Il est presque dix-neuf heures quand Hermione rentre du ministère. La maison est plongée dans le noir - comme d’habitude les enfants n’ont rien allumé. Ils sont probablement enfermés dans leurs chambres à regarder des séries sur les ondes cristal, ou peut-être qu’ils sont plongés dans des livres. Elle soupire en retirant ses chaussures et en se débarrassant de sa robe de haut juge. Dans deux semaines, elle sera en vacances, et Theo aussi. Ils pourront profiter de leurs enfants et il est prévu qu’ils les emmènent en France pour deux semaines. Bien sûr, ils en profiteront pour visiter quelques grottes sorcières en Dordogne pour se renseigner sur des runes complexes. Après toutes ces années, Rosie et Alex ne cherchent même plus à convaincre leurs parents de faire autre chose. Ils sont habitués à voir leur mère s’émerveiller sur des dessins et leur père tout prendre en note dans son carnet, en soupirant. Heureusement, dans l’ensemble, la petite famille est fusionnelle, alors ces quelques occurrences où les parents partent dans leur petite bulle runique est supportée, tant qu’elle ne dure pas très longtemps.

Hermione allume les lumières du salon d’un coup de baguette, et sursaute en voyant Alex, son adolescent de presque quinze ans, allongé de tout son long - ou plutôt avachi - sur le canapé, les yeux dans le vide et un air béat sur le visage. Il était donc là, dans le noir ? Elle plisse les yeux, intriguée, mais ne dit trop rien. Elle vient lui déposer un baiser sur le front avant de filer voir Rosie à l’étage. Elle est déjà en train de lire ses manuels en préparation de la rentrée. Je n’aurai pas le temps pendant nos deux semaines de vacances! Je ne dois pas prendre de retard! Hermione se retient de sourire. Telle mère, telle fille.

Theodore passe la porte de la maison une petite heure plus tard, et toute la petite famille dîne tranquillement en échangeant sur les nouvelles de la journée. Rosie raconte en détail ce qu’il s’est passé dans le dernier épisode de Old Wizard Civilisations : The Explorers, et Alex mentionne qu’il est allé traîner avec des amis dans des boutiques et qu’il s’est acheté une chemise. Hermione plisse de nouveau les yeux. Quand elle est enfin seule avec son mari, une petite heure plus tard, dans la cuisine, elle se rapproche et lui dit à voix basse. ”Theo. I think our son’s in love.” Elle sourit et envoie les assiettes se ranger dans les placards d’un coup de baguette. ”He bought himself a shirt. A shirt. He only wears shirts when we make him. I think he’s trying to impress someone.” Elle lâche un léger rire et passe un bras autour de la taille de Theo. ”I think we should talk to him.” C’est étrange, de voir ses enfants grandir. De ne pas trop savoir comment les aider, comment leur parler. Mais Hermione se souvient que ses parents lui avaient montré qu’elle pouvait leur parler de tout, et elle espère instaurer la même chose dans son foyer.

Theo avait rarement d’aussi longues journées. Il était professeur de runes à l’AAW, dans le département d’études runniques, évidemment. Il avait fait un bout de sa carrière à Hogwarts mais avait quitté le chateau lorsque son fils, Alex y était entré. Personne ne voulait être le fils du prof, et Theo avait eu l’opportunité de travailler à l’AAW et il avait sauté dessus. Travailler là bas signifiait ne pas être obligé de vivre au chateau et ne pas vivre au chateau signifiait pouvoir profiter de sa famille, et surtout d’Hermione lorsque Rosie avait rejoint son frère à Hogwarts. Theo comprenait, à présent, comment certaines familles se retrouvaient à avoir un autre enfant inattendu après que les premiers ne soient plus dans les parages.

L’année scolaire venait de se terminer, et les examens et corrections étaient en cours à l’AAW. A ces périodes, Theo rentrait encore plus tard qu’Hermione, ce qui était un exploit, sa femme ne comptait pas ses heures, ne les avait jamais vraiment comptées. Il était donc rentré après Hermione ce soir là et la famille avait diné tranquillement. Theo n’avait jamais souffert d’être fils unique, il avait été bien entouré de ses parents, mais à voir Alex et Rosie échanger au dessus de leur diner, il était heureux d’avoir fait deux enfants.

Plus tard, Hermione s’approcha de lui, et Theo put lire sur les traits de son visage que quelque chose se tramait dans son esprit. “Theo. I think our son’s in love,” elle lui dit avec un grand sourire. “He bought himself a shirt. A shirt. He only wears shirts when we make him. I think he’s trying to impress someone.” Il arqua un sourcil interrogateur, c’était en effet étrange. “I think we should talk to him,” elle ajouta en passant un bras autour de lui et Theo ne put s’empêcher de la serrer davantage contre lui. Il jeta un oeil nostalgique à la photo d’eux qu’il pouvait voir trôner dans un coin du salon. Elle avait été prise lors de leur dernière année à Hogwarts, quand ils avaient commencé à sortir ensemble. Professeur Harris les avait placés l’un à côté de l’autre et Theo était tombé amoureux du génie d’Hermione en se demandant comment il avait fait pour ne pas le voir pendant toutes ses années. Et ils ne s’étaient plus quittés. “I think you’re right,” il lui répondit avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres. Toutes ces années et ils étaient aussi amoureux qu’au premier jour.

Il prit sa main pour la guider vers leur fils, qui était sur le canapé du salon. Il s’assit à sa gauche, Hermione à ses côtés. “So… What’s up, buddy?” Il demanda presque innocemment. Mais son adolescent de fils se contenta de lui lancer un regard blasé avant de lui répondre, “ok, what do you want? both of you coming at me like that, something’s up.” Theo regrettait parfois d’avoir une telle entente avec ses enfants. “Nothing, we were just wondering if maybe you wanted to talk about … things. You know your mom and I were your age when we started dating, right?” Il demanda, chercha le soutien d’Hermione du regard.

Alex va peut-être les envoyer bouler et leur dire qu'il peut gérer ses histoires tout seul... Ce serait bien son genre. Il va probablement trouver ça gênant et has-been de la part de ses parents de venir lui parler d'amour... Mais tant pis. Hermione préfère être une mère gênante qu'une mère à laquelle on a l'impression qu'on ne peut pas parler. “I think you’re right,” Hermione sourit tandis que les lèvres de son mari se posent sur les siennes. Un I'm always right. est au bout de sa langue, mais elle est à peu près sûre qu'elle n'a pas besoin de le dire à voix haute pour que Theodore sache que c'est exactement ce qu'elle est en train de penser. Ils se connaissent depuis si longtemps : il est son mari et son meilleur ami. Parfois, elle est surprise de voir à quel point il la connaît mieux qu'elle-même ne se connaît.

Theo la prend par la main, et ils quittent la cuisine pour rejoindre leur fils sur le canapé. Alex ressemble énormément à son père, et plus les années passent, plus c'est flagrant. “So… What’s up, buddy?” demande Theo, et Alex, comme Hermione l'attendait, les regarde déjà avec un air blasé. “ok, what do you want? both of you coming at me like that, something’s up.” Elle détourne les yeux, les pose sur la table du salon et tente de retenir le nouveau sourire - un peu amusé - qui menace de s'étirer sur ses lèvres. “Nothing, we were just wondering if maybe you wanted to talk about … things. You know your mom and I were your age when we started dating, right?” L'approche n'est pas très subtile, et Hermione voit déjà Alex lever les yeux au ciel. Il voit sans le moindre doute où ils veulent en venir, mais il tarde un peu à répondre, alors Hermione rend son regard à Theo et prend la suite : Yes, we were so young. dit-elle. We had known each other for years, but we were in different houses, had different circles of friends. fait-elle, nostalgique. I thought we had nothing in common, at the time. Elle secoue un peu la tête, comme si c'était la chose la plus absurde du monde, qu'elle ait pensé qu'ils n'avaient rien en commun, tous les deux. If one of our teachers had not forced us to work as a team, we might have missed each other. fait-elle remarquer, d'une voix douce.

Do you think he did it on purpose? Hermione tourne la tête vers le bas de l'escalier, où Rosie vient de faire son apparition. Elle se traîne jusqu'au fauteuil à côté du canapé et s'y affale. I don't think so. répond Hermione après une seconde de réflexion. À l'époque, rien n'aurait pu laisser présager ce qui allait se passer entre elle et Theodore Nott. À moins que leur professeur ait eu le troisième œil... What do you think Theo? Do you think it teachers really do that sort of things? demande-t-elle avec une petite grimace. Do YOU do that sort of things? Elle hausse les sourcils, curieuse, une main posée avec affection sur la jambe de son mari.