Padma regarde ses vêtements étalés sur son lit. Elle a fait trois assortiments qui peuvent convenir à un premier rendez-vous et elle ne sait pas du tout lequel choisir. Elle regarde l’horloge au mur et le temps commence à filer. Elle doit faire un choix rapidement pour ne pas arriver en retard. Elle déteste ça. Ça fait tellement longtemps qu’elle n’est pas sortie avec un garçon. Tellement, qu’elle ne se souvient même pas quand c’est la dernière fois. Il faut dire que les relations amoureuses et les rendez-vous galants ont longtemps été le dernier de ses soucis. C’est toujours le cas d’ailleurs, mais le fait de savoir que son père l’a promise à un cousin lointain en Inde a été une sorte de coup de poing. Est-ce un acte de rébellion soudain qui l’a poussé à inviter Mengwu à aller prendre un thé? Alors qu’exactement au même instant, ce dernier l’invitait aussi. Quelles étaient les chances? Maladroitement et timidement, ça les a fait bien rigoler et ils ont accepté de se voir le samedi suivant.

Padma ne sait pas à quoi s’attendre, mais ça la rend tout de même nerveuse. Elle ne recherche rien, mais en même temps, elle se dit pourquoi pas? Il est temps qu’elle sorte de chez elle et qu’elle rencontre des gens. Qu’elle profite de ses dernières libertés. Qu’elle profite de ses probables derniers moments en terre anglaise. Et puis, le jeune homme lui parait être gentil. Ils n’ont pas discuté souvent et très longtemps pendant leurs rencontres hasardeuses à la librairie, mais assez pour qu’elle se fasse une petite idée. Toujours devant l’allée de quidditch et elle devant celle d’architecture juste en face. Ils se sont souri à maintes reprises, ils se sont excusés beaucoup trop souvent à force de se frôler, elle lui a parlé de châteaux, il lui a parlé des meilleurs joueurs. Dès qu’elle passait la porte de Flourish and botts, elle savait qu’elle le trouverait là, le nez dans un bouquin, un sourire joviale en l’apercevant. Comme des rendez-vous non officiels. C’était devenu une sorte de petit jeu, un soleil dans des semaines plus sombres. C’était une déception lorsqu’il ne s’y trouvait pas et ces journées-là, elle ne s’attardait pas en boutique. Cette invitation commune est donc le point culminant de ces instants volés, la suite normale des choses. Et ça la soulage de ne pas s’être pris un vent, alors qu’elle n’a aucune confiance en elle. Aussi, qu’elle puisse peut-être plaire à quelqu’un.

Elle choisit finalement une robe bleue, sa couleur fétiche depuis Hogwarts, lui arrivant au-dessus des genoux et légèrement vaporeuse. Elle fait très estivale et légère, mais en ajoutant un cardigan long et noir, le look change et devient plus sobre, plus approprié. Elle est décontractée, mais pas trop voyante. Elle laisse ses longs cheveux de jais onduler sur ses épaules. Elle sourit au miroir devant elle, pas très convaincue. Elle aimerait tant que Parvati soit là pour la conseiller, partager ce moment avec elle, recevoir ses conseils stupides et ses taquineries. Elle entend Hannah de l’autre côté du mur, mais elle ne veut pas la déranger avec ça. Elle a probablement autre à faire. Elle soupire, il est trop tard de toute façon. Elle doit partir si elle ne veut pas le faire trop attendre. Quelle mauvaise impression qu’elle donnerait! Elle prend sa baguette et lance un petit sort de maquillage sur son visage. Quelque chose de naturel et de simple, juste pour mettre un peu d’accent autour de ses yeux et hydrater ses lèvres. Elle prend un petit sac à mains et après un dernier soupire, elle disparait dans un tourbillon.

Ses pieds atterrissent sur les dalles de pierre de Diagon Alley, toujours très vivant, puis elle se dirige vers le lieu du rendez-vous : Un petit salon de thé coquet qu’elle connait très bien pour y venir toute les semaines. C’est le premier lieu qui lui est passé par la tête lorsque le garçon lui a demandé où ils pourraient se retrouver. Un endroit familier, pour une situation qui lui est quasi-inconnue. Elle passe la porte sous le cliquetis de la sonnette et son regard accroche tout de suite celui de l’asiatique qui se lève d’un bon lorsqu’il l’aperçoit. Elle tique légèrement au « miss Patil » qu’il lui lance. Presque trop charmant. Un peu trop gentleman. Heureusement qu’il se reprend vite. Elle espère que ce n’est pas parce qu’elle a fait une drôle d’expression. "Bonjour Mengwu." Elle lui adresse un sourire avant d’aviser leur table près de la fenêtre. "C’est parfait." Elle prend place sur la chaise en bois un peu branlante ne sachant pas vraiment par où et quoi débuter. Est-ce que c’est elle qui doit faire la conversation? Est-ce qu’elle doit se mettre tout de suite le nez dans le menu pour éviter tout contact visuel? Doit-elle sourire bêtement jusqu’à ce qu’il la prenne en pitié et décide de prendre les devants? Elle commence à sentir le rouge lui monter aux joues. Elle se racle doucement la gorge. "Tu…tu as passé une belle journée?" La base. Commencer par des généralités, c’est toujours une bonne idée.

Elle aurait aimé avoir des conseils de ses proches. Si peu habituée à des rendez-vous, Padma n’a aucune idée de ce qu’elle doit dire ou faire. Être elle-même n’a jamais vraiment fonctionné. Trop droite, trop froide, trop hautaine et arrogante, elle a fait fuir la plupart de ses prétendants qui n’ont jamais donné suite. Essayer d’être quelqu’un d’autre, c’est peine perdue et inutile. Elle n’a aucune idée de comment agir. Elle veut juste bien paraître et passer un bon moment. Oublier les peurs qui l’empêchent de vivre normalement et qui la forcent à se cloitrer chez elle quasi en permanence. Lui donner quelques heures tranquilles sans qu’elle ne soit prise de panique. Ce n’est pas trop demandé, si?

Elle ferme les yeux le temps d’une respiration pour tenter de rester calme et mettre sa nervosité de côté. Elle a bien vu que Mengwu n’est pas totalement à l’aise de son côté aussi. Elle trouve ça mignon, même si ça risque de rendre le moment un peu lourd si tous les deux sont nerveux. Une chose est sûre, le silence ne doit pas s’installer trop longtemps entre eux. Après, c’est difficile de ramer pour remonter et refaire bonne impression. Elle prend donc les devants et lui demande comme a été sa journée. Elle se rend alors compte qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire comme métier, leurs conversations légères ne s’étant jamais rendues jusque-là. Elle ne peut s’empêcher d’afficher un regard étonné alors qu’il lui mentionne être dans la sécurité. Chef, qui plus est. "Oh. Je t’imaginais plus avocat ou dans le quidditch, je ne sais pas pourquoi." Elle sourit et ramène une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. Elle s’en veut de faire de tels jugements alors qu’elle le connait à peine. Elle a juste un peu de mal à imaginer l’homme stoïque, sérieux et genre impassible alors que celui qui se trouve devant elle est charmant, timide et un peu niais. "Le casino, je n’y suis jamais allée. " Elle lui sourit. "Tant mieux, si les affaires vont bien. Ça doit beaucoup t’occuper. " Ce n’est pas un endroit qui l’attire de base. Trop de gens, trop lumières, trop de bruits, trop de tout. Elle sait qu’elle n’arriverait pas à rester plus d’une minute à l’intérieur. Elle comprend toutefois ce qui peut intéresser les gens dans cette abondance. Il ne doit pas manquer de boulot vu la popularité de l’endroit. Elle sent à nouveau le rouge monter à ses joues, alors qu’il lui confie avoir eu hâte de la revoir. Ça fait toujours plaisir à entendre et lui prouve qu’elle a bien choisi le garçon pour se remettre sur les rails. Elle sait qu’il est un bon garçon et pas un pourri comme ceux dont elle a pu croiser le chemin et qu’ils l’ont un peu dégoûtées.

Changeant de sujet, il lui dit que le bleu lui va bien. "Merci, toi aussi." Elle rit doucement du cocasse de la situation comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses. Pour une personne extérieure, ils doivent offrir un joli tableau à être assortis de la sorte. "Tu es très élégant. J’aime beaucoup ton pull. " Sans même toucher le tissu, elle sait qu’il est de qualité et qu’il a dû coûter quelques gallions. Ceci étant, il a très bon goût et ce n’est pas pour déplaire à la Patil. Elle attrape son menu et lève un sourcil en apercevant celui à l’envers que tien Mengwu entre ses mains. Elle étire son bras pour le retourner. "Ça ira mieux comme ça!" Curieusement, ses petites maladresses et ses petits commentaires mignons ont eu le don d’apaiser la jeune femme qui se sent beaucoup moins coincée qu’à son arrivée. "Eh bien, ça dépend de ce que tu aimes. Fruité, aromatisé, parfumé ou plus acre? Si tu veux, on peut prendre « la dégustation ». " Elle se lève légèrement au-dessus de la table pour lui pointer sur le menu."On aura plein de choix comme ça et tu te feras une meilleure idée." Elle croit que c’est un bon compromis. "Je te laisse le choix des pâtisseries." Elle n’est pas difficile et elle est curieuse des choix qu’il fera.

Elle se détend de plus en plus se rendant compte que ça ne sert à rien de se mettre autant de pression. Il n’y a rien de séduisant à une personne coincée qui parle mécaniquement et qui n’élabore pas. Padma n’est pas timide à priori, elle n’est juste pas la plus sociable. Elle n’aime pas parler pour rien dire, mais elle est d’avis que si elle veut que les choses tournent bien et pour qu’elle puisse passer un bon moment, elle ne doit pas se contenter de oui ou non pour toutes réponses. Elle doit vraiment décrocher et agir comme s’il s’agissait d’un bon ami et prendre cette rencontre de façon décontractée, sans attentes, sans illusions. Elle est d’ailleurs surprise d’avoir débuté la conversation, bien décidée à ne mettre aucun froid et malaise entre eux. Elle ne connait rien du milieu du jeu et encore moins de celui de la sécurité. Ça la fait sourire intérieurement d’apprendre qu’il est dans ces domaines. Elle le connait à peine, mais pourtant, il lui semble aussi inoffensif qu’un bébé chat. Il est grand et il a une bonne stature, mais elle a du mal à l’imaginer devoir s’imposer et faire régner l’ordre au sein d’un casino, un endroit qui peut vite devenir une jungle. Elle ne se gêne pas pour lui dire qu’elle ne le voyait pas dans ce métier. Il ne semble pas insulté, peut-être surpris qu’elle lui fasse la remarque alors qu’il lui bafouille un merci. Comme quoi, il ne faut pas toujours se fier aux apparences, chose qu’elle a trop souvent l’habitude de faire. Elle n’a pas de mal à croire qu’il est très occupé et qu’il a besoin de calme. Elle n’a jamais mis les pieds dans ce type d’endroit, n’empêche qu’elle en a entendu parler à quelques occasions. Il doit en voir de toutes les couleurs et à tous les jours. "En espérant que ça te change un peu les idées alors." Ça étant leur petit rendez-vous, ça étant sa présence, ça étant le thé. Elle espère vraiment que ça lui fasse du bien et qu’il oublie un peu le bazar qui l’attend plus tard. Elle fait de même et elle tente de ne pas penser aux mille trucs que lui a demandés Rosemary.

Lorsque vient le temps de choisir et commander, elle propose de prendre un échantillon de plusieurs sortes de thés proposés. Comme l’homme ne semble pas trop familier avec la boisson, elle s’est dit que ce serait une bonne idée qu’il goûte à un peu de tout pour trouver la saveur qui lui convient le mieux. Et elle, ça va l’a changer de ses habitudes routinières de prendre toujours la même chose jour après jour : un earl grey bien noir avec une pointe de tarte aux pommes. Elle lui propose ensuite de choisir les pâtisseries qui accompagneront leur dégustation, comme ça chacun fait sa part dans les choix et rien n’est imposé. Ça plait beaucoup à la jeune femme, même si elle aurait aimé payer sa part du repas. Elle ne s’est toutefois pas objectée, se doutant que Mengwu allait insister. Elle a voulu éviter ce renvoi de balle inutile et éviter de les rendre mal à l’aise. Elle se promis de lui redonner le change, un jour ou l’autre. "Oh, juste aux arachides, mais vraiment beaucoup." Elle sourit, étonnée de la question, mais pas qu’elle provienne de son interlocuteur. Ça la touche qu’il ait pensé à ce type de chose. Elle n’est pas certaine que ça lui aurait traversé l’esprit de demander s’il a des allergies. C’est très respectueux et aimable de sa part. Vraiment, Padma est charmée, même si elle ne veut pas réellement se l’avouer. Prenant les rênes de la conversation, il lui fait quelques confidences. Elle hoche la tête. Elle ne feint pas d’être intéressée, elle l’est. Toujours très curieuse, Padma a toujours aimé connaître les histoires des gens qu’elle rencontre. Elle comprend alors mieux pourquoi il travaille au casino. Elle sourit à la façon dont il a appris l’anglais, une façon comme une autre, peut-être pas la plus évidente surtout avec les termes techniques utilisés en quidditch. Jusque-là, elle a réussi à garder la conversation sur lui, mais il fallait bien qu’à un moment, il s’informe à son sujet. Elle rougit bien malgré elle, détestant avoir l’attention, même si ce n’est que d’une seule personne

Je ne sais pas à vrai dire. Elle pouffe, légèrement déconcertée par la question. "Un peu des deux?" Elle se mord la lèvre inférieure réfléchissant à sa réponse sans trop divaguer. "Ça n’a jamais réellement été une passion. Je veux dire, je ne rêvais pas d’être architecte quand j’étais petite, mais j’aimais dessiner des bâtiments pour le plaisir. Et quand est venu le temps de penser à un métier après Hogwarts, on m’a soufflé que ce serait une bonne idée de m’y diriger. " Elle omet de parler de son premier échec et que ça a pris plusieurs années pour qu’elle réussisse à percer, par hasard. "Au final, ça me plait bien et je pense que je me débrouille bien." Rosemary ne l’a pas encore viré, alors c’est bon signe. "Je ne sais pas si c’est de l’intelligence, mais c’est sûr que ce n’est pas tout le monde qui a une vision spatiale des espaces. " Bien sûr qu’elle est intelligente, elle n’est pas une fière serdaigle pour rien, mais elle n’est pas du genre à se vanter. Du moins, pas à un premier rendez-vous. "Donc, tu ne viens pas d’ici?" Bien sûr ses traits et son accent le trahissent un peu, mais elle aurait tout de même pensé qu’il venait du pays.

La serveuse revient alors leur porter leurs victuailles. Un cabaret contenant six petites théières ainsi qu’une assiette alléchante de pâtisseries sont déposés devant eux. Elle ouvre des yeux affamés. Tu veux commencer par quoi?"

Il fût un temps où Padma aimait bien se vanter avec un petit air arrogant qui lui était propre. Un petit air hautain et dédaigneux qui lui attirait bien des regards rageux, mais elle s’en fichait bien. Elle aimait étaler son savoir, plus subtilement que Granger ceci dit, et aimait reprendre ses camarades et leur prouver qu’elle avait raison. Mais, ce n’était plus du tout le cas à présent. Depuis sa septième année à Poudlard, elle préfère largement faire profil bas. Faire la fière ne la mené nulle part outre que dans l’antre d’Alecto Carrow. Bien qu’elle se sait intelligente, plus que la moyenne, elle ne le clame pas haut et fort. Qui aime les miss je-sais-tout et les petits joe connaissant? Qui apprécie ceux qui étalent leur savoir sans en avoir été invité? Elle rougit néanmoins devant son compliment. Elle essaie de faire comme si ce n’est rien et que tout le monde qui a une bonne visualisation spaciale peut pratiquer ou être dans le domaine de l’architecture, mais Mengwu en rajoute et Padma ne peut s’empêcher de sourire. Il a bien capté le métier. "Oui, c’est tout ça en effet. " Qu’elle répond en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle le relance en lui demandant d’où il vient. Hong Kong, même s’il précise que ça fait un moment qu’il est au Royaume-Uni. Il ne semble pas vouloir s’étaler sur le sujet et elle n’insiste pas. De toute façon, leur plateau arrive et promet de belles découvertes.

Elle ouvre chaque théière pour en sentir et en visualiser le contenu. Elle est heureuse de constater qu’il y a devant eux un large éventail de saveurs et de sorte. De quoi donner une bonne idée des différents thé à Mengwu et lui en faire découvrir des nouveaux à elle. Elle lui offre le premier choix et il prend au hasard le récipient jaune. Le liquide est rosé et l’odeur floral. Il semble sucré, elle sait déjà qu’il ne sera pas son préféré, mais elle joue tout de même le jeu. Elle prend la petite tasse de porcelaine tout juste remplie par son compagnon et laisse ses doigts s’imprégner de la chaleur laissée par l’eau bouillante. Ayant continuellement les mains froides, c’est un de ses petits plaisirs lorsqu’elle boit son thé. Souriant franchement, elle cogne sa tasse à celle du garçon pour poster un toast et l’imite en prenant une première gorgée. Comme elle s’en doutait, c’est trop doux pour elle. Elle observe la réaction du Wang alors qu’il semble faire rouler le liquide dans sa bouche, analysant, goûtant. Il prend la tâche très au sérieux et elle trouve ça très mignon. Elle lui lance un regard « alors? » et il lui répond que c’est doux et bon. "Trop doux pour moi, mais ça se boit bien. " Qu’elle ajoute en prenant un feuilleté aux petits fruits qu’elle casse en deux et mange les miettes laissés dans l’assiette. Ils continuent de boire doucement, y allant de petits commentaires ici et là pour éviter d’être enveloppé par le silence ou la dégustation. Elle termine sa tasse et n’en prend pas une deuxième ration.

La question suivante la surprend, mais la trouve intéressante. Elle ne s’est jamais posée la question. Dans le moment, elle se contente de suivre les ordres et les indications émises par sa patronne. Elle prend très rarement des décisions et jamais sans en avoir fait part à Rosemary ou toute autre personne plus expérimentée. Elle n’ose pas. Elle commence à connaître beaucoup de chose dans le domaine, mais comme elle n’est qu’une apprentie, elle ne croit pas être en mesure de dessiner elle-même quoi que ce soit. Elle ne répond pas immédiatement et se perd rapidement dans ses pensées. Elle doit avoir une drôle de tête alors qu’elle réfléchit. Elle porte un petit fruit échappé de la pâtisserie à ses lèvres. "J’en ai aucune idée." Elle pouffe, mais elle veut lui donner une réponse et ne pas en rester là. Puis, une idée soudaine lui vient. "Une bibliothèque. Une énorme bibliothèque avec plusieurs étages et des mezzanines. Des rangées à l’infini. Beaucoup de fenêtre, très ouvert, un petit café, des centaines de canapés. Avec un grand aquarium. Dans un style moderne, mais qui se fond bien avec la pierre. " Elle se rend compte que ses yeux se sont illuminés et qu’elle a parlé avec beaucoup d’enthousiasme. Elle n’y a jamais pensé avant, mais maintenant que cette idée lui est parvenue, elle se rend compte qu’elle aimerait beaucoup construire un tel édifice un jour. Elle s’est toujours sentie bien dans ces endroits remplis de savoir et de découvertes. Le silence qui est seulement trahit par les plumes sur les parchemins ou les pages d’un gros bouquin qui sont tournées. Là où elle a rêvé à de nombreuses reprises, là où elle a dessiné et travailler durement. Elle veut un endroit où les gens de toutes provenances puissent venir relaxer et se sentir bien. "Désolée. Je me suis un peu emportée. " Elle se referme sur elle-même, les joues rosées. "On y va avec la verte?" Elle pointe la théière et verse le liquide aux effluves plus acre et à la couleur noire dans deux nouvelles tasses pour ne pas mélanger les deux goûts. Un qu’elle va sans doute plus apprécier. "Et toi? Si ta famille n’avait pas posséder le casino, tu aurais fait quoi?"

Padma se doutait que l’idée de la bibliothèque allait plaire à Mengwu. Après tout, ils se sont rencontrés à maintes reprises à la librairie, ce qui signifie que l’homme ne déteste pas ce type d’endroit. Et qu’il aime la lecture. Un point de plus pour lui. Plus les minutes passent, plus elle se dit qu’elle a bien fait de prendre son courage et de lui demander une sortie. Elle ne regrette pas le personnage qu’elle est entrain de découvrir. Il semble timide, mais il est capable de prendre les choses en main et de prendre sa place. Surtout, il est réellement intéressé par ce qu’on lui raconte. Il ne fait pas semblant. Ses yeux bridés ne l’ont pas quitté, elle a aperçu ses yeux s’illuminer à son tour et son visage s’adoucir à mesure qu’elle parlait. Ça plait à la Patil, parce qu’elle est un peu comme ça aussi. Elle n’est pas la plus bavarde – ça c’est Parvati – mais elle est en mesure de prendre le contrôle et de faire en sorte que les malaises soient plus rares. Leurs échanges sont intéressants et vont au-delà de la météo ou des questions habituelles lorsqu’on cherche à en savoir plus sur une nouvelle connaissance. Cette question sur un bâtiment qu’elle aimerait un jour dessiner l’a agréablement surprise. C’est quelque chose auquel elle n’avait jamais réfléchie, mais qui en dit long sur ce qu’elle prévoit sur le long terme. Franchement, à voir comment elle a déballé ses espérances, elle ne pensait pas apprécier autant son métier. Elle est d’ailleurs encore en train d’imaginer sa bibliothèque de rêve. Elle sait exactement ce qu’elle va faire en entrant chez elle cette soirée-là. Elle va tout mettre ça sur un parchemin et le travailler. Peut-être qu’elle ne va jamais le réaliser, mais elle sait qu’elle va s’amuser à dessiner les plans, les élévations et les détails. Et cette envie est grâce à Mengwu.

Elle lui pose à son tour une question plus sérieuse, moins recherchée. Elle sourit à sa réponse. Journaliste, un métier particulier qui aurait pu lui plaire à elle aussi. Elle qui aime écrire, qui est curieuse, qui aime faire des recherches et aller au fond des choses. "J’aurais bien aimé être journaliste aussi!" qu’elle lance en croquant dans sa pâtisserie du bout des lèvres. "C’est sûr que ça n’a rien à voir avec le casino!" Et ça rejoint ce qu’elle lui a avoué un peu plus tôt, elle le voyait dans un domaine plus calme et intellectuel. Il lui avoue un peu honteusement qu’il aurait aimé aller à Poudlard. Elle sourit tristement, malgré elle. Un sourire aurait éclairé son visage si elle n’était pas allée en septième année, là où tout s’était brisé pour elle et en elle. Pourtant, elle avait beaucoup plus de bons souvenirs que de mauvais de toutes ces années passées au château, mais les mauvais prennent toute la place et empoisonnent les bons."J’y ai passé des bons moments et j’ai beaucoup appris." se contente-t-elle de dire. Pas la peine de lui mentionner tout le mal qu’elle a put voir ou ressentir entre les murs de pierre.

Elle prend une gorgée du thé qu’elle leur a servie et la trouve déjà plus dans sa palette de goût. Elle attend et observe la réaction du Wang, les deux échantillons sont complètement différentes et elle a hâte de voir ce qu’il en pense. Mais en reposant sa tasse, sa large main frappe la théière et c’est au ralenti que Padma voit le liquide bouillant et brunâtre se déverser complètement sur elle. Subjuguée et trop surprise, la belle n’a aucune réaction sauf celle de serrer les dents et de fermer les yeux. Elle n’a quasi pas le temps de ressentir la brûlure qu’une vague glaciale s’abat sur elle et l’éclabousse complètement. Elle est comme trop surprise pour bouger, prise entre deux mouvements. Elle cligne rapidement des yeux prenant pleinement conscience de la situation. Renverser la théière, classique. Elle se lève pour ramasser une serviette et accroche à son tour la table qui renverse tout son contenu sur le sol. Thé et pâtisseries se mélangent et se ramassent sur le carrelage. Une grande flaque de plusieurs sortes thés se forme au sol et éclabousse le garçon à son tour. Ses yeux s’ouvrent grands et elle porte une main à sa bouche. Et elle rit. Elle éclate d’un rire franc. "Oupsiiiie."