Comme d'habitude, Susan transplane dans un endroit isolé, non loin de la maison, puis continue le chemin à pied. Elle toque (pour la forme), mais rentre sans que quelqu'un ne lui ouvre. De toute façon, c'est elle, qui gère l'endroit. Elle a donc toute la légitimité pour y aller comme bon lui semble. Elle préfère juste prévenir son arrivée, au cas où, même si elle sait, que la plupart du temps, on ne l'entend pas vraiment arriver (sauf si elle patiente derrière la porte et s'acharne sur la sonnette). Au fond d'elle, Susan espère ne pas tomber sur Cormac. Elle ne sait pas vraiment comment se comporter avec lui, depuis leur dernier échange. Elle ne lui en veut pas vraiment. Elle se sent juste impuissante face à son malêtre. Elle n'arrive pas à l'aider comme il se doit, et cela l'empêche de dormir la nuit. De toute façon, elle ne dormait déjà pas vraiment, sauf avec l'aide de potions, alors une raison de plus ou de moins.
Ces derniers temps, son intérêt s'est porté beaucoup plus sur Cormac. Il faut dire, qu'il est et restera son préféré. Malgré ce qu'il s'est passé entre eux, il reste comme son meilleur ami. Pour autant, ce n'est pas une raison pour négliger Michael et Anthony, pour qui, elle s'est aussi beaucoup inquiétée suite à l'attaque. Heureusement, ils s'en sont sortis, presque sains et saufs. Susan espère donc, tomber sur l'un d'entre eux aujourd'hui, pour être certaine que tout va bien, même si elle sait, que ça n'est jamais vraiment le cas. Impossible, vu la situation actuelle. Elle se fait la réflexion, qu'elle devra certainement discuter avec Riley, à un moment. La sorcière est sous sa responsabilité désormais, et elle ne la connaît pas plus que ça, si ce n'est ce qu'elle sait de Poudlard.

Ne voyant personne au rez-de-chaussée, Susan décide d'aller au premier étage. Son regard se pose sur les affaires, qui traînent ci et là. Une autre fois, pense-t-elle. C'est presque la première fois, qu'elle s'aventure aussi loin dans cette maison. Elle n'est jamais vraiment allée à l'étage, yet. Les mains dans les poches de sa veste en jean, elle parcoure le long couloir, avant d'apercevoir la silhouette athlétique d'Anthony. Un sourire se greffe sur ses lèvres. Elle pousse doucement la porte. ─ Hey! I hope I'm not disturbing you. I was passing by and thought I'd just -well- have a little chat with you. I mean if that's okay of course. Elle a une tendance, à déranger les individus de cette maison, ces derniers temps. Vraiment, tout sauf s'imposer, elle déteste ça. Adossée contre le mur, Susan croise ses bras contre sa poitrine. ─ You're looking good. Dire, qu'ils se sont fréquentés deux fois. Elle avait l'impression, parfois, que tout cela s'était passé dans une autre dimension. Cela lui parait bien loin, aussi. Ils en ont fait du chemin depuis.

Les journées tranquilles pouvaient se faire rares, pour eux et Anthony ne savait jamais vraiment quoi faire lors de ces moments de blanc. Ils étaient tous toujours constamment réquisitionnés, que cela soit physiquement ou mentalement, et le manque d’activité le laissait perdu. Il ne savait plus quoi faire lorsqu’il n’y avait rien de spécifique à faire et qu’il n’avait que lui-même pour compagnie. Michael était parti, Anthony ne savait pas vraiment où, leur chambre partagée était a blessing and a curse. Les dernières semaines avaient été particulièrement tendue, et Michael semblait avoir perdu toute patience, mais la familiarité de partager sa chambre avec lui était rassurante. Riley le tuerait sans doute si elle le savait, mais il avait toujours un peu cette impression de ne pas être chez lui, cette peur de déranger et donc cette réticence à explorer la maison lorsqu’il était seul. C’était la raison pour laquelle il était resté dans sa chambre, la porte ouverte, tout de même, afin de ne pas sembler complètement fermé au monde extérieur.

Il avait lu, son instinct de bon Serdaigle reprenant le dessus en ces moments de faiblesse, et les heures étaient passées plutôt rapidement. Il avait été surpris du bruit dans le couloir et de voir de qui celui-ci provenait. Susan visitait la maison assez souvent mais c’était toujours surprenant de la voir, d’une certaine façon. Anthony supposait que son corps avait sans doute garder quelques traces du stresse que Susan provoquait en lui, toutes ces années auparavant. “Hey! I hope I'm not disturbing you. I was passing by and thought I'd just -well- have a little chat with you. I mean if that's okay of course.” — “Hey, yes of course,” il répondit rapidement en déposant son livre à ses côtés. “You're looking good.” Il se redressa davantage sur son lit avant de lui répondre, ses mots couvrant ses joues d’un certain embarras. “Uh, thanks, do you want to come sit down?” il lui demanda, un peu maladroitement. Lui et elle sur son lit lui rappelait des souvenirs un peu désastreux de leur relation passée, des moments où ils s’étaient retrouvés dans la même situation, avec la pression expectative de ce qui allait se passer, de ce qui devrait se passer. Anthony se souvenait comme si c’était hier, de ces quelques semaines en cinquième année, lors desquelles leurs amis s’amusaient à tout faire pour les laisser seuls et demandaient des détails croustillants, inexistants, lorsqu’ils revenaient. Il se rappelait également des moments à l’Ordre, où la pression était interne cette fois, où Anthony se sentait obligé de vouloir être avec elle, de la désirer, sans succès, ces moments où ils s’évitaient, inconsciemment ou pas, Anthony n’avait jamais vraiment voulu y penser. “So, what’s up?” il demanda avec un nouveau rire nerveux, “are you, are you okay?”

Susan ne savait pas vraiment quoi dire, et il semblerait, qu'elle avait choisi la pire chose possible. Le malaise est plus que présent, et elle se demande bien, pourquoi tout paraît compliqué avec eux en ce moment. Il reste encore Michael, et elle espère, que tout se déroulera normalement, quand elle le croisera. Il faut dire, qu'il est le seul avec qui elle n'est jamais sortie, si on considère que ce truc avec Cormac était un tant soit peu une relation. Enfin, elle préfère penser à autre chose, et accepte avec plaisir la proposition d'Anthony de s'asseoir sur le rebord du lit. ─ Thanks. Susan croise ses jambes et pose ses mains sur son genou. Ce n'est pas la première fois, qu'ils se retrouvent dans le même lit, mais, cette fois est, semble-t-il, un peu moins gênante. Leur relation avait été assez étrange, et ils n'avaient pas vraiment vécu une bonne expérience (c'est le moins que l'on peut dire). Susan se demande même pourquoi, ils s'étaient infligés ça, alors que ça n'avait déjà absolument pas fonctionné en cinquième année.
Elle se redresse un peu, et après avoir hésité une dizaine de secondes, elle finit par regarder le serdaigle dans les yeux. ─ Nothing special, I-I just wanted to know how you were doing. I haven't really taken the time to talk to you since -well- since -you know- the attack. Elle avait déjà eu des difficultés à savoir où est-ce qu'ils étaient passés. Et puis, elle avait été très occupée par les missions, qu'on lui avait attribuée, et puis, elle s'était laissée envahir par tout ça. ─ I'm really sorry. I wasn't there for you as I should have been. Elle avait de la chance d'avoir pu les garder tous les trois sous sa responsabilité. A dire vrai, le Conseil n'avait certainement pas envie de s'embêter à trouver quelqu'un d'autre pour les gérer, et c'était juste plus simple pour eux, que de garder Susan comme leur référente.  Et puis, il n'y avait pas eu de morts, juste des pertes importantes au niveau de ressources importantes. C'est sans doute aussi pour ça, qu'elle avait été désespérée de trouver de l'aconit récemment. Fort heureusement, elle avait pu en ramener un stock conséquent de sa mission avec Hannah. Cela ne suffira pas, c'est évident, mais ça fera l'affaire, le temps qu'ils en trouvent plus.

Susan se rend compte, qu'elle n'avait pas répondu à la deuxième question d'Anthony. En vérité, elle ne sait pas vraiment quoi lui dire. Il est difficile de dire qu'on va bien, compte tenu du contexte, mais il y a pire, il y a toujours pire, après tout. ─ I'm fine, I guess. Elle hausse vaguement des épaules. Elle s'inquiète pour Cormac, comme toujours. Elle a encore en tête sa rencontre avec Ernie. Et, elle fait une fixette sur ceux qui ont attaqués la planque des garçons. Mais à part ça, tout va bien. ─ Some days are just harder than others.

Anthony osa à peine lui jeter un regard, alors que Susan s’étais assise au bord de son lit. C’en était presque ridicule, et cette situation le ramenait à toutes ces années en arrière, lorsqu’ils s’étaient retrouvés dans un silence un peu pesant en cinquième année, puis lorsqu’ils s’étaient retrouvés dans le même lit il y a des années de cela. Parfois Anthony se demandait ce qui avait pu leur passer par la tête, à se lancer dans une redite de quelque chose qui n’avait déjà pas fonctionné auparavant.

“Nothing special, I-I just wanted to know how you were doing. I haven't really taken the time to talk to you since -well- since -you know- the attack.” — “Yeah,” Anthony lui répondit simplement. Les choses avaient été compliquées, ces dernières semaines, leurs vies avaient été chamboulées de bien des manière et il semblait difficile de retrouver un semblant de normalité dans tout cela. “I'm really sorry. I wasn't there for you as I should have been,” Susan ajouta, et Anthony releva enfin enfin les yeux vers elle. “This is not your fault, Susan, you couldn’t have known,” personne n’aurait pu le savoir, pas vraiment. Ils étaient tous en danger, tout le temps, cela venait avec la vie de fugitif, mais il était dur de prédire où, quand et sous quelle forme le risque allait apparaitre, ils n’avaient rien vu venir, parce que les abrutis qui les avaient attaqués étaient doués, et personne n’aurait pu faire quoi que ce soit pour changer l’issue de cette terrible journée.

“I'm fine, I guess. Some days are just harder than others.” Anthony acquiesça silencieusement. Ca aussi, c’était devenu la routine, de prendre la vie au jour le jour, justement parce que leurs vies manquaient cruellement d’une routine stable. “Yeah, I know what you mean,” il lui répondit simplement. Il ne savait pas vraiment ce qu’il se passait dans sa vie, ils ne se parlaient plus, ne s’étaient jamais vraiment parlés, s’il était honnête, pas des sujets réellement importants en tout cas. C’était dommage, d’une certaine manière, il savait que Susan était quelqu’un de bien et il était persuadé que leur amitié avait le potentiel de devenir vraiment importante, mais leur vie chaotique et leur historique rendaient les choses plus complexes qu’elles n’auraient du l’être. Et à cet instant précis, alors qu’ils étaient assis sur son lit dans un silence légèrement malaisant, il en était plus conscient que jamais. “God, this is giving me flashbacks from war,” il lança en riant faiblement après quelques instants, “I mean, us, in a bed and awkward silence, that brings back some memories, doesn’t it?” il termina en lui lançant un nouveau sourire.

Cette situation lui donne de mauvais flashbacks de sa dernière rencontre avec Cormac. Le silence gênant, qui pèse. Les mots, qui sortent à peine. Les regards, qui n'osent pas se croiser. Et puis, ça a toujours été un peu plus bizarre avec Anthony, qu'avec les autres. Ils ont été ensemble à plusieurs reprises, même s'ils n'en garden pas un souvenir agréable. Depuis, qu'elle s'occupe d'eux, Susan a essayé de faire table rase de tout ça, pour partir sur de nouvelles bases. Ca a plus ou moins fonctionné. Elle donnerait probablement sa vie pour eux trois, mais si elle doit en nommer un, dont elle est moins proche, c'est Anthony. Par la force des choses, ils ont cette distance, qu'elle aimerait bien voir disparaître un jour. C'est aussi pour ça, qu'elle a ajouté, que même si ça allait, cela dépend des jours. Autant être honnête, et ne pas dire, que tout va bien, parce que c'est faux. Ils essayent tous de naviguer dans le chaos, qu'est leur vie. Quand, il lui dit, qu'il comprend, elle lui adresse un petit sourire. C'est l'avantage d'être tous fugitifs, on sait ce que cela veut dire. C'est bien là, ce qui la sépare de Hannah ou Ernie. Il faut le vivre, pour le comprendre.
Le silence s'impose de nouveau, et Susan ne sait pas quoi dire. Après quelques minutes, elle allait lui demander, comment lui aussi allait, mais Anthony prend la parole avant. Elle le voit rire, mais elle a un peu de mal à comprendre de quoi il parle. Susan fronce ses sourcils, dans une mimique d'incompréhension. Elle lâcherait presque un oh, quand il dit le fond de sa pensée. Elle se pince la lèvre, et pose son regard en direction du sol. Un rire finit par s'étouffer entre ses lèvres. Il est vrai, que tout ça la ferait presque aussi penser à ces moments-là, ceux où ils étaient ensemble, tentant vainement des choses, pour lesquelles ils n'étaient clairement pas compatibles. ─ Did we (..) did we even break up or something? Elle en rit, parce qu'il vaut mieux en rire, qu'en pleurer. Susan a un doute. Elle n'est même pas certaine, qu'ils se sont un jour dit, qu'ils se quittaient vraiment. Les choses ont juste fini par se tasser, au bout d'un moment, et naturellement, ils ne se considéraient plus comme ensemble. ─ It was a real mess. Nouveau rire étouffé. Elle se demande bien, ce qui leur était passé par la tête, pour vouloir retenter quelque chose à l'époque. Le contexte avait aidé. Tout le monde avait besoin de repères, surtout les plus jeunes. Malgré une aventure non concluante à Poudlard, Anthony avait été un de ces piliers-là, au sein de l'Ordre. ─ Clearly we had a bad idea. Ca n'était pas faute d'avoir essayé. ─ I'm sorry for everything. Elle se tourne un peu vers lui, pour lui faire pleinement face. Susan lui tend une main. ─ Friends?

Susan lâcha un rire étouffé à ses côtés et Anthony en fut quelque peu soulagé. Le sujet d’eux était toujours compliqué, et très embarrassant, pas que pour lui, il espérait. “Did we (..) did we even break up or something?” elle demanda et Anthony secoua la tête en y réfléchissant. “I don’t think so?” Dire qu’ils avaient été ensemble à deux reprises. “I mean, the first time we did break up, the second time I think we just stopped.” Il n’était pas certain qu’on puisse même dire qu’ils avaient vraiment été ensemble. Leur relation était restée très superficielle et Anthony ne savait pas vraiment ce qui les avait poussés à se plonger dedans pendant si longtemps. “It was a real mess,” Susan ajouta avec un nouveau dire, et Anthony acquiesça en un soupire, “it was.”

“Clearly we had a bad idea. I'm sorry for everything.” Il n’avait pas besoin d’excuses de sa part. Si quelqu’un devait s’excuser, il aurait été logique que ce soit lui. Après tout, il avait été plus que malhonnête avec elle, à l’époque. “Friends?” elle ajouta en lui tendant la main, qu’Anthony prit dans la sienne avant de répondre un “friends,” déterminé.

“And you don’t have to apologize, if anything, I should,” il commença en se tournant vers elle. “I uh, I wasn’t a very good boyfriend and I’m sorry for the awkward moments and the horrible sex.” Il sourit sans vraiment le vouloir, parce que ces sujets étaient si complexes et pourtant si futiles à la fois, et qu’il ne savait pas comment les gérer. “And it wasn’t your fault and I think I … really tried, very hard to like you like that, but, we’re definitely better off as friends.” La première fois, il y avait vraiment cru, ils étaient incroyablement jeunes et Anthony n’avait pas encore conscience que ça ne marcherait pas avec elle juste parce que Susan était une fille, et qu’Anthony n’avait jamais été intéressé par les filles. La deuxième fois, il le savait, il essayait juste de se persuader que quelque chose pouvait changer, qu’il n’avait juste pas trouvé la bonne fille. Il avait été malhonnête autant avec elle qu’il ne l’avait été avec lui-même. Il devrait peut être lui dire, après tout, c’était la meilleure et la plus simple des explications, et il avait le sentiment que Susan ne lui en voudrait pas, peut-être même qu’elle s’en doutait déjà, mais comme bien souvent, les mots ne sortaient pas, alors il se contenta de retirer sa main de la sienne avant que cela devienne plus embarrassant encore et il reposa ses yeux sur le vieux tapis qui trônait sur le sol.

Susan étouffe un nouveau rire, lorsque Anthony confirme, ce qu'elle vient de dire. Ils n'ont jamais rompus la deuxième fois. C'est assez pathétique, quand on y pense. Ils n'ont même pas été capables de se dire, que tout était fini, comme deux adultes responsables. Ils ont juste laisser les choses couler. Ils n'étaient, que des gamins à cette époque, après tout. Cela aurait été difficile, si l'un d'eux avait eu des sentiments, mais ça n'avait pas été le cas, heureusement. Anthony Goldstein et Susan Bones ne sont tout simplement pas compatibles. Ils auront beau essayer, cela ne fonctionnera jamais. Ils sont bien mieux en tant qu'amis. Et, Susan avait bien besoin d'amis ces temps-ci.  Plus elle y repense, plus elle se trouve stupide, de ne pas avoir tout simplement rompu. Si, elle pouvait retourner en arrière, elle ne ferait certainement pas la même chose. Mais, elle ne s'en veut pas pour autant. La blonde sait, qu'à l'époque, elle était en mal de repères. Elle se rappelle, à quel point tous les changements étaient difficiles, à quel point Hannah lui manquait. Ils avaient été stupides et naïfs, et tout semblait enfin reprendre un cours normal. Susan ne veut plus de cette gêne entre eux, au moindre regard ou à chaque fois, qu'ils se retrouvent seuls. Elle a envie de pouvoir lui parler, comme à un ami.
C'est pour ça, qu'elle lui tend une main, espérant faire table rase du passé, reprendre tout à zéro sur une base plus saine. Après tout, c'est elle, qui s'occupe de lui au sein de l'Ordre. Elle veut, que tout se passe bien. Susan n'a pas besoin d'une autre relation étrange. Elle a déjà Cormac pour ça, même s'ils se sont réconciliés, il y a encore une petite gêne entre eux. Anthony prend sa main, et la serre. Il accepte son amitié. Un sourire stupide se forme sur son visage. Elle manquerait presque de baisser son visage, pour ne pas rougir. A son tour, de prendre la parole. Susan se force à ne pas le couper. Ce n'est pas non plus à lui de s'excuser, mais elle apprécie. Elle étouffe un rire, lorsqu'il évoque les moments gênants, notamment le sexe. Il est vrai, que ce ne fut pas la meilleure partie. Susan a longtemps pensé, qu'elle n'était pas attirante pour les hommes après ça. Elle n'en voulait pas à Anthony. Elle a juste fini par comprendre, avec d'autres partenaires, qu'ils n'avaient tout simplement jamais eu de match. La compatibilité dans l'intimité est aussi importante. Il finit par lâcher sa main, et elle vient poser les siennes contre ses cuisses. ─ You were not a good boyfriend for me but you are for someone else. No matter who, girl or boy or whatever. You deserve to be with someone great, Anthony Goldstein. Elle lui sourit timidement. ─ I really want us to be good friends.

“You were not a good boyfriend for me but you are for someone else. No matter who, girl or boy or whatever. You deserve to be with someone great, Anthony Goldstein.” Anthony sentit son coeur rater un battement à ses mots, girl or boy or whatever. Susan ne savait pas, elle ne pouvait pas savoir, non ? Elle aurait pu deviner, sans doute, mais elle ne pouvait pas être sûre. Cormac ne lui aurait pas dit, pas après qu’il l’ait déjà dit à Michael. Avant qu’il ne puisse lui répondre, elle poursuit “I really want us to be good friends.” Anthony osa enfin reposer son regard sur elle, lui lança un faible sourire. “I- yeah, me too," lui répondit-il sincèrement.

A la voir ainsi, Anthony pouvait se rendre compte qu’ils avaient beaucoup changé, depuis ces tentatives de rapprochement ratées. C’était dommage qu'ils se soient éloignés ainsi, qu’ils n’aient pas essayé de rester plus proches, amis, ils avaient vécu des choses similaires et avaient beaucoup à partager, après tout. “There’s something I should tell you, actually” il commença faiblement. Il ne savait pas ce qui rendait cela si difficile, si c’était les années qu’il avait passé à essayer de camoufler cette partie de lui, à espérer que ça change, qu’il rencontre la fille qui lui ferait oublier tout cela, ou si c’était parce que c’était Susan, une des femmes desquelles il avait été le plus proche, dans tous les sens du terme, et la pointe de culpabilité qui restait dans le fait qu’il s’était joué d’elle, qu’il s’était engagé dans une relation vouée à l’échec et qu’il n’avait pas vraiment fait d’effort pour ne serait-ce qu’essayer. Il déglutit difficilement, le nœud dans sa gorge terriblement serré, avant de reposer son regard à nouveau sur elle. “It’s uh boys, I- I’m gay,” il finit par lâcher dans un souffle. “I’m sorry,” il ajouta rapidement, comme un réflexe, parce que c’était ce qu’il avait fait pendant si longtemps, s’excuser d’être qui il était, de ne pas correspondre à ce que l’on attendait de lui, de rendre sa vie et celle des autres infiniment plus compliquée. Il laissa son regard retomber sur le sol de cette chambre qu’il partageait avec Michael et laissa le soulagement glisser sur la vague de culpabilité qui le traversait. Susan savait, tout Sheffield savait, et le monde ne s’était pas écroulé pour autant.

Susan ne savait pas, à quoi s'attendre, en venant rendre visite aux garçons, et encore moins, en conversant avec Anthony. A dire vrai, depuis leur arrivée à Sheffield, elle n'a pas été aussi présente que possible. Elle les voyait plus souvent, lorsqu'ils étaient au campement, avant. Avant leur attaque, elle ne s'était pas rendue compte, d'à quel point, elle tient à eux. Ne pas savoir comment ils allaient, où ils se trouvaient, ce fut une torture pour elle. Etrangement, après ça, elle a eu du mal à se positionner. Difficile de savoir quoi dire, ou quoi faire. Même avec Cormac, ce fut compliqué, c'est dire.
Elle est contente de la tournure des choses, avec Anthony. C'est de lui, dont elle est le moins proche, à cause de leur passé commun disons. Il était grand temps pour eux, de crever l'abcès et d'aplanir les choses. Susan est contente, d'avoir arrangé les choses (sort of). Et, ce qu'elle lui a dit, est extrêmement sincère. Elle veut vraiment, qu'ils soient de très bons amis. Vu le contexte actuel, il est difficile pour eux de faire des rencontres. Leurs contacts sont extrêmement limités, et ils ont, pourtant, besoin de soutient maintenant plus que jamais. Ils doivent s'entraider et être là les uns pour les autres. Susan sourit, lorsque Anthony lui répond que lui aussi. Il est encore un peu hésitant, mais elle comprend. Ils ne seront pas les meilleurs amis du monde, en un claquement de doigts, mais c'est un bon début.

Il semble, qu'ils se sont dit les choses importantes. Et, Anthony a sûrement envie de se reposer, ou quelque chose du genre. Après tout, elle s'est un peu imposée, alors qu'il n'avait sans doute pas envie de voir quelqu'un. Mais, à son plus grand étonnement, il relance la conversation. Elle fronce ses sourcils, se demandant bien, ce qu'il a à lui dire. Il a un air grave sur son visage, ce qui la rend vraiment perplexe. La confession tombe enfin. Anthony est gay. Anthony préfère les hommes aux femmes. Elle ne met pas longtemps à intégrer l'information. Peut-être, que dans le fond, elle a toujours su. En tout cas, cela ne lui semble pas étrange du tout, au contraire. Susan est ravie, s'il se sent enfin complètement lui-même. Par contre, elle ne comprend pas ses excuses. ─ That's nice. But hm I don't really understand why you're apologizing? Being gay isn't a disease. It's part of who you are. Elle lui sourit simplement. Susan n'a jamais vraiment compris, pourquoi ne pas être hétérosexuel est un tel tabou, parce qu'il n'y a pas de quoi. Chacun vit sa vie librement, comme il l'entend. Elle-même doute de sa propre sexualité, n'étant pas vraiment certaine de pouvoir aussi aimer les femmes. Elle sait, que ça n'est pas un cheminement simple, et elle est presque émue, qu'il lui fasse son coming-out, à elle. ─ You didn't have to tell me but it touches me that you did. Like really. Nouveau sourire, avant qu'elle ne se pince la lèvre. ─ You know, I think maybe I like women as well as men, but I don't really know. Life can be so complicated sometimes.

“That's nice. But hm I don't really understand why you're apologizing? Being gay isn't a disease. It's part of who you are.” - “I know, it’s just…” il s’arrêta pour soupirer un instant. Il ne savait pas vraiment quoi dire, en réalité. Il savait tout ça, et pourtant il avait toujours l’impression de devoir s’en excuser, il avait toujours cette peur irréelle et irrationnelle de décevoir les gens, comme si cela allait changer tout, comme si tout le monde allait avoir une réaction excessivement surprise alors que la réalité était toute autre. Tout le monde s’en fichait, vraiment. Il n’était pas le seul, il le savait, et c’était logique d’une certaine manière. L’homosexualité étant interdite par le gouvernement, il n’était pas surprenant que bon nombre d’entre eux se soient tournés vers la Résistance, les seuls qui aspiraient à détrôner le gouvernement en place et à leur donner le droit de vivre à eux aussi.

“You didn't have to tell me but it touches me that you did. Like really. “ Susan ajouta, et Anthony lui lança un faible sourire. Il avait toujours l’impression de lui devoir, ils avaient été ensemble pendant longtemps après tout, même si pas vraiment, et Anthony s’était engagé dans une relation qu’il se savait incapable de tenir, ça n’avait pas été juste pour elle, pas vraiment pour lui non plus. “You know, I think maybe I like women as well as men, but I don't really know. Life can be so complicated sometimes.” Cette fois, Anthony releva des yeux surpris vers son amie. Shit, il ne s’était pas attendu à cela de la part de Susan. Là encore, c’était surprenant sans l’être, Susan avait toujours eu cette aura insouciante, d’une certaine façon, qui faisait qu’elle prenait tout avec une quiétude et une sérénité assez impressionnante. C’était encore quelque chose sur lequel ils étaient profondément différents. “Really?” il ne put s’empêcher de demander. “I mean, it’s- it’s great,” il ajouta un peu maladroitement. “It is complicated, isn’t it?” il demanda avec un petit rire. “But it’s great if you can, you know, talk about it, and if you want to talk about, I’m here for you. I think the silence is really the hardest part of it all,” Anthony n’avait rien dit pendant des années, et c’était ça qui l’avait brisé le plus, être enfermé dans ses secrets et ses mensonges, chaque jour le poussant un peu plus profondément dans ce cercle vicieux, et un peu plus loin de la liberté.