Aoife sait déjà qu'ils sont lentement en train de se précipiter vers une terrible et fatale erreur, mais même si elle est en total désaccord avec les ordres que lui a donnés Sav, Aoife n'irait jamais à leur encontre. Leur prochaine mission sera suicidaire, et elle prie véritablement pour qu'aucun d'eux ne soit blessé, ou pire... mais se réveille tous les matins avec la boule au ventre, comptant les jours avec anxiété jusqu'à la date de l'attaque.
Ils n'ont pas le temps de se féliciter de leurs derniers succès et de se reposer sur leurs lauriers. C'est à cause de ça aussi qu'Aoife pense que c'est une terrible idée: elle peut bien voir l'enthousiasme des autres, surtout des nouveaux, qui pensent peut-être qu'ils vont enchaîner les réussites et n'auront plus jamais à subir une défaite aussi cuisante et douloureuse que chez les Rosier.

Il faut travailler, tous les jours, se préparer. Si certains s'entraînent, échangent des astuces ou pratiquent leurs sortilèges, Aoife a pour mission d'autant plus importante de les armer. Elle passe ses journées dans la tente magique où sont entreposés leurs victuailles et, dans une autre pièce, une bien piètre parodie d'un laboratoire pour fabriquer des potions. Elle est rarement seule, il y a d'autres apprentis potionistes qui travaillent de leurs côtés et viennent parfois lui prêter main-forte, et c'est tant mieux: pour cette prochaine attaque, ils vont avoir besoin de toute l'aide possible et imaginable.
Ce matin-là, pourtant, elle ne reste que quelques minutes à peine dans la tente, raflant plutôt un sac - celui de Lee, qu'ils ont vidé et réapproprié après l'avoir récupéré - tintant de fioles et de potions. Aujourd'hui, elle et Egon doivent fignoler la Bombe Inferno. Elle aimerait bien avoir la chance d'en parler avec Odalis avant de l'utiliser de nouveau sur le terrain, mais le ton de Sav a été irrévocable. Ils allaient l'utiliser lors du prochain attentat, peu importe les effets secondaires, peu importe le fait que cette potion n'ait pas été améliorée depuis l'attentat au manoir Rosier.

Aoife frémit rien qu'en revoyant mentalement les flammes noires chargées de magie, l'odeur terrible qui avait envahi l'intérieur de la maison lorsqu'elle avait fait exploser la fiole au sol... Elle pince des lèvres et ressort de la tente rapidement, avec ses derniers essais en date dans le sac, et le teint blême.
Elle est contente de voir qu'Egon l'attend déjà, et lui offre un petit sourire d'excuse pour son léger retard - quarante-cinq secondes d'après sa montre. "Hey, sorry." Ils se connaissent depuis longtemps et elle l'aime bien, même si ils sont très différents et ne sont pas d'accord sur bien des points. Aoife le préfère nettement aux nouveaux arrivants à la NSFW - elle a toujours considéré les changements d'un mauvais oeil, surtout quand lesdits changements sont aussi malaisants et violents que Fenrir Greyback... "Are you ready? Do you have your protection goggles?" Egon n'a pas eu le loisir d'observer les effets de la Bombe Inferno de ses propres yeux et Aoife s'inquiète un peu de son enthousiasme à cette idée - mais elle a besoin de son expertise. Pour être honnête, elle a aussi besoin de quelqu'un avec elle parce qu'elle a peur d'être toutes seules face à cette potion destructrice. Hors de question de demander à quiconque d'autre... "This is no joke, Egon. Safety first, remember?"

☽ death valley ☾

A CONSTELLATION OF TEARS ON YOUR LASHES, BURN EVERYTHING YOU LOVE THEN BURN THE ASHES, IN THE END EVERYTHING COLLIDES, MY CHILDHOOD SPAT BACK OUT THE MONSTER THAT YOU SEE. [ code by slythbitch ] — @aoife o'malley

— No, répond-t-il solennellement en croisant ses bras contre sa poitrine, jaugeant la réaction agacée d'Aoife avant de simplement se retourner pour lui laisser le loisir d'observer ses lunettes de protection pendre à la poche arrière de son pantalon lorsqu'elle s'apprête à le réprimander. — Safety first, répète-t-il en renâclant. If something goes wrong, I doubt these goggles will protect us from anything.

— I'm excited to see what this baby can really do, ajoute-t-il pour appuyer cette idée, tandis que le duo terroriste s'engage sur le sentier. Si une expérience ayant mal tourné ne l'avait pas écarté de la dernière mission, il se serait fait un plaisir de l'inaugurer lui-même. — Nothing like a good ol' explosion to spice up a happy occasion. I can't think of a better gift.

“No.” Aoife fronce les sourcils, ouvrant déjà la bouche pour lui faire une énième leçon sur la sécurité et l’art délicat des potions, surtout explosives, surtout quand elles sont liées à l’alchimie. Ce ne serait pas la première fois qu’elle doit l’y reprendre, surtout parce qu’Egon semble trouver ses précautions plus amusantes que sérieuses… Elle lève les yeux au ciel quand il se retourne pour lui montrer ses lunettes de protection. “Egon,” soupire-t-elle, sans pour autant combattre le léger sourire qui vient éclairer son visage. “Safety first. - There you go, good boy. - If something goes wrong, I doubt these goggles will protect us from anything.” Aoife pince des lèvres en l’entendant. Il n’a pas tort, bien entendu: il n’y a pas grand-chose qui pourrait les protéger des flammes destructrices et voraces de la Bombe Inferno, et encore moins deux morceaux de verre accrochés à un bandeau de cuir. Mais peu importe, au moins ils n’y perdront pas leurs beaux yeux. Avec un peu de chance.

Malgré le fait que cela puisse se révéler agaçant, l’inconscience bravache d’Egon est comme une bouffée d’air fraîche. Littéralement, c’est ce qui lui permet de respirer, et de calmer un peu ses réticences à l’idée de se remettre à expérimenter avec la fameuse Bombe qui a volé la vie à la plupart des Rosiers. Ils s’engagent du même pas sur le chemin qui les mènera à la clairière qu’ils ont dégoté il y a quelques semaines, lorsqu’ils ont changé de camp, pour leurs expérimentations magiques et autres besoins d’espace. Aoife s’en veut un peu de laisser la forêt plus endommagée qu’elle ne l’était avant… mais elle doit bien être la seule à avoir ce genre de considérations au sein de la NSFW. “I'm excited to see what this baby can really do.” Elle lui jette un regard en biais, incertain et teinté de jugement. Il ne sait véritablement pas de quoi il parle, c’est normal qu’il dise ça… mais Aoife aimerait bien qu’Egon prenne ses mises en garde au sérieux, une fois de temps en temps. “Nothing like a good ol' explosion to spice up a happy occasion. I can't think of a better gift.” Elle secoue légèrement la tête, soupirant un peu. “That’s not really nice, Egon,” le gronde-t-elle sans chaleur.

Mais, évidemment, ils ne sont pas là pour être gentils. Au contraire. Evidemment, cette mission à venir est particulièrement… dangereuse aux yeux d’Aoife, et apportera son lot d’ennuis, et elle ne sait pas trop comment son sens moral va s’en dépêtrer. Mais les ordres sont les ordres, et les traîtres restent des traîtres: tout ce qu’ils vont subir, ils l’auront mérité. Elle le sait - alors, pourquoi cette pointe de culpabilité, déjà, qui grandit au fond de son coeur?
Ils arrivent à la clairière, où l’herbe a déjà été brûlée à quelques endroits - Aoife n’est pas sûre d’avoir compris pourquoi, ou de vouloir savoir. Elle passe son sac sous son épaule pour en sortir ses propres lunettes, et fait les gros yeux à Egon jusqu’à ce qu’il enfile les siennes. “Are you sure they’re fastened tight enough? Come here.” Sans trop lui laisser le choix, elle le force à lui tourner le dos et resserre un peu la lanière autour de son crâne avant de lui tapoter l’arrière du crâne. “There you go. Safety first.” Et de lui adresser un petit sourire avant de reprendre une mine sérieuse quand ils se font face. “Okay, I’m going to show you now.” Elle plonge la main dans son sac et en ressort une fiole.

La fiole est une peu plus petite que sa paume, et a en son sein un liquide noir, ressemblant à de l’obsidienne, qui s’irise de rouge à la lumière du soleil qui filtre entre la cîme des arbres. Même quand sa main s’immobilise, le liquide continue de tournoyer dans sa prison de verre, apparemment animé d’une vie propre. “Take your wand out, just in case. It should last approximately twenty seconds.” Elle en fait de même puis inspire profondément, se détourne, et d’un mouvement fluide l’envoie quelques mètres plus loin. “Incendio!” Un rayon de flammes s’échappe de sa baguette, et vient cueillir le verre en plein vol.
La première explosion est petite et peu impressionnante; mais quand les premiers morceaux de verre tombent au sol, sa puissance décuple et un épais nuage noir apparaît, strié de rouge et d’orange, alors qu’un bruit de tonnerre se fait entendre. Une odeur nauséabonde se répand sur la clairière, une odeur de soufre qui fait se hérisser les cheveux d’Aoife sur sa nuque. Elle regarde l’explosion avec angoisse, et devient blême en voyant que contrairement à ce qu’elle avait prévu, l’explosion prend encore plus d’ampleur. “Egon!” s’écrie-t-elle, une ruban élégant d’eau apparaissant aussitôt au bout de sa baguette.