Après plus d'un an passé ici, Joy commence à avoir l'habitude. Chaque mois c'est la même choses. Ils se mettent en rang d'oignons pour l'arrivée de leurs bourreaux, attendent le coups de sifflet, et c'est parti. A la fin, on compte les blessures, et on se soigne pour le mois d'après. Pour l'instant, Joy s'estime chanceuse (enfin aussi chanceuse que quelqu'un dans sa situation peut l'être). Elle n'a jamais été trop blessée - des coups, des bleus, des coupures, des brûlures, mais toutes superficielles, sa plus grosse blessure étant une cheville foulée tout juste soignée. Sur le plan physique, donc, ça peut aller. Mentalement, c'est une autre histoire... Mais elle sait que ça aurait pu être bien pire, a vu que cela pouvait être bien pire.

La nouvelle de sa présence à Gracefield - Gracefield, quel putain de nom - a rapidement fait le tour des demeures de l'élite sorcière. Les gardiens qui l'ont conduite ici se sont fait un plaisir de lui affirmer qu'en tant "qu'assassin de sang-purs", elle serait une cible de choix et cela c'est très vite vérifié. Si les premiers mois furent compliqués, Joy a rapidement appris à se servir de sa rapidité et de son agilité pour survivre.

Ce mois-ci, il y a une atmosphère différente. Joy suppose que c'est du à l'approche de Noël. Bien sûr, elle ne sait pas exactement quelle date il est, n'a aucun moyen de le savoir, mais si elle a bien compté ses jours, ils sont maintenant en décembre. Ayant grandit dans une famille musulmane, Joy ne s'est jamais trop attachée à cette fête mais l'école britannique puis Poudlard on fait qu'elle a tout de même de nombreux souvenirs joyeux liés à cette période et cela vient presque comme un réconfort alors qu'on l'a abandonnée sur une île pour la torturer et la voir mourrir.

Aujourd'hui, dès que la chasse est lancée - littéralement, parce qu'il s'agit bien d'une chasse, et oh, les papiers qu'elle aurait pu écrire pour dénoncer cette pratique ! - Joy court, comme les autres, parce que c'est tout ce qu'ils ont pour eux maintenant : leurs jambes et leurs poumons.

Elle préfère être seule dans ces moments là. Quand elle est arrivée, Faye lui a présenter ses choix, ses options, lui a expliquer quoi faire et ne pas faire, et lui a donné des conseils pour s'en sortir, mais pour l'instant, Joy a du mal à ne pas s'en remettre qu'à elle même. Il lui semble plus simple de se cacher si elle est seule. C'est malin, elle se répète en boucle quand elle se cache derrière un rocher, le coeur battant, le souffle court, et les entrailles tordues par la peur.

Lorsqu'elle entend des bruits de pas, elle ferme les yeux et murmure une prière en arabe - une habitude qu'elle n'a prise qu'à son arrivée sur l'île - avant de se pencher pour voir qui est là. Elle lève les yeux au ciel quand elle se rend compte qu'il ne s'agit "que" de cet abrutit d'Herbert. Agissant sur un coup de tête, sans même réfléchir aux implications qui viennent avec, elle l'attrape par le col, le plaque contre le rocher, et couvre sa bouche de sa main. "Tu veux vraiment ma mort toi... Qu'est ce que tu fais ici ?" elle siffle, la mâchoire  et les dents serrées.

Il court. Il court à en perdre haleine. Ce n’est que sa troisième battue, mais Herbert a compris que le plus important, c’est la fuite. C’est une forme de ruse, il paraît. Dès le départ, ils se sont séparés avec Gabriel, et ce n’est pas plus mal, la présence du demi-vélane perturbe le vampire plus qu’elle ne le devrait. Leur de la première battue, il s’est intercalé entre un sort et son ami et a failli en perdre la vie. Ils ont donc décidé qu’au moins en étant séparés, ils ne risquaient pas de se mettre mutuellement en danger. Cela n’empêche que toutes ses pensées se tournent vers son meilleur ami, et que son premier réflexe une fois la fin de chaque joyeuse (non) partie de chasse venue est de le chercher dans la maigre foule des rescapés ; ne retrouvant alors le calme qu’en apercevant la blonde chevelure bouclée de Gabriel.

Il court. Manque de trébucher sur des racines recouvertes par la neige. Son souffle se répandant en volutes opalines dans l’air de la forêt. Les cloches n’ont pas résonnées depuis bien longtemps qu’il se sent déjà à bout de force. Affaibli par le jour, par la faim. Par ce carmin liquide dont il n’est jamais rassasié. Celui de Tristram par dessus tout, son sauveur. Au moins, entend-il les bruits avec plus d’acuité qu’auparavant, assez pour savoir qu’aucun chasseur ne le suit, la proie est en sécurité. Tant qu’il continue de courir. toujours plus loin, toujours plus vite. Il respirera plus tard. C’est son moisversaire en plus, un an depuis que les crocs de sa mère se sont plantés au plus profond de sa chair, dans les tréfonds de son âme. Le monde n’est pas ironique au point de lui offrir la Mort le mois de sa Renaissance ? Alors, Herbert, on te donne un an de bonus et c’est ce que tu en fais. Envoyé dans une prison, emmenant la personne qui t’es le plus cher dans ta chute….. est-ce un nouveau record ? Et bien voilà, on te reprend ce don au goût tragique de malédiction et adieu Herbert Slughorn, you won’t be missed. Enfin, si un peu peut-être, par une poignée de personne.

Soudain, il est arrêté dans sa course, par un bruit de respiration saccadée, une odeur de magie - il pense la reconnaître, n’en est pas certain, il est encore tout nouveau à ce jeu - et une tête bouclée qui sort de derrière un rocher, bien vite suivie par un bras qui attrape son col d’une poigne de fer et le colle contre la pierre. Ouch. Dans une toute autre situation, avec une toute autre personne, il tenterait un petit commentaire, mais Joy l’agace depuis qu’ils se sont croisés brièvement à Poudlard. Et il sait que le sentiment est réciproque, il n’y a qu’à voir comment elle l’invective en lui couvrant les lèvres de sa main. Herbert lève les yeux au ciel, passe sa main sur le poignet de la sorcière et appuie juste assez pour lui indiquer de retirer sa main en faisant exprès de marmonner pour appuyer son propos.

“Je suis prisonnier aussi.... Pas besoin d’être un détective pour savoir que je me cache de ceux qui nous traquent.” Il relâche vite le contact de sa main sur son poignet. “Et puis je t’ai rien demandé moi. J’étais très content de continuer à courir, c’est toi qui viens de m’attraper pour me plaquer contre ce rocher je te signale.” Herbert sourit alors en ajustant son col, de cette mimique un peu bravache qui s’étiole avec le temps et les épreuves de la vie, qu’il n’a pourtant pas trop de mal à retrouver en présence de Joy. Il y a des choses qu’on n’oublie jamais, c’est comme le balais.

A les voir, on pourrait croire que le temps ne s'est pas écoulé, qu'ils sont toujours deux gamins un peu intense, pas très mature, et légèrement insupportable, qui se chamaillent pour rien, un serpentard et une serdaigle qui n'ont en commun que leur agacement réciproque pour l'un et pour l'autre.

Et pourtant, bien des choses ont changé et il ne semble que rester ce même agacement infantile de ce qu'ils étaient avant. Joy a les cheveux toujours aussi longs et fournis mais aujourd'hui ils ne sont plus entretenus, simplement attaché avec un vielle élastique. Elle a perdu du poids et son corps est couvert de cicatrices, plus ou moins récentes. Quant à son nouvel uniforme... il est loin d'être aussi immaculée que l'était celui de Poudlard, ou des tailleurs qu'elle portait quand elle travaillait encore pour le Prophet.

Herbert, quant à lui... le triangle sur sa joue est suffisant pour raconter cette histoire.

Joy est intense dans toutes ses opinions et avec Herbert, c'est loin d'être une exception. Même si elle ne souhaiterait jamais à même son pire ennemi de se retrouver ici, cela ne veut pas dire que la sympathie qu'elle peut éprouver pour Herbert masque son manque d'affection pour lui. Et quand elle le voit lever les yeux au ciel, elle sent sont agacement grandir encore plus, comme s'il prenait à la légère ce qui était en train de leur arriver.

Quand il pousse sa main, Joy relâche la pression à contre-coeur et recule légèrement, la mâchoire toujours serrée, le regard noir. "Je suis prisonnier aussi.... Pas besoin d’être un détective pour savoir que je me cache de ceux qui nous traquent." Joy ne peut pas s'en empêcher, Herbert réveille en elle son côté immature, comme une sorte d'effet miroir. Elle lui fait une grimace, comme pour dire "gngngn". "Et puis je t’ai rien demandé moi. J’étais très content de continuer à courir, c’est toi qui viens de m’attraper pour me plaquer contre ce rocher je te signale."

"Si tu crois que courir va te sauver ici, tu te mets le doigt dans l'oeil, Slughorn. Et puis tu viens dans ma direction en faisant tout ce raffut, tu crois quand même pas que j'allais te laisser faire," elle lui murmure froidement, avant de se taire illico quand elle entend d'autres bruits de pas, cette fois-ci tout un groupe, passer. Quand ils semblent s'être éloignés, elle risque de jeter un coup d'oeil, et voit qu'il s'agit en effet de chasseurs. "Tiens," elle dit à Herbert, "quelques minutes de plus et toi et moi ont seraient cuits." Elle souffle et s'adosse au rocher qui les protège - pour l'instant - le temps que son rythme cardiaque redescende. Il y a peu de chance qu'il le fasse avant la fin de la battues, s'il pouvait seulement ralentir légèrement, elle pourrait avoir les idées un peu plus claire pour réfléchir à quoi faire maintenant.

Ils auraient sans doute de bien meilleures choses à faire que de se chamailler en plein centre de la forêt et en plein milieu d'une Battue qui plus est. C'est qu'on n'est pas à l'abris de se faire repérer par un groupe ou même par un sorcier solitaire venu trouver ici quelques minutes de frissons avant de repartir à sa morne vie.  Il devraient courir ou se cacher mais certainement pas se disputer ainsi comme de vieux ennemis qui se retrouvent enfin et décident de rattraper le temps perdu en s'envoyant des piques, comme au bon vieux temps. Il semble bien éloigné le temps béni des études où les plus grandes préoccupations des élèves étaient les BUSES, les matchs de quidditch, les compétions interclasses et le contenu du prochain repas.

Herbert ne sait pas si Joy voir les choses de cette manière (sans doute que non, ils ont toujours été très différents tous les deux) mais même si elle l'agace, et qu'il adore la mettre face à ses contradictions ou trouver la petite bête qui la fera sortir de ses gonds ; il est soulagé actuellement de ne pas être seul. C'était son choix bien entendu de ne pas rester avec Gabriel, mais en tant que vampire il a un désavantage non négligeable à devoir fuir en pleine journée même si les feuilles des arbres dissimulent les virulents rayons du soleil (qui en outre est masqué aujourd'hui par de gros nuages hivernaux). Alors s'il aurait préféré tomber sur Tristram, ou Rhoz ou n'importe qui d'autre plutôt qu'elle, il préfère tout de même sa compagnie insupportable à la lente solitude, quel insipide paradoxe...

Heureusement, elle n'a pas besoin de se faire prier pour qu'elle relache son poignet et recule quelque peu, il a toujours faim ces temps-ci et il serait dommage que ses nouveaux instincts l'emportent sur sa part d'humanité alors qu'ils sont sensés se protéger mutuellement lui a-t-on dit lorsque Gabriel et lui ont rejoint la Résistance de Gracefield. Elle ne doit même pas avoir bon goût, pas qu'il ait envie de tester son hypothèse, non merci. En plus, voilà que la sorcière en question se met à lui faire la morale simplement parce qu'elle est ici depuis plus longtemps que lui. Si Herbert boit les paroles de Moon ou d'autres prisonniers, il n'est pas arrivé le jour où il prendra pour argent comptant les conseils aux allures de remontrances de madame Khelifi. Il grommelle un peu dans sa barbe qu'il ne peut plus entretenir "Tu avais qu'à rester cacher et ne pas interrompre ma course. Si je fais autant de raffut que ça, les sorciers m'auraient repéré et t'auraient laissée tranquille." Il voudrait répondre autre chose, une remarque un peu cinglante et piquante, un peu par agacement et beaucoup pour oublier qu'ils sont coincés dans une ile à devoir survivre sans possibilité de s'échapper ; mais sa bouche se referme lorsqu'il entend un groupe de sorciers. Quelques secondes plus tard,  Joy se tend signe qu'elle aussi les a entendus.

Quand ils sont partis, elle ne rate pas un battement et recommence de plus belle. Herbert lève les yeux au ciel, croise ses bras un peu plus contre lui et prend une posture faussement nonchalante. Il n'y peut rien si dès qu'elle lui parle et le regarde et se rappelle à ses souvenirs, elle lui donne envie de prouver qu'elle a tort ; elle l'a catalogué comme un petit serpentard prétentieux, il lui en donnera pour son argent. Il entend les pas des sorciers bien après elle, sent une magie sombre et désagréable chatouiller ses narines, tous les sons se mélangent, ça explose dans son crâne et il sent la misérable migraine pointer le bout de son nez ; les livres moldus sur les vampires ont eu faux sur toute la ligne... Puis, il s'approche de son visage et "Je les ai entendus bien avant toi. Vampire, tu te souviens ?" il pose un doigt sur la marque qu'on lui a posé de force sur la joue. Tous ses espoirs de ne jamais être retrouvé et ainsi marqué comme du bétail réduits à néant parce qu'il a été trop impatient, trop téméraire, trop lui." J'entends plein de choses, les battements de ton coeur qui cogne à une vitesse effrayante contre ta poitrine, ta respiration, des bruissements dans les arbres et j'ai mal à la tête, donc juste tais toi. Et pars si tu veux partir ou reste pour ce que je m'en fiche, mais me dis pas ce que je dois faire." Il n'a pas envie d'être seul en réalité, mais ce n'est pas à Joy qu'Herbert avouera ce secret.

Faye serait sans doute affligée par le comportement de Joy. Joy aussi, d'ailleurs, quand elle y repenserait plus tard. De tout les moments qu'elle pouvait choisir pour chercher la bagarre avec Herbert, celui là était cent pour cent le pire. Mais Joy est quelqu'un d'impulsif qui prend rarement de bonnes décisions quand il le faut et donc, là voilà, à sa chamailler comme une collégienne avec lui alors que des gens qui ne cherchent qu'une chose - les torturer - leur courent après.

"Tu avais qu'à rester cacher et ne pas interrompre ma course. Si je fais autant de raffut que ça, les sorciers m'auraient repéré et t'auraient laissée tranquille." Sa façon de dire ça fait bouillir Joy. Comment ose-t-il se permettre de faire de tels commentaires ? Lui ? A Joy ? Il vient de débarquer. Ce n'est qu'un bébé ! Il n'a aucune idée de ce que c'est, survivre à Gracefield. Qu'il puisse se croire légitime de dire à Joy quoi faire alors qu'elle est ici depuis bien plus longtemps qu'elle, ça la met hors d'elle. Bon, après, Herbert n'a pas totalement tord, mais cela ne fait que renforcé la colère de Joy qui, en plus d'être impulsive, est légèrement rageuse sur les bords. Elle ne répond rien mais lui jète un regard noir qu'elle espère traduit à Herbert tout le venin qu'elle a pour lui (On a souvent dit à Joy qu'elle avait une resting bitch face et un regard de braise. A cet instant, elle espère plus que jamais que c'est vrai.)

Une fois le groupe de chasseurs passé et que Joy a fini de dire à Herbert le fond de sa pensée - techniquement, Joy n'a jamais terminé. Elle pourrait continuer pendant des heures. Malheureusement, à Gracefield, le temps est ce qu'il y a de plus précieux, surtout pendant les Battues, alors elle sait ne pas le gaspiller - Hebert se rapproche de son visage. "Je les ai entendus bien avant toi. Vampire, tu te souviens ?" Une partie de Joy se sent un peu mal quand il lui montre sa marque. Même si Joy n'a jamais pu supporter Herbert, jamais elle ne lui aurait souhaité ce qu'il lui est arrivé. Sa façon de la prendre de haut comme ça... elle pourrait l'étrangler - dans ses rêves bien sûr, jamais en vrai. Joy est quelqu'un de pacifique. "J'entends plein de choses, les battements de ton coeur qui cogne à une vitesse effrayante contre ta poitrine, ta respiration, des bruissements dans les arbres et j'ai mal à la tête, donc juste tais toi. Et pars si tu veux partir ou reste pour ce que je m'en fiche, mais me dis pas ce que je dois faire." Elle le fixe du regard pendant qu'il l'agresse et en oublie presque ses idéaux pacifistes...

"Alors tu vas te calmer tout de suite. On est tous dans la même merde ici, okay ? Je vais pas prétendre que je sais ce que c'est d'être ce que tu es mais ça veut pas dire que pour moi c'est la belle vie ici ! Je te rappelle que moi, ça fait un an que je suis ici, okay ? Une putain d'année à me faire traquer par des types qui ne rêve que d'une chose, me buter. Donc peu importe qui tu penses être, ici, t'es un nouveau, un bambin." Plus Joy s'énerve, plus elle et Herbert ont de chances d'y passer mais c'est trop tard maintenant. La machine est lancée et, en général, une fois que Joy commence, il est difficile de l'arrêter. "T'as peut être eu de la chance pour l'instant mais ici, la survie repose sur un peu plus que tes manières de petit mec prétentieux et faussement détaché. Alors tu vois, je pourrais très bien me barrer et te laisser tout seul mais  j'ai ce truc qu'on appelle un code moral qui m'en empêche. Donc que ça te plaise ou non, toi et moi on va travailler ensemble aujourd'hui. Parce qu'il est hors de question que j'ai ta mort sur la conscience."

Elle a raison. Il a tort. Et ça l'énerve de le reconnaître, il ne le fera d'ailleurs jamais à voix haute, manquerait plus que ça pour finir de transformer cette journée déjà bien désagréable en Enfer. La présence des chasseurs s'éloigne et avec les sensations instinctuelles de survie et de défense. Mais ses épaules sont toujours tendues, son souffle court, ses sens en alerte. Tant que la fin des battues ne sera pas sonnée, ils ne peuvent relâcher leur attention, cela Herbert l'a compris tout de suite. Malgré ses prouesses en duel proches de la nullité, il est réactif et il sait analyser les situations, ce n'est pas pour autant que le sorcier prend les meilleures décisions pour autant. Il se laisse aisément distraire comme lorsqu'il trouve Joy et qu'il s'embarque dans une joute verbale aussi enflâmée qu'inutile voire dangereuse. Leurs ton qui se haussent pourrait alerter des personnes mal intentionnées. Et elles sont légions dans la forêt.

Joy a la manie de vouloir toujours avoir le dernier mot, il est pareil. Elle s'emporte, lui aussi. Ils sont diamétralement opposé sur leurs expériences de vie et leurs choix, mais se retrouvent sur bien des points. C'est une combinaison explosive, qui ne demande qu'une toute petite étincelle pour éclater violemment. Toutefois, il reste bouche-bée face à ses propos. Il n'avait pas pensé à ce qu'elle pouvait vivre, trop perdu dans ses propres tourments. Il n'avait pas songé aux autres quand son monde avait toujours tourné autour de sa personne. Herbert le réalise à chaque battue, en observant la détermination de Gabriel, en contemplant impuissant Tristram le sauver alors que l'homme ne le connaissait même pas, en rejoignant la Résistance et tous ces gens qui avaient décidé de se battre plutôt que d'abandonner. herbert n'avait jamais vu ça avant, dans la vie sorcière on trouvait plutôt l'indifférence et l'individualisme que la camaraderie et l'entraide. Il lui fallait apprendre, changer, s'améliorer. C'est une évidence. Mais il ne le dira pas à la sorcière. Pas plus qu'il ne lui donne un sourire contrit en entendant sa longue tirade.

Cette fois cependant, Herbert ne renchérit pas de plus belle. Il ne réagit pas pendant plusieurs secondes qui semblent durer des heures. Puis s'éloigne à nouveau, se colle contre la pierre et pousse un soupir las. Vaincu quelque part. Soulagé aussi de savoir qu'elle ne l'abandonnera pas. Cela aussi il le garde pour lui. "Très bien. Puisque tu sais tout et que je ne sais rien, qu'est-ce que tu proposes de faire ? tu veux qu'on reste derrière ce rocher ou qu'on parte ?" Il n'a pas un mauvais fond, mais il est très maladroit dans ses propos et dans son égocentrisme. Ne s'excuse pas même lorsqu'il le devrait. Croise les bras dans un signe de défiance presque boudeuse mais lui demande tout de même conseil en reconnaissant à demi qu'il va l'écouter et la suivre. "Je te préviens, si on reste derrière ce roche, ne compte pas sur moi pour faire la conversation. On va pas se raconter notre vie et réaliser qu'on a en fait plein de points communs et devenir amis." Faudrait pas non plus trop changer d'un coup, et il ne peut empêcher cette dernière remarque un peu cinglante et désabusée de franchir la barrière de ses lèvres.

Joy se souvient de sa première battue comme si c'était hier. Une histoire classique de jeune femme totalement terrifiée et encore trop naïve, qui s'en sort in extremis, pas vraiment par force de caractère ou par logique implacable mais juste parce que des sorciers un peu plus malins ou doué qu'elle décident d'assurer ses arrières au risque de leur propre vie. Dans un context différent, Joy se ferait sans doute un plaisir de partager son expérience, le rassurer en lui expliquant qu'ils sont tous passé par là, qu'ils ont tous fait des erreurs, et que manquer de jugeote au début n'est pas condamnable à condition de faire gaffe à partir de maintenant. Mais là il s'agit d'Herbert et non seulement Joy ne peut pas l'encadrer, mais en plus, elle aurait l'impression de perdre son temps à essayer de faire rentrer quoi que ce soit dans sa cervelle d'abruti débrayé et imbus de lui même.

"Très bien. Puisque tu sais tout et que je ne sais rien, qu'est-ce que tu proposes de faire ? tu veux qu'on reste derrière ce rocher ou qu'on parte ?" Avant de répondre, Joy prend bien le temps de lancer à Herbert son regard le plus noir, au cas où il n'aurait pas encore bien compris à quelle point elle préférerait être en compagnie de Blaise Zabini plutôt que lui. Elle regarde ensuite aux alentours, forcée d'admettre qu'après son petit numéro de "moi grande fille, toi bébé", elle doit absolument assurer si elle ne veut pas bêtement risquer leurs vies - encore plus - à tout les deux.

Rester au rocher est une mauvaise idée. être immobile dans ce genre de chasse semble souvent être une bonne solution jusqu'à ce qu'on se retrouve encerclé sans s'en rendre compte. Il vaut mieux donc pour eux qu'ils bougent d'ici.

Au sud, il y a le village. Très mauvais choix. Ils se feraient attraper en un rien de temps. Au nord, c'est là où leurs copains les chasseurs viennent de partir. Leur courir après est peut être une technique interessante mais Joy ne pense pas qu'elle ait déjà été testé et loin d'être une trouillarde, cela ne veut pas dire qu'elle est prête à foncer tête baissé. Il leur reste donc à l'est ou à l'ouest.

Jouant rapidement à pile ou face dans sa tête - quelque chose qu'elle n'avouera jamais - ô grand jamais - à Herbert, Joy acquiesce et se tourne à nouveau vers Herbert. "Voilà ce qu'on va faire. On va aller dans cette direction," elle explique en pointant à l'est. "On se déplace en marchant, pas en courant. C'est comme ça qu'ils nous entendent. On court seulement quand on est traqué, compris ? On avance d'arbre en arbre, comme ça on est plus difficile à repérer. Le but c'est de quand même les entendre, c'est quand on les entend plus qu'on est dans la merde, donc tend l'oreille. Pour une fois, tu vas être utile à quelque chose avec ton ouïe surpuissante. Tu restes prêts de moi, te te fais le plus discret possible, tu parles le plus doucement possible, et surtout t'essayes de pas te faire choper. Prend un baton, une pierre ou un truc au cas où, tu pourras leur lancer à la tronche si jamais ils nous trouvent. Des fois, ça marche," elle ajoute en ramassant elle même un bout de bois tout tordu surement pleins d'échardes. "Compris ?"

Sans vraiment attendre son feu vert, Joy s'élance, priant, sans vraiment s'en rendre compte, un dieu en qui elle n'a jamais vraiment cru.

Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. C'est un concours de regards noirs et de remarques acerbes qu'ils pratiquent à merveille. il faut dire qu'Herbert et Joy ont eu tout le temps du monde pour répéter cette danse particulière lorsqu'ils étaient adolescents et élèves à Poudlard. Et ce genre de relation, c'est comme le balais cela ne s'oublie pas. Il y a quelque chose de rassurant dans cet échange pour le nouvellement prisonnier. Parce que c'est familier et que cela lui permet de prétendre ne pas être au milieu d'une forêt entouré de psychopathes qui cherchent à le blesser grièvement (et pour certains sans doute à le tuer. Ce n'est pas parce que c'est supposément interdit que certains ne vont pas tenter). La grande estafilade argentée sur son mollet en est une preuve et un rappel constant. Il a bien vite compris à ses dépends qu'en dépit de tout ce que les moldus écrivaient sur les vampires, la réalité était bien moins idyllique et qu'il n'avait rien d'un immortel.

Pas qu'il va avouer sa peur et ses incertitudes à la brune, c'est bien la dernière personne à laquelle le petit vampire choisirait de se confier. Il n'aurait pas envie 1) qu'elle lui rit au nez 2) lui donner une raison de se moquer de lui 3) se mettre dans une position de vulnérabilité. Donc ses lèvres restent bien fermées en une fine ligne alors qu'il attend que l'experte se daigne à proposer une marche à suivre. Il trouve ça long, et franchement ça lui donne juste envie de la contredire lorsqu'elle finit par proposer un plan. Mais, pour une fois, Herbert se retient. A la place, il fait claquer une de ses jambes contre l'autre en se tenant bien droit avant d'ajouter d'un air bravache. "Cheffe oui cheffe." il n'a pas pu s'en empêcher, et se sent très satisfait de lui-même. Mais Joy ne l'a pas attendue et s'est déjà mise en route. Ca gâche un peu sa blague, et le britannique au sang terni trouve au fond de lui que ce n'était pas très fair play de sa part.

Toutefois, il se met lui-même en mouvement après avoir attrapé un gros bout de bois plein de mousse (yikes), et très vite il parvient à en oublier avec qui il est en train d'avancer tant bien que mal dans la forêt. A la place, il se concentre sur chaque bruit qui lui parviennent comme décuplés. Ses nouveaux parents lui ont expliqué qu'avec le temps, il finirait par ressentir ces sens normalement, sans cette dissonance, mais pour l'instant ce n'est pas le cas. Il est encore en période d'adaptation. Les animaux ne sont pas légions pendant les battues - ils doivent se terrer au loin, pressentant le danger. Ce n'est que plus aisé de percevoir des sons suspects. Les yeux du Slughorn sont plissés et ses sourcils se déposeraient presque dessus tant il essaie de se concentrer. Ce soir, s'il survit, il aura besoin de se nourrir s'il ne veut pas que sa céphalée soit trop imposante.

Ils avancent, ils ne font même que ça. Passant d'un arbre à un autre, comme elle l'a dit. Et en silence, comme lui l'a dit. Au bout de quelques minutes, peut-être trente, peut-être plus, Herbert n'y tient plus. Ce n'est pas de sa faute vraiment, il ne cherche pas à les mettre en danger ou à exaspérer Joy (pas cette fois) ; il n'a seulement pas la capacité de rester silencieux aussi longtemps sans une occupation. Même la reconnaissance des plantes qui composent l'île - ça peut toujours servir - ne l'a pas occupé bien plus que dix minutes. "Jm'ennuie. Et je réfléchissais - vu que y'a pas grand chose d'autre à faire - je vois pas comment un bout de bois lancé en direction des chasseur peut réellement fonctionner. Pourquoi personne creuse un trou pour s'y enterrer le temps que les battues se terminent ? T'es là depuis longtemps toi non ? T'as déjà vu quelqu'un faire ça ?" Si son ton est léger, ce n'est pas pour autant qu'Herbert ne maintient pas son attention vers les sons alentours, sa voix à lui est sortie comme un filet presque invisible. A peine plus qu'un chuchotement.

ça pourrait être pire. ça peut toujours être pire. Depuis qu'elle est à Gracefield, Joy a découvert l'art de relativiser. Tant qu'elle est vivante, ça peut encore être pire. Cela veut donc dire que peu importe l'agacement, l'irritation, l'envie viscérale de le frapper que provoque la présence de Herbert à ses côtés, Joy n'est pas encore au plus bas. Elle a encore de la marge.

Super.

En soit, Herbert ne fait rien de mal pour l'instant. Le petit "Oui cheffe" insolent qu'il lui décoche la crispe mais à part ça, il n'y a pas grand chose. C'est juste qu'il a cet air, cette énergie qu'il dégage, qui glisse sous la peau de Joy et qui l'empêche de se concentrer. On dit qu'à Gracefield, tout est plus intenses - sûrement parce qu'entre la faim, la soif, la peur, et la faiblesse physique et mentale on est plus vulnérable - et pour une fois, Joy n'a vraiment rien a redire à cette théorie. Elle n'a jamais vraiment apprécié Herbert mais ici, c'est pire. (Cela peut aussi venir du fait qu'elle s'inquiète pour lui. Après tout, il n'y a qu'à le regarder pour voir qu'il n'est pas encore prêt à faire face aux horreurs des Battues.)

Joy est tout de même agréablement surprise de constater qu'il écoute ses ordres. Tant mieux. Ils vont peut être pouvoir se sortir indemnes de cette chasse finalement.

Finalement, il semble que Joy ait crié victoire trop vite, parce que au bout d'un moment, Herbert se remet à piailler dans ses oreilles. Et on lui dit qu'elle est insupportable quand elle s'y met ? "Jm'ennuie. Et je réfléchissais - vu que y'a pas grand chose d'autre à faire - je vois pas comment un bout de bois lancé en direction des chasseur peut réellement fonctionner. Pourquoi personne creuse un trou pour s'y enterrer le temps que les battues se terminent ? T'es là depuis longtemps toi non ? T'as déjà vu quelqu'un faire ça ?"

Joy s'arrête net et lui lance un regard noir, retenant ses paroles afin de ne pas exploser et devenir zinzin sous ses yeux. Les dents serrés, la voix plate mais glaçante, elle répète, "Tu t'ennuies ? Tu t'ennuies" Elle le dit deux fois parce qu'elle a du mal à réaliser qu'il a vraiment dit ça. "Nous mais est-ce que tu te rends seulement compte du merdier dans lequel on est là ? C'est pas les vacances ici. Tu penses peut être que t'as eu de la chance d'être envoyé ici plutôt qu'à Azkaban mais crois moi, c'est pas le cas. Ce bout de bois, comme tu dis, c'est la seules chose qu'on a pour se défendre ici. Après si vraiment, c'est trop indigne pour toi, vas y, jette le, débrouille toi sans. Et quand à ton trou là, tu sais quoi ? C'est une bonne théorie. Pourquoi t'essaye pas hein ? ça nous fera des vacances !" et avec ça, elle fait demi-tour, en marchant d'un pas décidé, histoire de soigner sa sortie comme lui a appris Rita.

Le problème c'est qu'elle a à peine parcouru quelques mètres qu'elle se retrouve nez à nez avec un chasseur - un nouveau qu'elle n'a jamais vu - qui lui sourit, la baguette entre les doigts, les yeux presque scintillants. "Tiens. La tueuse de Sang-Purs. J'espérais tomber sur toi. Par contre on m'avez promis une chasse. Là, c'est presque trop facile."

Joy est comme figée face à lui, le coeur battant violemment contre sa poitrine. Elle n'a pas besoin de l'entendre lui ordonner, "cours," avant de se retourner et de se précipiter vers Herbert. Elle le croise rapidement mais ne s'arrête pas pour lui expliquer ou taper la discute. L'air paniqué, elle lui hurle, "Cours ! Herbert ! Cours !"

Je m'ennuie. Ce n'est sans doute pas la chose à dire quand on tente d'échapper à des chasseurs en plein milieu d'une battue, et encore moins lorsqu'on est en compagnie de Joy. Et donc bien entendu, c'est ce que dit Herbert. Il ne fait pas exprès de dire exactement ce qu'il ne faut pas au pire moment possible. Cette fois, il ne dit même pas ça pour l'agacer. Et c'est important de le souligner. Mais Herbert a un peu peur, et il préfère couvrir ses pensées déprimées par un flot de paroles. Rompre tous les bruits de la forêt qu'il entend bien trop fortement grâce à ses nouveaux super-pouvoirs pourris. Bien sûr, s'il avait réfléchi un peu et tourné sa langue cent fois dans sa bouche avant de l'ouvrir, il aurait fait marche arrière. Ce n'est pas ce qu'il se passe.

Et cela déclenche une nouvelle tirade de la part de la sorcière qu'il se prend de plein fouet. Okay, that's fair. He probably deserves it. Il a au moins le bon goût de prendre un air désolé en serrant ses lèvres et en baissant la tête, sa main se resserrant sur la prise du gros bout de bois qu'il tient contre lui. Sauf que ce qu'il n'avait pas prévu c'est que Joy fasse demi-tour, clairement agacée par son comportement. Gabriel n'aurait pas réagi ainsi, mais Gabriel est habitué au comportement étrange d'Herbert, et Gabriel lui passe peut-être un peu trop de choses. Herbert oscille entre l'envie d'être aux côtés de son meilleur ami et le soulagement que celui-ci ne soit pas là pour voir le vampire. Pas envie d'observer son regard déçu ou d'entendre ses remontrances déguisées. "Eh pars pas," crie-t-il malgré lui en faisant un pas vers Joy. Il se prépare à la suivre, ne va pas la lâcher comme cela. Herbert a bien conscience qu'il ne tiendrait pas deux secondes tout seul. il ne le lui dira pas.

Et alors tout se complique. Pris dans la colère de Joy qui a vrillé ses tympans, le sorcier n'a pas entendu le chasseur arriver et ne le remarque que lorsqu'il entend sa voix nasillarde et provocante. Crap, crap, crap, crap. Il doit faire quoi maintenant ? Il est comme figé sur place, ses yeux grands comme des souafles, la bouche ouverte dont aucun son ne peut sortir. Et tout se passe très vite ensuite. Joy effectue un demi-tour, le dépasse en criant "Cours ! Herbert ! Cours !" et ses jambes lui obéissent automatiquement sans aucun commentaire réprobateur ou remarque imbécile. Le danger est là, bel et bien présent. Et il n'y a plus qu'une seule chose qui compte, prendre la fuite, échapper au sorcier dont il entend chaque pas sur la terre molle alors qu'il le sent derrière eux, est-ce que c'est dans sa tête où le chasseur se rapproche d'eux ?

Le point positif de cette histoire c'est qu'il ne se sent pas trop essouflé, mais il a de nouveau mal à la tête. Et cette fois la peur lui cisaille le ventre. C'est clair qu'il est pas en vacances. Ne s'y est d'ailleurs jamais cru : il a bien failli mourir lors de ses premières battues après tout. en quelques enjambées, il rattrape joy et se colle à son rythme, il la suit jusqu'au moment où il entend un Marco vers sa droite, sans doute que la prisonnière ne l'a pas entendu, il semble venir d'assez loin. Alors, sans réfléchir il lui attrape la main et dit sans s'arrêter "A droite, A droite... Fais moi confiance." Il effectue un virage serré vers le cri au loin. Joy n'a aucune raison de lui faire confiance, mais il espère qu'elle ne posera pas de soucis. Ce n'est pas le moment de se chamailler, le chasseur est toujours là derrière eux. Et ce n'est qu'ensuite qu'il se souvient de la règle du jeu. "POLOOOOOOOO." hurle-t-il à plein poumon. C'est ça hein ? Il ne s'est pas trompé, hein ? Pas le temps de s'en assurer, ils doivent continuer à courir en direction des autres personnes qui pourront peut-être les aider.