Quon n'a pas eu le choix, Quon n'a pas eu le choix, Quon n'a pas eu le choix - il n'arrête pas de se le répéter, espérant que ce mantra finira par s'emparer du reste de ses pensées angoissées et par les calmer.
C'était, bien entendu, une mauvaise idée depuis le début: Quon s'en est rendu compte quand c'était trop tard et qu'il ne pouvait plus faire marche arrière. Aveuglé par la peur que Mengwu l'apprenne, que Sen l'apprenne, que Chen l'apprenne, que tout le Clan sache, il n'avait pas voulu partager un léger (?) contretemps dans une affaire qui avait été mise en motion il y a quelques semaines maintenant. C'était un gros deal, quelque chose d'important que Quon avait voulu faire seul. Si ils apprenaient qu'il avait failli tout envoyer en l'air à cause d'une connerie, ils allaient le... Quon préfère ne pas y penser.

Il faut dire que faire affaires avec des américains - yikes, vraiment la pire idée au monde. Mais pas le choix, parfois, surtout pour consolider des liens internationaux et permettre au Clan de prospérer. Ce n'est pas à Quon de questionner avec qui ils font affaires, malheureusement. Mais des américains. Pire idée du monde.
Il a fait appel à Jordan, en lui faisant promettre de ne pas en parler à quiconque (et encore moins à Zhang), en lui disant que tout se passerait bien, et pourrait-elle juste prendre une apparence masculine pour l'occasion? Non pas qu'il ait peur que les américains soient des gros cons racistes et misognynes mais... se faire appeler boy toutes les deux phrases et le regard mi-moqueur mi-incrédule qu'ils ont lancé à Bao lors de leur première entervue, lui ont un peu mis la puce à l'oreille. Fucking yanks.

Jordan est quelqu'un de fiable, Quon en est convaincu. Mais après la rapide entrevue, qui se passe plutôt admirablement bien vues les circonstances et le fait qu'elle n'a qu'une connaissance très lacunaire de ce qui est en train de se passer, elle est en train de trembler et Quon se fait la réflexion qu'il a fait une très grosse erreur.
Au moins, les américains sont un peu plus disposés à négocier et moins à se balader avec leurs flingues moldus comme des rustres; ils ont accepté le cadeau du Clan (de Quon) pour calmer leurs ardeurs et revenir à la case départ. Les négociations reprendront, Quon fera plus attention, essayera de ne pas les embobiner (pas trop) et de les insulter cette fois. Tout va bien. Crise avortée, personne n'a besoin de savoir.

Alors pourquoi est-ce que Jordan n'arrête pas de trembler?

Ils se sont rencontrés dans un lieu neutre - autour de la table d'un restaurant moldu à Southwark - et depuis le départ à la hâte des américains avec leur cadeau sous le bras, Jordan n'a pas dit un mot. Elle porte encore son faux visage, ce qui perturbe beaucoup Quon. Il n'ose rien dire non plus, et va règler l'addition au comptoir; quand il la retrouve, elle se ressemble enfin et il ose effleurer son bras. "Are you... okay?" Est-ce que ça se fait, que de lancer un Oubliettes innocent à ses amis? "I'm sorry I brought you into this, you're literally saving my life but, uh..." Quon ne sait pas trop comment réagir et quoi faire. La rencontre a été cordiale, ils ont parlé de tout et de rien et surtout de rien, Quon se répandant en excuses en compagnie de Jordan qui a joué son rôle à merveille. Aucune mention d'opium, de mort immédiate ou d'échange d'argent. "Will you be okay? Do you want me to walk you home?" Il ne l'a jamais vue dans cet état - non pas qu'ils soient proches mais, tout de même.

Jordan ne pouvait pas entendre grand chose au dessus du bruit assourdissant des battements de son propre corps. Elle avait pu faire semblant, un moment, l'instinct de survie, sans doute, mais maintenant ils étaient partis et elle ne savait plus quoi faire. Sa respiration était forte, hachée, et ne faisait rien pour alléger les tremblements qui parcouraient son corps. Fuck.

Quon lui avait demandé de lui rendre un service, et elle n'avait pas hésité à dire oui. Ils étaient amis et ça n'était pas grand chose, de toute façon. Elle avait revêtit le visage d'un autre et tout avait bien commencé. Jusqu'à ce qu'elle le voit, lui. Elle ne savait pas vraiment qui il était, elle ne connaissait que son prénom, ne savait pas ce qu'il faisait précisément. Mais elle le connaissait, il travaillait avec les Faces, elle connaissait son visage et lui devait connaitre le sien. Et elle savait, objectivement, qu'il n'avait pas vu son visage, qu'elle ne portait pas son visage et que ce n'était peut-être même pas lui, mais la panique s'était infiltrée dans ses veines comme elle le faisait souvent et toute pensée cohérente et raisonnable s'était enfuie en courant.

Elle avait un peu repris ses esprits quand Quon s'était éloigné, le temps de reprendre son vrai visage après avoir jeté un nouveau coup d'oeil autour du restaurant. "Are you... okay?" Il lui demanda après avoir effleuré son bras, le geste la faisant presque sursauter. "I'm sorry I brought you into this, you're literally saving my life but, uh…" elle ne lui répondit pas, qu'est-ce qu'elle pouvait lui dire de toute façon, qu'elle était contente de savoir ça mais que ça allait potentiellement lui couter sa vie à elle ? "Will you be okay? Do you want me to walk you home?" — "Yeah, let's get out of here".

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Il ne leur fallut pas longtemps pour arriver chez elle. "Can you stay? Just for a while, I just … can't right now", elle avait demandé alors qu'ils étaient encore devant sa porte. Sa gorge était toujours nouée par l'anxiété, l'idée qu'ils allaient la retrouver, la tuer, sans doute, ou pire.

"Those guys today, do you, know them? Like do you work with them often?" Elle lui demanda avant de se servir un verre. Ce n'était pas le moment d'être polie, et Quon connaissait assez bien son appartement pour se servir s'il le souhaitait. "Fuck, I can't believe this" elle ajouta, plus pour elle-même que pour lui. Ce qu'elle craignait depuis tout ce temps était arrivé, juste au moment où sa vie commençait à prendre un tournant meilleur, évidemment.

Tout le long du chemin jusqu'à chez elle, Quon regarde Jordan d'un air prudent et un peu effaré. Il ne l'a jamais vue dans cet état et il ne peut pas s'empêcher d'être à la fois surpris et franchement déconcerté. Même si ce serait mentir que de dire qu'il la connait bien, elle ne l'a pas habitué à ce genre de comportement et il n'a pas besoin de trop s'avancer pour comprendre que ça ne lui arrive pas souvent. Quon s'en veut un peu, parce qu'il devine que c'est de sa faute, mais il n'ose rien dire, respectant le silence de la jeune femme en la suivant, son vélo à côté de lui. Il le sécurise dans la rue avant de monter avec elle jusqu'à son appartement, la dévorant toujours des yeux en pesant toujours le pour et le contre de ce fameux Oubliettes dans sa tête.
Ils sont face à chez elle, il commence déjà à se sentir mal à l'aise, ayant l'impression de s'imposer, mais Jordan le hèle au moment où il s'apprête à la laisser: "Can you stay?" Il écarquille les yeux, surpris (de manière plaisante, réalise-t-il) avant d'hocher la tête lentement. "Just for a while, I just … can't right now. - Yes, of course, whatever you need." Sa voix est plutôt égale, à mille lieux de l'inquiétude anxieuse qu'il ressent.

Il la suit à l'intérieur. Il est déjà venu plusieurs fois, lui et Jordan étant adeptes du bingewatching de leur série préférée ensemble. Bizarre de se dire qu'il la connait depuis si longtemps et que c'est la première fois qu'il la voit exprimer quelque chose d'autre que de l'enthousiasme ou un vague agaçement à voir des histoires à la con se dérouler sur une boule cristal. "Those guys today, do you, know them? Like do you work with them often?" Il fronce les sourcils en l'entendant, hésitant à partager trop d'informations avec elle, et le temps qu'il tergiverse, elle reprend à mi-voix: "Fuck, I can't believe this." Ses sourcils se froncent d'autant plus. "We've met a few times for business but it's still a work in progress. They're, you know, from overseas and they're pretty big accross the pond and..." Sur ce sujet-là, il refuse de s'appesantir (il lui sufit de penser au regard sévère de Sen) et il pince des lèvres. "You don't have to worry, they'll never find you, you know? Your face, it looked like someone else's, they have no idea what you look like. I'm sorry I brought you into this but you really saved my neck on this one. Hey." Il s'approche, peu sûr de lui mais aussi sensible au malaise de Jordan. "I can't tell you how grateful I am and trust me, no one, not them, not my family, will ever know, okay?" Il lui offre un sourire réconfortant en essayant d'attraper son regard. "We don't have to talk about it, we can just watch a rerun of TBTW - I got the last update on my ball, I got VOD and all. I can assure you nothing will happen to you, okay?" Il se fait la réflexion que Zhang ne lui pardonnerait pas si c'était le cas... peut-être qu'il essaye lui aussi de se rassurer avec ces paroles.

La réponse de son ami ne fit que peu pour apaiser ses inquiétudes. "We've met a few times for business but it's still a work in progress. They're, you know, from overseas and they're pretty big accross the pond and…" Ils n'étaient pas de grand collaborateurs, certes, mais ils l'étaient assez pour qu'elle puisse potentiellement les recroiser, le recroiser, et la pensée même lui faisait presque tourner de l'oeil. "You don't have to worry, they'll never find you, you know? Your face, it looked like someone else's, they have no idea what you look like. I'm sorry I brought you into this but you really saved my neck on this one. Hey." Ses paroles lui arrachèrent un semblant de sourire, un peu malgré elle. Il était gentil, Quon, plus doux et avenant que la plupart des gens qui l'entouraient et c'était quelque chose qu'elle appréciait malgré tout. "I can't tell you how grateful I am and trust me, no one, not them, not my family, will ever know, okay?" — "I…yeah, I know", elle répondit rapidement, même si ses pensées ne suivaient absolument pas les mots qui sortaient de sa bouche. Elle soupira longuement. Elle ne savait pas quoi faire, quoi dire. Elle ne savait pas ce que Quon savait sur elle, et elle était sure qu'il ne comprenait sans doute pas pourquoi elle réagissait ainsi, parce que ça n'était pas logique, même lorsqu'on savait.

"We don't have to talk about it, we can just watch a rerun of TBTW - I got the last update on my ball, I got VOD and all. I can assure you nothing will happen to you, okay?" Elle souffla à nouveau avant d'aller s'assoir dans le canapé, les yeux rivés vers le sol. "You don't know that," elle répondit, ignorant complètement sa proposition. Une partie d'elle aurait souhaité pouvoir accepter, et se changer les idées, mais son esprit refusait de coopérer, les souvenirs de cette vie bien trop présents. Kamala avait débarqué chez elle des années auparavant, alors qu'elle se pensait introuvable, invincible. Elle lui avait prouvé le contraire, et, certes, pas tout le monde n'était Kamala, mais elle n'avait aucun doute que si elle avait pu la trouver si facilement, d'autres en seraient également capables. "It's not … it's not about the deal, not really." Elle répondit en s'enfonçant un peu plus loin dans les coussins, comme si elle pouvait s'y enfoncer à tout jamais et disparaitre. "I … one of them, I know him. From before. And if he recognized me, fuck … I'm dead, they will kill me." Sa voix s'était faite plus faible, plus ébranlée alors qu'elle commençait à sentir le picotement des larmes qui se frayaient un chemin derrière ses paupières.

"You don't know that." Le sourire de Quon se fige sur ses lèvres, avant de s'agrandir légèrement, incertain. "I..." Mais inutile de continuer, et pour quoi dire de toutes façons? Elle a raison, il n'en sait rien, il veut juste la rassurer. Les mots vides, Quon les connait bien et il sait que dans certaines circonstances, ils peuvent être plus qu'utiles, surtout lorsque l'on se bat avec une situation impossible et qu'on a juste besoin que quelqu'un soit là pour se rassurer.
Malheureusement, il ne sait pas quoi offrir d'autre. Cette Jordan qu'il a sous les yeux est inédite et Quon se demande si il la jamais véritablement connue; après tout, il ne la connait qu'en travers de ces moments hors du temps où ils se retrouvent pour regarder leurs séries favorites en faisant comme si le monde extérieur n'existait pas, Quon la gorgeant de mensonges transparents et rendus caduques par ce soir. "It's not … it's not about the deal, not really." Quon la suit avec un moment de retard vers le canapé, n'osant pas l'y rejoindre, la dévorant des yeux en essayant de comprendre les sentiments qui l'agitent. Il n'a jamais été très bon, au final, pour lire et comprendre les autres, tout comme les autres ont souvent du mal à le lire et le comprendre. Grandir avec une famille comme la sienne n'aide pas vraiment à être disponible émotionellement ou empathe avec autrui, malheureusement: parmi ses frères et soeurs, Quon a plus souvent appris à mentir et à se cacher plutôt qu'à s'ouvrir à eux. Et en contrepartie, ils ne se sont pas ouverts à eux.

"I … one of them, I know him. From before. And if he recognized me, fuck … I'm dead, they will kill me." Il fronce les sourcils et, sous le choc, s'approche et contourne le canapé pour la regarder, sans oser s'asseoir. "What? What are you talking about?" Son coeur bat un peu trop vite dans sa poitrine désormais, de peur et d'angoisse de désormais faire affaires avec quelqu'un qu'il pensait connaître ou comprendre, et de s'être trompé sur toute la ligne - et puis Quon, dans un second temps, s'inquiète pour Jordan en se demandant ce qu'elle peut bien vouloir dire par là. "From before?" Il pourrait presque en rire, tant il lui semble improbable que Jordan ait vécu une vie qui l'aurait mis sur le même chemin que l'homme qu'ils ont rencontré plus tôt - comment a-t-il dit qu'il s'appelait? Duckworth, mais Quon n'a jamais retenu son prénom. Quon fait un peu en avant et s'immobilise en voyant les yeux de Jordan briller.
Son coeur fait une nouvelle embardée et, d'un mouvement brusque, il s'assied à côté d'elle, entourant ses épaules de son bras. "It'll be fine, Jordan, they won't find you." De ça aussi, il n'en sait rien, et pourtant il continue: "I won't let them, okay? You never have to see them again." Il a envie de la presser de questions à propos de ce before mystérieux et mortel mais n'ose pas, ne voulant pas la brusquer - lui-même n'aime pas parler de lui, alors il peut bien comprendre que ce soit son cas à elle aussi.

Jordan cligna des yeux alors que Quon s’était finalement rapproché et l’observait avec une forme d’intensité pas inédite mais différente de ce dont elle avait l’habitude. “What? What are you talking about?” Elle pouvait sentir la confusion dans le ton de sa voix, avec raison. Il ne savait pas, évidemment, et elle ne savait pas ce qu'elle pouvait ou non lui dire. Jordan savait qu'elle pouvait lui faire confiance, elle savait aussi que Martin était toujours là, quelque part, et qu'il la protégerait si elle le demandait. Il lui avait déjà proposé maintes et maintes fois de le rejoindre, de quitter son travail et de venir avec lui, avec eux. Elle savait qu'elle pouvait leur faire confiance, à tous, ils étaient une famille après tout. Mais ce genre de moments était toujours difficile à gérer. Jordan avait du mal à supporter les regards plein de pitié ou de jugement, même les plus gentils des hommes ne pouvaient le cacher. Et elle ne savait pas vraiment comment lui pourrait réagir. "From before?" il demanda, le regard toujours aussi vif, avant de s’assoir à ses côtés et de passer un bras autour d’elle. “It'll be fine, Jordan, they won't find you. — I won't let them, okay? You never have to see them again.” Fuck, elle ne savait pas ce qu’elle avait fait pour mériter sa douceur, sa compassion et sa compréhension alors qu’il ne savait même pas de quoi elle parlait, alors qu’il ne savait pas qui elle était, ni ce qu’elle avait fait. Elle aurait voulu lui répondre, mais elle ne pouvait laisser  la voix anxieuse qui avait pris place dans son esprit prendre le dessus. Celle qui lui disait de répliquer que ses paroles étaient vides de sens, parce qu’il n’en savait rien, rien du tout. Parce qu’il ne la connaissait pas elle et qu’il ne les connaissait pas non plus. De lui dire qu’il était stupide et naïf s’il pensait pouvoir la protéger d’eux. Elle ne pouvait pas lui dire tout cela, parce que c’était injuste et qu’il ne le méritait pas. Alors elle fit la seule chose qu’elle pouvait faire en cet instant, elle s’effondra contre son torse, essaya de trouver du réconfort dans la chaleur qui émanait de son corps et de contenir les larmes qui essayaient désespérément de couler. En vain. Elle les dégagea d’un geste frustré, gardant ses mains sur son visage comme si elle pouvait encore cacher ce qui était en train de se passer.

Jordan resta ainsi un moment, sans un mot, le temps de contrôler les émotions qui la secouaient. Quand elle put reprendre ses esprit, assez pour pouvoir parler sans sangloter, elle se dégagea de son étreinte, suffisamment pour pouvoir le regarder dans les yeux. “That guy, Miles, he … I used to work for a gang, kind of. And I left and I changed my name and everything. Miles was an associate of them or whatever, worked with them. Anyway, he knows them and he knows me and he knows they’re looking for me.”

Quon se demande si il n'en fait pas trop et qu'il n'est pas en train d'envahir son espace avec le bras qu'il a passé autour de ses épaules, quand Jordan s'effondre contre lui, agité de sanglots douloureux. Pendant un instant, il ne sait pas comment réagir et reste immobile et crispé, à se demander quoi faire, avant de raffermir l'emprise de son bras autour de ses épaules, son autre main venant compléter l'étreinte maladroitement. Il ne se rappelle pas de la dernière fois qu'il a dû consoler quelqu'un ainsi, ou souffrir les larmes d'autrui: les semaines qui ont suivi la mort de Wei sont floues, précipitées, et si il se souvient vaguement de quelques larmes dans les yeux de Jie, il serait incapable de dire si il s'est jamais trouvé dans cette position.
Quon, qui a l'habitude de meubler le silence de mots aussi inutiles que multiples, décide de se taire et à la place serre Jordan contre lui, une main caressant lentement son dos en espérant que ça pourrait l'aider à se calmer et à retrouver ses esprits.

Les sanglots finissent par se calmer, lentement, et ses larmes par disparaître et Quon relâche un peu son emprise sur elle pour qu'elle puisse se redresser. La voir ainsi, les joues striées de larmes et les yeux un peu rouges, lui fait mal au coeur. Cette image est à mille lieues de celle qu'il a de Jordan dans sa tête et de celle qu'elle présente au monde de manière générale. Il imagine que ce ne doit pas facile pour elle non plus... “That guy, Miles, he … I used to work for a gang, kind of. And I left and I changed my name and everything. Miles was an associate of them or whatever, worked with them. Anyway, he knows them and he knows me and he knows they’re looking for me. - Wait, what?" Un sourire incertain s'étale sur le visage de Quon, et il attend la chute de la blague qui ne vient pas. Son sourire disparaît très vite quand il comprend que Jordan ne rigole pas. "You worked for a gang?" demande-t-il avant de se concentrer sur le plus important: "okay, Jordan, listen to me." Il s'éclaircit la gorge et lui adresse un regard sérieux et confiant. "He has not seen your face and he will never see your face. Okay? That just didn't happen and that just won't happen." Il parle plus posément que d'habitude, ajoutant de la gravité à chaque mot qui passe ses lèvres, sans la quitter des yeux. "He will never find you here. And trust me, once that deal is done, he's fucking right back off to whatever hell pit he came out from, okay?" Il a toujours un bras passé autour de son cou et serre un peu son épaule dans sa main. "I won't let anything happen to you. If you ever see them, you come find me or Zhang, alright? But I swear that won't happen at all Jordan. You're fine, you're safe, you're here, far away from him, and he'll never find you."

Jordan l’observa, la confusion évidente dans ses traits qui changaient du tout au tout en une seconde. “You worked for a gang?”, il demanda, comme si c’était si impossible à croire. “Yeah,” elle souffla en réponse, incapable de dire quoi que ce soit d’autre, de développer ce sujet qu’elle n’était jamais vraiment prête à aborder. “Okay, Jordan, listen to me,” il lui demanda et le sérieux de sa voix était presque suffisant pour faire jaillir de nouvelles larmes. Presque. “He has not seen your face and he will never see your face. Okay? That just didn't happen and that just won't happen.” Elle savait, objectivement, qu’il n’y avait que peu de chances qu’il ne la reconnaisse, que seuls ceux qui la connaissaient extrêmement bien étaient capables de savoir qui elle était même lorsqu’elle ne portait pas son visage, mais la logique n’était plus, pas à cet instant, pas lorsque leur rencontre ne remontait qu’à quelques heures à peine. “He will never find you here. And trust me, once that deal is done, he's fucking right back off to whatever hell pit he came out from, okay?" Un faible sourire se dessina sur ses lèvres à ses mots. “Yeah, okay” elle essaya de s’en convaincre, de faire en sorte que la conviction de Quon devienne sienne, qu’elle puisse croire que ses paroles n’étaient pas vaines. "I won't let anything happen to you. If you ever see them, you come find me or Zhang, alright? But I swear that won't happen at all Jordan. You're fine, you're safe, you're here, far away from him, and he'll never find you." L’instinct, de survie sans doute, qui lui ordonnait de fuir était toujours bien présent, mais plus faible, camouflé par la présence rassurante de Quon, sa voix affirmée et ses gestes tendres. Elle savait qu’elle avait de la chance de l’avoir à ses côtés, comme toujours. Leur amitié, aussi banale fut-elle, était devenu une constante importante et Jordan savait qu’il n’y avait que peu de personne pour qui elle éprouvait ce genre d’affection. Elle releva les yeux vers lui, son regard se posa sur ses traits, doux et sincères. “I …”, elle ne savait pas vraiment quoi lui dire. Elle était embarrassée, de s’être laissée emporter ainsi, qu’il l’ait vu pleurer, montrer ces signes de faiblesse qu’elle haïssait tant. Mais elle savait qu’il ne la jugerait pas, qu’il n’était pas ce genre de personnes. Elle était reconnaissante aussi, parce qu’il avait été là quand elle en avait eu besoin, sans rien attendre en retour. Elle n’avait pas les mots pour le remercier, alors elle le remercia, instinctivement, de la seule manière qui faisait sens pour elle et déposa ses lèvres sur les siennes en un baiser emprunt d’émotions. “Fuck, I’m sorry”, elle lui dit rapidement après s’être éloignée, surprise de son propre geste. Ce n’était pas leur premier baiser, mais les autres avaient été bien différents. “And I’m sorry you had to see me like this,” elle ajouta, timidement. Elle l’était, réellement, et elle ne savait pas ce qui la rendait le plus mal à l’aise, si c’était le fait que Quon l’ait vue ainsi ou si c’était le fait qu’elle se soit sentie assez proche de lui pour laisser tout cela arriver.

Les mots de Quon n'ont pas l'air de complètement atteindre Jordan ou la convaincre, mais il espère néanmoins qu'ils resteront avec elle et se faufileront éventuellement jusqu'à son coeur - c'est tout ce qu'il peut espérer pour elle. Il ne comprend pas trop sa réaction et son état, il ignore comment s'en occuper. Lui aussi a tendance à angoisser pour des choses qui ne sont pas en son pouvoir, mais il n'est jamais allé demander de l'aide... il n'a jamais cru qu'il pouvait. L'idée de perdre la face devant sa famille, ou de laisser à Zhang la moindre oppportunité de se moquer de lui, était insupportable. Il n'y a que face à Feng que, parfois, il s'est laissé aller à ses doutes et ses angoisses. Et encore...
Que Jordan se livre ainsi à lui est... spécial, même si il sait aussi que ce n'est pas du tout escompté par elle ou par lui et que ça ne serait jamais arrivé si lui ne l'avait pas mise dans cette situation. Il s'en veut un peu, mais il sait qu'il ne peut plus rien faire pour remonter dans le temps et changer ces circonstances. Il espère juste qu'elle ne lui en voudra pas.

Quand Jordan relève les yeux vers lui, Quon essaye de lui sourire d'un air encourageant, l'espérant aussi contagieux que disait sa réputation. “I …” Pendu à ses lèvres, il ne les voit pas venir quand elles s'écrasent sur les siennes, dans un baiser aussi rapide que désespéré; il n'a pas le temps d'y répondre, déjà elle se détache et il lui jette un regard incompréhensif. “Fuck, I’m sorry. - It's, uh, it's okay." Ca l'est, bien entendu, ce n'est même pas le premier baiser qu'ils partagent mais ça n'a jamais été dans ces circonstances-là. Il fronce les sourcils, passe sa langue sur ses lèvres malgré lui, son coeur s'emballant un peu dans sa poitrine malgré lui. Est-ce qu'elle... l'aime bien? Non, non, c'est juste le désespoir et l'angoisse qui parlent pour elle; Quon ne se fait pas trop d'illusions, surtout quand il sait qu'elle voit plus ou moins Zhang. Il sait qu'il ne fait pas le poids face à son frère, et de toutes façons, ils sont juste amis et il se le répètera jusqu'à ce que ça rentre dans sa tête. “And I’m sorry you had to see me like this.” Quon secoue la tête aussitôt. "No, Jordan, don't say that." Il laisse retomber son bras se trouvant encore autour de ses épaules et lève son autre main, qui vient effleurer sa joue et effacer du pouce l'une de ses larmes. "It's fine, it's okay, I'm glad you told me and that you trusted me with this. You're fine, you're okay, okay? You're safe." Il hésite, laisse sa main retomber, pince des lèvres - elles ont encore le goût entêtant de Jordan. "Do you want me to stay? I'll sleep on the couch and if someone comes in, boy, I'll give them the special Quon Wang treatment, that's for sure!" Il lui offre un nouveau sourire encourageant, peu sûr de lui quant à la chose à faire pour l'aider à se détendre et se calmer.

“No, Jordan, don't say that.” La douceur de sa main sur son visage était une nouvelle surprise. Jordan n’aurait jamais pensé se retrouver dans cette situation, pas avec Quon du moins. Leur amitié n’avait jamais était que cela, mis à part quelques nuits un peu brumeuses, vestiges des fin de saisons de The Bold and The Witch, lors desquelles la tension entre les personnages s’était transposée à eux. Elle n’aurait jamais pensé qu’il puisse être si gentil avec elle, ni qu'elle aurait envie de le garder près d'elle encore longtemps. C'était stupide, et elle le justifierait comme un moment de faiblesse, mais l'idée de l'embrasser à nouveau s'était frayé un chemin dans son esprit et ne semblait pas vouloir le quitter. "It's fine, it's okay, I'm glad you told me and that you trusted me with this. You're fine, you're okay, okay? You're safe." Elle lui sourit faiblement. Elle était heureuse, elle aussi, réellement, qu’il soit là, qu’il ait essayé de la rassurer, même si ses tentatives étaient vaines. Ses pensées étaient toujours confuses, elle savait qu’il n’y avait que peu de chances que Miles ne l’ait reconnue, mais elle savait aussi qu’elle ne pouvait pas se permettre de prendre ces chances. Les gens parlaient, et Ezekiel lui avait déjà fait des remarques au sujet de sa proximité avec les Wangs, et même si elle considérait qu’ils n’étaient pas si proches que cela, pas autant que Martin le souhaiterait, en tout cas, une partie d’elle savait que c’était déjà trop, qu’elle devrait s’éloigner, pour sa propre sécurité. Pourtant elle revenait inlassablement vers eux, vers ces deux hommes qui avaient fait de ses soirées des moments précieux ces dernières années. C’était stupide, de tout risquer pour des bonnes soirées et quelques étreintes partagées. Jordan tenait à sa vie, mais pas assez pour s’empêcher de la vivre. “Do you want me to stay? I'll sleep on the couch and if someone comes in, boy, I'll give them the special Quon Wang treatment, that's for sure!” Quon ajouta avec un de ses sourires brillants. Il était vraiment très mignon dans ces moments-là, sans doute un peu trop. “Thank you,” elle répondit après un moment, “I would appreciate it.” Elle savait, là aussi, que cela ne changerait pas grand chose, que les risques étaient infimes, mais la présence de Quon était rassurante sans être too much et c’était exactement ce dont elle avait besoin, ça, et de pouvoir penser à autre chose. “And you can sleep with me, it’s fine — I mean, I don’t mean it like that but … you know,” elle ajouta rapidement avec une grimace embarrassée, elle le laisserait faire, s’il le voulait, de toute façon. Elle était quasiment sûre qu’il le savait. “Thank you, really”, elle lui dit avant de s’avancer un peu maladroitement pour passer ses mains autour de son cou et l’enlacer, “I mean it”, elle ajouta en un murmure contre sa peau.