2005. Ils ont été sortis du manoir St James au bout de quelques heures, une fois qu'ils ont été auscultés et que Michael n'était plus dans un état critique. On leur a promis qu'un guérisseur serait envoyé à leur camp dès que possible mais l'infimerie était en train de déborder suite à plusieurs missions ayant mal tourné. Cormac a essayé de trouver Susan mais bien vite, on les a mis à la porte et on les transplanés de force de retour au Lake District. Cormac n'a pu qu'allonger Michael dans sa tente, s'assurer qu'il était à l'aise, avant de lui donner la potion tranquilisante recommandée par le soigneur pour qu'il s'endorme.
Ils n'étaient pas sensés tomber sur toute une escouade de la Brigade, mais se sont retrouvés coincés entre deux feux malgré eux, ayant apparemment débarqués au milieu d'une autre mission. Ils ont réussis à s'en échapper par pure chance et Cormac le sait - tout comme c'était de la malchance de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Pourtant, il ne peut pas s'empêcher de s'en vouloir, amèrement, surtout parce que Michael a été touché d'un sortilège cuisant qui le fait gémir sans s'arrêter à chaque fois qu'il bouge le moindre muscle. Il est content d'enfin le voir apaisé, enfoncé au fond de son lit, les traits relâchés dans le sommeil. Pourtant, malgré le calme habitant le corps de son ami, Cormac sent son coeur qui tambourine à toute allure dans sa poitrine, lui faisant presque mal.

Il a les jambes qui tremblent quand il sort de la tente, cherchant Anthony du regard avec angoisse. Avec des doigts fébriles, il essaye de sortir son téléphone de sa poche pour l'appeler, mais finit par voir sa silhouette sortir des bois. Il se précipite vers lui sans trop savoir pourquoi, angoissé et encore choqué du déroulement de ces dernières heures. "Anthony! Shit, have you heard?" Vu le regard que pose Anthony sur lui, sans doute pas. "Michael, he was wounded, I--" Il court à la suite d'Anthony lorsque celui-ci se précipite vers la tente, et reste dehors, angoissé et tremblant encore, finissant par s'accroupir pour se donner l'impression de se recentrer, passant des mains tremblantes dans ses cheveux. Quand Anthony ressort, Cormac se relève et les mots se précipitent, paniqués, hors de sa bouche: "it was a set-up or, I don't, I don't know, it all happened so fast, he's fine, St James will send a healer our way soon, he's okay, he's just asleep, fuck, I..." Il blêmit - ce matin quand ils sont partis, ils ont roulé les yeux face aux recommandations de dernière minute d'Anthony, et Cormac lui a dit qu'il n'avait pas de soucis à se faire et qu'il s'occuperait de s'assurer que rien n'arrive pas à Michael. "I'm sorry, I- it all happened so fast..."

2005. Anthony était toujours anxieux, dans ces situations-là, il ne pouvait pas s’en empêcher, et essayer de rationaliser ses pensées avait cessé de fonctionner il y a plusieurs années mais cette journée était particulière, il le sentait mal. Michael et Cormac étaient partis en mission, sans lui. Ca arrivait parfois, trop souvent à son gout. Michael avait été son premier vrai ami, et il l’était resté toutes ses années, l’idée qu’il puisse lui arriver quelque chose était insupportable, et Anthony se refusait à penser à la raison pour laquelle ses inquiétudes étaient si intenses lorsqu’il s’agissait de Michael. Il avait essayé de s’occuper comme il l’avait pu, en s’attelant à diverses taches au camp. La journée était passée lentement, et il n’avait pu empêcher son coeur de rater un battement à chaque fois qu'un bruit inhabituel se faisait entendre. Il détestait ces moments-là, ces moments où l’anxiété prenait le contrôle de son corps et de son esprit, ils lui rappelaient des souvenirs bien amers, des peurs ancrées en lui par ses parents, des peurs qu’il avait vécues, celle de sortir autant que celle de rester enfermé chez lui.

Il avait fini par aller faire un tour dans les bois environnant, pour récupérer des fleurs et herbes locales, qui leur servaient à la préparation de certaines potions. Il y avait passé une petite heure qui lui avait permis de se vider un petit peu l’esprit. Il avait vu Cormac de loin, en en sortant et avait été soulagé l’espace d’une seconde, puis il avait vu son visage, et son coeur s’était emballé à nouveau. “Anthony! Shit, have you heard?” il lui avait dit, paniqué. Anthony n’avait que rarement vu Cormac dans un tel état, et sa propre panique n’avait fait que bouillonner davantage. “Michael, he was wounded, I--” il n’attendit pas d’entendre autre chose avant de se diriger avec précipitation vers la tente de Michael. Fuck. Michael était dans son lit, et dans un autre contexte, Anthony aurait pu croire qu’il était simplement endormi, pourtant l’état de ses vêtements et les coupures qui parsemaient sa peau prouvaient le contraire. Il s’assit un moment à ses côtés, toucha sa peau d’un geste fébrile. Elle était toujours tiède, au moins. Il ne savait pas combien de temps il était resté là avant de ressortir de la tente, mais Cormac était toujours au même endroit où il l’avait laissé.

Il se dirigea vers lui d’un pas décidé, il s’était foutu de sa gueule le matin même et maintenant Michael était inconscient et tout était de sa faute. “It was a set-up or, I don't, I don't know, it all happened so fast, he's fine, St James will send a healer our way soon, he's okay, he's just asleep, fuck, I...I'm sorry, I- it all happened so fast...” Cormac lui avait dit, et Anthony avait envie de le frapper, voire pire. Il se contenta de le repousser de ses mains sur ses épaules. “Fuck you Cormac, I told you something was off about this and you laughed in my fucking face and now look what you’ve done!” il s’exclama avec une colère certainement aussi injuste que démesurée, “you’re a fucking piece of shit and I swear if that healer can’t fix him I’m going to fucking kill you!”

Cormac se sent perdu et impuissant, deux sensations qu'il déteste par-dessus tout. Anthony sait toujours quoi dire pour le rassurer, lui montrer les choses d'une manière moins négative qu'il ne les voit lui-même. Ils sont très différents sur ce point-là... sur bien des points, à vrai dire. Mais c'est ça qui fait la force de ce camp où ils vivent tous les trois: leurs différences, qui se complètement lors des moments de crise comme celui-ci.

Il est donc plutôt surpris quand Anthony le pousse brutalement en arrière avec deux mains sur ses épaules, la surprise manquant de lui faire perdre l'équilibre alors qu'il trébuche en reculant. “Fuck you Cormac.” Les yeux de Cormac s'agrandissent de stupeur en l'entendant, la violence de ses propos tant inattendue qu'inhabituelle dans sa bouche. “I told you something was off about this and you laughed in my fucking face and now look what you’ve done!” Ses traits s'assombrissent avec la suite. Mais lui n'a rien fait, il n'a fait que suivre les ordres et les directives de leurs supérieurs, il n'a fait qu'aller à une mission et ils n'ont pas eu de chance et- “You’re a fucking piece of shit and I swear if that healer can’t fix him I’m going to fucking kill you! - Hey, what the hell, Anthony?" Les insultes lui glissent sous la peau, lui rappellent combien il est petit, perdu, impuissant, inutile, lâche.

Il a l'impression de sentir quelque chose se réveiller dans ses tripes, vrombir dans ses tympans; un monstre dangereux qui vit toujours sous sa peau, qui n'attend jamais que la moindre occasion pour sauter et sortir, se jeter sur autrui. "Maybe if you were not such a coward, you would have been called in with us and you could have seen it with your own two eyes." C'est un peu un coup bas, mais c'est bien mieux que toutes les horreurs qu'il a envie de lui lancer à la figure. "Go fuck yourself, Anthony, it's not on me." Cormac secoue la tête, étouffe ce monstre, recule d'un pas en levant les mains, capitulant; il ne va pas s'emporter contre Anthony, pas quand il est à vif, quand il tremble, quand Michael est encore inconscient. "Michael will be fine, they said he'd be fine. Merlin's fucking Beard, mate, you're not right in the head for this," gronde-t-il avec des yeux sombres, sans le lâcher du regard. "And I'm fine, thanks for asking."

tw : crude language

“Hey, what the hell, Anthony?” les mots de Cormac ne faisaient qu’accentuer sa colère. Et peut-être que c’était ce qu’il cherchait, une échappatoire, quelqu’un sur qui rejeter toute l’angoisse qui lui avait bouffé les trippes toute la journée. “Maybe if you were not such a coward, you would have been called in with us and you could have seen it with your own two eyes.” Ce fut au tour d’Anthony de prendre un pas en arrière. Cormac savait visé où ça faisait mal, ce sale con. Anthony avait toujours été sensible, par rapport à ça, il n’était pas un gryffondor inconscient comme Cormac l’était et les restants de sa vie d’avant, sa vie durant laquelle il vivait dans une prison dorée où tout semblait vouloir sa mort. “Oh fuck off, you should learn there’s a difference between being a coward and being fucking stupid.” Il répondit instinctivement, il était quasiment certain que Cormac ne savait pas faire cette différence, et il n’allait pas se priver de le lui rappeler. “Go fuck yourself, Anthony, it's not on me.” — “But you were supposed to protect him!” Il lui répondit, la voix presque brisée sous le coup de l’émotion.  Une partie de lui, celle qui avait encore une once de sens et de réflexion, savait qu’il exagérait, que ses réactions n’étaient pas normales et qu’il ne devrait pas placer autant de responsabilités sur les épaules de Cormac qui, après tout, n’avait rien demandé, mais il ne pouvait s’en empêcher, le besoin de rejeter la faute sur quelqu’un, n’importe qui.

“Michael will be fine, they said he'd be fine. Merlin's fucking Beard, mate, you're not right in the head for this,” il avait raison, il avait raison mais Anthony était bien trop buté, bien trop fier pour reculer maintenant, pas alors qu’il l’avait déjà emmerder plus que de raison. Il était coincé et il continuerait jusqu’à ce que Cormac abandonne s’il le fallait. “And I'm fine, thanks for asking,” il ajouta, et Anthony sentit sa colère s’embraser davantage. “I don’t give a shit about you,” il cracha avec tout le venin dont il était capable. “And no I’m not right in the head my best friend’s lying unconscious on a bed because you were too dumb to be careful” Il finit en regardant Cormac avec un dédain non dissimulé. il avait stressé toute la journée, Michael était inconscient dans son lit et Anthony ne savait pas ce qui allait lui arriver, Cormac pouvait bien supporter sa colère cinq minutes. "You fucking gryfffindors, always thinking you're invincible, but guess what, you're not."

tw: bullying

Qu'Anthony fasse son sale con est une chose. C'est agaçant et terriblement peinant, au fond, mais peu importe: Cormac peut comprendre son inquiétude pour son meilleur ami, et l'angoisse à l'idée de rester en arrière quand eux deux avaient été envoyés en mission sans lui. Il lui pardonnera, sans jugement ni hésitation, en temps voulu.
Mais qu'Anthony lui hurle “I don’t give a shit about you” au visage est trop.

C'est plus fort que lui, Cormac a un brusque et violent mouvement de recul, ses yeux s'écarquillant sous le choc, comme si Anthony avait levé la main, fermé le poing, et envoyé le tout dans sa mâchoire. C'est la violence de son ton, ou la violence de ses mots, ou les deux... leur relation n'a jamais été au beau fixe, au contraire, une rivalité mesquine s'étant rapidement installée entre eux malgré leur amitié commune avec Michael et le fait qu'ils vivent ensemble depuis des années. Cormac peut parfaitement voir comment Anthony le perçoit: comme un Gryffindor grande gueule et stupide, abrasif, la progression logique de qui il était à Hogwarts. Et lui-même le considère parfois avec un peu de dédain, le trouvant trop coincé, pas assez hands on, plus propice à critiquer et juger qu'à agir. Ils sont tous les deux opposés, et pas tout à fait complémentaires comme Michael et Cormac peuvent l'être.
Mais malgré tout, Anthony est son ami, son allié, un coloc qui vit à deux tentes de lui. C'est quelqu'un avec qui il s'est battu, pour qui il s'est battu, et avec qui il a ri. Ils ont les mêmes trois cercles sur le bras, et se battent pour les mêmes idéaux, et même si Cormac le trouve parfois rébarbatif, il l'apprécie et respecte tout de même.

Ce n'est apparemment pas réciproque. Pourquoi est-il si surpris que ça, si heurté? Le reste des mots d'Anthony ont du mal à se frayer dans ses oreilles bourdonnantes. “And no I’m not right in the head my best friend’s lying unconscious on a bed because you were too dumb to be careful.” Quelque chose s'agite en Cormac, quelque chose d'endormi et de profondément d'enterré, cette image cruelle et arrogante de l'adolescent qu'il était et qu'il méprise aujourd'hui. "You fucking gryfffindors, always thinking you're invincible, but guess what, you're not." Cormac voit rouge et ses traits se ferment. Il s'avance jusqu'à Anthony, l'écrasant d'une dizaine de centimètres, et empoigne le devant de son pull avec force, remontant son poing contre son cou. "You have no idea what you're talking about, Michael knew what he was getting into and he's not some pussy like you who'd whine about it either." Les mots s'enchaînent trop vite, et s'éloignent de la vérité à mesure qu'il continue: "you're so pathetic, that's why they didn't ask you to come, how about that, Anthony? And if they had, I would have said no, because you would have been nothing but a bother for us anyway. And so would have Michael, because he knows as well as me how useless you are out on the field." Il relâche sa prise sur son pull et le repousse brusquement. "Why do you care so much anyway? Are you trying to get in his pants or something?" le provoque-t-il avec un rictus moqueur, le dardant d'un regard noir. "Would take much more than just whining about it for a waste of space like you."

tw: crude language

Anthony en avait eu, des disputes avec Cormac, à de nombreuses reprises. Ils n’avaient jamais vraiment été d’accord sur la manière de procéder et Anthony n’avait jamais digéré sa proximité avec Michael. Il savait que ce n’est pas normal, mais il avait toujours été possessif avec ses amis, avait toujours vécu chaque autre amitié avec le coeur serré et une contrariété non dissimulée. Cormac n’avait pas échappé à la règle lorsqu’il avait débarqué dans leur vie et s’était accaparé Michael comme s’il avait toujours été là alors que Michael était son ami, son meilleur ami et que Cormac n’était personne. Pourtant à le voir là, menaçant de sa seule présence, Anthony savait qu’ils avaient franchi un cap jamais atteint auparavant et que Cormac ne semblait plus si insignifiant. Il n’avait rien pu faire lorsque le gryffondor l’avait attrapé par le col, Anthony n’avait jamais été de ceux à se résoudre à utiliser la violence physique, il préférait utiliser ses mots et peut-être que là était toute la différences entre les gryffondor et les serdaigles. Mais son manque de réaction n’avait en rien atténué sa colère lorsque les mots de Cormac s’étaient fait vicieux à leur tour. “You have no idea what you're talking about, Michael knew what he was getting into and he's not some pussy like you who'd whine about it either. — You're so pathetic, that's why they didn't ask you to come, how about that, Anthony? And if they had, I would have said no, because you would have been nothing but a bother for us anyway. And so would have Michael, because he knows as well as me how useless you are out on the field.” Cormac l’avait relâché, l’avait repoussé et Anthony avait repris le pas en avant qu’il avait perdu. “Fuck off and fuck you if you think the Order cares about who goes or not, we’re fucking expandable, you and me both. You’re not special Cormac, you’re cannon fodder just like the rest of us.” Il n’y avait pas de raison logique, et Anthony n’était pas moins bien qu’eux, tout cela n’était que du hasard, rien de plus, mais les mots de Cormac continuaient d’alimenter perpétuellement sa rage, il savait où frapper et il n’avait pas l’intention de s’en priver. “Why do you care so much anyway? Are you trying to get in his pants or something? Would take much more than just whining about it for a waste of space like you.” Ses mots lui firent l’effet d’une douche froide, et Anthony recula d’un pas, cette fois. Fuck. “What the fuck,” il commença, la voix beaucoup moins stable sous l’effet du choc. “You- you don’t know what the fuck you’re talking about, he’s my friend,” il termina, comme si cela pouvait expliquer sa réaction, ou convaincre Cormac que ses mots étaient dénués de toute once de vérité.

tw: crude language

Cormac ne comprend pas quand Anthony, plutôt que de passer à la vitesse supérieure, fait un pas en arrière en écarquillant les yeux, l'air choqué. “What the fuck.” Sa voix en tremble et, presqu'en mécanisme, un sourire vicieux vient s'inscrire sur les lèvres de Cormac avant que l'évidence ne se présente à lui: il vient de taper juste.
Il vient de taper juste, en disant une connerie qui lui est passée par la tête et qui s'en est échappée aussitôt qu'il l'a prononcée. Cormac se fout bien des mecs qui aiment les mecs, et encore plus des filles qui aiment les filles: les gens font ce qu'ils veulent, surtout à leurs âges où ils sont des adultes qui savent à peu près ce qu'ils font. Mais Anthony et Michael...? Cette pensée est suffisamment ridicule pour avoir été évoquée comme ça, en passant lors d'une dispute à la con, habituelle entre eux. Ils sont meilleurs amis depuis Hogwarts, toujours fourré l'un avec l'autre, Anthony toujours protecteur de son pote mais normal, c'est son pote.

Apparemment, pas que. “You- you don’t know what the fuck you’re talking about, he’s my friend.” Quelqu'un d'autre aurait peut-être appuyé en voyant le trouble d'Anthony, se serait jeté dans cette faille tant inespérée pour lui faire regretter ses mots stupides et ses inquiétudes envahissantes. Quelqu'un d'autre se serait peut-être radouci et lui aurait dit de se calmer, qu'il ne le dirait à personne, qu'ils pouvaient en parler si il en avait envie, et lui aurait donné d'autres conseils avisés et utiles. Cormac se contente de secouer légèrement la tête, son sourire disparaissant pour laisser place à une mine vaguement sérieuse, les sourcils froncés. "Sure, whatever. Listen, I actually don't give a shit if you're gay or something, and if you're into Michael, that's fine, you do you. All I'm saying is that you should stop whining about him, he'll be fine, and they'll send a healer to us soon, okay?" Sa voix a perdu beaucoup de sa verve, il essaye peut-être de s'inventer raisonné et placide pour une fois, avec des effets plutôt désastreux mais peu importe. "He'll be back on his feet in no time, alright? Shit, mate, we're supposed to be a team, it's no time for petty fights like that."

tw: crude language

“Sure, whatever. Listen, I actually don't give a shit if you're gay or something, and if you're into Michael, that's fine, you do you. All I'm saying is that you should stop whining about him, he'll be fine, and they'll send a healer to us soon, okay?” — “I’m not fucking gay,” il répondit instinctivement, les mots quittant ses lèvres avant qu’il ne puisse réellement y penser. Il se détestait lorsqu’il était ainsi, parce que tout cela lui faisait penser à une alternative dans laquelle il aurait pu lui dire. Cormac n’avait pas l’air d’en avoir quelque chose à faire, de toute façon, s’il en croyait ce qu’il disait mais il n’en était pas capable. Son cerveau avait abandonné le combat depuis longtemps et la raison était partie avec, il ne pouvait que laisser son instinct s’exprimer, et la seule chose qu’il souhaitait faire était nier nier nier, tout faire pour convaincre Cormac qu’il avait tort, parce qu’une personne au courant signifierait une vérité qu’il n’était pas certain d’être prêt à assumer, malgré tous les efforts qu’il avait tenté de faire depuis sa sortie de l’école.

“He'll be back on his feet in no time, alright? Shit, mate, we're supposed to be a team, it's no time for petty fights like that.” La voix de Cormac s’était apaisée et Anthony savait qu’il avait raison, pour ça, qu’ils ne devraient pas agir ainsi, mais il était inquiet et stressé, pour Michael, pour ce que Cormac avait dit, parce que leur vie était un putain de bordel et qu’il ne savait pas ce qu’ils allaient devenir, tous les trois. “He’s … he’s the most important person to me okay, you don’t get that. And I don’t mean that … that I’m gay for him or whatever, I mean he’s family, okay?” Il ne mentait pas, pas vraiment. C’était eux deux avant tout, à présent, parce que leurs familles étaient aussi pourries l’une que l’autre, parce que leur groupe d’amis avait implosé et parce qu’ils n’avaient personne sur qui compter. “And I’m his family too, so whatever you think, that you’re friends or whatever, it doesn’t compare to our relationship, it never has and it never will.” Il lui cracha à nouveau, incapable de contenir ses émotions, Cormac l’avait surpris dans un moment de faiblesse, et il détestait ça, ce sentiment de vulnérabilité, comme si l’autre homme pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. “Fuck,” il s’exclama en s’asseyant sur un tronc d’arbre à proximité, “I fucking hate you for making me say that shit.”

“I’m not fucking gay.” Même Cormac, qui n'est pourtant pas très fort pour deviner ce à quoi les gens pensent et si ils lui disent la vérité, entend bien les dissonnances dans ces quelques mots prononcés par Anthony. Il comprend que ce soit difficile à naviguer et à admettre, mais il ne comprend pas en revanche la virulence de son ton, cette haine tournée envers lui-même et qu'il est en train de retourner contre Cormac, comme si lui avait fait quoique ce soit de mal.

Alors qu'il essaye de calmer le jeu, Anthony ne semble pas prêt à le suivre. “He’s … he’s the most important person to me okay, you don’t get that. And I don’t mean that … that I’m gay for him or whatever, I mean he’s family, okay?” Cormac lève les yeux au ciel sans rétorquer. “And I’m his family too, so whatever you think, that you’re friends or whatever, it doesn’t compare to our relationship, it never has and it never will.” Surpris par le ton rageur d'Anthony, ces mots crachés et qui sont faits pour faire mal, Cormac a un mouvement de recul. “Fuck. I fucking hate you for making me say that shit. - I'm not making you say anything, fuckface," siffle Cormac en réponse, piqué à vif. "You're the one being the self-righteous asshole right now and you're the one saying hurtful things because you're upset even though I didn't do anything. You're the asshole, here." Il secoue la tête avec véhémence, vexé et blessé par les mots et la colère injustifiée d'Anthony. "Whatever, I'm not joining your little pity party."

Et il refuse aussi de tomber dans son jeu et de lui donner plus de raisons de le haïr, alors il se contente de simplement lui rappeler la dure réalité des choses: "and by the way, Michael is not gay, so good luck with that." C'est un peu cruel, peut-être, parce qu'il semble qu'Anthony aime beaucoup Michael, même si il dit le contraire. Cormac le sent, à son inquiétude vertigineuse, et à la violence de ses mots à son encontre. Lui-même s'en fout, pour être honnête, de ce qu'il veut faire avec son cul, il sait juste que lui ne mange pas à cette table et que les gens qui pensent que c'est un problème sont encore plus cons que lui - c'est dire. En secouant la tête, Cormac commence à s'éloigner d'Anthony qui s'est assis, pour aller panser ses blessures ailleurs, vexé.

“I'm not making you say anything, fuckface” Cormac lui répondit alors qu’il s’était déjà éloigné et Anthony leva les yeux au ciel alors que Cormac continuait à s’égosiller tout seul. Anthony n’avait même pas envie de l’écouter, il s’était perdu dans ce tourbillon de colère et d’angoisse qui lui avait fait oublié tout le reste. Peut-être que Cormac avait raison et qu’il avait été injuste avec lui, ça n’empêchait pas le fait qu’il était toujours un connard, et qu’il aurait pu faire plus, mieux, pour protéger Michael. “Whatever, I'm not joining your little pity party,” il termina finalement. “Fuck off,” Anthony rétorqua simplement, parce qu’il n’y avait pas grand chose à dire, il n’y avait pas de pity party et Cormac faisait juste chier pour rien, comme à son habitude. “And by the way, Michael is not gay, so good luck with that,” Anthony se redressa légèrement à ces mots. Il n’avait pas besoin de chance, il savait que Michael n’était pas gay et Cormac était de plus en plus insupportable. “Yeah well, you’re a fucking asshole,” il lui cria presque alors que le blond s’éloignait. Il resta un moment sur son tronc d’arbre avant d’aller voir Michael.

Quelques heures plus tard, alors que Michael s’était enfin réveillé après le passage du soignant envoyé par l’Ordre, Anthony se dirigea un peu à reculons vers la chambre de Cormac. Michael lui avait demandé de lui donner des nouvelles et Anthony avait accepté parce qu’il était un adulte et qu’il valait mieux que ça. Il ne prit pas la peine de le saluer, ou de lui demander s’il le dérangeait. “The healer’s just left,” il lui lança rapidement, “he’ll be fine.” Les choses auraient pu tourner d’une façon bien plus tragique, et Anthony avait toujours le visage fermé. “Don’t tell anyone about earlier,” il ajouta, la mâchoire serrée autour du please qu’il ne voulait définitivement pas sortir. Anthony avait peut-être exagéré mais Cormac l’avait poussé à bout et ne s’était pas excusé non plus, alors il supposait qu’ils resteraient quittes. Il détestait lui donner raison, plus que tout, et il espérait que Cormac puisse comprendre ce qu’Anthony lui demandait sans qu’il n’est besoin de le dire d’une manière plus explicite. Il lui lança un dernier regard avant de sortir et de retourner vers sa propre chambre. What a fucking day.