loin. Plein d’émotions, sensations, sentiments, impressions qui le tiraillent dans tous les sens, et font remonter à la surface les doutes qui l’infestent depuis qu’il s’est réveillé, fiévreux et tremblant, dans le petit lit de l’arrière-boutique de Song.

Il se souvient encore très bien de la douleur, comme des milliers d’échardes lui perçant le corps tout entier, une sensation diffuse et brûlante, presque cruelle. Une souffrance de surface, qui lui donne l’impression d’être tiré à quatre épingles, littéralement, dans quatre sens différents, écorché jusqu’au bout de ses doigts tremblants. Quon les plonge légèrement dans l’eau, avant de se les passer sur la nuque, en espérant calmer la nervosité qui y est logée et s’y prélasse joyeusement depuis maintenant deux heures.

Quand il se redresse et jette un regard en direction de la faculté, et qu’il croise enfin le regard vert de Shaula, un calme étrange s’abat sur lui et lui arrache un très léger sourire.

Quon se relève lentement, ignorant la vague de malaise qui se lève en lui, tiraillée par la douleur sourde mais toujours présente dans son flanc, avant de s’avancer de quelques pas dans sa direction, son regard toujours fixé dans le sien. Elle est venue, elle est venue. Il n’est pas si surpris que ça, n’a même pas eu le temps de douter: il a passé les deux dernières heures à manger quelque chose dans un restaurant local, et à se recoiffer à chaque fois qu’il voyait son reflet dans une vitre ou un miroir. La nourriture lui a fait du bien - bien qu’il n’ait pas retrouvé son appétit titanesque habituel - et il se sent un peu mieux que plus tôt, c’est déjà ça.

“Hi,” lâche-t-il dans un souffle, en la regardant toujours avec un léger sourire, le mot remplissant l’espace entre eux maladroitement. Il a toujours tellement de choses à dire et le voilà à court de mots face à elle, à bout de souffle. Il la dévisage avant de détourner les yeux, en se demandant si il n’est pas en train de la gêner, et fait un maigre mouvement de la main en direction de la rue piétonne la plus connue d’Angleterre. “Except if you had any desire to stay in London, I have a place in mind where we could go,” offre-t-il d’une petite voix. Il a beaucoup tergiversé à ce sujet, le nez dans le délicieux phở qu’il a mangé à midi, réfléchissant à ce qu’ils pourraient faire - toutes ses amorces superficielles différentes ont gentiment été mises de côté par Shaula, précédemment, il espère donc ne pas se tromper cette fois. “Brighton. It’s nothing fancy or anything like that, but it’s pretty quiet this time of the year and I like the sound of the waves.” C’est aussi l’un de ses endroits préférés sur terre. La main levée en direction de Diagon Alley se tend vers elle, une invitation muette à le laisser les faire transplaner ensemble pour leur rendez-vous de ce soir. Quon est d’autant plus fébrile à l’idée qu’ils se touchent, enfin, et déglutit à grand mal en gardant ses yeux dans les siens.

Les yeux de Shaula revinrent fréquemment à l'horloge, placée sur le côté de l'estrade, pour constater que l'aiguille avançait selon ses propres caprices ; trop rapide, et trop lente à la fois, creusant d'abord un écart de cinq minutes, puis un gouffre de vingt autres entre deux coups d'oeil rapides.
Trop rapide, car Shaula avait à peine le temps de se retourner suite à leur entrevue, et pouvait sentir pousser les questions nerveuses sous la douce euphorie qui l'habitait.
Trop lente, car on la poussait invariablement vers Quon, une force immuable, naturelle, comme si elle suivait le chemin qui s'ouvrait à elle, guidée par ses yeux noirs et doux.

Cette deuxième rencontre (ou plutôt la prolongation de la première) seule à seul était sûrement trop hâtive, tordait gentiment les principes rigides imposés depuis son enfance ; ils seraient seuls, hors du radar de Lesath et du regard inquiet de Mengwu, et même Shaula, tout aussi inexpérimentée qu'elle fût, pouvait voir que ce rendez-vous ne répondait pas exactement aux codes d'une rencontre amicale.
L'idée qu'ils puissent être amis, Quon et elle, sonnait étrangement faux – leur connexion transcendait le concept, le dépassait tout en l'englobant, et les amitiés sincères de Shaula ne l'avaient jamais fait se sentir gentiment nerveuse, comme elle pouvait l'être à la perspective qu'il l'attendait à l'extérieur.

Elle prit le temps de répondre à une autre question, à la fin de son cours, ses mots couvrant à peine le bruit assourdissant de son cœur, et elle rangea ses affaires avec les mêmes gestes lents et mesurés que d'ordinaire – la certitude que Quon était au rendez-vous, qu'ils avaient pour eux le reste de la journée, était telle qu'elle ne ressentait pas le besoin de se presser outre-mesure. Elle prit le temps de rédiger rapidement une note qu'elle envoya jusqu'au bureau de son frère d'un coup de baguette ; qu'elle allait rejoindre une connaissance, qu'il ne s'inquiète pas de son absence, et qu'il pouvait lui envoyer Nefiset s'il en éprouvait le besoin. Son devoir de jumelle accompli, elle passa sa sacoche sur son épaule, et remonta les marches de l'amphithéâtre avec un léger sourire aux lèvres.

Ce dernier s'agrandit lorsqu'elle accrocha le regard de Quon, en dehors du bâtiment ; son cœur lui ne s'embarrassa pas de réserve, et fit un bond dans sa poitrine, menaçant de remonter jusque dans sa gorge, à cette image de Quon se levant pour l'accueillir, souriant légèrement, tandis qu'elle s'approchait.
Bien sûr, qu'il l'avait attendue – ses certitudes étaient ancrées dans les étoiles, effleurées par la prédiction récurrente que lui avait fait le zairja, à son arrivée en Grande-Bretagne. ”Hi.” Sa voix calme, son sourire, le regard sur elle manquèrent de la faire rougir ; elle repoussa par réflexe une de ses mèches de cheveux en arrière, derrière une oreille, tandis qu'ils détournaient les yeux de concert, tels deux adolescents se retrouvant après les cours. ”Thank you for waiting.” Ses yeux remontèrent à lui, jusqu'au geste désignant la ville derrière lui. “Except if you had any desire to stay in London, I have a place in mind where we could go.” Shaula, qui n'appréciait que peu la ville, hocha brièvement la tête. “Which place?“ demanda-t-elle en détaillant ses yeux avec une curiosité légère, se demandant s'il s'agissait de l'endroit où il avait vu la voie lactée, un jour. “Brighton. It’s nothing fancy or anything like that, but it’s pretty quiet this time of the year and I like the sound of the waves.”

Depuis les Hébrides, Shaula n'avait que vaguement entendu parler de Brighton, dans la bouche de ses collègues – un lieu de villégiature sorcier, entièrement aménagé pour le confort de ces derniers depuis la purge de ses Moldus. A la mention des vagues, le sourire de Shaula s'ourla de nouveau ; elle préférait de loin le calme au tumulte clinquant de Londres. “It sounds lovely, I like the sea“, fut tout ce qu'elle trouva à lui répondre, son souffle légèrement court face à l'expectative, et son manque de répartie sensible, sous les yeux de Quon.
Et il lui tendit la main, une paume ouverte vers elle, l'enjoignant à la prendre. Shaula pinça légèrement les lèvres, et sans se laisser le temps de penser à Lesath et aux interdictions tacites, érigées par ses propres limitations, elle vint glisser sa main dans la sienne – la chaleur de Quon dévala contre sa paume avec un naturel effrayant, et Shaula sentit son cœur se soulever tandis qu'ils transplanaient.

Le bruit des vagues remplaça soudain celui de la ville ; Shaula inspira profondément pour reprendre son souffle, une goulée d'air salé allant se lover dans ses poumons. Ses yeux, au lieu de filer sur l'horizon en un premier réflexe, s'ancrèrent dans ceux de Quon, tandis qu'elle cillait pour reprendre pied sur la promenade où ils venaient d'apparaître. ”Sorry”, souffla-t-elle avec un sourire gêné, relâchant sa main qu'elle tenait encore dans la sienne ; et son regard glissa jusqu'à la mer, qui s'ouvrait au-delà des vagues. Une vue familière, chaleureuse, qui lui tira un autre sourire. ”This is lovely,” et elle tourna de nouveau les yeux vers lui, avec une brève seconde de latence, ”you shouldn't be standing, let's have a seat.” Elle pouvait voir la blessure sur son flanc - à la façon qu'il avait eu de se lever, en la retrouvant, le doute n'était plus permis.

Quon a un peu peur de sa réaction, se trouvant un peu trop entreprenant peut-être dans son idée de les emmener à Brighton - faire quoi, exactement, il n’y a pas encore réfléchi. Mais un sourire fend le visage de Shaula et Quon sent son coeur s’alléger dans sa poitrine à cette vision, et une douce chaleur se répandre dans son torse. “It sounds lovely, I like the sea." Il est à deux doigts de lui dire de ne pas s’attendre à grand-chose, de peur qu’elle soit déçue, mais se contente simplement d’hocher la tête en prenant sa main dans la sienne. Quon a l’impression qu’un léger mais agréable courant électrique remonte le long de son bras, de ses veines, laissant derrière lui un picotement singulier et bizarrement familier. Il ne s’attarde pas sur cette sensation de peur de s’y perdre, et transplane sans demander son reste, visualisant la nouvelle jetée sorcière construite sur les bords de la ville de Brighton.

Cela fait bien longtemps qu’il n’est pas venu, y ayant rapidement jeté un coup d’oeil à la réouverture officielle de la ville sans s’attarder; et pourtant, plutôt que de balayer les alentours qu’il sent déjà comme étant différents, les yeux de Quon se plantent dans ceux de Shaula. Le soleil de fin d’après-midi les rend encore plus beaux, encore plus clairs, et Quon y découvre un nouvel éclat, qui élargit son léger sourire sur ses lèvres. ”Sorry.” Il laisse s’échapper sa main avec une légère pointe de regret, et ses doigts se crispent un peu dans l’air avant de venir s’enfoncer dans la poche de sa veste, se tournant avec elle vers la plage et la mer. ”This is lovely.” Il glisse un coup d’oeil vers elle, remarque ses longs cheveux bouclés qui se font fouetter par le vent. "It is. - You shouldn't be standing, let's have a seat.” Les lèvres de Quon se pincent et il hoche la tête, réprimant le réflexe de prétendre qu’il va parfaitement bien et que son flanc ne lui fait pas un mal de chien.

“I believe there are some benches this way,” offre-t-il en faisant un mouvement en direction du reste de la balade. Malgré le soleil plutôt généreux et la température agréable, il n’y a presque personne - Quon a toujours vu cette promenade noire de monde, et la plage bondée jusqu’à être impraticable. Il se souvient, avec une certaine tendresse, des premières vacances qu’il y a passé, et de la première fois qu’il a vu la mer.

Maintenant que la ville est sorcière, l’endroit est pratiquement désert et ressemble nettement plus à une ville fantôme: la plupart des boutiques n’ont même pas encore ouvertes et cherchent encore des locataires, et seuls quelques couples ou silhouettes esseulées se promènent tranquillement. Il peut voir un groupe d’aventuriers sur le sable, un peu plus jeunes qu’eux, qui parlent fort et rient avant de se jeter dans l’eau. Quon essaye de laisser son regard vagabonder autour de lui sans trop se focaliser sur Shaula, même si il meurt d’envie de la dévorer du regard - c’est dur, presque impossible à vrai dire. Ils finissent par s'asseoir sur un banc faisant face à la plage, et Quon se rend seulement compte qu'ils ont passé les deux dernières minutes dans un silence naturel et plaisant.

“I used to come here as a kid,” s’entend-t-il dire, se surprenant à, encore une fois, faire référence à une vie qui n’existe plus - qui a fait partie de lui, un jour, mais sur laquelle il a depuis longtemps tourné la page. “It’s changed quite a bit.” Il jette un regard par-dessus son épaule, en direction de la ville sorcière qui a l’air un peu plus animée que le bord de plage. Plutôt que de se retourner complètement vers les vagues, Quon pose ensuite son regard sur Shaula. “Do you remember seeing the ocean for the first time?”

Ils longèrent la promenade ensoleillée, quasi-déserte, dans un silence reposant. Les yeux de Shaula glissèrent sur les vagues, puis les silhouettes des autres promeneurs, puis Quon – elle revenait alors rapidement à la mer, avec un léger cillement et le battement étranger de son cœur (plus rapide, plus prompt aux bonds imprévus à même sa poitrine). Marcher aux côtés de Quon était naturel, apaisant, renforçant le sentiment de familiarité qu'elle éprouvait avec lui ; et elle n'était pourtant que trop consciente de sa présence, à sa gauche, de son regard noir et brillant, du léger sourire flottant sur ses lèvres, en regardant la mer.

Elle prit garde à ne pas coincer sa longue jupe sous elle, en s'asseyant, laissant reposer ses mains sur ses jambes comme elle le faisait souvent, un regard à la mer, avant de revenir au sorcier. “I used to come here as a kid. It’s changed quite a bit.” Les yeux de Shaula s'attardèrent sur son profil, tandis qu'il détournait la tête pour englober lesdits changements du regard ; il n'était pas difficile d'imaginer l'enfant que Quon avait pu être, plein de vie et de malice, de ceux que Shaula regardait depuis l'autre côté de la barrière érigée par son père entre les jumeaux et le reste du monde. Il n'y avait pas eu la place pour l'envie ou un sentiment de solitude – Shaula s'était, toute jeune, trouvée dans le lien unique qui l'unissait à son frère.

Lorsque les pupilles noires de Quon revinrent s'ancrer aux siennes, elle put distinguer nettement, l'espace d'un éclair, le lien tout aussi unique qui s'était tissé entre eux deux – deux inconnus qui s'étaient déjà croisés ailleurs, avant. Elle ne serait seule ni avec Lesath, ni avec Quon, et l'apparition de cette seconde étoile dans son ciel était aussi déstabilisante qu'elle était enivrante, l'attirant à sa lumière avec une facilité déconcertante. “Do you remember seeing the ocean for the first time?" Shaula resta un instant dans ses yeux sombres, avant de détourner le regard vers les vagues – d'un gris clair sous le soleil clément qui les accompagnait depuis leurs quelques pas sur la promenade. "I remember my first memory of the sea, but I don't think it was the first time I saw it", s'entendit-elle répondre après une brève réflexion, les mots trouvant naturellement leur place dans cette conversation où Shaula ne se sentait obligée de rien, suivant ce fil qui se dessinait nettement à l'horizon sous ses yeux verts.
Ces derniers revinrent chercher ceux de Quon, sans crainte, retrouvant l'éclat noisette de ses iris, révélée d'autant plus par la lumière de fin d'après-midi. "We grew up on the coast, my brother and I, but we weren't allowed to go out so much." Un léger sourire s'était glissé sur ses lèvres, devant ces souvenirs de l'enfance ; qu'importait, à l'époque, Shaula s'était gavée de la mer depuis leur chambre, dévorant des yeux l'étendue presque blanche, certaines nuits claires. "Are you staying in London, with your brother?" Le peu qu'elle connaissait de Quon se trouvait être des informations partagées par Mengwu ; il avait mentionné vivre avec ses frères et sœurs, sans pour autant dévoiler s'ils étaient tous, encore, dans l'appartement londonien dont elle avait vaguement eu l'esquisse.

Si Shaula se détourne pour contempler la mer, Quon a plus de mal, ses yeux continuant de détailler sans se lasser son profil, du bout de son nez à ses cheveux à ses pommettes à son menton, gravant chaque détail dans un recoin de son esprit. Il l'a à peine touchée, le souvenir de ses doigts contre les siens lui démangeant encore la main, et il se demande ce qu'il ressentirait à éprouver le grain de sa peau, à découvrir la texture de son visage, de son cou, de son corps - la pensée le rend intensément confus, et c'est sur cette note que Quon se détourne, fait face aux vagues inlassables et infatiguables qui butent contre le sable et les rochers.

"I remember my first memory of the sea, but I don't think it was the first time I saw it." Elle se tourne vers lui et il accueille avec grand plaisir ses yeux verts dans les siens. Il se souvient de la première fois qu'il a vu la mer, avant que sa vie ne s'écroule, ces vacances à Brighton qu'il avait attendues avec impatience et qui avaient, plutôt littéralement, changé sa vie (pour le pire). "We grew up on the coast, my brother and I, but we weren't allowed to go out so much." Quon essaye de s'imaginer un peu sa vie. Il ne connait pas grand-chose de la Turquie, s'imagine des énormes plages et des déserts arides. Elle a dû tant voyager, alors que lui n'a jamais connu que la météo cruelle de l'Angleterre et, une ou deux fois, la purée de poix de Hong Kong. Il aimerait qu'elle lui raconte, ou qu'elle lui montre.

Un sourire flotte sur les lèvres de Shaula, sans doute à la mention du souvenir, et Quon sent son coeur battre de plus belle dans sa poitrine, et un sourire jumeau s'inscrire sur sa bouche. "Are you staying in London, with your brother?" Il hoche la tête sans la quitter du regard. "Yes, and my other siblings. I have four brothers and three sisters." Il se rend compte, en disant cela, que ça fait beaucoup et il se retrouve à sourire de plus belle. "We all get along fine but sometimes, well, it's a bit intense as you can imagine." Il se demande si elle trouvera ça étrange, qu'il vive encore avec ses frères et soeurs. Quon se pose de plus en plus la question, surtout en voyant Zhang s'épanouir dans sa propre vie, mais l'idée d'un jour s'en aller le quitte à chaque fois qu'elle l'effleure. Sa famille est sa vie, et il n'est rien sans les Wang - l'idée de les quitter lui est presque insupportable. "Is it just you and your brother?" demande-t-il, son sourire un peu plus ténu, en penchant la tête sur le côté. Il pense deviner que oui mais il ignore comment l'inciter à lui parler, comment lui demander de lui dire tout ce qu'elle peut ou veut lui dire - il veut tout savoir, la moindre de ses pensées, la moindre miette qu'elle veut bien lui donner. "And... can I ask why you came up here? Surely there are better places than the United Kingdom for a vacation, these days..."

Shaula se surprit à contempler le reflet lumineux des yeux de Quon, ravivé par le ciel clair du bord de mer et le sourire qui étirait ses lèvres – ils étaient si différents, avec Mengwu, et pourtant elle pouvait déceler les deux frères la même chaleur lorsqu'ils s'adressaient à elle. Et l'avertissement de son frère semblait désormais bien loin, tandis qu'elle regardait Quon en plissant légèrement les yeux, devant le soleil qui se reflétait sur les vagues ; l'impression saisissante qu'elle était à sa place, alors qu'elle se trouvait séparée de Lesath, était sensiblement dérangeante, ajoutant à la nervosité légère de se retrouver seule avec le sorcier. "Yes, and my other siblings. I have four brothers and three sisters." Shaula garda son léger sourire aux lèvres, sans trace de surprise véritable ; Mengwu lui avait rapidement parlé de leur fratrie de huit, agitée, parfois difficile, dont il était l'un des aînés. "We all get along fine but sometimes, well, it's a bit intense as you can imagine." "It is a blessing you get along well", commenta-t-elle avec compassion, peinant à imaginer les troubles qu'une mauvaise entente pourrait entraîner dans une famille nombreuse. Que Quon vive avec les siens ne figurait, à ses yeux, pas comme un problème ou un manquement ; elle-même avait vécu avec sa famille jusqu'à leur départ pour le Royaume-Uni, et elle se figurait simplement vivre le reste de son existence en compagnie de Lesath – avec qui d'autre, sinon ? Shaula n'avait que peu d'amis, et son frère était son monde ; quant à vivre avec un homme...

He's going to take you away. "Is it just you and your brother?" Shaula sentit soudainement le regard fixe de Quon, rivé sur ses traits depuis de longues minutes – la bouffée d'embarras nerveux, aux mots de son frère, lui fit détourner un instant le regard, le portant sur ses mains jointes sur ses jambes. Et si Lesath avait eu raison ? Sa propre certitude face au zairja semblait bien lointaine, soufflée par la conclusion abrupte de son jumeau (qui, à défaut de pouvoir lire aussi aisément qu'elle, parvenait à interpréter justement les signes), et l'aisance avec laquelle elle interagissait avec Quon. "And... can I ask why you came up here? Surely there are better places than the United Kingdom for a vacation, these days..." Elle lui adressa un léger sourire, revenant un instant à ses beaux yeux noirs, où se trouvait le lacé complexe de ses iris, invisible à cette distance et sous ce ciel – elle détourna son regard en secouant légèrement, poliment la tête, confuse face à l'attrait mystique qu'exerçait Quon sur elle (si différent des autres, pour lesquels les étoiles étaient restées muettes). "It's only the two of us now, yes", commença-t-elle d'une voix plus claire que ce qu'elle n'aurait cru, habituée à la perdre lorsqu'elle était le sujet d'émotions confuses, "we were invited to teach at the LAAW, for a few semesters. We were living with our family in Antakya, before we moved to the Hebrids..."

Il y eut un léger cri, par-dessus les vagues, et Shaula se tut soudain, relevant la tête vers le ciel – la silhouette distincte et familière d'un oiseau de proie se détachait nettement sur l'étendue azur, au-dessus d'eux. "I'm sorry," s'excusa-t-elle en se levant, abandonnant sa sacoche de professeure sur la banc après un léger coup d'oeil pour Quon. Elle s'approcha du bord de la jetée, sortit sa baguette de son étui, et jeta un léger sort sur son avant- bras ; elle étendit ensuite ce dernier pour récupérer Nefiset, dont les serres s'enfoncèrent dans la protection magique ainsi érigée, et caressa son cou tandis que son regard tombait sur le message qu'on avait accroché à ses pattes.
Shaula se retourna vers le banc, la busarde pâle sur le bras, et son regard coulant naturellement vers Quon. "I'm sorry, it's my brother", fit-elle avec un bref sourire, se rasseyant tout en rangeant sa baguette – elle n'avait pas ouvert la missive, mais l'envoi de son oiseau était l'inéluctable signe que Lesath cherchait à la contacter. "And this is Nefiset", fit-elle en regardant l'oiseau, ses doigts courant sur son beau plumage brun, "she's a pallid harrier." Son regard remonta vers Quon, et elle le détourna rapidement pour déposer l'oiseau sur le dossier du banc, entre eux, détachant le message en jetant un nouveau coup d'oeil au sorcier. "Do you like birds?" demanda-t-elle avec curiosité, redoutant de s'épancher sur ses dix oiseaux de proie si Quon avait pour eux une animosité sensible ; et son regard retomba sur le morceau de parchemin entre ses doigts. "I got your message. Will you be home for dinner?"

Quon peut mal raisonner la décision de venir au Royaume-Uni lorsqu'on a le monde ouvert devant soi et que des bonnes raisons d'aller ailleurs. Il se demande ce que Shaula pense de la politique du Lord, sur laquelle il garde lui-même un oeil vaguement désintéressé par la force des choses. Même si l'instabilité de la vie britannique de ces dernières années n'a fait qu'améliorer les affaires des Wang, même Quon peut voir le pays courir à sa perte sous le règne de ce dictateur mégalomane et dangereux - sa seule réassurance, c'est que le Clan saura tirer son épingle du jeu quoiqu'il arrive, et qu'il n'a pas à s'inquiéter. Il ne peut pas s'empêcher d'être curieux de l'opinion d'une lettrée comme Shaula... "It's only the two of us now, yes." ... ou comme son frère, à vrai dire, qui d'après ses dires avaient des opportunités un peu partout dans le monde pour continuer ses recherches, mais avait choisi le Royaume-Uni pour une raison obscure - Quon a du mal à se souvenir de son long monologue de la dernière fois. "We were invited to teach at the LAAW, for a few semesters. We were living with our family in Antakya, before we moved to the Hebrids..." Quon, fasciné par son sourire, hoche la tête distraitement en l'écoutant et n'a pas le temps de l'encourager à continuer qu'un cri d'oiseau se fait entendre et le fait sursauter par sa proximité et sa puissance.

Avec des yeux écarquillés, Quon suit le regard de Shaula vers le ciel, et fronce les sourcils en voyant un oiseau qui ne ressemble pas du tout à une mouette planer au-dessus d'eux. "I'm sorry." Il jette un regard perdu à Shaula et la regarder se lever, faisant de même par automatisme avant de la regarder tendre le bras après y avoir jeté un sort. Il a un mouvement en avant en voyant l'oiseau, qui lui semble avoir des serres bien acérées, s'approcher et s'y poser. Shaula se tourne vers lui et il cligne des yeux, abasourdi et fasciné par cette vision qui lui semble impossible. "I'm sorry, it's my brother." Pendant un instant, il pense qu'il s'agit-là de Lesath sous une forme d'animagus, mais il aperçoit enfin la lettre attachée à la patte de l'animal et  comprend alors que c'est un oiseau messager, comme les hiboux locaux. Un sourire ravi vient s'installer sur ses lèvres en une esclaffe stupéfaite et charmée. "Oh!" Ils se rasseyent en même temps, Quon tout à fait tourné vers ce merveilleux et magnifique specimen.

"And this is Nefiset, she's a pallid harrier." Quon s'esclaffe, encore un peu stupéfait par cette arrivée soudaine. "Right. Hello, Nefiset." Il n'ose pas trop approcher sa main de son beau plumage, un peu suspicieux de ce bec et de ces serres qui lui semblent un peu trop pointues à son goût, et son regard revient à Shaula. "She's beautiful," commente-t-il. Il n'y connait pas grand-chose, mais il est plutôt impressionné par la prestance de l'animal et son le regard intelligent qu'il pose sur lui. Quon se recule un peu, méfiant, quand Shaula pose Nefiset sur le dossier du banc et que l'oiseau se penche légèrement vers lui, curieux semblerait-il. "Do you like birds? - I... guess?" offre-t-il maladroitement. "I've never- I mean- it's just not something that I ever really thought about... We have an owl at home but it's not me who takes care of him, we just use him as a carrier..."

Prudent, Quon tend lentement le doigt en direction de Nefiset, et se sent sourire quand elle se laisse faire lorsqu'il presse le revers de son index contre le bec et sa calotte en une caresse maladroite. "Do you?" Il tourne la tête vers Shaula, incapable de réprimer son sourire émerveillé - ce n'est pas un animal comme les autres, peut-être un oiseau de proie, qui lui semblerait bien dangereux si il n'avait pas vu Shaula l'accueillir comme un vieil ami. "Do you need to get back?" enchaîne-t-il soudainement en fronçant les sourcils, remarquant qu'elle a ouvert la missive apportée par Nefiset venant de son frère - et vu l'énergumène, il ne serait pas surpris d'apprendre qu'il respecte un couvre-feu très strict...

Il y avait une douceur, dans le rire de Quon, un mélange de bienveillance et d'innocence, devant l'apparition de l'oiseau ; et entre deux battements de cils, Shaula crut voir l'enfant qu'il avait été, un jour, émerveillé, curieux, joueur. "I... guess?" Shaula releva les yeux vers Quon, après la rapide lecture du mot de son frère – il était coutume, pour Lesath comme pour elle, de répondre aux mots de l'autre par une confirmation sommaire, un simple accusé de réception dont ils avaient pris l'habitude dès l'enfance (dès qu'on les séparait, pour combler le fossé qui se créait alors entre leurs deux êtres). "I've never- I mean- it's just not something that I ever really thought about... We have an owl at home but it's not me who takes care of him, we just use him as a carrier..." Le regard de Shaula fit de brefs allers-retours entre sa sacoche, qu'elle ouvrit pour y chercher une plume, et le visage de Quon, qu'elle observa discrètement lorsqu'il tourna le regard vers Nefiset, qui le regardait du coin de l'oeil, sans trop savoir à quoi s'attendre de la part de ce sorcier qu'elle rencontrait pour la première fois de sa vie. "Owls are quite nice, too," commenta-t-elle avec un léger sourire, tandis qu'elle retournait le morceau de parchemin pour y écrire, un nouveau coup d'oeil à Quon.


Au tableau de son rire d'un peu plus tôt, et des glyphes imprimés sur son iris, s'ajouta celui d'un Quon hésitant, glissant un doigt contre le plumage de sa busarde – Nefiset se contenta de le regarder, encore sur ses gardes, avant de cligner des yeux face à cette caresse bienvenue. "Do you?" "Quite a lot, yes," répondit-elle en entreprenant de griffonner quelques mots en turc, avant de rouler le parchemin en revenant aux yeux inquisiteurs de Quon, se sentant vaguement gênée de lui livrer ce détail qui lui avait valu son surnom de Tavuk auprès des siens, comme l'illustrait son sourire, "we've got ten birds, and I tend them when we're home." Les oiseaux étaient devenus ses seuls amis, au fil des ans ; mais elle préférait garder pour elle ce fait, pour l'instant. "Do you need to get back?"

L'inquiétude de Quon, sous ses sourcils froncés, fit naître une légère tiédeur sur ses joues ; Shaula roula le parchemin en secouant légèrement la tête, le regardant durant une seconde de latence, comme pour savourer le fait qu'elle n'avait pas à rentrer dans l'immédiat. Son frère serait contrarié de savoir qu'elle avait, malgré tout, revu Quon ; mais Shaula le connaissait mieux que quiconque, et maintenant que le choc de la prédiction était passée, elle pourrait lui faire voir ce que les cartes avaient cherché à leur dire. Elle commençait à comprendre – et de fait, elle était plus à même d'expliquer à Lesath de quoi il en retournait. "He's just asking when I'm going home." Puis, après un regard entendu (qu'elle n'avait pas l'intention de rentrer tout de suite, et, comme elle l'avait signifié à Lesath, qu'elle ne saurait pas si elle serait présente pour le dîner), elle rangea sa plume, et, se détournant un instant de Quon, fouilla de nouveau pour en sortir un sachet, qu'elle ouvrit pour donner à Nefiset un morceau de viande, en guise de remerciement. "Would you like to send her?" demanda-t-elle en relevant les yeux vers Quon, tandis que le rapace engloutissait sa récompense. "It's quite easy, I only need to protect your arm."

Dix oiseaux, lui a dit Shaula, faisant s'agrandir les yeux de Quon tant de surprise que d'émerveillement - c'est qu'il n'a pas véritablement d'amis ornithologues ou même intéressés de loin par ce domaine. C'est comme si un nouveau monde s'ouvrait à lui, un monde où on s'intéresse aux animaux et où on en prend soin pour le plaisir et non pas juste pour s'assurer que l'unique moyen de communication de la maison ne soit pas sur le point de clamser.
Quon, qui n'a jamais ressenti qu'une profonde indifférence pour la bête qui habite un coin du bureau de Sen et qu'il évite autant que possible de côtoyer après s'être fait pincer le doigt jusqu'à l'os une fois, a soudainement envie que Shaula lui en parle et garde cette information dans un coin de son esprit, pour demander plus tard.

En attendant, il s'inquiète juste qu'elle ait à partir, déçu malgré le temps qu'il a réussi à lui voler et la conversation qu'ils ont pu avoir, malgré une interruption de quelques heures. Lui-même ne devrait pas tarder pour être honnête, il sait déjà que Feng va l'accueillir à la maison d'un regard tant inquiet que curieux: il est parti sans dire à quiconque ce qu'il allait faire, alors qu'il a été mis en arrêt par Chen lui-même, soucieux de suivre à la lettre les recommandations exaggérées de Song. "He's just asking when I'm going home." Quon soupire légèrement, en comprenant dans le regard qu'elle coule vers lui qu'elle ne compte pas rentrer tout de suite, et il sent un très léger sourire flotter sur ses lèvres - quelque chose de constant, semblerait-il, lorsqu'il est en compagnie de Shaula.

Il observe avec intérêt Shaula nourrir Nefiset, un peu inquiet du bec acéré s'approchant de ses doigts fins, fasciné de la voir s'en sortir sans égratinure. "Would you like to send her?" Il la regarde d'un air ahuri, pris de court. "Can I?" s'étonne-t-il, reportant son regard sombre sur le rapace. "It's quite easy, I only need to protect your arm." Quon fronce les sourcils, réticent et appréhensif en regardant l'oiseau déchiqueter le morceau de viande avant de l'avaler, puis repose son regard dans celui de Shaula. "It won't hurt?" demande-t-il et une fois qu'il a eu confirmation, il hoche la tête. "Alright, then, I trust you." Aussi simple que ça, comme si ils se connaissaient depuis des lustres. Quelque part, c'est le cas.

Il relève la manche de sa veste pour révéler son bras, laissé nu par son t-shirt. Une fois le sortilège apposé, il tend le bras en direction de Nefiset sans trop savoir quoi faire et après un mouvement de la main de sa maîtresse, l'oiseau saute dessus, arrachant à Quon un petit rire stupéfait et ravi. Il se relève lentement, regarde Shaula accrocher sa missive à la patte de l'animal, et s'approche à pas précautionneux de la barrière séparant la jetée de la plage un peu en contre-bas. Dans un mouvement maladroit et pourtant bizarrement familier, malgré le poids différent de la busarde par rapport au hibou familial, Quon l'aide à prendre son envol d'un mouvement, et rit légèrement en la voyant s'éloigner en quelques coups d'ailes puissants.

En suivant le rapace s'éloigner du regard, Quon s'appuie légèrement sur la barrière face à lui avec un grand sourire, tournant ensuite la tête vers Shaula qui l'a rejoint. "So you have ten of those?" demande-t-il, sincèrement curieux. "What are their names?" Cela pourrait paraître être une question vide de sens, incitant une réponse évasive et peu intéressante - et pourtant, tout semble être capable de le captiver chez Shaula.

La soirée était passée en un éclair ; et pourtant Shaula en avait savouré chaque instant, en compagnie de Quon et, bientôt, des étoiles qui avaient commencé à se révéler dans le ciel de Brighton. Ils avaient longuement parlé sur le banc, en front de mer, jusqu'à ce que l'air ne fraîchisse ; ils s'étaient réfugiés dans un restaurant modeste non loin de la jetée, quasiment désert en cette saison, et Shaula avait laissé filer un rire devant la commande gargantuesque qu'ils avaient passée, et que Quon avait entrepris de dévorer sous ses yeux intrigués. Son frère  et elle n'avaient jamais été de grands mangeurs, lui avait-elle dit pour s'excuser de son regard rivé sur les plats disparaissant à vue d'oeil ; et ils avaient continué à discuter avec la même aisance, les silences des ponctuations bienvenues, légères, à leur conversation où Shaula n'avait que rarement entendu autant de questions à son sujet. C'était comme si Quon avait tout voulu savoir d'elle, jusque dans les détails jugés insignifiants qu'elle gommait habituellement. There is so much I want to tell you. Et si elle en apprenait tout autant sur Quon, il s'arrêtait brusquement pour lui retourner une interrogation, surprenante dans son monde où on passait sans réellement s'arrêter sur elle – Shaula ne laissait, non plus, d'ordinaire pas le luxe aux autres de s'intéresser à elle.

Ils avaient flâné encore quelques minutes, après leur dîner, tirant sur ce temps passé ensemble qui arrivait à son terme. “I should probably go“, avait-elle fini par dire, après un rapide coup d'oeil à sa montre, presque à contrecœur. Lesath attendrait, à étudier dans son bureau, et lui poserait des questions auxquelles elle serait incapable de mentir ; et Quon proposa de la raccompagner jusqu'au ferry, en dépit du transplanage longue distance, pour un simple au revoir, en dépit des blessures encore fraîches qui lui avaient tiré de discrètes grimaces au cours de la soirée.

Cette fois, ce fut elle qui vint lui prendre le bras, se postant à ses côtés comme pour le soutenir en cas de faiblesse, lui adressant un sourire avant de les faire transplaner de l'autre côté du territoire britannique.

Le regard de Shaula dériva immédiatement sur Quon à leur arrivée. “Are you alright?“ s'assura-t-elle en décortiquant son expression dans le cliquetis nocturne du port, derrière eux, avant de le relâcher une fois qu'elle fût assurée qu'il ne s'écroulerait pas sur place. “I should have taken you back to London instead.“ Quand bien même l'air de Mallaig était plus agréable que celui de la capitale anglaise, et qu'un léger sourire ornait les lèvres de Shaula à la perspective de lui dire au revoir plus proprement qu'à Brighton, avant leur transplanage respectif.

Ils se rendirent sur le quai, et après avoir vérifié les horaires du prochain ferry, dans cinq petites minutes, elle se retourna vers Quon et le considéra un instant, en silence, ses mains jointes devant elle en un entremêlement nerveux, gagnée par un crépitement léger à cette séparation qu'elle savait temporaire temporaire. “Thank you for today. I had a very nice time.“ Ses yeux s'accrochèrent aux siens, passant du droit au gauche avec patience, sans cette fois chercher sur ses iris les glyphes qui la suivaient depuis leur première rencontre. “Have some rest“, conclut-elle, inclinant légèrement la tête avant de faire un pas sur le côté, embarrassée par ses mots maladroits, et par sa propre gêne au-devant de ce tête-à-tête final, où flottait une tension légère.